Contenu du sommaire : Un deuxième âge de l'écologie politique

Revue Multitudes Mir@bel
Numéro no 24, printemps 2006
Titre du numéro Un deuxième âge de l'écologie politique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Icônes off

  • En Tête

  • Majeure  : Écopolitique now !

    • Écopolitique now ! : Mode d'emploi et sommaire détaillé - p. 13-17 accès libre
    • Construire de nouvelles relations avec... - Yann Moulier-Boutang, Frédéric Neyrat, Emmanuel Videcoq p. 19-27 accès libre
    • Créer une nouvelle forme de vie - Serge Moscovici, Erwan Lecœur p. 29-39 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      C'est en faisant la nature que nous la connaissons et, en vivant, nous lui donnons forme. La nature n'est pas quelque chose d'extérieur. L'écologie n'est pas une science, c'est un mouvement social et politique.
      It is through « making » nature that we know nature ; we shape it as we live. Nature is not something external to us. Nor is ecology a science : it is a social and political movement.
    • Une figure humaine peut cacher une affection-jaguar : Réponse à une question de Didier Muguet - Eduardo Viveiros De Castro p. 41-52 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Comment peut-on être occidental ? Les Amérindiens ne connaissent pas notre dualisme nature-culture, et ils s'en passent fort bien. Ils pensent et vivent la continuité.
      How can one be a Westerner ? Amerindians don't understand our dualist split between nature and culture, and they do very well without it. They think and live in continuity.
    • La syntaxe des mondes : Une lecture de Par delà nature et culture de Philippe Descola - Raphaël Bessis p. 53-61 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Philippe Descola dans Par delà nature et culture (2005) tâche d'élaborer, au travers d'une classification des formes d'écologie symbolique, les pièces élémentaires d'une sorte de syntaxe de la composition du monde. Quatre schèmes fondamentaux ou matrices ontologiques (l'animisme, le naturalisme, le totémisme et l'analogisme) seront ainsi exhumés de l'immense champ des monographies ethnologiques, permettant à leur auteur d'établir une critique de la raison naturaliste. C'est cette révolution épistémologique que nous nous efforcerons le plus fidèlement de restituer.
      In Par delà nature et culture (Beyond Nature and Culture, 2005), Philippe Descola attempts to articulate, by means of a classification of the forms of symbolic ecology, the elementary pieces in a kind of syntax of composition of the world. He selects four fundamental schemas or ontological matrices — animism, naturalism, totemism and analogicism — from the vast array of anthropological monographs, with the goal of articulating a critique of naturalistic reason. The goal of the present article is to bring to light this epistemological revolution.
    • Une éthique pour les êtres hybrides : De la dissémination d'Agrostis au drame de Lucifer - Raphaël Larrère p. 63-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans cet article, Raphaël Larrère compare l'Agrostis, un OGM végétal, et Lucifer, un clone de taureau. À partir de ces deux exemples, il réfléchit sur les conséquences sociologiques et philosophiques de l'introduction d'artifices dans notre environnement. Il existe des similitudes entre ces deux exemples : la croyance dans le pouvoir prométhéen du génie génétique. La frontière entre nature et artifice s'estompe mais il reste une différence radicale : la création d'un végétal pose la question du risque de prolifération et d'interaction inopportune avec les écosystèmes et celle, liée, du principe de précaution alors que la création d'un animal, être sensible, relève de l'éthique et de la morale, décider de la mort ou de la vie d'un être vivant. Nier ces questions d'éthique laisserait libres les projets de monopole de la production agroalimentaire mondiale ou les rhétoriques prométhéennes du Pentagone de la « fabrication » du soldat.
      In this article, Raphaël Larrère compares Agrostis, a genetically modified plant, and Lucifer, a clone of a bull. Based on these two examples, he reflects on the sociological and philosophical consequences of the introduction of artificial components into our environment. What both of these examples share is the belief in the Promethean power of genetic engineering. The border between nature and artifice is fading away, but a radical difference remains : the creation of a plant organism raises the issue of the risk of proliferation and inopportune interaction with other ecosystems, and thus the principle of precaution, whereas the creation of an animal, a being with feelings, is an ethical or moral issue : it involves a decision on the life or death of a living being. If one denies the ethical dimension of these questions, one gives free rein to the monopolistic projects of global agro-business, or the Pentagon's Promethean rhetoric of the « creation » of the soldier.
    • Éthiques de l'environnement - Catherine Larrère p. 75-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le concept de Biomimésis est fondé sur l'idée de l'imitation de la nature au moment de la reconstruction des systèmes productifs humains. La Biomimesis est une stratégie de réinsertion des systèmes humains dans les systèmes naturels. Elle repose sur l'hypothèse que l'évolution a identifié à la longue des solutions optimales et que les êtres vivants ont atteint une perfection fonctionnelle susceptible d'être étudiée ou imitée. L'objectif est de réintégrer la technosphère dans la biosphère. Étudier comment fonctionne cette biosphère donne des indications sur les types de changements, à opérer dans la première. Dans l'économie cyclique naturelle chaque déchet d'un process se convertit en la matière première d'un autre : les cycles se bouclent. À l'inverse, l'économie industriel le capitaliste est de nature linéaire du point de vue des flux de matière et d'énergie : les ressources sont déconnectées des déchets, les cycles ne se bouclent pas. L'idée de Biomimésis est étroitement reliée au principe de précaution et à la soutenabilité.
      The concept of Biomimesis is founded on the idea of the imitation of Nature at a time of reconstruction of human productive systems. Biomimesis is a strategy of reinsertion of human systems in natural systems. It rests on the hypothesis that evolution has identified, over time, optimal solutions, and that living beings have reached functional perfection which can be studied or imitated. The goal is to reintegrate the technosphere into the biosphere. The study of the latter can be a source of ideas for changes that should be made in the former. In the natural cyclical economy, every waste product of a process is converted into the primary matter of another process : cycles are closed. On the contrary, the capitalist industrial economy is linear, with respect to the fluxes of matter and energy : resources are disconnected from waste products, and cycles do not close. The idea of Biomimesis is closely linked to the principle of precaution, and that of sustainability.
    • De l'économie libidinale à l'écologie de l'esprit : Entretien avec Frédéric Neyrat - Bernard Stiegler p. 85-95 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet entretien voit se déployer les thèses suivantes : 1) le capitalisme doit d'abord être envisagé comme « économie libidinale » ; 2) cette économie libidinale est épuisée par l'hyper-industrialisation du capitalisme contemporain : le désir industriellement traité conduit à la destruction du désir ; 3) d'où la nécessité d'inventer une nouvelle forme de puissance publique capable d'effectuer une relance du désir. Les dommages écologiques sont en effet la conséquence d'une misère symbolique, misère des formes de vie et des pratiques. On ne pourra ainsi répondre à ces dommages qu'en proposant une véritable écologie de l'esprit.
      This interview is articulated around the following theses : (1) capitalism must first be understood as a « libidinal economy » ; (2) this libidinal economy is exhausted by the hyper-industrialization of contemporary capitalism : industrially treated desire leads to the destruction of desire ; (3) whence the necessity of inventing a new form of public authority which can reactive, stimulate desire. Ecological damage is indeed the consequence of a symbolic poverty, a poverty of the forms of life and practices. The only response to such damage is to propose a genuine ecology of mind.
    • L'irruption de l'écologie ou le grand chiasme de l'économie politique - Yann Moulier-Boutang p. 97-106 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La question énergétique a été à l'origine du mouvement écologiste et l'article montre comment cette question a été intégrée par encastrement de l'économique par l'écologique. L'image de la pollinisation illustre la nouvelle conception de l'économie requise par l'écologie de demain. Les abeilles génèrent avec le miel un produit marchandisable, mais le travail le plus utile est la pollinisation des plantes. Ceci implique de revisiter l'ensemble du programme de la vieille économie politique reposant sur la rareté. La première écologie, confrontée au capitalisme industriel, était dominée par l'économie du monde matériel. L'écologie d'aujourd'hui (la deuxième écologie) montre le chiasme qui s'est opéré. Le monde de l'économie politique se présente comme un emboîtement de systèmes complexes, d'écologies diverses dont l'humain cesse d'être le centre. La sphère de l'esprit — celle des relations entre les idées et de la coopération entre les cerveaux — connaît une indéniable croissance et constitue l'autre partie du chiasme. Son économie fait apparaître de nouvelles formes d'efficience et d'organisation, comme le réseau d'ordinateurs. Le capitalisme cognitif est l'autre et le rival mimétique de la seconde écologie. Il peut accepter de se dessaisir de la maîtrise de la biosphère s'il devient le maître de la noosphère. Les contradictions propres au capitalisme cognitif s'ajoutent alors à celles du capitalisme industriel.
      The question of energy lies at the origin of the ecology movement. This article shows how that question can be answered, by embedding the economy in the ecology. The image of pollination illustrates the new conception of the economy that is called for by the ecology of the future. Bees generate honey, a product that can be put on a market ; but their most useful work is the pollination of plants. This calls for a rethinking of the entire program of the old political economy, resting on the notion of scarcity. The early ecology movement, confronted with industrial capitalism, was dominated by the economy of the material world. Today's ecology movement (in its second phase) shows how a chiasmus has formed. The world of political economy appears as an interlinkage of complex systems of different ecologies where the human ecology ceases to be the center. The sphere of mind — of relations between ideas and cooperation between brains — has undergone undeniable growth and constitutes the other half of the chiasmus. Its economy brings forth new forms of efficiency and organization, like networked computers. Cognitive capitalism is the other and the mimetic rival of second-phase ecology. It can accept to give up mastery of the biosphere if it becomes master of the noosphere. The contradictions inherent to cognitive capitalism are then added to those of industrial capitalism.
    • Biopolitique des catastrophes - Frédéric Neyrat p. 107-117 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La catastrophe fait aujourd'hui partie de notre quotidien, comme si l'apocalypse pouvait nous tomber dessus tous les matins. Ce rapport démentiel au monde est cependant légitime, construit et non imaginaire, homogène au socius postmoderne. Une biopolitique des catastrophes s'est mise en place, qui tente d'intégrer cette nouvelle donne pour conjurer les risques qui composent, nous dit Beck, la mesure de nos sociétés post-progressistes. Cette biopolitique semble pourtant, par ses pratiques mêmes, rendre difficile la mise en place d'une écopolitique capable d'agir sur les causes, et non les effets des dommages que nous subissons d'ores et déjà.
      Catastrophe now forms part of our daily lives, as though the apocalypse could hit us every morning. Yet this crazed relation to the world is legitimate, constructed and not imaginary, entirely coherent with the postmodern socius. A biopolitics of catastrophe has come into being, in the attempt to include this new given and thereby conjure away the risks that, for Ulrich Beck, compose the measuring-stick of our post-progressive societies. However, by its very practices, this biopolitics seems to block the advent of an ecopolitics that could act on the causes and not the effects of the injury that we are already suffering.
    • De la nécessité d'un nouvel écosystème politique - André Gattolin p. 119-129 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au fil de son histoire, l'écologie politique a connu une dissociation de plus en plus marquée entre ses finalités idéelles et les moyens mis en œuvre pour y parvenir. Ses praxis et ses modes initiaux d'organisation, fondés sur l'activisme, l'expérimentation et des formes d'incarnation sociale diversifiées et réticulaires, ont largement laissé la place à des pratiques normalisées et des formes institutionnalisées comme les grandes ONG internationales et les partis verts. Face aux défis nouveaux de la globalisation et de la multitude, l'écologie politique témoigne aujourd'hui d'une inadaptation qui pourrait mettre en cause son avenir. Elle doit donc se doter d'un nouvel écosystème politique, susceptible de réactiver ses ressources et de permettre d'établir des liens dynamiques avec des cultures politiques voisines et des formes d'incarnation sociale n'appartenant pas nécessairement à son biotope originel. Ce réagencement global suppose la mise en œuvre d'une dynamique de « déterritorialisation-reterritorialisation » sur deux dimensions : l'une spatiale (le topos), qui concerne les niveaux géographiques auxquels sa réflexion, son organisation et son intervention entendent s'appliquer ; l'autre thématique (les topics), qui se réfère aux champs spécifiques de la pensée et de l'activité humaine qu'elle doit investir pour ne pas rester confinée à une approche environnementale.
      Over the course of its history, political ecology has undergone an increasingly pronounced split between its ideal finalities and the means it uses to get there. Its forms of praxis and initial modes of organization, founded on activism, experimentation and diversified, networked forms of social embodiment, have broadly given way to normalized practices and institutionalized forms, such as the major international NGOs and the green parties. Faced with the new challenges of globalization and the multitude, political ecology bears witness to a lack of adaptation that could threaten its future. It must therefore offer itself a new political ecosystem, able to reactivate its resources and permit the establishment of dynamic links to neighboring political cultures and forms of social incarnation that do not necessarily belong to its original biotope. This overall restructuring implies the development of a dynamics of « deterritorialization-reterritorialization » in two dimensions : one spatial (the topos), involving the geographical levels to which its reflection, organization and intervention seek to apply themselves ; and the other thematic (the topics), referring to specific fields of thought and of human activity which it must appropriate in order not to be confined to an environmental approach.
  • Hors-champ

    • Révolution informatique, écologie et recomposition subjective - Jacques Robin, Félix Guattari p. 131-143 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les technologies informatiques et de la commande ne sont pas uniquement de l'ordre des techni-sciences mais interviennent dans la production de subjectivité. On ne peut pas séparer ces transformations des bouleversements politiques en cours. Le primat porté sur l'information comme nouvelle catégorie, à côté de l'énergie, accentue la production de nouvelles subjectivités et peut transformer la société en une société de communication. Mais ce concept est insuffisant si on ne l'associe pas à une « fonction existentielle » qui rende compte de la désaxation généralisée des coordonnées subjectives. La problématique de la recomposition subjective doit être posée par une re-finalisation des processus d'information, de télématisation, etc., sur d'autres systèmes de valeurs, du niveau de l'écologie mentale, jusqu'aux niveaux les plus planétaires. Nous sommes en co-pilotage avec une nature en situation. L'élément étonnant de cette symbiose, c'est la transformation radicale des rapports, des uns et avec les autres. L'écologie est un grand tournant, à condition que cette écologie soit mariée à la dimension sociale et économique, avec toute forme d'altérité, pour former une idéologie douce, qui fasse sa place aux nouvelles connaissances.
      Information and control technologies are not only on the order of the technosciences, but also intervene in the production of subjectivity. One cannot separate these transformations from the political upheavals that are underway. The primacy of information as a new category alongside that of energy accentuates the production of new subjectivities and may transform society into a society of communication. But this concept is not enough, unless it is associated with an « existential function » that can account for the overall disorientation of subjective coordinates. The problem of subjective recompositions should be posed by a reorientation of the processes of information, telematization, etc., according to other value systems on the level of mental ecology, all the way to planetary scales. We are copilots with nature in context. The amazing aspect of this symbiosis is the radical transformation of the relationships between the two. Ecology is a great turning-point, on the condition that it be joined to the social and economic dimensions, along with every form of otherness, to create a soft ideology that leaves room for new knowledge.
  • Icônes in

  • Mineure  : Fernand Deligny

    • Fernand Deligny, imager le commun - Anne Querrien p. 167-174 accès libre
    • Étranger le proche - Graziella Vella p. 175-183 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Au fil des tentatives qu'il a menées, Deligny n'a cessé de déjouer cette fonction : éduquer. Il lui préférera « permettre », infinitif par lequel il esquivera la posture majoritaire attendue de celui qui sait le modèle et les écarts. Au regard qui ne voit en ces autres (autistes, psychotiques, délinquants...) que déficiences malheureuses, irrécupérables, il substituera — par le tracer des cartes entre autres — un regard capable de rencontrer et de révéler la force et la singularité de rapports au monde différents. En quoi cette position perturbe-t-elle la manière dont l'anthropologue s'adresse aux autres et établit le rapport entre mondes hétérogènes ? En quoi ce qui s'expérimente au sein de cette singulière ethnie cévenole pourrait-il constituer un antidote à l'étalon qui trop souvent parle, voit et sent dans l'anthropologue ? Questions pratiques et politiques qu'actualise la formule « étranger le proche »...
      Throughout his different attempts Deligny never ceased outwitting the function of education. He preferred the verb « to permit », an infinitive allowing him to sidestep the majority posture expected from one who knows the model and its failures. By his tracing of maps among other things, he replaces the gaze that sees nothing but sad deficiencies in these others (autistic children, psychotics, madmen, etc.) with a gaze that could encounter the force and singularity of different relations to the world. How does this position upset the way that anthropologists address themselves to others and establish the relations between heterogeneous worlds ? To what extent could these experiments among the singular inhabitants of the Cevennes constitute an antidote to the standardization that too often speaks, sees and feels in the anthropologists ? Practical and political questions brought up to date by the phrase « nearby stranger »...
    • Deligny et les cartes - Béatrice Han Kia-Ki p. 185-192 accès libre
    • Tracer là ce qui nous échappe - Doina Petrescu p. 193-201 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La contribution de Deligny à la pensée contemporaine du commun est de cartographier le topos (impossible) d'une communauté qui peut difficilement être décrite par des mots (comme beaucoup de penseurs contemporains en ont eu l'intuition) mais doit être tracée par des lignes. L'usage des lignes par Deligny diffère de toute autre forme de cartographie précisément parce qu'elles ne représentent rien que notre propre ignorance de ce qui est cartographié. Plus que de pensée négative, il s'agit d'une forme de cartographie négative de ce qui est commun entre les membres d'une « communauté impossible ».
      Deligny's contribution to the contemporary thinking of community is to map the (impossible) topos of a community which can be hardly described by words (as many contemporary thinkers have witnessed) but can be traced by lines. Deligny's use of lines differ from any other form of mapping exactly because they do not pretend to represent anything other than our own ignorance about what is mapped. Rather than a negative thinking, it is an active form of negative mapping of what is common within the members of an « impossible community ».
    • Un cinéma hors de lui - Jean-Louis Comolli p. 203-207 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La pensée de Deligny est une pensée qui œuvre à ouvrir, ouvrir les mots pour les faire revenir aux gestes d'où, peut-être, ils sont issus et auxquels, sans doute, ils renvoient. Pour dire à propos du cinéma des choses inédites, il a fallu à Deligny forger un nouveau langage dont le terme-manifeste est celui de « camérer ». À quoi sert le cinéma ? À revoir pour voir, à redoubler le système de répétition propre aux enfants autistes. Que serait le camérer de Deligny ? Amener le cinéma à ce qui est hors de lui.
      Deligny's thinking is a thought that tries to open, to open the words and make them come back to the gestures from which they perhaps emerged, and to which they no doubt refer. In order to say unheard-of things about cinema, Deligny had to forge a new language whose manifesto-term is camera-ing. What's the use of cinema ? To see again in order to see, to redouble the system of repetition characteristic of the autistic children. What is Deligny's camera-ing ? Bringing cinema to what's outside it.
  • Liens

    • Banlieues, sexes et le boomerang colonial - Rada Iveković p. 209-220 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La décolonisation de la France n'est pas terminée. N'ayant rien vu (re)venir, elle se prend aujourd'hui le boomerang de plein fouet. Isolement linguistique, postcolonial studies en jachère, surdité envers les garçons comme les filles de banlieue (émeutes, voile) : les mots font défaut aux institutions. Prises de court, elles surenchérissent en matière de distorsions médiatiques et de répression / sélection aux frontières.
      The decolonization of France is not over yet. Blind to what was coming (back), France is now badly hit by the boomerang : linguistic isolation, postcolonial studies in slumber, deafness towards the boys and girls of the suburbs (riots, Islamic veil) : words are cruelly lacking for institutions to make sense of what's happening. At a loss, they can only multiply distortions in media coverage and repression / selection at the borders.