Contenu du sommaire : La Russie et les autres pays de la CEI en 2005
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1053, janvier-février 2006 |
Titre du numéro | La Russie et les autres pays de la CEI en 2005 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - p. 3
- Russie 2005. Reprise en main - Daucé Françoise, Walter Gilles p. 6-32 Le début de l'année 2005 a été marqué en Russie par un mouvement de protestation sans précédent contre la loi mettant fin à la majorité des prestations en nature dont bénéficiaient certaines catégories de la population pour les remplacer par des compensations financières insuffisantes et incombant aux régions, souvent incapables de les assumer. Certains assouplissements sont intervenus dans l'application de la loi et la légitimité de l'équipe au pouvoir n'a pas été remise en cause. La population a par contre accueilli avec indifférence les atteintes à la démocratie, comme la nomination des chefs des exécutifs régionaux jusqu'alors élus et la suppression du scrutin uninominal, qui permettait à certaines personnalités indépendantes d'accéder au Parlement. La situation dans le Nord-Caucase demeure tendue, toute négociation avec les séparatistes tchétchènes semblant exclue et le conflit s'étendant en outre aux régions avoisinantes. En politique étrangère, la Russie a pris ses distances vis-à-vis des Etats-Unis, accusés de soutenir les mouvements qui ont conduit aux révolutions «colorées». Le bras de fer avec l'Ukraine a atteint un sommet en décembre, avec le relèvement brutal du prix du gaz russe. La Russie se trouve par ailleurs confrontée aux limites d'une économie de rente et sa croissance s'est relativement ralentie en 2005 en raison d'un manque d'investissements et d'une augmentation modeste de la demande extérieure. La consommation privée est par contre en progression, soutenue par l'augmentation des revenus réels de la population, les principales bénéficiaires étant toujours les importations.Russia Regaining Control In Russia, early 2005 was marked by an unprecedented protest movement against the law ending most services in kind which benefited a substantial part of the population, replacing them by insufficient financial compensation incumbent on the regions, little able to afford them. There was some easing up on the law's application and the legitimacy of the group in power was not called into question. On the other hand, attacks on democracy, such as the nomination of previously elected regional leadership, and the suppression of the uninominal system, which enabled some independent persons to enter parliament, met with indifference. The situation in the north Caucasus remains tense, any negotiation with the separatist Chechens seems out of the question and the conflict is, moreover, spilling over into neighbouring areas. In foreign policy, Russia distanced itself from the United States, accused of supporting movements which led to the «coloured» revolutions. The confrontation with the Ukraine came to a head in December with the drastic increase in Russian gas prices. Russia is also confronting the limitation of a rentier economy and, with a lack of investments and a modest increase in domestic demand, growth was relatively slower in 2005. Private consumption is, on the other hand, in progression, bolstered by an increase in the real incomes of the population, which as usual benefits imports.
- Ukraine 2005. Au pied du mur - Dubien Arnaud, Duchêne Gérard p. 33-59 Forts des espoirs nés de la «révolution orange» de décembre 2004, les Ukrainiens attendaient des réformes tangibles, tant politiques qu'économiques. Mais ils furent en partie déçus. En effet, dès l'automne, sont apparues au grand jour les dissensions entre les leaders, les accusations mutuelles de corruption menant même au renvoi du gouvernement conduit par Ioulia Timochenko, en septembre 2005. Dès lors, la voie était ouverte à une vaste recomposition du paysage politique. Par ailleurs, la «guerre du gaz» avec la Russie, qui couvait depuis quelques mois, a éclaté fin 2005-début 2006, entraînant le limogeage du gouvernement Ekhanourov, sur fond là encore de désaccords internes, même si elle rappelait aussi la dépendance du pays à l'égard de la Russie. En un an, le président Iouchtchenko, élu sur un programme de rupture avec le système précédent, a connu quelques succès, en particulier dans le processus de démocratisation. Mais les élections législatives de mars 2006 pourraient changer la donne. Dans le domaine de la politique étrangère, le pays s'est fixé comme priorités l'intégration à l'Union européenne et à l'Otan, et espérait pouvoir adhérer à l'OMC d'ici la fin de l'année, échéance reportée, mais qui a permis l'adoption rapide de réformes nécessaires. Economiquement, la «révolution orange» a généré une attitude moins réformatrice qu'espéré, d'où un bilan contrasté et de fortes déconvenues. Si le gouvernement est parvenu à assurer la transparence dans des opérations de privatisation et à abroger les privilèges fiscaux les plus criants, tout en suivant les recettes d'une économie de marché ouverte, tous les objectifs n'ont pas été atteints et les performances macroéconomiques se sont révélées décevantes.Ukraine Facing a Wall Buoyant with hopes born of the «orange revolution» of December 2004, Ukrainians awaited tangible political and economic reforms. They were, however, partly disappointed. As early as autumn, dissensions between the leaders began to appear with mutual charges of corruption, going as far as the dismissal of the Ioulia Timochenko-led government in September 2005. This opened the door to a vast reshuffling in the political arena. In addition, the «gas war» with Russia, which had hovered on the horizon for a few months, broke out at the end of 2005-beginning 2006, resulting in the dismissal of the Ekhanourov government, again on the basis of internal dissensions, even if it also pointed to the country's dependence on Russia. Within one year, president Yushchenko, elected on a programme of a clear break with the preceding system, had some success, in particular with the democratization process. The March 2006 legislative elections could change this. In foreign policy, the country's priorities were EU and NATO integration, and it had hoped for WTO membership by the end of this year, which, although postponed, did make possible the rapid adoption of necessary reforms. Economically, the «orange revolution» was less reforming than hoped hence its mitigated results and a strong sense of disappointment. While the government managed to ensure transparency in privatization operations and to repeal the most flagrant special fiscal advantages while keeping with the precepts of an open market economy, not all objectives were met and macroeconomic performance has been disappointing.
- Biélorussie 2005. Le spectre de la « révolution colorée » - Lallemand Jean-Charles p. 60-77 Craignant sans doute les «révolutions colorées» qui se sont multipliées dans l'espace post-soviétique, le président Alexandre Loukachenko n'a eu de cesse en 2005 de conforter son assise nationale, répétant à maintes reprises qu'il n'y aurait pas de «révolution orange» ou autre dans son pays. Quelle que soit la détermination de l'opposition, le durcissement du régime lui a laissé peu d'espace pour s'exprimer. Et l'annonce inattendue, le 16 décembre 2005, par la Chambre basse du Parlement, de la date anticipée du prochain scrutin présidentiel, fixée au 19 mars 2006, l'a prise de court, comme beaucoup d'observateurs. Si les opposants ont donc peu de temps pour se préparer à cette échéance, cela ne les a toutefois pas empêchés de poursuivre leur mouvement d'unification, permettant à la figure d'Alexandre Milinkevitch d'émerger. Sur fond de répression tous azimuts, à laquelle répond la montée d'un discours de fermeté en provenance de l'Occident, les résultats économiques du pays, particulièrement satisfaisants, contribuent à accréditer l'idée d'un modèle national de développement, réputé entièrement imputable au Président biélorusse : la croissance est remarquable, le taux de chômage plus bas que jamais, l'inflation maîtrisée et le solde de la balance commerciale quasiment équilibré, notamment du fait de la croissance des exportations vers l'Europe. Dès lors, peut-on s'étonner de la cote de popularité significativement stable et élevée d'A. Loukachenko, auprès d'une population consciente des bienfaits de la stabilité économique, quitte à faire taire ses récriminations sur d'autres sujets ?Belarus The Spectre of the «Coloured Revolution» Undoubtedly affected by the «coloured revolutions» which have occurred in the post-Soviet lands, Belarus president, Alexander Lukashenko, continued to consolidate his power base in 2005, often repeating that there would be neither an «orange» nor any other revolution in his country. However determined the opposition, the hardening of the regime has left it little opportunity for expressing itself. It was taken aback, as were many observers, on December 16, 2005, when the lower house of parliament unexpectedly called for a March 19,2006 presidential election. While the opposition has little time to prepare for this date, she has not be dissuaded from continuing her unification process which has enabled the figure of Alexander Milinkevitch to emerge. Against the backdrop of wide-ranging repression, to which the West has responded firmly, the country's economic results are particularly satisfactory, giving credence to the notion of a domestic development model entirely attributable to the Belarus president : growth is remarkable, the rate of unemployment lower than ever, inflation is under control and trade in near equilibrium, due primarily to increased exports to Europe. Consequently, one cannot be surprised by the high and continued popularity of A. Lukashenko among a population conscious of the benefits of economic stability, even if this means concealing its dissatisfaction in other areas.
- Moldavie 2005. L'Europe en ligne de mire - Bon Agnès p. 78-91 En 2005, la Moldavie a mis fermement le cap sur l'Union européenne. Lors de la campagne pour les élections législatives, tous les partis ont prôné l'intégration à l'UE, celle-ci s'impliquant résolument dans la mise en œuvre de la Politique européenne de voisinage (PEV), avec la signature d'un Plan d'action et l'envoi, pour la première fois, d'une mission dans la république séparatiste de Transnistrie, afin d'étudier les possibilités de solution du conflit «gelé». Concernant les pays voisins, les relations sont au beau fixe avec l'Ukraine, en cours de réchauffement avec la Roumanie et désormais exécrables avec la Russie, avec pour corollaire des sanctions économiques à peine déguisées. Le président Voronine ne s'est toutefois pas laissé intimider et le Parti communiste moldave, au pouvoir depuis 2001, a réussi à maintenir son capital de popularité lors des élections législatives, face à une opposition conservatrice et libérale divisée et handicapée par le mode de scrutin. L'économie moldave est toujours largement dépendante de la Russie, en particulier pour son approvisionnement énergétique, alors que les prix des hydrocarbures ont été revus à la hausse. Le niveau de vie demeure le plus bas d'Europe, situation qui engendre une forte émigration. Les transferts de fonds des 600 000 expatriés représenteraient désormais 27 % du PIB.Moldova Objective Europe In 2005, Moldova made its goal the European Union. During the campaign for the legislative elections, all parties came out in favour of integration into the EU, which is resolutely involved in the implementation of the European Neighbourhood Policy (ENP) with the signing of an Action plan and the first mission to the separatist republic of Transnistria to examine the possibilities of finding a solution to the «frozen» conflict. With regard to neighbouring countries, relations are stable with the Ukraine, warming up with Romania and now execrable with Russia, with corollary and little disguised economic sanctions. President Voronin has, however, not been intimidated and the Moldovan Communist Party, in power since 2001, succeeded in maintaining its popularity at legislative elections against a divided conservative and market-oriented opposition handicaped by the electoral system. The Moldovan economy remains heavily dependent on Russia, in particular for energy supplies, and oil prices have increased. The standard of living remains the lowest in Europe, resulting in substantial emigration. Fund transfers from 600,000 expatriates now represent 27 % of the GDP.
- Arménie 2005. Entre deux caps - Kahn Michèle p. 94-106 Deux événements ont marqué la politique intérieure arménienne en 2005. Le premier est l'adoption de modifications à la loi électorale dans le sens d'une réduction du nombre des députés élus au scrutin uninominal à un tour, ce dernier étant soupçonné de favoriser la corruption. Le second est la réforme constitutionnelle initiée par le Conseil de l'Europe en vue de réduire les pouvoirs du Président. Celle-ci a été adoptée par référendum le 27 novembre. L'opposition, qui avait appelé au boycott, a crié à la fraude, jugeant que le chiffre de la participation avait été fortement surévalué. Dans le domaine des relations extérieures, le conflit du Haut-Karabakh, gelé depuis dix ans, bloque toujours les relations de l'Arménie avec deux de ses voisins, l'Azerbaïdjan et la Turquie, même si une possibilité de règlement est à nouveau à l'ordre du jour. Demeurant l'alliée fidèle de Moscou, l'Arménie se rapproche toutefois de l'Occident, grâce à la politique de nouveau voisinage de l'UE et à la conclusion d'un Plan d'action individuel pour le partenariat avec l'Otan. Sur le plan économique, le pays connaît pour la quatrième année consécutive une croissance à deux chiffres, le commerce extérieur se développe, les investissements directs étrangers sont en progression et l'inflation est maintenue aux environs de 1 %. Enfin, le taux de pauvreté a sensiblement baissé et pour la première fois depuis l'indépendance, le solde migratoire a été positif en 2004.Armenia Between two Courses Armenian domestic policy was marked by two events in 2005. The first was the adoption of modifications to electoral law which reduced the number of the deputies elected through a singleround uninominal ballot, which is believed to encourage corruption. The second was the Council of Europe initiated constitutional reform which reduced presidential powers, adopted by referendum on November 27. The opposition, which had called for a boycott, claimed fraud, estimating that the turnout had been greatly overestimated. With regard to foreign relations, the Upper Karabagh conflict, frozen for ten years, continues to be an obstacle in Armenia's relations with two of its neighbours, Azerbaijan and Turkey, although a possible solution is again on the agenda. While remaining a faithful ally of Moscow, Armenia is moving closer to the West through the EU's new neighbourhood policy and the conclusion of an Individual Partnership Action Plan (IPAP) with NATO. From an economic point of view, the country has enjoyed its fourth consecutive year of doubledigit growth, foreign trade is developing, foreign direct investments are increasing and inflation remains at around 1%. Lastly, the poverty rate declined appreciably and, for the first time since independence, the migratory balance was positive in 2004.
- Azerbaïdjan 2005. Déni démocratique - Mathey Raphaëlle p. 107-120 L'année 2005 était un test pour les intentions démocratiques du nouveau Président, Ilham Aliev. Pourtant, c'est grâce aux «bonnes vieilles méthodes» qu'a été assurée la victoire de son parti aux élections législatives du 6 novembre. En politique extérieure, l'Azerbaïdjan entretient de bonnes relations avec tous ses voisins, excepté l'Arménie, en raison du blocage concernant la résolution du conflit «gelé» du Haut-Karabakh. Il s'est rapproché par ailleurs de la Russie et a rejeté l'éventualité de l'installation d'une base militaire américaine sur son territoire. Quant à l'application de la Politique européenne de voisinage (PEV), elle est freinée par les contacts que Bakou entretient avec la République turque de Chypre. L'économie est toujours dominée par le secteur pétrolier et le très attendu oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) a été inauguré en grande pompe le 25 mai. La corruption endémique reste un lourd handicap pour les investissements étrangers dans les autres secteurs, quant à la situation sociale, elle demeure préoccupante.Azerbaijan Denial of Democracy The democratic intentions of president Ilham Aliev were put to the test in 2005, but he ensured the victory of his party at the November 6 legislative elections using «old school» tactics. In terms of foreign policy, Azerbaijan maintains good relations with all of its neighbours, except Armenia, because a blockage in resolving the «frozen» conflict over Upper Karabagh. It has moved closer to Russia and rejected the possibility of an American military base on its soil. The application of the European Neighbourhood Policy (ENP) has been slowed by Azerbaijan's contacts with the Turkish Republic of Cyprus. The country's economy is still dominated by the oil sector and the Baku-Tbilissi-Ceyhan (BTC) pipeline was inaugurated with a lavish ceremony on May 25. The surge in foreign investments to other sectors has been slowed down by endemic corruption, while social conditions remain of great concern.
- Géorgie 2005. Des réformes à consolider - Serrano Silvia, Kahn Michèle p. 121-134 L'ancrage occidental de la Géorgie s'est confirmé en 2005, avec pour symbole la visite triomphale de George W. Bush à Tbilissi. Les intérêts géostratégiques des Etats-Unis sont liés à la mise en service du tronçon géorgien de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, prévue pour 2006 et le pouvoir géorgien compte pour sa part sur l'appui américain pour intégrer l'Otan d'ici à 2008. L'implication de l'Europe en Géorgie s'est affirmée, en dépit du retard pris par le lancement du Plan d'action prévu dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV). Par ailleurs, la Géorgie est enfin parvenue à un accord avec la Russie sur le retrait de ses deux bases militaires d'ici fin 2008. Le processus de résolution des conflits entre le pouvoir géorgien et les républiques séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud semble avoir quelque peu progressé. En politique intérieure, la mise en place de réformes démocratiques patine : la presse est moins libre que sous la présidence Chevardnadzé et la lutte contre la corruption sert souvent de prétexte à des règlements de comptes politiques, même s'il s'agit en effet d'un grave problème, qui entrave la restructuration de l'économie, en dépit d'une forte croissance. Les privatisations se déroulent souvent dans l'opacité, l'inflation se maintient à un niveau élevé, et la population attend toujours des lendemains meilleurs.Georgia Reforms to Consolidate Georgia's western orientation was confirmed in 2005 and symbolized by the triumphal visit of George W. Bush to Tbilissi. The United States'geostrategic interests relate to the opening of the Georgian section of the Baku-Tbilissi-Ceyhan pipeline planned for 2006 and the Georgian government, from its side, is counting on American support for NATO integration between now and 2008. Europe's involvement in Georgia continues despite delays in launching the plan of action laid out in the European Neighbourhood Policy (ENP). Georgia also came to an agreement with Russia over the withdrawal of two of its military bases by the end of 2008. Conflict resolution between the Georgian government and the separatist republics of Abkhazia and South Ossetia seems to have made some progress. On the domestic front, the implementation of democratic reforms is moving slowly : the press is less free than under Chevardnadze and the fight against corruption, even if this poses serious problems which block economic reorganization despite strong growth, is often used as a pretext for settling political accounts. There is little visibility on privatizations, inflation remains high, while the conditions of the people remains of great concern and the people continue to look for brighter horizons.
- Kazakhstan 2005. Crispation politique sur fond de succès économiques - Davenel Yves-Marie p. 136-151 Le Kazakhstan a continué de connaître en 2005 une forte croissance économique, 9,1 %, essentiellement portée par la production d'hydrocarbures. Celle-ci masque cependant de fortes inégalités sectorielles et sociales, la première victime étant le milieu rural, en déclin depuis 1991. Sur le plan international, la volonté de reprise en main du secteur des hydrocarbures par le gouvernement, ainsi que les événements survenus dans certains pays de la CEI depuis deux ans, ont entraîné un rafraîchissement des relations d'Astana avec ses partenaires occidentaux et l'ont incité à se rapprocher de Moscou, ce qui a permis le règlement de problèmes anciens. Néanmoins, jouant de ses ressources pétrolières et gazières, le Kazakhstan mène une politique «multi-vectorielle» pour s'émanciper peu ou prou de son puissant voisin, à l'image de l'oléoduc Atasou-Alashankou, le reliant directement à la Chine. Le président Nazarbaiev a été réélu avec 91 % des suffrages exprimés, face à des adversaires de peu d'envergure, ce qui n'a pourtant pas empêché de nombreuses irrégularités, pointées par les observateurs internationaux. Les atteintes aux libertés à l'encontre de la presse et de l'opposition se sont aggravées et l'adoption de certains textes de loi marque un net durcissement du régime.Kazakhstan Political Withdrawal on a Backdrop of Economic Success Kazakhstan continued to enjoy a strong 9.1 % economic growth in 2005, primarily from oil production. This conceals sharp sectoral and social inequalities, the first victim being the rural sector which has been declining since 1991. On the international level, the government's desire to regain the oil sector as well as events taking place in some countries of the CIS over the last two years have led to a cooling of Astana's relations with its western partners, inciting it to approach Moscow and enabling it to resolve some old differences. Relying on its oil and gas resources, Kazakhstan is, nonetheless, carrying out a «multivectorial» policy to secure some freedom from its powerful neighbour as shown by the pipeline Atasou-Alashankou, to connect Kazakhstan directly with China. The year 2005 saw the re-election of president Nazarbayev with a record 91 % of votes cast, against less than formidable adversaries and a poll tainted with many irregularities according to international observers. There was an increase in attacks against press freedom and the opposition in 2005 with the adoption of new laws reflecting a hardening of the regime.
- Kirghizstan 2005. Une année terrible - Cagnat René p. 152-164 La République kirghize a connu en 2005 une année agitée, marquée en mars par la «révolution des tulipes» née de la contestation des résultats des élections, le président Akaiev ayant tenté d'imposer une majorité à sa dévotion au Parlement, perdant ainsi son aura de père fondateur de la nation. Si l'on a beaucoup parlé de «machinations occidentales», l'initiative des événements a bien été locale. Le mouvement insurrectionnel, débouchera sur la fuite, puis la démission d'A. Akaiev et sera suivi de scènes de pillages dans la capitale. La faiblesse du gouvernement provisoire laisse la voie libre au crime organisé et on assiste en outre à des revendications diverses comme celles des mineurs ou des paysans «squatters». Mais on aura finalement évité la guerre civile et le 10 juillet, K. Bakiev est élu Président lors d'un scrutin jugé satisfaisant par les observateurs internationaux. Ces désordres ont affecté l'économie et c'est dans l'industrie, l'agriculture et le commerce extérieur que la dégradation a été la plus visible. Curieusement, on n'a pas assisté à un véritable effondrement, l'économie de l'ombre parvenant à suppléer aux défaillances de la sphère officielle. Aussi le pays continue-t-il à bénéficier du soutien des grandes puissances et des organisations internationales, le Club de Paris ayant restructuré sa dette. Les investissements étrangers se maintiennent et les bazars débordent d'activité. Reste à reconstruire l'Etat, paralysé par les luttes des clans (le nouveau gouvernement n'a été formé qu'en décembre 2005) et à sortir, en politique étrangère, de la quadrature du cercle qui consiste pour ce pays enclavé à donner des gages aux pays démocratiques bailleurs de fonds tout en ménageant ses voisins immédiats.Kyrgyzstan Annus Horribilis 2005 was an eventful year for Kyrgyzstan, marked by the March «Tulip Revolution» in the wake of contested election results, after President Akaiev endeavoured to impose a majority at his beck and call on parliament which lost him his aura as the nation's founding father. Even if much was made about «Western plotting», the initiative for the events was local. The movement of insurrection led to A. Akaiev's escape and subsequent resignation followed by scenes of looting in the capital. The weakness of the provisional government left the country open to organized crime and various demands, such as those from the miners and the peasant «squatters». Civil war was finally prevented and K. Bakiev was elected president on July10 in an election which satisfied international observers. All of these upheavals have affected the economy and the decline was most visible in industry, agriculture and foreign trade. Unexpectedly, there was no real collapse as the shadow economy was able to compensate for the failures within the official sphere. The country continued to profit from the support of the great powers and international organizations while the Club of Paris restructured its debt. Foreign investments continue and the bazaars are overflowing with activity. It remains to rebuild the State, paralysed by clan infighting (the new government was only formed in December 2005) and for the country to extricate itself from the quandary of appeasing its close neighbours while manifesting its goodwill to its financial backer, the democratic countries.
- Ouzbékistan 2005. Dérapages d'une dictature aux abois - Kamenka Irène p. 165-178 L'Ouzbékistan a connu en 2005 une forte montée du mécontentement populaire dont l'apogée a été l'insurrection survenue en mai dans les villes d'Andijan et de Pakhtabad, dans l'est du pays, suivie d'une répression féroce qui a causé plusieurs centaines de morts et poussé de nombreuses autres personnes à se réfugier au Kirghizstan voisin. La communauté occidentale a réagi pour une fois fermement et en guise de réponse, le pouvoir ouzbek a amorcé un tournant dans sa politique étrangère, se rapprochant de la Russie et de la Chine et réclamant l'évacuation de la base américaine de Karchi-Khanabad, non loin de la frontière afghane. Sur le plan économique, l'Ouzbékistan a connu en 2005 une croissance robuste, tirée par l'industrie et l'agriculture. Les échanges commerciaux sont en progression grâce aux prix élevés des matières premières, l'or et le coton représentant les deux principaux postes d'exportation du pays.Uzbekistan 2005 Abuses of a Dictatorship under Threat In 2005, Uzbekistan experienced a sharp rise in popular discontent whose apogee was the May insurrection in the towns of Andijan and Pakhtabad in the eastern part of the country. This was followed by savage repression resulting in several hundred deaths and forcing a great number of the inhabitants to take refuge in nearby Kyrgyzstan. For once, the West reacted firmly and, in response, the Uzbek government changed its foreign policy, making overtures to Russia and China and demanding the closure of America's Karshi-Khanabad Air Base near the Afghan border. From the economic point of view, Uzbekistan enjoyed strong growth in 2005, mainly from industry and agriculture. Trade is increasing with high raw material prices, and gold and cotton are the country's two main exports.
- Tadjikistan 2005. Entre optimisme et désillusion - Guérin Frédérique p. 179-193 La tentative de démocratisation ébauchée aux lendemains de la réconciliation nationale de juin 1997 n'a pas fait long feu. Le déroulement de la campagne électorale en vue des élections législatives de février 2005, comme l'issue de ces dernières, ont démontré combien le régime de plus en plus autoritaire du président Emomali Rakhmonov n'était en aucune façon prêt à jouer le jeu du pluripartisme. L'opposition, toutes tendances confondues, est réduite à être plus docile ou à disparaître. Les deux explosions survenues dans la capitale en janvier et juin 2005 pourraient être le signe de la radicalisation de courants islamiques, cibles d'une répression accrue dans toute la région. Avec un taux de croissance impressionnant en 2005 (10,6 %), l'économie n'en demeure pas moins toujours aussi fragile en raison d'une dépendance croissante à l'égard des transferts des travailleurs émigrés qui désertent un pays où la pauvreté, bien qu'en diminution, frappe plus de 60 % de la population. Si l'ouverture de grands chantiers devrait permettre d'augmenter la production d'électricité, la faible diversification du tissu industriel (aluminium et coton tributaires des cours mondiaux) ne donne pas de perspectives à moyen terme. Aux abois face à une situation régionale instable, les autorités se sont employées, tout en maintenant des relations cordiales avec les Etats-Unis, à s'assurer le soutien continu de Moscou. Celui-ci, après le retrait de ses soldats de la frontière afghano-tadjike, a déployé, sur la base de Ainy, une nouvelle force aérienne.Tajikistan Between Optimism and Disillusion Preliminary attempts at democratization following the June 1997 days of national reconciliation have fizzled. The course of the election campaign for the February 2005 legislative elections and its outcome demonstrate that the increasingly authoritarian regime of President Emomali Rakhmonov is little inclined to work within a multiparty system. The opposition, all trends combined, is being reduced to even greater docility or is disappearing. The two explosions which occurred in the capital in January and June 2005 could be the sign of the radicalization of Islamic movements, the targets of increased repression in the entire region. With an impressive (10.6 %) growth rate, the economy remains no less fragile with an increasing dependence on funds from migrant workers who flee the country where poverty, although in decline, affects over 60 % of the population. While the inception of large projects should make it possible to increase electrical output, the lowly diversified industrial fabric (aluminium and cotton, subject to volatile world trade prices) does not provide any mean-term perspectives. Under pressure from the unstable regional situation, the authorities have endeavoured to ensure the continued support of Moscow while maintaining cordial relations with the United States. The latter, despite the withdrawal of its troops guarding the Afghan-Tadjik border, has deployed a new air force on its Ainy base.
- Turkménistan 2005. Gesticulations et grandes manœuvres - Kamenka Patrick p. 194-205 Le Turkménistan vit depuis l'indépendance sous la férule d'un dictateur dont les initiatives prêteraient à rire si son pouvoir ne se traduisait pour la population par des conditions de vie difficiles, et ce en dépit de la manne gazière. Saparmourat Niazov, Président à vie, qui a pris le nom de Turkmenbachi, c'est-à-dire le père des Turkmènes, a confisqué toutes les libertés et, après avoir muselé toute tentative d'opposition, s'en est pris en 2005 à toute une série de dignitaires de son propre clan qui pouvaient apparaître comme des rivaux potentiels. On ne compte plus ses projets mégalomaniaques au coût exorbitant, alors que la population souffre de pénuries et que toutes les associations de défense des droits de l'homme dénoncent avec vigueur le sort réservé à celle-ci. Apparemment préoccupé par les révolutions «colorées» qu'ont connues plusieurs pays issus de l'URSS, dont le Kirghizstan voisin, le leader turkmène a pris ses distances avec la CEI. Dans le domaine économique, l'Etat continue à contrôler les activités des deux secteurs dominants, générateurs de recettes à l'exportation, les hydrocarbures, principalement le gaz, et le coton. Pour cette dernière production, le pays a toutefois connu pendant deux années de suite des résultats médiocres, résultant du mauvais état des sols et de la vétusté des systèmes d'irrigation.Turkmenistan Sabre-rattling and diplomatic manœuvring Since independence, Turkmenistan has borne the yoke of a dictator whose initiatives would be comical did they not result in difficult living conditions for the population, and this despite the manna of gas. Life president Saparmurat Niyazov who has taken the name of Turkmenbashi, i.e., the father of Turkmens, has confiscated all of his country's freedoms and, after having muzzled any attempt at opposition, in 2005 attacked leaders who are potential rivals within his own clan. While the people suffer from shortages, his megalomaniacal enormously expensive projects are legion and human rights organizations have vehemently denounced the condition of the population. Apparently concerned by the «coloured» revolutions taking place in several ex-Soviet countries, including nearby Kyrgyzstan, the Turkmen leader distanced himself from the CIS. Economically, the government continues to control the activities of the two predominant sectors capable of bringing in export revenues, gas and cotton. Over the last two years, the latter has registered poor results due to adverse soil conditions and outdated irrigation systems.
- CEI et autres organisations régionales. Faits et chiffres - p. 206-212
Repères
- L'Est et l'Union européenne Novembre-Décembre 2005 - Lhomel Édith p. 213-216