Contenu du sommaire : Balkans
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1039, octobre 2003 |
Titre du numéro | Balkans |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Balkans ; vers un nouvel espace de coopération. Avant-propos - p. 3
- Une zone de libre-échange en Europe du Sud-Est. Pertinence et viabilité - Lamotte Olivier p. 4-16 Le processus de réconciliation et de coopération régionale qui a été placé au centre du dispositif du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est en 1999, aux lendemains de l'implosion violente de la Yougoslavie, vise à multiplier les accords bilatéraux de libre-échange entre les pays de cette région (Albanie, Serbie-et-Monténégro, Croatie, Bulgarie, Roumanie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Slovénie, Moldavie). Si l'analyse détaillée de la structure des échanges entre ces économies révèle une importante fragmentation de la zone, elle permet également de constater la permanence de certaines complémentarités commerciales entre les anciennes républiques yougoslaves que l'entrée progressive de chacun de ces Etats dans l'ALECE (Accord de libre échange centre européen) a pour objectif de renforcer. Quand on sait que la dislocation de la Yougoslavie a créé 5 000 kilomètres de frontières supplémentaires, on mesure alors tout l'enjeu consistant à faire de la perméabilité de celles-ci un facteur de développement et non pas seulement de recrudescence des trafics. Mais l'intégration à moyen ou long terme dans l'UE, à laquelle l'ensemble de ces pays aspire, posera avec une acuité croissante la question de la pertinence de cette zone de libre échange, vecteur d'une intégration régionale aux avantages certains (économies d'échelle, amélioration du climat d'investissement, réduction des trafics et de la corruption) mais circonscrits. Quoi qu'il en soit, par delà des gains économiques somme toute très relatifs, les efforts des autorités nationales de ces pays pour renforcer le commerce intra-régional se veulent avant tout un gage de bonne volonté politique à l'égard de l'Union européenne dont l'engagement dans la région, en tout état de cause, reste déterminant pour sa reconstruction et sa stabilisation.A Free Trade Zone in Southeastern Europe Relevance and Durability The process of reconciliation and regional cooperation became a central element in the Stability Pact for Southeast Europe in 1999, shortly after the violent implosion in the Yugoslavia. It aims at increasing the number of bilateral free trade agreements between the countries of this region (Albania, Serbia and Montenegro, Croatia, Bulgaria, Rumania, Macedonia, Bosnia-Herzegovina, Slovenia, Moldavia). While a detailed analysis of trade structures between these economies reveals a substantial fragmentation of the zone, it also shows that trading affinities between the old Yugoslav republics have not changed and that the gradual entry of these states into CEFTA (Central European Free Trade Agreement) aims at consolidating them. Knowing that the breakup of the Yugoslavia created 5000 kilometers of borders, we must consider how to make this a factor for development and not only for increased traffic. EU integration in the mean or long term, to which all of these countries aspire, will bring into question the relevance of this free trade area, an aspect in regional integration clearly advantageous (scale economies, improvement in the investment environment, reduced trafficking and corruption), but circumscribed. In any case, beyond the very relative economic gains, efforts on the part of national authorities to strengthen intra-regional trade are considered to demonstrate the political goodwill of the European Union, whose engagement in the area remains a determining factor for its reconstruction and stability.
- Coopérations en Europe du Sud-Est. De nouveaux espaces transnationaux - Cristescu Juliette p. 17-30 Traumatisé par l'éclatement violent de la République socialiste fédérative de Yougoslavie (1990-1996), l'espace qui, géographiquement, englobe les Etats de l'Europe du Sud-Est est devenu le théâtre, depuis la seconde moitié des années quatre-vingt-dix, d'une pléiade de coopérations diverses et variées. Abordées dans cet article d'un double point de vue, spatial d'une part, privilégiant par conséquent l'approche territoriale, et institutionnel, d'autre part, car reposant sur des initiatives étatiques, ces coopérations à géométrie variable vont des plus concrètes aux plus inabouties. La plupart sont financièrement soutenues, voire initiées, par des programmes de l'Union européenne, essentiellement les programmes Interreg dont une des composantes (Interreg III B) réunit dans un seul espace les territoires de l'Europe du Sud-Est, de l'Europe centrale, de l'Adriatique et du Danube (CADSES). Cet espace se décompose en toute une série de coopérations allant de l'Initiative au groupe de travail en passant par l'enceinte la plus connue et la plus large : le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est. L'un des principaux points positifs, et non des moindres dans une région qui recèle encore de fortes tensions politiques et sociales alimentées par un sous-développement économique marqué, est la diversité des acteurs impliqués. Responsables politiques locaux, agents économiques privés, associations s'efforcent, ensemble, d'initier des projets locaux à partir des besoins du terrain selon une démarche bottom up encore très peu usitée. La formule des eurorégions dont l'auteur fait ici l'inventaire fournit un cadre apparemment idéal, porteur de dynamiques transfrontalières qui, fortement encouragées par l'UE, sont, selon les cas, plus ou moins formalisées.Southeastern European Cooperations New Transnational Areas Traumatized by the violent breakup of the Socialist Federative Republic of Yugoslavia (1990-1996), the geographic area encompassing the southeast European nations has become the theater of diversified and varied forms of cooperation since the latter half of the 1990s. This article discusses them from two points of view : geographical, consequently emphasizing the territorial approach ; institutional, in which different types of cooperation, because they originate in government initiatives, vary from the most concrete to the most vague. Most are financed or even set up by European Union programs, such as Interreg, in which Interreg III B unites the Central, Adriatic, Danubian and Southeastern European countries into the same space (CADSES). There are differing types of cooperation from the Initiative to work groups, to the most well known and largest, Stability Pact for Southeastern Europe. One major positive point, all the more so in an area where marked economic underdevelopment feeds into heavy political and social tensions, is the diversity of the actors involved. Local political authorities, private economic agents, and associations work together in still little employed bottom up actions to set up local projects to meet regional requirements. The author inventories the various euroregions. These seem to provide an ideal framework for cross border dynamics which, strongly encouraged by the EU, have, to differing degrees, become a reality.
- UE-Balkans occidentaux. Après le sommet de Thessalonique de juin 2003 - Heimerl Daniela p. 31-39 Les évolutions dans les pays des Balkans occidentaux (Albanie, ex-Yougoslavie, sauf la Slovénie) ainsi que les conséquences de l'élargissement de l'UE à l'Est, demandent de repenser les stratégies européennes dans cette région, considérée comme instable et pour laquelle existe aussi une réelle perspective d'adhésion. Mais l'entrée dans l'UE de huit pays post-communistes en mai 2004 ne risque-t-elle pas de rétablir en quelque sorte la ligne de partage traditionnelle entre l'Europe et les Balkans ? Le Conseil européen de Thessalonique, les 19 et 20 juin 2003, suivi le 21 du sommet UE-Balkans occidentaux, qualifiés à la fois de retour à la réalité et d'opportunité manquée, n'ont pas réussi à mettre au point une stratégie cohérente pour leur intégration. Par ailleurs, si la perspective européenne est essentielle pour l'avenir de la région, elle ne résoudra pas tous les problèmes. La politique mise en œuvre en vue de l'élargissement aux huit pays de l'Europe du Centre-Est peut être un modèle, mais son succès n'est pas garanti dans le cas des Balkans occidentaux. Il nécessite la mise en place d'instruments et de stratégies qui accompagnent le Processus de stabilisation et d'association et prennent en compte les spécificités de ces pays, où la transition vers la démocratie et vers une économie de marché se déroule dans la perspective de l'adhésion et où les conséquences du parallélisme entre ces deux évolutions seront sans doute lourdes.EU-The Western Balkans After the Thessaloniki's Summit of June 2003 Developments in the western Balkans (Albania, ex-Yugoslavia, with the exception of Slovenia) as well as the consequences of EU enlargement to the east, have made it necessary to reassess European strategies in this region, considered to be unstable but for which there is a real possibility of membership. But doesn't the entry of the eight post-communist countries in May 2004 risk to some extent to bring about the return of traditional divisions between Europe and the Balkans ? The June 19 and 20,2003 Thessaloniki European Council, followed on the 21st by the EU-West Balkans Summit, qualified as both a return to reality and a missed opportunity, were unable to perfect a consistent integration strategy. Moreover, while a European perspective is essential to the region's future, it will not eliminate all the problems. The policy used to include the eight central and eastern European countries might be a model but its success cannot be guaranteed in the western Balkans. It is necessary to set up the instruments and strategies which are part of the Stabilisation and Association Process, taking into account the particularities of each of these countries, where the transition to democracy and a market economy is taking place with a view to membership and where there will be heavy consequences from the concurrent development of the two.
- La politique turque dans les Balkans. Volonté d'intégration, risque de marginalisation - Toumarkine Alexandre p. 40-51 Candidate à l'entrée dans l'UE, la Turquie s'est engagée dans une politique ambitieuse dans les Balkans dans les années 1990, en tentant de s'inspirer de celle menée avec succès par Mustafa Kemal dans les années 1920. Ankara souhaite être un acteur à part entière de la construction de la paix en ex-Yougoslavie et de l'intégration des Balkans dans l'Union européenne. A cette fin, la Turquie a opéré un rapprochement avec la Grèce et a participé à toutes les structures de coopération régionale visant à créer un espace de sécurité dans les Balkans. Sur le plan des relations bilatérales, les espoirs turcs ont souvent été déçus. La Turquie est un partenaire économique de second ordre des Etats balkaniques et la coopération militaire demeure limitée. La diplomatie a également obtenu des résultats mitigés dans ses relations avec les Etats de l'ex-Yougoslavie. Elle a suivi une politique prudente pendant les conflits qui ont rythmé les années 1990 en refusant de s'engager plus avant dans une solidarité musulmane, comme l'y incitaient les médias et l'opinion publique turque. Ankara n'est pas toujours parvenue à défendre les intérêts des minorités turques. En fait, la politique turque dans les Balkans est empreinte de contradictions, produit de ses contraintes, notamment sa relation avec les Etats-Unis, de ses ambitions – devenir une puissance régionale face à la Grèce et entrer dans l'UE – et de ses moyens limités.Turkish Policy in the Balkans Desire for Integration, Risks of Marginalization A candidate for EU membership, Turkey entered into an ambitious Balkans policy in the 1990s taking inspiration from the success of Mustafa Kemal in the 1920s. Ankara wishes to play a full role in building peace in ex-Yugoslavia and in the integration of the Balkans into the European Union. To his end, Turkey has undergone a rapprochement with Greece and participated in all the regional cooperation structures aimed at creating security in the Balkans. In terms of bilateral relations, Turkey has often been disappointed. She is a secondranked economic partner with the Balkan states and military cooperation remains limited. Diplomatic success in the states of the ex-Yugoslavia has been mitigated. Turkey kept to a prudent policy during the 1990s conflict and, despite incitement from the media and Turkish public opinion, refused to enter fully into Islamic solidarity. Ankara has not always been able to defend minority Turkish interests. In fact, Turkey's Balkans policy is riddled with contradictions, caused by its constraints, in particular its relations with the United States, its ambitions to become a regional power matching that of Greece and to enter the EU as well its limited means.
- Cinq « petites Europe ». Des flux commerciaux recomposés - Jouen Marjorie, Moutier Solenne, Welsch Katy p. 54-62 L'analyse des flux commerciaux bilatéraux entre 1994 et 2000 au sein d'une Europe à 28 (les Quinze, la Suisse, l'Islande et la Norvège, ainsi que les dix pays d'Europe centrale et orientale candidats à l'adhésion à l'UE) repose ici sur deux méthodes : la première consiste à corriger le poids des échanges commerciaux des effets de taille et aboutit donc, pour chaque couple de pays, à un indicateur d'intensité des échanges, pondéré par les PIB ; la seconde rend compte du poids réel des échanges d'un pays avec les 27 autres de l'Europe élargie, sous la configuration retenue ici. Cette étude met en lumière l'existence de cinq grandes zones regroupant des pays entre lesquels les relations sont particulièrement étroites : Europe du Nord-Ouest, mer Baltique, Méditerranée occidentale, Europe centrale, Balkans orientaux. Ces zones voient se côtoyer Etats membres et candidats à l'UE, les accords d'association signés avec cette dernière à partir de 1991 ayant anticipé, sur le plan commercial, les conditions de l'adhésion. Une analyse un peu plus fine fait apparaître au sein de ces zones un noyau dur (comme la République tchèque et la Slovaquie en Europe centrale, ou les trois Pays baltes dans la région baltique), et des relations un peu plus lâches avec la périphérie. Par ailleurs, après l'événement majeur qu'a constitué le basculement à son profit, au début de la décennie 1990, du commerce extérieur du bloc ex-communiste, jusque-là orienté de façon quasi exclusive vers l'URSS, l'Europe élargie n'a connu, entre 1994 et 2000, que des modifications à la marge des relations établies en son sein. Enfin, les résultats issus de la seconde méthode confirment l'influence prépondérante de l'Allemagne en Europe, et notamment auprès des pays candidats. L'Italie y étend également sa présence ; quant à la France et au Royaume-Uni, ils s'efforcent de s'imposer sur des marchés mieux circonscrits (le groupe de Visegrad dans le cas de la première et les Pays baltes pour le second).Five «Little Europes» Recombined Trade Flows An analysis of bilateral trade within Europe (the Fifteen, Switzerland, Iceland, Norway as well as the ten countries of central and eastern Europe candidates at EU membership), is based on two methods : the first consists in reconciling trading volume with economic size to provide a GDP-adjusted indicator of trade intensity between two countries ; the second takes into account the real preponderance of trade in one country with the 27 others in an enlarged Europe, as defined by the author. This study reveals five large zones of particularly closely related countries : northwest Europe, the Baltic Sea, the western Mediterranean, central Europe, and the eastern Balkans. These areas include the EU members and candidates as, from 1991, the association accords signed with the EU have taken into account membership conditions with regard to trade. A more precise analysis reveals core areas within these zones (such as the Czech Republic and Slovakia in central Europe, or among the three Baltic countries in the Baltic region) and slightly looser relations with the periphery. Moreover, the shift in foreign trade from the ex-communist block, previously oriented nearly exclusively towards and to the advantage of the USSR, was a major event in the early 1990s, but relations within the enlarged Europe changed only marginally between 1994 and 2000. Results from the second method confirm the preponderate influence of Germany in Europe, in particular on the candidates countries. Italy is also extending its presence, while France and the United Kingdom endeavour to take the lead in more restricted markets (the Visegrad group in the first case and the Baltic nations in the second).
- Regards russes et ukrainiens sur l'Europe - Daubenton Annie p. 63-72 Cet article présente les interviews, réalisées durant l'été 2003, de sept personnalités russes et ukrainiennes, du milieu de la recherche ou des médias, de sensibilités politiques différentes, et partisans ou opposants du pouvoir en place. Il leur était demandé de donner leur opinion sur la position qu'occupe leur pays ou qu'ils souhaiteraient le voir occuper, vis-à-vis de l'Europe, dans le contexte de son élargissement à l'Est. Or, cette question ne se pose pas dans les mêmes termes en Russie et en Ukraine. Dans le premier cas, elle ne fait pas partie des éléments centraux du débat politique et suscite des réponses ambiguës, voire contradictoires. D'un côté, l'Europe est ressentie comme étant «lointaine» et la forme d'organisation de la société qu'elle sous-tend est tenue pour foncièrement inadaptée à la Russie. Mais, dans le même temps, cet ensemble est loué pour son rôle de vecteur de la civilisation occidentale et sa contribution à la démocratisation du pays. Dans le cas de l'Ukraine, en revanche, toutes les personnalités interrogées ici s'affirment en faveur de l'Europe, reflétant en la matière une opinion largement répandue dans la population, comme en attestent les sondages. En effet, le 1er mai 2004, l'Ukraine aura une frontière commune avec l'Union européenne du fait de l'adhésion de la Pologne, ce qui risque d'impliquer pour elle un gel, ou tout du moins une forte baisse en intensité de ses relations avec ce pays sur les plans commercial, culturel, universitaire, politique. Toutefois, l'Europe apparaît à beaucoup comme inaccessible en raison à la fois du discrédit qui frappe le Président ukrainien dans la communauté internationale et du choix opéré par Kiev de privilégier les liens avec la Russie et de n'envisager la perspective européenne qu'en étroite collaboration avec celle-ci.Russian and Ukrainian Views on Europe This article presents summer 2003 interviews with seven russian and ukrainian personalities from research and the media, with differing political positions, both partisans or opponents of those in power. They were asked to give their opinions on their country's position and on the position they wished it to have with regard to Europe in light of its eastern enlargement. Responses are different in Russia and in the Ukraine. In the former, this is not a central issue in the political debate and incites ambiguous if not contradictory responses. On one hand, Europe is considered to be «far away» and its social organization intrinsically unsuitable for Russia. At the same time, however, the EU is praised for its role as a pole of western civilization and for its contribution to the country's democratisation. In the Ukraine, however, all those interviewed were favourable to Europe, reflecting widespread public opinion, as shown by the surveys. In effect, Poland's entry on May 1st 2004 will give the Ukraine a common border with the European Union, which could imply a freeze, or at least a sharp decline in trading, cultural, university and political relations with the former. For most people, however, Europe seems to be inaccessible because of the discredit cast on the Ukrainian president by the international community and Kiev's decision to favour ties with Russia and to consider the future in Europe for Ukraine within the context of a close collaboration with the former.
Portrait
- La Bourgogne, la région la plus tchèque de France - Cepova-Fourtoy Andrea p. 73-75
Repères
- L'Est et l'Union européenne. Septembre-octobre 2003 - Rucker Laurent p. 76-77
Lectures
- Entendu et lu - p. 78-83