Contenu du sommaire : Revue de livre

Les systèmes sociaux et les organisations qui en sont les sous-ensembles significatifs sont fondamentalement conservateurs. Leurs stabilités homéostatiques font leur pérennité. La culture au niveau groupal et les refus du changement de l'acteur se conjuguent pour conformer le système à lui-même. Cependant, le système est menacé, à la fois de l'extérieur par la turbulence de l'environnement, et en interne par les déviances de l'acteur et des jeux de pouvoir.Aujourd'hui, des systèmes ouverts adaptatifs seraient une réponse et une remise en cause des stabilités pérennes.Face à l'immobilisme du système, que peut le consultant appelé à changer les valeurs et les pratiques ?

La pédagogie et la psychothérapie institutionnelles sont des pratiques que l'on peut lire comme systémiques. En effet, la structuration qu'elles revendiquent les situe dans une liaison opératoire de systèmes d'instances, d'activités, et de sous-systèmes articulant des institutions multiples, plurielles. Cette matrice de pensée qu'est l'Institutionnel a des fonctions génériques qui permettent de « systémiser » et systématiser des pratiques apparemment différentes, scolaires, éducatives, cliniques, à partir du moment où elles se reconnaissent comme institutionnelles.

En se focalisant sur la question de la prise en charges de l'anorexie mentale, l'auteur rapporte son expérience, d'une durée de 10 ans, dans la conduite d'un service d'hospitalisation consacré aux adolescents. Cette expérience a permis de mettre en place un processus où étaient constamment mises en parallèle et en lien certaines des dimensions de la dynamique familiale avec celles du quotidien de l'institution. Il en a résulté plusieurs conséquences, notamment sur les durées du séjour manifestement réduites, le confort de l'équipe de soin renforcé. Surtout, le choix du moment de la sortie des patients a pu être corrélé à d'autres facteurs que la guérison apparente.

L'isomorphisme permet d'analyser le fonctionnement et les blocages d'une institution, mais aussi de mieux saisir les fonctionnements et blocages des patients dont elle s'occupe. À partir de quelques éléments qui sont propres au profil des mineurs étrangers non accompagnés, je vais tenter de montrer qu'on peut les retrouver au niveau du fonctionnement de l'équipe. Il ne s'agit pas seulement de mettre en évidence un parallèle mais de comprendre les mécanismes qui président à l'installation de celui-ci et des conséquences que l'on peut en tirer au niveau de notre pratique. Je développerai donc l'horizontalité comme mode de fonctionnement de l'équipe, l'instabilité dans la composition de celle-ci et enfin la circulation particulière de l'information. J'essaierai d'en tirer des pistes sur les moyens à se donner pour que la prise de conscience de cet isomorphisme puisse venir nourrir notre travail et que ce qui apparaît à première vue comme des obstacles se transforme en outil au service de notre population.

Il y a quatre ans, l'idée d'écrire un livre sur le travail en hôpital de jour pédopsychiatrique a été semée par l'un d'entre nous. L'idée a germé et le manuscrit s'est construit avec l'ensemble de l'équipe. Des réunions ont permis à chacun de se dévoiler un peu plus, d'exprimer ses émotions, de dire ses envies. Des binômes, des trios se sont organisés, chacun a mis en mots ses pratiques, ses doutes, ses savoir-faire, ses réflexions, avec cette envie de transmettre, de témoigner, de partager.Quel est le modèle institutionnel qui a permis une écriture collective ? Selon nous, c'est une expérience préalable de travail alliant d'une part cadre, structure et exigence, et d'autre part, liberté, créativité et interactivité de chacun dans son travail. L'article reprend deux types d'ateliers décrits dans le livre (« psychomotricité/école » et « ateliers avec parents ») pour illustrer le contenu de l'ouvrage. Ensuite, c'est le processus écriture, mis en résonance avec le « modèle institutionnel », qui est présenté.

Les pratiques institutionnelles sont appelées à se transformer. Le travail de collaboration interdisciplinaire, en lien avec le patient et sa famille, exige de coordonner les multiples expertises des divers professionnels dans l'inévitable corps à corps avec des situations médicales et psychosociales complexes. Les pratiques de collaboration interprofessionnelles doivent sans aucun doute être considérées comme des leviers de changements structurels, culturels et cliniques. Dans cet article, nous portons une attention particulière à la réunion interdisciplinaire comme moment ritualisé et structuré de travail collectif avec des patients hospitalisés et leurs proches.

L'article décrit une recherche prospective comparative, randomisée et menée en parallèle. La comparaison de la dynamique des indices systémiques et psychopathologiques au niveau de la compétence sociale de deux groupes de patients traités différemment met en évidence l'efficacité de la thérapie familiale systémique dans le cadre de la réhabilitation des malades atteints de la schizophrénie paranoïde.

Les institutions de soins et d'éducation, comme n'importe quel groupe humain organisé, sont sujettes à des maladies et doivent se donner les moyens de se soigner. L'espace de supervision peut en être un, qu'il soit préventif ou curatif. Nous chercherons à comprendre ce qui constitue la spécificité d'un tel espace/temps, et à préciser quelques manières de faire pour poser la mise en place d'un cadre de travail défini comme une « matrice d'empathie ». L'espace de supervision doit pouvoir soutenir un processus d'intelligence collective.

Cet article aborde les souffrances au travail, spécifiquement chez les professionnels dans le champ des relations d'aide, d'accompagnement ou de soin. Deux questions sous-jacentes nous servent de lignes directionnelles et précisent notre démarche : l'une autour de certaines des conséquences de cette souffrance pour ces professionnels en tant que personnes, lorsqu'elles se trouvent dans l'exercice de leur métier ; et l'autre sur les influences des modèles familiaux de ces mêmes professionnels sur le lien professionnel et aussi sur les institutions où ils travaillent. Nous essayons de relier ces aspects au contexte social dans lequel se situent ces institutions et tentons enfin de dégager quelques-uns des phénomènes qui, dans notre expérience, se retrouvent le plus fréquemment au cœur des problématiques survenant dans les équipes de professionnels.

Les relations entre familles, jeunes et institutions sont souvent difficiles et complexes.Le temps est au centre de cette complexité. Le temps des familles, des jeunes, des institutions et des intervenants plonge chacun dans une logique temporelle qui lui est propre et différente de celle des autres.Des questions telles que compétition, coopération, loyautés sont en jeu dans ces rencontres. Les notions de relations et d'appartenances multiples, de mémoires et d'histoires sont abordées, en lien avec la question temporelle, et tout en montrant que la complexité des choses ouvre sur des possibilités d'alliances de travail.

ULICE (Unité Locale d'Intervention de Crise et d'Évaluation) est né, il y a 4 ans, au sein des services de psychiatrie de l'AP-HM à Marseille. Après avoir situé l'action d'ULICE auprès des personnes en crise et parmi ses partenaires, nous questionnons la place d'ULICE, son rapport au monde, en quelque sorte sa « mythologie » au regard de la crise que traversent conjointement la psychiatrie, les sciences médicales et les sciences politiques dans le monde actuel. Nous revendiquons une pratique héritée du champ des thérapies systémiques et familiales et plus précisément du courant constructiviste. Nous questionnons parallèlement les fondements de cette pratique en nous référant au courant phénoménologique, et notamment à la notion de « monde de la vie quotidienne ». Tout le sens de la pratique de crise tient à la possibilité de faire différer théories et expérience pour favoriser le discernement. Cette pratique est particulièrement opportune dans un monde qui se trouve lui-même pris dans une crise sans fin.

Dans cet article, nous montrerons l'importance pour la clinique de considérer comme « faisant système » les institutions appelées à intervenir successivement dans une situation ou celles qui se retrouvent à agir ensemble auprès d'une même famille. En effet, s'y développent, à côté des programmes officiels de chaque institution, des règles implicites régulant ce macrosystème que nous appelons l'« interinstitutionnel ». Une lecture systémique de l'émergence de ces règles implicites permet souvent de comprendre comment s'articulent les logiques d'interventions des différents intervenants et les conditions dans lesquelles nous sommes interpellés en tant qu'intervenant.

Comment intégrer la dimension de l'intervention pénale dans une perspective thérapeutique ? Nous examinons ici cette question à travers le traitement judiciaire d'un crime – une situation d'inceste – lors d'une session en Cour d'Assises. Notre hypothèse est que, par le déroulé de la session d'assises, s'institue un méta-système créant une synchronisation de l'ensemble des sous-systèmes dont ceux de soin et de protection. C'est à partir de la rencontre clinique avec Sophie en institution pédopsychiatrique, puis du procès en Cour d'assises de son agresseur auquel nous avons assisté dans le cadre de notre formation systémique, que nous déploierons notre argumentation.

Parmi les différentes modalités de soin proposées en pédopsychiatrie, l'Accueil Familial Thérapeutique s'inscrit comme un dispositif à la fois original et complexe. À l'interface du soin et du « médico-social », de l'éducatif et de la thérapeutique, ce type de prise en charge peut être amené, même après plusieurs années d'expérience, à « souffrir » d'une identité aux contours mal définis. En témoigne la diversité des représentations que peuvent s'en faire les équipes soignantes, l'assimilant tantôt à un accueil social, tantôt à une alternative aux prises en charges existantes.Cependant, cette problématique de l'identité, qui traverse l'Accueil Familial Thérapeutique, contient aussi en elle-même des ambiguïtés fécondes, voire des paradoxes dont les effets nous invitent à réfléchir aux enjeux thérapeutiques de ce dispositif.Trois axes sont successivement abordés : la question de l'identité professionnelle de l'Assistante Familiale inscrite dans l'entre-deux du soin et du social, à partir de la double référence de la profession à l'hôpital et au conseil général ; les effets de l'accueil à domicile sur l'engagement de l'assistante familiale à un niveau personnel et professionnel, enfin, le rapport entre la demande et l'indication en AFT.