Contenu du sommaire : Finance et croissance
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 127, 3ème trimestre 2017 |
Titre du numéro | Finance et croissance |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Laurent Clerc, Jézabel Couppey-Soubeyran p. 9-18
La finance : un facteur clé du développement économique ?
- Effets structurels du développement financier sur la croissance et les inégalités - Boris Cournède, Catherine L. Mann p. 21-36 Les pays de l'OCDE ont vécu un processus de financiarisation d'une ampleur considérable au cours des cinquante dernières années. Celui-ci s'est en outre accompagné de profondes transformations incluant notamment un fort basculement de la distribution du crédit en faveur des ménages au détriment des entreprises et, après 2000, un assèchement de l'apport de capitaux par les marchés boursiers. Un éventail d'analyses économétriques souligne que ces développements ont eu pour conséquence d'affaiblir la croissance de long terme. En effet, aux niveaux atteints dans les pays de l'OCDE, une augmentation du ratio « crédit/PIB » se traduit par un ralentissement de la croissance, en particulier lorsque les prêts sont destinés aux ménages, tandis que l'expansion du financement par actions renforce l'expansion économique. De surcroît, la financiarisation des économies de l'OCDE contribue au creusement des inégalités. Dans ces conditions, il est important de privilégier les politiques macroprudentielles qui optimisent les arbitrages entre stabilité et croissance.Classification JEL : D14, D63, G1, G2.The size of the financial sector has massively expanded across OECD countries over the past fifty years. This process has involved deep structural changes including a debt shift away from business towards household credit and, after 2000, a withering in the flow of equity capital that stock markets provide. A series of econometric studies show that these changes have contributed to slowing down potential growth. At the levels of financial development observed in OECD countries, further increases in credit-GDP ratios translate into slower trend growth, especially when lending goes to households, while additional stockmarket funding boosts growth. Moreover, these trends have contributed to widening inequalities. Against this background, there is a case for policymakers to focus on macroprudential policy tools that optimise growth-stability trade-offs.Classification JEL: D14, D63, G1, G2.
- À quoi servent les (centaines de milliers de milliards de) transactions boursières ? - Gunther Capelle-Blancard p. 37-58 Depuis la crise, plusieurs études académiques ont mis en évidence le développement parfois excessif de la sphère financière. Dans cet article, nous nous interrogeons spécifiquement sur la très forte tendance à la hausse des transactions boursières observée depuis les années 1980. Au niveau mondial, les échanges sur les marchés actions s'élèvent aujourd'hui à plus de 100 000 Md$ chaque année, ce qui équivaut à près de 150 % du PIB, contre seulement 5 % en 1975. Quelle est « l'utilité sociale » d'une telle activité ? La liquidité des marchés de capitaux est certes un déterminant essentiel du coût des financements, et donc de la croissance économique. Mais il y a tout lieu de penser que l'effet marginal soit décroissant. De nombreux travaux, théoriques et empiriques, suggèrent même qu'au-delà d'un certain seuil, l'augmentation des transactions a un effet négatif lié au fait que : (1) les entreprises pâtissent du raccourcissement de l'horizon de placement des investisseurs alors qu'elles ont besoin d'investisseurs de long terme ; (2) les investisseurs ont tendance à réaliser trop de transactions, ce qui nuit à leurs performances ; (3) cela s'accompagne d'une opacité croissance et d'une défiance de plus en plus forte vis-à-vis des marchés. Quelques rares mesures ont été prises pour, si ce n'est réduire, au moins limiter la croissance des transactions boursières, avec une efficacité très limitée. Seule une réforme en profondeur de l'organisation des marchés pourrait, semble-t-il, inverser la tendance. Au final, les enjeux dépassent la question du volume de transactions et portent sur la finalité des marchés boursiers.Classification JEL : F38, G10.Since the financial crisis, several academic studies have highlighted the excessive growth of the financial sector. In this article, we focus specifically on the sharp upward trend in stock trading since the 1980s. Globally, trading in equity markets have now hit over $100,000 billion, equivalent to nearly 150% of GDP, compared with only 5% in 1975. What is the “social utility” of all these trades? Stock market liquidity is undoubtedly a key factor in the cost of capital and, as such, a determinant of economic growth. However, the marginal effect is likely decreasing. Moreover, many theoretical and empirical studies suggest that above a certain threshold, trading has a negative effect since: (1) companies benefit from the involvement of long-term investors; (2) investors tend to perform too many trades; and (3) it comes at the expense of transparency and erodes the trust vis-à-vis stock markets. A handful of measures have been taken to limit the growth in stock trading, but these have had only a very limited effect. Only comprehensive reform of the architecture of stock markets could reverse this trend. Ultimately, these issues take us deeper than trading volume to question the very purpose of stock markets.Classification JEL: G10, F38.
- Les garanties publiques du crédit aux PME sont-elles efficientes ? Les enseignements d'une enquête officielle internationale - Sebastian Schich p. 59-80 Bien que les petites entreprises soient d'importants moteurs potentiels de la croissance réelle de l'activité économique, elles sont considérées comme ayant un accès limité aux financements. Cette situation a motivé une intervention politique visant à faciliter leur financement. Les politiques de soutien aux PME revêtent diverses formes et incluent notamment la fourniture de garanties partielles au moyen de dispositifs publics de garantie du crédit pour les crédits accordés par les banques aux PME. Les décideurs ont reconnu la nécessité d'évaluer la performance de ces dispositifs, en particulier dans la mesure où de telles évaluations peuvent être utiles pour modifier la conception des programmes de garanties financières existants afin qu'ils fonctionnent de manière plus efficace. Les résultats d'une enquête OCDE/CE portant sur l'évaluation des programmes publics de garanties financières dédiés aux PME suggèrent toutefois qu'il existe un décalage considérable dans de nombreux pays entre les pratiques réelles et ce qui pourrait être considéré comme de « bonnes pratiques » en matière d'évaluation de la performance de ces dispositifs. De nombreux décideurs politiques semblent croire aux bénéfices économiques nets générés par de tels dispositifs de soutien aux PME au point de ne pas se sentir obligés de produire des « preuves concrètes » à l'appui de ce point de vue.Classification JEL : G38, L53.While small firms are important potential drivers of real economic activity growth, they are considered as lacking access to finance. This situation has motivated policy intervention to facilitate their funding. Policy support for SMEs takes various forms and includes in particular the provision of partial guarantees by publicly supported credit guarantee arrangements for credit extended by banks to SMEs. Policy makers have recognised the need for evaluating the performance of such arrangements, especially as such evaluations can be helpful in changing the design of existing financial guarantee programmes, so as to make them operate more effectively. The results from an OECD/EC survey on evaluating publicly supported financial guarantee programmes for SMEs suggest however that there is considerable discrepancy in many countries between actual practises and what might be considered “good practises” in assessing the performance of these arrangements. Many policy makers appear to trust in the net economic benefits generated by such support arrangements for SMEs to such an extent that they do not feel obliged to produce “hard evidence” in support of this view.Classification JEL: G38, L53.
- Effets structurels du développement financier sur la croissance et les inégalités - Boris Cournède, Catherine L. Mann p. 21-36
La finance : une source de fragilité ?
- Non-linéarités dans la relation entre finance et croissance - Ugo Panizza p. 83-94 Cet article examine la littérature empirique sur les liens entre finance et croissance en mettant l'accent sur la littérature empirique qui a montré que la contribution marginale du développement financier à la croissance économique devient négative dans les pays dotés d'importants secteurs financiers (effet « trop de finance »). Cet article évalue ensuite la validité empirique et théorique de récentes critiques formulées envers cette littérature et conclut en proposant quelques pistes de recherche pour l'avenir en vue d'identifier par quels canaux un secteur financier très important peut entraîner un ralentissement de la croissance économique.Classification JEL : F36, G10, O16, O40.This paper reviews the empirical literature on the links between finance and growth with a special focus on the empirical literature that has shown that the marginal contribution of financial depth to economic growth becomes negative in countries with large financial sectors (the “too much finance” result). It then assesses the empirical and theoretical validity of recent criticisms to this literature and concludes by discussing avenues for future research aimed at identifying the channels through which a very large financial sector can slow down economic growth.Classification JEL: F36, G10, O16, O40.
- L'expansion du crédit : moteur de croissance ou prélude à la crise ? - Paul Wachtel p. 95-106 Jusqu'à peu, deux domaines de la recherche économique pourtant étroitement liés n'avaient jamais été étudiés conjointement. Il s'agit, d'une part, de la littérature sur le lien entre finance et croissance qui a démontré que les pays à forte profondeur financière affichent une croissance plus rapide et, d'autre part, de la littérature sur le crédit et les crises financières qui a démontré que les crises financières et les récessions sont généralement précédées d'une expansion rapide du crédit. Ainsi l'expansion du crédit et les booms du crédit ont des incidences parfois positives, parfois négatives. Ces dernières années, des efforts ont été mis en œuvre pour recouper les deux littératures. Cet article examine ces littératures et décrit les récents efforts entrepris pour rapprocher les deux relations. Le sujet nécessite bien davantage de travail, mais il est important que les décideurs puissent distinguer une expansion du crédit positive et favorable à la croissance d'un boom négatif et facteur de crise.Classification JEL : E10, E32, E44, G01, G21, O40.There are two areas of economic research that are closely related but have until recently developed independently. The first is the literature on the finance growth nexus that has shown how countries with greater financial depth grow more rapidly. The second is the literature on credit and financial crises that has shown that financial crises and recessions are usually preceded by rapid expansion of credit. Thus, credit deepening and credit booms are sometimes beneficial and sometimes not. In the last few years, there have been efforts to reconcile the two literatures. This paper reviews the two literatures and describes recent efforts to reconcile the two relationships. Much more work is required but it is important for policy makers to be able to distinguish good, growth enhancing credit booms from bad, crisis inducing ones.Classification JEL: E10, E32, E44, G01, G21, O40.
- Développement financier et fragilité financière : les deux faces d'une même médaille ? - Svetlana Andrianova, Panicos O. Demetriades p. 107-120 Cet article met en évidence trois facteurs interdépendants pouvant expliquer la récente rupture du lien entre le financement par les banques et la croissance, à savoir l'exploitation (parfois abusive) de ce lien par les responsables politiques, la capture par les élites dirigeantes et les contraintes institutionnelles. Cet article parvient à la conclusion que pour restaurer la capacité des banques à stimuler la croissance, il faut réduire l'influence des élites dirigeantes sur la règle de droit ainsi que sur la réglementation et la surveillance financières.Classification JEL : G21, G28, H80.The paper puts forward three inter-related reasons that explain the recent breakdown of the (bank-based) finance-growth nexus, comprising the use (or abuse) of the relationship by policy-makers, capture by ruling elites and institutional constraints. It concludes that in order to restore the ability of banks to promote growth, the influence of ruling elites on rule of law, financial regulation and supervision needs to be minimized.Classification JEL: G21, G28, H80.
- Finance, crises et croissance - Thomas Grjebine, Fabien Tripier p. 121-134 Cet article est consacré aux liens entre la finance et les performances macroéconomiques. Il étudie en particulier la distinction entre les effets de court terme, associés au cycle et aux crises économiques, et ceux de long terme, associés à la croissance économique. Après une présentation des résultats récents sur ces deux différents effets, les auteurs montrent comment la notion d'hystérèse permet de les analyser conjointement. Ils montrent en particulier que si une forte croissance financière s'accompagne généralement d'une croissance économique plus forte au cours d'un cycle économique, elle réduit la croissance au cours des cycles suivants en raison d'effets d'hystérèse.Classification JEL : E10, E32, G00, O40.This article studies the links between the financial sector and macroeconomic performances. The focus of the study is on the distinction between the short-run effects, associated to cycles and crisis, and the long-run effects, associated to economic growth. After presenting these different effects, the authors show how the concept of hysteresis allows to analyze the interactions between them. In particular, they show that if a higher growth of financial activity comes together with a stronger economic growth during one cycle, it reduces economic growth for future cycles because of the hysteresis phenomenon.Classification JEL: E10, E32, G00, O40.
- Développement financier, ouverture commerciale et croissance durant la première vague de mondialisation - Alexandra D'Onofrio, Peter L. Rousseau p. 135-146 Le développement financier et le commerce international se sont-ils renforcés mutuellement et ont-ils tiré la croissance économique il y a plus d'un siècle ? Nous étudions ces liens au sein de dix-sept pays durant la première vague de mondialisation économique (1850-1929). Des panels dynamiques portant sur plusieurs pays ainsi que des vecteurs autorégressifs (VAR) et des modèles vectoriels à correction d'erreur (VECM) pour chaque pays indiquent que le développement financier stimulait à la fois le commerce et la croissance à l'époque, tandis que le commerce répondait largement au développement financier.Classification JEL : C32, F10, N11, N13, O40.Did financial development and international trade reinforce each other and drive economic growth more than a century ago? We investigate these linkages among 17 countries during the first wave of economic globalization (1850-1929). Cross-country dynamic panels as well as VARs and VECMs for individual countries indicate that financial development led both trade and growth at this time, while trade largely responded to financial development.Classification JEL: , C32, F10, N11, N13, O40.
- Croissance du crédit, bulles rationnelles et efficience économique - Xavier Freixas p. 147-170 Les études empiriques récentes ont démontré qu'une croissance excessive du crédit et l'émergence de bulles augmentaient la probabilité d'une crise systémique. Bien qu'aucun lien de causalité entre croissance du crédit et crises systémiques n'ait été empiriquement établi, il semble raisonnable de penser qu'une croissance excessive du crédit va de pair avec la formation de bulles, dont l'éclatement déclenche une crise systémique. Cet article est consacré à l'étude des différents liens qui existent entre, d'une part, l'offre de crédit et la demande d'actifs susceptibles de créer une bulle et, d'autre part, leur incidence sur l'émergence de bulles rationnelles dans une économie dynamique à générations imbriquées. Nous soutenons que ce cadre devrait permettre d'analyser quelques compromis clés de politique macroprudentielle et d'évaluer les effets de certains instruments microprudentiels et macroprudentiels classiques.Classification JEL : D53, G01, G21.It has been shown empirically that excessive credit growth and the emergence of bubbles increase the likelihood of a systemic crisis. While no causality between credit growth and systemic crises has been empirically established, it seems reasonable to think that excessive credit growth goes hand in hand with the emergence of bubbles and that it is their bursting that triggers a systemic crisis. This article is devoted to explore the different links between the demand for bubbly assets and the supply of credit and their impact on the emergence of rational bubbles in a dynamic over- lapping generations economy. We argue that this framework should allow to analyze some key trade-offs of macroprudential policy and assess the impact of some of the classical micro and macroprudential instruments.Classification JEL: , D53, G01, G21.
- Non-linéarités dans la relation entre finance et croissance - Ugo Panizza p. 83-94
Finance, innovations et productivité
- L'opportunité de la FinTech - Thomas Philippon p. 173-206 Cet article évalue l'incidence potentielle de la FinTech sur le secteur de la finance, en mettant l'accent sur la stabilité financière et l'accès aux services. Je démontre en premier lieu que les services financiers demeurent étonnamment onéreux, ce qui explique l'apparition de nouveaux entrants. Je soutiens ensuite que l'actuelle approche réglementaire entraîne des coûts d'économie politique et de coordination considérables et qu'il est dès lors peu probable qu'elle initie beaucoup de changements structurels. La FinTech, quant à elle, peut apporter de profonds changements, mais risque de susciter d'importants défis réglementaires.Classification JEL : E2, G2, N2.This paper assesses the potential impact of Fin
Tech on the finance industry, focusing on financial stability and access to services. I document first that financial services remain surprisingly expensive, which explains the emergence of new entrants. I then argue that the current regulatory approach is subject to significant political economy and coordination costs, and therefore unlikely to deliver much structural change. FinTech, on the other hand, can bring deep changes but is likely to create significant regulatory challenges.Classification JEL: E2, G2, N2. - L'intermédiation financière à l'époque des FinTechs : le rôle des plateformes de crowdlending - Olena Havrylchyk, Marianne Verdier p. 207-222 Dans cet article, nous analysons le rôle des plateformes de crowdlending dans l'intermédiation financière. Ces plateformes jouent un rôle de courtier, permettant la rencontre sur Internet entre une offre et une demande de financement, selon son risque et sa maturité. Contrairement aux banques, les plateformes de crowdlending ne font pas de transformation de maturité et de risque. Cependant elles sont susceptibles de créer des marchés secondaires qui rendent possible l'échange de contrats de prêt. Certaines tentent aussi d'offrir des revenus fixes aux prêteurs. Les régulateurs doivent s'assurer que les plateformes agissent dans l'intérêt des prêteurs, afin que cette activité d'intermédiation soit réalisée de façon efficace, tout en limitant les risques pour la stabilité du système financier.Classification JEL : D40, G01, G21, G23, O33.This articles studies the role of P2P lending platforms in the financial intermediation. Online platforms allow matching credit demand with credit supply according to various risk and risk characteristics. Unlike banks, P2P lending platforms do not transform maturity and risk. However, they can organize secondary markets that allow an exchange of credit contracts. Some platforms attempt to provide a fixed revenue stream to lenders. The regulators have to ensure that platforms act in the interest of lenders to achieve efficient and stable financial intermediation.Classification JEL: D40, G01, G21, G23, O33.
- Finance globale, cycle financier et stabilité macroéconomique - Michel Aglietta p. 223-236 Depuis les années 1980, la finance s'est développée dans le monde entier. Elle n'a pas eu d'effet favorable sur la croissance à long terme, ni sur la stabilité économique. Car la finance est loin des vertus qui lui sont prêtées : efficience et transparence. C'est une imbrication de réseaux complexes et opaques constituant des systèmes dynamiques.Ces systèmes propagent les chocs selon une logique de momentum produite par l'interaction de l'endettement et du mouvement des prix des actifs. Son expression macroéconomique est le cycle financier. Dans cette dynamique l'opacité du système nourrit les vulnérabilités financières qui demeurent cachées dans la phase euphorique et qui se révèlent après le retournement. La crise est donc endogène au cycle financier.Le cycle financier a un impact macroéconomique considérable à travers l'accélérateur financier, tant sur l'offre productive que sur la demande effective. Selon l'ampleur de l'endettement, puis du désendettement au sein du cycle, une multiplicité d'équilibres est possible. Certains d'entre eux sont qualifiés de « stagnation séculaire ».Classification JEL : E32, E44.From the 1980s onwards, finance has turned global without much positive impact on long-run growth and economic stability. Contrary the assumption of efficiency and transparency, finance is a network of complex and opaque networks that nurture uncertainty.Such dynamic systems are endogenously driven by the interaction of indebtedness and asset prices, generating momentum that shows up in the financial cycle. The dynamic feeds in financial vulnerabilities that remain inconspicuous during the euphoric stage of the cycle and burst out at the turning point (Minsky's moment). It means that the crisis is endogenous to the financial cycle.The financial cycle impacts the macro economy in activating the financial accelerator. Both supply side factors and effective demand are hit. Depending on the magnitude of the leveraging/ deleveraging process, multiple macro equilibria are possible, including secular stagnation.Classification JEL: E32, E44.
- Climat, finance et croissance : l'introuvable tango à trois des modèles économie-climat ? - Étienne Espagne p. 237-252 Cet article propose une synthèse de la littérature émergente sur le triptyque climat-finance-croissance et met en évidence les apports et les limites des modèles intégrés économie-climat dans l'analyse des mécanismes de ce triptyque. Dans une première partie, nous montrons comment les modèles integrated assessment models (ou modèles IAM), notamment le DICE développé par Nordhaus (2014) font (abusivement) primer la croissance sur les dommages que le climat pourrait engendrer. Les investissements dans un secteur bas carbone y entraînent systématiquement un effet d'éviction pour les autres secteurs, avec des conséquences souvent préjudiciables pour l'activité à court comme à long terme. De plus, une telle re-allocation des investissements ne peut pas provoquer de turbulences sur des marchés financiers supposés parfaits. Enfin l'équilibre de long terme de l'économie y est entièrement déterminé par les anticipations parfaites et rationnelles d'un agent économique représentatif, neutralisant ainsi de facto tout phénomène monétaire/financier durable. Puis ces hypothèses sont progressivement levées pour proposer une synthèse de la littérature émergente basée pour l'essentiel sur des travaux néokeynésiens. Il en ressort toutefois que l'intégration finance-climat-croissance dans les modèles économie-climat et loin d'être résolue.Classification JEl : G00, O40, O44.This paper presents a synthesis of the emerging literature related to the trio climate-finance-growth. It sheds light on the pros and cons of the integrated economy-climate models for the analysis of this trio. We first show how in the integrated assessment models, starting with the seminal Nordhaus' DICE (2014), growth (improperly) takes precedence over the climate-related damages because investments in a low carbon sector systematically crowd-out the others sectors, with detrimental effects on both short term and long term growth. Moreover, in this perfect financial market framework, this re-allocation of resources drags no disturbing consequences. Finally the rational expectations of a representative agent completely determine the economic long-run equilibrium, leaving no place for any lasting financial or monetary effect. We then progressively relax theses hypotheses to put forward a synthesis of the very recent literature, mainly based on neo-keynesian models. Nonetheless, it appears that the integration finance-climate-growth in the economy-climate models is far from being solved.Classification JEL: O40, O44, G00.
- Éducation financière et comportements patrimoniaux : mauvaise éducation et zéro de conduite ? - Luc Arrondel p. 253-270 Le manque d'éducation financière est souvent invoqué pour expliquer certaines irrationalités dans les comportements de l'épargnant : une bonne éducation permettrait d'avoir les bonnes conduites. Après avoir présenté les fondements théoriques de cette notion, établi sa définition et passé en revue la littérature empirique, cet article présente les derniers résultats sur le lien entre éducation financière et comportements financiers en France à partir d'une enquête originale. Les résultats montrent de fortes disparités du niveau d'éducation financière au sein de la population. L'éducation financière est corrélée avec le diplôme, mais elle varie aussi en fonction du sexe, de l'âge et des opinions politiques des individus. Ce dernier lien est susceptible de traduire l'opinion des individus quant aux rôles respectifs de l'État providence et de la responsabilité individuelle. Le niveau d'éducation financière influence bien les comportements financiers des ménages : on met ainsi en évidence un lien positif entre, d'une part, l'éducation financière et, d'autre part, la capacité à planifier pour le long terme et la détention d'actifs de long terme (actions). Nous terminons par une réflexion sur le statut relatif de l'éducation financière pour expliquer les investissements des ménages et jugeons de l'efficacité des programmes de formation à la chose économique.Classification JEL : A20, D14, G40.Financial Literacy is a specific component of human capital which allows individual to deal with fundamental financial issues so as to take adequate financial decisions. After presenting the theoretical foundations of this notion, establishing its definition and reviewing the empirical literature, this paper presents recent studies about the link between financial literacy and financial decisions of the population in France using an original survey. The results suggest that financial literacy varies across the population. It is correlated with education but also with gender, age and political affiliation. This last point could reflect differences in opinion regarding the role of welfare state and individual responsibility. Finally, the link between financial literacy and some financial behaviors (the propensity to formulate a specific financial plan in the long run on the one hand and the propensity to own stocks on the other hand) is evaluated: in both cases positive correlations with financial literacy variables are found. We conclude with a reflection on the relative status of financial education to explain the investments of households and judge the effectiveness of training programs in the economic culture.Classification JEL: A20, D14, G40.
- Une revue de la littérature récente sur le nexus finance-croissance après la crise : apports, limites et pistes de recherche - Emmanuel Carré, Guillaume L'Œillet p. 271-290
- La Reichsbank : une banque de guerre ? - Claude Diebolt p. 291-294
- L'opportunité de la FinTech - Thomas Philippon p. 173-206
Articles divers
- Les comportements financiers des Européens pendant la crise - André Babeau p. 297-308 L'évolution du taux d'épargne des ménages est trop souvent commentée indépendamment de celle du recours au crédit. Indépendamment aussi de l'emploi qui est fait de l'ensemble des ressources financières dont ils disposent (épargne et nouveaux crédits) ; ces emplois sont au nombre de trois : remboursements d'emprunts, placements financiers et financement direct des apports personnels nécessaires à l'acquisition de biens durables. Les rapprochements nécessaires exigent, il est vrai, certaines informations encore trop rares (par exemple, le montant des « vrais » remboursements). Au cours des années 1995-2012, le recours au crédit a probablement été l'un des déterminants majeurs des comportements d'épargne des Européens : le reflux du crédit à partir de 2007 a été très généralement associé à une remontée des taux d'épargne, mais, en matière d'emplois, à une baisse des placements financiers. De même, dans les comparaisons internationales, les pays à faible taux d'épargne (Portugal, Norvège, Royaume-Uni, par exemple) recourent généralement beaucoup au crédit et font ressortir des montants de placements financiers assez importants.Classification JEl : D14, E21, G01, N14.The interpretation of the changes in the households savings rate is too often disconnected from resort to credit and from the different uses of their entire financial resources (savings and new credits). These uses are threefold: loans repayments, financial investments and direct financing of personal contributions in case of durable goods acquisitions. Admittedly, the necessary reconciliations require still scarce informations such as the amounts of the “real” repayments. During the period 1995-2012, resort to credit has probably been one of the major determining factors of the Europeans savings behavior: credit ebbing from 2007 onwards has very often been associated with a surge in savings rate, but from the use of funds perspective with a financial investments decrease. Likewise international comparisons show that countries with a low savings rate (e.g. Portugal, Norway, United Kingdom) generally make a greater use of credit and highlight rather important financial investments.Classification JEL: D14, E21, G01, N14.
- Les barrières à l'entrée expliquent-elles le comportement des banques dans la CEMAC ? - Désiré Avom, Rodrigue Nana Kuindja p. 309-334 Cet article identifie les barrières à l'entrée du marché bancaire de la CEMAC et analyse le comportement des banques en situation concurrentielle. Les scores d'efficience allocative, calculés sur la période 2000-2014, décèlent les stratégies dissuasives des banques de la CEMAC. Les scores les plus élevés indiquent une réglementation plus restrictive et donc des barrières plus élevées. Le degré de restriction de la réglementation bancaire est lié aux marges financières nettes. Ainsi une augmentation de 85 % en termes de restrictions à l'entrée se traduit par une augmentation de 8,71 % des taux d'intérêt de crédits, avec des variations considérables d'un pays à l'autre. Nous suggérons la mise en œuvre d'une méthode dynamique de provisionnement et d'une veille stratégique au sein des banques.Classification JEL : G21, G28, O55.This article identifies the barriers to entry of the CEMAC banking market and analyzes the behavior of banks in a competitive situation. The allotment efficiency scores, for the period 2000 to 2014, reveal the CEMAC banks' dissuasive strategies. The highest scores indicate more restrictive regulations and therefore higher barriers. The degree of restriction of banking regulation is related to net interest margins. Thus, a 85% increase in the level of restrictions to entry results in an increase of 8,71% of the interest rate loans, with considerable differences between countries. We suggest the implementation of a dynamic approach to provisioning as well as of business intelligence within banks.Classification JEL: G21, G28, O55.
- La sortie de la politique monétaire très accommodante de la BCE : enjeux et défis - Thibault Dubreuil, Olivier Klein p. 335-352 La BCE a cherché à répondre aux différentes facettes de la crise qui a touché la zone euro en construisant une politique inédite mêlant instruments anciens et mesures nouvelles. Cette politique monétaire très accommodante s'est révélée indispensable pour préserver l'économie de la déflation, permettre les conditions d'un retour à la croissance, comme pour sauver l'intégrité de la zone euro. Les risques que présente le maintien de mesures non conventionnelles plaident aujourd'hui pour son retrait progressif. Cette politique de taux très bas, voire négatifs, en soutenant les emprunteurs, affecte en effet la rémunération des épargnants et des prêteurs, et peut dès lors favoriser une prise de risque accrue et des comportements spéculatifs facteurs de bulles. En affectant les revenus que les banques tirent de leur activité de détail, elle pourrait de même freiner tôt ou tard la capacité des banques à suivre la croissance du crédit en période de reprise. Sa normalisation, inédite et recélant un fort degré d'incertitude, est, pour ces raisons, devenue nécessaire autant qu'elle est délicate. La remontée des taux ne peut en cela être que très prudente et progressive, afin d'éviter à la fois notamment le déclenchement d'un krach obligataire en cas de remontée trop brutale et mal anticipée, et, dans un contexte de fort endettement de l'ensemble des agents économiques, une trop importante augmentation de la charge d'intérêt de leur dette. La sortie de cette politique monétaire très accommodante accentue à ce titre encore davantage le besoin de renforcer la stabilité macroéconomique européenne. En ce sens, une meilleure coordination et un caractère réellement contracyclique des politiques budgétaires ainsi que la conduite de réformes structurelles par les États membres concernés se révèlent importantes.Classification JEL : E58, E63, G21.The ECB has sought to address the various aspects of the crisis that has affected the euro area by building an unprecedented policy combining old instruments and new measures. This accommodative monetary policy proved to be essential to preserve the economy from deflation, to create the conditions necessary for a return to growth, as well as to save the physical integrity of the euro area. The risks of maintaining unconventional measures today call for their gradual withdrawal. This low, even negative, interest-rate policy, by supporting borrowers, indeed affects the remuneration of savers and lenders, and can therefore encourage excessive risk-taking and speculative behavior that can lead to asset price bubbles. Also affecting the revenues that banks derive from their retail activity, it could likewise sooner or later restrict the ability of banks to keep pace with credit growth during the recovery period. Its normalization, unprecedented and subject to a high degree of uncertainty, for these reasons, has become necessary but is delicate. A rise in interest rates can therefore only be very cautious and gradual, in particular to avoid both the triggering of a bond market crash in the event of a sudden and unexpected rise and, in a context of high level of indebtedness among all economic agents, an excessive increase in their debt-service costs. The exit from this accommodative monetary policy reinforces even more the need to strengthen European macroeconomic stability. In this regard, a better coordination and a truly counter-cyclical nature of economic and fiscal policies as well as the implementation of structural reforms by Member States are important.Classification JEL : E58, E63, G21.
- Les comportements financiers des Européens pendant la crise - André Babeau p. 297-308