Contenu du sommaire : S'entendre sur la langue
Revue | Droit et cultures |
---|---|
Numéro | no 63, juin 2012 |
Titre du numéro | S'entendre sur la langue |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
S'entendre sur la langue
- S'entendre sur la langue - Geneviève Koubi, Daphné Romy-Masliah p. 11-21
- États du yiddish : les différents types de reconnaissance, gouvernementale ou non gouvernementale - Joshua A. Fishman p. 23-39 La question des langues peut être abordée d'un point de vue positif, négatif ou neutre que ce soit sous des auspices gouvernementaux ou non. Si on l'aborde sous un angle positif (en la concevant comme une « rétribution ») on pourra parler de distribution continue plutôt que discontinue ou dichotomique. Dans cet article, nous examinerons divers exemples tirés du cas du yiddish afin d'envisager les trois étapes distinctes du continuum des désignations gouvernementales qui, d'ordinaire, sont en compétition ou coexistent en parallèle. Après nous être intéressé à la reconnaissance officielle et nationale d'une langue millénaire de diaspora, nous évoquerons les attitudes gouvernementales à son égard, de la tolérance à la répression, pour conclure qu'en dépit des aléas, cette langue au lourd passé a un avenir car si beaucoup de ses locuteurs sont morts, leur langue, elle, ne périra pas.Treatments of language may be either positive, negative or neutral,whetherunder governmental or under non-governmental auspices. Positive governmental treatments («rewards») of language fall into a continuous rather than merely into a discontinuous or dichotomous distribution. In this paper, we will draw various examples from the case of Yiddish in order to examine three distinct stages within the continuum of governmental designations that commonly compete or co-exist alongside one another. After an overview of the official and national status of this millenary Diaspora language, we will examine the various governmental attitudes from tolerance to repression. We will then conclude that despite the odds and ends of Yiddish and although its speakers were decimated, their language will never die.
- Langues officielles versus droits linguistiques : l'un exclut-il l'autre ? - Fernand de Varennes p. 41-58 Il est souvent pris pour acquis dans de nombreux pays que le choix d'une langue officielle relève uniquement de la prérogative de l'État, ce que la Cour européenne des droits de l'homme et le Comité des droits de l'homme de l'ONU semblent avoir tous deux confirmé à quelques reprises. Il demeure néanmoins un point de litige à la fois fondamental et pourtant très mal compris, souvent tant par les gouvernements en cause que les juristes eux-mêmes : que se passe-t-il lorsque les textes de loi portant sur le choix d'une ou quelques langue(s) officielle(s) excluent, ou même dans certains cas extrêmes « criminalisent »l'utilisation d'une autre langue, même dans un contexte familial ou privé ? Cet article tente de répondre à cette question en démontrant comment et pourquoi – si le choix d'une langue officielle relève bel et bien de la prérogative de l'État – cela ne permet pas pour autant à un gouvernement de faire fi du droit international, et en particulier des droits de l'homme. Ainsi, là où la mise d'un œuvre d'un droit fondamental comme la liberté d'expression ou l'interdiction de la discrimination fondée sur la langue aurait indirectement pour effet de créer un « droit linguistique », ce droit primerait sur la disposition nationale en matière de langue officielle. Un tel résultat, s'il est en train de s'établir au niveau de la jurisprudence internationale, n'en demeure pas moins difficile à accepter pour certains intervenants.Several countries take for granted the fact that the choice of an official language is a State exclusive prerogative. This was confirmed by both the European Court of Human Rights and the U.N. Human Rights Committee on several occasions. There remains however a matter of dispute altogether fundamental and yet often quite misunderstood by some governments as well as by jurists themselves. Indeed, what happens when legislations on the choice of one or more official language(s) exclude or even in some extreme cases « criminalise »the use of another language even within a domestic or private context? This paper attempts to provide an answer to this question by establishing how and why – although the choice of an official language indeed constitutes a prerogative of the State– it doesn't imply a government to trespass the international law, especially the human rights. Thus, wherever the implementation of a fundamental right such as freedom of expression or forbiddance of discrimination based on language would have the indirect effect of creating a « linguistic right », this right would prevail on the national stipulations regarding official language(s). The resulting establishment of a jurisprudence at the international level remains, however a matter some stakeholders have difficulty to agree upon.
- Être ou ne pas être (une minorité) ? Le kachoube en Pologne - Michael Hornsby, Tomasz Wicherkiewicz p. 59-86 Nous entendons explorer dans cet article les tensions qu'a suscité la mise en place de la Charte en Pologne. L'un des points de friction les plus manifestes concerne la singularisation du kachoube au détriment des autres langues moins répandues. Ceci sera évoqué à la lumière de l'expertise d'un des deux auteurs qui fut étroitement associé à la mise en place de la Charte en Pologne. Ce débat a également, avec une moindre visibilité mais une égale importance, permis l'identification d'idéologies linguistiques contradictoires. Si toutes les langues minoritaires en Pologne (mis à part le kachoube) se situent aux confins d'une idéologie « langue-et-identité », dès lors, la représentation du kachoube dans le cadre d'une territorialité (ou idéologie « langue-et-territoire » [Myhill 1999]) est non seulement liée à l'imminence d'un conflit idéologiquement contre-productif, mais semble également anachronique à une époque où le kachoube n'est parlé de manière régulière par plus de 50% de la population que dans trois districts de la région traditionnellement kachoubophone. Dans de telles conditions, nous serons amenés à nous interroger sur l'efficacité d'une telle planification linguistique pour le kachoube dans la dernière partie de notre article.When Poland signed the European Charter for Regional or Minority Languages on February 12th, 2009, of the fifteen languages listed all but one were categorised as minority languages. Kashubian was (apparently) the only regional language. Of course, the original wording of the Charter, when it was first drawn up in 1992, did not specify what the difference between a minority and a regional language actually was. Thus Poland's ratification, while totally complying with the Charter's original remit, is nevertheless controversial in its application of the Charter's principles. In this paper, we aim to explore the tensions that have been created by the implementation of the Charter in Poland. The most obvious point of friction concerns the singling out of Kashubian to the detriment of other less widely-used languages and this will be discussed in the context of one presenter's expert knowledge and close association with the Charter's implementation in Poland. Less obvious, but equally important, is the identification of the conflicting language ideologies at play here. If all minority languages in Poland (apart from Kashubian) are located within the confines of a «language-and-identity» ideology, then locating Kashubian within a framework of territoriality (or a `language-and-territory' ideology Myhill 1999]) is not only bound to lead to a clash of counter-productive ideologies, but also seems achronistic at a time in the history of Kashubian when it is spoken regularly by more than 50 per cent of the population in only three districts of the traditional Kashubian-speaking area. Given these conditions, we address the question of the effectiveness of such language planning for Kashubian in the final section of our paper.
- Perdre sa langue, perdre son identité, se perdre. Le cas des enfants Orang Asli (aborigènes) de Malaisie - Airil Haimi Mohd Adnan p. 87-109 Cette étude a trait aux questions de l'éducation linguistique dans la vie des enfants aborigènes Orang Asli (littéralement peuples autochtones ou premiers) de Malaisie en tant que groupe marginalisé à l'intérieur du système éducatif de ce pays. Les principaux points examinés se réfèrent au maintien de la langue minoritaire et à l'enseignement de l'anglais et du bahasa Malaysia (le malaisien, langue nationale malaise) à l'ensemble de la population – tout ceci dans le contexte d'une nation en développement galopant qu'est la Malaisie. L'éducation nationale malaise sert d'illustration à cette étude qui réunit les « voix » d'enseignants chevronnés des écoles locales et leaders communautaires Orang Asli provenant de trois zones rurales dans deux États de Malaisie afin d'identifier les problèmes en question. Cette étude utilise une approche narrative pour collecter les données empiriques et mettre en avant les perspectives des diverses parties que sont les enseignants et les communautés minoritaires concernant l'acquisition linguistique et les identités Orang Asli. Ces perspectives sont rarement aisées à trouver dans le système éducatif national des pays en voie de développement. Les données collectées suggèrent que l'enseignement et l'apprentissage des langues (notamment l'anglais) à l'école primaire sont semés d'embuches telles que les malentendus interculturels et les complications sur un plan pédagogique conduisant à une sous-performance généralisée pour les enfants Orang Asli dans le cursus scolaire commun. De plus, se rajoutent des problèmes dans le processus d'acquisition d'une éducation formelle qui font que les enfants Orang Asli sortent généralement perdants si on les compare aux enfants des ethnies majoritaires. Il en résulte que la recherche d'un progrès pour les enfants Orang Asli risque de nécessiter plus qu'une simple planification partant du haut vers le bas pour s'assurer que les identités linguistiques de ces jeunes apprenants ne soient pas réduites au silence en raison d'un enseignement linguistique de langues majoritaires telles que l'anglais et le bahasa Malaysia. Le risque en serait une plus grande déchéance et perte de pouvoir des peuples Orang Asli dans le cadre de l'éducation nationale malaise.This study is an effort to examine language education issues in the lives of Malaysian Orang Asli (literally native or original peoples) aborigine children, as a marginalised group within the framework of the national education system. Key concerns that were examined include minority language maintenance and the teaching of English and bahasa Malaysia (Malay the national language) to the wider population – all within the context of a rapidly developing nation, Malaysia. Using the Malaysian national education system as a case in point, this study collected the ‘voices' of local senior teachers and Orang Asli community leaders from three rural areas in two Malaysian states in order to highlight the concerns mentioned above. Using a narrative approach to collect empirical data, the study brings forward the views of direct stakeholders in the teaching profession and the actual minority communities with reference to language learning and Orang Asli identities – views that are normally not easy to be found in the national education system of developing nations. The data collected suggests that the teaching and learning of languages (particularly English) at primary school level within these rural communities are fraught with intercultural misunderstandings and pedagogical complications, leading to the overall underperformance of Orang Asli children in the general curriculum. In addition, compounded by practical problems in the formal education process, Orang Asli children are also generally losing out compared to children from majority races. Hence, finding a way forward for Orang Asli children will take more than just top-down planning in order to ensure that the language identities of these young learners are not silenced by the teaching of major languages like English and bahasa Malaysia, further disenfranchising and disempowering Orang Asli peoples within the Malaysian education system.
- Políticas de estado y la exclusión de las lenguas indígenas en el Perú - Myriam Yataco p. 110-142 Le Pérou a pour caractéristique d'avoir promu l'espagnol comme langue officielle tant à un niveau macro que microlinguistique. L'État a exercé des pressions très fortes à l'encontre de la préservation des langues premières du Pérou. Les langues premières ont rencontré un climat collectif d'hostilité marqué par l'exclusion et la discrimination à l'époque républicaine. Un tel climat est encore largement perceptible et l'on peut encore parler de discrimination linguistique dans la région andine. Je décris ici le haut taux de diglossie au Pérou que j'assimile à une manifestation de l'Apartheid Linguistique. Après avoir examiné le panorama actuel et la perspective du point de vue de la spécificité culturelle, je passerai en revue les langues du Pérou en relation avec leur nombre et leur situation sur le territoire pour m'attacher aux différentes législations relatives aux langues premières dans la Constitution du Pérou. Une partie de cet article sera également dévolue à la présence et à l'action de deux femmes parlementaires autochtones péruviennes au Parlement qui ont récemment manifesté leur spécificité tant linguistique que culturelle, Hilaria Supa Huaman et Maria Cleofé Sumire de Conde. Je concluerai sur une note d'optimisme concernant l'interculturalité.Peru is characterized by its promulgation of spanish as an official language both at the macro and microlinguistic levels. The State has exerted strong pressure against the preservation of Peru's first languages. These indigenous languages have encounted a general hostility marked both by exclusion and discrimination at the Republican Era. Such a situation is still perceptible and one can easily talk about linguistic discrimination in the Andine area. I will describe the high level of diglossia in Peru, which I compare to a linguistic Apartheid. After a review of the contemporary situation and a pespective on the cultural specific identities, I will describe the languages in Peru in relation to their rates and territories. I devote a section to the various legislations regarding indigenous languages in Peru before focusing on two indigenous congresswomen, Hilaria Supa Huaman and Maria Cleofé Sumire de Conde who played a crucial part at the Peruvian congress in asserting their specific identity and culture. I will conclude on a more optimistic note on interculturality in Peru.
- La politique linguistique et les langues indiennes moins répandues - Probal Dasgupta p. 143-160 Parler des langues en Inde ne constitue pas un champ homogène. Le point de vue qui valorise le hindi ou l'anglais entraine aisément la marginalisation des langues régionales. Bien entendu, un régionalisme que tout le monde admet s'oppose à l'hégémonie de ces superlangues, avec des conséquences que l'on peut prévoir avant même de considérer la cartographie spécifique de l'Inde. Or, ces langues régionales, qui fonctionnent sous l'hégémonie d'un hindi ou d'un anglais, sont à leurs tours hégémoniques au niveau provincial – ce qui a pour effet la marginalisation des langues autochtones. Si l'on valorise surtout des critères démographiques, ces langues autochtones entrent dans la classification des langues ‘moins répandues'. Cette catégorisation s'insère dans le cadre d'un discours économique qui vise le bien-être des sociétés qui parlent ces langues moins répandues. Si le discours disciplinaire de la sociolinguistique adopte surtout les paramètres économiques, on va accommoder les besoins linguistiques selon une échelle quantitative. Cette intervention a pour but de s'opposer aux méthodes qui schématisent les langues moins répandues comme des points sur une échelle des communautés qui mesure la prospérité économique. On s'intéressera principalement aux facteurs qui frappent l'attention lors du passage d'un régime des États-nations modernes vers un dynamisme inconnu des espaces hétérogènes. L'auteur se servira de deux concepts contradictoires intitulés Colina – la conception linéaire de l'assistabilité – et Cosocommi – la conception de la solidarité communautaire interlocale – pour étudier les rapports de force et les paramétrages sociaux qui en découlent au niveau des stratégies linguistiques en Inde de son indépendance à nos jours.In this intervention I make a case against treating lesser-known languages aspoints on a scale that ranges from the neediest communities to the least needy. My argument refers to factors that become salient during the transition from a modern order of nation-states to an unsettled dynamism involving heterogeneous spaces. Under the exigencies and anxieties of globalization, the experiences become traumatic and call for urgent efforts to formulate and address what are experienced as vital issues on the ground. For clarity, I briefly present first the view I oppose, calling it ARSA, the Aid Recipient Spectrum Approach. I then outline the alternative I advocate, ILCEA, the Inter-Local Community Empowerment Approach. Once these have been introduced, the Language Policies in India section situates the problem with respect to India; the ARSA section discusses how the consensus both in India and elsewhere has swung towards ARSA; and the final section focuses on ILCEA, considers reasons for wishing to turn the tide and proposes ways of bringing this about.
- Protection des locuteurs et protection des langues minoritaires ou régionales en Roumanie - Alexandra Eftimie, Oana Macovei p. 161-185 La protection des locuteurs et des langues minoritaires ou régionales relève une importance particulière dans le cadre d'un État multinational et multiethnique comme la Roumanie. L'approche du droit roumain à l'égard des langues minoritaires ou régionales est tributaire de celle suivie en la matière par le droit international et s'articule autour de deux dynamiques précises. Tout d'abord, suivant une logique dite subjective, la langue est considérée classiquement en tant qu'élément constitutif de l'identité d'une minorité. Dans la plupart des instruments internationaux, tel la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales, la protection des langues minoritaires s'intègre dans le cadre de l'objectif de protection des minorités nationales et est envisagée comme un droit reconnu aux personnes appartenant à ces minorités. Le droit roumain a retranscrit cette approche de la protection des langues à travers la protection des locuteurs. La question linguistique est ainsi abordée dans la législation roumaine, d'une part, dans le cadre de la problématique du statut juridique des personnes appartenant aux minorités nationales et, d'autre part, dans le cadre de la problématique du principe d'égalité. Ensuite, une logique dite objective s'est développée progressivement au niveau européen. En effet, la Charte des langues régionales ou minoritaires et la législation de l'Union européenne en la matière témoignent d'une approche moderne sur la protection de la langue. Désormais, la langue est envisagée comme un bien culturel, partie intégrante d'un patrimoine – régional, national ou européen – qu'il s'agit de préserver et non comme véhicule d'une identité ethnique. Suite à la ratification de la Charte des langues régionales ou minoritaires et en tant que membre de l'UE, la Roumanie est censée intégrer ces acquis en la matière. Au carrefour des influences du droit international, le droit roumain a établi un cadre réglementaire adéquat pour la protection des locuteurs et des langues minoritaires ou régionales. Il demeure toutefois en constante évolution, devant être adapté à la spécificité du cadre national.The protection of speakers and of regional or minority languages is a major topic in the Romanian multicultural and ethnically diverse background. The Romanian law approach on this subject is inspired mainly by two distinct theories developed in international law with regard to the notion of language. The first theory, more classical, was developed in many international conventions such as the Convention for the protection of the national minorities. It considers the language from a subjective point of view as a component of the identity of a minority. Therefore, the protection of the language represents a right guaranteed to that minority. This approach inspired the Romanian legislation towards a protection of the language through the protection of their speakers. Consequently, Romanian law incorporates the linguistic issue in the legal framework of the judicial status of national minorities and of the equality principle. The second theory inspiring the Romanian legislation is a more modern and objective approach of the notion of language, as it considers it as a cultural asset, part of a regional, national or European heritage that has to be preserved. The Charter of the regional or minority languages and the specific EU law on this field are the main European references developing this theory. As they constitute a binding legislation for Romania, they should be progressively integrated in the national law. Thus, the protection of speakers and of minority or regional languages is developed in Romania on a clear legal framework founded under the strong influences of international law and it continues to evolve in accordance with the national specificity.
- Les manifestations linguistiques de l'oppression : l'expérience des Afro-Américains - Renford Reese p. 187-200 La diaspora africaine a suscité plusieurs phénomènes culturels dynamiques qui ont tous évolué de manière invariable de l'oppression à l'émancipation en passant par la lutte. Des schémas de résistance linguistique ont donc constitué, dans ce contexte, l'un des produits culturels dérivés les plus significatifs de cette expérience diasporique. Le créole s'est développé en tant que mode de communication entre les esclaves des différentes tribus victimes de l'esclavage transatlantique. On constate la prononciation, les structures grammaticales et le vocabulaire des dialectes créoles de plusieurs types de populations d'origine d'Afrique de l'Ouest. Le climat de méfiance parmi les noirs des Caraïbes envers les langues créoles est similaire à celui qu'on retrouve envers une similitude dans l'anglais vernaculaire afro-américain des États-Unis (dont nous utiliserons ici l'acronyme anglo-américain, AAVE). Cet article va examiner la manière dont les Afro-Américains ont utilisé leur langue pour résister à l'hégémonie culturelle. En l'absence de langue maternelle, les noirs des États-Unis ont créé des modèles linguistiques uniques qui ont à leur tour créé une « unité » et une « altérité ». Les Afro-Américains ont ainsi eu recours à la langue dans une myriade de manières pour tenter de résister à l'assimilation culturelle et maintenir leur identité culturelle distincte. L'auteur souhaite défaire la toile linguistique de méfiance qui a tissé l'AAVE. Particulièrement présent dans le sud des États-Unis, l'AAVE est une construction lexicale directement issue de l'esclavage. Alors qu'ils étaient démunis dans toute autre dimension de la société américaine, la langue a constitué pour les noirs opprimés une forme d'expression unique de libération. Du blues, du jazz, du funk et du langage swingué jusqu'à l'argot des rues qui a nourri la culture hip-hop, les Afro-Américains ont de tout temps utilisé la langue pour se distinguer de leurs concitoyens américains. Nous résumerons et analyserons ici les manifestations culturelles qui se sont développées à partir de l'usage de la langue comme moyen de résistance à l'hégémonie culturelle américaine.The African Diaspora created many dynamic cultural phenomena, which invariably evolved from oppression, struggle, and emancipation. Linguistic patterns of resistance, in this context, have been one of the most significant cultural by-products of the diasporic experience. Creole evolved as a means of communication between the slaves of various tribes during the trans-Atlantic slave trade. The pronunciation, grammatical structures, and vocabulary found in the Creole dialects of many populations of West African descent are similar. The spirit of defiance found in the Creole languages among blacks in the Caribbean is similar to that found in African American Vernacular English (AAVE) in the United States. This paper will examine how African Americans have used language to resist cultural hegemony. In the absence of a mother tongue, blacks in the U.S. have created unique linguistic patterns that have created a «oneness» and an «otherness». Indeed, African Americans have utilized language in a myriad of ways to resist cultural assimilation and maintain a distinct cultural identity. The author will deconstruct how AAVE developed into a linguistic pattern of defiance. Prominent in the southern US, AAVE is a lexical construct that evolved from slavery. While powerless in other dimensions of American society, language has always provided oppressed blacks a uniquely liberating form of expression. From blues, jazz, funk, and jive talk to the urban street slang that infuses hip-hop culture, African Americans have consistently used language to distinguish themselves from their American counterparts. This paper will concisely examine the cultural manifestations that have evolved from language being used to resist cultural hegemony in America.
Études
- La sanction des parricides du droit romain au Code pénal napoléonien - Gilles Trimaille p. 203-211 De la république romaine à l'empire napoléonien, le crime de parricide a toujours fait l'objet d'un traitement juridique spécifique. Toutes les législations ont proposé des sanctions dont la portée était à la fois pénale et répressive mais aussi symbolique et purificatrice.From the Roman Republic to the Napoleonic Empire, the crime of parricide was always subject to a specific judicial treatment. The ambition of all legal systems was to establish sanctions which were not only penal and repressive, but also symbolic and cathartic.
- La sanction des parricides du droit romain au Code pénal napoléonien - Gilles Trimaille p. 203-211