Contenu du sommaire : Les défis d'une économie à taux zéro
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 121, mars 2016 |
Titre du numéro | Les défis d'une économie à taux zéro |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- In memoriam - p. 9-10
Les défis d'une économie à taux zéro
- Introduction - Hans-Helmut Kotz, Jacques Le Cacheux p. 11-26
- Réflexions sur la borne zéro des taux d'intérêt en liaison avec la stabilité monétaire et financière - Christian Noyer p. 27-34 La coexistence prolongée de taux d'intérêt bas et d'une faible inflation rend la tâche des banques centrales plus compliquée. Dans ce contexte, leur mandat de préservation de la stabilité des prix doit être réaffirmé et strictement respecté : leur cible de 2 % doit être maintenue, sans révision à la hausse ou à la baisse, et leur fonction de réaction doit viser à prévenir tout écart par rapport à cet objectif, quel qu'en soit le sens. Cependant, la mise en œuvre de ce mandat se heurte actuellement à trois défis : les effets potentiellement pervers des instruments non conventionnels sur le secteur bancaire, qui nécessitent de réfléchir à leur dosage optimal, les rigidités structurelles de l'économie européenne, qui réduisent l'efficience de la politique monétaire, enfin, l'émergence de risques pour la stabilité financière, en particulier hors du secteur bancaire, qui requièrent un suivi accru de la politique macroprudentielle. À l'avenir, la persistance de taux d'intérêt d'équilibre bas, l'expansion des bilans des banques centrales et l'augmentation de la fréquence des chocs économiques pourraient conduire à une redéfinition plus profonde des politiques de stabilité monétaire et financière.Classification JEL : E31, E43, E58.The prolonged coexistence of low interest rates and low inflation makes the task of central banks more complicated. In this context, their price stability mandate must be reiterated and strictly adhered to: their 2% target must be maintained, without upward or downward revisions, and their reaction function must aim to prevent any deviation from this target, in either direction. However, this mandate is currently facing three challenges: the potentially perverse effects of non-standard instruments on the banking sector, which requires finding the optimal mix of such tools; the structural rigidities of the European economy, which reduce the efficiency of monetary policy; and lastly, the emergence of risks for financial stability, in particular outside the banking sector, which call for a closer monitoring through macroprudential policy. In the future, protracted low equilibrium rates, the expansion of central bank balance sheets and the increased frequency of economic shocks could result in an in-depth rethinking of financial and monetary stability policies.Classification JEL: E31, E43, E58.
- Les taux d'intérêt en France : une perspective historique - Vivien Levy-Garboua, Eric Monnet p. 35-58 Cet article présente et analyse des séries longues de taux d'intérêt français depuis le début du XIXe siècle : taux de la banque centrale, taux des effets à trois mois échangés sur le marché monétaire, taux des caisses d'épargne (livret A) et taux d'obligations sûres à long terme. Des comparaisons sont effectuées avec les cas de l'Angleterre et des États-Unis. À maints égards, la situation actuelle (taux d'intérêt nominaux et réels bas et faible inflation) apparaît comme exceptionnelle dans une perspective historique et très différente des périodes précédentes de stabilité des taux (xixe siècle) ou de taux réels bas (périodes de forte inflation). Le niveau actuel des taux d'intérêt ne se présente cependant pas comme une rupture soudaine due à la crise mais se situe dans la continuité d'une évolution baissière entamée au début des années 1980.Classification JEL : E43, E58, G21, N23, N24.This article builds and studies long-term series of French interest rates since the early 19th century: the central bank leading interest rate; the rate of the 3-month paper on the interbank market, the regulated deposit rate of saving institutions (livret A), the yield on long-term safe assets (government securities). Comparisons are made with similar series in the UK and US. In a historical perspective, the current situation (low real and nominal interest rates) seems exceptional and very different from previous periods of interest rate stability (in the 19th century) or low real rates (during times of high inflation). The current level of interest rates does not look like the consequence of a sudden break caused by the crisis; it continues a downward trend that started in the early 1980s.Classification JEL: E43, E58, G21, N23, N24.
Dysfonctionnements des marchés et réponses de politique monétaire
- Crise financière : conséquences pour la politique monétaire et la pratique monétaire - Benjamin M. Friedman p. 59-78 Cet article soutient que l'une des deux formes de politique monétaire jusqu'ici non conventionnelles, à savoir les achats d'actifs à grande échelle, perdurera probablement. En revanche, les tentatives des banques centrales visant à influencer les anticipations des acteurs du marché quant à la future orientation de la politique monétaire ont été moins fructueuses. Au regard de la nature spéculative des marchés des titres, les banques centrales ne seront jamais « suffisamment » transparentes pour satisfaire les acteurs du marché. Sur le plan conceptuel, les nouvelles composantes de la politique monétaire finiront également par intégrer la théorie classique de la politique monétaire. Il est en effet maintenant évident qu'une banque centrale opérant dans une économie dotée d'un marché des actifs bien développé dispose de deux instruments politiques dont l'un repose désormais sur l'actif du bilan des banques centrales.Classification JEL : E52, E58, G01.This article argues that quantitative easing, one of the two new monetary policy tools, is likely to last but that the other one, forward guidance, is not so successful since transparency will never be sufficient in speculation driven markets. The use of these new monetary tools will also have a significant impact on the theory of monetary policy with their integration in the classical framework. Actually it is now obvious that in an economy relying on well-developed capital markets a central bank can use at least two policy tools, one of them resting on the asset side of its balance sheet.Classification JEL: E52, E58, G01.
- La politique monétaire en période d'incertitudes - John Hutchinson, Peter Praet p. 79-96 En temps de crise, la banque centrale doit inévitablement faire face à une incertitude accrue et la réalisation de son objectif de politique monétaire devient plus difficile. Les auteurs de l'article postulent que la montée des incertitudes ne doit pas empêcher une banque centrale de prendre des décisions fondées, mais qu'elle l'oblige à évaluer et traiter les informations avec une plus grande prudence, à prendre du recul par rapport aux évolutions économiques et à adopter une approche plus préventive vis-à-vis des nouveaux risques. Surtout, elle doit être prête à prendre des décisions fondées reflétant la fonction de réaction qu'elle a fait connaître, et ainsi à agir pour remplir sa mission malgré les incertitudes.Classification JEL : E31, E32, E43, E58.In crisis times, the central bank is inevitably confronted with greater uncertainty and achieving its monetary policy objective becomes more complex. This paper posits that increased uncertainty should not prevent a central bank from taking informed decisions, but it does require a more cautious assessment and processing of information as well as adopting a broader view of the economy and a more preventive orientation towards emerging risks. Most importantly, it requires a central bank's readiness to take informed decisions that correspond to its communicated reaction function and to thereby, act under uncertainty and deliver on its mandate.Classification JEL: E31, E32, E43, E58.
- Les mesures de politique monétaire non conventionnelles et leur impact sur les marchés - Marco Leppin, Joachim Nagel p. 97-110 L'Eurosystème a répondu aux crises actuelles en prenant plusieurs mesures conventionnelles et non conventionnelles. Ces dernières années, les taux ont été abaissés – atteignant même des valeurs négatives – et des programmes d'achats d'actifs ont été mis en œuvre. Les marchés financiers ont considérablement évolué et les mesures extraordinaires mises en place par l'Eurosystème y ont largement contribué.Le premier programme d'achats portait sur des obligations garanties et avait pour objectif de relancer un segment de marché qui connaissait des dysfonctionnements temporaires. Il a permis de rétablir la confiance du marché mais, même à ce stade précoce, l'Eurosystème a dû faire face à un problème d'incohérence temporelle. L'effet d'annonce du programme d'achats a relégué au second plan l'impact des achats qui ont suivi. Cet effet est apparu encore plus clairement avec l'annonce de l'actuel Programme d'achats de titres du secteur public (public sector purchase programme ou PSPP). En outre, la réaction du marché neutralise les intentions de politique monétaire lorsque aucune extension de programme ne permet de répondre à des attentes démesurées. Les décideurs sont confrontés au problème suivant : les effets des mesures de stimulation monétaire dans le processus de transmission ne sont plus attendus si de nouvelles mesures ne sont pas immédiatement annoncées.Classification JEL : E43, E58, G01, G28.In crisis times, the central bank is inevitably confronted with greater uncertainty and achieving its monetary policy objective becomes more complex. This paper posits that increased uncertainty should not prevent a central bank from taking informed decisions, but it does require a more cautious assessment and processing of information as well as adopting a broader view of the economy and a more preventive orientation towards emerging risks. Most importantly, it requires a central bank's readiness to take informed decisions that correspond to its communicated reaction function and to thereby, act under uncertainty and deliver on its mandate.Classification JEL: E31, E32, E43, E58.
- La politique macroprudentielle : un ouvrage en cours pour les banques centrales - Jaime Caruana, Ilhyock Shim p. 111-130 Depuis la grande crise financière des années 2007-2009, les économies avancées comme les économies émergentes ont progressé dans la mise en place d'un nouveau cadre de politique macroprudentielle et la mise en œuvre de mesures macroprudentielles. L'article présente un aperçu de ces mesures et expose les défis qui restent à relever : (1) comprendre l'impact du développement de la finance sur l'efficacité des outils macroprudentiels, (2) minimiser les fuites et répercussions indésirables de l'application des outils ciblés, (3) protéger le secteur financier privé des risques souverains, (4) concevoir de nouveaux outils pour réduire les risques systémiques émanant des marchés de capitaux, et (5) trouver la bonne combinaison de politiques et agir suffisamment en amont dans le processus endogène d'accumulation des déséquilibres financiers. Il est essentiel que toutes les autorités macroprudentielles coopèrent aux niveaux local et international pour trouver une solution efficace à ces nouveaux défis.Classification JEL : E43, E58, G01, G28.The Eurosystem has responded to the current crises with several conventional and unconventional measures. In the past few years, rates have been lowered – even into negative territory – and asset purchase programmes have been implemented. Financial markets have changed significantly and the Eurosystem's extraordinary measures have had a profound role to play in this.The first purchase programme for covered bonds was aimed at reviving a temporarily dysfunctional market segment. The programme was successful in restoring market confidence, but even at that early stage the Eurosystem faced a time-inconsistency problem. The announcement effect of the purchase programme marginalised the impact of the subsequent purchases. This effect became even more apparent with the announcement of the current Public Sector Purchase Programme. Additionally, market reaction counteracts monetary policy intention when exaggerated expectations fall short of a programme extension. Decision-makers are faced with the problem that effects of monetary stimuli in the transmission process are no longer awaited if new measures are not announced immediately.Classification JEL: E43, E58, G01, G28.
- Crise financière : conséquences pour la politique monétaire et la pratique monétaire - Benjamin M. Friedman p. 59-78
Déséquilibres réels : les raisons fondamentales
- Trois changements « sismiques » dans l'économie mondiale et leurs enjeux de politique économique - Kiyohiko G. Nishimura p. 131-144 Trois changements bouleversent l'économie mondiale : (1) le ralentissement persistant causé par les bulles immobilières, les récessions et les crises financières qui s'ensuivent, (2) les technologies de l'information et de la communication qui deviennent défavorables à l'emploi et (3) la transition d'une phase « d'atout démographique », avec une population jeune et croissante, vers une phase de « fardeau démographique », avec une population vieillissante. Ces changements radicaux s'accompagnent d'effets à court et à long terme, ainsi que d'importantes répercussions sur le plan politique. Tout d'abord, la demande globale est généralement plus faible. En outre, la demande globale devient moins réceptive aux plans de relance macroéconomique classiques. Deuxièmement, de nombreuses économies perdent en flexibilité et, par conséquent, leur efficacité diminue. Troisièmement, étant donné que la politique monétaire conventionnelle se révèle moins efficace, les banques centrales s'appuient de plus en plus sur une politique de bilan (politique non conventionnelle) en tant qu'outil de stabilisation. Enfin, et c'est le point le plus important, l'incertitude est particulièrement exacerbée. Cette incertitude accrue représente un défi de taille pour les responsables politiques.Classification JEL : E43, E58, G01, J11, J24.Since the Great Financial Crisis of 2007-2009, both advanced and emerging market economies have made progress in setting up macroprudential policy frameworks and implementing macroprudential measures. This article provides a summary of these measures, and discusses a number of challenges ahead: (1) understanding the impact of financial development on the effectiveness of macroprudential tools; (2) minimising leakages and spillovers from applying targeted tools; (3) protecting the private financial sector from sovereign risks; (4) designing new policy tools to reduce systemic risks stemming from capital markets; and (5) finding the right combination of policies and acting early enough in the cumulative endogenous process of building financial imbalances. To find an effective solution to these challenges, it is crucial that macroprudential authorities cooperate domestically and globally.Classification JEL: E43, E58, G01, G28.
- Stagnation séculaire ? - Richard N. Cooper p. 145-158 Pour certains économistes, l'économie mondiale serait entrée dans une période de « stagnation séculaire », c'est-à-dire une période prolongée de faible ou de non-croissance économique. Deux raisons principales sont avancées pour expliquer cette situation : la capacité à croître est limitée par une faible croissance de la population et de l'innovation, et la demande globale est déficiente en raison d'un excès d'épargne sur l'investissement. Pour autant, plusieurs moyens sont disponibles pour lutter contre cette « stagnation séculaire », en particulier, la réduction des inégalités, le développement des infrastructures pour faire face aux besoins considérables à l'échelle mondiale ou encore des investissements massifs dans le secteur énergétique pour enrayer le réchauffement climatique.Classification JEL : E20, E25, O18, O40, O44.Three “seismic” shifts in the global economy are identified: (1) a persistent dampening fallout from the property bubbles, busts, and the ensuing financial crises; (2) information communication technology becoming employment-unfriendly; and (3) shift from the demographic bonus phase of young and growing population to the demographic onus phase of aging population. These seismic shifts have both short-run and long-run effects, with strong policy implications. Firstly, aggregate demand is generally weaker. Moreover, aggregate demand becomes less responsive to traditional macroeconomic stimulus. Secondly, many economies are losing flexibility and thus efficiency is declining. Thirdly, since conventional monetary policy turns out to be less effective, central banks are increasingly reliant on using central bank balance-sheets (unconventional policies) as a stabilization device. Lastly, and most importantly, uncertainty is particularly heightened. This heightened uncertainty poses a serious challenge to policy makers.Classification JEL: E43, E58, G01, J11, J24.
- Perspectives monétaires et financières : stagnation séculaire ou mutation du capitalisme ? - Michel Aglietta p. 159-172 Depuis la grande crise financière de 2008, les économies développées sont entravées par la baisse de la rentabilité du capital, la demande anémique en Europe et la menace de déflation. Pour expliquer cette logique qui s'auto-entretient, il a été fait appel à l'hypothèse de stagnation séculaire. Plus récemment, les pays émergents rencontrent de grandes difficultés. Nombre d'entre eux, Chine en tête, souffrent de surcapacités de production industrielle, du ralentissement du commerce international et de l'effondrement des prix des matières premières.La conjonction de ces processus dépasse l'incidence de la crise financière. Elle est le signe d'une mutation du capitalisme. Un aspect majeur est l'incapacité de la finance globalisée à prendre en charge les investissements de long terme d'une nouvelle révolution industrielle pour le développement durable. Une autre finance émerge, centrée sur les banques publiques de développement, qui s'établira sur le multilatéralisme monétaire et l'avènement du DTS en tant que liquidité universelle.Classification JEL : N20, O16, P16.According to some economists, the economy is presently entering a secular stagnation era, i.e. a long period of slow or no economic growth. This situation could be explained either by a declining growth capacity due to low population and innovation growths, either to a weak aggregate demand because of savings exceeding investment. If we are actually entering such a period, several policy tools can be used to reverse the trend, namely fighting inequalities, investing massively to fulfill the huge global infrastructure needs and investing in the new energies sector to fight the on-going global warming.Classification JEL: E20, E25, O18, O40, O44.
- Le retour de l'économie keynésienne - Xavier Ragot p. 173-186 Les modèles macroéconomiques standards utilisés avant la crise, qualifiés de néokeynésiens, reposent sur la notion de taux d'intérêt naturel plutôt que de demande effective. Or les développements récents de la théorie macroéconomique modélisent de manière bien plus réaliste le fonctionnement du marché des biens et services et le fonctionnement du marché du travail. Ces modèles retrouvent les intuitions keynésiennes – sous-consommation, paradoxe de l'épargne – dans des cadres qui permettent une confrontation plus rigoureuse aux données. Le caractère keynésien ou néoclassique de l'économie ne devrait pas être un enjeu politique ou théorique, mais plutôt un enjeu empirique. À cet égard, des résultats économétriques récents indiquent par exemple que l'économie américaine se comporte de manière keynésienne dans les grandes crises et de manière non keynésienne dans les crises de moindre amplitude, ce qui devrait guider la politique économique.Classification JEL : E12, E13, E17.After the great financial crisis in 2008, advanced countries have been shackled by low capital return, anemic demand in Europe and deflation worries. A self-fulfilling roundabout process, called secular stagnation, has settled down. Lately emerging market economies have met trouble. Many, China at the top, are plagued with overcapacities in industry, slowdown in foreign trade and a pervasive slump in commodity prices.Those intertwining processes point out to an incipient transformation of capitalism beyond the sheer impact of the financial crisis. A major feature is the inability of global market finance to fund long-term investments, which would be the drivers of a new growth regime, grounded on sustainable development. Another brand of finance, with public development banks at the core, will be needed along with an evolution of the international monetary system to multilateralism and acceptance of the SDR as international liquidity.Classification JEL: N20, O16, P16.
- Déflation et taux d'intérêt zéro : causes profondes, conséquences sur les politiques économiques et le secteur financier - Patrick Artus p. 187-194 Cet article rappelle d'abord les causes profondes de la déflation : une situation d'excès d'offre de biens et de services sur la demande qui ne peut plus être corrigée par la baisse des taux d'intérêt réels. Il montre ensuite que, en situation de déflation, les politiques économiques favorables en situation normale deviennent défavorables. Il examine enfin les effets sur l'équilibre macrofinancier de la situation de taux d'intérêt zéro.Classification JEL : E31, E44.Pre-crisis standard macroeconomic models, qualified as neo Keynesian, rely more on the concept of natural rate of interest than on global demand. But new insights in macroeconomic theory build far more realistic models, especially as regards labour and good and services markets. These models renew with the Keynes intuitions – under-consumption, savings paradox – and are more suitable to reality confrontation. The Keynesian or neo-classical pattern should no more be a political or theoretical stake but rather an empirical one. For example, recent econometric studies highlight that the American economy behaves as Keynesian during the biggest crisis but as non Keynesian during smaller ones. This should be a guide for policy makers.Classification JEL: E12, E13, E17.
- Taux négatif : arme de poing ou signal de détresse ? - Jézabel Couppey-Soubeyran p. 195-212 Les taux nominaux négatifs, dont bénéficient actuellement certains emprunteurs souverains, ainsi que les banques qui se refinancent auprès de banques centrales ayant opté pour des taux directeurs négatifs ont fait voler en éclat l'hypothèse d'un plancher zéro. Bien qu'ils étendent a priori les marges de manœuvre de la politique monétaire, les taux négatifs sont-ils une conséquence voulue et maîtrisée de la politique monétaire de gestion de crise ou, bien davantage, un symptôme de la déflation, un indicateur de gravité de la situation macroéconomique, voire le signe avant-coureur d'un phénomène de stagnation séculaire ? La reprise ne dépend-elle pas moins du taux nominal monétaire que du taux de rentabilité des investissements productifs, c'est-à-dire du taux naturel au sens de Wicksell ? Ce retour à l'approche wicksellienne du taux d'intérêt naturel conduit à se demander si pour écarter le risque déflationniste qui persiste et repousser la perspective d'une stagnation séculaire, il faut mieux agir sur le taux monétaire en le baissant toujours plus ou sur le taux naturel en essayant de le relever. Auquel cas, comment relever le taux naturel ?Classification JEL : E31, E43, E52, E58.The negative nominal rates currently applied to some sovereign and banks, which refinance at negative interest rates offered by some central banks, have swept aside the zero-lower bound assumption. Although they seem to increase the leeway of monetary policy, are the negative rates a controlled consequence of the unconventional monetary policy? Or do they much more reflect the threats of deflation and the unfavorable macroeconomic situation, or even worse, do they appear as an early warning of secular stagnation? What if the recovery relied more on the yield of productive investment (i.e. the natural rate as defined by Wicksell) than the level of market interest rates? This return to the Wicksell's natural interest rate approach brings a key issue: to prevent both deflation and secular stagnation, should the monetary rate be perpetually cut to new lows? Or should we try to raise the natural rate? In that case, how to raise the natural rate?Classification JEL: E31, E43, E52, E58.
- Trois changements « sismiques » dans l'économie mondiale et leurs enjeux de politique économique - Kiyohiko G. Nishimura p. 131-144
Taux d'intérêt bas et intermédiation financière
- L'assouplissement quantitatif : un défi pour l'épargne à long terme et la sécurité financière des ménages - Christian Thimann p. 213-224 Les politiques de quantitative easing ont de lourdes conséquences potentielles sur la sécurité financière des ménages. Celle-ci requiert de solides garanties en capital pour l'épargne à long terme des ménages afin de leur permettre de prévoir leurs retraites ou l'achat d'actifs coûteux, comme le logement. Les compagnies d'assurances au travers de leur activité d'assurance-vie sont les intermédiaires financières qui, traditionnellement, leur offrent de telles garanties. Or cet article met trois points en évidence : premièrement, si les taux d'intérêt à long terme sont nuls, les ménages pourront difficilement se procurer des garanties d'épargne à long terme car les compagnies d'assurances seront incapables de les leur fournir ; deuxièmement, les épargnants à long terme feront face à un problème de rattrapage, la rentabilité de leur épargne étant inférieure à l'augmentation des prix des soins de santé et de l'immobilier, leurs deux principaux objectifs à long terme ; troisièmement, les coûts croissants de l'habitat urbain entraînent l'obligation de consacrer une part croissante des revenus aux dépenses de logement, au détriment d'une allocation plus productive pour l'économie.Classification JEL : E21, E43, G22, I13, R21.QE implies heavy consequences for the financial security of households, which strongly demand capital guarantees on their long-term savings so to have financial predictability and be able to plan for retirement income support or large asset purchases. Insurance companies as part of life insurance contracts have typically provided such capital guarantees. The paper makes three points. First, if long-term interest rates are zero, it will be difficult for households to obtain long-term savings guarantees because the insurance sector will not be able to provide them. Second, long-term savers face a catching-up problem, as the savings returns are now below the price increase of the two main long-term savings objectives: healthcare and housing. Third, the rising costs of urban dwelling implies that a rising part of household income is devoted to expenditure on housing, which means that such savings are not available for more productive uses in the economy.Classification JEL: E21, E43, G22, I13, R21.
- Comment gérer l'épargne en régime de taux très bas ? - Jean-François Boulier p. 225-234 Le très bas niveau des taux d'intérêts en zone euro est un véritable défi pour la gestion de l'épargne. Cette politique est conduite de façon délibérée par la Banque centrale européenne et va durer tant que l'embellie économique ne se confirme pas. Les épargnants et leurs conseillers ont progressivement pris conscience que les solutions efficaces du passé ne correspondent plus à la situation. De nouveaux produits comme le fonds eurocroissance, des fonds de performance absolue et la réallocation de l'épargne vers les actifs réels, actions et immobilier, sont plus que jamais à l'ordre du jour. Mais de nombreux freins continuent à retarder le changement d'orientation des placements, en tout premier lieu, le niveau souvent insuffisant de culture financière des épargnants français.Classification JEL : E21, E43, G23.The very low rate environment in the euro zone is a challenge for longer term savings. This deliberate monetary policy is here to stay according to the ECB at least until the economy recovers in full. Savers and their advisers have progressively understood that solutions successful in the past decades are no longer relevant. New product like eurocroissance, absolute return funds and reallocation to real assets, stocks and real estate need now to be considered. Nevertheless savers are reluctant to change their habits and invest in new vehicles, in particular because their weak financial literacy.Classification JEL: E21, E43, G23.
- Les activités de shadow banking dans un contexte de bas taux d'intérêt : une perspective de flux financiers - Günter W. Beck, Hans-Helmut Kotz p. 235-256 Une politique de taux très bas ainsi qu'un important réaménagement des règles et des institutions de supervision ont modifié considérablement le contexte général de l'intermédiation financière dans la zone euro. Ces deux initiatives avaient pour objet d'améliorer le bien-être social. Leurs éventuels effets secondaires ont été activement discutés, tant dans les milieux universitaires que politiques. Une politique de taux très bas, et de ce fait des taux de marché également très bas, est susceptible d'augmenter les incitations des investisseurs à prendre des risques. De même, le renforcement du cadre réglementaire, notamment pour les banques, accroît l'attractivité comparative du shadow banking, moins réglementé. Sur la base des données sur les flux financiers du secteur des banques non-banques, nous avons recensé les récentes évolutions dans cette partie du secteur financier. En outre, nous avons examiné dans quelle mesure les taux d'intérêt bas ont influencé le comportement d'investissement. Nos résultats montrent un déclin du rôle des banques et, concurremment, une croissance des activités des banques non-banques. L'ensemble des activités d'intermédiation est donc resté à peu près au même niveau. En outre, nos observations indiquent également que les banques non-banques ont eu tendance à prendre des positions dans des actifs plus risqués, notamment les actions. En conséquence, la mesure des risques dans les bilans montre une augmentation des risques sectoriels dans le secteur banques non-banques dans sa définition restreinte.Classification JEL : E43, G11, G21, G23.Very low policy rates as well as the substantial redesign of rules and supervisory institutions have changed background conditions for the Euro Area's financial intermediary sector substantially. Both policy initiatives have been targeted at improving societal welfare. And their potential side effects have been discussed intensively, in academic as well as policy circles. Very low policy rates and correspondingly low market rates are likely to whet investors' risk taking incentives. Concurrently, the tightened regulatory framework, in particular for banks, increases the comparative attractiveness of the less regulated, so-called shadow banking sector. Employing flow-of-funds data for the Euro Area's non-bank banking sector we take stock of recent developments in this part of the financial sector. In addition, we examine to which extent low interest rates have had an impact on investment behavior. Our results reveal a declining role of banks and, simultaneously, an increase in non-bank banking. Overall intermediation activity, hence, has remained roughly at the same level. Moreover, our findings also suggest that non-bank banks have tended to take positions in riskier assets, particularly in equities. In line with this observation, balance-sheet based risk measures indicate a rise in sector-specific risks in the non-bank banking sector when narrowly defined.Classification JEL: E43, G11, G21, G23.
- L'assouplissement quantitatif : un défi pour l'épargne à long terme et la sécurité financière des ménages - Christian Thimann p. 213-224
Le grand large – Le contexte international
- La faiblesse des taux d'intérêt à long terme : un phénomène mondial - Jhuvesh Sobrun, Philip Turner p. 257-274 Avec le renforcement des liens internationaux qui existent entre les taux d'intérêt à long terme libellés dans différentes devises, l'extrême faiblesse des taux d'intérêt est devenue un phénomène mondial. Les taux directeurs réels d'équilibre (taux naturels) ont chuté dans de nombreux pays. Les primes de terme sur les marchés obligataires sont faibles – voire négatives – dans beaucoup de devises. Les causes fondamentales de ces évolutions, qui donnent à penser que la « nouvelle normalité » pour les taux d'intérêt est plus basse que par le passé, font encore débat. L'avenir nous le dira.Classification JEL : E43, E52, F41, G15.With much stronger international linkages between long-term interest rates in different currencies, ultra-low interest rates have become a global phenomenon. The real equilibrium policy rates (the natural rate) has fallen in many countries. Term premia in bond markets are low or even negative in many currencies. The fundamental causes of these developments, which suggest that the “new normal” for interest rates is lower than in the past, are still under debate. Time will tell.Classification JEL: E43, E52, F41, G15.
- Les futurs financiers : de la Grande Modération au ZIRP et au-delà - Jeffry Frieden p. 275-284 Les crises financières sont à notre époque une caractéristique durable de l'environnement économique international. Ces crises ont deux caractéristiques communes. Premièrement, elles sont associées à des flux financiers très importants. Deuxièmement, elles sont déclenchées par des différences relativement mineures de la situation macroéconomique qui encouragent l'entrée de flux financiers, ce qui accroît les divergences macroéconomiques. Il en résulte une série de cycles d'expansion et de ralentissement pour les flux de capitaux. Les crises qui en découlent sont dévastatrices. Les expériences de ces vingt-cinq dernières années montrent qu'il serait souhaitable de mettre en place une forme de coordination internationale des politiques macroéconomiques pour éviter la répétition de ces crises si affaiblissantes.Classification JEL : E32, E61, F31, F32, F42, G01.Financial crises have been an enduring phenomenon of the contemporary international economic environment. These crises tend to have two features in common. First, they are associated with very large capital flows. Second, they are triggered by relatively small differences in macroeconomic fundamentals, which encourage capital inflows, which in turn exacerbate the macroeconomic divergences. The result has been a series of boom-bust capital flow cycles. The crises that have ensued have been devastating. The experience of the past 25 years would appear to suggest the desirability of some form of international macroeconomic policy coordination to avoid a recurrence of these sorts of debilitating crises.Classification JEL: E32, E61, F31, F32, F42, G01.
- La politique monétaire française des Trente Glorieuses - Eric Monnet p. 285-290
- La faiblesse des taux d'intérêt à long terme : un phénomène mondial - Jhuvesh Sobrun, Philip Turner p. 257-274
Articles divers
- Choix du financement externe en fonds propres des PME et ETI : private equity ou Bourse ? - Xavier Mahieux p. 291-304 Alors que les marchés financiers français dédiés aux PME n'ont joué qu'épisodiquement et très imparfaitement leur rôle de financement en fonds propres externes, et le plus souvent lors des périodes d'exubérance financière, le financement par les fonds de private equity a connu un développement régulier et continu, y compris pour les grosses PME et ETI susceptibles d'entrer en Bourse. À l'appui de la littérature relative à l'ouverture du capital, cet article met en évidence les raisons pour lesquelles le private equity est préféré à la Bourse par un certain nombre de sociétés. Ce mode de financement permet en particulier de préserver l'indépendance financière souhaitée par de nombreux dirigeants de PME.Classification JEL : G23, G24, G32, L25.Over the last 30 years SME's French financial markets have a long history of failure for financing SMEs and mid-market companies whereas private equity financing has been increasingly financing them. Relying on academic literature, this paper highlights that private equity is best fitted to preserve financial independence, an important feature of many SME's shareholders and managers. This should be taken into account by policy makers.Classification JEL: G23, G24, G32, L25.
- L'internationalisation du renminbi : enjeux et limites des réformes institutionnelles - Adrien Faudot p. 305-326 L'internationalisation du renminbi (RMB) a focalisé l'attention de nombreux universitaires, économistes et politologues, depuis la fin des années 2000. Les données disponibles aux chercheurs font état d'un développement de l'usage du RMB à l'échelle internationale. Cet article a un double objectif : dans un premier temps, exposer les évolutions qualitatives de la monnaie chinoise, en analysant les modifications du cadre institutionnel du RMB. Dans une seconde section, il interroge les ambitions et les limites de la stratégie de la Chine d'internationalisation de sa monnaie. À ces fins, ce travail se penche sur la littérature qui s'est largement répandue sur le sujet ces dernières années. Dans la mesure où l'émergence monétaire internationale de la Chine est un processus conflictuel à la fois au niveau national et international, générateur de tensions avec d'autres puissances, en premier lieu les États-Unis, cet article questionne à la fois la volonté et la capacité de la Chine à surmonter les obstacles à l'internationalisation de sa monnaie.Classification JEL : E42, F31, F33, F40, F55.The internationalization of the Renminbi (RMB) has been drawing attention from both political scientists and economists, since the end of 2000s. Available data indicate a strong growth of RMB usage at the international level. This article has two main objectives. First, it aims to describe the qualitative evolutions of the Chinese currency by analysing the changes in the institutional framework of RMB. The second section deals with the ambitions of and obstacles to the Chinese strategy of internationalisation of its currency. For these purposes, this article focuses on the rich literature on this topic. Given that China's monetary upheaval involves a conflicting process both at the domestic and international levels, it generates tensions with other rival powers, first and foremost the United States. This article examines the willingness and ability of China to overcome hurdles to achieve further the internationalisation of its currency.Classification JEL: E42, F31, F33, F40, F55.
- Choix du financement externe en fonds propres des PME et ETI : private equity ou Bourse ? - Xavier Mahieux p. 291-304