Contenu du sommaire : Urbanisation en Mélanésie

Revue Journal de la Société des Océanistes Mir@bel
Numéro no 144-145, 2017
Titre du numéro Urbanisation en Mélanésie
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier Urbanisation en Mélanésie

    • ‪L'urbanisation en Mélanésie‪ - Lamont Lindstrom, Christine Jourdan p. 5-22 accès libre
    • ‪Urban Melanesia‪ - Lamont Lindstrom, Christine Jourdan accès libre
    • ‪Respek et autres mots-clés du Port-Vila urbain‪ - Lamont Lindstrom p. 23-36 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans leurs histoires de migration urbaine, les habitants de Tanna qui vivent dans les quartiers informels de Port-Vila emploient souvent un certain nombre de mots-clés pour décrire la vie en ville. J'utilise la méthode d'analyse culturelle dite par “mots-clés” afin d'aborder la perception insulaire de l'expérience urbaine. Respek (le respect) est un terme qui revient très fréquemment dans les entretiens que j'ai enregistrés. Ailleurs dans le monde, ce mot, souvent lié à des manœuvres politiques basées sur l'ethnicité et sur le genre, a contribué de façon importante à la prédominance de ce terme. Les migrants de Tanna déplorent l'absence de respect mais l'évoquent constamment pour expliquer les conflits et les déceptions. Je m'intéresse aussi aux autres mots-clés communs en bislama qui apparaissent dans les discussions sur la réalité urbaine : sikiuriti (la sécurité), mobael (à la fois le téléphone et les forces militaires du Vanuatu), noes (le bruit), jalus (la jalousie) et fri (gratuité, liberté). Ces mots-clés révèlent des perspectives instructives sur l'urbanisation mélanésienne émergeante.
      Telling urban migration stories, Tanna island residents of Port Vila's settlements commonly use a number of keywords to describe life in town. I follow the “keyword” method of cultural analysis to approach island appreciation of urban experience. In recorded interviews, respek (respect) was one notably frequent term. Sharpening ethnic and gender identity politicking nearly everywhere has significantly boosted the term's prominence, including in socially complex post-colonial Melanesian towns. Tanna migrants bemoan respect's absence but they evoke it constantly to explain conflict and disappointment. I also consider other common urban Bislama keywords that circulate in talk about urban reality including sekiuriti (security), mobael (both telephones and Vanuatu's military force), noes (noise), jalus (jealousy), and fri (free, freedom). Keywords unlock instructive views of emergent Melanesian urbanism.
    • Respek and Other Urban Vila Keywords - Lamont Lindstrom accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans leurs histoires de migration urbaine, les habitants de Tanna qui vivent dans les quartiers informels de Port-Vila emploient souvent un certain nombre de mots-clés pour décrire la vie en ville. J'utilise la méthode d'analyse culturelle dite par “mots-clés” afin d'aborder la perception insulaire de l'expérience urbaine. Respek (le respect) est un terme qui revient très fréquemment dans les entretiens que j'ai enregistrés. Ailleurs dans le monde, ce mot, souvent lié à des manœuvres politiques basées sur l'ethnicité et sur le genre, a contribué de façon importante à la prédominance de ce terme. Les migrants de Tanna déplorent l'absence de respect mais l'évoquent constamment pour expliquer les conflits et les déceptions. Je m'intéresse aussi aux autres mots-clés communs en bislama qui apparaissent dans les discussions sur la réalité urbaine : sikiuriti (la sécurité), mobael (à la fois le téléphone et les forces militaires du Vanuatu), noes (le bruit), jalus (la jalousie) et fri (gratuité, liberté). Ces mots-clés révèlent des perspectives instructives sur l'urbanisation mélanésienne émergeante.

      Telling urban migration stories, Tanna island residents of Port Vila's settlements commonly use a number of keywords to describe life in town. I follow the “keyword” method of cultural analysis to approach island appreciation of urban experience. In recorded interviews, respek (respect) was one notably frequent term. Sharpening ethnic and gender identity politicking nearly everywhere has significantly boosted the term's prominence, including in socially complex post-colonial Melanesian towns. Tanna migrants bemoan respect's absence but they evoke it constantly to explain conflict and disappointment. I also consider other common urban Bislama keywords that circulate in talk about urban reality including sekiuriti (security), mobael (both telephones and Vanuatu's military force), noes (noise), jalus (jealousy), and fri (free, freedom). Keywords unlock instructive views of emergent Melanesian urbanism.
    • ‪The achievement of simultaneity: kastom and place in Port Vila, Vanuatu‪ - Benedicta Rousseau p. 37-50 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Par le passé, les ni-Vanuatu de Port-Vila ont été qualifiés de population déracinée sans ressources pour perpétuer une identité autochtone basée sur la coutume. Par contraste avec cette approche, je démontre comment l'équation kastom, lieu et identité fonctionne en ville. Au cœur de cette équation, on trouve des communautés qui ne sont pas centrées géographiquement sur l'île d'origine, mais sur ce que j'appelle « l'accomplissement de la simultanéité » entre ville et île. Je décris plusieurs pratiques urbaines de la kastom qui participent de cette simultanéité ville/île et qui incluent la reconnaissance de l'autorité du chef, l'échange comme méthode de résolution des conflits et une cérémonie d'accueil d'un nouveau membre d'un parti politique. Globalement, je suggère que la persistance d'une identité insulaire illustre et permet l'existence de la kastom en ville.
      ‪Historically, ni-Vanuatu in Port Vila have been portrayed as an un-grounded population, lacking the resources necessary to perpetuate a ‪‪kastom‪‪-based, indigenous identity. Contrary to that approach, I demonstrate how the equation of ‪‪kastom‪‪, place, and identity operates in town. Central to this is the existence of non-geographical communities focussed around shared island of origin, and what I term the “achievement of simultaneity” between town and island. I describe several urban ‪‪kastom‪‪ practices that work to achieve town/island simultaneity including recognition of chiefly authority, a dispute settlement exchange, and a ceremony to welcome a new member of a political party. Overall, I suggest that the persistence of island-based identity both illustrates and enables the existence of ‪‪kastom‪‪ in town.‪
    • ‪Rural-urban migrants, translocal communities and the myth of return migration in Vanuatu: the case of Paama‪ - Kirstie Petrou, John Connell p. 51-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au Vanuatu, l'urbanisation s'est développée rapidement au cours des dernières décennies. La migration circulaire a progressivement laissé la place à la sédentarisation urbaine, alors que deux voire trois générations de ni-Vanuatu grandissent en ville. Les migrants originaires de la petite île de Paama habitent en grand nombre à Port-Vila où on compte un plus grand nombre de Paamais que sur leur île d'origine. Peu d'entre eux retournent à Paama, même si une part importante de toutes les générations exprime le désir d'y retourner « un jour » une fois ses projets réalisés et maintient des liens économiques et sociaux avec les résidents de l'île. Parmi les raisons qui jouent contre le retour vers Pamaa se trouvent la sécurité du travail et du logement en ville, l'accès à l'éducation et aux services de santé, la présence de la famille, la peur de la sorcellerie et les mariages inter-ethniques. Peu s'enthousiasment par rapport aux défis liés à l'économie de subsistance et à la vie rurale. Ceux qui y sont retournés, face à l'emploi et aux activités économiques rares, aux ressources limitées, sont plutôt ceux qui y jouissaient d'un statut social particulier, que des gens cherchant à y développer l'économie locale.
      ‪Urbanization in Vanuatu has increased rapidly in recent decades. Circular mobility has gradually given way to urban permanence as second and third generations grow up in urban centres. Migrants from the small outer island of Paama are numerically significant in the capital Port Vila with more Paamese living there than in their ‘home' island. Few have returned to Paama, despite a substantial proportion of all generations professing intentions to do so, ‘one day', after other goals had been realised, while maintaining economic and social ties with island residents. Constraints to return included secure urban employment and housing, access to education and health services, the location of kin, fear of sorcery and intermarriage with people from other islands, while few welcomed the challenges of returning to more subsistence–oriented livelihoods and lifestyles. Those who had returned to Paama were mainly individuals with particular social status in island life, rather than people seeking to develop economic opportunities, on an island where employment and other economic activities are scarce, and carrying capacity limited.‪
    • ‪Lost passports? Disconnection and immobility in the rural and urban Solomon Islands‪ - Debra McDougall p. 63-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les anthropologues ont documenté les intenses liens inter-îles qui existent entre la vie rurale et la vie urbaine en Mélanésie aujourd'hui. Tout en explorant les dilemmes causés par la mobilité et l'appartenance aux îles Salomon, cet article met l'accent sur l'anxiété associée au rétrécissement de ces réseaux, anxiété qui s'exprime à travers différentes blagues et plaintes à propos de la « perte du passeport ». En utilisant des entretiens et des mémoires publiées, l'article suit les histoires de deux familles de Malaita qui ont migré pour des raisons économiques vers la fin des années cinquante. La première a suivi le chemin souvent emprunté vers les Salomon occidentales pour y travailler sur une plantation de coprah ; l'autre s'est dirigée vers la capitale Honiara qui se développait rapidement après la Deuxième Guerre mondiale. Sur fond de tensions ethniques (1998-2003), ces histoires soulignent l'importance du maintien des liens avec la terre ancestrale, mais aussi l'érosion de ces réseaux.
      ‪Anthropologists have documented the dense “trans-island” ties between rural and urban life in contemporary Melanesia. In exploring dilemmas of mobility and belonging in Solomon Islands, this article focuses on anxieties about the ways that these geographically expansive networks are shrinking – anxieties expressed through jokes and laments about “losing passports”. Drawing on interviews and published memoirs, it tracks the stories of two Malaitan families who migrated for economic opportunities in the late 1950s: one followed a well-trodden path to the Western Solomons to work on a copra plantation on Ranongga; the other family followed new paths to the rapidly developing the post-World War II capital, Honiara. Playing out against the backdrop of the so-called “Ethnic Tensions” (1998-2003), these narratives underscore the importance of maintaining ties to an ancestral home, but also the degree to which these networks are becoming attenuated.‪
    • ‪Sikret Fren: economic costs and moral values in a friendship ritual in Honiara, Solomon Islands‪ - Rodolfo Maggio p. 77-90 avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse l'échange de cadeaux à l'identique appelé Sikret fren qui est pratiquée par les membres de l'Église anglicane de Gilbert Camp, un quartier de squatters situé en périphérie d'Honiara, aux îles Salomon. Au moyen de l'analyse de Gregory sur la distinction entre dons et marchandises, j'examine les objets échangés, les gens impliqués dans cet échange et les relations qui les lient. J'analyse ensuite la catégorisation des gens, des objets et des relations qu'ils entretiennent à partir de l'approche sur l'économie morale domestique développée par Peterson & Taylor. Cet article situe Sikret fren dans les contextes culturels, historiques, géographiques et socioéconomiques qui lui ont servi de creuset. Il illustre la logique qui sous-tend l'échange de cadeaux identiques entre amis rituels et suggère que les résidents des quartiers informels urbains et périurbains font preuve de créativité en réagissant aux défis moraux et économiques causés par les incompatibilités entre leur système de valeurs et leurs conditions matérielles de vie.

      This article analyses the case of Sikret Fren, a like-for-like gift exchange ritual organised by the members of the Anglican church of Gilbert Camp, an illegal settlement on the outskirts of Honiara, Solomon Islands. The objects exchanged, the people involved, and their relationships are discussed according to Gregory's analytical opposition between Gift and Commodity. The resulting categorization of people, objects, and relationships is looked at from the perspective of the Domestic Moral Economy developed by Peterson & Taylor. The article locates Sikret Fren in relation to the cultural, historical, geographical, and socio-economic context in which it was developed; illustrates the rationale behind the reciprocal transactions of identical gifts between ritual friends; and suggests that urban and peri-urban settlers use their cultural creativity in reaction to the moral and economic challenges caused by the incompatibilities between their values and their material conditions.
    • Partage à la demande et clôtures : Quelques aspects des nouvelles maisonnées de Port-Vila - Knut Rio p. 91-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article discute certains aspects de la vie urbaine dans la capitale du Vanuatu. Lors de mes dernières recherches de terrain (2010 et 2014), j'ai étudié l'économie des maisonnées et l'organisation sociale des quartiers informels existant autour de la ville de Port-Vila. Je présente ici un aspect particulier de ces quartiers et mets à l'épreuve le débat établi sur la réciprocité mélanésienne, soit le partage à la demande et le don. Dans le cas qui m'intéresse, les résidents de nombreuses maisonnées installent un petit magasin où les membres de la famille et les amis du voisinage peuvent acheter les articles ménagers dont ils ont besoin. Comme la maison elle-même, ce petit magasin est clôturé et fermé, non par peur du vol, mais comme moyen de protection contre le partage à la demande agressif et la convoitise. Je défends l'idée que les gens de Port-Vila ont recours à ces magasins pour protéger la valeur du partage de la famille et des voisins toujours plus envahissants
      This article addresses certain aspects of town life in the capital of Vanuatu. In my most recent fieldwork in 2010 and 2014 I have been investigating household economy and aspects of social organization in the settlements that rapidly spring up around the town of Port Vila. I will present one particular feature of these settlements as a test case for revisiting the long debate about Melanesian reciprocity, demand sharing and gift. Notably, in many households people set up a little store, from which kin and friends in the neighborhood can buy their household supplies. Like the household itself, the store is typically fenced off and barred in – not directly from fear of theft, but as a defense against aggressive demand-sharing and envy. My point will be that people in Port Vila now tend to use the store economy as a way of protecting the value of sharing from the too intruding world of relatives and neighbors.
    • Demand-sharing and fences: Aspects of the new Port Vila household - Knut Rio accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article discute certains aspects de la vie urbaine dans la capitale du Vanuatu. Lors de mes dernières recherches de terrain (2010 et 2014), j'ai étudié l'économie des maisonnées et l'organisation sociale des quartiers informels existant autour de la ville de Port-Vila. Je présente ici un aspect particulier de ces quartiers et mets à l'épreuve le débat établi sur la réciprocité mélanésienne, soit le partage à la demande et le don. Dans le cas qui m'intéresse, les résidents de nombreuses maisonnées installent un petit magasin où les membres de la famille et les amis du voisinage peuvent acheter les articles ménagers dont ils ont besoin. Comme la maison elle-même, ce petit magasin est clôturé et fermé, non par peur du vol, mais comme moyen de protection contre le partage à la demande agressif et la convoitise. Je défends l'idée que les gens de Port-Vila ont recours à ces magasins pour protéger la valeur du partage de la famille et des voisins toujours plus envahissants

      This article addresses certain aspects of town life in the capital of Vanuatu. In my most recent fieldwork in 2010 and 2014 I have been investigating household economy and aspects of social organization in the settlements that rapidly spring up around the town of Port Vila. I will present one particular feature of these settlements as a test case for revisiting the long debate about Melanesian reciprocity, demand sharing and gift. Notably, in many households people set up a little store, from which kin and friends in the neighborhood can buy their household supplies. Like the household itself, the store is typically fenced off and barred in – not directly from fear of theft, but as a defense against aggressive demand-sharing and envy. My point will be that people in Port Vila now tend to use the store economy as a way of protecting the value of sharing from the too intruding world of relatives and neighbors.
    • Les relations familiales en ville sont brokbrok : partage de nourriture et contribution à Port-Vila, Vanuatu - Daniela Kraemer p. 105-116 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les jeunes sous-scolarisés et sous-employés de Port-Vila font souvent référence à la « casserole vide » pour refléter les problèmes sociaux rencontrés dans le milieu urbain d'aujourd'hui : coût de la vie élevé, aliénation des terres agricoles, taux de chômage important et insécurité financière. À Freswota, la casserole vide témoigne aussi des changements au niveau des relations familiales, souvent générées et maintenues par un système de partage de nourriture. Ici, comme dans dans la majeure partie de Port-Vila, les familles sont confrontées à la difficulté de trouver un équilibre entre leurs revenus et l'obligation de donner et de recevoir. Des familles urbaines privent ainsi de nourriture certains de leurs membres (vus comme consommant sans produire). Ces contraintes de la vie urbaine et l'influence de la notion émique de « contribution », dans un contexte de capitalisme néolibéral et de relations intergénérationnelles, font que les jeunes citadins sans emploi voient leur famille comme incapables de les soutenir et, par conséquent, de nouvelles relations au sein de la communauté se renforcent.
      Under-educated and under-employed young men in Port Vila, Vanuatu's capital city, frequently refer to the “empty saucepan”. This is an idiom they use to reflect some of the social problems experienced in urban Vanuatu today; high cost of living, alienation from access to agricultural land, high rates of unemployment and financial insecurity. Yet the “empty saucepan” also speaks to specific concerns surrounding shifts in family relationships, often produced and maintained through a system of sharing of food. As this paper will show, in Freswota, one of Port Vila's residential communities, families face difficulties balancing their incomes with obligations to give and receive. As such, some urban families are excluding people, those who are seen as consuming without contributing, from eating their food. This article considers some of the constraints of urban living, and what influence the emic notion of “contribution”, in a context of neo-liberal capitalism, is having on inter-generational relationships. I argue that urban unemployed young men are increasingly experiencing their parents and families as unsupportive, and as such, other relationships in their community are becoming stronger..
    • Relationships in Town are brokbrok! Food, sharing, and new perspectives on kinship relationships in Port Vila, Vanuatu - Daniela Kraemer accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les jeunes sous-scolarisés et sous-employés de Port-Vila font souvent référence à la « casserole vide » pour refléter les problèmes sociaux rencontrés dans le milieu urbain d'aujourd'hui : coût de la vie élevé, aliénation des terres agricoles, taux de chômage important et insécurité financière. À Freswota, la casserole vide témoigne aussi des changements au niveau des relations familiales, souvent générées et maintenues par un système de partage de nourriture. Ici, comme dans la majeure partie de Port-Vila, les familles sont confrontées à la difficulté de trouver un équilibre entre leurs revenus et l'obligation de donner et de recevoir. Des familles urbaines privent ainsi de nourriture certains de leurs membres (vus comme consommant sans produire). Ces contraintes de la vie urbaine et l'influence de la notion émique de « contribution », dans un contexte de capitalisme néolibéral et de relations intergénérationnelles, font que les jeunes citadins sans emploi voient leur famille comme incapables de les soutenir et, par conséquent, de nouvelles relations au sein de la communauté se renforcent.

      Under-educated and under-employed young men in Port Vila, Vanuatu's capital city, frequently refer to the “empty saucepan”. This is an idiom they use to reflect some of the social problems experienced in urban Vanuatu today; high cost of living, alienation from access to agricultural land, high rates of unemployment and financial insecurity. Yet the “empty saucepan” also speaks to specific concerns surrounding shifts in family relationships, often produced and maintained through a system of sharing of food. As this paper will show, in Freswota, one of Port Vila's residential communities, families face difficulties balancing their incomes with obligations to give and receive. As such, some urban families are excluding people, those who are seen as consuming without contributing, from eating their food. This article considers some of the constraints of urban living, and what influence the emic notion of “contribution”, in a context of neo-liberal capitalism, is having on inter-generational relationships. I argue that urban unemployed young men are increasingly experiencing their parents and families as unsupportive, and as such, other relationships in their community are becoming stronger..
    • Le reggae, remède contre la marginalisation ? Construction de la jeunesse urbaine à travers la musique (Port-Vila) - Monika Stern p. 117-130 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Une urbanisation et un développement industriel rapides de Port-Vila, capitale du Vanuatu, ont fait émerger certaines formes de pauvreté et de fragilité sociale. Ces changements se reflètent dans les pratiques musicales urbaines, devenues essentielles dans la vie de nombreux jeunes. Ils utilisent la musique pour faire face à leur propre marginalisation. Plusieurs associations procurent l'accès facile à des instruments, à des cours et à des studios de répétition. La musique comporte des aspects éducatifs et est un moyen de socialisation au-delà des frontières sociales et culturelles. Elle créé des liens entre les musiciens, qui enrichissent ou remplacent d'anciens liens communautaires et de parenté. Enfin, la musique offre la possibilité d'une expression publique, de revendications pacifiques, de rêves de liberté, etc. Étudier ces rôles musicaux comme une forme d'action de la jeunesse peut éclairer de nombreux aspects de la vie de ces jeunes dans la ville de Port-Vila d'aujourd'hui.
      With the increasing urbanization and rapid industrial development of Port-Vila, the capital of Vanuatu, certain forms of poverty and social fragility have emerged. These changes are also reflected in urban music practices, which play a crucial role in the lives of many young people. Music is one of the ways in which youth can address marginalization. With the possibilities afforded by a number of associations, which provide musical instruments, classes and rehearsal studios, music has become more accessible to the young. It is a leisure activity with educational aspects, a means of socialization beyond social and cultural borders. It also cements networks between musicians that enrich or replace former family and community ties. Finally music offers opportunities for public expression, peaceful political demands, dreams of freedom, etc. Studying these roles of music as forms of agency for young people can shed light on many aspects of their lives in the city of Port-Vila today.
    • ‪Is Music a “Safe Place”? The‪ ‪ ‪ ‪Creative and Reactive Construction of Urban Youth through Reggae Music ‪(Port Vila, Vanuatu) - Monika Stern accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Une urbanisation et un développement industriel rapides de Port-Vila, capitale du Vanuatu, ont fait émerger certaines formes de pauvreté et de fragilité sociale. Ces changements se reflètent dans les pratiques musicales urbaines, devenues essentielles dans la vie de nombreux jeunes. Ils utilisent la musique pour faire face à leur propre marginalisation. Plusieurs associations procurent l'accès facile à des instruments, à des cours et à des studios de répétition. La musique comporte des aspects éducatifs et est un moyen de socialisation au-delà des frontières sociales et culturelles. Elle créé des liens entre les musiciens, qui enrichissent ou remplacent d'anciens liens communautaires et de parenté. Enfin, la musique offre la possibilité d'une expression publique, de revendications pacifiques, de rêves de liberté, etc. Étudier ces rôles musicaux comme une forme d'action de la jeunesse peut éclairer de nombreux aspects de la vie de ces jeunes dans la ville de Port-Vila d'aujourd'hui.

      With the increasing urbanization and rapid industrial development of Port-Vila, the capital of Vanuatu, certain forms of poverty and social fragility have emerged. These changes are also reflected in urban music practices, which play a crucial role in the lives of many young people. Music is one of the ways in which youth can address marginalization. With the possibilities afforded by a number of associations, which provide musical instruments, classes and rehearsal studios, music has become more accessible to the young. It is a leisure activity with educational aspects, a means of socialization beyond social and cultural borders. It also cements networks between musicians that enrich or replace former family and community ties. Finally music offers opportunities for public expression, peaceful political demands, dreams of freedom, etc. Studying these roles of music as forms of agency for young people can shed light on many aspects of their lives in the city of Port-Vila today.
    • Haosgel : Parenté, classes sociales et transformations urbaines à Honiara, îles Salomon - Christine Jourdan p. 131-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À Honiara, capitale des îles Salomon, les maisonnées de la classe moyenne comportent souvent des jeunes filles qui viennent des zones rurales pour y travailler comme domestique (haosgel en pjin des Salomon). À partir de données recueillies pendant les quinze dernières années et, plus récemment, en 2015, cet article explore ce que c'est qu'être une haosgel à Honiara. Il met l'accent sur des aspects centraux de la vie de ces jeunes femmes : le pouvoir et la transformation des relations de parenté ; le rapport entre la vie urbaine et la domesticité et l'exploitation de leur travail par leur parenté. Soutenant l'idée que la présence des haosgel contribue au développement de la classe moyenne urbaine, j'analyse la façon dont ces jeunes femmes vivent cette situation complexe qui permet à leur famille urbaine, généralement mieux nantie financièrement que leur parents, de jouer sur les liens de parenté tout en agissant comme patrons.
      In Honiara, Solomon Islands, middle-class households routinely include young unmarried girls who hail from the villages to work as domestic help (haosgel in Solomon Islands Pijin) for their kin. Using data gathered in Honiara over the last 15 years, and more recently in 2015, the paper explores what is it to be a young haosgel in Honiara today while focusing on a set of issues that are central to the life of these young women: the power and transformation of kinship; the relationship between urban life and domesticity, and the link between agency, gender and resistance. Arguing that the presence of house girls contributes to the establishment of the middle-class, I seek to understand how these young women engage a complex situation in which their urban relatives, usually wealthier than their own parents, act out kinship while playing boss.
    • ‪ ‪Haosgel‪ ‪: Kinship, class and urban transformations‪‪ - Christine Jourdan accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À Honiara, capitale des îles Salomon, les maisonnées de la classe moyenne comportent souvent des jeunes filles qui viennent des zones rurales pour y travailler comme domestique (haosgel en pjin des Salomon). À partir de données recueillies pendant les quinze dernières années et, plus récemment, en 2015, cet article explore ce que c'est qu'être une haosgel à Honiara. Il met l'accent sur des aspects centraux de la vie de ces jeunes femmes : le pouvoir et la transformation des relations de parenté ; le rapport entre la vie urbaine et la domesticité et l'exploitation de leur travail par leur parenté. Soutenant l'idée que la présence des haosgel contribue au développement de la classe moyenne urbaine, j'analyse la façon dont ces jeunes femmes vivent cette situation complexe qui permet à leur famille urbaine, généralement mieux nantie financièrement que leur parents, de jouer sur les liens de parenté tout en agissant comme patrons.
      In Honiara, Solomon Islands, middle-class households routinely include young unmarried girls who hail from the villages to work as domestic help (haosgel in Solomon Islands Pijin) for their kin. Using data gathered in Honiara over the last 15 years, and more recently in 2015, the paper explores what is it to be a young haosgel in Honiara today while focusing on a set of issues that are central to the life of these young women: the power and transformation of kinship; the relationship between urban life and domesticity, and the link between agency, gender and resistance. Arguing that the presence of house girls contributes to the establishment of the middle-class, I seek to understand how these young women engage a complex situation in which their urban relatives, usually wealthier than their own parents, act out kinship while playing boss.
    • ‪Getting comfortable: gender, class and belonging in the ‘new' Port Moresby‪ - Ceridwen Spark p. 147-158 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Port-Moresby est régulièrement présentée comme un endroit dangereux pour les femmes. Même si certaines bénéficient plus que d'autres des transformations récentes qui ont eu lieu en ville, les développements en ville favorisent l'essor de nouveaux espaces urbains dans une ville qui restreint le mouvement des femmes. Dans cet article, j'explore l'idée de la géographe féministe Linda McDowell suivant laquelle la ville est un espace où la femme active et indépendante peut s'épanouir. En recourant à des groupes de discussions, des mèls et des photos envoyés par des femmes éduquées de la classe moyenne de Port-Moresby, je montre que les nouveaux espaces urbains sont des lieux paradoxaux, si ce n'est de libération. L'article montre à quel point les femmes de la ville sont contrôlées et comment les femmes de la classe moyenne peuvent obtenir un certain degré d'autonomie. Cependant, comme le montre Radice, les femmes doivent constamment renégocier l'impression de confort qu'elle acquièrent avec d'autres, y compris avec les gens dont la vie est moins confortable que la leur.
      ‪Port Moresby is consistently represented as a place that is dangerous for women. While recent transformations in the city have benefited some more than others, developments in the city are allowing for the creation of new ‘spatial texts' in a place notorious for constraining women. In this article, I explore feminist geographer Linda McDowell's idea that the city is a place in which the active, independent woman comes into her own. Drawing on focus groups, emails and photos sent to me by educated, ‘middle class' Papua New Guinean women living in Port Moresby, I demonstrate that the city's new places are paradoxical, even liberating places. The article reveals both the extent of women's subordination in the city and the emerging possibilities for middle class women to experience a degree of autonomy. Nevertheless as Radice notes, women must endlessly renegotiate their experience of comfort in relation to others, including those whose lives are less comfortable. ‪
    • ‪Kinship and relatedness in urban Papua New Guinea‪ - Fiona Hukula p. 159-170 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les premiers textes anthropologiques sur la Papouasie Nouvelle-Guinée urbaine ont insisté sur les liens de parenté ville-village, et sur la façon dont le village s'épand en ville et vice-versa. Bien que cela soit encore important, cet article met l'accent sur les liens sociaux et de parenté contemporains dans un quartier de Port-Moresby. Il montre comment les citadins établissent des liens sociaux de type familial en partageant de la nourriture, du temps et des idées. Utilisant le concept de wan dans des mots comme wantok (même langue), wanstrit (même rue) et wanlotu (même religion), ils indexent des relations quasi familiales construites par le partage des ressources, les soutiens offerts lors des mariages et des obsèques dans le quartier, et par l'intégration d'employeurs et d'employés à la famille. Même si la parenté est contrainte de bien des façons, elle est mise en scène sous des formes enracinées dans l'espace et le monde urbain, et le village.
      ‪Early anthropological literature on urban Port Moresby (Papua New Guinea) highlights the importance of urban-rural kin connections and the village flows into town and vice versa. While this is still important, this article focuses on contemporary kinship and relatedness in an urban settlement in Port Moresby and how relations there are made evident through everyday actions of exchange and sharing of food, time, and consideration. People in town build kin-like relations using the concept of wan, particularly wantok (same language), wanstrit (same street), and wanlotu (same religion), as they share resources, support neighbourhood marriage and funerary rituals, and as employers and employees become kin. Kinship in Port Moresby, though constrained in many ways, is acted out in forms that are rooted in urban place, space, and home.‪
    • ‪« Forcer n'est pas violer ». Violences sexuelles faites aux femmes dans un quartier défavorisé de Port-Vila‪ - Alice Servy p. 171-184 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour remédier aux violences physiques et sexuelles faites aux femmes au Vanuatu, des actions de sensibilisation, principalement financées par des bailleurs de fonds étrangers, ont été mises en place dans cet archipel mélanésien. Le milieu urbain constitue un espace privilégié pour la diffusion des messages de prévention, non seulement en raison des moyens de transport et de communication, mais aussi parce que l'image de la ville est perçue comme associée à la modernité, au désordre et à l'insécurité. Des résistances aux messages des organisations de prévention se font jour car leurs conceptions du viol, de la justice et du droit véhiculent d'autres valeurs et représentations de la personne que celles de la plupart des hommes et des femmes auprès desquelles elles interviennent. Elles prônent en l'occurrence un changement profond des rapports de genre et mettent l'accent sur la victime plutôt que sur les relations familiales.


      ‪Physical and sexual violence against women is common in Vanuatu, and awareness activities, mainly funded by international donors, are conducted to address this issue. ‪The present paper shows that urban areas of this Melanesian archipelago are privileged places to spread prevention messages because of modern means of communication and transportation, and also because of representations linking towns to disorder, modernity and insecurity. It also argues that awareness organizations face resistances from the women and men targeted because their perceptions of rape, justice and rights convey other hierarchies of values and conceptualizations of personhood. These organizations advocate change in gender relations and focus on individual victims rather than on family relationships.
    • ‪Migration, urbanisation et émergence des transgenres wallisiennes dans la ville de Nouméa‪ - Maroua Marmouch p. 185-194 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis quelques décennies, à Nouméa, chef-lieu de la collectivité d'outre-mer française de Nouvelle-Calédonie, les transgenres (hommes pour femmes) d'origine wallisienne ont acquis une visibilité croissante. La plupart d'entre elles affichent une performance de genre permanente, à travers l'habillement et le maquillage, et sont réputées s'adonner à la prostitution (tai'ata). Dans l'île d'origine, Wallis-et-Futuna, leurs consœurs fakafafine (les transgenres locales) restent en revanche discrètes dans leur performance de genre et le tai'ata y est inconnu. Il s'agit dans cet article de décrire et de comprendre dans une perspective historique le phénomène des transgenres wallisiennes à Nouméa, et son rapport aux mutations urbaines, afin d'expliquer les raisons de leur visibilité croissante. Cet article suggère qu'elle est liée aux transformations démographiques, sociales et économiques survenues à partir des années 1970 dans la ville de Nouméa.
      ‪Over the last decades, transgenders (Male to Female) of Wallisian origins have gained increasing visibility in Nouméa, New Caledonia. By now, most of them have adopted a permanent gender performance, which they express through dressing style and make up. They are widely associated with street sex work (tai'ata). Back in their place of origin, Wallis and Futuna, local transgenders, the fakafafine, are keeping a low profile gender performance and tai'ata is unknown. In this paper, we will describe the phenomenon of Wallisian transgender in Nouméa, and their relation to urban transformations, in order to understand the reasons of their increasing visibility. This paper suggests that their visibility needs to be understood in relation to demographic, social and economical transformations which affected Nouméa since the 1970s.‪
    • ‪Mobile telephones as public sphere in peri-urban Papua New Guinea‪ - David Lipset p. 195-208 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les villes de Papouasie Nouvelle-Guinée, l'utilisation du téléphone portable et l'opinion que les gens en ont peuvent être compris comme une sorte d'espace social habermassien, même s'il s'agit d'un espace et d'un discours moral typiquement mélanesien. Autrement dit, la notion de « public » n'est ici pas très différente de ce qu'est l'État ou le domaine privé. En png, les citoyens utilisent le téléphone portable non seulement pour critiquer la légitimité de l'État postcolonial, mais aussi pour se plaindre des manquements moraux de la nation. Ce faisant, ils passent aussi des appels pour des raisons légitimes, raisons qui leur permettent d'atteindre des buts précis, en affirmant des valeurs précises, anciennes ou nouvelles.


      ‪In urban Papua New Guinea (png), attitudes about and uses of mobile phones may be construed as a kind of a Habermasian public sphere, albeit one whose moral space and discourse is characteristically Melanesian. That is to say, the notion of “public” is not sharply differentiated either from the state or the private domain. In png, the citizenry assess mobile phone use not to only criticize the legitimacy of the postcolonial state, but also complain about the moral failings of the nation. Meanwhile, as they do so, they make calls for legitimate purposes, purposes that help them attain particularistic goals and assert particularistic values, both old and new.‪

    • ‪Facebook and urban kinship in Suva, Fiji‪ - Karen J. Brison p. 209-220 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Facebook reflète et renforce de nouveaux schémas sociaux créés par les défis que les jeunes et les femmes apparentés, dotés d'un bon travail en ville, lancent à la stratification en terme d'âge et de genre qui existe au sein des relations de parenté. Ces changements sont aussi le fait d'une classe moyenne fidjienne en émergence qui s'identifie à la classe moyenne transnationale et souhaite émigrer outre-mer après des décennies d'instabilité politique. Les messages sur facebook reflètent et renforcent une distanciation par rapport à la hiérarchie traditionnelle basée sur l'âge et le genre au profit d'une stratification basée sur la classe sociale. Ces changements ont également lieu dans les modes de socialité qui existent en dehors de facebook.
      ‪Facebook both reflects and reinforces emerging patterns in kinship among urban indigenous Fijians created by challenges to age and gender stratification posed by younger and female relatives with good jobs in town. Changes are also created by an emerging indigenous Fijian middle class who identify with a transnational middle class and have aspirations to migrate overseas in the wake of three decades of political instability. Facebook posts reflect and reinforce movements away from traditional age and gender hierarchies and toward social class stratification. These changes are also found in changing modes of sociality outside of Facebook. ‪
  • Hors dossier

    • ‪Malaise dans la colonisation. Pour une clinique de la délinquance juvénile en pays kanak‪ - Umberto Cugola p. 221-238 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Depuis plusieurs années maintenant, la Nouvelle-Calédonie s'alarme sur un mal-être de sa jeunesse : suicide, addictions, conduites à risques… et la délinquance juvénile, qui est le phénomène du moment au regard de l'actualité locale. Elle touche principalement les Kanak, ceux des tribus proches de Nouméa, ceux des quartiers de la ville aussi, mais pas que. Le phénomène met en difficulté le sens commun quand il tente de comprendre ce type de comportement. Car l'opinion publique tend à jeter l'opprobre sur une jeunesse qui en plus d'être en difficulté se voit chargée d'une responsabilité pleine et entière de ses actes. Or, s'il existe une justice des mineurs, c'est bien parce qu'une part de cette responsabilité est tout autant celle de la famille et, avec elle, de la société. Nous développerons dans cette contribution l'idée que la délinquance juvénile en pays kanak est le symptôme d'une société calédonienne elle-même souffrante. C'est en quoi une clinique du sujet est à mener en lien étroit à une clinique du social pour écarter les évidences que donnent à voir le phénomène.
      ‪For several years, New Caledonia has been worrying about its youth's malaise and discontent as exemplified in suicides, addictions, risky behaviour and juvenile delinquency, the latter being the salient phenomenon in the local news. This mainly strikes the Kanak, those living in tribes close to Nouméa, as well as those living within urban Nouméa, but not only. It is difficult to understand such behaviour and phenomenon from the perspective of common sense. Public opinion tends to condemn this youth which, along with being helpless is laden with complete responsibility for their acts. However, the very existence of special courts for the underage points to part of the responsibility being that of the family and of society. In this contribution, we will develop the idea that juvenile delinquency in Kanak country is itself the symptom of a suffering Caledonian society. This is why a clinical approach of the subject should be conducted in close association with a clinical approach of the social. This in order to get rid of some of the all too obvious interpretations of this phenomenon.‪
    • Les échos du passé. Enquête sur les débuts du Palika à Koné (Nouvelle-Calédonie, années 1970) - Benoît Trépied p. 239-252 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les années 1970, la revendication d'indépendance kanak en Nouvelle-Calédonie a été portée par de nombreuses organisations partisanes, dont les principales étaient l'Union calédonienne et le Parti de libération kanak (Palika). En prenant appui sur une enquête ethnographique menée dans la commune rurale de Koné, cet article examine les logiques politiques et sociales de la différenciation entre ces deux partis. Au-delà des contextes historiques et des référents idéologiques et stratégiques distincts, l'implantation pratique du Palika à Koné reposait sur des clivages générationnels et territoriaux spécifiques, construits selon des modes d'historicité différents, qui révélaient des représentations kanak particulières du politique « sur le temps long », englobant et dépassant la seule problématique coloniale.
      In the 1970s, the Kanak claim for independence in New Caledonia was held by many political parties, including two major ones, the Union calédonienne and the Parti de libération kanak (Palika). Through ethnographic description of the rural municipality of Koné, this article stresses the political and social logics undermining the distinction between both parties. Apart from differences of contexts, strategies and ideologies, the practical implementation of the Palika in Koné relied on specific generational and territorial cleavages, elaborated through different modes of historicity, that revealed Kanak representations of politics “on the long run”, including and going beyond the colonial issue.
    • ‪L'île des Pins et ses relations avec la Polynésie. Données archéologiques et particularités stylistiques‪ - Louis Lagarde p. 253-268 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Un important travail de recherches archéologiques a été mené sur l'île des Pins entre 2006 et 2010 par le département Archéologie de Nouvelle-Calédonie, devenu iancp. À l'issue de celui-ci, de nouvelles données archéologiques sur le dernier millénaire, notamment la preuve d'une introduction pré-européenne du coq bankhiva, sont à mettre en rapport avec les témoignages de contacts déjà connus entre la Polynésie occidentale et l'île des Pins au cours des derniers siècles. Nous proposons, dans cet article, de poser un regard nouveau sur la production artistique de l'île des Pins dont une partie évoque stylistiquement, à partir d'un canon de représentations très différent des autres productions de la statuaire kanak, celle des artistes de Polynésie occidentale ou centrale.
      ‪An important archaeological program has been undertaken on the Isle of Pines between 2006 and 2010 by the New Caledonia Archaeology Department, now the ‪‪iancp‪‪. This has provided new data, particularly on the second millennium ‪‪ad‪‪, such as the evidence for the recent, yet pre-european introduction of chicken (‪‪Gallus gallus‪‪). This piece of information is to be linked with oral testimonies of contacts between western Polynesia and the Isle of Pines in the past few centuries. In this paper, we suggest a new approach to some of this island's artistic production which, being already very different to other works of traditional kanak sculpture, bears some resemblance with the art of western or even central Polynesia.‪
    • ‪Le « cycle de jade » kanak. Réévaluation archéologique d'un réseau d'échanges traditionnels (Mélanésie du Sud)‪ - Christophe Sand, Russell Beck, Yoshiyuki Iizuka, Christophe Adams p. 269-298 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À l'arrivée des navigateurs européens, à la fin du xviii e siècle, les chefferies kanak des différentes îles de la Nouvelle-Calédonie étaient en relations formalisées à courte et moyenne distance grâce au fonctionnement de différents réseaux d'échanges, dont le plus célèbre décrit ethnographiquement est connu sous le nom de « cycle du jade ». Standardisé par l'ethnologie du xx e siècle en un axe unique d'échange, principalement à partir d'une source de « jade » de l'île Ouen, avec la fabrication de grandes lames ovales permettant la réalisation de « haches ostensoir » ainsi que de perles arrondies pour des colliers-monnaies, ce « cycle de jade » s'enrichit aujourd'hui avec la découverte d'une résurgence de filon de néphrite sur la côte Est de la Grande Terre. Ceci nécessite de reconsidérer la complexité des productions d'objets et des formes d'échanges formalisés existant dans « l'ensemble culturel traditionnel kanak » de pré-contact mais également durant la période coloniale.


      ‪At first European contact at the end of the 18th century, the Kanak chiefdoms of the different Islands of New Caledonia were in formal short and long distance connections through a series of exchange networks. From ethnographic studies, the best known is the ‘Jade cycle'. This cycle was standardized by anthropological work in the 20th century as a unidirectional network mainly from a ‘jade' source located on Ouen Island, used to produce large oval-shaped blades of “ostensoir axes” and also rounded beads for traditional necklace-money. This ‘jade cycle' becomes more complicated with the recent discovery of a nephrite jade source on the east coast of Grande Terre, the main island of the archipelago. It is important to reconsider the complexity of object production and of the exchanges networks during the pre and post-contact “Traditional Kanak Cultural Complex.‪

    • ‪Du sperme au sang : métamorphoses de la parenté et de la société baruya (Papouasie Nouvelle-Guinée)‪ - Anne-Sylvie Malbrancke p. 299-314 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Partant d'une analyse longitudinale des mariages chez les Baruya de Papouasie Nouvelle-Guinée, cet article revisite leurs croyances et pratiques relatives aux substances corporelles, ainsi que les idéologies associées qui structurent les relations entre les sexes. Sans déduire de causalité mécanique entre les divers phénomènes abordés ici, je cherche à montrer que les « métamorphoses de la parenté » baruya s'accompagnent et sont reflétées par des glissements symboliques importants dans les représentations des substances vitales en jeu dans la conception de la procréation, la fabrication de la personne et le partage de l'identité. Ces recompositions sont étroitement liées à de nouvelles normes guidant les comportements sociaux et sexuels entre hommes et femmes. Je cherche à replacer cette recherche dans les débats actuels centrés sur le changement socioculturel et à envisager ces mutations de valeurs socio-culturelles en les articulant avec les permanences observées sur plusieurs plans de la vie sociale baruya.


      ‪This paper revisits our understanding of bodily substance beliefs and practices based on longitudinal analysis of changes in matrimonial practice and associated sociocultural transformations among the Baruya of Papua New Guinea. Eschewing mechanical causality, I attempt to demonstrate that Baruya “metamorphoses of kinship” go with and are reflected in symbolic shifts in the conceptualization of vital substances involved in the representation of procreation, the making of a person, and consubstantiality. These transformations are closely intertwined with rethought and recast norms guiding social and sexual behaviors between men and women. I attempt to inscribe this research within current anthropological debates about social change, and to approach these variations in socio-cultural values by articulating them with what appears to be strong continuity within Baruya social life. ‪

    • ‪Évolution de la pratique de pêche aux ature (Selar crumenophthalmus) à Opunohu-Moorea (Polynésie française)‪ - Pauline Fabre, Tamatoa Bambridge p. 315-328 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article concerne la pêche aux ature (ou chinchard en français), un poisson pélagique saisonnier très apprécié par les Polynésiens. Il décrit l'évolution de cette pêche depuis les années 1960 à nos jours dans la baie de Opunohu à Moorea. Les nouvelles normes environnementales, l'urbanisation croissante de Moorea, ont induits des changements dans les représentations, les discours et les pratiques des pêcheurs. La méthodologie conduite est fondée sur des entretiens non directifs et sur l'observation – participante entre janvier et juin 2015. L'analyse de ces recompositions induites porte sur la reformulation de la conscience environnementale des pêcheurs, les rapports conflictuels et la transformation du statut socio-économique de cette pêche.
      This article deals with ature fishing (bigeye scad), a very popular seasonal pelagic species in French Polynesia. It describes the fishing evolution in Opunohu bay since the sixties. New environmental norms and urbanization process in Moorea Island brought changes in fishermen representations, speeches and practices. We used a method based on qualitative interviews and participant observations in 2015 between January and June. Analysis dedicated to that changes focused on new environmental awareness for fishermen, contentious relationships and modifications in the socioeconomic statute of bigeye scad fishing.
    • ‪Les tuputupua : ancêtres protecteurs et animaux tutélaires aux Tuamotu‪ - Florian Prévost p. 329-344 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Aux Tuamotu, Eugène Caillot fut l'un des premiers à fournir des informations sur les pratiques liées au culte des ancêtres. Si les études sur le sujet ont permis de mettre en lumière certains aspects de la conception de la vie après la mort des Paumotu, d'autres éléments sont restés plus confidentiels. Ainsi, la réincarnation des ancêtres sous une forme animale, bien que mentionnée, n'a jusqu'ici pas fait l'objet d'une étude à part entière. Pourtant dans les mémoires des autochtones, les récits relatifs à ces entités qu'ils ont nommées tuputupua, sont encore vivaces. Ce travail propose donc d'étudier les interactions entre tuputupua et le groupe de descendance qui leur est affilié. Pour se faire, nous nous sommes essentiellement basé sur un corpus de traditions orales de l'aire dialectale Tapuhoe, correspondant au centre de l'archipel des Tuamotu.
      In the Tuamotu archipelago, Eugène Caillot was one of the first to give information about practices associated with the ancestors' cult. If studies on the matter were able to enlighten certain aspects of Paumotu's life after death conception, some elements remained more confidential. Indeed, reincarnation of ancestors in an animal shape, though mentioned, had not constituted a specific study to this day. However tales about those entities, Paumotu had named tuputupua are still vivid in their memories. This work proposes to study interactions between tuputupua and affiliated group of descents. In order to do so, we focused on a collection of oral traditions issued from the linguistic area of Tapuhoe which is located at the center of the Tuamotu archipelago.
  • Miscellanées

  • Comptes rendus

  • Actes et actualités