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La relation mère-enseignante est une relation à risque de conflit sur le terrain de l'école maternelle, a fortiori lorsque l'enfant scolarisé est en situation de handicap. C'est pourtant dans ces situations que le lien éducatif est d'autant plus nécessaire pour l'enfant. Nous avons cherché à identifier les conditions d'instauration du lien mère-enseignante, dans un contexte fortement marqué par des enjeux identificatoires et narcissiques. À partir d'entretiens de recherche réalisés auprès d'enseignantes de maternelle et de mères d'enfants handicapés scolarisés, nous avons analysé les propos qui montrent l'échec des processus d'identification dans la rencontre (manque d'entre-deux) ou au contraire la réussite de ces processus (présence de l'entre-deux). L'entre-deux désigne un espace de points communs et de points de rencontre, en référence au concept de Daniel Sibony (1991). L'entre-deux ne peut exister que si chacun des deux partenaires sait mettre à distance les enjeux narcissiques au profit du lien. Entre les mères et les enseignantes, le lien d'identification participe de la mise à distance du narcissisme, et inversement la mise à distance du narcissisme permet au lien de perdurer, dans un effet de spirale.

Cette étude vise à analyser les attitudes d'élèves de cycles 2 et 3 envers les élèves de l'ULIS-école (Unité locale pour l'inclusion scolaire – école). Pour ce faire, nous avons interrogé 156 élèves âgés de six à neuf ans. Ils devaient livrer leurs attitudes – c'est-à-dire leurs croyances, les sentiments éprouvés et leurs intentions comportementales – envers l'inclusion dans leur classe d'un élève présenté, suivant les conditions, soit comme un élève de l'ULIS de leur école soit comme un élève tout-venant d'une autre école. Nos résultats montrent que, quelle que soit la condition, les attitudes sur les dimensions cognitive, conative et affective envers les élèves de l'ULIS ne sont pas négatives et que les croyances stéréotypées ne semblent pas encore présentes à ces âges. Les résultats sont discutés au regard du dispositif de l'ULIS et de son apport pour les élèves – qu'ils soient handicapés ou non.

La construction sociale des pratiques de débat philosophique, qui se développent en France depuis une quinzaine d'années à l'école primaire, est examinée, ici, dans une perspective didactique : ces pratiques s'enracinent-elles dans une discipline scolaire, existante ou renouvelée ou qui serait à constituer ? Relèvent-elles plutôt d'une construction non disciplinaire ? Un corpus de onze transcriptions de séances de classe, réparties sur les trois cycles, est étudié. Les résultats, obtenus à l'issue de l'examen des variations autour d'une dimension philosophique en jeu, des thèmes et des tâches identifiables en situation d'interactions langagières entre enseignants et élèves, permettent de conclure, à titre provisoire, à des constructions majoritairement non disciplinaires du genre et des contenus.

Si les surveillants généraux pouvaient avoir une fonction éducative, ils étaient surtout en charge de la discipline des établissements scolaires. Lorsque la figure du Conseiller Principal d'Éducation (CPE) supplanta la figure du « surgé » dans les années 1970, elle fut progressivement associée à la question de la « vie scolaire ». En se focalisant sur les processus de normes, qu'il s'agisse de normation ou de normalisation, l'objectif de cette contribution est de réfléchir à la notion de vie scolaire, aux enjeux de l'École actuelle, et d'esquisser les grandes questions de fond en jeu au niveau de la professionnalité du CPE. Le quotidien réel des CPE est parfois très éloigné de certaines considérations idéalistes de la vie scolaire. Recourir à l'histoire et la philosophie peut contribuer à penser ce que devrait être la vie scolaire effective et ainsi nourrir les réflexions au sujet de la formation universitaire et professionnelle des CPE.

Ce travail s'inscrit dans le cadre d'une recherche collective sur l'histoire de la recherche en éducation. Il se situe à l'articulation des sciences de l'éducation, de l'histoire et de la sociologie des sciences (sociales). Il s'agit de saisir la constitution des sciences de l'éducation, avant et après son institutionnalisation universitaire en France. En reconstituant les parcours biographiques (professionnels, militants) d'un groupe d'acteurs, cet article cherche à comprendre comment ce groupe s'est structuré et a structuré le champ disciplinaire des sciences de l'éducation. Il porte sur l'un des acteurs centraux de cette histoire, Jean Château. À partir de différentes archives, de traces écrites (essentiellement des publications scientifiques ou de vulgarisation), l'importance des échanges entre acteurs et des associations dans le processus d'institutionnalisation des sciences de l'éducation en France est mis en exergue.

Cet article fait le point sur les principes d'instruction publique élaborés par Lemercier de la Rivière, le plus politique des physiocrates, ce groupe d'intellectuels qui, autour du docteur François Quesnay, va constituer la première école de pensée économique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. L'instruction est alors au cœur de leurs projets politiques et économiques.

Cet article vise à décrire, dans une perspective didactique, la manière dont est formalisé le sujet apprenant dans les Instructions Officielles de 1923 à 2008. Pour cela, les données constitutives de notre corpus de recherche sont composées des désignations des apprenants consignées selon les différents textes prescriptifs et les disciplines scolaires. À partir d'une analyse de données, et plus précisément, une analyse lexicologique quantitative, nous décrirons l'évolution des dénominations des apprenants dans l'espace de la prescription, notamment par le biais des désignations d'enfant et d'élève afin de montrer en creux comment le sujet apprenant y est institué. L'analyse donne à voir des résultats pouvant se présenter sous la forme d'une périodisation : une première période allant de 1923 jusque 1960 que nous pouvons considérer comme l'avènement de l'enfant, une deuxième période de 1960 à 1990 constituant la transformation de l'enfant à l'élève et, enfin, une troisième période à partir de 1990 que nous identifions comme la formalisation du sujet didactique.

L'historiographie de l'éducation physique et sportive (EPS) montre que les pratiques pédagogiques de terrain sont encore méconnues pour de multiples raisons qui tiennent notamment à la disponibilité, à la nature et aux traitements des sources mobilisées pour formaliser cette histoire qui « reste à faire ». Or cette histoire permet de lever le voile sur la manière dont les enseignants d'EPS ont appliqué au quotidien le curriculum prescrit. Toutefois, l'écriture historique des pratiques pédagogiques effectives est complexe à plus d'un titre dans la mesure où elle repose sur différents types d'acteurs connus (leaders ou non) ou anonymes et diverses sources indiciaires, à analyser, entre les archives imprimées, orales, iconographiques et filmiques. Cette étude épistémologique sur l'écriture historique des pratiques pédagogiques effectives chez différents niveaux d'acteurs de terrain de l'EPS a pour objectifs d'identifier, tout en les critiquant, les corpus mobilisés, les modes de production de la connaissance, les fondements de cette connaissance ainsi que la dynamique de cette production afin de déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective. Ce travail repose sur l'analyse des principaux travaux universitaires ayant pour objet l'histoire des pratiques professorales effectives en EPS chez les acteurs de terrain anonymes, connus ou leaders. Force est de constater que ces recherches sont relativement disparates et hétérogènes.

La formation des enseignants d'EPS est marquée historiquement par les tensions entre les orientations professionnelles et universitaires depuis la création des UER EPS. Elle est l'objet de débats entre savoirs théoriques et savoirs pratiques. Cet article aborde de façon originale la formation des professeurs d'EPS au Certificat d'aptitude au professorat d'EPS (CAPEPS) du point de vue des formateurs STAPS. À partir de la théorie mathématique de Condorcet, nous décryptons leurs réponses de formateurs impliqués dans ces masters en STAPS. Il s'agit d'y vérifier une cohérence éventuelle en ce qui concerne la définition du professeur d'EPS, au sortir de sa formation diplômante. Cette recherche montre que la formation initiale relève d'un compromis entre discours scientifique et formation pratique, c'est-à-dire entre les tenants d'une préparation exclusivement centrée sur la réussite des épreuves du concours et les partisans d'une formation professionnalisante, soit entre la transmission de savoirs scientifiques et celle des gestes professionnels.

Cet article a pour objet de montrer que les représentations culturelles influencent la transmission d'une technique du corps (Mauss) : l'apprentissage de la nage. Nous avons mis en évidence l'existence de représentations culturelles de l'eau. Celles-ci participent à l'enseignement de la nage en Chine et en France. La méthodologie employée pour cette recherche s'appuie sur une approche comparative de l'enseignement de techniques du corps (Mauss, 1950) au travers de questionnaires, d'entretiens et d'observations. L'originalité de ce propos repose sur la démarche d'un questionnement culturel des apprentissages moteurs. Ceux-ci sont généralement abordés dans leurs aspects techniques, et non pas au regard d'un vécu culturel et des représentations. Pourtant, l'influence de la mondialisation des techniques sportives (Terret, 2011) sur les pratiques physiques interroge la spécificité des pratiques culturelles. En natation, les positionnements culturel et éducatif reflètent les représentations singulières.

L'objectif de cet article est d'analyser les déterminants des acquis scolaires en lecture au Maroc. Basés sur les données de PIRLS1 (2011) et sur les régressions quantiles, les résultats montrent la faiblesse de la qualité des apprentissages en lecture. Les traits majeurs de notre recherche montrent d'une part un clivage énorme entre les zones rurales et urbaines d'une part et un gouffre encore plus béant entre le système public et privé d'autant plus que ces différences ne sont pas ressenties de la même manière chez les élèves. Cette double dualité illustre clairement que le système éducatif marocain est une juxtaposition d'un marché « catégoriel » plutôt qu'un marché « unifié ». Les résultats du modèle montrent que les caractéristiques des élèves, leur environnement familial et le contexte scolaire sont des déterminants clés de ces performances.

Dans un contexte de massification de l'enseignement et de difficultés d'insertion sur les marchés du travail, le décrochage scolaire constitue un problème majeur des systèmes scolaires dans les pays développés. Dans le cadre d'une recherche clinique sur le développement professionnel d'enseignants confrontés au risque de décrochage dans un collège français, cette revue de littérature recense les travaux de recherches des vingt dernières années concernant les approches descriptives de ce phénomène et le repérage des élèves à risque en Amérique du Nord, Europe et Océanie. D'une vision statique à une compréhension dynamique du décrochage, l'intérêt de l'approche par facteurs de risque et facteurs de protection est discuté, pour envisager une compréhension de l'abandon scolaire plus « écologique », située et davantage axée sur l'activité des individus en lien avec les contextes dans lesquels ils évoluent.