Contenu du sommaire : Transmettre
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 13, 2010/1 |
Titre du numéro | Transmettre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Jean-René Bachelet p. 7-9
Dossier
- Un enjeu opérationnel et culturel - Axel Augé p. 11-20 Pour répondre aux défis nouveaux des théâtres d'engagements, les grandes écoles militaires sont contraintes d'adapter en permanence leur formation aux évolutions de la guerre. Les réformes de la formation des officiers mises en place en 1998 et 2002 aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan témoignent de ces dynamiques. À partir d'une méthodologie fondée sur l'enquête de terrain et l'observation participante, cet article propose d'étudier les modalités concrètes selon lesquelles les processus de transmission des savoirs en formation initiale s'opèrent (pédagogies proactives – proactive learning –, pédagogie par projet, primat donné à l'approche globale pour s'adapter en opération) et de considérer le processus de transmission comme résultant d'activités complexes. Cet article examine également l'influence de la transmission d'un savoir autour des effets de l'action militaire (psychologie, sociologie, sciences politiques) sur la socialisation professionnelle des officiers et les résultats qu'elle produit en termes d'identité militaire renforcée et de compétences opérationnelles révélées. L'étude du processus de transmission du savoir militaire met en valeur in fine une conception opérationnelle des finalités de la formation, des savoirs à enseigner et de la socialisation professionnelle.To address the new challenges posed by theatres of war, large military academies have been forced to constantly adapt their training to changes in warfare. The reforms to officer training implemented in 1998 and 2002 at Saint-Cyr Coëtquidan vouch for these dynamics. Using a methodology based on field studies and participant observation, this article studies the specific methods according to which processes for the transmission of knowledge in initial training operate (proactive learning, project learning, primacy given to the overall approach to adapt in operation) and see the transmission process as the product of complex activities. This article also examines the influence of the transmission of knowledge of the effects of military action (psychology, sociology, political science) on the professional socialisation of officers and its results in terms of a stronger military identity and operational competences revealed. The study of the transmission of military knowledge highlights in fine an operational conception of the purposes of training, the knowledge to be taught and professional socialisation.
- Former le jeune chef - Nicolas de Lardemelle p. 21-28 On attend du jeune officier la maîtrise des fondamentaux militaires et technico-opérationnels, mais aussi la capacité d'adaptation et d'invention pour faire face à l'imprévu. Au savoir et au savoir-faire s'ajoutent le savoir-penser et le savoir-être, essentiels pour agir dans l'adversité. La transmission au jeune chef de la culture du métier des armes passe par la construction d'une personnalité en usant d'exemplarité, de responsabilisation, de confiance. L'enjeu consiste à ne pas former de simples exécutants, mais des officiers capables d'agir au combat et d'imaginer des solutions dans le cadre de la mission reçue en portant, en toutes circonstances, les valeurs de leur pays.The young officer is expected to have a mastery of military and technical-operational fundamentals, as well as the ability to adapt and be inventive in order to deal with unexpected situations. To knowledge and know-how one can add the ability to think and interpersonal skills, which are essential to effective action under adverse conditions. The transmission of army culture to the young officer requires the construction of a personality with an exemplary nature, responsabilisation and trust. The objective is not to merely train people who follow orders, but officers who can take action in combat and imagine solutions within the framework their mission in accordance with the values of their country under all circumstances.
- Transmettre l'intransmissible - Xavier Pineau p. 29-32 En mai 1995, au cours de la crise des otages en Bosnie-Herzégovine, les Serbes encerclent ou saisissent plusieurs postes tenus par les Casques bleus de la Force de protection des Nations Unies. Celui de Krupac, parmi d'autres, résiste aux injonctions des belligérants. Un siège de dix-sept jours commence alors. Après la diffusion et l'exploitation du journal de marche rédigé par le lieutenant, chef du poste en question, et des conférences sur la gestion du stress en opérations, l'auteur évoque toute la complexité de la transmission du savoir fondé sur une expérience vécue.During the hostage crisis in Bosnia-Herzegovina in May 1995, Serbian forces surrounded and seized several posts held by the United Nations Protection Force. Krupac, among others, resisted the injunctions of the belligerents, resulting in a 17-day siege. After the dissemination and use of the log book kept by the lieutenant, the chef du poste in question, and conferences on stress management during operations, the author raises the complexity of the transmission of knowledge based on personal experience in full.
- La transmission dans le judaïsme - Haïm Korsia p. 33-40 La transmission dans le judaïsme est consubstantielle à l'étude, car le cœur de la pensée est défini par le concept d'« étudier et enseigner ». Et de tout temps, le judaïsme s'est appuyé sur ses écoles lorsque ses certitudes vacillaient. La qualité de cette transmission se mesure également dans le respect des règles comme dans la hiérarchisation entre le maître et l'élève mais aussi tout à la fois dans la capacité de ce dernier à oser s'affranchir du poids de « celui qui sait » qui ne peut jamais utiliser son savoir pour écraser les autres. La véritable éducation se fait par l'exemplarité ainsi que par l'effort et le travail, valeurs que l'on peut utiliser dans toutes les institutions, en particulier dans l'armée.Transmission in Judaism is an integral part of the study, since the essence of though it defined by the concept of “study and teach”. When it has wavered in its conviction, Judaism has always relied on its schools. The quality of this transmission is also measured against compliance with rules such as hierarchisation between teacher and student, but also the ability of the latter to dare free oneself from the control of “he who knows” who can never use his knowledge to put down others. True education is provided through example, effort and work, values that can be applied in all institutions, in particular in the armed forces.
- À propos du « devoir de mémoire » - Jean-Pierre Rioux p. 41-49 Un nouvel impératif catégorique pour société défaite et divisée qui voudrait se reconstruire est apparu ces dernières années : le « devoir de mémoire ». Or il n'y a pas de transmission sans reconnaissance d'une autorité de l'esprit ; pas de valeur éthique qui doive échapper à la conscience individuelle mais, en revanche, pas d'universalisme qui ne transcende la somme des options philosophiques ou religieuses et des appartenances mémorielles ; pas de civisme qui ne soit une dure victoire de l'acquis sur l'inné ; pas plus de devoir collectif que de responsabilité collective, sauf le devoir de répandre, d'enseigner, de raisonner et de partager un savoir, de prolonger la mémoire en vérité.A new categorical imperative for a defeated, divided society that wishes to rebuild itself has emerged in recent years: the “duty of remembrance”. Yet there is no transmission without the recognition of an authority of the spirit; no ethical value that must evade the conscience of the individual but, on the other hand, no universalism that cannot transcend the sum of philosophical or religious options and schools of remembrance; no civic responsibility that is not a hard-won victory by nurture over nature; no collective duty other than collective responsibility, other than the duty to disseminate, teach, reason and share knowledge, to prolong the memory, for sure.
- Muséographie et mémoire des conflits, l'exemple du musée de l'armée - Vincent Giraudier p. 51-57 Situé dans un des hauts lieux de la mémoire nationale, l'Hôtel national des Invalides, le musée de l'Armée est un établissement public administratif du ministère de la Défense dont les missions sont tout autant scientifiques que « citoyennes », et qui doit donc transmettre non seulement un patrimoine mais aussi des éléments de la mémoire et des valeurs nationales.Pour cela, il s'est engagé dans un ambitieux programme de redéploiement de ses collections et de réhabilitation de ses espaces d'exposition qui a conduit ses équipes scientifiques à concevoir une muséographie tout à la fois adaptée à l'unicité du lieu, construite à partir et autour de ses collections patrimoniales, et soutenue par tout un panel de moyens modernes de médiation.Housed in one of the most sacred sites of national remembrance, the Hôtel National des Invalides, the Musée de l'Armée is a public institution of the Ministry of Defence with a scientific and a “citizen” mission, and which must therefore not only impart heritage but also teachings on remembrance and national values. To do this, it has embarked on an ambitious programme to redeploy its collections and restore its exhibition areas, prompting its teams of scientists to formulate museography that is suited to the uniqueness of the site, built on the basis of and around its heritage collections and supported by a whole panel of modern mediation resources.
- L'indicible et l'ineffable - Franck de Montleau p. 59-68 Le système concentrationnaire nazi représente l'un des paradigmes les plus accomplis du mal, dans sa dimension la plus radicale, que l'homme peut infliger à ses congénères. Certains ont survécu. Rares sont ceux qui en ont parlé : l'expérience intime du trauma suscite l'effroi et se refuse à la pensée comme aux mots. Trois écrivains ayant connu l'internement dans les camps, Robert Antelme, Primo Levi et Jorge Semprun, ont cherché à transmettre par l'écriture tout autant un témoignage de leur expérience qu'une revendication de vie et une interrogation sur la condition humaine. La fulgurance d'un très court récit de Maurice Blanchot relatant son passage devant le peloton d'exécution ajoute un autre point de vue sur l'expérience de se sentir mort et le sentiment proche de la grâce ressenti au seuil ultime. L'ensemble de ces textes nous permettra d'aborder la question de l'ineffable, mais aussi ce qui, de ces expériences, peut ou non être transmissible à d'autres. Enfin, ce travail s'intéresse aux choix et procédés d'écriture, visant à rendre possible l'accueil de l'effroyable contenu de leur expérience.The Nazi system of concentration camps is one of the most accomplished paradigms of evil in its most radical dimension that man can inflict on other men. Some have survived. Very few people have spoken of them: their personal experience of the trauma suffered give rise to feelings of dread and terror and thoughts and words fail them. Three writers who were imprisoned in the camps (Robert Antelme, Primo Levi and Jorge Semprun) have sought to transmit through writing an eyewitness account of their experience and a claim to life and a questioning of the human condition. The brilliance of a very short account by Maurice Blanchot describing his passage in front of the firing squad adds another point of view to the experience of feeling death and a sentiment approaching a feeling of thanks felt at the final barrier. As a whole, these texts will allow us to address the question of the ineffable, but also the question of whether these experiences can or cannot be transferred to others. Finally, the focus of this work is the choices and processes of writing, with a view to rendering possible the inclusion of the dreadful content of their experience.
- Transmettre la Shoah : un défi - Hélène Waysbord p. 69-79 Le thème de la transmission s'est très largement imposé dans notre société. Quel en est le sens ? Quelles en sont les modalités, particulièrement à l'école, confrontée depuis les années 1960 à une mutation sans précédent ?L'enseignement de la Shoah, présent aujourd'hui aux trois niveaux de la scolarité, est emblématique des difficultés de la transmission. Comment en fonder la nécessité présente ? Un décalage historique important avec l'événement a été nécessaire pour que le thème de la mémoire transmission s'impose, après des travaux historiques essentiels dans les décennies 1960 et 1970. En France, la sortie du film Shoah de Claude Lanzmann en 1985 et le procès Barbie, tenu à Lyon en 1987, ont ouvert la voie à ce retour de mémoire.Travail de mémoire, devoir de mémoire, culture de mémoire. Ces expressions correspondent à des modalités distinctes de la transmission, à moduler en fonction des publics concernés.To a large extent, the issue of transmission has become established in our society. What does it mean ? Confronted with unprecedented change since the 1960s, what methods does it use, in particular in schools ? The teaching of the Shoah, which now occurs at three levels of school education, is symbolic of the difficulties of transmission. How to base the present need for this teaching ? A significant time interval between the present and the event has been necessary in order for the issue of remembrance to establish itself, following essential historical works in the 1960s and 1970s. In France, the release of the Claude Lanzmann film Shoah in 1985 and the Barbie trial, held in Lyon in 1987, opened the way for this return of remembrance. Work of remembrance, duty of remembrance, culture of remembrance. These expressions correspond to different methods of transmission, of modulation as a function of audiences concerned.
- Un enjeu opérationnel et culturel - Axel Augé p. 11-20
Pour nourrir le débat
- Corps guerrier, corps sacrifié ? - Gilles Boëtsch p. 81-86 Le corps du soldat mort est un corps sacrifié. Cette image est moderne ; c'est celle du « soldat-peuple » ou « soldat-citoyen », qui combat pour un idéal, s'empare du patriotisme, rejette le militarisme et contourne le professionnalisme, à l'opposé de celle constituée par les guerriers de type « ancien » qui se battaient pour des raisons individuelle, familiale ou clanique. Mais aujourd'hui, le sacrifice pour la patrie paraît avoir perdu du sens ; nous sommes « postmodernes ». La mort par le sacrifice de soi est devenue une valeur étrangère à notre société car le corps engendre aujourd'hui des usages hédonistes qui génèrent des valeurs nouvelles. Et le corps du combattant de demain devra tenir encore davantage la mort à distance.The body of a dead soldier is a sacrificed corpse. This image is a modern one, that of the “people's soldier” or “soldier-citizen” who fights for an ideal, embraces patriotism, rejects militarism and by-passes professionalism, in contrast to the image of ancient warrior, who fought for individual, family or clan reasons. Today, however, sacrifice for the motherland appears to have lost its meaning; we are “post-modern”. Death as a result of self-sacrifice has become a value that is alien to our society, as the body now engenders hedonistic uses that give rise to new values. The soldier of the future will be more likely to die overseas.
- Quelle place pour l'honneur dans la tactique ? - Jean-Hilaire Millet p. 87-91 L'honneur est une valeur surannée. Il lui est même implicitement reproché d'avoir versé le sang inutilement. Respect et dignité sembleraient plus modernes. Cependant, l'« honneur » figure sur tous les drapeaux et étendards car, en fait, y compris dans le domaine tactique, lui seul oblige vraiment. En effet, la tactique est une technique qui ne suffit pas pour mener dignement à la victoire. Il faut savoir limiter la violence à sa juste suffisance, car l'hubris mène à l'échec. L'éthique et la morale viennent tempérer la technique pure, mais elles ne suffisent pas non plus, car elles sont trop angéliques. Le droit quant à lui est bien souvent insuffisant pour régir totalement les situations exceptionnelles dans lesquelles le militaire intervient par nature. C'est bien le sens de l'honneur, bien que subjectif et relatif, qui donne son sens à l'action du chef tactique, car il met l'ensemble de son action en cohérence. À la fois, moyen et but, l'honneur est bien à sa place sur les étendards : la première.Honour is an outdated value, and has even been implicitly criticised for its role in the spilling of blood in vain. Respect and dignity would appear to be more modern. However, “honour” appears on all flags and standards since, as a matter of fact and including in tactical spheres, it is the only real obligation. Indeed, tactics constitute a technique that in itself is not sufficient to secure victory in a dignified manner. One must be able to limit violence to what is absolutely necessary, since hubris leads to failure. Ethics and morals temper pure technique but are no longer sufficient, since they are too angelic. The law, for its part, is often insufficient to assume full control of exceptional situations in which the military by nature will intervene. It is the notion of honour, both subjective and relative, that gives meaning to the actions of the tactical officer, since it gives their action coherence. At the same time, as a means and an end, honour is in its right place on standards: at the forefront.
- Réglementation royale et usage de la force dans le royaume de France, XIVe-XVIe siècle - Loïc Cazaux p. 93-104 Du XIVe au XVIe siècle, période marquée par la progressive mise en place d'une armée professionnalisée et permanente, la réglementation royale relative aux affaires militaires a pour finalité importante d'établir les normes de mobilisation et d'usage de la force armée pour les gens de guerre, en particulier vis-à-vis de la sphère spécifique des non-combattants. En cela se forme un corpus législatif cohérent qui pose les bases d'un droit de la guerre et partage ses justifications politiques ou ses références juridiques avec d'autres domaines de la réglementation royale, telle la régulation des guerres privées. Ce discours royal se constitue toutefois dans le cadre d'une interaction de la monarchie avec la communauté politique, marqué notamment par les concurrences pour l'édiction de la norme et de la morale politique entre la royauté et les princes.From the 14th to the 16th century, the development of a professionnal and standing army in France is underlined by the publication of royal legislation concerning the use of military force and the waging of troups, building a coherent corpus of norms which tends to preserve the non-combattants from the hostility of men-at-arms. This emerging law of arms shares many of its legal or political references with other matters of current public legislation, such as the limitation of non-royal warfare. However, the ediction of norms in war cannot only be seen as a consequence of the ideological theories which try to enforce the rights of the Crown since the 13th century. It is also a striking expression of the dynamics and interactions shaping the political community at the eve of the Modern era. This interaction for the determination of norms and moral comes into a founding struggle in the context of rivality between the kingship and the princes.
- Action et identité militaires aujourd'hui - Franck Boudet p. 105-116 L'identité militaire est le fruit d'un faisceau de spécificités qui sont aujourd'hui méconnues voire banalisées. Or, dans un contexte international de forte conflictualité qui débouche de plus en plus sur des interventions, il est crucial de disposer d'un outil efficace. L'affirmation de l'identité militaire contribue à cette efficacité et ce à deux titres. D'abord, car elle permet aux militaires de se préparer à la guerre. Ensuite, car elle ouvre la juste perception par la nation des conditions dans laquelle la force peut être utilement employée. Ce dernier point est d'autant plus primordial que le nouveau visage de la guerre impose une approche globale où le militaire et le civil doivent s'engager de front dans des secteurs complémentaires.Military identity is the product of an array of specificities that are now unrecognised, even trivialised. Yet in an international context marked by fierce conflict that is leading to intervention on an increasingly frequent basis, having an effective tool is crucial. Affirmation of military identity contributes to this effectiveness in two ways. First of all, it allows soldiers to prepare for war. Secondly, it raises national awareness of the conditions under which force can be used. This point is all the more important that the new face of war requires a global approach in which the military and civilians engage head-on in complementary sectors.
- Offert en sacrifice - Christian Benoît p. 117-123
- Corps guerrier, corps sacrifié ? - Gilles Boëtsch p. 81-86
Translation in English
- About the “duty of remembrance” - Jean-Pierre Rioux p. 125-135 Un nouvel impératif catégorique pour société défaite et divisée qui voudrait se reconstruire est apparu ces dernières années : le « devoir de mémoire ». Or il n'y a pas de transmission sans reconnaissance d'une autorité de l'esprit ; pas de valeur éthique qui doive échapper à la conscience individuelle mais, en revanche, pas d'universalisme qui ne transcende la somme des options philosophiques ou religieuses et des appartenances mémorielles ; pas de civisme qui ne soit une dure victoire de l'acquis sur l'inné ; pas plus de devoir collectif que de responsabilité collective, sauf le devoir de répandre, d'enseigner, de raisonner et de partager un savoir, de prolonger la mémoire en vérité.A new categorical imperative for a defeated, divided society that wishes to rebuild itself has emerged in recent years: the “duty of remembrance”. Yet there is no transmission without the recognition of an authority of the spirit; no ethical value that must evade the conscience of the individual but, on the other hand, no universalism that cannot transcend the sum of philosophical or religious options and schools of remembrance; no civic responsibility that is not a hard-won victory by nurture over nature; no collective duty other than collective responsibility, other than the duty to disseminate, teach, reason and share knowledge, to prolong the memory, for sure.
- What is the role of honour in tactics? - Jean-Hilaire Millet p. 137-141 L'honneur est une valeur surannée. Il lui est même implicitement reproché d'avoir versé le sang inutilement. Respect et dignité sembleraient plus modernes. Cependant, l'« honneur » figure sur tous les drapeaux et étendards car, en fait, y compris dans le domaine tactique, lui seul oblige vraiment. En effet, la tactique est une technique qui ne suffit pas pour mener dignement à la victoire. Il faut savoir limiter la violence à sa juste suffisance, car l'hubris mène à l'échec. L'éthique et la morale viennent tempérer la technique pure, mais elles ne suffisent pas non plus, car elles sont trop angéliques. Le droit quant à lui est bien souvent insuffisant pour régir totalement les situations exceptionnelles dans lesquelles le militaire intervient par nature. C'est bien le sens de l'honneur, bien que subjectif et relatif, qui donne son sens à l'action du chef tactique, car il met l'ensemble de son action en cohérence. À la fois, moyen et but, l'honneur est bien à sa place sur les étendards : la première.Honour is an outdated value, and has even been implicitly criticised for its role in the spilling of blood in vain. Respect and dignity would appear to be more modern. However, “honour” appears on all flags and standards since, as a matter of fact and including in tactical spheres, it is the only real obligation. Indeed, tactics constitute a technique that in itself is not sufficient to secure victory in a dignified manner. One must be able to limit violence to what is absolutely necessary, since hubris leads to failure. Ethics and morals temper pure technique but are no longer sufficient, since they are too angelic. The law, for its part, is often insufficient to assume full control of exceptional situations in which the military by nature will intervene. It is the notion of honour, both subjective and relative, that gives meaning to the actions of the tactical officer, since it gives their action coherence. At the same time, as a means and an end, honour is in its right place on standards: at the forefront.
- About the “duty of remembrance” - Jean-Pierre Rioux p. 125-135
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 145-148