Contenu du sommaire : Critique et sciences sociales

Revue Astérion Mir@bel
Numéro no 27, 2022
Titre du numéro Critique et sciences sociales
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier

    • Présentation du dossier - Claude Gautier, Emmanuel Renault accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Ce dossier saisit l'occasion des vives controverses qui, récemment, ont porté sur la neutralité et la scientificité des sciences sociales pour revisiter la discussion épistémologique et politique sur les rapports entre critique et sciences sociales.
      In light of heated recent debates about neutrality and scientificity in social sciences, this issue seizes the opportunity to reconsider the terms of epistemological and political arguments concerning the relationships between critique and social sciences.
    • Spécificités et légitimité des sciences sociales critiques
      • Cartographier les sociologies critiques : définitions, justifications et modèles critiques - Emmanuel Renault accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article se propose de mettre en perspective les débats actuels en distinguant tout d'abord deux types de critiques de la sociologie critique : celles qui opposent sociologies critiques et non critiques, et celles qui relèvent de controverses internes à la sociologie critique. Dans l'une et l'autre de ces types de controverses, l'idée de sociologie est entendue en un sens réducteur. Il semble utile de souligner la diversité des définitions, des justifications et des modèles critiques propres aux différentes formes possibles de la sociologie critique. La première section de l'article porte sur la question de la définition, la deuxième sur celle des justifications, et la troisième sur celle des effets critiques.
        To clarify what is at stake in the contemporary attacks against critical sociology, this article begins by distinguishing two types of critical sociology critiques: those that compare critical sociologies with non-critical ones, and those that arise from controversies inherent to critical sociology. Both approaches tend to adopt an overly simplistic view of sociology itself. To counter this, it seems useful to highlight the diversity of the definitions and justifications of critical sociology belonging to the various critical models operating in critical sociology. The first part of this article therefore deals with definitory issues, the second with justificatory issues, and the third with the critical models.
      • Critique pour qui ? Politisation par l'enquête et objectivation de sa réception - Maud Simonet accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        En comparant sur plusieurs scènes la réception de mes recherches sur le travail bénévole – désenchantement pour les un.es, truisme pour les autres – et en prenant au sérieux le processus de politisation par l'enquête qui a été le mien, cet article propose une analyse située à la fois socialement et politiquement du désenchantement que produirait la sociologie catégorisée comme critique. Il met en lumière deux défenses de l'autonomie de l'engagement, au cœur de la critique de la critique : celui de l'autonomie de « l'engagement citoyen » des acteurs et de leur rapport au travail, et celui de l'autonomie du travail du chercheur.se et de ses « engagements », généralement présenté sous le topos de la « neutralité » de la recherche. Ce retour réflexif sur les effets de l'enquête sur les autres, mais aussi sur moi-même, vient questionner in fine la portée sociale et politique de cette « conception des mondes antagonistes » inscrite dans une « doctrine de la séparation des sphères » du travail et de l'engagement qui concerne ici tant l'objet que la pratique de recherche.
        This article seeks to offer a socially and politically situated analysis of the disenchantment produced by sociological research categorised as critical. It offers a step-by-step comparison of how a study on voluntary work (that produced disenchantment for some, truism for others) was received. It also gives weight to the fact that a research process can also lead to the politicisation of research. The article sheds light on two arguments for the autonomy of engagement that lies at the heart of the critique of a critique: one concerning the autonomy of the actors' “citizen engagement” and of their relation to work, and the other concerning the autonomy of the researcher's work and its “commitments”, generally presented as “research neutrality”. This reflexive attention to the effects of the research investigation not only on others but also on the author of the research ultimately questions the social and political scope of the “conception of hostile worlds” inscribed in the “doctrine of separated spheres” of work and commitment that, in the present case, concerns both the object and the practice of research.
      • Les fonctions de la critique dans la sociologie de Pierre Bourdieu - Claude Gautier accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Dans cet article, il s'agit de restituer la complexité et la multiplicité des fonctions de la critique dans la sociologie de Pierre Bourdieu. Celle-ci a d'abord une fonction théorique et scientifique qui permet d'accomplir la rupture épistémologique de type bachelardien. Elle a, ensuite, une fonction autoréflexive qui permet d'objectiver le sujet connaissant en lui faisant prendre conscience des privilèges épistémiques (et en partie sociaux) de sa condition de savant. C'est dans ce contexte seulement qu'il est possible d'envisager le rapport de cette sociologie à la critique sociale, laquelle émerge aussi comme un devoir moral et politique. Cette dimension ne relève toutefois pas, comme on a tendance à l'affirmer, d'une posture militante de dénonciation. Elle suppose, au contraire, la satisfaction de conditions qui font de la sociologie une science. Nous envisagerons l'une des formes possibles de cette dimension de critique sociale qui peut faire du sociologue un porte-parole.
        The aim of this article is to restore the complexity and multiplicity of the functions of critique in Pierre Bourdieu's sociology. The first function is a theoretical and scientific one that allows a Bachelardian-type of epistemological breakdown to be conducted. The second is a self-reflexive function that enables the objectivation of the knowing subject by making him aware of the epistemic (and partly social) privileges of his condition as a scholar. Only in this context does it become possible to consider the relationship of such sociology to social criticism, that also emerges as a moral and political duty. However, this dimension is not, as is often claimed, a militant posture of denunciation. On the contrary, it presupposes the satisfaction of conditions that make sociology a science. We will consider one of the possible forms of this dimension of social criticism which can make the sociologist a spokesperson.
      • Une critique alternative (en sciences sociales) : enquêter sur le front des possibles - Haud Guéguen, Laurent Jeanpierre accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        La possibilité de transformer la réalité sociale est l'un des présupposés de la critique en sciences sociales. Comment en faire à la fois un objet et un objectif central de l'enquête, en particulier en sociologie ? Un bref regard sur l'histoire de la discipline, sous la forme d'un retour sur certains textes de la théorie critique allemande inspirée de Marx et de Weber – tous deux ont placé les possibilités au cœur de leur sociologie – ainsi que sur la sociologie de Pierre Bourdieu, permet de montrer que le problème de l'élaboration d'une enquête sur les possibles a été régulièrement posé et pensé comme un vecteur privilégié de connaissance critique sur un plan à la fois épistémologique et politique. L'article dessine les contours de cette tradition de recherche et propose plusieurs domaines d'application déjà existants ou en chantier. Il suggère de faire des possibles du présent et des espérances pensées et pratiquées le point focal de la critique sociologique. Suivre un tel programme de recherche doit aussi permettre de mieux affronter la contestation récurrente des ambitions transformatrices de ces disciplines et les doutes sur leur puissance émancipatrice. La dernière section évoque les schèmes temporels en fonction desquels il convient aujourd'hui d'appréhender ces possibles latents et souhaitables sous l'angle du rapport à l'avenir et de la question du progrès.
        The possibility of transforming social reality is one of the presuppositions of critical social sciences. How can it be turned into both an object and a central objective of inquiry, particularly in sociology? A brief look at the history of the discipline, in the form of a return to certain texts of German critical theory inspired by Marx and Weber – both of whom placed possibilities at the heart of their sociology – and to Pierre Bourdieu's sociology allows us to show that the problem of elaborating an inquiry about possibilities has often been posed and is viewed as a privileged vector for critical knowledge. The contours of this research tradition are outlined in this article. It goes on to propose several fields of application that either already exist or are in the making. The article then suggests making the possibilities of the present and the hopes considered and practised a focal point of critical sociology. Following such a research programme should also lead to a better way of handling the recurrent contestation of the transformative ambitions of these disciplines and the doubts about their emancipatory power. The last section evokes the temporal schemes according to which it is advisable, in the present, to apprehend these latent desirable possibilities from the angle of the relationship to the future and the question of progress.
    • Quelques questions disputées
      • L'intersectionnalité, une menace pour la sociologie (et les sociologues français) des classes sociales ? - Isabelle Clair accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Depuis la traduction, en 2005, de l'un des articles de Kimberlé W. Crenshaw introduisant le concept d'intersectionnalité, le mot et la perspective théorique que celui-ci labellise font l'objet d'une grande défiance de la part de nombreux·ses sociologues se revendiquant, en France, d'un positionnement critique. Le lexique de la menace est mobilisé pour disqualifier l'approche intersectionnelle – bien plus que pour la discuter – car celle-ci aurait pour visée, ou pour effet, de purement et simplement effacer la classe sociale comme catégorie d'analyse fondamentale. L'article revient sur les raisons d'un procès de plus en plus bruyant au fil des années, fait d'ignorances entretenues et de refus de la controverse.
        Since the translation, in 2005, of one of Kimberlé W. Crenshaw's articles introducing intersectionality into the field of French social sciences, the word and the theoretical perspective it labels have been the object of great mistrust on the part of many sociologists claiming a critical position. The lexicon of threat is mobilised to disqualify the intersectional approach – much more than to discuss it – because its aim, or effect, is to purely and simply erase social class as a fundamental category of analysis. The article goes back over the reasons for a trial that has become more and more noisy over the years, made of maintained ignorance and refusal of controversy.
      • Quand l'état critique est salutaire. Du procès du « décolonialisme » à l'urgence du décentrement - Stéphane Dufoix accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Depuis quelques années, les sciences sociales françaises – la sociologie en tête – connaissent une période de vive tension caractérisée en particulier par des attaques concernant le caractère « idéologique » – et donc non scientifique – de la discipline et sa vulnérabilité face à l'invasion du « décolonialisme » venu des États-Unis. Pourtant, la plupart de ces accusations reposent sur des approximations, des erreurs et des méconnaissances qu'il est nécessaire de corriger pour bien faire la différence entre par exemple le « décolonialisme » dénoncé par les néo-républicains – politiques ou universitaires – et la « pensée décoloniale » qui est le résultat d'une histoire complexe et dont le caractère critique provient d'une opposition épistémologique à l'universalisme abstrait de type occidental. Un rapide panorama de certains mouvements académiques non occidentaux montre d'ailleurs qu'une grande partie des pensées contre-hégémoniques ont adopté une posture critique afin de pouvoir envisager un nouvel universalisme.
        For some years now, the French social sciences –sociology in particular– have been undergoing a period of great tension that was essentially characterised by attacks on the “ideological” –and therefore unscientific– character of the discipline and its vulnerability to the invasion of “decolonialism” from the United States. However, most of these accusations are based on approximations, errors, and misunderstandings that need to be corrected in order to distinguish between, for example, the “decolonialism” denounced by neo-republicans –be they political or academic– and “decolonial thought”, which springs from a complex history and whose critical character stems from an epistemological opposition to abstract universalism of the Western type. A quick overview of certain non-Western academic movements shows that a large part of counter-hegemonic thought has adopted a critical stance in order to be able to envisage a new universalism.
      • Qu'est-ce que la critique dans la philosophie critique de la race ? - Magali Bessone accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'article se propose de prendre au sérieux la notion de « critique » pour évaluer dans quelles mesures, selon quelles caractérisations, sous quelles conditions et avec quelles limites, la philosophie critique de la race (PCR), qui désigne la théorie critique de la race spécifiquement dans le champ philosophique, constitue un savoir critique. La première section présentera la manière dont la PCR se définit par différence avec la philosophie de la race non critique, en termes de canon philosophique, de méthodes privilégiées et d'analyse des concepts centraux du champ : cela permettra de dégager, négativement, la fonction attribuée à la critique, méthodologiquement et théoriquement. La deuxième section dégagera trois sens possibles pour la pensée critique de la race selon les trois influences théoriques majeures du champ : la généalogie foucaldienne, la théorie critique et la phénoménologie critique. Enfin une dernière section, conclusive, se penchera plus précisément sur trois objectifs diversement défendus par les trois écoles critiques dans leur rapport à la vérité, au sujet de connaissance et à l'action.
        The article takes the notion of critique seriously in order to evaluate to what extent, according to what characterisations, under what conditions, and with what limits critical philosophy of race (CPR), which refers to critical race theory specifically in the philosophical field, constitutes critical knowledge. The first section presents the way in which CPR defines itself in contrast to non-critical philosophy of race, in terms of philosophical canon, methods, and assessment of the central concepts of the field: this allows us to identify, negatively, the function attributed to critique, methodologically and theoretically. The second section identifies three possible meanings for critical race thinking according to the three major theoretical influences in the field: Foucauldian genealogy, critical theory, and critical phenomenology. Finally, a concluding section focuses on how the three critical schools defend various objectives in their relation to truth, to the positioning of the subject of knowledge, and to transformative action.
  • Varia

    • Des usages néolibéraux de Spinoza : les cas du développement personnel et de la philosophie du management - Vincent Mariscal accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article concerne des usages spécifiques de la pensée de Spinoza, étudiés à travers une sélection d'ouvrages concernant le développement personnel et la philosophie du management. Ces textes donnent lieu, par un discours de vérité et d'autorité, à la formulation d'un spinozisme justifiant, philosophiquement, les idéaux types du néolibéralisme et faisant de Spinoza le père de ce modèle social, politique et économique. Ainsi, d'une part, les auteurs veulent convaincre les individus qu'ils doivent se concentrer sur leurs affects, en postulant que le bonheur et la liberté ne peuvent être atteints que par un travail sur soi. D'autre part, cela signifie minimiser l'influence d'une extériorité sociale qui est, pourtant, cruciale dans la philosophie spinozienne. Cet article étudie ce qui a été retenu du corpus spinozien, pour le faire correspondre au néolibéralisme et mettre en œuvre ces pratiques du développement personnel et de la philosophie du management. Nous pointons, aussi, les limites de cette interprétation singulière de Spinoza, tout en nous questionnant sur la pertinence de ce type d'adaptation de sa philosophie à l'époque contemporaine.
      This article is about specific uses of the thought of Spinoza, studied through a selection of books concerning personal development and philosophy of management. Through a discourse of truth and authority, these texts give rise to the formulation of a Spinozism that philosophically justifies the ideal types of neoliberalism and make Spinoza the father of this social, political, and economic model. Thus, the authors want to convince individuals that they must concentrate on their affects, by postulating that happiness and freedom can only be achieved by working on oneself. However, this means minimising the influence of a social exteriority that remains crucial to Spinozian philosophy. This article studies what has been retained from the Spinozian corpus, to make it correspond to neoliberalism and to apply these practices of personal development and philosophy of management. We also point out the limits of this singular interpretation of Spinoza, while questioning the relevance of this type of adaptation of his philosophy to contemporary times.
    • Des potentialités phénoménologiques de l'interpellation : Butler, Ahmed et l'orientation des corps - Justine Perron accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article a pour objectif d'exposer les potentialités d'adaptation de la théorie de l'interpellation d'Althusser à un cadre phénoménologique, et ce à l'aide de ses récupérations par Judith Butler et Sara Ahmed. Non seulement leurs écrits aident à pallier plusieurs critiques émises à l'égard de la théorie althussérienne de l'idéologie – notamment son déterminisme latent et son universalisation du sujet –, mais ils nous aident aussi à mieux comprendre comment l'idéologie fonctionne au niveau du corps marginalisé. En effet, l'idéologie agit comme une orientation discursive et corporelle du sujet dans le monde, et ce en limitant son espace, sa temporalité et les objets lui étant accessibles. En liant interpellation et corps, il nous sera également possible de pousser la théorie de l'émancipation butlérienne vers une performativité corporelle ayant pour objet le corps vécu. À cet effet, nous soulignerons que les écrits d'Ahmed sur l'interpellation bonifient ceux de Butler, car ils ouvrent la porte vers une résistance à l'idéologie ancrée dans le corps via le concept de désorientation. Bien que la désorientation puisse servir de mécanisme d'assujettissement, elle peut également, selon certaines phénoménologues, créer de nouvelles voies d'émancipation (et possibilités) pour le sujet marginalisé.
      This paper aims to expose the potential for adapting Althusser's theory of interpellation to a phenomenological framework, with the help of its recoveries by Judith Butler and Sara Ahmed. Not only do their writings help to address several criticisms of Althusser's theory of ideology –notably its latent determinism and universalization of the subject– but they also help us better understand how ideology functions at the level of the marginalized body. Indeed, ideology acts as a discursive and corporeal orientation of the subject in the world, and this by limiting its space, its temporality and the objects accessible to it. By linking interpellation and the body, it will also be possible to expand Butler's theory of emancipation towards a bodily performativity having the lived body as its object. To this effect, we will point out that Ahmed's writings on interpellation complement Butler's, as they open the door to a resistance to ideology embedded in the body via the concept of disorientation. While disorientation can serve as a mechanism of subjugation, it can also, according to some phenomenologists, create new emancipatory paths and possibilities for the marginalised subject.
    • Foucault est-il juste avec la psychanalyse ? Aux sources de son hostilité à la psychanalyse - Laurent Dartigues accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que La volonté de savoir s'annonce comme une archéologie de la psychanalyse et que certains voient en Foucault un « penseur de la psychanalyse », les références précises aux grands textes de la psychanalyse sont rares chez Foucault. Ses années de formation l'ont pourtant familiarisé avec les textes de Freud notamment, ainsi que le montrent les fiches de lecture conservées dans les archives Foucault. Force est de constater que cet intense effort de lecture laisse peu de traces dans son œuvre. Et lorsqu'il l'évoque aussi bien dans ses écrits que ses dits, Foucault est le plus souvent approximatif. Contrairement à l'interprétation commune, en lecteur de Politzer, il est en réalité très tôt embarrassé par l'hypothèse de l'inconscient. Et quand il se met à articuler ses recherches autour de la notion de savoir-pouvoir, son usage de la psychanalyse devient stratégique et de plus en plus éloigné des textes. « Être juste » avec la psychanalyse ne fait dès lors pas partie des préoccupations de Foucault. Quitte à alimenter bien avant l'heure le « livre noir » de la psychanalyse.
      While La Volonté de Savoir is presented as an archaeology of psychoanalysis and some see Foucault as a “thinker of psychoanalysis”, precise references to major psychoanalysis works are rare in Foucault. Nevertheless, his formative years familiarised him with the texts of Freud in particular, as demonstrated by the reading notes kept in the Foucault archives at the Bibliothèque Nationale de France. However, it must be acknowledged that this intense reading work has left little trace in his work. And when Foucault evokes the subject in his writings and sayings, his manner of doing so is most often vague. From the very start, as a reader of Politzer, Foucault has in fact found the hypothesis of the unconscious very awkward – which runs against the common interpretation. And when he began to articulate his research around the notion of knowledge-power, his use of psychoanalysis became strategic and grew increasingly removed from the texts. Being “fair” with psychoanalysis was therefore not one of Foucault's concerns, even if that has meant feeding the “black book” of psychoanalysis well before its time.
    • L'idéel - Evald Ilyenkov accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les tendances à la dématérialisation observables dans le capitalisme à partir des années 1960, de l'économie politique (le travail immatériel) aux pratiques artistiques (l'art conceptuel), ont suscité des tentatives pour repenser le matérialisme. Elles s'articulent autour de la recherche d'un matérialisme capable de rendre compte des rapports symbiotiques entre les objets matériels et leurs idéalisations. Les courants récents du tournant matériel, le réalisme agentiel de Barad par exemple, pourraient être lus comme une réponse à ce défi. Pourtant, l'absence notable de Marx dans ces théories crée un angle mort considérable. L'idéel (1962) du philosophe soviétique Evald Ilyenkov offre une perspective dialectique de ces problèmes en revenant à l'interprétation de Marx de ce concept en tant que forme de pratique sociale. En soulignant l'objectivité des formes idéelles contre leurs notions individualistes comme projections mentales, ou positivistes qui les réduisent à la structure neuronale du cerveau, Ilyenkov pose la nature irréductiblement sociale de la connaissance. Par une analyse des perceptions sensorielles, qui sont comprises comme possédant une histoire sociale, Ilyenkov ouvre la question de la convergence des paramètres idéels et matériels dans une société communiste. Le programme politique qui sous-tend son projet pourrait être défini comme une lutte pour des formes culturelles qui ne s'opposent pas au sujet comme étranger et hostile, mais devient sa fonction directe.
      Tendencies of dematerialisation observable in capitalism from the 1960s, from political economy (the rise of immaterial labour) to artistic practices (the emergence of conceptual art) have prompted attempts at rethinking materialism. These attempts centre around the search for a materialism capable of accounting for the symbiotic relations between material objects and their idealisations. Recent trends in the so-called material turn, such as Karen Barad's Agential Realism, could be read as responding to this challenge. Yet the peculiar absence of Marx from these theories creates a considerable blind spot. The Soviet thinker Evald Ilyenkov's 1962 article “The Ideal” offers a dialectical perspective into these problems by returning to Marx's broad interpretation of the concept of the ideal as a form of social practice. By stressing the objectivity of ideal forms against their individualist understanding as mental projections, or positivist views that reduce it to the neural structure of the brain, Ilyenkov posits the irreducibly social nature of knowledge. Through an account of sense-perceptions, which are understood as possessing a social history, Ilyenkov opens the question of how ideal and material parameters converge in a communist society. The political programme underlying his interpretation of the ideal could be defined as a struggle for cultural forms that do not oppose the subject as something alien and hostile but become its direct function.