Contenu du sommaire : Histoire des conceptions de l'énonciation
Revue | Histoire, Epistémologie, Langage |
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Numéro | vol.8, n°2, 1986 |
Titre du numéro | Histoire des conceptions de l'énonciation |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Histoire des conceptions de l'énonciation. Simone Delesalle [Dir.]
Introduction : Histoire du mot énonciation
- Simone Delesalle p. 3-22L'énonciation innomée
- L'énonciation dans la rhétorique antique : les « figures de pensée » - Françoise Desbordes p. 25-38 La rhétorique antique, technique de la persuasion, n'a pas produit une théorie de renonciation, mais a perçu cette dimension du langage et en a tenu compte dans l'élaboration de ses catégories propres. On tente de montrer ici qu'une de ces catégories, celle des figures de pensée, qui a pu passer pour une sorte de fourre-tout sans principe, trouve son unité, au moins tendancielle, dans son rapport à certains traits de renonciation.Classical rhetoric, a technique of persuasion, did not produce a theory of enunciation, but it considered dimension of language and accounted for it in the elaboration of these categories. We have attempted to show that one of these categories, that of the figures of thought (which was often considered a sort of "holdall" without principles) finds a sort of unity in its relation to certain features of enunciation.
- Aspects de l'énonciation chez Apollonius Dyscole - Frédéric Lambert p. 39-52 L'imbrication de la syntaxe et du sens chez le grammairien grec Apollonius Dyscole (11e siècle) révèle une conception pragmatique du langage. L'examen de deux problèmes, la référence et le repérage énonciatif , est particulièrement significatif à cet égard. En effet, il apparaît que pour Apollonius, non seulement référence, repérage énonciatif et syntaxe ont partie liée, mais surtout ce lien resterait incompréhensible si on ne le considérait comme une manifestation d'un caractère fondamental du langage : l'intégration de la subjectivité.The interweaving of syntax and sense in the Greek grammarian Apollonius Dyscolus (nnd century) shows a pragmatic conception of language. The examination of two problems, reference and enunciative frame, is peculiarly significant in this respect. As a matter of fact, it appears that for Apollonius reference, enunciative frame, and syntax are not only closely interconnected but, above all, this link would remain incomprehensible if it were not considered the expression of a fundamental feature of language : the integration of subjectivity.
- Sibawayhi et l'énonciation : une proposition de lecture - Jean-Patrick Guillaume p. 53-62 Bien qu'il soit considéré comme le principal texte fondateur de la tradition grammaticale arabe, et qu'il ait effectivement exercé une influence considérable sur son développement le Kitaab de Siibawayhi n'en reflète pas moins une démarche radicalement différente de celle des grammairiens « classiques ». Cette démarche donne un statut déterminant aux opérations effectuées par le locuteur en vue de construire une séquence linguistique appropriée à son « vouloir-dire » spécifique ; ces opérations, organisées en stratégies, mettent enjeu des choix indissociable- ment formels et sémantiques. Cette hypothèse générale est illustrée par l'analyse de l'une de ces opérations, particulièrement fondamentale, celle d'isnaad qui correspond à une relation predicative non assertée.Although it is considered as the main source of the Arabic grammatical tradition and has actually had a considerable influence on its development, nonetheless Siibawayhi's Kitaab reflects an approach profoundly different from that of the «classical» grammarians'. This approach is founded on the operations performed by the speaker in order to construct a linguistic sequence appropriate to his specific « intended meaning » ; these operations organized as strategies, imply choices which are indissolubly formal and semantic. This general hypothesis is illustrated by the analysis of one of those operations, isnaad, which corresponds to a non-asserted predication.
- Intention de signifier et engendrement du discours chez Roger Bacon - Irène Rosier, Alain de Libéra p. 63-79 Roger Bacon, dans ses analyses sémiologiques, sémantiques et grammaticales, envisage toujours la relation entre le système de la langue, les signes, les énoncés et les conditions précises d'énonciation. En matière de sémiologie, les signes ont une imposition originelle, mais le locuteur peut les « réimposer » dans une situation donnée, correspondant à un état du monde précis. En matière de sémantique, R.B. apporte une réponse originale au problème de l'ambiguïté des énoncés comportant un ou plusieurs opérateurs logiques. Une solution possible est de faire dépendre l'interprétation des marques de surface de l'énoncé ; selon une autre solution, l'interprétation dépend du « modus proferendi ». Bacon fait intervenir la « generatio sermonis » envisagée du triple point de vue du locuteur, du récepteur et de celui qui analyse l'énoncé. Enfin, en matière de grammaire, le jeu entre le sens produit par l'agencement des constituants et l'intention de signification explique à la fois la correction, l'écart et le vice. L'écart spécifique constaté dans une construction figurée est la marque d'une intention de signifier particulière.In his semiological, semantic and grammatical analyses, Roger Bacon always takes into account the relationship between language's system, signs, utterances and conditions of enunciation. First, in the case of Semiology, signs have an original "imposition", but the speaker is able to "reimpose" them, in a given situation corresponding to a definite state of the world. Second, in the case of Semantics, R.B. gives an original response to the problem of the ambiguity of utterances having one or several logical operators. One possible solution is to make the interpretation depend upon the surface marks of the utterance ; according to a second solution, the interpretation depends upon the "modus proferendi" ; he introduces the "generatio sermonis" as considered from three points of view : those of the speaker, of the hearer and of the person analyzing the utterance. Third, in the case of grammar, the play between the meaning produced by the combination of phrases and the intention of meaning explains at the same time the correctness, the degree of deviation and the error. The specific deviation found in a figurative construction is the sign of a definite intention of meaning.
- Énonciation et redistribution des savoirs à la Renaissance - Pierre Lardet p. 81-104 Grâce au corpus antique redécouvert et aux apports byzantins, la Renaissance revalorise la rhétorique jadis démembrée et subordonnée à la grammaire ou à la logique. Vitale pour les nouvelles élites chargées de gérer la « vita civile », X elocutio est élargie à la poésie et à l'histoire. Diversifiée, V enuntiatio ne se réduit plus à la prédication logique. Fonction d'une dynamique sociale, cette exaltation du sujet du discours est aussi relative à la critique qui affecte l'ontologie médiévale et la distribution correspondante des savoirs. De la « vérité des énoncés » que la logique ne suffit plus à garantir, «l'interrogation» reflue vers la «possibilité d'une énonciation» (M. de Certeau). Corrélativement s'impose la nécessité d'une persuasion dont la Renaissance développe diversement les techniques en réhabilitant l'historicité de Yusus, mais sans renoncer à y rechercher l'inscription d'une ratio.The rediscovery of the ancient rhetorical corpus and the contribution of Byzantine scholarship enabled the Renaissance to revive rhetoric, long disfigured and subordinate to either grammar or logic. Being an essential prerequisite for the new élite responsible for the "vita civile", elocutio came to include poetry and history. Enuntiatio no longer confined itself to logical predication. This new emphasis on the subject of discourse was not only a result of social changes, but also of the crisis of medieval ontology and the ensuing uncertainty about the distribution of the various branches of knowledge. The question moves from the "truth of statements" which logic is no longer in a position to guarantee, to the "possibility of utterance" (M. de Certeau). Simultaneously persuasion becomes a necessity. The Renaissance developed its different techniques, restoring the historical dimension of usus without abandoning consideration of what ratio could be discerned in it.
- Actes de pensée et actes linguistiques dans la grammaire générale - Sylvain Auroux p. 105-120 Appartenant à la classe des théories du langage-traduction, la grammaire générale ne dispose pas d'une théorie sémantique qui lui permette de définir les phénomènes énonciatifs. Elle a permis cependant une large gamme d'analyses de ces phénomènes/soit en partant des actes de pensée (Port-Royal), soit en utilisant le repère de l'acte de parole (Beauzée), soit en réduisant l'affirmation à l'acte linguistique de la prononciation (Condillac). Faute de pouvoir comprendre la sui-référence, elle ne peut toutefois pas dégager le concept de performativité.In so far as general grammar belongs to the class of language-translation theories, it does not have a semantic theory that enables it to define enunciative phenomena. However, it has made possible various analyses of the phenomena, either by referring to acts of thought (Port-Royal), or by using the indication of the act of speech (Beauzée), or by reducing the assertion to the linguistic act of pronunciation (Condillac). But, because it is unable to conceive self-reference, it cannot define the concept of performaticity.
- Dialogue et supposition des E.S. de Gamaches - Jean-Paul Sermain p. 121-133 L'œuvre de Gamaches (1718) s'inscrit dans la tradition rhétorique. Il prend pour objet les « tours brillants » et montre qu'ils sont fondés sur une « supposition ». Ce redoublement de l'énoncé par l'implicite permet au locuteur de confronter deux espaces conceptuels, deux intérêts et deux évaluations, et, en multipliant les actes de langage, d'exhiber autant de sujets énonciatifs fictifs : cette intégration polémique de l'autre et de son point de vue crée ainsi une sorte de dialogisme interne au discours. Par rapport à une théorie linguistique de renonciation, Gamaches est pourtant doublement en retrait : il se situe au niveau des relations sémantiques qu'organisent les énoncés, et il en envisage simplement la logique sous-jacente.The work of Gamaches (1718), belongs to the rhetorical tradition. He analyses the "tours brillants" and shows that they are founded upon a "supposition". This simplification of the utterance by an implicit dimension enables the speaker to confront two conceptual spaces, two interests and two evaluations, and, by multiplying speech acts, enables him to exhibit two fictitious subjects of enunciation. This polemical integration of "the other" and of his point of view thus creates a sort of dialogism within the discourse. However, Gamaches has not attained a linguistic theory of enunciation for two reasons: he analyses semantic relations that the utterances organize, and he only considers their underlying logic.
- Laharpe et Fontanier : l'énoncé dans le commentaire littéraire - Sonia Branca-Rosoff p. 135-146 A la fin de l'âge classique, la place du sujet de renonciation est à la fois nécessaire et chichement mesurée : les théoriciens de la littérature doivent bien reconnaître la nature littéraire de certaines expressions atypiques ; ils les renvoient parfois aux caractéristiques du sujet qui parle, justifiant ainsi métaphores, entorses à la hiérarchie des styles, lexique inapproprié par le recours à la figure d'un énonciateur exotique. Pour l'essentiel cependant, privilégiant l'ornementation aux dépens de la persuasion, ils cherchent à fixer un code qui n'admet d'entorses à la grammaire qu'au nom des contraintes du vers.Towards the end of the classical period, the place of the subject of enunciation in a sentence is fixed by rules which allow little latitude for departure. The theoreticians of literature have to admit the literary quality of certain non-typical expressions ; sometimes they refer them to the characteristics of the person who speaks and thus justify metaphors, infringements on the hierarchy of styles and inappropriate vocabulary of an "exotic speaker". Essentially, however, in favouring adornments at the expense of persuasion, they try to establish a code which allows a twisting of grammatical rules only in the name of literary necessity.
- L'énonciation dans la rhétorique antique : les « figures de pensée » - Françoise Desbordes p. 25-38
L'énonciation dénommée
- Un exemple type de la théorie des actes de langage : « il pleut », « it's raining », « es regnet », - Brigitte Nerlich p. 149-164 En écrivant l'histoire de l'analyse de la phrase « il pleut » chez cinq auteurs de traditions scientifiques différentes, l'auteur essaie de montrer que la théorie moderne de renonciation sera forcée de passer de l'analyse du sujet parlant à l'analyse du langage en situation ce qui implique un retour vers sa propre histoire où cette révolution s'est déjà accomplie.By writing the history of the analysis of the sentence "il pleut" in five authors of different scientific traditions, the author tries to show that the modern theory of "énonciation" will be forced to turn from an analysis of the speaking subject to the analysis of speech in situation, a move which at the same time implies a renewed attention to its own history where this revolution has already been accomplished.
- Charles Bailly : qu'est-ce qu'une « théorie de l'énonciation » ? - Jean-Louis Chiss p. 165-176 A partir d'une « linguistique psychologique », Charles Bally, dans le second mouvement de son travail après sa Stylistique, se dirige vers une prise en compte de l'« énonciation totale». On présente les orientations développées dans la première partie de Linguistique générale et linguistique française (lre édition en 1932) intitulée «Théorie de renonciation ». Face à des conceptions réductrices du champ de renonciation, Bally ne sépare pas fonctionnement de la langue et inscription du sujet et du sens ; sa théorie de renonciation permet d'articulier principes de linguistique générale et théorisation de la spécificité linguistique d'une langue donnée.In the second stage of his studies after his stylistics, Charles Bally, starting from a psychological linguistics, aims at a linguistics that would take into account "renonciation totale". In this paper we expose the theses developed in the first part of Linguistique générale et linguistique française (published for the first time in 1932), which is entitled 'Théorie de renonciation". Opposing narrow conceptions of the fields of enunciation, Bally does not separate the way language functions from the problem of the "sujet parlant". His "Théorie de renonciation" allows us to connect the principals of general linguistics with the building of a theory of the linguistic specificity of a given language.
- Y a-t-il en glossématique une théorie de l'énonciation ? - Michel Arrivé p. 177-189 La question posée est paradoxale : l'opinion admise par les linguistes est que la glossématique - forme extrême du structuralisme - ne laisse aucune place à une prise en compte de renonciation. Il est en effet exact que les problèmes de l'« énonciation énoncée » sont peu envisagés. Cependant, la nécessité d'un parcours entre le schéma et l'acte amène à poser - sans le nommer - le concept dénonciation. D'autre part, la langue elle-même est souvent présentée comme fonctionnant à l'égard du langage sur le même modèle que là parole à l'égard de la langue.The question asked in this article is paradoxical : linguists generally admit that glossematics - a radical form of structuralism - leaves no room for an account of enunciation. It is true in fact that the problems of the "enounced enunciation" are hardly considered. However, the necessity of a link between "schema" and "act" leads to use - without naming it - the concept of enunciation. Moreover, a language itself is often shown as functioning relatively to language in the same way that speech functions relatively to languages
- Les termes de l'énonciation de Benveniste - Claudine Normand p. 191-206 L'auteur veut mettre en évidence les étapes de la mise en place par Benveniste des notions rassemblées généralement sous le terme global : « théories de renonciation ». Elle analyse les textes qui vont de 1946 à 1970 et offrent des oppositions devenues classiques, telles que « énoncé/énonciation s», « récit/discours », etc. Elle cherche dans chaque cas à dégager les modes de raisonnement, les cadres de référence, et les relations progressivement établies entre des descriptions d'abord indépendantes. Se dessine ainsi une théorie nouvelle qui tente de traiter les termes disjoints par Saussure de langue et de parole. Plus précisément, l'auteur analyse l'opposition Sémantique/Sémiotique que présente Benveniste en 1966 et s'interroge sur l'absence de l'expression « sujet de renonciation » dans l'ensemble de son œuvre.The author attempts to clarify the stages of Benveniste's elaboration of what is generally called "theory of enunciation". She analyses texts dating from 1946 to 1970, in which are found classical oppositions such as "énoncé/énonciation", "récit/discours", etc. She attemps to exhibit the modes of reasoning, the frames of reference, and the progressively established relation between descriptions that initially appear to be indépendant. In this manner, there emerges a new theory that tries to relate speech and language, which are separated terms in Saussure's theory. More precisely, the author analyses the opposition Semantique/Semiotique as it appears in Benveniste 66, and questions the absence of the phrase "sujet de renonciation" in Benveniste's work.
- L'énonciation de Benveniste à Weinrich - Jacqueline Fontaine p. 207-220 Le propos n'est pas d'évaluer la réalité de l'influence que la lecture d'E. Benveniste a pu avoir sur H. Weinrich, mais plutôt de situer le déplacement épistémologique subi par renonciation en passant de la vision théorique du premier à celle du second. On s'efforcera de montrer comment le champ d'exploration ouvert par H. Weinrich, caractérisé essentiellement par la primauté accordée à l'axe syntagmatique sur l'axe paradigmatique, permet au linguiste d'échapper à l'impasse théorique où conduit la pensée d'E. Benveniste en réinstallant la réflexion linguistique dans la réalité de la multiplicité des grammaires ou, plus justement, en activant le jeu de va-et-vient entre l'instance hypothétique et l'instance empirique où le chercheur se retrouve disponible pour la découverte de faits nouveaux.The purpose of this article is not to evaluate the influence of E. Benveniste's writings on H. Weinrich; rather, it is to locate the epistemological shift of "enunciation" from the first point of view to the second. I here try to show how the field of exploration discovered by H. Weinrich, which is characterized essentially by the priority attributed to the syntagmatic axis over the paradigmatic axis, enables a linguist to avoid the theoretical "blind alley" to which Emile Benveniste's thinking leads. It proposes to place linguistic reflection before the reality of particular languages again, or, more precisely, to activate the give-and-take between the hypothetical and the empirical so that the linguist will be free to discover new syntactic facts.
- Z. Harris, ou l'énonciation esquivée - Catherine Fuchs p. 221-231 L'article étudie le statut de renonciation dans l'état le plus récent du modèle de Harris (1982). A titre d'exemple, le traitement des modalités de l'assertion est analysé en détail : reconstruction de méta-opérateurs performatifs, justifications de leur effacement, réductions du discours indirect au discours direct, domaines de faits énonciatif s ainsi couverts. Puis on met à jour les raisons théoriques pour lesquelles dans ce modèle la dimension énonciative est à la fois présente (au niveau de la grammaire catégorielle de base sous formes de prédications métalin-guistiques (c'est-à-dire de gloses) et esquivée (réduite à un pur fonctionnement syntaxique parmi d'autres dans la perspective d'un traitement structuraliste de l'information).The treatment of enunciation in Harris's Grammar of English on Mathematical Principles (1982) is examined here. First, as an example, one looks at the modalities of assertion: performative meta-operators reconstructed, and then reduced; indirect speech reduced to direct speech; several enunciative facts thus described. Light is then shed on the theoretical reasons why in this model of language enunciation is both present (in a categorial grammar, as meta-linguistic predications) and absent (treated as a mere syntactic process among others, in the general framework of a structuralist model of linguistic information).
- De l'énonciation à l'événement discursif en analyse de discours - Jacques Guilhaumou, Denise Maldidier p. 233-242 L'inondation fournit un fil directeur pour aborder l'histoire du champ français de l'analyse de discours (AD) (1970-86). De la position naïve du sujet repérable à ses traces, on passe à un sujet idéologique : mais renonciation est ainsi renvoyée à un méta-discours (marxisme). Le colloque de Mexico (1977) marque un tournant. L'AD dès lors est marquée par la recherche de l'hétérogène, la mise en évidence, dans la description, de places de sujets, l'importance de l'événement discursif. Cette notion, essentielle pour une AD tournée vers l'histoire, renvoie, dans la dispersion des énoncés, à la construction d'un sujet singulier et implique la prise en compte de la conscience linguistique de l'époque.Enunciation provides us with a guideline for the study of the history of French discourse analysis (DA) (1970-1986). The naive notion of a subject that could be identified by its traces has given way to that of an ideological subject, which thus refers enunciation to a meta-discourse (Marxism). The Mexico Symposium of 1977 is a turning- point. Henceforth discourse analysis is characterized by the search for the heterogeneous, the systematic description of the place of the subject, and the importance of the discursive event. The latter notion, which is basic to a history-oriented discourse analysis, implies the construction of a specific subject through fragmented utterances. It also implies that the contemporary linguistic awareness must be taken into account.
- Manque, Miroir, Énonciation, - Bernard Lamizet p. 243-255 Les théories de renonciation ne constituant pas un champ homogène de rationalité, il y a lieu d'interroger les intersections de ce champ avec des champs voisins. Le but de cette intervention est d'étudier son intersection avec le champ de la psychanalyse, qui introduit une position particulière sur deux points : celui du signifiant, qui engage le processus dialectique de renonciation, et celui de l'identification par laquelle le sujet acquiert une existence symbolique. La formulation lacanienne du stade du miroir comme formateur de la personnalité permet de structurer le sujet de renonciation autour de trois repères : miroir, manque et énonciation. En ce sens, cette formulation constitue une théorie de renonciation, rendant possible, à partir d'elle, la formulation d'une structure de la communication intersubjective.Because what are usually called "enunciation theories" do not constitute a homogeneous field, it seems profitable to examine how it is connected with neighbouring fields such as, for instance in this paper, the field of psychoanalysis. The field of psychoanalysis introduces a particular point of view about two concepts : that of the "signifiant" through which begins the dialectical process of enunciation, and that of identification, through which the subject acquires a symbolic identity. Lacan's theory of the mirror-stage as being formative of the personality enables us to give to the enunciation-subject a three-fold structure : mirror, lack and enunciation. Such a formulation constitutes a theory of enunciation, which can lead to the formulation of a structure of intersubjective communication.
- Indexicalité et indicialité : pragmatique formelle et théorie de l'énonciation - Frédéric Nef p. 257-275 Une comparaison épistémologique de la pragmatique formelle et de la théorie de renonciation, loin d'être incongrue, révèle des difficultés profondes dans l'élaboration d'une théorie des indexicaux. L'A. insiste par exemple sur le problème de la séparation entre pragmatique du premier et du deuxième degré, sur la prolifération des coordonnées dans les index, la circularité de la définition formelle de renonciation... La problématique de la référence, loin d'être étrangère à la théorie de renonciation, apparaît y tenir une grande place. La différence la plus profonde entre Tl et T2 est traduite dans l'opposition entre les notions d'index et d'indice. L'A. se limite à une version intensionnelle de Tl et à la présentation de T2 exposée dans les textes de Benveniste.The systematic comparison between formal pragmatics (Tl) and "théorie de renonciation" (theory of uttering) (T2) shows the persistence of a bundle of difficulties in the treatment of indexicals. Do we need a clear cut distinction between first degree and second degree pragmatics? Is it necessary to equate indexical semantics with first degree pragmatics? How can we limit the multiplication of coordinates in side indices? Why is the definition of "enunciation" circular? Problems of reference are not peripheral to T2. The very difference between these theoretical frames is expressed by the distinction between index and indice. In his comparison the Author restricts Tl to an intensional form and T2 to the presentation of the standard theory of uttering as given by the late E. Benveniste.
- Un exemple type de la théorie des actes de langage : « il pleut », « it's raining », « es regnet », - Brigitte Nerlich p. 149-164