Contenu du sommaire : Formes poétiques du XXIe siècle
Revue | Germanica |
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Numéro | no 64, 2019 |
Titre du numéro | Formes poétiques du XXIe siècle |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - Carola Hähnel-Mesnard p. 7-13
Voix de poètes
- Kassiber schreiben. Rainer René Muellers Verdichtungen - Chiara Caradonna p. 17-40 Depuis la publication du recueil poèmes-poëtra (2015) rassemblant ses poèmes des trois dernières décennies, l'œuvre du poète allemand Rainer René Mueller (né 1949) a suscité un intérêt croissant et enthousiaste de la part des critiques et du grand public. En examinant de près trois motifs centraux (le concept du Lied, la question de la provenance, et la figure de la pierre), cet article propose pour la première fois une vision d'ensemble de la position poétique de Mueller. Au centre de cette œuvre se trouve la question souvent posée : qu'est-ce que l'allemand ? Dans son travail, Mueller pose la question avec insistance, notamment en ce qui concerne les ruptures et les contradictions de l'histoire et de la langue allemandes. En interprétant des extraits de poèmes représentatifs et en prenant en compte des textes inédits des archives de Mueller, l'article cherche à montrer la spécificité de l'écriture et du style de Mueller. Selon ses premières déclarations programmatiques, Mueller a présenté ce qu'il a nommé des « Kassiber » au monde – c'est-à-dire des messages secrets adressés à ceux qui sont prêts à prêter une oreille attentive.Since the publication of the volume poèmes – poëtra (2015), which contains poems from three decades, the œuvre of the German poet Rainer René Mueller (*1949) has gained increasing and enthusiastic attention from both critics and the general public. By looking closely at three central motives (the concept of Lied, the question of provenance, the figure of the stone) the present paper intends to provide for the first time a comprehensive overview of Mueller's poetical stance. At its center stands the traditionally charged question: What is German? In his work, Mueller insistently poses it, in particular with regard to the breaks and contradictions in the history of both German and Germany. Through the interpretation of chosen passages from representative poems and by taking into account unpublished texts from Mueller's archive, the paper seeks to show the specificity of Mueller's writing and style. According to Mueller's own early programmatic statement, he brought Kassiber into the world – secret messages to those who are willing to lend an attentive ear.
- SUBSONG d'Ulrike Draesner. Sous-chants d'innocence et d'expériences - Sylvie Arlaud p. 41-56 Le recueil de poèmes SUBSONG, paru en 2014 et récompensé la même année du prix Ringelnatz, contient un précipité de l'écriture singulière d'Ulrike Draesner. SUBSONG décline en six sections différentes formes de « sous-chants » qui décrivent un cheminement didactique : à la naïveté enfantine de la première section, vokabeltrainer (einsingen), répond, après le passage par les stades de l'imitation (chants d'oiseaux, chants bibliques, chants pétrarquistes, chants de la pop-culture) et de l'émancipation (sub mère détachée), le méta-chant, ou sous-sous-chant : sub-sub « p » (what is poetry). La présente lecture entre, après une brève contextualisation de l'œuvre d'Ulrike Draesner, dans les jeux poétiques et sonores de son écriture mouvante en mettant la première et la dernière section en regard afin d'entrer dans le cœur de sa poétologieUlrike Draesner's 2014 published book of poems SUBSONG, which was granted the Ringelnatz-prize in the same year, condenses all the wit and meta-poetical playfulness of her earlier works. SUBSONG's six sections develop different forms of subsongs, which follow an almost didactical path. This path leads from the child-like innocence of the first section, vokabeltrainer (einsingen), alongside the various experiences of imitation and emancipation, to the last meta-poetical section, sub-sub « p » (what is poetry). After a short contextualization the present paper means to follow Ulrike Draesner's lead through her sonorous poems by confronting the first with the last section and thus trying to see through her so singular and astute poetics.
- Zwischen Sinn(en)fülle und Widerstand – Bienen und Wespen als poetologische Symbole in der Lyrik Jan Wagners und Thomas Klings - Antje Schmidt p. 57-72 Depuis l'Antiquité, la comparaison entre les abeilles qui bourdonnent et produisent du doux miel, et les poètes et leurs œuvres comblés de rythme et d'harmonie et s'inspirant de la tradition, est utilisée pour illustrer des considérations poétologiques. Dans l'œuvre des poètes contemporains de langue allemande Jan Wagner et Thomas Kling, le symbolisme traditionnel des abeilles est transformé pour circonscrire un positionnement poétique individuel. Ainsi, dans le poème poétologique de Wagner « autoportrait avec essaim d'abeilles », un essaim d'abeilles devient une allégorie de la sensualité phonétique et visuelle ainsi que de la richesse sémantique de sa poésie, mais le poème peut également être lu comme un symbole de la résistance de la poésie aux mécanismes de la culture de consommation occidentale. Wagner se positionne ainsi de manière ludique dans la tradition de la poésie apicole. Thomas Kling, quant à lui, ne choisit pas l'abeille, mais la guêpe, bien plus agressive, comme symbole poétologique central, à la fois pour se distinguer de certains aspects de la tradition poétique, mais aussi pour s'y inscrire. Dans « Second Daguerréotype » de Kling, une écriture de guêpe caractérisée par l'agressivité, la rythmique et l'alogicité est mise en scène et peut être interprétée comme métaphore de son esthétique de l'« écriture en mouvement » (Trilcke). Par ailleurs, dans les poèmes de Kling, la guêpe symbolise une vision agressive et non sentimentale de la réalité. Bien qu'ayant une signification différente, les abeilles et les guêpes dans l'œuvre de Wagner et de Kling symbolisent à la fois les caractéristiques de la sensualité et de la richesse lyrique produites par le matériel linguistique ainsi que des formes spécifiques de résistance poétique et d'affirmation de soi.The comparison between buzzing, honey producing bees and poets, filled with rhythm and harmony, who imitate and transform poetic traditions, as well as their creations, has been drawn to illustrate questions of poetics since Greek-Roman antiquity. In the work of Jan Wagner and Thomas Kling, both well-known contemporary German poets, traditional bee and honey symbols are transformed to define their own poetological positions. In Wagner's poem ‘‘selbstporträt mit bienenschwarm'', a bee swarm becomes a poetic allegory of his poetry's phonetic and visual sensualism and a richness of meaning. Likewise, it is a metaphor for the resistance of poetry against Western capitalist culture's mechanisms. In this way, Wagner playfully takes a position within the tradition of bee poetry. By contrast, Thomas Kling chooses not the bee but the aggressive wasp as his main poetological symbol to distance his poetry from parts of the poetic tradition, as well as to inscribe himself into the history of poetry. Kling presents a wasp-like writing in his poem ‘‘Zweiter Daguerreotyp'', which is characterized by a special aggressiveness, rhythm and illogicalness and hence becomes a metaphor for his concept of ‘bewegte Schrift' (Trilcke). Furthermore, the wasp in Kling's poems symbolizes an aggressive and unsentimental view of reality. Though differently semantically accentuated, in the work of Kling and Wagner bees and wasps symbolize both, different kinds of lyrical sensualism and richness created by the language material and specific forms of poetic resistance and self-assertion.
- Sabine Schos Schautiere - Grit Dommes p. 73-90 Le recueil de poèmes Tiere in Architektur (2013) de Sabine Scho ainsi que son intervention pour le Musée d'histoire naturelle de Berlin, conçu deux ans plus tard en collaboration avec Andreas Töpfer et dont les textes et dessins sur les perceptions sensorielles sont rassemblés dans le magazine The Origin of Senses (2015), explorent la relation entre l'homme et l'animal. Pour ce faire, ils interrogent les lieux urbains du monde entier où l'homme rencontre des animaux, notamment le zoo et le Musée d'Histoire Naturelle. Pourquoi l'homme observe-t-il des animaux capturés, voire morts depuis longtemps ? Les habitations que l'homme attribue aux animaux en disent long sur lui-même. Et l'approche scientifique représentée par le Musée d'histoire naturelle permet également de tirer des conclusions sur l'homme et la société. Dans les poèmes, la vision intéressée de l'animal défendue par les deux institutions est confrontée à des actions et des structures qui relativisent, voire sapent cette attitude. Ainsi, la poésie de Sabine Scho dont la forme se refuse à une appropriation rapide, et les photographies et dessins qui l'accompagnent montrent des instantanés d'une conception de l'homme à de nombreux égards brisée à l'ère de la mondialisation.Sabine Scho's collection of poems Animals in Architecture from 2013 and her intervention for the Berlin Museum of Natural History, designed two years later together with Andreas Töpfer, whose texts and drawings on sensory perceptions are summarized in the magazine The Origin of Senses (2015), explore the relationship between humans and animals. To this end, they question urban places all over the world where people meet animals, especially the zoo and the Museum of Natural History. Why do humans look at captured animals or animals that have long since died? The dwellings that humans assigned to animals say a lot about themselves. And the scientific approach represented by the Natural History Museum also allows conclusions to be drawn about man and society. In the poems, the interested look at the animal for which both institutions stand is contrasted with actions and structures that relativize or even undermine this attitude. Thus, Scho's poetry, which also in its form defies rapid appropriation, and the photographs and drawings that accompany it show views of a manifoldly fractured human image in the age of globalization.
- Biologische Wahrnehmungsräume – zur Vegetation in der Sprache der Gegenwartslyrik - Elisa Garrett p. 91-100 Le cycle nachts leuchten die schiffe, issu du recueil de poèmes éponyme de Nico Bleutge, souligne une cohérence claire entre le langage lyrique et des modèles biologiques. Le lien étroit avec la structure des plantes ouvre des perspectives élargies sur la métaphore de la nature dans la poésie contemporaine. Les connexions de mots et les relations conceptuelles sont présentées comme une constellation biologique et organique et montrent des parallèles avec la végétation et la croissance des plantes. De plus, le poème se réfère à l'idée du vitalisme de la philosophie de la nature. L'élément végétatif se reflète dans la structure de la langue. Le végétatif détermine non seulement le contenu du poème, mais il se révèle aussi de façon évidente au niveau formel. En examinant la métaphore végétative dominante et l'espace de perception biologique, l'article analyse la connexion des structures organiques et linguistiques qui marque une relation étroite entre la poésie, la philosophie du langage et la végétation en tant que zone partielle de la microbiologie.The poem nachts leuchten die schiffe out of the same-named poetry collection by Nico Bleutge point up a clear coherence between lyrical language and biological patterns. The close connection to the structural area of plants opens up new perspectives on the metaphor of nature in contemporary poetry. Combinations of terms and conceptual relationships are presented as a biological-organic constellation and offer parallels to the processes of vegetation and plant growth. In addition, the poem features the idea of natural-philosophical vitalism. The fundamental tone of the vegetative is reflected in the structure of language. It's not only the foundation of content, the vegetative is also recognisable at the formal level of the poem. In reference to the dominant vegetative metaphors and the biologically determined space of perception, the article examines the connection of organic and linguistic constructions, which is characterized by an exceptional closed relation between poetics, philosophy of language and vegetation as a subdivision of microbiology.
- « kostbar ist uns nur der augenblick des erkennens » : Une introduction à la lecture de Chlebnikov weint (2015) d'Anne Seidel - Laurent Cassagnau p. 101-114 Chlebnikov weint (2015), le premier recueil d'Anne Seidel (née en 1988 à Dresde) est plus qu'un carnet de voyages, réels ou imaginaires, dans l'espace et la culture russes, et, plus généralement, slaves. Il fait se télescoper des images du présent de l'Europe orientale postsoviétique et du passé stalinien ou nazi au moyen de constellations figuratives que l'on peut comparer à l'image dialectique de Benjamin. Le recueil est porté par le principe de la différence et de la répétition, du cycle et de la variation, de la présence et de l'absence, dont la dialectique produit ce qu'Anne Seidel, à la suite de Mandelstam, appelle « l'instant de la (re)connaissance ». C'est pourquoi, elle définit le poème comme « forme de l'absence ». A. Seidel se démarque ainsi de tout projet mémoriel qui tend à écraser l'objet évoqué sous le poids du mémorial.Chlebnikov weint (2015), the first collection of poetries by Anne Seidel (who was born in 1988 in Dresden), is more than a diary of her travels, be they real or imaginary, through the Russian territory and Russian culture and – more generally – the Slavic world. It causes images of today's post-Soviet Eastern Europe to collide with other images of the Stalinist or Nazi past through the use of figurative constellations which can be compared with Benjamin's dialectic images. The collection is structured by the principle of differences and repetitions, of cycles and variations and of presence and absence whose dialectic creates what Anne Seidel calls “the instant of (re)cognition” after Mandelstam. That is why she defines every poem as “the form of absence”. That way, Anne Seidel keeps away from all memory projects which tend to crush the objects of poems under the weight of memorials.
- Kassiber schreiben. Rainer René Muellers Verdichtungen - Chiara Caradonna p. 17-40
Tendances
- „Happy New Ears“: Lyrik im Zeichen des „sonic turn“ - Izabela Rakar p. 117-130 En s'appuyant sur les travaux de Cia Rinne, Valeri Scherstjanoi et Jörg Piringer, cet article étudie trois façons différentes de travailler avec la sonorité, trois approches originales de la poésie sonore et acoustique après 2000. L'étude révèle trois niveaux d'analyse distincts : le niveau lexical, verbal et sémantique, qui présente, à travers le son, une alternance entre les langages et les systèmes numérique et alphabétique, le niveau non verbal, correspondant aux sons produits physiquement, et le niveau du langage et des sonorités émises numériquement. L'article se concentre sur les domaines qui nourrissent ces travaux sur le plan technique et s'interroge sur leur relation à l'histoire de la poésie sonore et à la musique, en particulier la musique électronique qui ouvre de nouvelles possibilités de travail avec la sonorité. Les travaux étudiés se positionnent au vu de la numérisation croissante du son et du langage à l'ère post-numérique en exprimant une matérialité de la sonorité.
The paper examines through the analysis of works by the poets Cia Rinne, Valeri Scherstjanoi and Jörg Piringer three different ways of working with sound as examples of different poetic approaches in ‚sound-oriented‛ German-language poetry after 2000. Three different levels can be perceived: the level of word-based verbal semantics which shifts via sound between languages, as well as between the numeric and the alphabetic system, the nonverbal level of physically produced sounds and the level of digitally processed language and sound. The paper examines the areas on which these works draw technically and focuses on their relation to the history of sound poetry as well as to music, in particular to electronic music which has opened up new possibilities of working with sound. These works position themselves in relation to the increasing digitalisation of sound and language with post-digital tendencies by expressing a materiality of sound. - Welterfahrungsspiele: Reisethemen in der Gegenwartslyrik - Stefan Elit p. 131-148 La contribution s'intéresse à une évolution récente et assez vaste à l'intérieur de la littérature de voyage, à savoir l'émergence, depuis les années 1990, d'une foisonnante poésie de voyage en langue allemande. Pour aborder ce phénomène, on s'interrogera d'abord sur des questions de théorie littéraire concernant une poésie de l'altérité, sur l'état de la recherche dans un domaine qui n'est pas encore entièrement exploré ainsi que sur les liens historiques entre poésie et littérature de voyage. On examinera ensuite trois œuvres représentatives de cette poésie contemporaine qui, en elles-mêmes et comparées les unes aux autres, sont particulièrement éclairantes quant à l'évolution postmoderne du genre. Il s'agit de textes d'Uwe Kolbe des années 1990 et 2000 se référant à des voyages en Italie et en Bulgarie, d'un recueil de poésie de Jan Wagner de 2010 qui se concentre sur différents espaces en Europe et en Amérique, et d'un recueil de poésie d'Ulrike Almut Sandig de 2011, qui décloisonne l'horizon de sa poésie de voyage de façon systématique et ouvre ainsi une dimension supplémentaire à la poésie de voyage après son passage à la postmodernité. La contribution se termine par une brève conclusion sur la question des conditions littéraires et sociologiques de la poésie (contemporaine) de voyage.Aim of the article is an investigation of significant recent development in the field of travel literature: the broad spectrum of contemporary German poetry (1990s-today) addressing journeys and traveling. To approach this phenomenon, the article at first deals with basic questions of literary theory concerning lyrical poetry experiencing foreignness, continuing with current approaches to this relatively new field of interest, then summarizing the literary historical background of lyrical poetry and travel literature. A representative analysis of three works of contemporary lyrical poetry each presenting interesting approaches in themselves as well as in comparison to one another constitute the center of the article: Beginning with Uwe Kolbe's works of the 1990s and 2000s dealing with Italy respectively Bulgaria, the article applies itself to a poetry collection by Jan Wagner from the year 2010 focusing on several regions e.g. in Europe and in the Americas, and last but not least considers a poetry collection by Ulrike Almut Sandig from 2011 since this specific approach systematically widens the scope of lyrical travel poetry and constitutes a new dimension in its post-modernity. The article concludes with a brief outlook on literary sociological conditions of (contemporary) lyrical travel poetry.
- Gegenwartslyrik und Echtzeitkritik - Michaela Heinz p. 149-164 Avec son long poème A.H.A.S.V.E.R., Max Czollek a tenté une exploration linguistique dans laquelle la langue juge celui qui en a abusé – il est question d'un bourreau hanté. Ce texte qui utilise les possibilités qui se présentent à lui et s'inspire d'occasions, qui est donc en ce sens de la poésie occasionnelle, a été présenté par l'auteur dans une discussion avec deux critiques littéraires, à savoir Kristoffer Cornils et moi-même, puis a été mis à disposition de la critique : pour une critique en temps réel où, selon les règles convenues, des déclarations plutôt concises ont conduit à un dialogue abordant les risques et les problèmes du texte et de la critique tout en effectuant le travail habituel de la critique : l'interprétation et l'évaluation. La conception réactive de la plate-forme littéraire fixpoetry de Hambourg a permis cette approche, un média susceptible de prendre en compte ce que Barthes a décrit comme la « naissance du lecteur ». Le résultat est une poésie contemporaine qui, grâce à cet échange, peut (re)devenir présente, et cela toujours de façon différente.Max Czollek's long poem A.H.A.S.V.E.
R. tries to explore whether (and how) language abused by a perpetrator finally judges that very perpetrator: haunting him. Czollek's text has both an impetus and a linguistic chance to “occasionally” both explore this matter and probably also to let this very text do it. The poem was presented in a public online-conversation between the text (and the author) and two critics, Kristoffer Cornils and me. We had agreed to stick with short statements that would allow replies and, by that, a polylogue making use of the responsive design provided by the platform fixpoetry co-edited by me at that time. The result was a discussion showing the problems and the chances of that poem, but also the problems and the chances of our comments, nonetheless we also came up with what readers rightfully expect from reviews. One can come to the conclusion that this approach allowed the “birth of the reader” (Barthes) in a radical way – a different view on what kind of literature and critique could be referred to as contemporary literature.
- „Happy New Ears“: Lyrik im Zeichen des „sonic turn“ - Izabela Rakar p. 117-130
Au-delà des genres
- Poésie et roman du poète : Kruso (2014) de Lutz Seiler - Bernard Banoun p. 167-182 L'article envisage le premier roman de Lutz Seiler, Kruso, comme « roman de poète » : dans la tradition de romans écrits par des poètes, il s'agit d'un roman de formation particulier qui contient d'une part une réflexion sur l'avènement de la voix poétique, d'autre part une poétique fondée sur la primauté de l'ouïe sur les autres sens, poétique mise en pratique également dans cette prose narrative. Cette esthétique pourrait renvoyer à une poésie de la nature à l'écart de la modernité, de la technique, de la société, mais la structure complexe du roman permet de ne pas masquer la dette envers le temps historique.The article considers Lutz Seiler's first novel Kruso as a “poet's novel”: in the tradition of these novels written by poets, it is a particular Bildungsroman which contains on the one hand a reflection on the emergence of the poet's voice, on the other hand a poetics based on the primacy of hearing over other senses, which is also practised in this narrative prose. This aesthetic could refer to a poetry of nature away from modernity, technology and society, but the complex structure of the novel makes it possible not to hide the debt towards historical time.
- Théâtralisations radiophoniques de poèmes - Éliane Beaufils p. 183-198 Cet article se penche sur des formes de poésies radiophoniques contemporaines qui rompent aussi bien avec quelque pathos déclamatoire qu'avec des présentations expérimentales de poésie concrète ou très formalisée. La langue poétique est certes travaillée, mais sa présentation fait également « effet de poésie » en étant portée par une forme de dire à la fois discret et rythmé. Ce dire poétique s'appuie d'autant plus sur un rythme tel que le conçoit Henri Meschonnic, comme langage subjectivant, qu'il use de la théâtralisation radiophonique de manière performative pour transmettre une expérience tout à la fois sensible et pensée. Partant de l'analyse de la pièce de Christian Uetz, Ewig ohne Dauer, l'article dégage les caractéristiques propres au dire poétique. Il les retrouve dans deux autres pièces traitant de contenus sociopolitiques, en particulier du multiculturalisme. Le dire poétique permet alors de faire de la radio un espace autopoïétique de transmission et de pensée par-delà les différences, les conflits et les divers « théâtres d'affects » médiatiques (Byung Chul Han).This article focusses on poetic radio plays that relinquish any pathetic declamation as well as they break with any experimental or formal poetry, especially concrete poetry. The language is lyrical and shows also a poetic effect through the way it is spoken: the speaking is at the same time unobtrusive and very rhythmic. It seems to embody rhythm as the form of subjectivation Henri Meschonnic conceives it of, especially as the radiophonic theatralisation contributes performatively to transmit a sensible and speculative experience. The article first studies the radio play or Hörspiel Ewig ohne Dauer by Christian Uetz and tries to determine the characteristics of poetic speaking. Analyzing two other radio plays it shows similar characteristics at work, albeit the contents are more sociopolitical, dealing most of all with multiculturalism. But thanks to poetic speaking radio becomes an autopoïetic space of transmission and thinking that trespasses differences, conflicts and media ‘theater of affects' (Byung Chul Han).
- Poésie et roman du poète : Kruso (2014) de Lutz Seiler - Bernard Banoun p. 167-182
Entretien
- Das Schreiben unter digitalen Bedingungen : Hannes Bajohr im Interview mit Robin-M. Aust - Robin-M. Aust p. 201-212
Actualité littéraire
- Feridun Zaimoglu, Die Geschichte der Frau - Carola Hähnel-Mesnard p. 213-216
(Re)Lectures
- (Re)lectures - Anne Roche p. 217-226
Comptes rendus de lecture
- Sandie Attia, Signes et traces dans l'œuvre poétique de Günter Eich - Andrée Lerousseau p. 227-229
- Sandra Richter, Eine Weltgeschichte der deutschsprachigen Literatur - Carola Hähnel-Mesnard p. 229-233
- Alexandre Dupeyrix et Gérard Raulet, Allemagne 1917-1923 – Le difficile passage de l'Empire à la république - Martine Benoît p. 233-237
- Myriam Bienenstock, Cohen und Rosenzweig. Ihre Auseinandersetzung mit dem deutschen Idealismus - Andrée Lerousseau p. 237-239
- Christian Mariotte, Écrire le stigmate – une nouvelle littérature judéo-allemande - Martine Benoît p. 239-240