Contenu du sommaire : Journalistes et sociologues
Revue | Questions de communication |
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Numéro | no 16, 2009 |
Titre du numéro | Journalistes et sociologues |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier. Journalistes et sociologues. Retour sur des luttes pour « écrire le social »
- Journalistes et sociologues - Vincent Goulet, Philippe Ponet
- Dick May et la première école de journalisme en France. Entre réforme sociale et professionnalisation - Vincent Goulet p. 27-44 La première école de journalisme en France a été créée en 1899 par Dick May, une femme de lettres convertie à la « science sociale ». L'articulation entre enseignement des sciences sociales et enseignement du journalisme lui apparaissait comme un moyen de participer à la régénération de la société française dans un esprit laïque, scientifique et républicain, hérité des Lumières. À l'origine inscrite dans le mouvement des Universités populaires, l'École de journalisme de Dick May sera rapidement détournée de son projet initial, révélant les tensions politiques et économiques présentes dans le champ médiatique au début du XXe siècle.In 1899 was founded in France the first school of journalism by Dick May, a woman writer who became converted to the social sciences. She believed that the link between teaching journalism and teaching social sciences was one way to regenerate French society in a laic, scientist and republican spirit inherited from the Enlightenment. Initially part of the Popular University movement, the School of Journalism of Dick May will be rapidly diverted from its initial aim, revealing the political and economic tensions which structured the field of journalism at the beginning of 20th century.
- Sciences sociales et formations en journalisme : émergence d'un nouvel enjeu de distinction - Ivan Chupin p. 45-70 De plus en plus concurrentiel avec la multiplication des écoles privées, des formations universitaires et l'émergence des filières d'Institut d'études politiques (iep), l'espace des formations en journalisme est en pleine restructuration. Ici, nous cherchons à comprendre pourquoi et comment une rhétorique de la formation par les enseignements généraux a pu s'imposer comme une « nécessité » et comme un nouvel enjeu de distinction dans un univers de formation jusqu'alors dominé par des écoles privées ayant davantage privilégié des orientations techniques et pratiques pendant les années 90. Si les sciences sociales ont pu prendre un rôle important dans les années 2000, c'est parce qu'elles sont devenues un moyen de consolidation des stratégies des écoles privées dans leur concurrence. L'arrivée de la nouvelle école de journalisme de Sciences-Po Paris et de diverses formations dans les iep de région ainsi que le développement d'expertises diligentées par le ministère chargé de l'Enseignement supérieur contribuent à revaloriser une rhétorique de la promotion des sciences sociales/savoirs fondamentaux dans la formation des journalistes. Enfin, ces transformations de l'espace de formation conduisent les écoles privées à se rapprocher de l'université dans un processus de « masterisation ».The competition between private professional schools and “grandes écoles” in France has been reinforced by the topical changes in the French higher educational system. Since year 2000, journalism courses has been greatly restructured. Whereas in the 90's, the creed was to offer technical formations to journalism trainees, in the last decade, things have radically evolved and the social sciences have became more important. In this article, we aim to understand why and how “social sciences” have recently succeeded in becoming a so-called “necessity” in the universe of journalism schools. If social sciences have become so important it is mainly because the political science institute a.k.a Sciences-Po used rhetoric to legitimize social sciences to launch new schools for journalists in the 2000s. This created a new competition between the old private schools and the new comers. Also the State and especially the Ministry of Higher Education and Research organised new types of evaluations for these schools and try to promote “social sciences” in their curricula. This new approach to social sciences has brought about more structural new changes like a closer link between “grandes écoles” and the University which have been historically separated in France since the 18th century.
- Rhétoriques journalistiques de médiatisation - Aurélie Tavernier p. 71-96 L'objectif est d'interroger la ressource que représente la parole du sociologue pour les rhétoriques journalistiques de construction de l'information quotidienne. En partant des dispositifs d'écriture et des routines journalistiques qui organisent le recours aux paroles rapportées dans la presse dite de référence, il s'agit de remonter le fil de l'interaction entre journaliste et sociologue jusqu'aux horizons symboliques des acteurs et aux visées qu'ils projettent, respectivement et réciproquement, dans le travail de médiatisation. L'analyse de séquences discursives, confrontée aux justifications des acteurs recueillies en entretiens, permet d'éclairer les conditions auxquelles sociologues et journalistes se prêtent. Le discours d'information – fondé sur la parole légitime du sociologue – apparaît alors comme une co-construction, portant à la fois sur le réel dont on parle et sur le caractère de l'expertise déterminant qui est en droit de parler sur quoi.This paper aims to examine journalists' use of sociologists' discourse as a background resource in their reporting of daily news. Starting from the writing practices and journalistic routines which prompt recourse to experts' quotations in quality papers, I will try to analyze what journalists and sociologists respectively and reciprocally expect from such mediatising process by spinning back the thread of their various exchanges. An analysis of speech segments confronted with the justifications given by the participants in the context of interviews will contribute to highlighting the terms of the game sociologists and journalists are ready – and sometimes eager – to go along with. The informative discourse journalists produce via experts' claims turns out to be a co-building process relating not only to the actual events or ideas such discourse bears upon in the real world, but also to the very nature of the expertise, which determines who is authorized to speak on a given topic.
- Une analyse comparée de la médiatisation de deux sociologues de la délinquance juvénile - Julie Sedel p. 97-118 En France, à la fin des années 90, plusieurs « experts » ont monopolisé le débat public sur la petite délinquance en se positionnant comme les interlocuteurs légitimes des hommes politiques et des journalistes. À travers la façon dont deux sociologues de la délinquance représentant des positions antagonistes – Sébastian Roché et Laurent Mucchielli – sont intervenus dans les médias, durant cette période, cet article se propose d'analyser la façon dont la sociologie contribue à formuler les problèmes sociaux.In France, at the end of the 1990, several “experts” monopolized the public debate on young delinquency by positioning themselves as politics and journalists' legitimate interlocutors. Through the way two sociologists of delinquency representing antagonist positions talked to the media – Sébastian Roché and Laurent Mucchielli – at that time, this contribution proposes to analyze how sociology contributes to represent social problems.
- Les journalistes comme scientifiques - Elihu Katz p. 119-130 Ces notes tentent de définir la profession journalistique au moyen d'une comparaison avec les professions libérales et les professions scientifiques. Comme les professions libérales, les journalistes ont le sens du service public et s'occupent des désordres vécus par les individus. Cependant, ils n'ont pas de contacts directs avec leurs clients et ne proposent ni diagnostic ni traitement. La comparaison avec les scientifiques (en particulier les sciences appliquées) parait plus pertinente. Les journalistes ont une théorie intuitive du monde social (une théorie volontariste de l'action, avec des « grands hommes » et des événements décisifs), ils connaissent la dynamique des événements et parviennent à anticiper sur l'inattendu. Cependant, bien qu'ils produisent une forme de vérité socialement construite, ils manquent de méthodes scientifiques, éléments que les écoles formant à la communication pourraient mieux leur transmettre.Through a comparative approach between the model of “profession liberals” (self-employed white collar workers) and the model of scientists, these notes try to define the journalism activity. As liberal professions, journalism is based on the primacy of public service, making routines of people's emergencies, but journalists haven't direct contacts with their clients: they don't make diagnostic or treatment. Journalists share also with professions the norm of privileged communication but publishing (and not the secret) remain their principal objective. The comparison with the model of applied scientists seems to be more convincing. Journalists have an intuitive theory of the social world (i.e. a voluntary theory of action, with great men and discreet events), they can analyze the unexpected and they know the dynamics of events. Like the community of scientists, journalists work with cooperation and competition. In spite of they can produce a sort of truth, journalists lack reliable methods and accumulated theory. The professional schools of communication could help them to appropriate the tools of social sciences.
- Journalists and Sociologists - Vincent Goulet, Philippe Ponet
Échanges
- Penser le genre en sciences de l'information et de la communication et au-delà (2) - Béatrice Fleury, Jacques Walter p. 131-140 La question au centre des « Échanges » de la précédente livraison de Questions de communication était celle du contraste entre une abondante littérature sur le genre et le relatif silence des sciences de l'information et de la communication en la matière. Discutant à nouveau les propositions de Marlène Coulomb-Gully (2009) qui envisageait la discipline dans un cadre plus large que celui du seul plan académique, quatre chercheurs traitent de deux aspects principaux : l'articulation entre genre et épistémè, plus spécifiquement en France pour Virginie Julliard, en France et ailleurs pour Isabelle Gavillet ; l'élargissement du débat à d'autres sphères culturelles : le Sénégal (Rokhaya Fall-Sokhna et Sylvie Thiéblemont-Dollet) et l'Argentine (Silvia Delfino et Fabricio Forastelli). De cet ensemble ressort l'idée que penser le genre ne saurait se cantonner à des thèmes étroits (les femmes par exemple) et des territoires par trop circonscrits.The question at the center of the previous delivery of “Exchanges” was the contrast between a lot of research on genre and the relative silence of the information and communication sciences on the subject. Discussing again the propositions of Marlène Coulomb-Gully (2009) who considers the discipline in a wider framework than the one of the academic level only, four researchers are dealing with two main aspects: the articulation between genre and episteme, more specifically in France for Virginia Julliard, in France and abroad for Isabelle Gavillet; the extension of the debate in the other cultural sphere: Senegal (Rokhaya Fall-Sokhna and Sylvie Thiéblemont-Dollet) and Argentina (Silvia Delfino and Fabricio Forastelli). This set of research emphasizes the idea that thinking genre can't be restricted to narrow subjects (the women for example) and too limited territories.
- Communication et culture dans les luttes politiques - Silvia Delfino, Fabricio Forastelli p. 141-158 Invités à répondre à Marlène Coulomb-Gully (2008), nous proposons en tant que chercheurs latino-américains d'analyser le processus d'institutionnalisation qui concerne l'Argentine, aussi bien dans le champ des sciences de l'information et de la communication que dans celui des études de genre. Le fonctionnement des universités latino-américaines ayant trait à l'établissement de programmes de recherches et la place de ceux-ci dans l'élaboration de politiques publiques comportent des caractéristiques particulières. C'est pourquoi nous en retracerons ici les développements principaux afin de préciser le contexte dans lequel les intérêts académiques et politiques de la question se manifestent aujourd'hui en Argentine.Invited to respond Marlène Coulomb-Gully´s article, we would like to propose an analysis, from a Latin American perspective, of the processes of institutionalization of both ics and Gender Studies focusing on the specificities of research programs in Latin American universities and their importance in the elaboration of public policies. We would also like to review and analyse these developments in order to focus on the context in which academic and political interests are articulated in Argentina today.
- Du genre au Sénégal - Rokhaya Fall-Sokhna, Sylvie Thiéblemont-Dollet p. 159-176 L'objet de cet article est de montrer l'historicité du genre en sciences humaines et sociales au Sénégal, via la manière dont certaines chercheuses l'ont intégré dans le champ universitaire et, par conséquent, ses applications très récentes dans certaines formations diplômantes. Par ailleurs, plusieurs approches du genre seront explorées, quelques-unes montrant un détachement absolu de toute empreinte occidentale, d'autres évacuant l'aspect dualiste masculin/féminin, voire l'éventuelle opposition homme-femme. Enfin, les nuances et complexités conférées à ce terme, tant dans la recherche que dans la vie quotidienne, seront questionnées. À l'identique, le genre sera repensé au vu de ce que des femmes immigrées vivant en France et originaires du Sénégal expriment via des actions publiques et collectives.The purpose of this paper is to demonstrate the historicity of the gender in the social sciences and humanities in Senegal, through the manner in which some researchers have integrated gender into the academic field and therefore its most recent applications in certain degree programs. Similarly, we will explore several approaches about gender, some showing an absolute detachment from any Western influence, others getting over the aspect of the male/female duality, and even a possible opposition between man/woman. Finally, the nuances and complexities conferred to this term in research and in everyday life will be questioned. In the same way, gender will be reconsidered in light of what migrant women living in France and from Senegal said, in recent years, through public and collective actions.
- D'un no u-Turn en sciences de l'information et de la communication - Isabelle Gavillet p. 177-190 Si les sciences de l'information et de la communication (sic) ont manqué le Turn, peut-être ce dernier n'est-il pas celui auquel on pense dans la dernière livraison des « Échanges » de Questions de communication. Au tournant du genre, nous opposerons celui de la philosophie, de la phénoménologie, de l'anthropologie et de la sociologie. En effet, la première série des « Échanges » sur le genre invite à distinguer, en retour de ces contributions inaugurales, une approche fondée sur l'objet – en l'occurrence le genre et, plus trivialement ici, la femme – d'un courant théorique (le constructivisme) et, ce faisant, à pointer une des limites mêmes de ce courant ou en tout cas de ses (non)appropriations abusives : l'amalgame de la théorie, des études et de l'opinion. Pour finir de se demander si, par le biais du « genre », les sic ne réclameraient pas, tout simplement, l'usage des théories, concepts et méthodes promus et portés par la philosophie, l'anthropologie et la sociologie. Si le genre devait se fonder en discipline autonome, il conviendrait alors sans doute de renverser la direction de l'analyse et, plutôt que de se demander ce que le genre apporterait aux sic, se demander ce que les sic apporteraient au genre.If information and communication sciences have missed the “Turn”, perhaps is this not the one of which we think in the last debates of Questions of communication's journal. To the turning point of gender, we will oppose those of philosophy, phenomenology, anthropology and sociology. In return of these inaugural contributions, the first series of exchanges about gender do invite us to distinguish an approach based on the object - in fact the gender and, more trivially here, the woman - from a theoretical approach (constructivism). By doing this, we point out some limits of this approach or, anyway, one of their abusive (non-) appropriations: to mix up theory, studies and opinion. To finish by wondering whether information and communication sciences, by using “gender”, would not simply claim the use of theories, concepts and methods supported by philosophy, anthropology and sociology. If gender should become an autonomous discipline, then it would be undoubtedly advisable to reverse the direction of our analysis and to ask what information and communication sciences would bring to gender, rather than the opposite.
- Pour une intégration du genre par les sciences de l'information et de la communication - Virginie Julliard p. 191-210 Il s'agira ici de montrer combien l'intégration du genre en sciences de l'information et de la communication est productive. Le genre est usuellement compris comme la construction socio-historique de la différence des sexes. Les études l'utilisent au moins de deux manières : d'abord comme système normatif sur lequel il est nécessaire de produire des connaissances, ensuite comme outil conceptuel permettant de questionner d'autres objets sur la manière dont est conçue la différence sexuelle. Ainsi sera mis en évidence le fait qu'il est pertinent d'intégrer ces deux aspects en sciences de l'information et de la communication, pour le plus grand bénéfice des études de genre comme de cette discipline.This article explains how productive the integration of Gender Studies by the French Medias and Communication Studies is. Gender is usually defined as the historical and social construction of Sex. Gender Studies use it at least in two ways: first as a normative system on which it is necessary to produce knowledge, second as a concept which questions other objects of research. Our research upon the construction of gender in politics offers an illustration of the accuracy of grasping gender – on his both aspects – from the communication perspective.
- Penser le genre en sciences de l'information et de la communication et au-delà (2) - Béatrice Fleury, Jacques Walter p. 131-140
Notes de recherche
- Médias et milieux d'affaires. Des vieilles polémiques au renouvellement de la problématique - Geoffrey Geuens p. 211-228 Une approche scientifique des relations entre médias et milieux d'affaires ne peut se réduire aux déclarations d'intentions des professionnels de la presse concernant l'autonomie présumée de leur sphère d'activités à l'égard des « puissances d'argent », à la description de prétendus réseaux de collusion « occultes » auxquels participerait l'élite des médias – vision par trop instrumentaliste de la question – ou encore à cette littérature anglo-saxonne tout à la fois ultra-globalisante et hyper-individualiste consacrée aux Media Moguls et autres Tycoons. Le renouvellement de la problématique en question exige, au contraire, que l'on opère une rupture avec ces représentations psychologisantes et moralisatrices des pratiques sociales. La sociologie critique des administrateurs des groupes médiatiques s'avère être, à cet égard, un point d'entrée particulièrement précieux pour repenser les articulations entre information, économie et société, et cela, en évitant l'écueil d'une certaine forme d'académisme en matière de sciences sociales.A scientific approach on the relations between media and business world can not be reduced to statements of intent by journalists on the presumed autonomy of their sphere of activities against the “powers of money”, to the description of secretive networks involving the media elite – too instrumentalist vision of the question – or to the Anglo-Saxon literature both ultra-holistic and hyper-individualistic devoted to Media Moguls and Tycoons. The renewal of this issue requires, in contrast, a theoretical break with these psychological and moralistic representations of social practices. The critical sociology of media companies' directors appears to be, in this regard, a particularly valuable input to rethink the links between information, economic power and society, by avoiding the pitfall of some form of academicism in social sciences.
- Recueil de la parole et inscription dans l'espace : l'expérimentation d'entretiens « topographiques » - Claire Oger p. 229-248 Cet article propose une approche réflexive d'entretiens qualifiés de « topographiques », expérimentés à l'occasion d'une enquête portant sur la formation des Saint-Cyriennes, et centrés autour d'une requête initiale : conduire les deux enquêteurs sur des lieux marquants de leur scolarité et commenter ce choix. L'analyse des propos recueillis fait apparaître leur organisation en un récit de socialisation, depuis l'appartenance initiale au groupe indistinct et rejeté des filles, jusqu'à l'intégration de chacune au sein de la promotion et au-delà, de la « communauté saint-cyrienne ». Apparenté au « récit de soi » et sous-tendu par les normes de l'institution, ce récit fait ressortir le lien qui unit l'appartenance à la mémoire des lieux et des interactions qui s'y sont déroulées.This article aims at presenting, in a reflexive way, a specific type of interview which has been called “topographical interview”. This method, designed and experimented on the occasion of an investigation into the socialization of women in a military school, was based upon the demand of leading the two researchers through the camp and of commenting the most significant places. The analysis of the main features of the speech thus collected makes it appear as a narrative discourse, oriented towards the transformation of a female civil group into recognized members of the community. The production of an institutional self seems to result from the capacity of telling a story marked out by events and interactions in significant places. Thus can be conjectured a link between space and memory in the construction of institutional membership.
- Les conditions de l'usage des ressources pédagogiques numériques - Laurent Petit p. 249-264 Tenter d'inscrire les modalités de l'usage des ressources pédagogiques numériques, telles qu'imaginées par les concepteurs, dans des logiques industrielles qui les dépassent permet de poser la question de l'usage sous un autre jour. La première condition de l'usage ne consiste-t-elle pas à choisir clairement une logique industrielle plutôt qu'une autre ? En effet, la recherche des conditions techniques de la réutilisabilité des ressources ne peut prendre les mêmes formes selon les logiques industrielles à l'œuvre : à la tentation éditoriale correspond la recherche d'un outil proposant une ingénierie de la conception « clé en main », tandis que la construction du grand meccano pédagogique réclame des grains neutralisés, normalisés et indexés. Mais, dans tous les cas, la voie du « tout technique » s'avère hasardeuse. Dès lors, ne faudrait-il pas aller au bout de la logique amorcée en y intégrant les fonctions d'intermédiation bien connues des industries culturelles, l'édition dans un cas, le courtage dans l'autre ? Les analyses proposées dans cet article sont fondées sur les résultats d'une étude détaillée de l'Université en ligne (uel) et sur la façon dont se présentent les différentes Universités numériques thématiques (unt) sur le Web.Trying to fit industrial modalities that were not tailored for them, into digital pedagogical resources such as they have been imagined by their designers, leads one to question the issue of their use under a new light. For shouldn't one clearly select a given industrial logic, rather than any other one, as a first condition for their proper use? Looking for technical conditions that would allow the reusing of resources will differ according to the industrial logics involved: for the editorial trend a tool offering ready made engineering and design might answer the purpose, whereas elaborating a full scale pedagogical jigsaw puzzle will require small “neutral” units, standardized and indexed. But in any case, opting for a wholly technical approach could be really risky. Therefore, shouldn't one follow through the reasoning process, and integrate intermediation functions such as they are already well identified in cultural industries, both in publishing and brokerage? Analyses made in this article are based upon the results of a detailed study of the Université en ligne (uel, Online University) and on the way that the various Universités numériques thématiques (UNT, Thematic Digital Universities) appear on the Web.
- Performativité de l'humour : enjeux méthodologiques et théoriques de l'analyse des sketches dans les talk shows - Nelly Quemener p. 265-288 Nous étudions ici les rapports de pouvoir de la scène télévisuelle des humoristes contemporains en France depuis les premières apparitions de Coluche sur Canal + en 1986 jusqu'aux talk shows de la fin des années 2000. Nous articulons les questionnements méthodologiques autour d'une hypothèse centrale : celle du passage d'une scène constituée autour de figures de comiques bouffons fédératrices, à une scène dispersée en plusieurs figures d'humoristes individualisées et réflexives. Une évaluation quantitative des fonds des archives audiovisuelles de l'Inathèque permet de tester l'hypothèse d'une croissance et d'une décentralisation de la scène des humoristes. Elle appuie la constitution d'un corpus d'interventions des humoristes dans les talk shows. Nous développons les grandes lignes d'une grille d'analyse qui propose de prendre en compte la complexité des niveaux de la performance humoristique – actes du langage et du corps – et son inscription dans un dispositif et un contexte social de production – réception. Nous discutons en dernier ressort la pertinence du concept de performativité, tel qu'il est abordé par John L. Austin et Judith Butler, dans l'analyse de l'inscription des performances humoristiques dans les rapports de pouvoir.In this article, we study the power relations on the television scene of contemporary humorists in France from the first appearances of Coluche on Canal + channel in 1986 to talk shows at the end of 2000s. We articulate methodological questions with a central hypothesis: the transition from a centralized scene constituted of federative comic buffoons to a fragmented and dispersed scene of individualized and reflexive humorists. A quantitative estimation of audiovisual archives at the INA center confirms that the appearances of humorists have grown and were decentralized and serve as a basis to form a corpus of humoristic interventions in talk shows. We develop the major guidelines of an analysis that takes into account the complexity of the humoristic performance – speech acts and body acts – and its inscription in television devices and a social context of production and reception. We then discuss the use of a concept of humoristic performativity as it was developed by John L. Austin and Judith Butler, for the analysis of humoristic performances in power relationships.
- Médias et milieux d'affaires. Des vieilles polémiques au renouvellement de la problématique - Geoffrey Geuens p. 211-228
Notes de lecture
Cinéma
- Pierre Floquet, CinéAnimations - Thomas Schmidtgall
- Christian Lebrat, Cinéma radical. Dimensions du cinéma expérimental et d'avant-garde - Stéphane Olivesi
Culture, esthétique, littérature, musique
- Vahram Altounian, Janine Altounian, Mémoires du génocide arménien. Héritage traumatique et travail analytique - Carine Trevisan
- Violaine Appel, Cécile Bando, Hélène Boulanger, Gaëlle Crenn, Valé - Mona Aghababaie
- Anne Cousseau, Dominique denès, dirs, Marguerite Duras. Marges et transgressions - Catherine Vogt
- Bernard Darras, Images et sémiologie. Sémiotique structurale et herméneutique - Sarra Belhassine
- Sandrine Darsel, Roger Pouivet, (dirs), Ce que l'art nous apprend. Les valeurs cognitives dans les arts - Stéphane Olivesi
- Georges Didi-Huberman, Quand les images prennent position. L'œil de l'histoire, 1 - Stéphane Olivesi
- Jean-Pierre Esquenazi, La vérité de la fiction. Comment peut-on croire que les récits de fiction nous parlent sérieusement de la réalité - Céline Nguyen
- Jean-Louis Fabiani, Après la culture légitime. Objets, publics, autorités - Adeline Clerc
- Sylvie Freyermuth, (dir.), Le registre sapiental. Le livre de la sagesse ou les visages de Protée - Marion Duvauchel
- Nathalie Heinich, Faire voir. L'art à l'épreuve de ses médiations - Gilles Boenisch
- Nancy Huston, L'espèce fabulatrice - Papa Cheikh Sakho Jimbira
- Buata B. Malela, Les écrivains afro-antillais à Paris (1920-1960). Stratégies et postures identitaires - Paul Dirkx
- Isabelle Marc Martínez, Le Rap français. Esthétique et poétique des textes (1990-1995) - Buata Malela
Histoire, épistémologie
- Jean Claude Chevalier, Pierre Encrevé, Combats pour la linguistique, de Martinet à Kristeva. Essai de dramaturgie épistémologique - Bruno Ollivier
- Fabrice d'Almeida, La vie mondaine sous le nazisme - Sebastien Rival
- Yves Jeanneret, Penser la trivialité. Volume 1 : La vie triviale des êtres culturels - Jean-François Tétu
- Zakaria Lingane, Mémoire et génocides au XXe siècle - Alain Cyr Pangop
- Philippe Mesnard, Témoignage en résistance - Fransiska Louwagie
- Michel Offerlé, Henry Rousso, (dirs), La fabrique interdisciplinaire. Histoire et science politique - Amina Lasfar
Médias, journalisme
- Marc-François Bernier, François Demers et al., L'héritage fragile du journalisme d'information. Des citoyens en perplexité et désenchantement - Aurélie Aubert
- Laurence Corroy, La presse des lycéens et des étudiants au XIXe siècle - Naïla Amrous
- Pascal Dauvin, Jean-Baptiste Legavre, dirs, Les publics des journalistes - Jérémie Nicey
- Béatrice Fleury, Jacques Walter, (dirs), Les médias et le conflit israélo-palestinien. Feux et contre-feux de la critique - Yeny Serrano
- Béatrice Fleury, Jacques Walter, (dirs), Médias, médiations, immigrations - Virginie Sassoon
- Alain Garrigou, Jacques Le Bohec, Rémi Lefebvre, Roger Martelli et - Amina Lasfar
- Sophie Moirand, Les discours de la presse quotidienne. Observer, analyser, comprendre - Daniel Jacobi
- Andy Ruddock, Investigating Audiences - Céline Ségur
- Marie-Ève Thérenty, Guillaume Pinson, (dirs), « Microrécits médiatiques. Formes brèves du journal, entre médiations et fictions », Études française - Alain Cyr Pangop
- Sylvie Thiéblemont-Dollet, (dir.), Minorités interculturelles et médias - Ayse Pirim
Sociétés
- Georgeta Cislaru, Frédéric Pugnière-Saavedra, Frédérique Citri, (éds), Analyse de discours et demande socia - Laurent Husson
- Valéry Cossy, Fabienne Malbois, Lorena Parini, Silvia Ricci Lempen, (d - Sylvie Thiéblemont-Dollet
- Nicole d'almeida, La société du jugement. Essai sur les nouveaux pouvoirs de l'opinion - Stéphanie Hurez
- Guillaume Erner, Sociologie des tendances - Nicolas Casel
- Denis Fleurdorge, (dir.), « Extension du domaine des rituels. Sur quelques rites dans le travail social », Le Sociographe, 25. - Véronique Pardonnet
- Béatrice Galinon-Mélénec, Fabienne Martin-Juchat, (dirs), Le corps communicant. Le XXIe siècle, civilisation du corps ? - Paul Dirkx
- Jean-Paul Gaudillière, Hugues Jallon, (dirs), « De quoi avons-nous (vraiment) besoin ? Bonheur, consommation, capitalisme », Mouvements des idées et des - Chadi El Nar
- Véronique Le ru, La vieillesse. De quoi avons-nous peur ? - Jean Zoungrana
- Stefan Mayr, Alexander Thomas, Beruflich in Frankreich. Trainingsprogramm für Manager, Fach- und Führungskräfte [En France pour le travail - Christoph Vatter
- Thierry Paquot, éd., Banlieues/Une anthologie - Philippe Hamman
- Martine Revel, Cécile Blatrix, Loïc Blondiaux et al., (dirs), Le débat public : une expérience fran - Agnès Weill
- Monique Sarfati-Arnaud, Marche ou crève. Voix migrantes de l'Amérique latine, trad. de l'espagnol par Brigitte Amat - Marta I. Waldegaray
- Michel Wierviorka, (dir.), Nos enfants - Laurent Husson
Nouvelles technologies
- Sylvie Leleu-Merviel, (dir.), Création numérique : écritures, expériences interactives - Gilles Boenisch
- Éric Leray, Jean-Paul Lafrance, (dirs), La bataille de l'imprimé à l'ère du papier électronique - Gilles Boenisch
- Jean-Yves Mollier, Philippe Régnier, Alain Vaillant, (dirs), La production de l'immatériel. Théories, repré - Gilles Boenisch
- Pascal Robert, Une théorie sociétale des tic. Penser les tic - David Forest