Contenu du sommaire : Les sciences humaines et sociales au travail (iii): Réseaux socionumériques et travail de la recherche
Revue | Tracés |
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Numéro | Hors-série no 21, 2021 |
Titre du numéro | Les sciences humaines et sociales au travail (iii): Réseaux socionumériques et travail de la recherche |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Sociabilités, identités, visibilités : les métiers de la recherche face aux réseaux socionumériques - Annabelle Allouch, Diégo Antolinos-Basso, Florian Besson, Natalia La Valle, Jean-Baptiste Vuillerod p. 7-26
Articles
- « Twitta », « influenceuse », « intellectuelle », « communicante » ? Être enseignante-chercheuse sur Twitter - Laélia Véron p. 29-50 Tweeter, quand on est enseignante-chercheuse ou enseignant-chercheur, relève-t-il d'une pratique privée ou d'une pratique professionnelle ? Comment jongler avec les différentes personae qu'on peut incarner sur Twitter : celles de l'universitaire, de l'intellectuelle, de l'influenceuse voire de la journaliste, de la militante ou encore de la communicante ? Cet article se propose de faire le bilan réflexif de quelques années de pratique de valorisation et diffusion de la recherche sur les réseaux sociaux, en revenant sur les intérêts et les limites de ces nouveaux médias.When you are an academic, is tweeting a personal or a professional practice? How do you juggle between the different personas that you embody on Twitter: the Academic, the Intellectual, the Influencer/Journalist, the Activist or even the Communicator? This article aims to examine the interests and limitations of this new media based on a reflection and analysis of the experience built up over a number of years in promoting and disseminating research on social networks.
- Le Moyen Âge sur les réseaux sociaux : quelques réflexions sur l'expérience d'Actuel Moyen Âge - Florian Besson p. 51-64 Fondé en 2016, Actuel Moyen Âge est un blog de diffusion de la recherche en histoire médiévale tenu par de jeunes médiévistes. Très tôt, nous avons investi les réseaux sociaux, en particulier Twitter, en cherchant à y faire de la vulgarisation scientifique, à la fois originale et de qualité. Cet article revient sur les défis spécifiques à ce réseau social, les opportunités qu'il offre, les questions qu'il force à se poser.Actuel Moyen Âge is a blog founded in 2016, run by young medievalists who wanted to find a way to disseminate research in medieval history. Very early on, we turned to the social networks, creating a Twitter account with the aim of using it to popularize science in an original and reputable manner. This article reviews the specific challenges of this social network, its opportunities and its limits, and the questions it forces to be asked.
- Une informalité bien ordonnée ? La conversation académique sur Twitter - Caroline Muller, Frédéric Clavert p. 65-84 Twitter et les médias sociaux n'ont pas bonne presse. Pourtant, cette réputation ne correspond pas ou qu'en partie à l'expérience qu'en ont maint-e-s chercheurs et chercheuses. Sur la base d'un corpus de tweets, nous soutiendrons dans cet article que le « Twitter académique » est un reflet des conditions matérielles de la recherche, permet une plus grande visibilité des chercheurs et chercheuses et en conséquence la formation de réseaux atypiques au regard de lieux plus classiques de socialisation universitaire. Les échanges qui s'y tiennent relèvent d'une informalité bien ordonnée, pour partie contrainte par les hiérarchies de l'enseignement supérieur et de la recherche.Twitter and social media do not have a good reputation. However, this reputation does not correspond, or only partly corresponds, to the experience of many researchers. Based on a corpus of tweets, we argue in this article that academic Twitter reflects the material conditions of research in France, allows for greater visibility of researchers and consequently for the formation of atypical networks that does not occur in the more traditional places of academic socialization, all in a form of a “well-ordered” informality, partly constrained by the hierarchies of higher education and research.
- Du laboratoire à la plateforme. Enquête sur le Twitter des sociologues en France - Mehdi Arfaoui p. 85-106 Cette enquête questionne les opportunités et les effets de l'usage de Twitter pour le travail des universitaires. Nous soulignons d'abord les enjeux contemporains propres au champ académique en rappelant qu'un certain nombre d'acteurs voient dans les outils technologiques une possibilité de valoriser le travail universitaire et de susciter de nouvelles connexions. Nous prenons ensuite le cas d'étude plus précis de sociologues utilisant la plateforme Twitter. Nous exposons nos choix méthodologiques pour construire une base de données des sociologues utilisant Twitter en France et présentons les résultats issus de nos premières analyses pour conclure sur plusieurs perspectives de recherche. En résumé, nous montrons la reproduction partielle, sur la plateforme, des hiérarchies traditionnelles du champ académique, mais également une recomposition des pratiques. Ces résultats invitent à poursuivre l'enquête en se focalisant sur les agencements imaginés par les utilisateurs pour résoudre les tensions qu'amène la rencontre entre plateforme numérique et travail universitaire.This investigation questions the opportunities and effects of the use of Twitter on the work of academics. We first highlight the contemporary issues specific to the academic field, pointing out that a number of stakeholders see technological tools as an opportunity to showcase academic work and build new connections. We then take the more specific case study of sociologists using Twitter. We set out the methods we chose to build a database of sociologists using Twitter in France and present the results of our first analyses, concluding with several research directions. In short, we show that the use of Twitter comes with a partial reproduction of the traditional hierarchies of the academic field, but also a reconfiguration of social practices. These results encourage us to keep investigating, focusing on the arrangements imagined by academics to resolve the tensions brought by the encounter between digital platforms and academic work.
- Étude comparée des usages de HAL et Academia par les chercheurs en sciences humaines et sociales - Émile Gayoso p. 107-120 Cet article se propose d'apporter un double éclairage sur la diffusion en ligne des articles scientifiques en sciences humaines et sociales (SHS). Le premier éclairage est quantitatif, et vise à mesurer l'importance de l'archive ouverte nationale HAL et du site de réseau social académique Academia dans la mise à disposition de la recherche en SHS. L'étude est menée à partir d'un corpus de 70 000 articles parus entre 2010 et 2018 dans cinq disciplines de référence : histoire, géographie, littérature, sciences de gestion et sciences de l'environnement. Le deuxième éclairage est qualitatif et s'appuie sur une enquête par entretiens auprès d'une quinzaine de chercheurs de ces différentes disciplines. Les usages de HAL et d'Academia y sont situés dans l'ensemble plus vaste des pratiques numériques des chercheurs et inscrits dans leur parcours de publiants.This article aims to shed light on the online dissemination of scientific articles in the humanities and social sciences by adopting two perspectives. The first perspective is quantitative and aims to measure the importance of the national open archive HAL and the academic social network site Academia in the online release of research in social sciences and humanities. The study is based on a corpus of 70,000 articles published between 2010 and 2018 in five benchmark disciplines: history, geography, literature, management sciences and environmental sciences. The second perspective is qualitative and is based on interviews with some fifteen researchers from these different disciplines. The uses of HAL and Academia are situated in the wider set of digital practices of researchers and embodied in their publishing career.
- Espaces 2.0 du spatial 2.0 : premiers retours d'expérience - Arnaud Saint-Martin p. 121-135 Cet article propose une exploration des réseaux sociaux et des espaces de communication numériques des communautés de l'exploration spatiale. Il se base sur des observations de premières main « dans la vie réelle » et à distance, par le truchement d'outils et dispositifs désormais structurants des modes de sociabilité de cet espace « 2.0 » du spatial. On soulignera que c'est d'autant plus heuristique de s'y immerger, dans l'anticipation réflexive des limites de ces ressources et du coût que représente la simple présence de l'observateur dans ces espaces numériques.This article aims to explore the social networks and digital communication spaces of space exploration communities. It is based on first-hand observations “in real life” and at a distance, using tools and devices that now shape the modes of sociability of this “2.0” space for Space. The argument will be that it is heuristic to immerse oneself in these spaces, in the reflective anticipation of the limits of these resources and of the costs that the simple presence of the observer within these digital spaces implies.
- Disséminer sa recherche dans l'espace public numérique : notes d'un chercheur connecté - Mathieu Jacomy p. 137-152 Les médias sociaux offrent aux chercheurs des moyens de connaître leur public, bien qu'imparfaitement. C'est l'un des intérêts d'ouvrir un carnet de recherche en ligne ou un compte Twitter. À partir de ma propre expérience de partage sur Twitter et d'écriture d'un carnet de recherche sur Hypothèses.org, je brosse un portrait de l'espace public numérique, tel qu'il se présente à moi dans ce contexte, inspiré des travaux de Franck Ghitalla sur le web. J'utilise l'analyse de réseaux comme un cadre conceptuel pour donner une représentation de la structure du web en couches de visibilité empilées verticalement. Ce modèle me permet de poser la question de notre situation dans le web lorsque nous tentons, comme chercheurs, d'entrer en dialogue avec un public en ligne sans pour autant ambitionner la visibilité maximale qui caractérise la figure de l'influenceur. J'en conclus que même si les chercheurs n'ont pas des buts d'influenceurs, ils peuvent tirer un bénéfice modeste des traces d'usage retournées par les plateformes.Social media provides a way for researchers to know their audience, albeit imperfectly; This is one of the benefits of opening an online research blog or a Twitter account. From my own experience of disseminating knowledge on Twitter and writing a research blog on Hypotheses.org, I paint a portrait of the digital public space, as it appears to me in this context, drawing inspiration on Franck Ghitalla's work about the web. I use network analysis as a conceptual framework to give a representation of the web's structure in vertically stacked layers of visibility. This model allows me to ask the question of our situation on the web when we try, as researchers, to engage in a dialogue with an online audience without aiming for the maximum visibility that characterizes the figure of the influencer. I conclude that, even though researchers do not have the same goals as influencers, they may derive modest benefits from the digital traces returned by platforms.
- 2009-2021 : regards sur l'évolution des usages des médias sociaux dans la sphère scientifique et le monde de la culture scientifique en France - Loïc Bommersbach, Marion Sabourdy p. 153-167 Écrit par deux professionnels de la communication scientifique, aux parcours complémentaires, l'un au sein d'institutions scientifiques et l'autre dans un organisme de culture scientifique, émaillé de témoignages, cet article propose un retour sur l'évolution des usages des réseaux sociaux dans la sphère scientifique et le monde de la culture scientifique en France ces douze dernières années. Entre l'enthousiasme des débuts et les signes d'une certaine lassitude liée à la montée de la méfiance envers les sciences et à la progression de la haine en ligne, cet article propose quelques pistes pour arriver aux prémices d'un fonctionnement hybride, entre acteurs institutionnels, auteurs et publics.Written by two scientific communication professionals, with complementary backgrounds, one in scientific institutions and the other in a scientific culture organization, and enriched with testimonies, this article proposes a review of the evolution of the use of social media in the scientific sphere and the field of scientific culture in France over the last twelve years. Between the initial enthusiasm, then a certain weariness linked to the rise of mistrust towards science and the progression of online hatred, this article proposes some leads in order to arrive at the beginnings of a hybrid functioning, between institutional actors, authors and the general public.
- « Twitta », « influenceuse », « intellectuelle », « communicante » ? Être enseignante-chercheuse sur Twitter - Laélia Véron p. 29-50
Entretien
- Faire parler la science. Entretien croisé avec Jihane Benamar, Delphine Cavallo, Lisa George et Amélie Vairelles (chargées de communication scientifique) - Diégo Antolinos-Basso, Natalia La Valle p. 171-188 Dans le cadre du cycle « Les sciences humaines et sociales au travail », cet entretien donne la parole à quatre responsables de la communication, travaillant ou ayant travaillé au sein de laboratoires de sciences sociales et, pour l'une d'entre elles, de sciences exactes. À l'heure de l'individualisation croissante des carrières et de la mise en concurrence généralisée des compétences, les échanges avec ces artisanes de la parole publique de la science ouvrent de nombreuses questions, pertinentes au-delà du champ strictement communicationnel : que font les réseaux sociaux numériques (RSN) aux métiers de la recherche, et en particulier à celui de communicant-e ? Qu'en font les institutions de l'enseignement supérieur et de la recherche ? Quels usages préconisent-elles pour cette dernière et les métiers d'appui ? Comment comprendre certaines injonctions paradoxales (à propos de Twitter) ? Retracer les parcours et les activités de ces collègues permet non seulement d'interroger le rôle de la communication et de la médiation scientifiques à l'aune des RSN, mais aussi de décrire les effets que la transformation de certains outils de communication produit sur les pratiques et les éthiques professionnelles.As part of the “Humanities and social sciences at work” cycle, this interview gives the floor to four communication managers who work or have worked in social science laboratories and, for one of them, in exact sciences. At a time of increasing individualization of careers and widespread competition for skills, the conversations with these skilled science public speakers open up many relevant questions, beyond the strictly communicational field: What do digital social networks (DSN) do to the research professions, and to communicators? What do higher education and research institutions do with them? What uses do they recommend for researchers and research support professions? How can we understand certain paradoxical injunctions (regarding Twitter, for instance)? Tracing the careers and activities of these colleagues allows us not only to question the role of scientific communication and mediation in the light of the DSN, but also to describe the effects that the transformation of certain communication tools has on professional practices and ethics.
- Faire parler la science. Entretien croisé avec Jihane Benamar, Delphine Cavallo, Lisa George et Amélie Vairelles (chargées de communication scientifique) - Diégo Antolinos-Basso, Natalia La Valle p. 171-188