Contenu du sommaire : Eurosclérose ou européanisation ? L'intégration européenne dans les années 1970

Revue L'Europe en formation Mir@bel
Numéro no 353-354, juillet-octobre 2009
Titre du numéro Eurosclérose ou européanisation ? L'intégration européenne dans les années 1970
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • In Memoriam - François Luchaire p. 3 accès libre
  • Dossier : Eurosclérose ou européanisation ? L'intégration européenne dans les années 1970

    • Eurosclerosis or Europeanisation?. Introduction - Matthias Waechter p. 5-11 accès libre
    • How to Tell the History of European Integration in the 1970s : A Survey of the Literature and Some Proposals - Hartmut Marhold p. 13-38 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les « années 1970 » sont une période controversée, et ceci pas seulement dans l'histoire de la construction européenne. L'Europe était-elle en crise à l'époque, avec un système politique en stagnation et des projets politiques essentiels en suspens ? Ou était-elle au contraire assez solide pour affronter efficacement les défis de la crise du dollar, des chocs pétroliers et de la « stagflation » ? Quels sont les facteurs (et acteurs) principaux du malaise économique et social de l'époque ? Et quel est leur impact sur la construction européenne entre « La Haye » (1969) et l'Acte unique européen (1985-1987) ? Les historiens subdivisent le temps historique en ères, périodes, époques, selon l'importance relative qu'ils attachent à l'un ou l'autre de ces facteurs. L'article analyse des approches historiographiques sous cet angle et développe une proposition de périodisation de cette période cruciale pour la construction européenne.
      The “Seventies” are a controversial period, not only in European integration history: Was Europe in a crisis then, with a stagnating polity and the main policy projects stumbling? Or did it prove strong enough to overcome the constraints of the dollar-crisis, the oil-price shocks and the stagflation? Which are the main factors (and actors) underlying the economic and social malaise of these years? And which is their impact on European integration between the relaunch of “The Hague” (1969) and the Single European Act (1985/87)? Historians subdivise history into eras, periods, ages and epochs in accordance to the importance they attach to the one or the other of such factors. The article examines historical approaches under this angle and develops a proposal for periodisation of this crucial era of European integration history.
    • The Myth of Eurosclerosis: European Integration in the 1970s - Anil Awesti p. 39-53 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans le contexte de l'intégration européenne, la période allant du milieu des années soixante au milieu des années quatre-vingt est connue comme celle de l'Eurosclérose. Cette approche s'appuie sur le sentiment d'une stagnation de l'intégration durant ces années, principalement en raison du refus des États membres d'abandonner leur souveraineté et de la montée du protectionnisme face à la récession économique. La théorie intergouvernementaliste est vue de manière conventionnelle comme le cadre dans lequel on peut analyser cette période en se concentrant sur les intérêts propres des États. L'objectif de cet article est d'examiner de manière critique la période d'eurosclérose mais également la théorie intergouvernementaliste en tant que cadre permettant d'expliquer cette période dans le processus de l'intégration européenne. Cet article considère que, en se concentrant sur l'approche historique, l'analyse intergouvernementaliste de niveau super-systémique n'arrive pas à prendre en compte les facteurs sous-systémiques qui ont agi comme des forces motrices de l'intégration européenne. L'approche stato-centrée de l'intergouvernementalisme ne lui permet pas de prendre en compte les développements politiques sous-jacents qui se sont développés durant cette période. Ces développements, durant les années dites d'eurosclérose, furent à la base des futurs actes politiques majeurs de la Communauté européenne-Union européenne, tels l'Acte unique et l'Union économique et monétaire. Dans cette approche, cet article examine les processus de constructions institutionnelles qui eurent lieu durant cette période, à travers une analyse du Parlement européen, de la Commission européenne et de la Coopération politique européenne. Cet article analyse également la croissance de la compétence politique de la Communauté européenne, en particulier dans le domaine économique. Enfin, une analyse du rôle de la Cour de justice des Communautés européennes s'intéresse aux impacts politiques de ses principales décisions légales. Cet article conclut qu'il n'est pas seulement faux de parler d'une période de stagnation, mais également que l'intergouvernementalisme, parce qu'il n'était pas à même d'apprécier les dynamiques internes du processus d'intégration, ne peut être considéré comme un cadre adéquat pour analyser cette période.
      The period from the mid-1960s to the mid-1980s in the context of European integration is often referred to as a period of eurosclerosis. The seeming stalling of integrative moves during these years due to Member States' refusal to further surrender their sovereignty along with the growth of protectionism in the face of economic recession supports this view. Intergovernmentalist theory is conventionally seen as the framework within which to view this period as a result of its focus on state self-interest. The aim of this paper is to critically examine the eurosclerosis period and intergovernmentalist theory as a framework within which to explain this era in the European integration process. This paper argues that by focusing on the history-making, supersystemic level intergovernmentalism fails to account for the policy-shaping, sub-systemic factors that acted as a driving force for European integration. The state-centric focus of intergovernmentalism means that it is unable to appreciate the underlying policy developments that occurred during this period. These developments during the so-called eurosclerosis years laid the foundations for future, ‘high' politics events in the European Community (EC)-European Union (EU), such as the Single European Act and Economic and Monetary Union. In taking this approach, this paper will examine the institution-building that took place during this period via an analysis of the European Parliament, the Commission and European Political Cooperation. The paper will also analyse the expansion of the EC's policy making competence, particularly in the economic sphere. In addition, an examination of the role of the European Court of Justice (ECJ) will take place, focusing on the political impacts of its landmark legal rulings. The paper concludes that not only is it false to speak of a period of stagnation, but also that intergovernmentalism, by failing to appreciate the internal dynamics of the integration process, fails to act as an adequate framework within which to analyse this period.
    • Integration in a Time of Scepticism: The Role of Informality and Institutions - Iona Annett p. 55-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      On peut rester perplexe en étudiant la décennie des années 1970, à la fois parce qu'on n'y trouve pas la croissance formelle des institutions des quinze années précédentes, et parce que cette décennie ne semblait pas pouvoir mener à l'achèvement des objectifs du marché commun. Cependant, de façon assez surprenante, cette décennie est très intéressante en raison du développement informel des institutions, car à la fois les États membres et les institutions de la Communauté cherchèrent à maximiser leurs capacités à agir, ainsi que leur influence sur la forme et la vitesse de l'intégration. Du point de vue de la fédéralisation, il est fondamental de comprendre ce qui est arrivé et pourquoi. Le compromis de Luxembourg, les décisions de la Cour de justice, l'opportunisme politique de la commission et du Parlement, et les activités extra-institutionnelles des États membres, constituent un jeu complexe d'actions donnant lieu des interprétations divergentes sur les intentions et l'extension de l'intégration européenne. La Communauté s'est fédéralisée, comme conséquence volontaire ou involontaire des décisions et des actions des États membres et des institutions.
      This decade can be perplexing since it lacked the formal institutional growth of the previous fifteen years and there seemed to be little headway in achieving the goals of a common market. Unexpectedly though, this decade is most interesting for its informal institutional development, as both member states and the institutions of the Community sought to maximise their capacity to act and their influence on the pace and type of integration. From a federalisation point of view, it is critical to understand what was happening and why. The Luxembourg Compromise, the decisions of the Court of Justice, political opportunism of the Commission and the Parliament, and the extra-institutional activities of the member states were a complex set of actions that revealed differing interpretations of the purpose and extent of European integration. The Community was federalising as an intended or unintended consequence of decisions and actions by member states and institutions.
    • La naissance d'une Ostpolitik de l'Europe de l'Ouest au début des années 1970 comme résultat d'une nouvelle solidarité européenne - Sara Tavani p. 75-91 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les années cinquante, de nombreux problèmes de sécurité restaient irrésolus en Europe et empêchaient l'évolution des relations diplomatiques. Seulement la normalisation des relations en Europe centrale et le nouveau climat de confiance des années 1970 permirent finalement la reprise du dialogue entre l'Est et l'Ouest. Cela augmenta entre autre l'influence occidentale sur les Sociétés de l'Europe orientale et aboutit à la naissance du projet d'une Europe post-Yalta plus crédible.Les gouvernements européens occidentaux dépassèrent graduellement leurs controverses nationales et inaugurèrent une nouvelle phase de coopération politique en vue d'un objectif commun d'ouverture à l'Est. La crise économique des années 1970 et la méfiance provoquée par le dialogue grandissant entre États-Unis et Union soviétique déterminèrent une plus étroite collaboration des pays de l'Europe occidentale, notamment entre le ministre des finances allemand Helmut Schmidt et le ministre français Valéry Giscard d'Estaing. La crise et la méfiance déterminèrent une transformation générale des relations internes à l'Alliance atlantique et une diminution des préjugés liés au renouvellement de la puissance allemande, marquant ainsi le début d'une réflexion européenne commune sur les modalités de participation active à la détente bipolaire. On peut situer à cette période la naissance d'une multiplicité d'Ostpolitiks aux différents caractères nationaux, mais avec une volonté analogue de recherche de relations directes et plus rentables avec les pays de l'Est et avec l'Union soviétique.Cette étude trace les grandes lignes du développement de cette nouvelle entente en Europe et met l'accent sur le succès progressif du procès de réconciliation franco-allemand, commencé avec le traité de l'Élysée de 1963 et lié au lancement de la première Ostpolitik du gouvernement Erhard. Ce moment marque aussi le début d'une nouvelle confiance française pour la politique étrangère allemande et un plus grand sentiment de sécurité des pays de l'Est face à la puissance allemande. L'élection de Willy Brandt en tant que chancelier et le traité de Varsovie furent des éléments de propulsion pour l'Ostpolitik occidentale qui atteignit ses plus grands résultats au début des années 1970 et auxquels fit suite le succès graduel des conférences paneuropéennes et de la CEE, qui établit ses premiers rapports directs avec les pays de l'Europe orientale, malgré la fermeture de Moscou.En conclusion, dans cette étude on observe que la capacité allemande et française de maintenir active la coopération politique au début des années quatre-vingt, face au nouveau défi de la crise polonaise et au réarmement de l'OTAN, fut un élément essentiel pour la relance des activités diplomatiques entre l'Est et l'Ouest de 1983. Cela donna aussi un nouvel élan au procès d'integration européen, comme démontra le premier projet de traité pour l'institution de l'Union européenne présenté en 1983 par l'europarlementaire fédéraliste Altiero Spinelli.
      During the 1950's, several security problems remained unsettled in Europe, thereby, obstructing the evolution of European diplomatic relations. Only the normalization of relations in Central Europe and a new climate of trust during the 1970's led to the resumption of East-West dialogue. This, moreover, increased Western leverage on the East European societies and brought about the emergence of a more credible post-Yalta project. Pursuing the common goal of diplomatic openness toward the East, West European governments gradually overcame their national disputes and launched a new phase of political cooperation. The economic crisis of the 1970's and the mistrust provoked by the growing dialogue between the United States and So-viet Union brought about a closer collaboration among West European countries, especially between the Minsters of Finance Helmut Schmidt and Valéry Giscard d'Estaing. The crisis and mistrust induced a general transformation of interallied relations in the Atlantic Alliance, weakening the prejudices connected to the renewal of the German power. It also represented the beginning of a shared European reflection regarding a future active role in the bipolar détente. In fact, from these years one can identify the start of a multiplicity of Ostpolitiks with different national features but tightly associated by the common aim of seeking direct and more productive relations with East European countries as well as the Soviet Union. This essay outlines the development of this new ‘understanding' in Europe, specifi cally focusing on the progressive success of the French-German reconciliation process. The starting point of this process is identified with the ratification of the Elysée Treaty in 1963 and is linked with the launching of the fi rst Ostpolitik put forward by the Erhard government. This change also coincided with a new French endorsement of the German policy toward the East that sanctioned Bonn credibility and contributed to the blunting of East European perception regarding the ‘German threat'. The election of Willy Brandt as Chancellor and the ratifi cation of the Warsaw Treaty were afterwards the propelling factors of Western Ostpolitik that, indeed, obtained its most important results in the early 1970's. In fact, this impulse made possible the successes of the All-European conferences and permitted the EC to interweave direct relations with East European countries, in spite of Moscow's opposition. In conclusion, this essay examines how France and West-Germany were able to keep their political cooperation going at the beginning of the 1980's, in the face of new challenges posed by the Polish crisis and by NATO rearmament. This was fundamental for the relaunching of East-West diplomacy in 1983, as well as rallying the European integration process, as demonstrated by the fi rst European Union project promoted by the Euro-parliamentarian federalist Altiero Spinelli.
    • La Grande-Bretagne et l'xEurope : du pragmatisme insulaire au partenariat sceptique - Michel Gueldry p. 93-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le 1er janvier 1973, la Grande-Bretagne devint finalement membre de la Communauté européenne, après moult hésitation et forces négociations. Ce chapitre étudie donc les rapports de ce pays avec l'intégration européenne des origines aux années 1970. Il présente d'abord les facteurs structurels qui interdirent la participation britannique de 1950 à la fin des années 1960 et continuèrent à le handicaper après. Ensuite il analyse les facteurs conjoncturels spécifiques qui permirent l'évolution britannique entre la décennie des refus fondateurs (CECA, CED et Messine) et ses trois candidatures semi-convaincues et conditionnelles. Une troisième partie examine les problèmes de cette entrée tardive dans la Communauté. La quatrième analyse l'action de Margaret Thatcher, Premier ministre en 1979, qui paralysa l'Europe jusqu'au Conseil de Fontainebleau en 1984 et, en rupture avec le modèle de Lord Beveridge qui domina les décennies de l'après-guerre au Royaume-Uni, diffusa une vision libérale et déréglementée de l'économie en Europe, une alternative aux compromis fondateurs des Six. A ces analyses essentiellement historiques succède une partie plus analytique qui identifie les invariants de la participation britannique et en ébauche quelques interprétations théoriques.
      On January 1, 1973, Britain finally became a full-fledged member of the European Community after decades of avoidance, rancorous negotiations and chagrined conditionality. Thus this chapter focuses on the relationship between Britain and “Europe” as an economic and political project between the late 1940s and the 1970s. First it presents the structural factors that precluded British participation to the nascent European project from the early 1950s to the late 1960s and still impeded it afterwards. Then it analyzes the specific circumstances that facilitated a progressive British rapprochement, with special consideration paid to Britain's successive yet structurally ambivalent candidacies. Next this chapter turns to the implications and difficulties of Britain's entry in the Common Market in the mid-1970s, and details Margaret Thatcher's rupture with the post-World War II Beveridgean consensus, her embrace of economic liberalism and her dissenting, belligerent views on European integration. These historical considerations lead to more theoretical analyses that identify and interpret the core components – historical, cultural, political, economic, and institutional – of the British approach toward the European project.
    • Le plan Werner, le système monétaire européen et l'européanisation dans les années 1970 : Quelques réflexions sur les échecs et les réussites de l'intégration européenne - Katrin Rücker p. 111-131 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pendant l'ère Giscard d'Estaing-Schmidt (1974-1981/82), l'européanisation l'emporte sur l'euroscepticisme en matière monétaire. Après l'échec des projets d'union économique et monétaire au début des années 1970, le Système monétaire européen des années 1980 est une étape transitoire clé sur le chemin vers la monnaie commune, l'Euro actuel. Les raisons de l'échec du plan Werner sont comparées avec celles de la réussite du SME. L'européanisation est définie à travers l'exemple du SME de 1979 dans un sens large, ce qui signifie : d'une part, s'engager pour le progrès de l'intégration monétaire et d'autre part, avancer d'abord avec le couple franco-allemand et ensuite avec les autres partenaires européens.Parmi les raisons de l'échec de l'UEM au début des années 1970 et celles du succès du SME à la fin des années 1970, les arguments de nature économique et monétaire apparaissent moins convaincants que les arguments politiques. La chute du système de Bretton Woods et la soi-disant opposition entre les théories économiste et monétariste ont certainement joué un rôle moindre que les questions de souveraineté nationale, le premier élargissement de la CEE et certaines méthodes à succès de la diplomatie communautaire comme la diplomatie au sommet qui évite « les moulins à rumeurs » de Bruxelles. En outre, les conceptions pragmatique et flexible qu'adoptent les chefs d'État et de gouvernement français et allemand, Valéry Giscard d'Estaing et Helmut Schmidt, dès les années 1960 et 1970 en tant que ministres, les aident sur le chemin de l'européanisation monétaire.
      During the Giscard d'Estaing-Schmidt era (1974-1981/82), Europeanization outweighs Euro-scepticism in monetary matters. After the unsuccessful Economic and Monetary Union project (EMU) launched by Luxembourg's Prime Minister Pierre Werner in the early 1970s, the European Monetary System (EMS) in the 1980s is a key transitional step on the path to the common currency, the current Euro. The reasons for the failure of the Werner Plan are compared with those explaining the success of the EMS. Europeanization is defined through the example of the EMS of 1979 in a broad sense, which means, on the one hand, to make a commitment for the progress of monetary integration and on the other hand, to move forward with the Franco-German couple firstly and secondly with the other European partners. Among the reasons for the failure of the EMU in the early 1970s and those for the success of EMS in the late 1970s, the economic arguments are less compelling than the political arguments. The fall of the Bretton Woods system and the so-called opposition between the “economists” and the “monetarists” have certainly played a lesser role than issues of national sovereignty, the first enlargement of the Common Market and a successful bilateral summit diplomacy which avoids the “rumour mills” of Brussels. Moreover, the French and German ministers, Valery Giscard d'Estaing and Helmut Schmidt, already adopted a pragmatic and flexible approach towards European Integration in the 1960s and the early 1970s. This approach paved the way for monetary Europeanization under their presidency and chancellery.
    • The Rising of the Phoenix: Building the European Monetary System on a Meeting of Minds - Femke A.W.J. Van Esch p. 133-148 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Avec un recul de plusieurs décennies, la mise en place rapide et soudaine du Système monétaire européen, dans le contexte morose et eurosclérosé des années soixante-dix, demeure une réussite assez impressionnante. Cet article démontre que ce bond en avant inespéré dans le domaine économique et monétaire européen fut rendu possible par une rencontre des idées entre le chancelier Schmidt et le président Giscard d'Estaing. Cependant leur succès, dans une période d'eurosclérose et d'économie en berne, dépendait largement des contraintes et opportunités issues du contexte politique et économique européen.
      Decades later, the sudden and swift establishment of the European Monetary System (EMS) within the context of the 1970s economic downturn and Euro-sclerosis remains a strikingly remarkable achievement. This article argues that this unexpected leap forward in the European economic and monetary issue-area was above all made possible by a unique meeting of minds by the French President Valéry Giscard d'Estaing and the German Chancellor Schmidt. However, within a context of Euro-sclerosis and economic downturn, their success was as much dependent on the opportunities and constraints provided by the domestic and European political and economic context.
    • Membership in Monetary Europe: France as Gatekeeper - David Andrews p. 149-165 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'effondrement du système basé sur les accords de Bretton Woods en 1973et l'envoyée des prix du pétrole ont accéléré une divergence d'opinion grandissante entre l'appartenance à la communauté européenne et les pays dont les monnaies faisaient partie du système de taux d'échange communautaire (le “serpent”). En 1974, les monnaies françaises, italiennes et anglaises se sont retirées de ce serpent, contrairement à celles des états non membres (Norvège et Suède) qui ont continué à fonctionner sur ce système. Cette situation commença à menacer de plomber les projets français en vue du développement futur de la communauté, une inquiétude qui se vérifia lors de l'élection de Valéry Giscard d'Estaing en 1974. Le gouvernement Giscard D'Estaing rendit alors prioritaire la réforme du serpent, dans le but de faciliter le retour du Franc et de limiter ainsi toute nouvelle arrivée parmi les membres de l'Europe Monétaire qui serait contre cet objectif. Paris réussit a atteindre ses objectifs à long terme mais échoua pour ceux à court terme. En fait, la France bloqua l'entrée du Franc Suisse dans le serpent (elle s'y opposait vigoureusement), mais fut incapable de changer aucune des règles fondamentales régissant le fonctionnement du serpent (et cela malgré des efforts répétés). La France, à l'intérieur de l'Europe Monétaire, a exercé une influence considérable sur les questions concernant les membres mais moindre sur celles touchant aux lois sur les états membres - une tendance qui se répètera au fil des années.
      The collapse of the Bretton Woods system in March 1973 and the quadrupling of oil prices later in the same year prompted a growing divergence between the membership of the European Community and those countries whose currencies participated in the Community's exchange-rate mechanism (the “snake”). By 1974, the currencies of France, Italy, and the United Kingdom had withdrawn from the snake, whereas the currencies of non-Community members (Norway and Sweden) were linked to its mechanisms. This situation threatened to undermine the goals of the French government for the future development of the Community, a concern that became particularly acute following the May 1974 election of Valéry Giscard d'Estaing. Giscard's government therefore made it a priority to reform the snake in a fashion that would facilitate the French franc's return, and to limit any further additions to the membership of “monetary Europe” that would undercut this objective. Paris succeeded in the latter of these goals but failed in the former. More precisely, France blocked the entry of the Swiss franc into the snake, which it strongly opposed, but was unable to alter any of the fundamental rules governing the snake's operations (despite repeated and strenuous efforts to do so). Within monetary Europe, France exercised considerable influence over questions of membership but little over the rules governing participants—a pattern that would be repeated in future years.
    • Revolution in Times of Eurosclerosis: The Case of the First Lomé Convention - Lotte Drieghe, Jan Orbie p. 167-181 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article examine les dynamiques menant à la première Convention de Lomé conclue entre la Communauté européenne (CE) et les anciennes colonies de ses États membres. En 1975, la CE et les pays dits ACP (pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) arrivent à conclure un accord exhaustif de coopération commerciale et de développement, en dépit de l'eurosclérose et de la crise économique vécues à ce moment. Cet article vise à expliquer ce paradoxe apparent. En premier lieu nous examinons pourquoi Lomé a été perçu comme un accord révolutionnaire. À cette fin, nous élaborons quatre caractéristiques de l'accord : (1) sa large étendue géographique, (2) son envergure importante, (3) le développement de son régime commercial et (4) l'engagement de la part de la CE de forger un partenariat à part égale. Ensuite, nous analysons les raisons de la CE d'inclure ces caractéristiques distinctes dans la Convention. Basée sur une recherche dans les archives de l'UE et dans quelques collections privées, cette étude aboutit à la conclusion que cet accord “révolutionnaire” ne résulte pas d'idées ambitieuses au sujet de développement, sinon qu'il provient de relations historiques et de considérations pratiques. En majeure partie, Lomé I représente la continuité des politiques antérieures de la France et du Royaume-Uni vis-à-vis de leurs anciennes colonies et ce sont justement ces deux États membres de la CE qui contribuent largement à façonner le contenu et la nature de l'accord à travers des négociations intergouvernementales. Quoi qu'il en soit, en époque d'eurosclérose, il paraît utile d'affirmer la position de l'Europe en tant qu'acteur international ambitieux comme réponse à la crise interne de légitimité.
      This article examines the dynamics leading to the first Lomé Convention between the EC and the former colonies of its member states. In 1975 the EC and the ACP (African, Caribbean and Pacific) countries managed to conclude a comprehensive trade and development agreement, despite the period of eursclerosis and economic crisis. This article aims to explain this apparent paradox. First, we examine why Lomé has been perceived as a revolutionary agreement. In this respect four features of the agreement are elaborated: (1) its broad geographical reach, (2) its wide scope, (3) the development friendly nature of its trade regime, and (4) the EC's commitment to an equal partnership. Subsequently, we analyze the EC's motives to include these distinguishing features in the Convention. Based on a research in the EU records and some private collections, this study comes to the conclusion that this ‘revolutionary' agreement was not the result of ambitious ideas about development, but stemmed from historical relations and practical consideration. Lomé I was to a large extent the continuation of previous policies by France and the United Kingdom towards their former colonies, and these two EC member states have largely shaped the content and nature of the agreement through intergovernmental bargaining. However, in times of eurosclerosis it might be useful to affirm Europe as an ambitious international actor as a response to the internal legitimacy crisis.
    • Between Emancipation and Defence: The Failure of the Commission'xs Attempt to Concert a Common European Immigration Policy - Marcel Berlinghoff p. 183-195 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Aux débuts des années 70, l'immigration de travail atteint son pic en Europe de l'Ouest. Face à d'immenses problèmes sociaux, à la fois la Commission et les États ont réalisé qu'une solution efficace aux problèmes migratoires ne se trouverait que dans la coopération et l'échange. Cet article décrit les efforts de la Commission pour s'afficher comme un acteur dans les politiques d'immigration en harmonisant les politiques nationales d'immigration. Partant du principe que les États ne veulent pas transférer leur souveraineté dans ce domaine, cet article analysera comment ils prirent leurs avancées comme action concertée et réduisirent à néant les efforts de la Commission.
      In the early 1970s labour immigration to Western Europe reached its peak. Facing enormous social problems, both the European Commission and the nation states realised that an effective solution to migration problems could only be found in cooperation and exchange. The article describes the Commission's efforts to establish itself as an actor in the realm of immigration politics by concerting national immigration policies. Arguing that the states did not want to transfer their sovereignty in this field this article analyses how they took their own steps for concerted action and let the Commission's efforts fail.
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  • Chronique