Contenu du sommaire : La préposition
Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 42-43, 2001 |
Titre du numéro | La préposition |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
I. Présentation
- La préposition française dans tous ses états - Lucien Kupferman p. 7-8
II. Travaux
- Relations entre prépositions et conjonctions ? : L'apport de la comparaison en langues romanes - Mireille Piot p. 71-81 Cette étude aborde les éventuelles relations entre prépositions et conjonctions ; en effet, un certain nombre de conjonctions de subordination peuvent figurer dans les deux listes. À première vue, les traits distributionnels de la complémentation nominale sont identiques dans les deux cas, de même que les formes de la complémentation pronominale personnelle spécifiquement prépositionnelle dans certaines langues romanes. Cependant, la distribution des adverbes de phrase montre une nette différence entre les deux classes d'items. De même, un examen plus détaillé de la complémentation nominale montre en présence de la majorité des conjonctions des contraintes spécifiques, inconnues dans le cas des prépositions. Enfin, l'examen de l'opération de connexion effectuée par les conjonctions montre que la complémentation nominale ou phrastique est issue d'une série de réductions de discours (Z.S. Harris), dépassant le cadre de la phrase. En chemin, l'analyse des formes pronominales de l'espagnol autorisées auprès de certaines conjonctions montre que celles-ci n'ont pas d'emploi prépositionnel (contrairement à la tradition) mais uniquement conjonctif, et donc une fausse complémentation nominale malgré les apparences. Ceci nous permet de définir trois classes d'items : les prépositions, les conjonctions qui ont un emploi prépositionnel, et les conjonctions autres.Abstract In this paper, the analysis of occurrence-relations between prepositions and (the prepositional use of) subordinating conjunctions shares apparent similarities and independent features. We first examine distributional similarities in both cases about French nominal phrases and Spanish (or Portuguese) pronominal phrases. However, restrictions on adverbial phrase distribution differentiate prepositions from the prepositional use of conjunctions. Furthermore, formal description of prepositional use of conjunctions points to some restrictions in the selection of nouns or determiners, in contrast with prepositions. Finally, conjunctional constructions imply zero and pro-morphemes, discourse reductions (Z. S. Harris), even though the conjoined sentences do not seem to have any words in common. In our conclusion, we therefore distinguish between three morpheme classes : prepositions, the prepositional use of subordinating conjunctions, and subordinating conjunctions (without prepositional use).
- La préposition est-elle toujours la tête d'un groupe prépositionnel ? - Ludo Melis, Ku Leuven p. 11-22 Il est généralement admis que la préposition fonctionne comme tête lexicale d'un groupe endocentrique, le groupe prépositionnel. Or, diverses observations montrent que cette hypothèse ne peut être maintenue pour tous les emplois des lexèmes rangés dans la classe des prépositions. Il existe en effet des prépositions qui ne sélectionnent pas leur complément, celui-ci dépendant d'une autre tête ; des prépositions qui régissent plus d'un complément ou qui fonctionnent sans complément ; des groupes introduits par une préposition qui ne manifestent soit pas les propriétés d'île syntaxique typiques, soit pas les propriétés catégorielles du groupe prépositionnel ou qui ne contractent pas de relation de dépendance avec une tête externe. Cet ensemble de données invite à redéfinir, pour les prépositions et peut-être aussi pour d'autres ‘invariables', les rapports entre les fonctionnements syntaxiques et la catégorisation des unités en classes de mots.Prepositions usually act as the head of an endocentric prepositional phrase. However, various observations indicate that this hypothesis cannot be maintained for all the uses of the lexical items considered as prepositions. There are in fact prepositions which do not select their complement, which depends on another head; prepositions with more than one complement or without one; phrases introduced by a preposition which do not exhibit the island properties typical for PPs, neither the categorial properties of a PP, or which do not contract a dependency relation with an external head. Those data compel us to reconsider, at least for prepositions, but perhaps also for other invariable particles, the relationship between the various syntactic patterns and the categorisation into parts of speech.
- Les prépositions : une classe aux contours flous - David Gaatone p. 23-31 Si l'inventaire des prépositions simples ne semble pas différer beaucoup d'une grammaire à l'autre, les diverses définitions de cette partie du discours laissent beaucoup à désirer quant à leur adéquation avec le fonctionnement des éléments de cet inventaire. En particulier, les propriétés le plus souvent suggérées dans ces définitions, telles que les rôles de relateurs et subordonnants, ne paraissent pas vraiment convenir à certains emplois des prépositions les plus courantes, entre autres de et à. Le problème essentiel est sans doute celui des prépositions souvent dites « vides » ou, du moins, dont certains emplois peuvent être dits “vides”. Mais ce qui, en définitive, paraît réellement important, c'est de mieux cerner les distributions des mots traditionnellement inclus dans la classe des prépositions, en les classant sur la base des facteurs sémantiques, syntaxiques ou lexicaux, qui conditionnent leur emploi.Abstract Most French grammars agree as to the 40 or 50 words which should be included in the class of prepositions (not taking into account compound prepositions, the inventary of which widely differs from one grammar or dictionary to another). In spite of the real difficulty in defining it, the very notion of preposition cannot be simply discarded, since it seems necessary to account for some syntactic constraints. The features included in most definitions, such as their roles as both linking and subordinating words, do not make it easy to include in one and the same class words such as de and à, which in many of their uses have no semantic content, and cannot always be said to link and subordinate, and others, such as avec, sous, avant, etc... Instead of trying to force all these words into one single class, it seems more useful to describe their distributions in terms of the semantic, syntactic and lexical factors which trigger their occurrence in a sentence.
- Les déplacements des syntagmes en de : un regard du troisième type - Lucien Kupferman p. 33-41 Deux regards ont été jetés sur les mouvements des génitifs. La généralisation de Cinque a voulu embrasser la possessivation, la cliticisation par en, la relativisation, le clivage dans un seul principe qui disait que les différentes positions d'arrivée étaient reliées entre elles sous forme de chaîne, et qui dépendait plus particulièrement d'une position-clé, celle du Déterminant. Cette présentation repose, en même temps qu'elle la motive, sur une conception unitaire du gouvernement (des traces par leurs antécédents). Kupferman (1996) a voulu montrer que cette description était descriptivement inadéquate en raison de différences importantes dans la faculté de représentation des génitifs par en et son, et proposait de scinder la relation de gouvernement en deux types distincts. Le troisième regard qui sera présenté ici repose sur le modèle de la Morphologie Autonome, et, se prononçant pour la séparation des opérations syntaxiques et morphologiques, il rend compte des différences observées entre la possessivation et les autres prises de position des génitifs. Par ailleurs, la conception unitaire du gouvernement est ainsi préservée.The genitive movements have received two different descriptions. The first one, known as Cinque's generalization, embraces in one sole principle binding genitives by a possessive D?, an en-clitic, dont relative pronoun, and cleft position. This assessment implies a unitarian conception of government. Kupferman (1996) pointed to some flaws in this analysis, which doesn't account for important discrepancies between the Cl and the D? positions in some cardinal uses of genitives. A splitting analysis was proposed for government. A third analysis is put forward here, relying on the Autonomous Morphology hypothesis which strictly separates morphological operations from syntactic ones. If so, then the generation of inflected possessive D's is an operation radically different from that taking place in other positions which bind genitive traces.
- Le pronom en : des compléments adnominaux aux syntagmes quantificateurs - Véronique Lagae p. 43-57 La présente étude se propose d'examiner certains syntagmes binominaux en de, souvent dits quantificateurs, par le biais des formes pronominales qui y correspondent (des livres, j'en ai lu des tas). Cette approche pose le problème des limites entre en quantitatif (j'en ai lu deux) et en adnominal (j'en ai lu la préface). En effet, il apparaît que certaines données échappent à cette bipartition et constituent des cas intermédiaires partageant un certain nombre de caractéristiques avec l'un et l'autre emploi de en.The purpose of this paper is to deal with so-called quantifying noun-phrases of the ‘N1 de N2' type, through their pronominal counterparts (e.g. des livres, j'en ai lu des tas). This approach raises questions concerning the boundaries between quantitative en (e.g. j'en ai lu deux) and adnominal en (e.g. j'en ai lu la préface). Indeed, some facts cannot specifically be attributed to one or the other type, as they constitute intermediate forms sharing properties with both uses of en.
- Adverbe et préposition : cousin, cousine ? - Dan Van Raemdonck p. 59-70 Adverbes et prépositions sont souvent reliés dans l'analyse grammaticale française : invariabilité, équivalence « adverbe = préposition + nom », rôle dans la constitution des compléments circonstanciels ... Notre propos consiste à examiner la parenté (à trois niveaux : génétique, morphologique et syntaxique) entre ces deux parties de langue (natures) et leur fonctionnement dans la constitution des parties du discours (fonctions).Abstract Adverbs and prepositions are often related to each other in the field of French grammatical analysis : invariability, equivalence between adverbs and prepositional noun-phrases, function in the constitution of so-called « compléments circonstanciels » ... We will examine the parenthood between these two parts of language (essences of words) at three levels (genetic, morphological an syntactic) and we will consider the way they work in the constitution of parts of speech (patterns).
- Préposition à éclipses - Claire Blanche-Benveniste p. 83-95 Les prépositions dites « faibles », à, de, en, ne peuvent pas se trouver devant QUE en français (il en va de même en anglais). Il importe peu que le QUE en question soit analysé comme une conjonction ou comme un pronom relatif. Deux solutions sont possibles en français : une solution « pauvre » qui consiste à supprimer la préposition, comme dans J'ai besoin qu'il vienne, où l'on devrait avoir une préposition DE, comme dans J'ai besoin de cela, et qu'on analysera donc avec un DE sous-jacent, J'ai besoin Ø qu'il vienne. Une solution « riche » qui consiste à ajouter un CE servant d'appui, Je m'attends à ce qu'il vienne. Dans les tournures clivées, la suite préposition + QUE n'est pas davantage possible *c'est à sa mère à QUE je pense. La solution « pauvre » consiste à enlever la préposition, c'est à sa mère Ø que je pense. La solution « riche » consiste à choisir, lorsque c'est possible, un pronom relatif QUI ou LEQUEL, plus solide que QUE, c'est à sa mère à qui je pense, c'est à sa mère à laquelle je pense. Dans les deux cas, la répartition entre les deux solutions ne semble pas prévisible par des règles strictes. Cette répartition varie selon les usages et il ne semble pas qu'on puisse voir une évolution diachronique de l'une à l'autre des deux solutions.In French as in English, « weak prepositions » à, de, en, cannot precede a QUE, whether it be a conjunction or a relative pronoun. When a verbal predicate requires a prepositional phrase for its complement, and the complement comes under a QUE + sentence form, DE + QUE would be ungrammatical, *J'ai besoin de qu'il vienne, *je m'attends à qu'il vienne. Two grammatical solutions can be used, a « poor one », zeroing the preposition, J'ai besoin Ø qu'il vienne, je m'attends Ø qu'il vienne, and a « rich one », adding a demonstrative CE between the preposition and QUE, Je m'attends à ce qu'il vienne. For cleft sentences, where the same ungrammaticality could occur, *c'est à sa mère à que je pense, the « poor solution » consists in zeroing the preposition, *c'est à sa mère Ø que je pense, or in using a strong relative pronoun, QUI or LEQUEL, c'est à sa mère à qui je pense, c'est à sa mère à laquelle je pense. Both solutions, in both cases, cannot be predicted by regular rules. The choice depends on variable usages and no diachronic ordering can be stated.
- Le statut de la préposition dans les mots composés - Brigitte Kampers-Manhe p. 97-109 Le rôle de la préposition dans les mots composés du typesans-abri, par opposition àcontre-culture, a été examiné par le passé (cf., notamment, Zwanenburg, 1990), tandis que celui qu'elle assume dans les déverbaux du type gardien de prison ou les simples synapsies (Benveniste, 1974) du typepomme de terre,robe à fleurs, n'a pas reçu l'attention qu'il mérite. La plupart des morphologues (générativistes) considèrent même que ces derniers mots ne sont pas de véritables composés parce qu'ils ne sont pas conformes aux règles de réécriture morphologiques. Cet article vise à montrer que ce sont bien des composés réguliers, dans lesquels la préposition est insérée, contrairement à celle des mots considérés comme de véritables composés, dans le but de légitimer le complément qui la suit. Le cadre théorique adopté, celui de Bok-Bennema & Kampers-Manhe (2000), permettra de rendre compte de la structure de tous ces composés.The role of the preposition used in compounds likesans-abri, as opposed tocontre-culture, has been examined in the past (cf., among others Zwanenburg, 1990), while deverbal compounds like gardien de prison or complex words likepomme de terre orrobe à fleurs, which equally contain a preposition, have not received enough attention. Most (generative) morphologists even consider that they are not real compounds because they do not obey morphological rules. The purpose of this paper is to show that they are regular compounds. The difference from those words that are usually regarded as real compounds is that the preposition is inserted to license the following complement. We will show how our theoretical approach (Bok-Bennema & Kampers-Manhe, 2000), can account for the structure of all those compounds.
- Une analyse des constructions transitives indirectes en français - André Dugas p. 111-120 En français, les constructions transitives indirectes présentent des difficultés d'analyse dont font mention les descriptions linguistiques actuelles aussi bien que les grammaires traditionnelles. Dans un premier temps, nous proposons un résumé des difficultés que soulèvent les analyses traditionnelles. Le principal obstacle dans la distinction entre le complément d'objet indirect et le complément circonstanciel réside dans la nature des tests d'analyse qui ne se distinguent guère à ce niveau. Des phrases comme Mathieu va au stade (= un complément d'objet indirect) et Mathieu s'entraîne au stade (= un complément circonstanciel) ne peuvent se différencier de la manière traditionnelle. C'est ainsi que, dans un second temps, nous aboutissons, par l'examen de l'application de tests comme la pronominalisation et l'effacement, à l'évaluation de la pertinence de la notion de complément essentiel pour obtenir des analyses probantes. Des statistiques complètent cet article sur des emplois de plus de dix mille verbes et des principales prépositions introduisant un complément d'objet indirect.Abstract In French, difficulties arise when analysing sentences with an indirect object or a circumstantial object, as shown in traditional grammars as well as in modern linguistic analyses. In the first step, we provide a short survey of the traditional analyses and their difficulties. One of the main problems of traditional grammars in making the distinction between sentences with an indirect object and those with a circumstantial object lies with the nature of the tests used in these grammars. The application of these tests does not allow any distinction between sentences like Mathieu va au stade (= an indirect object complement) and Mathieu s'entraîne au stade (= a circumstantial complement). What follows, in a second step, is the evaluation of tests like pronominalization and deleting, which leads to the notion of essential complement and more reliable analyses. To conclude, some statistics are displayed concerning more than ten thousand verbs and the main prepositions introducing the indirect object.
- Les syntagmes prépositionnels prédicatifs dans les grammaires universitaires : un observatoire de la place accordée aux prépositions - Claude Cortier p. 121-140 Un parcours des principaux ouvrages de grammaire utilisés actuellement dans les universités françaises, sous l'angle des syntagmes prépositionnels prédicatifs (Gardes-Tamine, 1990 ; Le Goffic, 1993 ; Riegel, Pellat, Rioul, 1994 ; Vargas, 1995 ; Denis, Sancier-Château, 1994 ; Tomassone, 1996 ; Wilmet, 1998) montre que l'analyse fonctionnelle de la phrase et la distinction « compléments d'objet indirects » vs « complément circonstanciels » sont des préoccupations communes à tous ces ouvrages. Les nouvelles configurations proposées pour échapper à cette bi-polarité de la grammaire scolaire traditionnelle et la terminologie créée témoignent d'une prise en compte des dimensions thématiques et énonciatives mais aussi des contraintes combinatoires et des schémas lexicaux des verbes. Ces perspectives devraient permettre de renouveler l'analyse sémantique des prépositions ainsi que l'orientation didactique de leur présentation.Abstract A survey of the main grammar books currently in use in French universities – with respect to prepositions and prepositional phrases – (Gardes-Tamine, 1990 ; Le Goffic, 1993 ; Riegel, Pellat, Rioul, 1994 ; Vargas, 1995 ; Denis, Sancier-Château, 1994 ; Tomassone, 1996 ; Wilmet, 1998) shows that the functional analysis of the sentence and the distinction between indirect objects and adverbials are common to all such manuals. The new approaches – in order to avoid the bipolarity of traditional school grammars – as well as the terminology proposed, reflect the fact that not only thematic and enunciative dimensions have been taken into account but also that a few authors have sized up combinatorial constraints and lexical verb patterns. Such perspectives should allow a renewal in the semantic analysis of prepositions and a teaching-oriented presentation.
- Il y a prépositions et prépositions - Andrée Borillo p. 141-155 Sous le terme de préposition se regroupent des constituants qui diffèrent par leur forme et leur mode de formation aussi bien que par leur mode de fonctionnement syntaxique et leur poids sémantique. Ainsi, dans la catégorie des prépositions spatiales du français, on peut faire la différence entre un premier groupe très restreint - ce qu'il est convenu d'appeler des Prépositions simples (Prep simples) - et un deuxième groupe beaucoup plus large constitué d'unités complexes (Prep comp). Mais ces deux groupes ne sont pas complètement disjoints car certaines prépositions relevant du premier groupe se retrouvent sous des formes dérivées dans le deuxième groupe. De même, on peut noter une différence d'ordre morpho-syntaxique entre les prépositions qui dans une reprise anaphorique peuvent, sans changer de forme, fonctionner seules (Prep orphelines), et celles qui ne le peuvent pas. Mais là non plus, la frontière n'est pas nette entre les deux groupes car certaines prépositions peuvent fonctionner comme Prep orpheline moyennant une légère différence de forme. Le principe unitaire à la base de ces différents groupes, c'est le fait que les prépositions entretiennent un lien sémantique et une parenté morphologique avec un Nli (Nom de Localisation Interne), dont la fonction est de désigner une zone topologique sur un objet matériel. Ce Nli représente en quelque sorte le pivot central autour duquel se construisent les différentes formes prépositionnelles. (Comme on peut le voir sur le Tableau 1 où les choses s'organisent autour de la colonne 4).The term « preposition» refers to a class of constituents that clearly differ in their form, their syntactic properties and their semantic content. For example, within the category of French spatial prepositions, a difference can be made between a very restricted group of simple prepositions (simple Prep) and a second group, much larger, of complex units (comp Prep). However, the two groups are not totally disconnected since some prepositions of the first group are to be found under derived forms in the second. In other respects, a distinction can be made between prepositions which, under the same form, can be used on their own, as « orphan » Prep - that is without the noun phrase they are supposed to introduce - and other kinds of prepositions that cannot be used in this way. But, here too, it is difficult to draw a strict borderline since some prepositions can be used as orphan Prep if they undergo a slight change in their form. The unitary principle on which these differences are founded is the fact that most of French spatial prepositions have a semantic link and a morphological relationship with a Nli, that is a noun referring to a topological area located on a material entity. This Nli is to be regarded as the central element around which the different prepositional forms find their distribution (as can be seen on Table 1, if we focus on col.4).
- Les locutions prépositives : questions de méthodologie et de définition - Silvia Adler p. 157-170 Les locutions prépositives sont généralement définies de façon contrastée à partir des prépositions simples d'une part, et des syntagmes prépositionnels de l'autre. Cependant, en consultant les grammaires et les dictionnaires de linguistique, on a souvent l'impression que les définitions de « locution » qui y sont proposées conviendraient plutôt à la notion de « mot composé », ce qui soulève immédiatement la question de la pertinence de la notion de locution. Cet article s'attèle donc, dans un premier temps, à la justification de la catégorie des locutions prépositives. Il sera montré ensuite que la deuxième préposition de la locution, la préposition de figurant dans à propos de, par exemple, ne fait pas partie intégrante du reste des composants de la locution. Finalement, on s'engagera dans une discussion sur l'utilité des tests dont on se sert normalement afin de révéler le degré de figement à l'intérieur de cette classe. Les conclusions qui en seront tirées éclaireront d'une lumière nouvelle l'ensemble des locutions prépositives.Abstract The complex prepositions (locutions prépositives) are usually defined as opposed to simple prepositions on the one hand, and to prepositional phrases on the other. However, while consulting grammars and linguistic dictionaries, one gets the impression that the suggested definitions of locution correspond rather to the notion of « complex word ». This fact immediately raises the question of the relevance of the notion of locution. The purpose of this article is, first of all, to justify the category of complex prepositions. Secondly, it will be shown that the second preposition in the complex preposition (for instance, the preposition de in à propos de), is not an integral part of the rest of the complex preposition. Finally, I will discuss the usefulness of the tests that are usually applied in order to reveal the cohesion degree within this class. The conclusions of this discussion will throw a new light on the category of complex prepositions.
- Au sujet de et à propos de – une analyse lexicographique, discursive et linguistique - Sylvie Porhiel p. 171-181 Cet article étudie deux prépositions composées :au sujet de età propos de. Nous analyserons tout d'abord ces prépositions d'un point de vue lexicographique. Bien que synonymes,au sujet de età propos de ne bénéficient pas d'un traitement lexicographique identique et leur statut, en tant qu'unités lexicales ‘autonomes' est peu clair. L'analyse des articles de dictionnaire montre que ces prépositions peuvent avoir plusieurs lectures. La deuxième partie étudie au sujet de età propos de d'un point de vue discursif et linguistique. Elle introduit une distinction par rapport à l'analyse des articles de dictionnaire : la place de la préposition dans la phrase. Selon qu'elle est détachée ou ‘accrochée', elle n'a pas la même fonction : dans le premier cas elle introduit une thématique et il faut alors s'affranchir du cadre syntaxique de la phrase, dans le deuxième cas elle focalise.This paper analyses two complex prepositions :au sujet de età propos de. The first part deals with these prepositions from a lexicographical point of view : although they are synonyms, au sujet de andà propos de are not treated the same way in dictionaries and their status as autonomous lexical units is not clear. Analysis of the dictionary entries shows that these prepositions can be interpreted in different ways. The second part considersau sujet de andà propos de from a discourse and linguistic point of view : the analysis differs from the lexicological analysis in that it considers the place of the preposition in the sentence. When the preposition is detached, it introduces a theme and it is then necessary to cross the syntactic boundary of the sentence ; when it is dependent on another constituent, it serves to focalise.
- L'analyse de la construction En tout N par D. Leeman : quelques remarques - Jean-Claude Anscombre p. 183-197 Cet article se propose de réexaminer l'analyse du complément circonstanciel en tout(e) N menée d'un point de vue harrissien dans Leeman (1998). Au travers de l'étude d'un certain nombre de problèmes et d'exemples, une solution est proposée en termes de stéréotypes, qui permet de rapprocher la structure étudiée de la structure proche en N.The aim of this paper is a reexamination of the analysis of French prepositional adverbial en tout (e) N as proposed by Leeman (1998), within a harrissian framework. After studying several problems and phenomena, a solution is proposed in terms of stereotypical structures which permits to link the above mentioned structure to the related construction en N.
- Pour quoi - Florence Lefeuvre p. 199-210 L'objet de cet article est d'examiner la préposition pour lorsqu'elle est suivie du pronom quoi. Elle est prise dans une tension entre le maintien de son statut prépositionnel au sein du groupe pour quoi et sa disparition en tant que préposition avec l'adverbe pourquoi. Pour se distinguer de l'adverbe pourquoi, le groupe pour quoi se rattache à des supports particuliers et récurrents, dans des tournures syntaxiques qui lui sont propres ; il est généralement employé avec des valeurs différentes de celle de la cause. Lorsqu'il ne peut pas s'utiliser, pour des raisons syntaxiques ou sémantiques, ses emplois sont complétés par un réseau de locutions prépositionnelles proches de pour, par exemple en raison de et en vue de dans en raison de quoi et en vue de quoi.The aim of this paper is to examine the preposition pour when it is followed by the pronoun quoi. It hesitates between holding a position as a preposition inside the group pour quoi and disappearing when employed in the adverb pourquoi. To mark the difference with the adverb pourquoi, the group pour quoi often links up with particular and recurrent terms in syntactic phrases characteristic of pour quoi ; it is usually used with meanings different from those to do with cause. When you cannot use it, for syntactic or semantic reasons, you can use other prepositions close to pour, for instance en raison de and en vue de which yield en raison de quoi and en vue de quoi.
- À travers, au travers (de) et le point de vue - Fabienne Martin, Marc Dominicy p. 211-227 L'emploi de la paire prépositionnelle à travers-au travers (de) peut être expliqué par deux hypothèses - à savoir (i) qu'à travers s'oppose, en tant que terme non-marqué, au terme marqué au travers (de), et (ii), qu'en optant pour au travers (de), l'énonciateur s'attribue au moins un état Intentionnel à soi-même, ou en attribue au moins un à un autre esprit conscient. Nous montrons qu'en contexte perceptuel, le choix de l'une ou l'autre locution prépositionnelle se révèle sensible aux effets représentationnels de l'altération qui affecte la perception le long du trajet allant soit du sujet de perception à l'objet perçu, soit en direction inverse.Abstract The French prepositional pair à travers-au travers (de) [both translatable as « through » or « across », dependent on the context] can be accounted for by assuming (i) that à travers contrasts with au travers (de) as an unmarked vs. marked item, and (ii), that, by opting for au travers (de), the speaker attributes at least one Intentional state to him/herself, or to another conscious mind. We show that, in perceptual contexts, the choice of one or the other prepositional item proves sensitive to the representational effects of the alteration that affects perception along the path leading from the perceptual subject to the perceived object, or conversely.
- L'emploi spatial de contre : propositions pour un traitement unifié - Patrick Dendale p. 229-239 Dans cette étude sur le sens spatial de contre, nous présentons dans une première partie quatre traits qui ont été proposés dans la littérature spécialisée sur contre : le contact, l'axe de contact, la force (et contre-force), le mouvement. Chacun de ces traits rencontre des « exceptions », que nous présenterons. Dans la deuxième partie de notre travail, nous présenterons deux nouveaux traits pour la préposition : la maximalisation de la proximité de la cible par rapport au site et l'institution du site comme point de blocage pour la cible. Ces deux traits intègrent trois des quatre traits commentés dans la première partie de notre étude, permettent de rendre compte de plusieurs faits du comportement de la préposition et offrent aussi une explication possible pourquoi le contact, la proximité et la force ont pu être réunies dans une seule et unique préposition.In this study on the spatial use of the French preposition contre, we first present four semantic features that have been proposed in the literature : contact, the axis of contact, force (and counter-force), and movement. We will present uses of contre that constitute exceptions for each of these features. In the second part of our study, we will present two new features for contre : the maximisation of proximity of the trajector to the landmark and the establishment of the landmark as an obstruction point for the trajector. These two features have the advantage of integrating three of the four features commented on in the first part of our study, of making it possible to describe several aspects of the behaviour of the preposition and of offering a possible explanation for why contact, proximity and force can be combined in one and the same preposition.
- Tout contre vs. très contre - Danielle Leeman p. 241-252 Les contraintes de combinaison entre la préposition contre et les adverbes tout ou très ne peuvent être corrélées de manière simple à ses différents emplois, tels qu'ils sont établis et classés sur des bases référentielles. L'étude de ces distributions aboutit ainsi à la conclusion que l'identité en langue de contre ne peut être résumée à un mouvement dynamique de la cible vers le site (mouvement que le site arrêterait) : tout au plus s'agit-il là d'un des emplois (que l'on peut juger prototypique) de la préposition.The constraints operating on the combination of the prepositioncontre with the adverbstout and très cannot be correlated in a straightforward manner with its various usages as they have been established and classified on a referential basis. A study of these distributions thus leads to the conclusion that the identity of contrein language cannot be summarised in terms of a dynamical movement from target to site (a movement which the site would bring to a halt). This is at most one possible usage of the preposition (albeit one that may be considered as prototypical).
- Relations entre prépositions et conjonctions ? : L'apport de la comparaison en langues romanes - Mireille Piot p. 71-81
III. Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 253-263