Contenu du sommaire : L'industrie de l'assurance et ses mutations
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 126, 2ème trimestre 2017 |
Titre du numéro | L'industrie de l'assurance et ses mutations |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Philippe Trainar, Stéphane Villeneuve p. 9-16 L'assurance en France collecte plus de 200 Md€ de cotisations chaque année et dispose d'un portefeuille de placements de près de 2 300Md€, soit 103%du PIB. Ces différentes statistiques reflètent le poids économique et social particulièrement élevé de cette industrie, tant elle accompagne tous les Français, particuliers ou entreprises, à tous les stades de la vie ou de leur développement. En effet, l'assurance protège les Français et leurs biens (voiture, habitation, etc.) contre des risques de toutes natures. Elle protège aussi l'activité et les biens des entreprises, de plus en plus des conséquences d'une attaque informatique. En raison du succès de l'assurance vie, elle finance massivement l'économie, notamment, les entreprises (59 %), mais aussi les États (33 %) ; ces investissements prennent la forme d'obligations (71 %), mais aussi d'actions (17 %). Enfin, l'assurance française s'internationalise lentement avec un chiffre d'affaires réalisé à l'étranger en légère hausse, tout comme celui réalisé par des assureurs étrangers en France, signe d'une certaine maturité du marché français de l'assurance. Classification JEL : D14, E21, G22.
La situation de l'assurance dans le monde
- Panorama de l'industrie française de l'assurance - José Bardaji p. 19-40 L'assurance en France collecte plus de 200 Md€ de cotisations chaque année et dispose d'un portefeuille de placements de près de 2 300Md€, soit 103% du PIB. Ces différentes statistiques reflètent le poids économique et social particulièrement élevé de cette industrie, tant elle accompagne tous les Français, particuliers ou entreprises, à tous les stades de la vie ou de leur développement. En effet, l'assurance protège les Français et leurs biens (voiture, habitation, etc.) contre des risques de toutes natures. Elle protège aussi l'activité et les biens des entreprises, de plus en plus des conséquences d'une attaque informatique. En raison du succès de l'assurance vie, elle finance massivement l'économie, notamment, les entreprises (59 %), mais aussi les États (33 %) ; ces investissements prennent la forme d'obligations (71 %), mais aussi d'actions (17 %). Enfin, l'assurance française s'internationalise lentement avec un chiffre d'affaires réalisé à l'étranger en légère hausse, tout comme celui réalisé par des assureurs étrangers en France, signe d'une certaine maturité du marché français de l'assurance.Classification JEL : D14, E21, G22.Insurance in France collects more than €200 billion of premiums each year and has a portfolio of investments of nearly €2,300 billion, equivalent to 103% of the GDP. These statistics reflect the peculiarity of this industry, which has a particularly high economic and social weight, as it accompanies all French, households and companies, at all stages of life or development. Indeed, insurance protects the French and their property (car, dwelling, etc) against all natures of risk. It also protects assets and activity of companies, more and more of a cyberattack's consequences. It finances the economy massively, in part because of the life insurance success. Companies (59%) are the largest recipient in insurers' investment portfolio, ahead of the States (33%). Bonds (71%) are the largest assets in insurers' investment portfolio, ahead of the shares (17%). Lastly, French insurance is slowly internationalizing, with slightly higher revenues abroad, as well as sales by foreign insurers in France, a sign of a mature French insurance market. Classification JEL: D14, E21, G22.
- Politiques économiques défendues par Donald Trump et le Congrès républicain : quelles conséquences éventuelles sur le secteur de l'assurance aux États-Unis ? - Steven Weisbart p. 41-50 L'élection de Donald Trump est susceptible de modifier sensiblement l'environnement économique dans lequel évoluent les compagnies d'assurance. Cet article se propose de décrire les changements proposés par le président et le Congrès républicain dans différents domaines – l'assurance santé, la réglementation, la fiscalité des sociétés et des personnes, le commerce international et les droits de douane, les services de conseil financier pour la retraite, etc. – et d'en déduire les conséquences probables pour l'industrie de l'assurance américaine dans cinq domaines. Toutefois l'ampleur de ces réformes et leur mise en oeuvre effective dépendront des rapports de force existant à l'intérieur des partis politiques. Classification JEL : E60, G22, G38, I13.The election of Donald Trump will likely considerably modify the economic environment for insurance companies. This article aims to describe the changes that have been proposed by the president and the Republican Congress in various areas – health insurance, regulation, individual and corporate taxation, international trade and customs duties, financial counseling services for retirement, and so on – and to deduce the probable consequences for the American insurance industry. However, the scope of the reforms and the extent of their actual implementation will depend on the relationships of forces that exist within the Republican and Democratic parties themselves. Classification JEL: E60, G22, G38, I13.
- Les stratégies d'internationalisation en assurances - Nicolas Desombre, Denis Duverne, Amélie de Montchalin p. 51-64 Les grandes compagnies d'assurance sont confrontées à une multitude de défis qui appellent à une transformation profonde de leurs organisations, leurs ambitions et leurs modes de fonctionnement. Alors que les grands assureurs européens ont été dès le début des années 1980 les pionniers de la dynamique d'internationalisation à travers de nombreuses acquisitions transfrontalières au niveau mondial, l'évolution de leur environnement les contraint à s'interroger sur leur « raison d'être » à l'international. Les stratégies d'internationalisation depuis trente ans sont restées guidées par l'expansion géographique plus que par une convergence entre les produits vendus, réduisant ainsi les économies d'échelle potentielles. La régulation financière et les conditions de marchés, ainsi que les ruptures technologiques, poussent aujourd'hui les compagnies d'assurance à se recentrer sur des marchés stables et offrent de la visibilité économique et politique. Les exigences de rentabilité et de cohérence stratégique sont actuellement fortes et appellent à l'optimisation de la présence internationale plutôt qu'à son expansion foisonnante. Classification JEL : F23, F65, G22, G28, L25, N24.Large insurance companies are facing a multitude of challenges requiring a deep transformation of their organizations, targets and operating models. While major European insurers pioneered the internationalization process through numerous cross-border acquisitions worldwide since the early 1980s, the changing financial and economic environment raises questions about the rationale of their international footprint and ambitions. Internationalization strategies over the past 30 years have been led by the geographic expansion rather than by a convergence of products sold, mechanically reducing potential economies of scale. Financial regulation and market conditions, as well as technological breakthroughs, are now leading insurance companies to refocus their geographical footprint on stable markets offering predictable economic and political conditions. As insurance companies face visible pressure to maintain consistent strategies and sustained profitability, one can foresee that the focus will be put on optimizing their international footprint rather than the continuation of a profuse expansion. Classification JEL: F23, F65, G22, G28, L25, N24.
- Panorama de l'industrie française de l'assurance - José Bardaji p. 19-40
L'assurance face aux mutations réglementaires
- Faut-il plus de capital en assurance ? - Olivier de Bandt, Frédéric Hervo p. 67-84 Dans le contexte des crises financières récentes, le capital en assurances s'est régulièrement accru et le secteur apparaît suffisamment capitalisé dans l'Union européenne. L'entrée en vigueur de Solvabilité II constitue une nouvelle étape, avec l'introduction d'une mesure du capital plus adaptée à la réalité économique et à la nature des risques. En utilisant une valorisation économique du bilan des organismes d'assurance, la nouvelle mesure du capital introduite par Solvabilité II représente une vision de la juste valeur, mais rend son contrôle plus délicat, car potentiellement plus complexe et plus volatil. En effet, les fonds propres prudentiels sont désormais le fruit de calculs sophistiqués, reposant sur de nombreuses hypothèses qui appellent l'organisme et le superviseur à une vigilance accrue et un regard plus critique. Enfin, le capital en assurance nécessite aussi une certaine flexibilité dans sa gestion. Particulièrement dans l'univers économique actuel, caractérisé par un niveau des taux durablement bas avec le risque d'une plus grande volatilité, la gestion du capital est primordiale, tant sur la politique de distribution que sur les moyens de financement. À ce titre, les organismes pourront affiner leur politique de gestion du capital en utilisant les nouveaux outils apportés par la réglementation, et notamment leur évaluation propre des risques (l'ORSA) et renforcer le dialogue entre leurs instances de direction et le superviseur.Classification JEL : G22, G28.In the aftermath of the recent financial crises, capital has regularly increased and the European Insurance sector seems to be adequately capitalized. The implementation of the Solvency II represents a new step, with the introduction of a new capital standard, more in line with economic principles and more risk sensitive. Prudential balance sheets based on a more economic valuation relies on fair values but makes the supervision more delicate. Insurers' prudential own funds are now the result of complex calculations and are based on numerous assumptions that should be carefully assessed and closely monitored, by the undertakings and by the supervisor. Lastly, a particular focus is warranted regarding the insurers' capital management policies. They are particularly important in the current financial environment, with low interest rates and the risk of higher volatility and insurers should consider dividend policies as well as alternative capital financing methods. On this issue, new regulatory tools are available to undertakings, such as the ORSA (Own Risk and Solvency Assessment), to ensure an appropriate capital management policy and strengthen the dialogue with their Boards or their supervisors. Classification JEL: G22, G28.
- Modèles macroéconomiques avec frictions financières et cycles d'assurance - Dominique Henriet, Jean-Charles Rochet p. 85-92 Certains marchés d'assurance sont sujets au phénomène bien connu des « cycles de souscription », composés d'une phase de tensions au cours de laquelle les primes et les profits augmentent alors que les capacités s'amenuisent, suivie d'une phase de relâchement caractérisée par des prix à la baisse et la reconstitution des capacités. Ces cycles sont difficiles à expliquer dans le cadre classique des marchés financiers parfaits. Ils impliquent une certaine prédictibilité des primes, une corrélation entre le ROE(return on equity) des assureurs et les sinistres, ce qui semble contredire le principe d'absence d'opportunité d'arbitrage. Nous montrons que ces propriétés peuvent parfaitement s'expliquer dans un modèle d'équilibre concurrentiel avec frictions financières. Notre modèle étend l'approche classique de la théorie de la ruine à un modèle macroéconomique où les primes d'assurance sont endogènes et résultent de l'équilibre entre offre et demande de contrats. Les compagnies déterminent leurs politiques de souscription et d'émission ou rachat d'actions de façon à maximiser leur valeur boursière. Les primes d'assurance sont une fonction déterministe de la capitalisation boursière totale des assureurs. Nos résultats expliquent pourquoi les primes d'assurance sont prévisibles ainsi que la corrélation entre ROE et sinistres. En fait, plutôt que de véritables cycles, les primes et les capacités oscillent entre deux valeurs extrêmes avec des renversements de tendance lorsque l'une de ces valeurs est atteinte.Notre modèle illustre la puissance de la nouvelle génération de modèles macroéconomiques avec frictions financières, initiée par Brunnermeier et Sannikov (2014), susceptibles de s'appliquer avec succès à l'analyse d'autres questions importantes pour les marchés d'assurance et de réassurance. Classification JEL : E10, G14, G22.Some insurance markets are affected by the well-known phenomenon of “underwriting cycles,” made up of a tight phase during which premiums and profits increase while capacities decline, followed by a slacker period, characterized by lower prices and replenished capacities. It is difficult to explain these cycles within the classic framework of perfect financial markets. They imply a certain degree of predictability for premiums, a correlation between insurance company ROE and claims, which appears to contradict the principle of the no-arbitrage condition. We demonstrate that these properties can be perfectly well explained in a competitive equilibrium model with financial frictions. Our model extends the classic approach of ruin theory to a macroeconomic model where insurance premiums are endogenous and result from the balance between policy supply and demand. Companies determine their underwriting policies and stock issuance and buyback policies in a way calculated to maximize their stock share price. Insurance premiums are a deterministic function of the total market capitalization of all insurance companies. Our results explain why insurance premiums are predictable, as well as the correlation between ROE and claims. In fact, rather than genuine cycles, premiums and capacities oscillate between two extreme values with trends changing direction once one of these twovalues is attained. Our model illustrates the power of the new generation of macroeconomic models with financial frictions, introduced by Brunnermeier and Sannikov (2014), which can be successfully applied to the analysis of other important questions for insurance and reinsurance markets. Classification JEL: E10, G14, G22.
- Faut-il plus de capital en assurance ? - Olivier de Bandt, Frédéric Hervo p. 67-84
Les défis de l'assurance vie
- Les défis du modèle de l'assurance vie dans un environnement de taux bas, voire négatifs - Antoine Lissowski, Jean-Baptiste Nessi p. 95-106 L'assurance vie, principale composante de l'assurance française, doit son succès à sa capacité à répondre tant aux préoccupations de gestion à long terme du patrimoine que de protection contre les aléas de la vie des ménages français. Elle leur offre une liquidité totale, une rentabilité prévisible et un régime fiscal favorable. Or ce succès est aujourd'hui menacé par la baisse sans précédent des taux d'intérêt intervenue depuis la crise financière. Cette baisse grève la rentabilité des nouvelles souscriptions et met à mal le modèle économique des compagnies. Pour autant, seules les techniques assurantielles paraissent en mesure de relever les défis de long terme engendrés par le besoin de protection de la population, notamment ceux liés au vieillissement. Le métier d'assurance vie doit donc nécessairement se renouveler pour s'adapter à cet environnement économique. Cela passe par une réduction des coûts et des frais de commercialisation supportés par les compagnies, par une évolution du cadre réglementaire et fiscal et enfin par l'émergence d'un modèle de services. Classification JEL : E43, G22.Life insurance, the main component of French insurance, owes it success to its ability to respond both to the needs to manage wealth long-term as well as to protect French households against life's ups and downs. It offers them total liquidity, predictable returns, and tax breaks. However, today this success is threatened by the unprecedented drop in interest rates since the financial crisis. This decline weighs on the returns of new insurance policies and undermines the economic model of insurance companies. Nevertheless, only insurance techniques appear to be capable of responding to the long-term challenges resulting from the population's need for protection, in particular the challenges related to aging. The life insurance business must necessarily reinvent itself in order to adapt to this economic environment. This means a reduction in the costs and marketing fees borne by these companies, changes in the regulatory and fiscal framework, and finally, the emergence of a service model. Classification JEL : E43, G22.
- Le risque de longévité est-il assurable ? - Nicole El Karoui, Stéphane Loisel p. 107-122 Dans cet article, nous étudions la question de l'assurabilité du risque de longévité à travers le prisme de l'enterprise risk management (ERM). Nous commençons par identifier les différentes composantes du risque de longévité. Nous présentons ensuite les manières de modéliser, mesurer et détecter des évolutions de ce risque. Enfin, nous étudions les différents contrôles de risque possibles et les risques résiduels associés. Classification JEL : G22, I13, J11, J14.In this paper, we study the question of insurability of longevity risk thanks to an Enterprise Risk Management approach. We start by identifying the different components of longevity risk. Then, we present the different ways to model, measure and detection changes in this risk. Finally, we study the possible risk controls and their associated residual risks. Classification JEL : G22, I13, J11, J14.
- La création de fonds de pension est-elle encore utile dans les économies avancées ? - Philippe Trainar p. 123-142 Le débat français sur les fonds de pension s'est limité à leur capacité à réduire les conséquences du retournement démographique, mais a occulté leurs autres avantages économiques par rapport au régime de répartition. Après avoir présenté les fonds de pension et leur grande diversité en matière de prestations, de faculté d'adhésion et de sortie, l'article présente leur place en France, où ils sont marginaux, et dans les autres économies avancées, ainsi que les enjeux socioéconomiques sous-jacents. Puis il présente et discute les principaux arguments longtemps employés en France pour s'opposer à leur développement. Les choses semblent toutefois évoluer avec la création par la récente loi Sapin du véhicule juridique et prudentiel nécessaire à leur développement. Reste à lui accorder un régime fiscal et social qui lui permettrait de jouer un véritable rôle de complément au système de répartition tout en participant au financement des entreprises françaises.Classification JEL : D14, G23, G28.The French discussion on pension funds has been confined to their capacity to reduce the consequences of demographic decline, overshadowing their other economic advantages over the defined benefit system. After having presented pension funds and their great diversity regarding benefits, joining, and exiting, the article explains their role in France and in the other advanced economies, as well as the underlying socio-economic stakes. It then expounds and critically analyzes the main arguments that have long been used in France to oppose their development. However, there seems to have been a shift with the creation, by the recent Sapin law, of the legal and prudential vehicle that is necessary for their development. It remains to give this vehicle a fiscal and social status that would allow it to play a genuinely complementary role to the defined benefit system, while helping to finance French businesses. Classification JEL : D14, G23, G28.
- Les défis du modèle de l'assurance vie dans un environnement de taux bas, voire négatifs - Antoine Lissowski, Jean-Baptiste Nessi p. 95-106
Les défis de l'assurance de biens et de responsabilité
- Le marketing dans l'assurance : le tournant du digital - Pierre-Alain de Malleray p. 145-168 L'industrie de l'assurance se caractérisait jusqu'ici par un marketing offensif, de masse, tourné quasi exclusivement vers la construction d'une image de marque. Cette image était destinée à inspirer confiance dans la marque et les produits, et à alimenter des réseaux de distribution traditionnels (agences ou réseaux salariés). Ce modèle est aujourd'hui remis en cause par la digitalisation croissante des canaux de distribution des assureurs. Cette dernière rend plus difficile la différenciation des offres, donc la construction de l'image de marque. Par ailleurs, elle ouvre un champ des possibles extrêmement vaste concernant le ciblage commercial, rendant obsolète le marketing de masse. Au total, elle constitue une opportunité majeure pour les acteurs qui sauront comprendre les codes du digital, tant dans la distribution des offres que dans le service rendu au client. Elle constitue tout autant une menace pour les autres. Classification JEL : G22, L84, O33.Insurance marketing has historically been agressive, leveraging mass communication for the almost unique purpose of brand building. The brand image was designed to inspire trust in the company and its products, and also to develop the traditional distribution networks (agents and proprietary sales forces). Today, this model is challenged by the growing role of digital distribution channels. Insurance digitalisation is making product differentiation, and brand image construction, more difficult. Besides, it opens up great perspectives regarding consumer targeting, rendering mass communication obsolete. Overall, it creates a major opportunity for players who understand the codes of the digital world, both in the fields of distribution and post-sale user experience. Likewise, it constitutes a threat for the others. Classification JEL : G22, L84, O33.
- La couverture du cyber-risque - Sébastien Héon, Didier Parsoire p. 169-182 La numérisation de l'économie, si elle est facteur de progrès, emmène son lot de nouveaux risques, cybercriminalité et autres formes d'attaques, qui viennent en éroder les bénéfices. Alors que l'arsenal d'outils et de services de sécurité informatique se développe pour contrer les attaques, les entreprises sont à la peine pour en quantifier les impacts. Dans un contexte économique et géopolitique favorable aux attaquants, les États prennent conscience des risques et se dotent de réglementations de plus en plus globales. Le marché de la cyber-assurance est en construction et ses produits en phase d'ajustement. Alors qu'il jouit d'une croissance soutenue, il se heurte cependant à la méconnaissance d'un risque récent et évolutif et au potentiel de cyber-catastrophes qui freinent l'offre de réassurance. Gestion du risque par les assurés, environnement réglementaire adapté et développement de l'expertise chez les assureurs et les réassureurs sont les conditions pour que ce marché parvienne à maturité. Au-delà de sa seule couverture, le péril cyber est révélateur des transformations à venir dans le paysage des risques pour le marché de l'assurance et de la réassurance. Classification JEL : G22, G28, O33, O38.Digitization of the economy is a factor of progress but also brings a lot of new risks, cybercrime and other forms of cyber-attacks, which come to erode its benefits. While the arsenal of IT security tools and services is developing to counter the attacks, businesses are struggling to quantify the impacts. In a geopolitical and economic context favorable to attackers, States are becoming aware of the risks and develop more comprehensive regulations. The cyber-insurance market is under construction and its products in the adjustment phase. While it enjoys sustained growth, it meets the ignorance of an emerging and evolving risk and the potential for cyber-catastrophes that both impede the reinsurance offer. Sound risk management by the insured, proper regulatory environment and development of expertise among insurers and reinsurers are the conditions for this market to reach maturity. Beyond its mere coverage, the cyber peril is indicative of the coming transformations in the risk landscape of the insurance and reinsurance market. Classification JEL : G22, G28, O33, O38.
- La responsabilité civile est-elle encore assurable ? - Jérôme Kullmann p. 183-198 Les compagnies d'assurance sont confrontées à une augmentation de l'assurabilité du risque de responsabilité et donc à des sinistres non envisagés au moment de la conclusion des contrats. Pour illustrer cet état de fait, l'article s'appuie sur l'évolution de la nature des préjudices déclarés par la Cour de cassation. L'assureur est donc confronté à une grande incertitude avec une méconnaissance du risque au moment de la conclusion du contrat et la modification potentielle et rétroactive de ce risque par le juge. Dans un second temps, l'article analyse la technique de la globalisation des sinistres utilisée par les assureurs pour limiter le montant de leurs engagements. Au final, si la liste des risques effectivement garantis s'accroît sans cesse, les assureurs mettent en oeuvre des techniques et des moyens juridiques qui permettent de couvrir effectivement ces risques tout en maintenant leur solvabilité.Classification JEL : G22, K30, K36, L11, L14.Insurance companies are faced with an increasingly insured liability risk and with claims that were not envisaged when policies were written. In order to illustrate this state of fact, the article relies on how the nature of damages has evolved, as determined by the Court of Cassation. Insurance companies are thus faced with substantial uncertainty, with both the lack of knowledge of the risk involved at the time the policy is written and the potential, retroactive modification of this risk by the judge. The article then analyzes the technique of globalizing claims, which is used by insurance companies in order to limit the amount of their obligations. In the end, as the list of risks effectively insured continually increases, insurance companies are implementing techniques and legal means to make it possible to effectively cover these risks while preserving their own solvency. Classification JEL : G22, K30, K36, L11, L14.
- Le marketing dans l'assurance : le tournant du digital - Pierre-Alain de Malleray p. 145-168
L'assurance face aux mutations des risques, des techniques et de la société
- Médecine personnalisée, tests génétiques et assurance santé : une tension exacerbée entre antisélection et discrimination des risques - David Bardey, Philippe de Donder p. 201-212 Nous vivons actuellement l'avènement de la médecine personnalisée, souvent définie comme l'utilisation des caractéristiques génétiques individuelles à des fins de diagnostic, de prévention et de traitements médicaux. Ces avancées médicales et technologiques rendent urgente une réflexion sur les conséquences de cette nouvelle forme d'information sur le marché de l'assurance santé. Une décision fondamentale consiste à déterminer si l'information issue des tests génétiques doit ou non être révélée aux assureurs privés. Cet article présente d'abord les conséquences économiques qui découlent de la réponse donnée à cette question : discrimination des risques quand les assureurs ont accès à l'information génétique de leurs clients, et antisélection quand ils ne l'ont pas. Nous passons ensuite en revue les quatre formes de régulation de l'information génétique observées de par le monde, avant de présenter les principaux résultats d'une étude à la fois théorique et expérimentale que nous avons menée récemment, et qui a pour but de comparer deux régulations existantes. Nous concluons avec quelques pistes de recherche sur notre agenda.Classification JEL : C91, D82, G22, I18.Weare currently witnessing the emergence of personalized medicine, defined as the use of genetic information to better tailor individual diagnostic, prevention and treatment decisions. These medical and technological advances make it necessary to think through their consequences on health insurance markets. One major decision consists in deciding whether the information generated by genetic tests should be shared with health insurers. This article first discusses the economic consequences of such a sharing of genetic information: risk discrimination if the information is not shared, and adverse selection if it is. We then discuss four different types of regulation of genetic information which are used around the world. We then present the main results of a recent study we have undertaken, which compares (using both a theoretical and an experimental viewpoint) two such regulations. We conclude with a few suggestions for further research. Classification JEL : C91, D82, G22, I18.
- Obligations catastrophes : comment les marchés financiers évaluent-ils les facteurs de risques naturels ? - Milo Bianchi, Augustin Landier, Michal Zajac p. 213-230 Les obligations catastrophes constituent une classe de titres financiers dont les rendements sont liés à la survenance d'événements naturels exceptionnels. En recourant à une nouvelle base de données exclusive, nous examinons les déterminants de la fixation du prix des obligations catastrophes (cat-bonds). Nous constatons que les cat-bonds sont des titres à faible bêta : elles sont peu exposées au risque de marché du marché boursier et (bien que dans une moindre mesure) au risque associé aux obligations de société. Leur prime de risque, nettement positive, ne s'explique pas par une exposition au risque systématique. Nous montrons que la réputation de l'émetteur a une incidence sur la tarification : les prix des obligations émises par des émetteurs inexpérimentés sont fixés avec une décote.Classification JEL : G12, Q54.Catastrophe bonds are securities with payoffs linked to natural tail events. Using a new proprietary database, we investigate the determinants of the pricing of CAT bonds. We find that CAT bonds are low beta securities: they have low exposure to stock-market market risk and (although to a lesser extent) to corporate bonds risk. Their risk-premium is significantly positive and is not explained by exposure to systematic risk. We show that issuer's reputation matters for pricing: issuance of inexperienced issuers are priced at a discount. Classification JEL : G12, Q54.
- Jusqu'où les compagnies d'assurance peuvent-elles investir dans le financement des dettes des PME/ETI ? - Jean-Paul Décamps, Stéphane Villeneuve p. 231-240 Sous les effets conjoints d'une baisse des taux et d'une volonté politique de soutenir le financement de l'économie dans un environnement réglementaire contraignant pour les banques, la législation autorise depuis 2012 les compagnies d'assurance à allouer, sous certaines conditions, jusqu'à 5 %de l'épargne de leurs assurés dans le marché de la dette privée et à contribuer ainsi au financement des petites et moyennes entreprises. Après une description des caractéristiques du mécanisme de financement par dette privée non bancaire, l'objectif de cet article est de s'appuyer sur la théorie économique pour proposer une réflexion sur les avantages et les inconvénients d'un tel mécanisme.Classification JEL : G11, G14, G22, G28, L25.Under the combined effects of a decline in rates and the political desire to help finance the economy within a regulatory environment that is restrictive for banks, since 2012 the law has authorized insurance companies, under certain conditions, to allocate up to 5% of their clients' savings to the private loan market and in this way to help finance small and mid-size companies. After describing the features of the financing mechanism with non-bank loans, the goal of this article is to use economic theory to propose a debate on the advantages and disadvantages of such a mechanism. Classification JEL : G11, G14, G22, G28, L25.
- Médecine personnalisée, tests génétiques et assurance santé : une tension exacerbée entre antisélection et discrimination des risques - David Bardey, Philippe de Donder p. 201-212
Chronique d'histoire financière
- Fixation des taux de référence : les leçons de la banque de la Renaissance - G. Geoffrey Booth, Sanders S. Chang p. 241-246
Articles divers
- Le danger du trilemme pour le système monétaire international - Patrick Artus, Cristina Peicuti p. 249-264 On connaît le célèbre triangle d'incompatibilité (le trilemme) : parmi la fixité des taux de change, l'absence de contrôle des capitaux, la possibilité d'avoir une politique monétaire indépendante, il n'est possible de réaliser que deux de ces trois objectifs. Les banques centrales ont donc elles-mêmes rendu insupportable le choix dans le triangle d'incompatibilité en raison de l'instabilité induite des taux de change. Mais le retour aux taux de change fixes est aussi impossible, car ils seraient aussi déstabilisés par les flux de capitaux spéculatifs de grande taille. Quelle alternative pourrait être envisagée ?Classification JEL : E58, F02, F32, F62.The famous impossible trilemma is well known: only two out of these three objectives can be achieved: fixed exchange rates, absence of capital controls and the possibility of having an independent monetary policy. Central banks have themselves rendered the choice of the impossible trilemma unsustainable because of the resulting instability of exchange rates. But a return to fixed exchange rates is also impossible, as they would also be destabilised by large-scale speculative capital flows. What alternative should be taken into consideration. Classification JEL : E58, F02, F32, F62.
- Les universités françaises depuis le passage à l'autonomie : vers de nouveaux outils d'analyse financière ? - Stéphanie Serve, Louis François Le Glass p. 265-296 Le passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE) a induit de profondes transformations dans la gestion financière des universités françaises, et certaines d'entre elles ont expérimenté des tensions financières à la suite de cette réforme. Dans un contexte de ressources publiques contraint, il importe d'identifier les zones de risque susceptibles de menacer l'équilibre budgétaire d'un certain nombre d'établissements, c'est-à-dire les zones d'incertitude pesant sur l'ajustement entre dépenses et recettes. On est également conduit à s'interroger sur l'existant en matière d'outils de gestion financière destinés à gérer ces risques. Cet article répond à plusieurs objectifs. Il développe une logique de gestion financière propre à l'objet d'étude « université », préalable nécessaire à l'étude de ses outils de gestion, en s'appuyant sur une double comparaison avec l'entreprise, ainsi qu'avec la collectivité locale. Cette comparaison se poursuit avec un état de l'art sur les outils de gestion financière que les universités sont amenées à déployer du fait des récentes évolutions réglementaires. Cet état de l'art nous conduit à la présentation de la notion d'équilibre budgétaire et à analyser les causes de difficultés financières rencontrées par les universités depuis le passage aux RCE. Enfin, l'article s'appuie sur le concept de soutenabilité budgétaire pour identifier une démarche d'analyse financière pluriannuelle à caractère prospectif. Il conclut sur l'importance de resituer les outils de gestion financière dans le contexte organisationnel de l'université et dans son projet stratégique afin qu'ils prennent toute leur signification et leur utilité.Classification JEL : I23, I28, M41.French universities have undergone a transition towards financial and operational autonomy since the passage of the RCE law in 2007. Since then, some of them experienced a financially constrained environment and, more specifically, had to dip in their reserves to balance their budget. This context raises the question of how financial analysis could be developed in order to help universities manage the uncertain adjustment between their resources and expenses. This article has a triple purpose. First, in the light of the new public management literature, we propose a public financial management model for the university, which we compare with both the financial management models of a firm and of a local government. This leads to analyze the specificities of existing financial analysis tools for universities. Second, we analyze the reasons why French universities experienced difficulties since the RCE. Lastly, after we define the concept of sustainability, we highlight the necessity of a pluri-annual vision of financial analysis for French universities, and we propose a prospective approach.Classification JEL : I23, I28, M41.
- Le danger du trilemme pour le système monétaire international - Patrick Artus, Cristina Peicuti p. 249-264