Contenu du sommaire : Guerre et cinéma
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 42, 2019/3 |
Titre du numéro | Guerre et cinéma |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Yann Andruétan, Bénédicte Chéron, Isabelle Gougenheim p. 9-12
Dossier
- Un pont entre deux mondes - Bénédicte Chéron p. 13-23 Le cinéma français a longtemps entretenu des rapports difficiles et contrastés avec les personnages militaires, marqués par des strates mémorielles successives dont la Grande Guerre constitue la scène inaugurale. Le soldat français, longtemps réduit à des stéréotypes de victime ou de bourreau, peine à trouver une place qui le représente de manière juste sur les grands et petits écrans. Ces deux mondes, militaire et cinématographique, se sont en outre longtemps tenus à distance l'un de l'autre. Comme en d'autres domaines, l'engagement français en Afghanistan a provoqué des évolutions notables. Des liens nouveaux ont été tissés entre armées et milieux de la création audiovisuelle. Quelques productions viennent montrer qu'un renouvellement des représentations du militaire à l'écran est possible. Reste que ces frémissements demeurent timides.French cinema has long had difficult and contrasting relations with its military characters, marked by successive strata of collective memory, taking the Great War as inevitable inaugural scene. The French soldier, long reduced to stereotypes of victim or perpetrator, has difficulty finding a place where he is fairly represented on the big or little screen. These two worlds, the military and the cinematographic, have also long kept their distance from each other. As in other domains, France's engagement in Afghanistan provoked some noteworthy changes. New links have been woven between the armed forces and the world of audio-visual creation. A few productions have shown that a renewal in the way that characters from the military are portrayed is possible. However, these early signs remain timid.
- L'art français de (filmer) la guerre - Yves Trotignon p. 25-35 Le cinéma français, qui a donné au monde quelques chefs-d'œuvre du film de guerre, marque désormais le pas. Évitant soigneusement les questionnements politiques, il se convertit, après des années de désintérêt, à la superproduction sponsorisée sur le modèle américain. Le spectacle y gagne ce que tout le reste semble y perdre. La survie vient des productions modestes tandis que le succès va aux films lisses.French cinema, which has given the world a few masterpieces in the war film genre, now seems to be marking time. Carefully avoiding political questions, now, after years of disinterest, it is converting itself to sponsored super-productions based on the American model. The film as spectacle gains from this what everything else seems to lose. Survival comes from modest productions, while success goes to the bland.
- La 317e Section, un mythe pour les soldats français - Jean Michelin p. 37-42 Monument de la filmographie de guerre en France, La 317e Section de Pierre Schoendoerffer continue de fasciner les soldats français plus de cinquante ans après sa sortie au cinéma. Cet article se propose d'étudier les raisons de ce succès durable, et en identifie trois principales : d'abord, le film est un magnifique objet de cinéma, ensuite, il est caractéristique d'une certaine culture militaire fondamentalement française et, enfin, il offre à un jeune officier ou futur officier une perspective paradoxalement rassurante des grands défis auxquels il pourra être amené à faire face une fois sorti d'école.As a monument of French war films, La 317e Section (The 31th Platoon) by Pierre Schoendoerffer continues to fascinate French soldiers, more than fifty years after it first came out on the big screen. This article aims to study the reasons behind this enduring success and identifies three key factors: first, the film is a magnificent work of cinema; second, it is characteristic of a specific and fundamentally French military culture, and, finally, it offers a young officer or future officer a paradoxically reassuring prospect of the major challenges that he may have to face after leaving military school.
- Films pacifistes et vocation militaire - Brice Erbland p. 43-48 Les films sur la guerre du Vietnam des années 1980 occupent une place particulière dans l'esprit des militaires engagés dans les années 1990 et 2000, parce que ces films ont bercé leur adolescence, lorsque leur vocation s'est formée. En quoi ces films pacifistes, censés dégoûter de la guerre, peuvent-ils donner l'envie à des jeunes de s'engager ?The films concerning Vietnam in the 1980s have a particular place in the minds of the service men and women who enlisted in the 1990s and 2000s, because these films nourished their teen years, when their sense of vocation was formed. How could these pacifist films, which were meant to turn people away from war in disgust, give young people the desire to sign up?
- La jouissance de l'œil - Yann Andruétan p. 49-57 Le cinéma de guerre exerce une étrange fascination sur les spectateurs. Il constitue même une sorte de plaisir coupable. Les images ont un pouvoir de captation sur l'esprit humain. Le spectacle de la violence, quand il s'accompagne d'images dramatiques et d'une musique évocatrice, capte durablement l'esprit, apporte des émotions intenses et une forme de satisfaction. Cette fascination comporte une ambiguïté, car si elle capture le spectateur, elle provoque aussi des sentiments contradictoires : dégoût ou, au contraire, accoutumance aux images violentes. Il faut un cinéaste talentueux pour savoir user de l'imagerie de la guerre sans tomber dans la complaisance facile envers le spectacle de la guerre.The cinema of war exercises a strange fascination on audiences. It even constitutes a form of guilty pleasure. Images of war have the power to captivate the human mind. The spectacle of violence, when accompanied by dramatic images and evocative music, durably captures the mind, conveys intense emotions and procures a form of satisfaction. This fascination includes a degree of ambiguity, because while it captivates the spectator it also provokes conflicting feelings—either of revulsion or, on the contrary, of numbing to violent images. It takes a talented film-maker to know how to use the imagery of war without pandering to the easy sensationalism of war as spectacle.
- « Que fais-je à filmer la mort ? » - Gabriel Le Bomin, Jean-Luc Cotard p. 59-67 Réalisateur de nombreux documentaires, courts et longs métrages sur la guerre et ceux qui la font, en particulier Les Fragments d'Antonin sur les blessés psychiques de la Grande Guerre et Nos Patriotes, inspiré de l'histoire d'un tirailleur sénégalais engagé dans la Résistance dès 1940, Gabriel Le Bomin revient sur les raisons de son intérêt pour le fait guerrier et sur ce qui fait son originalité comme réalisateur : suggérer plutôt que montrer crument la violence et la mort à l'écran.A director of numerous documentaries, short films and feature films concerning war and those who make it, in particular Les Fragments d'Antonin (Fragments of Antonin), about the psychologically wounded of the Great War, and Nos Patriotes (Our Patriots), inspired by the story of a Senegalese sniper who enlisted in the French Resistance from 1940, Gabriel Le Bomin reflects on the reasons for his interest in the fact of war and what makes him original as a director—his tendency to suggest rather than crudely display violence and death on the screen.
- Capitaine Conan : un coup à l'âme - Philippe Torreton, Jean-Luc Cotard p. 69-77 Interrogé par Inflexions, Philippe Torreton explique comment il est entré dans le personnage du capitaine Conan. Il décrit la phase d'appropriation, son travail d'acculturation, ses sentiments à l'égard des anciens combattants et de la guerre, son travail avec Bertrand Tavernier, réalisateur du film.Interviewed by Inflexions, Philippe Torreton explains how he became his character of Captain Conan. He described how he made the character his own, his acculturation work, his feelings towards veterans and the war, his work with Bertrand Tavernier, the director of the film.
- Écrire un film de guerre - Pauline Rocafull, Bénédicte Chéron p. 79-85 Comment et pourquoi écrire des scénarios sur le fait militaire ? Quels freins rencontrent les scénaristes français ? Une évolution est-elle perceptible depuis la signature de la convention liant la Guilde française des scénaristes et le ministère des Armées, et la création de la Mission cinéma au sein de celui-ci ?How and why do you write scripts concerning military life? What obstacles do French scriptwriters face? Has there been any perceptible change since the signature of the convention between the French Screenwriters Guild and the Ministry of the Armed Forces, and since the creation of the film department (Mission Cinéma) as part of the Ministry?
- Réalisateur embarqué - Philippe Bodet p. 87-96 Le reportage ou le documentaire en immersion avec les forces armées est un genre en soi. Il nécessite de la part du journaliste ou du réalisateur une faculté d'adaptation à ce milieu très particulier ainsi qu'une véritable « bienveillance humaine ». Cela n'empêche nullement d'informer, de décrypter, d'expliquer. En cela, le temps long de l'embarquement a une vertu : il permet d'approcher la vérité du soldat.The film report, or documentary embedded with the armed forces is a genre in itself. For the journalist or director, it demands the ability to adapt to this very specific environment and a genuine humanity and good will. This does not in any way obstruct the tasks of informing, decrypting and explaining. In that respect, a long period of embedding has a virtue: it enables the film-maker to come close to the truth of the soldier.
- De l'usage des fonds de l'ecpad - Emmanuelle Flament-Guelfucci p. 97-104 Nées de la guerre, les images animées militaires sont, dès l'origine, destinées à être conservées, mais également diffusées. Leur usage est contrôlé pour les besoins de la communication des armées, en particulier pendant les conflits. Ultérieurement, le service cinématographique des armées diversifie sa production en développant des films d'instruction, plus techniques, et des reportages sur la vie des armées. Le temps de paix est propice à l'exploration de nouveaux champs, comme en témoignent, à partir des années 1970, la production ou la commande de dessins animés. Service public d'archives audiovisuelles, l'ecpad met aujourd'hui ses collections à la disposition de tous.Born of the war, military animated images were, from the start, intended to be both shown and preserved. Their use was controlled, for the public relations requirements of the armed forces, especially during conflicts. Subsequently, the film department of the armed forces diversified its production by developing training films, technical films and reports on service life. Peacetime is conducive to exploring new fields, as was evidenced, from the 1970s, by the production of cartoons to order. As a public audio-visual archive service, ECPAD today is making its collections available to all.
- « Je me reconnais dans votre film » - Jean-Luc Cotard p. 105-111 Producteurs et réalisateurs ont besoin de crédibiliser leurs films. Ils s'appuient certes sur la Mission cinéma du ministère des Armées, mais ont de plus en plus recours à des conseillers dits « militaires », qui leur apportent le vernis et le sens du détail nécessaires. Le conseil apporté est variable en quantité et en qualité. Il nécessite obligatoirement une adaptation du conseiller aux besoins du film.Producers and directors have a need to ensure the credibility of their films. While they can certainly rely on the support of the film department (Mission Cinéma) of the Ministry of the Armed Forces, they are now increasingly turning to military advisers and consultants, who bring the necessary final touch and sense of detail. The advice provided varies in both quantity and quality. It necessarily involves an adaptation of the adviser to the needs of the film.
- Cinquante nuances d'espions - Pauline Blistène p. 113-120 La fiction d'espionnage française est réputée pour son invraisemblance et donne souvent à voir des espions brutaux, grand-guignolesques et/ou xénophobes. Tout semble avoir changé depuis avril 2015 et la diffusion sur Canal+ du Bureau des légendes, première série télévisée bénéficiant du soutien explicite de la dgse, qui a démystifié sans pour autant banaliser l'univers du renseignement. Outre son indéniable qualité narrative, la capacité de la série à renouveler entièrement l'imaginaire de l'espionnage français, balayant toutes les figures antérieures, constitue l'un de ses intérêts majeurs. La demande accrue d'informations sur les activités réelles des services français, ainsi que l'apparent « réalisme » de la série en ont fait un véritable phénomène sociétal.French spy fiction is famous for its implausibility and often depicts brutal, burlesque and/or xenophobic spies. This all seems to have changed since 2015, with the broadcasting of Le Bureau des légendes (The Bureau) on Canal+, the first TV series to have the explicit support of the French intelligence agency (DGSE), which demystified—without banalizing—the universe of intelligence and espionage. Besides its undeniable narrative quality, the ability of the series to carry out a total refresh of the image of France's spies, sweeping aside the figures of the past, constitutes one of its main points of interest. The increasing demand for information on the real activities of the French intelligence services, combined with the apparent realism of the series, transformed it into a full-scale societal phenomenon.
- Forces spéciales dans les salles obscures - Philippe Rousselot p. 121-132 Depuis la guerre du Vietnam, et plus encore depuis le 11-Septembre, le cinéma a progressivement et massivement collé à l'émergence d'un nouveau type d'action militaire, lié à un niveau de décision politique suprême : les opérations spéciales. Hollywood a fixé les règles scénaristiques du genre, qui tient désormais une place de choix, si ce n'est la première, dans le cinéma de guerre. Le soldat des forces spéciales est le héros par excellence, un « cowboy postmoderne ».Since the Vietnam War, and even more since 9/11, cinema has progressively and massively clung to the emergence of a new type of military action, associated with a supreme level of political decision-making—Special Ops. Hollywood has established the scriptwriting rules of the genre, which now has a select place, if not yet the top place, among war films. The special forces operative is the epitome of the hero, a “postmodern cowboy”.
- La Résistance : une représentation impossible ? - Olivier Wieviorka p. 133-140 Les représentations de la Résistance dans le cinéma français ont largement évolué depuis 1945. À la Libération, les films tendent en effet à exalter l'armée des ombres, en soulignant le patriotisme des clandestins, mais en taisant leurs divisions et leurs engagements politiques. Mais à partir de 1958, et a fortiori de 1973, l'image de la Résistance devient plus complexe. Sans pourtant inspirer de chefs-d'œuvre, à de rares exceptions près. Car l'action clandestine s'est souvent résumée à des tâches monotones et répétitives, sans grand intérêt dramatique, et la flamme militante est difficile à représenter sans sombrer dans le pathos ou le déclamatoire. Une aporie que le septième art n'a pas réussi à dépasser.Representations of the French Resistance in French cinema have evolved considerably since 1945. Immediately after the Liberation, films tended to exalt the army of shadows, emphasizing the patriotism of the clandestine fighters but drawing a veil over their divisions and political engagements. However, from 1958 onwards, and all the more so since 1973, the image of the French Resistance became more complex, at the risk of blurring. This shift, with a few rare exceptions, did not inspire much in the way of cinema masterpieces. The reason is that clandestine action often consists of monotonous and repetitive tasks, with no major dramatic interest, and the passion of the militant is difficult to depict without sinking into pathos or declamations. This is an aporia that the seventh art has not yet managed to solve.
- Génération War, un débat allemand - Alexander Jünemann p. 141-145 Unsere Mütter, unsere Väter (« Nos mères, nos pères ») pour le titre original, Generation War en France, est une mini série allemande diffusée en 2013, qui raconte le destin de cinq amis âgés d'une vingtaine d'années en 1941, présentés à la fois comme victimes et comme bourreaux. Énorme succès populaire, elle a déclenché des débats intenses entre historiens, philosophes et éditorialistes, et des discussions enflammées sur cette période de l'histoire entre différentes générations d'Allemands. Inflexions a questionné un jeune officier allemand sur sa vision de cette série.Unsere Mütter, unsere Väter (literally “Our mothers, Our fathers”) in its original German title, Generation War on its international release, is a German TV miniseries first broadcast in 2013, narrating the destiny of five friends in their early twenties in 1941, who are portrayed as both victims and perpetrators. An enormous popular success, it triggered intense debate between historians, philosophers and editorialists, and passionate discussions between different generations of Germans concerning this period of history. Inflexions interviewed a young German officer on his view of this series.
- Lawrence d'Arabie, la tragédie à l'envers - Patrick Clervoy p. 147-150 Reconnue dès sa sortie en 1962 comme un grand film, l'adaptation par David Lean de l'ouvrage Les Sept Piliers de la sagesse de Thomas Edward Lawrence est construite comme une tragédie antique. Tout est annoncé dès le début. Lorsque le mythe dépasse l'histoire individuelle, il finit par broyer celui qui l'a porté.Recognized immediately as a great film immediately on its release in 1962, the adaptation by David Lean of The Seven Pillars of Wisdom by Thomas Edward Lawrence is constructed like an ancient tragedy. Everything is announced from the start. When the myth grows bigger than the story of the individual, it ends up crushing the person who brought it into being.
- La Grande Illusion ou comment rendre populaire la captivité - Évelyne Gayme p. 151-158 On ne présente plus La Grande Illusion, film de Jean Renoir sorti en 1937, qui remporte d'emblée, en France comme à l'étranger, un énorme succès populaire. Les critiques cinématographiques, les biographes ou les historiens insistent sur son pacifisme et/ou sur sa présentation de la lutte des classes. Mais c'est surtout le premier film évoquant la captivité de guerre. Sa genèse, son scénario comme sa réception par le public et sa postérité cinématographique permettent d'étudier les relations entre la société française et les soldats captifs. La Grande Illusion crée donc le film de captivité. Plus encore, il en est l'archétype.La Grande Illusion, the film by Jean Renoir released in 1937, needs no introduction. From the start it achieved enormous popular success, both in France and abroad. Cinema critics, biographers and historians emphasize on its pacifism and/or its presentation of the class struggle. However, it is above all the first film to evoke wartime captivity. Its genesis, its script, its public reception and its cinematographic posterity provide a basis for studying the relations between French society and French prisoners of war. La Grande Illusion therefore created the genre of the prisoner-of-war film. More importantly, it is the archetype of the genre.
- La Bataille d'Alger : manuel de guérilla ou leçon de cinéma ? - Élie Tenenbaum p. 159-167 Réalisé en 1966 par le cinéaste italien Gillo Pontecorvo, primé par un Lion d'or au Festival de Venise, La Bataille d'Alger est une œuvre cinématographique hors du commun, au carrefour du film de guerre, du film d'auteur engagé et du cinéma documentaire. En revenant sur les événements de 1956-1957 qui opposèrent l'infrastructure clandestine du fln aux hommes de la 10e division parachutiste, le film dresse le portrait saisissant de l'engrenage du terrorisme et du contre-terrorisme dans le contexte d'une guerre irrégulière. Produit par Yacef Saâdi, lui-même ancien cadre du fln lors de cette bataille, il aura un destin particulièrement éclectique : utilisé comme outil de propagande par le régime de Boumédiène en Algérie, il fait en France l'objet d'une vive controverse autour de la mémoire d'une guerre encore sans nom. À l'international, il deviendra une référence incontestable pour les mouvements révolutionnaires de tous horizons aussi bien que pour les experts de la contre-insurrection.Made in 1966 by the Italian director Gillo Pontecorvo, and awarded a Golden Lion at the Venice festival, La Bataille d'Alger is an exceptional work of cinema, at the crossroads between war film, politically engaged art film and documentary. By looking back on the events of 1956–1957, pitching the clandestine infrastructure of the FLN against the men of the 10th Parachute Division, the film presents a striking portrait of the vicious circle of terrorism and counter-terrorism in a context of irregular warfare. Produced by Yacef Saadi, who was himself a former officer of the FLN during this battle, the film was to have a particularly eclectic destiny: used as a propaganda tool by the Boumediene regime in Algeria, in France it was the subject of passionate controversy concerning a war that was still nameless. Internationally, it became the indisputable reference for revolutionary movements all over the world, as well as for counter-insurrection experts.
- Why we fight : Hollywood en guerre - Olivier-René Veillon p. 169-183 Why we fight, série documentaire de Frank Capra, est produite entre 1942 et 1945 par le service de l'information de guerre du département des transmissions des forces armées américaines. Déclinée en sept films, c'est une entreprise paradoxale et exemplaire : une œuvre de propagande qui est aussi un film d'auteur signé par un réalisateur des plus ombrageux et des plus soucieux de son indépendance artistique. Un de ceux qui, parmi les plus grands, ont donné à Hollywood toute l'étendue de ses pouvoirs. Et pour qui l'engagement dans la guerre était la continuité de son engagement cinématographique. Cette série atypique est l'un des grands moments de l'histoire du cinéma américain, mais bien plus encore un moment décisif dans l'histoire des États-Unis d'Amérique.Why we fight, a documentary series by Frank Capra, was produced between 1942 and 1945 by the war information department of the Signal Corps of the American armed forces. Consisting of seven films, it is a paradoxical and exemplary enterprise: it is both a work of propaganda and an art film signed by a director known to be one of the tetchiest and most defensive of his artistic independence. He is one of those great directors who have given Hollywood its full range of powers. For him, enlistment in the war was the continuity of his commitment to cinema. This atypical series is one of the great moments in the history of American cinema, but, much more than that, it is a decisive moment in the history of the United States of America.
- Un pont entre deux mondes - Bénédicte Chéron p. 13-23
Pour nourrir le débat
- Abou Bakr al-Baghdadi est-il un lecteur assidu de la pensée militaire française ? - Benjamin Brunet p. 185-196 Au-delà de savoir si Guerre en montagne fait partie de la bibliothèque idéale des penseurs du djihad, il est intéressant de noter que la stratégie menée par l'État islamique ces dernières années a suivi quasi méthodiquement les six principes de la guerre en montagne définis dans cet ouvrage. Ces principes s'avèrent ainsi être une grille de lecture particulièrement pertinente pour mesurer l'efficacité d'un groupe terroriste ancré dans une stratégie territoriale utilisant des modes d'action classiques ou hybrides. Après avoir appliqué ces six principes à la stratégie passée et présente de notre ennemi principal, il conviendrait désormais de plaquer la même réflexion à nos opérations actuelles et/ou futures, qui reposent sur une approche globale trop souvent dévoyée.Beyond knowing whether Guerre en montagne (the 2006 French book on mountain warfare) is part of the ideal library for Jihad thinkers, it is interesting to note that the strategy implemented by the Islamic State over the last few years has almost methodically followed the six principles of mountain warfare described in this work. So, these principles are found to be a particularly relevant template for measuring the effectiveness of a terrorist group anchored in a territorial strategy using classic or hybrid methods of action. After applying these six principles to the past and present strategy of our main enemy, we should now apply the same reflection to our own current and/or future operations, which are based on a global approach that is too often diverted from its original intent.
- L'architecture militaire au service de la représentation de l'État - Maxime Azan p. 197-208 Outil de défense, l'architecture militaire est parée de symboles exprimant les valeurs de l'armée. Elle est aussi un moyen d'expression de la puissance de l'État. L'auteur s'attache à appréhender ces symboles et à analyser leur évolution du Grand Siècle à nos jours.As an instrument of defence, military architecture is decorated with symbols expressing the values of the armed forces. It is also a means of expressing the power of the State. The author sets out to decipher these symbols and to analyze their development from the 17th century to today.
- Commander : un besoin de responsabilité - Émilien Frey p. 209-215 Comprendre le monde afin de choisir en conscience, se préparer intellectuellement à l'exercice de l'autorité : le chef doit toujours veiller au besoin en responsabilité inhérent au commandement des hommes.Understanding the world in order to make choices in full awareness of the consequences; preparing yourself intellectually for the exercise of authority: the commander must always pay attention to the need for responsibility inherent to the role of commanding others.
- Abou Bakr al-Baghdadi est-il un lecteur assidu de la pensée militaire française ? - Benjamin Brunet p. 185-196
Translation in English
- A bridge between two worlds - Bénédicte Chéron p. 217-228 Le cinéma français a longtemps entretenu des rapports difficiles et contrastés avec les personnages militaires, marqués par des strates mémorielles successives dont la Grande Guerre constitue la scène inaugurale. Le soldat français, longtemps réduit à des stéréotypes de victime ou de bourreau, peine à trouver une place qui le représente de manière juste sur les grands et petits écrans. Ces deux mondes, militaire et cinématographique, se sont en outre longtemps tenus à distance l'un de l'autre. Comme en d'autres domaines, l'engagement français en Afghanistan a provoqué des évolutions notables. Des liens nouveaux ont été tissés entre armées et milieux de la création audiovisuelle. Quelques productions viennent montrer qu'un renouvellement des représentations du militaire à l'écran est possible. Reste que ces frémissements demeurent timides.French cinema has long had difficult and contrasting relations with its military characters, marked by successive strata of collective memory, taking the Great War as inevitable inaugural scene. The French soldier, long reduced to stereotypes of victim or perpetrator, has difficulty finding a place where he is fairly represented on the big or little screen. These two worlds, the military and the cinematographic, have also long kept their distance from each other. As in other domains, France's engagement in Afghanistan provoked some noteworthy changes. New links have been woven between the armed forces and the world of audio-visual creation. A few productions have shown that a renewal in the way that characters from the military are portrayed is possible. However, these early signs remain timid.
- A bridge between two worlds - Bénédicte Chéron p. 217-228
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 229-238