Contenu du sommaire : Nouvelles mobilités dans les Suds

Revue Espace Populations Sociétés Mir@bel
Numéro no 2, 2010
Titre du numéro Nouvelles mobilités dans les Suds
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Éditorial  - Jérôme Lombard, Olivier Ninot p. 155-165 accès libre
  • Articles

    • Islam et christianisme en mouvement : mobilités géographiques et changement religieux au Cameroun - Maud Lasseur p. 179-191 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les mobilités (migrations, missions religieuses…) sont historiquement liées au changement religieux en Afrique. Les formes, rythmes et acteurs de la diffusion des religions ont cependant profondément évolué en un demi-siècle. Cet article analyse les relations entre les circulations et migrations qui se déploient depuis et vers le Cameroun, mais aussi à l'intérieur de ce territoire national, et l'expansion rapide de l'islam réformiste et de la mouvance pentecôtiste dans le pays ces dernières décennies. Les mobilités décrites apparaissent diverses, aussi bien collectives qu'individuelles, animées ou non par des objectifs religieux, caractérisées, enfin, par des échelles et des durées variables. Cette diversité traduit l'effervescence religieuse du Cameroun contemporain.
      Historically in Africa, mobilities (migrations, religious missions...) have been linked to religious change. Nevertheless, the shapes, rates and actors of the religious diffusion have deeply evolved in half a century. This article analyzes the relations between the circulations and migrations that are spreading from and towards Cameroon, but also across this national territory, and the fast expansion of Islamic reform and Pentecostalism in the country in the last decades. These mobilities are diverse, collective or individual, caused by religious or non-religious targets, and characterized by various scales and durations. This variety is the expression of the religious effervescence of present-day Cameroon.
    • Catégories et reconfigurations migratoires en Afrique de l'Ouest : L'exemple de la guerre civile du Liberia - Hélène Simon-Lorière p. 193-207 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'objectif de cet article est de montrer les bouleversements que le conflit du Liberia (1990-2003) a générés en Afrique de l'Ouest en reconfigurant les flux migratoires régionaux et en contribuant à transformer les catégories habituellement utilisées. Les flux de réfugiés qui ont concerné toute la sous-région, modifiant les relations migratoires dessinées dans les années post-indépendances et faisant rejouer certaines migrations plus anciennes encore, ont déstabilisé plusieurs pays et créé des distributions spatiales particulières (installations et camps de réfugiés). Les mobilités des réfugiés pendant la guerre et à la fin de la guerre bousculent l'image du réfugié victime, souvent véhiculée par les médias et les organisations internationales. Elles amènent à réfléchir aux catégories employées : celle de réfugié d'une part, qui s'avère recouvrir une diversité de situations sur le terrain, celle de migrant forcé d'autre part, qui apparaît comme un moyen de nuancer la distinction entre réfugiés et migrants.
      This article aims to show the changes that the Liberian Civil War (1990-2003) brought about in West Africa in terms of a reconfiguration of regional migration flows. The refugee influx affected the whole sub-region modifying migratory relations dating back from the post-independence years and saw the return of older migratory patterns. Many countries have been destabilized by the conflict which produced specific spatial forms, such as refugee camps and settlements. Refugee movements during and at the end of the war further call us to question the common image and categorization by the media and international organizations of refugees as mere 'victims'. Besides pointing towards changed regional migratory configurations, this article thus also reconsiders the category of 'refugees' which de facto covers a lot of different situations in the field. Instead, this article argues for a greater usage of the term of 'forced migrants', which has not often been used in the Francophone literature for now, but offers a way to moderate the artificial distinction between refugees and migrants.
    • Mobilis in mobili1 : des vies « en mobilité » au Sud : les « expats » de l'humanitaire au Timor-Leste et en Haïti - Marie Redon p. 209-220 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les travailleurs de l'aide et du développement, que l'on peut identifier aux figures des mercenaires, missionnaires et marginaux, circulent dans les pays du Sud sinistrés par des catastrophes naturelles et/ou anthropiques. Ils forment un type de mobiles peu connus, vivant entre plusieurs mondes : leurs pays d'origine, le pays d'accueil et l'univers récréé entre les deux (là-bas, ici, entre-deux). La césure entre des mobilités conquérantes du Nord et subies du Sud apparaît complexifiée par ces migrants en provenance de pays du Nord et du Sud, soudés par une pratique si continue de la mobilité qu'ils vivent « en » mobilités, mobiles dans cet élément mobile (Mobilis in mobili) qu'est le monde contemporain. En même temps, ces travailleurs de l'humanitaire transposent d'un Sud à l'autre des modes de vie très similaires calqués sur les standards du Nord, finalement peu dépendants du contexte socio-économique sur lequel ils ont pourtant des incidences fortes, d'autant plus fortes que ce contexte est incertain et perméable comme au Timor-Leste et en Haïti. Ces deux pays apparaissent en effet comme des archétypes de ces États pilotés par une communauté internationale qui y met en pratique ses principes de développement via des missions de l'ONU et de nombreuses ONG.
      Relief workers, who can be identified to mercenaries, missionaries and misfits figures, are going around Southern countries stricken by natural or anthropogenic disasters. They are forming an unsung type of mobile people, living between different worlds : their native country, their place of residence and the world build between these (there, here, in between). These migrants coming from the North and the South are making more complex the gap between suffered mobility en the South and conquering mobility in the North. They are linked by a permanent practice of mobility at the point to live “in mobility”, mobile in a mobile world (Mobilis in mobili). At the same time, these relief workers are transposing from one South to another similar ways of life, copied on the northern standards and out of touch with the socio-economic local context. Though, their presences have strong impacts, moreover in fragile and permeable local contexts such Timor-Leste and Haiti. Indeed, these two countries are archetypes of States driven by an international community that applies there its development principles via UN missions and numerous NGO
    • De la visibilité à la lisibilité : le tourisme domestique en Asie - Christine Cabasset-Semedo, Emmanuelle Peyvel, Isabelle Sacareau, Benjamin Taunay p. 221-235 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Du fait d'une focalisation sur le tourisme international occidental, l'ampleur du tourisme domestique est longtemps restée ignorée dans les pays dits du Sud. L'enjeu est pourtant d'importance en particulier en Asie, eu égard aux masses mobilisées, à la signification que revêtent ces nouvelles mobilités et aux formes touristiques auxquelles elles donnent lieu, celles-ci relevant d'une hybridation complexe entre intégration de pratiques et de lieux occidentaux et invention de formes spécifiques.
      Because of a focus laid on western international tourism, the extent of domestic tourism has been ignored for a long time in the so-called Southern countries. And yet, the stakes are high, especially in Asia, regarding the mobilized masses, the significance of these new mobilities and the tourist forms they engender, which arise from a complex hybridization between the integration of western places and practices and the invention of specific forms.
    • Madagascar, île immobile ? - Catherine Fournet-Guérin p. 237-249 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour qui connaît mal Madagascar, cette île isolée au sud-est de l'Afrique peut apparaître comme « immobile » tant les processus de mobilités n'y sont pas spectaculaires. Or la réalité est tout autre si l'on s'intéresse non plus seulement aux grands indicateurs statistiques mondiaux mais aux pratiques des habitants de la Grande Île à différentes échelles. Le pays connaît bien une émigration d'élites originale et accueille des migrants, certes peu nombreux, mais qui traduisent son insertion dans des flux mondialisés, comme l'illustre le cas des commerçants chinois. À l'échelle nationale, se développent de nombreux fronts pionniers (ruées) liés à des cultures exportatrices (crevettes, litchis) ou à des gisements de pierres précieuses qui créent des mobilités intenses et des recompositions spatiales, tout en impliquant des acteurs migrants étrangers. Les migrations permanentes ou saisonnières sont également très nombreuses et contribuent à redessiner la répartition ethnique du peuplement. Enfin, les villes sont le lieu d'intenses mobilités, intra-urbaines tout comme entre villes et campagnes, qui souvent portent la marque des difficultés économiques structurelles mais aussi révèlent des stratégies d'adaptation pour surmonter ces crises. L'approche multiscalaire ainsi menée pour Madagascar pourrait permettre de mieux considérer le cas de pays du Sud peu connus, en apparence en marge des mobilités liées notamment à la mondialisation, mais en fait pleinement concernés par ces processus de transformation des espaces et des sociétés.
      Who does not know Madagascar very well, this isolated island in the South East of Africa may seem motionless because of mobility processes which are not spectacular. When considering not only global data and indicators but mainly spatial practices of the inhabitants of the Big Island at different scales, then a different picture appears. As a matter of fact, there are Malagasy elites emigrating in Northern countries. There are also migrants settling in Madagascar. Although they are not numerous, they illustrate the way the country gets more and more involved in global flows (e.g. Chinese shopkeepers). Inside the country many pioneer fronts (rushes) have recently been developed, based on agricultural goods intended to export (shrimps, litchis) or gem deposits. They create dense mobilities, they lead to spatial evolutions and foreign migrants get involved in these new activities. Permanent and seasonal migrations are also well developed and lead to a new distribution of the different ethnic groups. Finally, dense mobilities exist in the urban eras (intra-urban mobilities and urban-rural exchanges). They convey economic crises but they also reveal new strategies to adapt and overcome these difficulties. The case of Madagascar here studied with a multiscale approach can help studying other Southern countries which are too often considered as standing apart from mobilities due to the consequences of globalisation whereas they are in fact fully concerned by these processes which transform spaces and societies.
    • Mobilités et politique à Sidi Ifni, ville isolée du Sud marocain - Karine Bennafla p. 251-265 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article aborde la complexité du lien entre mobilités et politique avec le cas d'une petite ville isolée, siège d'un mouvement de protestation sociale entre 2005 et 2009. Sidi Ifni a vécu une période de gloire espagnole (1934-69), l'érigeant en place attractive, puis une politique de marginalisation socio-économique après sa rétrocession au Maroc (1969). La proximité du Sahara Occidental et la catégorisation du pays Aït Baamrane en marche frondeuse du royaume éclairent la stratégie de renouvellement de la population du Makhzen. Le déclin urbain a généré une émigration de crise, surtout vers l'Europe, grâce au statut juridique particulier des Ifnaouis en Espagne. L'immigration illégale s'intensifie depuis les années 1980, avec des harragas vers les Canaries voisines. Les émigrés ont fait pression sur les autorités marocaines lors de la vague protestataire. Leur rôle de levier de développement est plus modeste, comme l'est celui des actifs, touristes et retraités européens, de plus en plus nombreux à fréquenter et s'installer à Sidi Ifni.
      This article studies the complex relationship between mobilities and politics, through the case of a small and isolated city, site of social mobilizations between 2005 and 2009. Sidi Ifni was a developed and attractive place during the Spanish occupation (1934-1969). Since the reintegration to Morocco (1969), the city suffers from a social and economic marginalization policy. The Makhzen is deploying “repopulation” strategy, in order to reduce the pressure of local people, due to the proximity of conflictual Sahara and to the categorization of Aït Baamrane's zone as a historical turbulent region. Urban decline generates migratory movements, especially to Europe because of the special status held by Ifnaouis in Spain. Harrags' illegal migrations to the Canary Islands are increasing since 1980's. Emigrants did lobbying over the Moroccan authorities during the protests, but their role in local development is less important, same as the economic contribution of European workers, tourists and retired persons, who are more and more to visit and live in Sidi Ifni.
    • Mobilités domestiques internationales et nouvelles territorialités à Beyrouth (Liban) : le cosmopolitisme beyrouthin en question - Assaf Dahdah p. 267-279 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis la fin des années 1970, le Liban est devenu un pays d'immigration pour des migrantes originaires principalement des pays du monde indien, d'Asie du Sud-Est, d'Afrique de l'Est et de l'Ouest. Aujourd'hui estimées à environ 250 000, les migrantes travaillent dans leur grande majorité en tant que domestiques à demeure dans les foyers des classes moyennes et supérieures libanaises. Cette migration économique entre pays des Suds s'inscrit dans le cadre d'une législation censée limiter les femmes étrangères à la domesticité et à l'invisibilité sociale et spatiale. À travers une étude de cas sur la migration des femmes éthiopiennes, nous montrerons comment les migrantes sont à la fois « invisibilisées » depuis l'espace domestique jusque dans la ville, mais qu'elles participent également dans les interstices de la ville et de ses temporalités à une reformulation du paysage urbain beyrouthin. Cette situation migratoire dans le contexte de la mondialisation contemporaine interroge in fine quant à la notion de cosmopolitisme et de la place de l'altérité dans une ville méditerranéenne et arabe comme Beyrouth.
      Since the end of the 1970s, Lebanon has become a country of immigration for female migrants coming from the Asian sub-continent, Southeast Asia, East and West Africa. Today it is estimated that about 250,000 people migrants work for the most part as householders in the homes of middle and upper class Lebanese families. This economic migration between southern countries is linked to a legislation that is supposed to restrict foreign women to domesticity and spatial and social invisibility. Based on a case study which focuses on the migration of Ethiopian women, we show how immigrants are disappearing from domestic space and moving into the city. Nevertheless they also contribute, through the interstices of the city and its temporalities, to a reformulation of the Beirut urban landscape. The migration situation in the context of contemporary globalization raises questions about the concept of cosmopolitanism and the place of otherness in a Mediterranean and Arab city like Beirut.
    • Student Migration in South Africa: A Special reference to the Youth from Francophone Africa - Gabriel Tati p. 281-296 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article se propose d'examiner la migration des étudiants de l'afrique francophone (Afrique de l'Est et Centrale) en Afrique du Sud. Les résultats indiquent sans ambiguïté que cette migration d'étudiants fait partie des courants migratoires d'étudiants internationaux que connaît actuellement l'Afrique du Sud. Les étudiants de l'Afrique francophone migrent en Afrique du Sud en raison des coûts d'études moins élevés et de la détérioration des établissements universitaires dans les pays d'origine et aussi, pour beaucoup d'entre eux, de l'échec du remplissage des conditions pour obtenir un visa d'étudiant dans les pays industrialisés. Comme destination, ce pays est un second meilleur choix pour beaucoup d'étudiants. Toutefois, dans beaucoup de domaines concernant la qualité de l'éducation, l'Afrique du Sud est positivement jugée par les étudiants mis à part l'environnement social. Le motif lié à la poursuite des études domine parmi les raisons de la migration. Ce mélange de motifs apparait aussi bien chez les femmes que chez les étudiants de sexe masculin. Les préférences dans les matières étudiées révèlent une diversification entre les sciences naturelles et les autres disciplines. Étudier et travailler ne s'excluent pas même si les étudiants qui travaillent sont en petit nombre. Ceux-là se retrouvent aussi bien dans les tâches liées à l'enseignement, sur le campus, que dans celles développées en dehors, sans aucun lien. Les liens avec le pays d'origine sont maintenus sous plusieurs formes à travers par exemple les visites de courte durée, les appels téléphoniques, le regroupement familial, l'argent envoyé au pays et les dons en nature. Dans leur majorité, les étudiants envisagent de retourner au pays ou d'aller ailleurs après leurs études. Certains envisagent de rester en Afrique du Sud dans l'espoir de trouver un emploi ou de poursuivre les études. Cette incertitude sur le projet de retour montre qu'il est aussi important de considérer cette migration d'étudiants francophones, non seulement comme une fuite des cerveaux ou un gain de cerveaux, mais aussi comme une migration circulante qui pourrait avoir un impact positif sur le développement du pays d'origine.
      The paper examines the migration of students from francophone Africa (Central and West Africa) to South Africa (SA). Various sources of information were used including a survey of students conducted at the University of the Western Cape that serves as a case study. The results reported in this paper clearly indicate that the migration of students from francophone Africa is part of the massive migration influxes of international students currently experienced by South Africa. French-speaking African students move to South Africa because of the lower costs and also because of the deterioration of tertiary institutions in their countries of origin and the failure to meet the requirements for visa to enter industrialized countries. South Africa was a second best option in the destination choice. The country however compares favorably in most educational aspects apart from the social environment. Although the study motive emerges dominantly, the migration motivated by work or both (study and work) is also quite present. This mix of motives appears in both male and female students. The preferences in terms of programme of study are quite balanced between the natural science and the non-natural science related programmes. Working and studying do no exclude each another although employed students are relatively small in number. The type work shows a mix of academic and non-academic related activities in which the students are involved either on Campus or outside the campus. Even after migrating to South Africa, students maintain links with the home country through short visits, remittances and gifts. While in their majority some students intend to go back home after study, others have project of staying to further their study and take up employment in South Africa. This pattern of migration project suggests that migration of francophone students should not only be seen in terms of brain drain or brain gain, but also in terms of brain circulation which may have a major impact on the development of the country of origin.
    • Du migrant au citadin : mobilités et apprentissage de la vie urbaine chez les jeunes adultes d'un quartier pauvre de la périphérie de Lima - Émilie Doré p. 297-306 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, qui s'appuie sur un travail de terrain effectué dans un quartier pauvre des faubourgs de la capitale péruvienne, nous abordons plusieurs aspects de la mobilité des habitants, des jeunes adultes en particulier : la mobilité géographique, la mobilité « sociale », mais aussi la mobilité en tant que capacité à diversifier ses relations et à se mouvoir en ville. Nous décrivons le processus d'apprentissage de la vie citadine chez ces jeunes migrants d'origine rurale, venus de départements des Andes. Dans la capitale, ils doivent surmonter leur peur et leur méconnaissance des modes de vie de la grande ville. Les problèmes de transgression et de déviance, le repli, la fragmentation sociale et la pauvreté sont quelques-uns des écueils qui les attendent. Ils seront également confrontés aux préjugés racistes qui stigmatisent leurs origines andines. Devenir citadin peut alors impliquer d'oublier ses origines, associées à la misère, mais cela peut aussi déboucher sur des réinventions identitaires et l'apparition de nouveaux espaces et réseaux de socialisation.
      This paper relies on an investigation led in a poor area of the suburb of the Peruvian capital, and deals with various facets of the young adults' mobility : geographic mobility, social mobility, and mobility as a capacity to diversify one's relationships and moving into the city. We describe how these migrants from the Andes gradually learn how to live in the big city. They have to overcome their fear and ignorance of the urban way of life. Issues of transgression, isolation, and poverty are some of the obstacles they meet. They are also facing racist prejudices. Becoming a city dweller may mean forgetting one's origin, due to poverty and stigmata. But it may also lead to an identity reinvention and to the creation of new networks and spaces of socialization.
    • Migration internationale et métropolisation en Afrique de l'Ouest : le cas des Zabrama du Grand Accra, Ghana - Monique Bertrand p. 307-320 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le renouvellement de la migration internationale nigérienne vers la côte du Golfe de Guinée s'accompagne d'une évolution non moins séculaire de leur insertion dans la capitale du Ghana. L'article traite en parallèle ces dimensions pluri-générationnelles des faits migratoires et urbains. Il s'attache aux ressortissants de l'ouest du Niger, Songhaï-Zarma qui sont re-catégorisés « Zabrama » à l'étranger. Dans le Grand Accra en particulier, l'essaimage et la dissémination de leurs arrangements résidentiels, continuent d'associer les migrants sédentarisés et les nouveaux venus. Elle déplace également des stocks de marchandises importées vers des clientèles régionales excentrées. À ces adresses Zabrama, la référence au « zongo » musulman se maintient mais en articulant désormais plusieurs entrepreneuriats : commerciaux dans la mondialisation, fonciers dans la métropole, politiques enfin, en référence à l'histoire précoloniale et aux critères de la citoyenneté ghanéenne.
      Since the last century, the renewal of the international migration of labour from Niger to the Gulf of Guinea is accompanied with significant changes in the migrants' livelihoods and housing in the capital of Ghana. The paper focuses on the experience of the Songhai-Zarma, from western Niger, which are re-categorized abroad as “Zabrama people”. It deals with their migration and urbanisation that are both analysed as pluri-generational processes. Particularly in the Greater Accra Region, their residential arrangements scatter through a wider dissemination, but still associate new comers with already settled migrants. This metropolitan allocation follows the general move of imported goods from Accra central markets towards the urban fringe customers. All the Zabrama addresses maintain the reference to Moslems foreigners communities, known as “zongo” in West-Africa. But they now articulate three kinds of enterprises: commercial initiatives through globalized business networks, land mediation in agreement with customary owners, new political leadership by reference to the pre-colonial history of Ghana and local norms of citizenship in the host society.
    • Nouvelles mobilités « maraîchères » à Buenos Aires : les migrants boliviens à l'œuvre - Julie Le Gall p. 321-336 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      En trente ans, les Boliviens et leurs descendants sont devenus les principaux acteurs de l'approvisionnement en légumes de Buenos Aires et occupent l'ensemble des espaces maraîchers de production, de commercialisation de gros et de vente au détail. Les Boliviens profitent d'un ensemble de facteurs conjoncturels, propres à l'Argentine des années 1990, pour s'insérer et circuler dans l'aire métropolitaine. Grâce à l'utilisation efficace et spécifique des réseaux matériels et immatériels, ils impulsent des mobilités innovantes dans l'activité maraîchère des années 2000. Étudier les mobilités des maraîchers boliviens témoigne des évolutions du couple migratoire classique Bolivie / Argentine et met en évidence les mutations profondes affectant la métropole argentine depuis la fin des années 1980.
      In thirty years, the Bolivian migrants and their kin have become key players in the supply of vegetables in Buenos Aires and hold control on all gardening spaces for farming, marketing, wholesaling and retailing. Bolivians benefited from various trends specific to the Argentinean context in the 1990s that allowed them to move around and integrate the metropolitan area. Thanks to their own efficient way of mobilizing the physical and virtual networks, they induce original mobility patterns in the gardening system of the years 2000. Looking at the mobility patterns of the Bolivians involved in the gardening activity shows how much the migratory couple formed by Bolivia and Argentina lately evolved and reveals the deep changing process happening in Buenos Aires since the end of the 1980s.
    • Entre contraintes et innovation : évolutions de la mobilité quotidienne dans les villes d'Afrique subsaharienne - Lourdes Diaz Olvera, Didier Plat, Pascal Pochet, Maïdadi Sahabana p. 337-348 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Comment se déplace-t-on au quotidien dans les villes africaines, dans un contexte de pauvreté très prégnant et quelles stratégies d'adaptation est-on amené à développer ? Loin d'une mobilité uniformément faible, des enquêtes auprès des ménages mettent en évidence des mobilités, certes contraintes et parfois contrariées, mais également très diverses selon les villes et les individus. Des usages des modes originaux se développent, objets d'adaptations et d'innovations permanentes du côté de l'offre comme de la demande de déplacements. La grande plasticité de l'offre de transport artisanale et en particulier l'essor des motos-taxis dans plusieurs villes comme le partage relatif de l'usage d'un bien rare, la voiture particulière, qui permet d'élargir le cercle de ses bénéficiaires occasionnels bien au-delà de son détenteur, témoignent du double mouvement de mise en commun des véhicules individuels et d'individualisation des modes collectifs. En conclusion, les apports mais aussi les limites, notamment environnementales, de ces évolutions, amènent à questionner les politiques urbaines nécessaires pour réguler et organiser les mobilités quotidiennes.
      Within a context of deep poverty, how does one accomplish daily travel in Sub-Saharan African cities and which strategies for adaptation one is brought to develop? Far from a low uniform mobility level, household travel surveys show evidence of a diversity of mobilities, which are constrained, sometimes even hindered, and present different characteristics according to cities and individuals. Modes of transport are used in original ways and continuous adaptations and innovations are undertaken in the fields of both the supply of transport and the demand for transport. Two examples of this process are discussed in this paper. The first one deals with the great plasticity of transport services supplied by informal operators, as in the case of the motorbike-taxi in several cities. The second example concerns the relative sharing in the use of a rare asset, the personal car, which allows to extend the number of regular users towards a circle of occasional users. Both examples contribute to a two-fold movement, on the one hand the pooling of personal vehicles and in the other hand the individualisation of public transport. In conclusion, the benefits and the limits, in particular environmental limits, of these evolutions, lead to questioning the urban policies necessary for the regulation and organisation of daily mobilities.
    • Mobilités quotidiennes et inégalités socio-territoriales à Bogotá, Santiago du Chili et São Paulo1 - Florent Demoraes, Vincent Gouëset, Marie Piron, Oscar Figueroa, Silvana Zioni p. 349-364 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La question du rôle des mobilités quotidiennes comme facteur d'inégalités socio-spatiales se pose avec une grande acuité en Amérique latine, du fait des caractéristiques de l'urbanisation sur ce continent : une transition urbaine bien avancée, des métropoles « millionnaires » très étalées et peu denses, marquées par de profondes inégalités sociales, une très forte ségrégation socio-résidentielle, ainsi qu'une inéquitable répartition des emplois dans la ville. L'objectif est d'explorer ici le lien entre les déplacements domicile-travail et les inégalités socio-spatiales dans trois métropoles contrastées (Bogotá, Santiago, São Paulo). Nous montrons qu'au-delà du simple effet de la hiérarchie sociale, l'effet territorial est déterminant sur les conditions de mobilité quotidienne des citadins.
      The role of daily mobility as a socio-spatial inequalities factor is a key issue in Latin America and is partly attributable to urbanisation patterns on this continent: a rather advanced urban transition, low density and wide spread millionaire metropolises, deep social inequalities, high socio-residential segregation, and an inequitable work distribution within the city. The purpose of this paper is to investigate the relation between daily trips to work and socio-spatial inequalities in three contrasted metropolises (Bogotá, Santiago, São Paulo). We demonstrate that beyond the social hierarchy effect, the territorial effect is determining on people's daily mobility conditions.
    • Mobilités résidentielles et territorialisations dans les villes du Maghreb : entre exclusion et intégration - Bénédicte Florin, Nora Semmoud p. 365-377 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Processus commun aux grandes villes maghrébines, l'exode rural des décennies précédentes a laissé place au redéploiement centrifuge des quartiers centraux vers des périphéries, formelles ou informelles, très dynamiques. L'analyse des nouvelles formes de mobilité, issue d'un travail de recherche collectif récent sur la fabrication des périphéries au Maghreb, met en exergue les reconfigurations sociales et spatiales qui découlent des stratégies résidentielles : les modalités d'accès au logement, l'émergence des classes moyennes et de modes d'habiter qui leur sont propres, l'apparition de nouvelles polarités, notamment liées aux pratiques commerciales, tendent à accroître la fragmentation des espaces urbains.
      Common process to big cities from the Maghreb, the rural exodus of the previous decades left place to a centrifugal redeployment of the central districts towards dynamics suburbs, formal or informal. The analysis of the new forms of mobility, result from a recent collective research work on the suburbs in the Maghreb, highlights the social and spatial reconfigurations which ensue from residential strategies. The modalities of access to the housing, the emergence of middle classes and their own way of life, the appearance of news polarities, connected to the commercial practices, tend to increase the fragmentation of the urban spaces.
    • Une ville qui bouge, une ville qui change - Bernard Tallet, Jean François Valette p. 379-393 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'évolution actuelle de la métropole mexicaine est moins à suivre en termes de croissance urbaine qu'en termes de redistribution interne de sa population. Les mobilités résidentielles alimentent des phénomènes de recompositions socio-spatiales importants ; ce mouvement qualifié de transition urbaine est étudié grâce aux données des recensements de population. Considéré dans le cadre de la Zone Métropolitaine de la Vallée de Mexico (ZMVM), Mexico compte plus de 19,2 millions d'habitants. Sur la période 1995-2000, la croissance continue par apports de la croissance naturelle (environ 1,8 million de personnes supplémentaires). Le solde migratoire est, lui, négatif : la ville perd davantage qu'elle n'attire et voit le départ d'environ 800 000 personnes. Parallèlement, la mobilité interne (changements de résidence) est, elle, très forte puisqu'on enregistre environ 1,4 million de mouvements sur la même période ; cela concerne donc 8 % de la population. L'article insiste sur l'amplification et la complexification des trajectoires de migrants à l'intérieur de la métropole ; cela permet de proposer une lecture de l'expansion urbaine comme processus de redistribution de la population.
      The current evolution of the Mexican metropolis requires an approach examining the population redistribution into the urban area, further than a growth rate study. Residential movements are shaping deep socio-spatial changes. The urban transition process is enlightened by population census data. Considered into the metropolitan area limits (ZMVM), 19.2 million people are living in Mexico City. During the period 1995-2000, the city was still growing, thanks to the natural growth (plus 1.8 million people). There was a negative net migration : the city was more pushing people than pulling and 800 000 people left the metropolitan area. In the same time, inner mobility was very important and the census registered 1.4 million residential changes during this period (8 per cent of the total population). This paper focuses on the development of more and more expanded and complex migrants' trajectories into the area. This hypothesis lets enlighten the urban development as populating dynamics of migrations into the city.
  • Dossier pédagogique

    • Les mobilités internationales des étudiants marocains - Ronan Balac p. 395-411 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La migration internationale, centrale dans le fonctionnement de la société marocaine aujourd'hui, est aussi le fait de Marocains partis réalisés un séjour d'études supérieures à l'étranger. Les étudiants expatriés représentaient en 2002 plus d'un étudiant marocain sur sept. Ce dossier pédagogique se penche sur les sources administratives de la migration étudiante internationale : permettent-elles l'étude scientifique des mobilités marocaines ? Après avoir recensé les sources, reconnu leur accessibilité, examiné leurs limites et choisi un mode de questionnement, nous montrons qu'il est en effet possible et même précieux d'analyser ces recueils de données. Leur étude en lien avec les contextes des pays de départ et d'arrivée permet de décrire et de comprendre en partie les mobilités étudiantes. La finesse des bases de données les plus récentes, comme la base SISE construite par le ministère de l'Éducation nationale français, autorise l'étude des trajectoires universitaires. Ces données permettent d'observer la souplesse d'adaptation des Marocains aux changements des politiques des pays d'immigration et des transformations des marchés de l'emploi au Maroc et dans les pays d'accueils, et de reconnaître les ressorts familiaux qui les sous-tendent.
      The international migration is a core issue in the functioning of the Moroccan society and it becomes more and more the result of the departure of Moroccans abroad for the studies. Almost 14 % of Moroccan students are studying abroad. This paper is looking into the administrative data on the international student migration. Do these data allow studying the mobility of Moroccan students ? Firstly, we count the various sources of existing data, check out their availability, and explore their limits. Secondly, we show that it is possible and a good sense to analyze these data. While this study is linked with the contexts of the country of origin and the host country, it allows describing and having a good grasp of the student mobility. The database SISE created recently by the French ministry of education entitles researches to study the student trajectories. These data allow observing the capacity of adaptation of Moroccan students to the different changes of policies in the host countries on the one hand. On the second hand, this study explores the ability of the Moroccans to adapt to changes in the Morocco and the host countries labour market and their family patterns
  • comptes rendus d'ouvrage

  • Comptes rendus d'articles