Contenu du sommaire : Le cinquième élargissement de l'Union européenne
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
---|---|
Numéro | no 1031, janvier 2003 |
Titre du numéro | Le cinquième élargissement de l'Union européenne |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le cinquième élargissement de l'Union européenne . Avant-propos - p. 3
- Le point de vue français. Interview de Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux Affaires européennes, à propos de l'élargissement à l'Est de l'UE - p. 4-7 La ministre répond ici à quelques interrogations légitimes sur les conséquences, pour les Français notamment, du big bang annoncé à Copenhague en décembre 2002. Elle se veut en tous points rassurante et optimiste. Cet élargissement n'est pas précipité et va garantir stabilité politique et croissance économique. Le scepticisme à son égard serait lié à un déficit d'information qu'il faut combler, en dissipant deux mythes : le coût et les délocalisations. Par ailleurs, en matière d'échanges, la France a tout à y gagner. Le ton est le même à propos d'un possible afflux de travailleurs de l'Est, de l'immigration clandestine et de la surveillance des futures frontières, des relations avec les nouveaux voisins, de l'avenir des Balkans ou des conséquences de la crise irakienne pour l'UE.A French Point of View An Interview with Noëlle Lenoir, Minister for European Affairs, on the Eastern European Enlargement of the EU In this article, the minister responds to several legitimate questions concerning the consequences, in particular for the French, of the big bang announced in Copenhagen in December 2002. She is reassuring and optimistic on all points. This enlargement is not precipitous and will guarantee political stability and economic growth. She believes that scepticism is related to a lack of information which must be provided in order to dissipate two myths : the cost and corporate delocalizations. Moreover, France has everything to gain in terms of trade. She remains reassuring on the possible influx of workers from the East, clandestine immigration and surveillance of the new borders, relations with the new neighbors, the future of the Balkans and the consequences of the Iraq crisis for the EU.
- Copenhague acte II. Le nouveau défi européen - Heimerl Daniela p. 8-19 Treize ans après la chute du mur de Berlin, le Conseil européen de Copenhague de décembre 2002 a décidé d'ouvrir les portes de l'UE à dix nouveaux Etats, dont huit pays d'Europe centrale et orientale − la Bulgarie et la Roumanie devraient être intégrées en 2007. Par son ampleur et les problèmes qu'il soulève, ce cinquième élargissement de l'UE est inédit. Des années de négociations, dont la méthode a été révisée à plusieurs reprises, et de gigantesques efforts d'adaptation et d'harmonisation auront été nécessaires. La Commission européenne a joué un rôle moteur dans ce processus, proposant des stratégies, introduisant des instruments, accompagnant les candidats, afin qu'ils puissent satisfaire aux critères définis à Copenhague en 1993. Si les problèmes de l'élargissement semblent en partie résolus, notamment celui du financement de ses coûts, en revanche la stratégie de l'après-élargissement reste à définir : avenir des Balkans, relations avec la Russie, la Biélorussie, l'Ukraine et la Moldavie, situées aux futures frontières Schengen, sécurité et défense, identité de l'UE à l'avenir. Parallèlement, un grand chantier est ouvert par la Convention sur l'avenir de l'Europe, à laquelle participent les représentants des pays candidats, qui devra réformer les institutions et donner une Constitution à l'UE.Copenhagen II The New European Challenge Thirteen years after the fall of the Berlin wall, the December 2002 Council of Europe in Copenhagen opened the doors of the EU to ten new countries, including eight in Central and Eastern Europe, while Bulgaria and Rumania will join in 2007. This fifth EU enlargement is unprecedented in scope and in the issues it poses. Years of negotiations, which were revamped on many occasions, and enormous efforts towards adaptation and standardization were required. The European Commission played a leading role in this process by suggesting strategies and in introducing instruments to aid the candidates in meeting the criteria defined in Copenhagen in 1993. While enlargement problems seem to have been partially resolved, in terms of cost financing in particular, post-enlargement strategy remains to be defined −−−−− he future of the Balkans, relations with Russia, Belarus, Ukraine and Moldavia, all situated on future Schengen borders, security and defence, and new EU identity. Concurrently, representatives of candidate countries are participating in a large project opened by the Convention on the future of Europe which should reform its institutions and provide the UE with a Constitution.
- L'entrée dans la zone euro. Des politiques de change délicates - Gianella Christian, Vicard Vincent p. 21-35 Etre compétitives représente pour les économies des pays candidats à l'adhésion à l'UE le pré-supposé censé leur permettre de se hisser aussi rapidement que possible au niveau moyen de développement communautaire. Toutefois, la réalisation de cet objectif peut être contrariée par la forte appréciation réelle de la monnaie qui, selon la théorie vérifiée par la pratique, accompagne un processus de rattrapage. Cette tendance à l'appréciation s'est amorcée dans les pays candidats à des moments divers, déterminés surtout par le régime de change adopté. Toutefois, l'effet négatif qui aurait pu en résulter pour la compétitivité de ces économies a été, en partie, compensé par les gains de productivité, importants entre 1997 et 2001, mais qui tendent ensuite à décliner. Aujourd'hui, les pays candidats se partagent en deux groupes selon les régimes de change pour lesquels ils ont opté : ceux qui ont décidé de rattacher leur monnaie à une devise forte (currency board dans le cas de l'Estonie, de la Lituanie et de la Bulgarie, ou ancrage au DTS comme en Lettonie) et ceux qui ont choisi un système plus souple visant avant tout à contenir l'inflation (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie). Dans la perspective d'une entrée dans la zone euro, qui suivrait de peu l'adhésion à l'UE, une appréciation réelle des monnaies de 2 à 3 % paraît soutenable, mais le risque est qu'avec la libéralisation des mouvements de capitaux, consécutive à cette adhésion, l'afflux d'investissements venant de l'étranger n'accentue cette appréciation. Aussi les Banques centrales vont-elles devoir manœuvrer habilement.Euro Zone Entry Sensitive Exchange Policies For the economies of the EU membership candidates, competitiveness presupposes that they be able to rise as rapidly as possible to average community development levels. Fulfilling this aim could be hindered by sharp real currency appreciation which, according to the theory borne out by praxis, accompanies the catching up process. The tendency towards appreciation arose in the candidate countries at different times, depending particularly on the exchange regime adopted. The possible negative effect on economic competitiveness was, albeit, partially compensated by substantial gains in productivity between 1997 and 2000, although this subsequently declined. Today these candidate countries are divided into two groups according to the exchange regime adopted : those countries opting to link up to a strong currency (currency board in Estonia, Lithuania and Bulgaria or linking up to the SDR as Latvia); those who have chosen a more flexible system aimed above all at countering inflation (Poland, Hungary, the Czech Republic, Slovakia). With a view to their entry into the Euro zone which will follow closely on EU membership, a real monetary appreciation of 2 to 3 % will be sustainable, but the risk remains that with the liberalization of capital movements subsequent to EU membership, the influx of foreign investments will accentuate this appreciation. Skilful manoeuvring may be required by the central banks.
- Huit nouveaux pays dans l'UE. Quelles conséquences économiques pour l'Allemagne ? - Gabel Markus p. 36-47 Perçue parfois en Allemagne avec une certaine appréhension, la prochaine intégration de huit PECO à l'UE n'est pas sans rappeler celle, en 1990, de la RDA (devenue les cinq nouveaux Länder) à la partie occidentale du pays. Certes, treize ans après cette réunification, les résultats ne sont pas pleinement probants, mais il serait erroné d'en tirer des conclusions négatives pour l'élargissement qui, lui, a été préparé de longue date. A l'égard de ce processus, l'Allemagne dispose d'un certain nombre d'atouts qui tiennent à la fois à sa situation géographique et à son histoire : des relations commerciales relativement étroites avec les PECO − elle est devenue à la fois leur premier client et leur principal fournisseur −, même si elles sont dominées par un trafic de perfectionnement passif concentré sur les industries très intensives en main d'oeuvre et sont peu diversifiées ; une place honorable parmi les investisseurs étrangers, certes en recul, mais confortée par le nombre et l'importance des opérations de fusions-acquisitions. L'analyse montre que l'arrivée de nouveaux membres aura des effets bénéfiques dans trois grands domaines. Les échanges vont s'intensifier avec la suppression des droits de douane et des contrôles aux frontières. Sur le marché unique, le renforcement de la concurrence devrait conduire à une augmentation de la productivité et à une baisse du niveau des prix. Enfin, sur le plan de la mobilité des facteurs, tandis que l'accroissement des flux d'investissements à l'étranger aura un impact différent selon le terme envisagé, l'installation en Allemagne de 200 000 à 300 000 ressortissants de l'Est pourrait pallier la pénurie de main-d'oeuvre et le vieillissement de la population. Au final, c'est une accélération de la croissance qui est attendue de l'élargissement, de 0,1 % à 0,5 % par an selon les estimations, plaçant l'Allemagne derrière l'Autriche, mais loin devant les autres grands pays de l'UE. Seule ombre au tableau, les cinq nouveaux Länder pourraient y perdre l'un des rares facteurs d'attractivité qu'ils possèdent étant le niveau relativement faible des salaires.What Will be the Economic Effects on Germany ? Often greeted with a certain apprehension in Germany, the upcoming integration of eight Central and Eastern European countries is reminiscent of the 1990 integration of the GDR (which became five new Länder) into the western part of the country. Of course, thirteen years after reunification, results are not fully satisfactory, but it would be an error to draw negative conclusions for the enlargement, which has been long under preparation. In this regard, its geographic situation and history have provided Germany with a certain number of advantages: relatively close trade relations with Eastern and Central Europe - she is both their leading customer and main supplier - even if these are dominated by an outwardprocessing traffic concentrated on highly labor-intensive industries and little diversified ; a respectable position among foreign investors, which, while in recession, has been compensated by the number and scope of merger-acquisition operations. Analysis shows that the arrival of new members will be beneficial in three large areas. Trade will intensify with the elimination of customs and border controls. Increased competition within the single market should lead to a rise in productivity and a drop in prices. Finally, as far as factor mobility is concerned, the impact of an increased flow of foreign investments will vary depending on whether these are short-, medium- or long-term, while the arrival in Germany of 200,000 to 300,000 emigrants from the East could mitigate the adverse effects of a dearth of manpower and an ageing population. All in all, accelerated growth from 0.1 % to 0.5 %, depending on estimates, is expected to accompany the enlargement, placing Germany behind Austria but far in front of the other large countries of the EU. The only negative part of this picture, the five new Länder could lose one of the rare attractions they possess : relatively low wage levels.
- L'avenir de l'Europe. Questions à deux conventionnels - p. 48-56 La Convention européenne, présidée par Valéry Giscard d'Estaing, mène actuellement des débats et élabore des propositions en vue de réformer les institutions et le fonctionnement de l'UE, de la rendre plus «visible» pour les citoyens. Une Constitution devrait au bout du compte voir le jour. Des représentants des pays candidats d'Europe centrale et orientale y sont présents, sur un pied d'égalité avec ceux des Quinze. Danuta Hübner, ministre polonaise, et Adrian Severin, député roumain, répondent ici aux questions de la rédaction sur leur participation et leur apport à ces débats, tout nouveaux pour eux, leurs relations avec d'autres représentants, plus aguerris, leur vision de la future Europe, leur regard sur les déficits en matière sociale et de défense ou de communication. Que proposent-ils enfin pour que dans leur propre pays les citoyens se sentent plus concernés par la future nouvelle Europe élargie ?The Future of Europe An Interview with Two Convention Representatives The European Convention, presided by Valéry Giscard d'Estaing, is debating and elaborating proposals aimed at reforming EU institutions and the way in which the operate, in order to render them clearer to its citizens. A constitution is expected to emerge. Representatives of the Central and Eastern European candidate countries are also present on an equal basis with the Fifteen. Danuta Hübner, Polish minister, and Adrian Severin, member of the Rumanian Chamber of Deputies, respond to our questions with regard to their participation and their contribution to these debates, all new to them, their relations with more experienced members, their views on the future of Europe, their position on insufficiencies in social legislation, defence and communication. We ask what they are proposing in their own countries to encourage their citizens to become more involved in the future of the new enlarged Europe.
- La Russie et l'OMC . Enjeux d'une adhésion annoncée - Vercueil Julien p. 58-65 Candidate à l'adhésion à l'OMC depuis 1993, la Russie va-t-elle en devenir membre en 2003, comme le pronostiquent certains ? En fait, cette échéance paraît hors de portée au vu du nombre de questions encore non résolues dans le cadre des négociations. Ces dernières, il est vrai, ont été quasiment bloquées durant la période de turbulences qui a débouché sur la crise financière de 1998 et n'ont véritablement repris qu'avec l'arrivée au pouvoir de V. Poutine, en mars 2000. Dès lors, des efforts réels ont été fournis par Moscou dans différents domaines : simplification du système de droits de douane et abaissement de leur taux ; facilitation de l'accès au marché national ; restructuration du secteur bancaire et des monopoles naturels ; instauration d'une plus grande transparence dans le processus de privatisations ; harmonisation de la législation nationale (soit plus de 100 lois et un millier de textes réglementaires) avec les normes internationales. Néanmoins, en décembre 2002, les négociations achoppaient toujours sur six points essentiels : le niveau des tarifs douaniers ; l'accès des entreprises étrangères au secteur des services ; le soutien à l'agriculture ; les tarifs du secteur énergétique ; l'adhésion à l'accord général sur les services qui vient renforcer le deuxième point relatif à la participation d'entreprises étrangères dans ce secteur ; la stabilité et la transparence du cadre légal des activités économiques. Sur tous ces points, la Russie va devoir effectuer des arbitrages.Russia and the WTO Issues Involved in its Upcoming Membership A candidate for WTO membership since 1993, the question remains as to whether Russia will become a member in 2003 as predicted by some. This deadline seems, in effect, to be unattainable when one considers the number of unresolved issues in the negotiations. These were, it is true, nearly at a standstill during the time of troubles which resulted in the 1998 financial crisis and only really recommenced with the arrival of V. Putin to power in March 2000. Moscow has subsequently made substantial progress in some areas : simplification of the customs duty system and tariff reduction, easier access to the domestic market, reorganization of the banking sector and natural monopolies, greater transparency in the privatization process, harmonization of national legislation (with over 100 laws and a thousand legal texts) with international standards. Nevertheless in December 2002, negotiations were blocked on six main points : tariff levels, access of foreign companies to the service sector, support of agriculture, energy sector prices, acceptance of the general services agreement which would consolidate the second point concerning the participation of foreign companies in this sector, stability and transparency of the legal framework of economic activities. Russia must arbitrate on all these points.
- Les firmes roumaines. Actionnariat et performance dans la post-privatisation - Hulot Jean-Claude p. 66-79 S'inscrivant dans un processus de transition heurté et toujours considéré par de nombreux observateurs comme à mi-chemin, la privatisation roumaine passe elle-même pour inachevée. L'analyse pointue développée dans cet article par un spécialiste des transformations de la propriété et étayée par de nombreuses données chiffrées, fournit les éléments indispensables pour appréhender les changements pourtant nombreux qu'ont connus et que connaissent les entreprises roumaines depuis 1990. Par-delà la grande variété des formes de propriété, résultat d'une privatisation aux règles du jeu parfois peu transparentes et aux modalités à diverses reprises réaménagées, le problème-clé de la post-privatisation découle essentiellement du caractère trop peu sélectif de l'environnement économique et financier du pays. Qu'il s'agisse des entreprises demeurées sous contrôle étatique (indirect) ou de firmes entièrement privées, détenues ou par leurs salariés ou par des investisseurs locaux et/ou étrangers, le constat diffère peu en définitive. Les performances encore insatisfaisantes, notamment en termes de productivité de ces acteurs économiques de premier rang, exigent l'instauration tant d'une corporate governance plus efficace que de mécanismes financiers, voire budgétaires plus contraignants.Rumanian Companies Post-Privatization Shareholders and Performance Part of a difficult transition process still considered to be at a halfway point by numerous observers, Rumanian privatization is self admittedly incomplete. The in-depth analysis put forward in this article by an expert in ownership patterns and supported by numerous statistics, provides information indispensable for understanding the numerous changes which have occurred in Rumanian companies since 1990. In addition to the wide variety of ownership forms resulting from privatizations in which the rules of the game are often unclear, under conditions which been periodically revamped, the main post-privatization problem results essentially from the country's extreme lack of selectivity within the economic and financial environment. Whether it is a question of companies still under state control (indirect) or fully privatized firms held by its employees or by local and/or foreigners, conclusion are basically the same. Performance remains unsatisfactory, in particular in terms of productivity among the leading economic players, require more efficient corporate governance as well as more restrictive financial or budgetary mechanisms.
- Interview : Pavel Rychetsky, vice-Premier ministre tchèque. A propos de la législation et de la justice - p. 80-83
- Repères : L'Est et l'Union européenne (janvier 2003) - Rucker Laurent p. 84-85
- Entendu et lu - p. 86-87