Contenu du sommaire : Le prix du risque
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 133, 1er trimestre 2019 |
Titre du numéro | Le prix du risque |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction - Christian Gollier, Philippe Trainar p. 9-17
Le prix du risque
- Tarifer un risque dont l'intensité est diversement perçue - Elyès Jouini p. 21-43 Le but de cet article est d'analyser les conséquences de l'introduction de perceptions du risque et du temps (croyances, taux d'impatience) hétérogènes dans les modèles de valorisation standard. Nous montrons tout d'abord que les divers arguments avancés dans la littérature pour nier cette hétérogénéité ou pour en négliger les effets sont contredits tant par les données que par les travaux les plus récents. Nous introduisons ensuite une typologie de ces perceptions, nous en analysons les diverses formes et nous étudions comment le marché les agrège. Nous en déduisons l'impact de cette hétérogénéité des perceptions sur la prime de risque (ou le prix de marché du risque) et sur le prix du temps (taux d'actualisation ou taux d'intérêt). Nous montrons notamment que sur le long terme, la diversité des perceptions doit conduire à une évaluation plus prudente : taux d'actualisation plus faible et prime de risque plus élevée.Classification JEL : D53, G12.The aim of this paper is to analyze the consequences of introducing heterogeneous beliefs and impatience rates in otherwise standard valuation models. We first show that the various arguments put forward in the literature to deny this heterogeneity or to neglect its effects are contradicted both by the data and by the most recent works. We then introduce a typology of these beliefs, we analyze their various forms and we study how the market aggregates them. We deduce the impact of this heterogeneity of perceptions on the risk premium (or the market price of risk) and on the price of time (discount rate or interest rate). In particular, we show that, in the long run, the heterogeneity of perceptions should lead to a more cautious valuation: lower discount rate and higher risk premium. Classification JEL : D53, G12.
- L'aversion au risque, composante essentielle du prix du risque, est-elle stable dans le temps ? - Marianne Andries p. 45-59 Être averse au risque, un biais psychologique bien connu, cela correspond à refuser toute loterie ayant des gains et des pertes égaux, et ayant les mêmes chances de se réaliser. Pour accepter une perte de 1 euro avec 50 % de chance, il faut nous offrir un gain plus important, par exemple 2 euros plutôt que 1 euro – une compensation pour le risque pris en jouant. De la même manière, les investisseurs sont « récompensés » quand ils acceptent de s'exposer au risque actions des marchés financiers : leurs retours sur investissement doivent être supérieurs en moyenne au rendement sans risque – c'est le equity risk premium. Cette compensation pour le risque varie au cours du temps : les investisseurs peuvent espérer des gains futurs plus importants quand le cours du marché est faible au regard des dividendes versés que quand il est élevé. Mais ces variations de la prime du risque viennent-elles de variations de l'aversion au risque au cours du temps, ou ont-elles une autre origine ? Les données financières montrent, de manière indirecte, que la quantité de risque économique varie elle aussi avec l'indice. L'aversion pour le risque ne serait donc pas la seule en cause pour expliquer les variations du equity risk premium, même s'il est possible qu'elle joue un rôle important. Quantifier et comprendre ces deux sources de variations du prix du risque – l'aversion au risque et la quantité de risque – sont au cœur de la recherche théorique en finance des marchés.Classification JEL : G11, G12.Risk aversion is the well documented psychological bias that makes us refuse to participate in zero-sum lotteries: to accept a 50 % chance loss of one dollar, we need to be offered a 50 % chance gain of more than 1 dollar, e.g. two dollars instead of one – a compensation for taking risk. Through the same mechanism, investors must be rewarded for accepting to take on financial risk: they are compensated by receiving greater average returns than risk-free assets – the equity risk premium. We have evidence that this compensation for risk varies over time: investors can expect to receive greater returns when the indice levels are low relative to distributed dividends than when they are high. Does it come from time variations in risk aversion or are there other forces at play? Indirect evidence suggests not only the compensation for risk but also the quantity of risk in financial markets may vary over time. Variations in risk aversion would thus not be the sole channel for changes in equity risk premia over time, though it may still play an important role. Disentangling the two sources of variations in the price of risk – risk aversion and quantity of risk – and understanding why and how they may vary over time is at the core of the recent research in asset pricing theory. Classification JEL : G11, G12.
- Comment faire émerger le vrai coût du risque financier en gestion de fortune ? Une critique de MIFID-II - Bertrand Munier, Ève Menk-Bertrand p. 61-93 Les retraits de fonds sous gestion dans les banques privées et les autres institutions de gestion de fortune ont récemment surpris par leurs montants, mettant parfois en péril la rentabilité momentanée des institutions qu'ils quittent. Le présent article propose donc de procéder à une gestion proactive du risque-client, appuyée sur une explication convaincante de tels retraits. Une application innovante de l'article 25 de la réglementation MIFID-II aurait pu en fournir une base adaptée à cette fin. Cet article montre qu'il n'en est rien, en raison des modalités mises en oeuvre généralement choisies, reposant sur des questionnements fixes et des scores qualitatifs, conduisant à des résultats opposés à ceux que la notion d'adéquation-client souhaitait atteindre. Au-delà de ce constat, l'article propose une vue synthétique de l'évolution de l'analyse du risque et suggère que seule la notion actuelle de tolérance au risque généralisée, dépassant la vision héritée de Von Neumann et Morgenstern, conduit à l'explication recherchée. Les auteurs recommandent alors des outils digitaux interactifs, appuyés sur ce modèle et « apprenant » vite le profil de risque de l'investisseur, pour mettre en oeuvre une gestion proactive du risque-client. Une telle solution restaure dans le même temps une véritable conformité à la réglementation MIFID-II.Classification JEL : G21, G28.The outflows of funds under management in private banks as well as in other wealth management institutions in the recent period have reached surprising amounts, sometimes imperiling the temporary profitability of the institutions they flow out from. The present article therefore suggests designing a proactive client-risk management grounded on a convincing explanation of such outflows. An innovative implementation of article 25 of the MIFID-II regulation could have provided an appropriate basis to this end. The present article shows that such is not the case, given the tools of implementation essentially selected, based on fixed questioning and qualitative scoring, leading to results opposed to the ones the notion of client suitability intended to reach. Beyond this assessment, the paper dwells on a synthetic view of the evolution of risk analysis and shows that only today's generalized appraisal of risk tolerance, beyond Von Neumann Morgenstern's vision, can provide the explanation searched for. The authors recommend using digital interactive tools, based on this model and quickly “learning” the investor's risk-profile, to implement a proactive client-risk management. This solution at the same time restores a true compliance to MIFID-II regulation. Classification JEL : G21, G28.
- Pourquoi le risque diversifiable est-il encore rémunéré ? - Philippe Trainar p. 95-106 La théorie économique enseigne que le prix du risque diversifiable est nul. Or le prix des risques les mieux diversifiables et couverts par les assureurs dans le cadre d'un marché a priori concurrentiel, comme l'assurance auto, ne tend pas vers zéro et n'a même pas tendance à diminuer sur le long terme. Ce paradoxe s'explique par la combinaison de nombreux facteurs qui le plus souvent n'ont pas de valeur en eux-mêmes, mais qui doivent être combinés pour arriver à un tableau à peu près fidèle de la réalité. L'objectif du présent article est de fournir des éléments de réflexion permettant de mieux comprendre les facteurs déterminants de la situation effective sur le marché.Dans une première partie, nous reviendrons sur la notion de risque, de risque diversifiable et de prix du risque diversifiable, afin de nous assurer de ce qui est vraiment supposé tendre vers zéro. Dans une deuxième partie, nous examinerons les différentes causes de cette déviation et chercherons à valider certaines d'entre elles, sans toutefois recourir à la rigueur de l'analyse quantitative qui outrepasse les limites du présent article. Dans une troisième partie, nous nous demanderons pourquoi on n'observe pas, à tout le moins, une tendance à la baisse du prix du risque diversifiable. Dans une quatrième partie, nous examinerons le rôle ambivalent de la régulation prudentielle de l'assurance à cet égard, le terme « ambivalent » étant strictement factuel, sans aucune connotation négative.Classification JEL : G11, G12, G22, G28.Economic theory teaches that the price of diversifiable risk is zero. However, this is not the case in practice: the price of the best diversifiable risks covered by insurers in the context of a competitive market, such as auto insurance, does not tend towards zero and even not tend to decrease in the long run. This paradox can be explained by the combination of many factors that most often have no value in themselves and must be combined to arrive at a more or less accurate picture of reality. The purpose of this article is to provide food for thought to better understand the determinants of the actual market situation. In the first part, we will come back to the notion of risk, diversifiable risk and diversifiable risk prices, in order to make sure of what is really supposed to tend towards zero. In a second part, we will examine the different causes of this deviation and seek to validate some of them, without however resorting to the rigor of the quantitative analysis which exceeds the limits of this article. In the third part, we will ask ourselves why we do not observe, at the very least, a downward trend in the price of diversifiable risk. In the fourth part we will examine the ambivalent role of prudential regulation of insurance in this respect, the term “ambivalent” being strictly factual, without any negative connotations. Classification JEL : G11, G12, G22, G28.
- La résilience et le prix du risque - Jérôme Jean Haegeli p. 107-114 La tarification du risque est l'un des principaux vecteurs de l'efficacité du secteur des assurances quand il s'agit d'améliorer la résilience du système. Les assureurs ont deux fonctions essentielles. Du côté de l'actif, ils se comportent comme des investisseurs à long terme, dans un souci de cohérence avec la durée de leurs passifs. Grâce à leur importante base d'actifs avoisinant les 3 000 Md$, ils peuvent agir en qualité d'amortisseurs sur les marchés financiers. Du côté du passif, ils aident les ménages, les entreprises et les gouvernements à se protéger contre d'éventuelles pertes financières résultant de la survenue d'événements indésirables. Des deux côtés, la tarification du risque est un déterminant clé de la mesure dans laquelle les assureurs peuvent contribuer à rendre la société plus résiliente.Classification JEL : E52, E61, G12, G22, G28, H54.The pricing of risk is a core driver of the insurance industry's effectiveness in improving system resilience. Insurers have two core functions. On the asset side, they are long-term investors, to match their duration of liabilities. With their huge asset base of about USD 30 trillion, insurers can act as capital market shock absorbers. On the liability side, insurers help households, businesses and governments protect themselves against potential financial losses arising from the occurrence of adverse events. On both sides, the pricing of risk is a key determinant of how much insurers can contribute to making society more resilient. Classification JEL : E52, E61, G12, G22, G28, H54.
- La puissance publique face au prix effectif du risque - Dominique Bureau p. 117-128 Pour intégrer le prix du risque dans les décisions publiques, la Commission Gollier proposait d'intégrer des « primes de risque pour la collectivité » dans le calcul économique, favorisant les projets à caractère assurantiel vis-à-vis des aléas sur le niveau de richesse global et pénalisant ceux dont les fondamentaux sont corrélés à l'activité économique. L'analyse des raisons pour lesquelles la mise en œuvre tarde conduit notamment à souligner le besoin de cohérence entre la prime de risque macroéconomique et le taux d'actualisation. Le champ d'application dépasse celui de l'évaluation des investissements publics, ou encore des politiques environnementales. On a besoin de telles références aussi pour l'évaluation des politiques de prévention des risques sociaux, pour guider l'État-actionnaire en matière de coût moyen pondéré du capital de ses opérateurs, et pour la fixation des redevances d'accès par les régulateurs sectoriels. Mais il faut alors intégrer que les politiques correspondantes prennent place dans des contextes de second rang, ceci nécessitant d'aller plus loin dans l'explicitation de l'articulation entre évaluation et gestion du risque.Classification JEL : D61, D78, H43.The Gollier Commission about risk pricing for public decision-making proposed using “social risk premiums”, favoring projects that provide insurance at the level of global wealth and penalizing those whose fundamentals are correlated with economic activity. The analysis of why implementation of this approach proves difficult is instructive. In particular, the coherence to be ensured between the macroeconomic risk premium and the discount rate appears essential. The scope for social risk pricing goes beyond cost-benefit analysis of public investments and environmental policies. We also need such references for the evaluation of all security or safety regulations; or to guide the State-shareholder for choosing the appropriate weighted average cost of capital of its operators; and sectoral regulators for establishing access fees. However, corresponding policies generally take place in second-best contexts, for which we must further integrate the links between risk assessment and risk management. Classification JEL : D61, D78, H43.
- Le prix du risque de longévité - Nicole El Karoui, Caroline Hillairet, Stéphane Loisel, Yahia Salhi p. 129-145 Dans cet article, nous abordons la question du prix du risque de longévité. Nous commençons par décrire le risque de longévité et ses composantes, en distinguant les aspects biométriques, financiers et réglementaires. Nous expliquons ensuite les différents cadres d'évaluation (actuariel, financier et réglementaire), leurs points communs et leurs divergences. Nous traitons la question de l'actualisation et de la modélisation des taux d'intérêt long terme pour la gestion du risque de longévité. Nous donnons également des détails sur la façon subjective et pragmatique d'aborder certaines composantes du risque de longévité, notamment les plus extrêmes, sur le marché.Classification JEL : G12, I13.In this article, we address the issue of the price of longevity risk. We begin by describing the risk of longevity and its components, distinguishing biometric, financial and regulatory aspects. We then explain the different valuation frameworks (actuarial, financial and regulatory), their common points and their differences. We discuss the issue of discounting and modeling long-term interest rates for longevity risk management. We also give details on the subjective and pragmatic way to handle different components of longevity risk, especially the most extreme, in the market. Classification JEL : G12, I13.
- Dépendance et franchise - Justina Klimaviciute, Pierre Pestieau p. 147-153 Dans cet article, nous présentons plusieurs formules que les sociétés d'assurance pourraient adopter pour rembourser les coûts de la dépendance. Les deux formules les plus courantes sont la formule forfaitaire qui consiste à verser une rente fixe et permanente et la formule indemnitaire qui consiste à rembourser en deça d'un plafond toutes les dépenses encourues pendant une certaine période. Aucune de ces deux formules ne permet d'éviter qu'en cas de trop longue dépendance, l'assuré ne dépense tout son patrimoine, voire même doive dépendre de ses enfants. Pour couvrir ce risque de longue dépendance, nous recommandons d'appliquer le principe de la franchise selon lequel au-delà d'une certaine période de dépendance, tous les coûts seraient remboursés par l'assureur.Classification JEL : G22, I13, I18.In this article, we present several formulas that insurance companies could adopt to repay the costs of dependency. The two most common formulas are the lump-sum formula of paying a fixed and permanent annuity and the indemnity formula which consists of reimbursing a ceiling for all expenses incurred during a certain period. Neither of these two formulas avoids that in case of long dependence the insured does not spend all his wealth, or even depend on his children. To cover this risk of long-term dependence, we recommend applying the principle of deductible that beyond a certain period of dependence, all costs would be reimbursed by the insurer. Classification JEL : G22, I13, I18.
- Le prix du risque cyber - Didier Parsoire, Sébastien Héon p. 155-170 Dans une économie de plus en plus numérisée, les risques cyber sont en pleine expansion. Face à la multitude des vulnérabilités et des techniques d'attaque, toute approche quantitative de ce risque doit s'appuyer sur des invariants comme la nature des conséquences pour les entreprises ou la motivation des attaquants. L'expertise en cyber-sécurité se révèle nécessaire pour construire un cadre méthodologique à même d'intégrer ces déterminants du risque, mais aussi pour pallier le manque de données d'expérience et pour bâtir une approche prospective permettant de s'adapter à l'évolution constante du théâtre de la guerre cybernétique.L'industrie numérique semble repousser les limites de l'effet de réseau. La concentration des acteurs, la standardisation des produits et la connectivité des activités créent les conditions pour des cumuls de risque à grande ampleur. Les assureurs et réassureurs se trouvent donc face à l'impérieuse nécessité de modéliser ce risque catastrophe et doivent en quelques années parcourir un chemin qui a pris des décennies pour les risques naturels.Qu'il s'agisse du risque cyber individuel ou catastrophique, l'industrie de l'assurance doit créer le signal prix nécessaire pour réorienter les attitudes d'achat ou d'usage des agents économiques, et ce faisant, favoriser le développement de la sécurité et de la diversité nécessaires à la pérennité d'une économie numérisée.Classification JEL : G22, G32, O33.In an increasingly digital economy, Cyber risks are growing. Faced with the multitude of vulnerabilities and attack techniques, any quantitative approach to this risk must rely on invariants such as the nature of the consequences for corporations or the motivation of the attackers. Expertise in cyber-security is needed to build a methodological framework capable of integrating these risk determinants but also to overcome the lack of experience and to build a forward-looking approach to adapt to the constant developments in the battlefield of cybernetic warfare. The digital industry seems to push back the limits of the network effect. The concentration of the players, the standardization of the products and the connectivity of the activities create the conditions for risk accumulation on a large scale. Insurers and reinsurers are thus faced with the pressing need to model this catastrophe risk and must in a few years walk a path that has taken decades for natural risks. Whether the cyber risk is individual or catastrophic, the insurance industry must create the price signal necessary to reorient the purchasing or usage patterns of economic agents, and in so doing, foster the development of the security and diversity necessary for the sustainability of a digitized economy. Classification JEL : G22, G32, O33.
- Le prix du risque climatique et le prix du carbone - Christian Gollier p. 171-182 Face à l'externalité globale que constitue le changement climatique, il existe un consensus fort parmi les économistes académiques en faveur de l'instrument de prix pour internaliser une externalité et pour soutenir au moyen d'une taxe un prix du carbone universel, en raison de la nature globale de l'externalité climatique. Toutefois, compte tenu des très fortes incertitudes à long terme pesant sur la dynamique du climat, sur les progrès technologiques verts, sur la crédibilité des engagements des différents pays, sur la croissance économique et donc sur l'évolution des émissions, la détermination de ce prix constitue encore aujourd'hui un défi colossal pour les économistes du climat. Il s'agit de valoriser des actions présentes générant un flux de bénéfices économiques et environnementaux, ce qui est très compliqué dans ce contexte. Dans cet article, j'offre une synthèse de mes travaux récents sur le sujet en présentant les deux méthodes possibles : l'approche coût-bénéfice dans laquelle le prix du carbone est la valeur actualisée du flux des dommages évités en réduisant les émissions actuelles d'une tonne de CO2 et l'approche coût-efficacité dans laquelle un budget de CO2 pour le siècle est fixé a priori, le prix du carbone étant la variable duale de cette contrainte climatique.Classification JEL : G12, H23, Q54, Q58.Faced with the global externality of climate change, there is a strong consensus among academic economists in favor of the price instrument to internalize an externality and to support by means of a tax a universal carbon price, because of the global nature of the climate externality. However, given the very strong long-term uncertainties on climate dynamics, on green technological progress, on the credibility of the commitments of the different countries, on economic growth and therefore on the evolution of emissions, the determination of this price is still a huge challenge for climate economists today. It is a question of valuing present actions generating a flow of economic and environmental benefits, which is very complicated in this context. In this article, I offer a synthesis of my recent work on the subject by presenting the two possible methods: the cost-benefit approach in which the price of carbon is the present value of the flow of damage avoided by reducing the current emissions of ‘a tonne of CO2 and the cost-effectiveness approach in which a CO2 budget for the century is fixed a priori, the price of carbon being the dual variable of this climate constraint. Classification JEL : G12, H23, Q54, Q58.
- Le prix du risque dans l'évaluation des politiques et des investissements publics - Luc Baumstark p. 183-195 La question du prix du risque dans l'évaluation des politiques et des investissements publics est abordée ici en partant, d'une part, de la manière dont elle a été discutée dans les travaux menés à France Stratégie pour alimenter les cadres de référence des évaluations socio-économiques préalables des grands projets d'investissement d'État et, d'autre part, de la manière dont ces outils sont de fait mobilisés dans les évaluations socio-économiques qui ont été notamment contre-expertisées en France ces dernières années au Secrétariat général pour l'investissement. L'article évoque ensuite les principaux défis qu'il convient de relever pour améliorer la pratique des études sur les grands projets et pour faire en sorte que les évaluations mobilisées traitent de manière satisfaisante les risques et les incertitudes qui entourent les bénéfices et les coûts et qu'elles puissent ainsi être réellement utiles dans le débat public et la prise de décision.Classification JEL : D61, D81, H43.The price of risk in the evaluation of public policies and investments is tackled here starting on one hand on the way in which the question of risk was discussed in several working groups at France Stratégie (which prepared the main references used in the frameworks of the socio economic evaluation of state investments) and on the other hand on the way in which these tools are in fact mobilized in socio-economic evaluations (which have been observed in the studies appraised in recent years in France by the General Secretariat for Investment). The article then discusses the main challenges that need to be addressed to improve the practice of studies on major projects and to ensure that the appraisals take into account adequately the risks and uncertainties surrounding expected benefits and costs and so they can be really useful in public debate and decision-making. Classification JEL : D61, D81, H43.
- Prime de risque et prix du risque sur les actions - René Garcia, Nour Meddahi p. 199-211 La prime de risque sur les actions représente le rendement supplémentaire obtenu en investissant en actions par rapport au rendement d'un bon du Trésor de court terme. La littérature financière a depuis une trentaine d'années proposé divers modèles de risque pour justifier l'amplitude de cette prime qui est de l'ordre de 6 % à 8 % annuellement pour la plupart des pays industrialisés pour la période de l'après-guerre. Nous passons en revue les divers modèles et expliquons leur complexification au fil du temps pour expliquer non seulement la prime moyenne, mais aussi sa variabilité, sa prévisibilité à divers horizons et sa structure à terme.Classification JEL : G11, G12, G17.The equity premium measures the return obtained by investing in equities in excess of a short-term Treasury bill return. In the last thirty years, the financial literature has proposed various risk models to rationalize the magnitude of this premium, which amounts to an annual 6 % to 8 % for most industrialized countries for the post-war period. We review the various models and explain their increased complexity to capture not only the mean premium but also its variability, its predictability at various horizons and its term structure. Classification JEL : G11, G12, G17.
- Flexibilité, incertitude et optimisation des investissements : une introduction - Émile Quinet p. 213-232 L'époque moderne porte un intérêt croissant à la flexibilité. Cette tendance qui se rencontre dans tous les compartiments de la vie quotidienne se retrouve aussi dans l'analyse économique où la flexibilité et la manière d'en tirer parti ont fait l'objet de nombre de développements illustrés par l'utilisation croissante des outils de la programmation dynamique et de la théorie des options réelles. Sans vouloir donner une vue complète des méthodes ainsi mises en œuvre, cet article s'attache à faire comprendre et illustrer le résultat le plus emblématique, qui conduit à optimiser, et en général à repousser, la date de prise de décision pour tenir compte des suppléments d'information que l'avenir peut apporter. Les conséquences de ce principe aboutissent, en terme d'analyse économique, et notamment de traitement du taux d'escompte, à des procédures sensiblement différentes selon qu'il s'agit d'un investisseur privé, qui peut s'appuyer sur les marchés tant pour valoriser les biens qu'il produit que pour évaluer les actifs qu'il possède ou qu'il crée, ou d'un investisseur public qui produit en dehors des marchés en recherchant à optimiser une expression de bien-être collectif.Classification JEL : D81, G12, G14, H43.Our modern world is giving more and more attention to flexibility. This tendency appears in economic analysis through the increasing interest given to dynamic programming and option values. Without aiming at providing a full view of such large fields, the article tries to make clear and illustrate the most remarkable general result: the decision should be optimised, and generally postponed, in order to take advantage of the increasing information which will happen as time passes. In terms of economic analysis, and especially of dealing with the discount rate, the consequences are different according to the type of decision, whether it is related to a private good, priced through financial markets and goods markets, or a public good, designed in order to maximize some form of welfare. Classification JEL : D81, G12, G14, H43.
- Pour une véritable taxe sur les transactions financières - Ivar Ekeland, Jean-Charles Rochet p. 233-247 À la suite de la crise des subprimes, le Parlement européen a demandé en 2010 à la Commission européenne de mettre en œuvre une taxe sur les transactions financières destinées à décourager les opérations financières purement spéculatives. À ce jour, seules la France (2012) et l'Italie (2013) ont instauré une telle taxe. L'expérience française de taxe sur les transactions financières a été étudiée dans plusieurs articles académiques, dont les principaux résultats empiriques sont assez concordants. Toutefois, les recommandations qu'ils en tirent sont assez différentes. Pour essayer de comprendre ces divergences, nous présentons les différents arguments qui s'opposent à la taxe. Nous expliquons ensuite pourquoi nous ne sommes pas convaincus par ceux-ci, puis nous formulons une série de propositions d'extension de la TTF. Ces propositions, si elles étaient adoptées, aboutiraient d'après nous à une véritable TTF, qui pourrait augmenter les recettes fiscales sans avoir beaucoup d'effets négatifs.Classification JEL : G01, G18.Following the sub-prime crisis, in 2010 the European Parliament asked the Commission to implement a tax on financial transactions intended to discourage purely speculative financial transactions. To date, only France (2012) and Italy (2013) have introduced such a tax. The French financial transaction tax experiment has been studied in a number of academic articles, the main empirical results of which are quite concordant. However, the recommendations they draw from are quite different. To try to understand these differences, we will present the different arguments against the tax. We then explain why we are not convinced by them, then we formulate a series of proposals for extending the FTT. These proposals, if adopted, would in our view lead to a genuine FTT, which could increase tax revenues without much negative impact. Classification JEL : G01, G18.
- Tarifer un risque dont l'intensité est diversement perçue - Elyès Jouini p. 21-43
Recension
- La zone euro et son avenir : un état des savoirs - Amélie Barbier-Gauchard, Moïse Sidiropoulos, Aristomène Varoudakis p. 249-272
Chronique d'histoire financière
- Le concept de dettes odieuses - Stéphanie Collet, Kim Oosterlinck p. 273-281
Article divers
- Les cryto-monnaies sont-elles vraiment décentralisées ? Quelques leçons de l'écosystème bancaire - Arnaud Valence p. 285-300 Cet article examine le degré de décentralisation des crypto-monnaies et fournit des éléments de comparaison avec les monnaies standards. En premier lieu, nous montrons que les crypto-monnaies sont des systèmes hybrides à la fois centralisés et décentralisés. Leur architecture logicielle est décentralisée, leur fonctionnement logique est centralisé, et leurs dimensions institutionnelle et organisationnelle sont partiellement centralisées. En second lieu, nous montrons que la communauté blockchain travaille activement pour rendre les dimensions logique et organisationnelle plus décentralisées. Ce faisant, elles redécouvrent quelques mécanismes fondamentaux de l'écosystème bancaire.Classification JEL : E41, E42, G21, O03.This paper examines the degree of decentralization of cryptocurrencies and provides comparisons with standard currencies. First, we show that cryptocurrencies are hybrid systems that are both centralized and decentralized. Their software architecture is decentralized, their logical working is centralized, and their institutional and organizational dimensions are partially centralized. Second, we show that the blockchain community is actively working to make the logical and organizational dimensions more decentralized. Doing so, creators of crypto-currencies rediscover some fundamental mechanisms of the banking system. Classification JEL : E41, E42, G21, O03.
- Les cryto-monnaies sont-elles vraiment décentralisées ? Quelques leçons de l'écosystème bancaire - Arnaud Valence p. 285-300