Contenu du sommaire : La réforme en éducation au XXe siècle en France
Revue | Carrefours de l'éducation |
---|---|
Numéro | no 41, mai 2016 |
Titre du numéro | La réforme en éducation au XXe siècle en France |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- « Liberté et laïcité » bis repetita… - Christine Berzin p. 7-9
Dossier : La réforme en éducation au XXe siècle en France
- La réforme en éducation au XXe siècle en France - Bruno Poucet, Antoine Prost p. 11-15
- Réformes, rapports et commissions - Antoine Prost p. 17-29 Le scénario des réformes de l'enseignement semble bien établi : le ministre nomme une commission, qui procède à une enquête, rédige un rapport et le remet au ministre. Celui-ci présente un peu plus tard les mesures qu'il retient ; s'engage alors un débat public dont l'issue est difficile à prévoir. On s'interroge ici, à partir des réformes ou tentatives de réforme du XXe siècle, sur les origines de ce scénario : de quand date-t-il ? Pourquoi a-t-il été efficace à certains moments et non à d'autres ? Quelles en ont été les composantes et les variantes ? L'article montre ainsi la diversité des commissions et explique comment leur efficacité a dépendu de leur composition, de leur mode de fonctionnement, de leur rapport au pouvoir politique et à la haute administration du ministère, de leur capacité à trouver des soutiens ou des alliés au sein du ministère ou en dehors de lui, mais aussi du contexte institutionnel et historique, ce qui permet de proposer une périodisation. La réception des rapports par les syndicats est évidemment analysée. En conclusion, il apparaît préférable d'appréhender la réforme comme un processus, et non comme un ensemble de mesures ponctuelles.The scenario for an education reform seems well established: the Minister conveys a Commission, which leads an Enquiry, writes a Report, and hands it in to the Minister. The latter presents, a while later, which measures s/he will keep. A public debate then opens, whose issue is difficult to predict. This paper focuses on the origins of this scenario through a study of the reforms or tentative reforms of the 20th century. When did it get set up? Why has it been efficient at certain periods and not at others? What have its components and variants been? The paper thus highlights the diversity of commissions and shows how their efficacy has been a function of their composition, mode of functioning, relationship to political power and to the top civil service of the Ministry, but also of the institutional and historical context, which leads to the perception of different periods in this history. The reception of the report by the unions is of course analysed. We conclude that it seems better to understand reform as a process rather than a collection of punctual measures.
- La réforme pédagogique des lycées en 1902 - Evelyne Héry p. 31-46 Le plan d'études de 1902 modernise-t-il l'enseignement des lycées de garçons comme l'affirment les Républicains engagés dans sa mise en œuvre ? De fait, renforçant les sciences et les langues vivantes qui, à égalité avec les humanités classiques, constituent dès lors les piliers d'un enseignement sans latin, révisant les contenus enseignés et les méthodes éducatives pour y insuffler l'esprit « positif », marque de la République radicale et laïque, le plan est novateur et « moderne » au sens où il vise à adapter les études aux besoins de la démocratie et de la nation au seuil du XXe siècle. Il en résulte que les adversaires des réformateurs les accusent de dénaturer l'enseignement secondaire et, pour certains, instrumentalisent la réforme afin de discréditer le régime. La bataille de la rénovation ne dure pas moins de dix ans mais le ministère ne ploie pas et, même s'il ressort de l'examen des rapports d'inspection que la réforme n'a qu'un impact limité sur les situations effectives d'enseignement, parce que l'évolution des pratiques pédagogiques s'inscrit dans la longue durée, le nouveau dispositif des études sonne la fin du lycée napoléonien.Does the 1902 curriculum program modernise teaching in boys' high schools, as the Republicans committed to its implementation argue? It is a fact that, inasmuch as the program reinforces the teaching of the sciences and of modern languages which, on a par with the classics, constitute from then on the basis of an education without Latin, and inasmuch as it revises the contents and the methods used in order to diffuse the “positive” spirit, characteristic of the radical and laic Republic, the program is both innovative and modern in the sense that it tries to adapt the course of studies to the needs of the democracy and nation at the beginning of the 20th century. The result is that the reformers' adversaries accused them of distorting secondary education, some of them making use of the reform's critique to discredit the regime. The battle around renovation lasted no less than ten years but the ministry of Education did not give in and, even if the analysis of inspectors' reports shows that the reform had a limited impact on actual teaching because the evolution of pedagogical practice takes place in the long run, the reform signalled the end of the Napoleonian lycée.
- L'amalgame : une réforme inaboutie - Jean-Yves Seguy p. 47-64 En 1926, le ministre radical de l'Instruction publique et des Beaux-arts, Édouard Herriot met en place l'expérience de l'amalgame. Il s'agit de regrouper dans certains cours, des élèves des sections classiques et modernes de l'enseignement secondaire et des élèves de l'enseignement primaire supérieur. Cette expérience se caractérise par la mise en œuvre de justifications économiques en lien avec le projet de réforme plus général de l'école unique. Le souci d'établir les bases d'une école démocratique passe en effet en ce début de XXe siècle par la volonté de rassemblement de l'ordre primaire et de l'ordre secondaire, permettant ainsi, dans une volonté de justice sociale, de déterminer les places dans l'institution scolaire, non en fonction des classes sociales d'origine, mais en fonction du mérite individuel. Cet article analyse les conditions d'instauration de l'expérience de l'amalgame, appréhende les résistances qui se sont exprimées face à cette réforme, et considère celle-ci au regard de l'évolution des politiques éducatives de l'entre-deux-guerres.In 1926, the Minister for Public instruction and Fine arts, Edouard Herriot, a Radical, brought in an experiment, the amalgame, consisting in bringing together, in specific classes, students from the classical and modern sections of secondary school and primary school children of the upper divisions.This experiment is characterised by economic justifications linked to the more general project for reforming the schools and instituting one school. At the beginning of the 20th century the issue of founding a democratic school involves reuniting primary and secondary schools, in order to ensure social justice by determining slots in the school system not according to social class but according to individual merit.This paper analyses the conditions in which the amalgam was instituted, analyses resistances to the system, and evaluates it in regards of the evolution of educational policies between the wars.
- La commission Cathala et le modèle anglais, Londres 1942-1943 - André D. Robert p. 65-80 Nettement moins connue que la commission dite d'Alger et surtout que la mythique ou « sacrale » commission Langevin-Wallon (1944-47), la commission Cathala a été chargée de réfléchir, de 1942 à 1943, dans le cadre de la France libre à Londres, sur les principes fondamentaux de la réforme de l'enseignement, en prévision de la victoire et de la renaissance démocratique de la nation française. L'article a pour objet d'exposer les grandes lignes du projet élaboré par les membres de la commission, qui sont par ailleurs présentés – pour les plus influents d'entre eux – à travers une tentative d'approche prosopographique, et surtout de mettre en relief l'importance du contexte lié aux circonstances de la guerre sur le sol britannique. Dans quelle mesure des expériences pédagogiques contraintes ont-elles eu un retentissement sur les premières propositions réformatrices françaises en vue de l'après-guerre et peut-on parler d'un « modèle anglais » ? S'il convient de ne pas minimiser d'autres apports comme ceux de l'éducation nouvelle et les progrès réalisés avant-guerre avec la réforme Jean Zay (1937), les travaux de la commission Cathala constituent néanmoins un geste inaugural fortement influencé par le contexte anglais, point de départ d'une chaîne réformatrice.Much less well known than the so-called Algiers commission and especially than the mythical and sacralised Langevin-Wallon commission (1944-47), the Cathala commission was asked from 1942 to 1943 to reflect upon principles for a radical reform of education in the expectation of the victory and democratic renewal of the French nation. This paper will present the major tenets of the commission's project as elaborated by its members, who also form the object – for the most influent among them – of a prosopography, and highlights the importance of the context of war from Britain. To what degree did pedagogical experiments under these constraints influence the first reform proposals for the aftermath of the war, and is it possible to talk of a “British model”? If it is important not to minimize the contribution of others such as the new education movement or the advances mad before the war with Jean Zay's reform in 1937, nonetheless the work of the Cathala commission is an inauguration to reform strongly influenced by the British context.
- La création du CAPES : révolution ou innovation contrariée (1950-1952) ? - Yves Verneuil p. 81-98 Le statut de la fonction publique ayant exigé un recrutement par concours, auquel ne suffisent ni l'agrégation pour les lycées, ni le CAEC pour les collèges, il est décidé, en 1950, de créer un nouveau concours pour le recrutement des professeurs du second degré, le CAPES. L'agrégation est toutefois maintenue et demeure la référence. Le défaut de formation pédagogique des agrégés a pourtant conduit le directeur des enseignements du second degré, Gustave Monod, à donner la priorité, dans le CAPES, à cette formation : les épreuves pédagogiques se passent avant les épreuves scientifiques, lesquelles reposent sur les programmes du second degré ; le niveau scientifique des candidats est censé avoir déjà été vérifié par l'obtention de la licence. Ces dispositions sont très fortement contestées par les principales organisations corporatives de l'enseignement secondaire. En 1952, le successeur de Gustave Monod, Charles Brunold, revient sur l'antériorité des épreuves pédagogiques dans les épreuves du CAPES. Naissait l'institution des CPR, qui consacre l'idée d'un temps de formation pédagogique pour les certifiés, on pourrait dire que le CAPES prend la forme d'une « petite agrégation ».Civil servant status having required a recruitment contest, for which neither the Agrégation, which recruits for the High schools (lycées), nor the CAEC (Certificat d'aptitude à l'enseignement dans les collèges or Middle school teaching aptitude recruitment contest), which recruited for the Middle schools since 1941, was deemed adequate, it was decided, in 1950, to institute a new recruitment contest for secondary school teachers, the CAPES. But the Agrégation is maintained and stays the reference for recruitment. The lack of pedagogical training of professors recruited through the Agrégation, however, had led the director of secondary school training, Gustave Monod, to give priority in the CAPES to pedagogy: pedagogical tests came before scientific ones, themselves based on secondary school programs. All candidates having to have a BA, this was supposed to have verified their scientific level. The main secondary school teachers' organisations vigorously protested against these choices. In 1952 Charles Brunold, succeeding Gustave Monod, reversed the priority of pedagogical tests to scientific ones at the CAPES recruitment contests. Were it not for the institution of the CPR was born (Centres pédagogiques régionaux or Regional pedagogical centres), which institutionalise the idea of a pedagogical training for teachers recruited through the CAPES, the latter would simply be a “minor aggregation”.
- Réformer l'Enseignement supérieur français. L'action du recteur d'académie (1896-1968) - Jean-François Condette p. 99-115 En France, de 1896 à 1968, le recteur d'académie, nommé par le ministre, est le président du conseil de l'université de son académie et joue un rôle important dans le développement des structures universitaires. S'il doit faire appliquer les décisions prises à Paris, il est aussi le défenseur des projets locaux auprès des bureaux parisiens. Le recteur assure la réforme matérielle des facultés par la construction de nouveaux bâtiments puis, après 1960 souvent, par le transfert de l'activité universitaire vers les campus péri-urbains. Il veille également à l'application des réformes pédagogiques décidées localement ou nationalement et à enrichir les formations proposées. Face aux tensions multiples qui s'accroissent avec la massification, après 1955, le recteur doit souvent gérer les mécontentements étudiants, alors que sa présence comme président de l'université est aussi contestée. Les événements de mai 1968 devaient rompre avec cet héritage de la Troisième République.In France, from 1896 to 1968, the rector of each Académie or geographic division, nominated by the minister for Education, presides over the board of the University in his/her academy and plays an important role in the development of university structures. If his/her role is to apply decisions taken in Paris, s/he also defends local projects in Paris. The rector insures the physical reform of the faculties through new buildings and then, usually after 1960, through the transfer of university activities to suburban campuses. His mission is also to supervise the application of locally or nationally decided pedagogical reforms and to enlarge the offer of training. Confronted with the multiple tensions arising after 1955 from the massification of university attendance, the rector often has to deal with student discontent, just as his/her presence as president of the University is being contested. The events of May 1968 were to break with this heritage from the Third Republic.
- Face aux réformes, les réticences influentes de « ceux qui aiment l'École » : analyse sociohistorique - Yann Forestier p. 117-132 Appuyé sur l'analyse d'un corpus d'articles parus dans la presse française d'information générale entre 1959 et 2008, cet article s'interroge sur la récurrence des débats provoqués par les projets de réforme successifs depuis les années soixante. Il met en évidence le pouvoir de captation d'une polémique répétitive qui, en opposant de façon apparemment symétrique des camps dits « républicain » et « pédagogue », parvient à imposer des catégories de perception du monde scolaire soutenues par des réflexes identitaires plus que par des convictions philosophiques. Une analyse des évolutions de la façon dont la presse aborde les questions d'éducation sur un demi-siècle montre que cette querelle, systématiquement initiée par des réactions antipédagogistes, répond idéalement aux attentes des médias. On constate de plus que le refus des réformes qui la motive participe d'une entreprise de revalorisation identitaire qui rencontre les inquiétudes d'un groupe social, au croisement du monde enseignant, journalistique et intellectuel, dont les transformations de l'École bouleversent les repères identitaires.The paper focuses on a corpus of articles published in the general press in France between 1959 and 2008, in order to analyse the recurrence of the debates arising at each new reform project since the sixties. It shows the way a repetitive polemic manages to capture the public's attention by opposing apparently symmetrical camps, those of the “republicans” and of the “pedagogues”, which impose the perception of schools through categories sustained by identification with agents rather than philosophical conviction. An analysis of the evolution of the way the press has presented these educational issues over the past 50 years shows that the polemic, systematically initiated by anti-pedagogical reactions, is an ideal response for the media to make use of. The refusal of reform, which characterises it, turns out to sustain the need for revalorisation of an identity under pressure, that of a social group comprising teachers, journalists and intellectuals, whose reference points are put in question by school reform.
- Expansion et transformation de l'enseignement spécial : le tournant des années 1960 - Lydie Heurdier p. 133-149 Dans le contexte des réformes des années 1960, l'enseignement spécialisé a connu un développement conséquent de ses structures, une forte augmentation de ses personnels comme des populations prises en charge. Cette restructuration liée à la prolongation de la scolarité obligatoire a réussi grâce à la mobilisation d'acteurs institutionnels, syndicaux et associatifs, militants de l'enfance inadaptée mais aussi de l'école publique et laïque. Leurs objectifs convergents ont été entendus et relayés dans les travaux du Plan. Cependant progressivement les modalités d'intervention se sont transformées, en lien avec le rapport Bloch-Lainé (1967) mais aussi avec les critiques sur les orientations abusives de jeunes en échec scolaire considérés comme « débiles légers ». Désormais, il va s'agir de lutter contre toutes les inadaptations dans l'enseignement ordinaire. Cette logique de prévention et d'adaptation débouchera sur un mouvement d'intégration généralisé.In the context of the reforms in the sixties, special education saw a considerable development of its structures, an expansion of its personnel and of the populations under its remit. This reorganisation, linked to the lengthening of compulsory schooling, succeeded thanks to the mobilisation of actors in the relevant institutions, unions, and civil organisation, activists in the cause of children but also in the cause of a laic public State school for all. Their converging interests were relayed by the plans worked out at the central level of the administration. However little by little the modalities for intervention have changed, in keeping with the findings of the Bloch-Lainé report (1967) but also in keeping with the criticism of the abusive vocational guidance given young people failing in school and finding themselves labelled “borderline retarded”. From then on, the watchword will be the struggle against all forms of lack of adaptation in teaching. The underlying logic, that of prevention and adaptation, will open onto policies of overall integration.
- La réforme de la voie professionnelle : une politique scolaire ? - Fabienne Maillard p. 151-168 Engagée pour améliorer son efficience et la rapprocher davantage du monde du travail, la rénovation de la voie professionnelle lancée fin 2007 propose en fait une nouvelle architecture des diplômes et de l'offre de formation. Outre qu'elle généralise la préparation du baccalauréat professionnel en 3 ans, elle fait du BEP une « certification intermédiaire » sans formation et relance le CAP dans les lycées professionnels. En dépit des arguments liés aux besoins économiques et professionnels officiellement brandis, l'analyse de sa genèse et de ses premiers résultats montre que ses objectifs sont plutôt budgétaires et scolaires, le travail et l'emploi occupant une place très secondaire. Elle s'inscrit par conséquent dans une politique de scolarisation de la voie professionnelle, qui contribue à brouiller l'image des diplômes dans le système éducatif comme sur le marché du travail.Launched in 2007 order to improve vocational training's efficacy and bring it closer to the working world, the renovation of vocational studies actually consists in a new structure for the diplomas and trainings on offer. As well as generalising the preparation of a vocational baccalaureate in three years, it transforms the BEP into an intermediary diploma and launches anew the CAP in all vocational high schools. Despite the official arguments, which make much economic and professional needs and requirements, the analysis of its genesis and first results indicate that its objectives are actually budgetary and school-based, work and jobs having only a very secondary importance. The reform is actually part of a politics of subordinating vocational training to the school system, which contributes to the lack of clarity of the meaning of diplomas both within the school system and on the jobs market.
- Le « socle commun » - Claude Lelièvre p. 169-182 Il s'agit d'une tentative pour mieux saisir les contours et les aléas d'une notion qui a servi à la fois de référence et d'emblème durant plus de vingt ans, et qui a été l'objet de fortes controverses et d'interprétations ou de mises en place assez diverses. Même si l'expression « socle commun » n'est apparue formellement que sous la plume de Luc Ferry en 1994, il est soutenu que l'idée remonte en fait à la présidence de Giscard d'Estaing. Cet historique entend restituer au mieux l'enjeu spécial que cela a représenté historiquement, et les défis intellectuels et politiques difficiles à relever en vue de penser et de refonder une scolarité obligatoire unifiée depuis les apprentissages premiers jusqu'à la fin du collège.This paper tries to better define and follow the variants of a notion, which has constituted both a referent and a symbol over the past twenty years, and which has been the object of vigorous disagreement and varied interpretations or implementations. Even if the expression “socle commun” only made its appearance with Luc Ferry in 1994, the idea actually goes back to Giscard d'Estaing's presidency. This historical study has the ambition of explaining what was at stake in the debates as well as the intellectual and political challenges it represents in order to give a unified compulsory schooling from primary school through middle school its meaning and foundation.
- Les gauches et les réformes éducatives : quel(s) regard(s) des sciences sociales sur un couple complexe ? - Ismail Ferhat p. 183-199 Comment les sciences sociales ont-elles traité les rapports entre les gauches (entendues comme l'ensemble des organisations se réclamant de cette notion) et les réformes éducatives (entendues comme la volonté politique de transformer le système éducatif) ? Cette note souhaite effectuer une analyse bibliographique d'un sujet à la fois ancien et d'actualité. Le sujet a été jusqu'à récemment peu traité, tant la proximité entre gauches et éducation paraissait naturelle, et en quelque sorte inutile à étudier plus en amont. S'appuyant sur les travaux produits en France depuis les années 1970, la note croise les regards issus de l'histoire, des sciences de l'éducation, de la science politique et de la sociologie, et souligne que cette littérature scientifique est en partie liée au contexte politique et éducatif. Elle distingue trois approches distinctes au sein de celle-ci. La première est celle des programmes et projets pour l'éducation produits par les organisations de gauche. La deuxième est constituée par le syndicalisme enseignant. La troisième s'intéresse aux politiques éducatives menées par les gauches et aux tensions qu'elles entraînent.How have social sciences analysed the relationship between leftist organisations in general and educational reform (understood as the desire to transform the educational system)? This paper focuses on the bibliography on this topic. There have been few such studies, given that the proximity between leftism and educational reform tends to be taken as a given. The corpus consists in research produced in France since the 70s, analyses research from history, educational science, political science and sociology, and highlights the way this scientific literature is, in part, linked to the political and educational context. Three main trends emerge. The first is that of programs and projects for education, as produced by leftist organisations. The second takes its source in teaching unions. The third looks at educational policies conceived on the left and at the tensions they give rise to.
- La réforme en éducation, vue par des acteurs - Dominique Raulin, Bernard Toulemonde, Bruno Poucet p. 201-221
Varia
- Élise Freinet, une pédagogue de l'art enfantin - Henri Louis Go p. 223-240 Les pédagogues de l'Éducation Nouvelle se sont intéressés à la place de l'éducation artistique dans les écoles alternatives. Élise Freinet est à l'origine d'une conception originale de l'éducation artistique connue sous le nom d'art enfantin. Son expérience du dessin libre et de la peinture libre forme un tout qui vient s'intégrer à ce que Freinet appela la libre expression de l'enfant. Élise Freinet se préoccupa également de la diffusion de cette méthode éducative en créant la revue Art Enfantin. L'enquête historique menée sur l'archive des articles publiés dans les revues L'Imprimerie à l'École, L'Éducateur Prolétarien et Art Enfantin nous permet de reconstruire les grandes étapes et les aspects évolutifs de cette expérience. Cette recherche nous permet d'identifier l'identité spécifique d'Élise Freinet dans son apport au courant des pédagogies nouvelles et plus précisément à la pédagogie Freinet.The “New Education” or “Modern School Movement” pedagogues were interested by the role of artistic education in alternative schools. Élise Freinet created an original conception of artistic education known as art enfantin - children's art. Her experience of free drawing and free painting constitutes a whole, which was integrated with what Freinet called the child's free expression. She also gave her attention to the diffusion of this educational method by creating the journal Art Enfantin. This historical study, based on the archives of three journals, L'Imprimerie à l'École, L'Éducateur Prolétarien and Art Enfantin, enables us to identify the main stages and the evolution of this experiment in pedagogy. It also enables us to identify Élise Freinet's specific contribution to the new pedagogies and especially to the Freinet pedagogy.
- Une exposition « clés en main » : la difficile prise en compte des apprentissages dans le partenariat scolaire - Julien Netter p. 241-255 Le partenariat entre les acteurs de l'éducation connaît un nouveau développement avec la réforme des rythmes scolaires, symptomatique de l'adoption du paradigme de l'« éclectisme éclairé » au sein du système scolaire français. L'observation d'une sortie au musée extraite d'une enquête ethnographique d'orientation sociologique dans les écoles parisiennes montre que les pratiques et modes d'organisation divergents des acteurs les conduisent à mettre en œuvre des formes de coopération très contraintes. Ils semblent privilégier les conditions de réalisation du partenariat et la préservation d'un équilibre fragile au sein de l'école sur les modalités d'appropriation des expériences culturelles. Dès lors, certains élèves, souvent issus de milieux populaires, peinent à articuler la classe avec leurs différentes expériences culturelles et à retirer un bénéfice de leur synthèse.Partnerships between different agents of the educational institutions are developing anew with the reform of school rhythms, and are a symptom of the adoption of a paradigm of “enlightened eclecticism” by the French educational system. The observation of a visit to a museum, extracted from an ethnographic study with a strong sociological bent of the Parisian schools shows that the divergent practices and organisations of the different actors lead them towards forms of cooperation under considerable constraints. They seem to privilege the conditions of their partnership and the preservation of a fragile balance within the school over modes of appropriation of the cultural experiences in question. This means that certain pupils, most often those from lower class backgrounds, find it difficult to articulate the classroom with their different cultural experiences and to benefit form their synthesis.
- Notes de lecture - Bruno Poucet p. 257-280
- Notes de présentation - p. 281-285
- Élise Freinet, une pédagogue de l'art enfantin - Henri Louis Go p. 223-240