Contenu du sommaire : Théories du langage et enseignement des langues (fin du XIXe siècle/début du XXe siècle)
Revue | Histoire, Epistémologie, Langage |
---|---|
Numéro | vol.17, n°1, 1995 |
Titre du numéro | Théories du langage et enseignement des langues (fin du XIXe siècle/début du XXe siècle) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Théories du langage et enseignement des langues (fin du XIXe siècle/début du XXe siècle). Jean-Louis Chiss et Daniel Coste [Dirs.]
Articles
- Rectification de l'orthographe - p. 5-5
- Options pour une recherche d'articulations historiques entre sciences du langage, conceptions de l'acquisition et didactique des langues - Jean-Louis Chiss, Daniel Coste p. 7-17 Les relations historiques entre sciences du langage, conceptions de l'acquisition et didactique des langues sont complexes et, quand elles sont attestées, ne relèvent pas du sens unique. On choisit de les prendre en considération, méthodologiquement à des moments — passage du XVIIIe au XIXe siècles et passage du XIXe au XXe siècles — où, en France, des modifications importantes s'opèrent dans le champ scientifique, dans les politiques linguistiques, en matière de projet de scolarisation, avec l'apparition de nouveaux acteurs.The Historical relations between linguistics, models of language acquisition and language teaching are complex and, when they are evidenced, are certainly not unilateral. The option suggested, for methodological reasons, is to study these relations at two historical moments (end of XVIIIth and beginning of XlXth century, passage from XlXth to XXth century) when, in France, important transformations take place in the scientific field, in language policies and in projects related to school and education, with the emergence of new groups of social actors.
- À partir de Bally et Brunot : la langue française, les savants et les pédagogues - Jean-Louis Chiss p. 19-40 La toile de fond de l'article est constituée par la question de savoir si l'intérêt des linguistes et grammairiens pour renseignement/apprentissage de la langue et des discours constitue une donnée permanente ou conjoncturelle dans l'histoire des idées linguistiques. Sur la période considérée (charnière XIXe / XXe siècles) et dans le domaine francophone, on explore certaines des modalités d'intervention des linguistes — essentiellement F. Brunot et C. Bally — sur le terrain pédagogique. On traite plus spécifiquement des débats sur la grammaire et son enseignement en essayant de souligner les solidarités conceptuelles entre les recherches proprement linguistiques et Tes orientations didactiques. On propose, à partir de cette investigation, un cadre de travail qui permettrait de contribuer à une théorisation des rapports entre sciences du langage et didactique de la/des langue(s). Au delà des données biographico-institutionnelles qu'une sociologie de la science prend en compte, on cherche à situer la présente réflexion dans une histoire des processus de disciplinarisation en sciences humaines.Is the interest shown by linguists and grammarians in the teaching and learning of language a permanent feature in the history of linguistics or is it contingent 7 Such is the background of this article, which explores some of the ways linguists — mainly F. Brunot and C. Bally — play a part in the field of teaching during the period of reference (turn of the XlXth/XXth century) in French-speaking countries. More specifically, the debates on grammar and the teaching of grammar a are dealt with, the aim being to stress the conceptual solidarities between linguistic research proper and the choices made in teaching. A frame of reference is then proposed with a view to the theorisation of the relationship between the scientific study of language and the teaching of language/languages. Beyond the biographical/instutionaldata which the sociology of language takes into account, these remarks aim to become part of a history of the processes through which the social sciences become a full-fledged part of the curricula.
- Ferdinand Brunot, méthodologue de l'enseignement de la langue française - Henri Besse p. 41-74 F. Brunot (1860-1937) s'est beaucoup intéressé à la pédagogie du français (surtout en tant qu'idiome maternel), et plus particulièrement à l'enseignement de la « grammaire » de cette langue. Très critique à l'égard de la méthode courante, il en propose unet inspirée de la méthode directe, qui se veut fondée sur les acquis de la grammaire historique (plus que comparée), et « en harmonie » avec l'idéologie positiviste et républicaine de son temps. On s'interroge sur les raisons du relatif échec de ces propositions.F. Brunot (1860-1937) took a great deal of interest in the teaching of French (especially as a first language), more particularly in the teaching of its « grammar ». Very critical of the usual method, he suggested a different approach, inspired by the direct method, based on historical grammar (rather than comparative), and supposedly « in harmony » with the current positivist and republican ideology. The article analyses the reasons why these proposals were relatively unsuccessful.
- Bréal et l'enseignement des langues vivantes ou « dans quel état on devient une référence » - Marie-Hélène Clavères p. 75-93 Les principaux écrits de Michel Bréal sur l'enseignement des langues vivantes, publiés en 1886 et 1893, coïncidèrent avec une crise de l'enseignement secondaire français et suscitèrent des polémiques violentes, dont cet article tente de cerner les enjeux, en posant la question de l'« usage » de Bréal avant celle de son influence effective sur l'enseignement des langues vivantes en France.Michel Bréal 's main texts dealing with the teaching of foreign languages, published in 1886 and 1893, coincidea with a crisis in secondary education in France and gave rise to violent controversy. This article aims at defining what was at stake in this controversy by asking what « use » has been made of Bréal rather than considering what influence he may actually have had on the teaching of foreign languages in France.
- Phonétique / Université / Enseignement à la fin du XIXe siècle - Enrica Galazzi p. 95-114 L'apport de la phonétique au renouvellement de l'enseignement des langues après 18BD est illustré à travers l'action parallèle de deux illustres phonéticiens-enseignants qui n'étaient pas encore (ou pas toujours) des universitaires : P. Passy (1859-194Ô), le fondateur de l'Association Phonétique Internationale et de son bulletin « Le Maître Phonétique » et P.J. Rousselot (1846-1924), le père de la phonétique expérimentale. L'accent est mis en particulier sur la phonétique expérimentale naissante et sur le rôle joué par son fondateur dans la construction d'un savoir académique et dans la solution des questions posées par renseignement/apprentissage de la prononciation d'une langue.The contribution of phonetics to the renewal of language teaching after 1880 is here illustrated through the parallel work of two distinguished phoneticians -teachers who where not yet (or not always) University professors : P. Passy (1859-1940), founder of the International Phonetics Association and its Bulletin « Le Maître Phonétique », and P.J. Rousselot (1846-1924) the father of experimental phonetics. In particular, this article focuses on experimental phonetics at its inception and on he role of its founder in developng academic knowledge and solving the problems of teaching/learning the pronunciation of a language.
- Fondements linguistiques et psychologiques de la méthode des séries de François Gouin (1880) - Claude Germain p. 115-141 Contrairement à ce que soutiennent plusieurs auteurs contemporains (Mackey, Besse, Titone, Caravolas), François Gouin (1831-1896) parait n'avoir aucunement subi l'influence de la psychologie à caractère scientifique, en train de naitre à la fin des années 1870 : pour lui, la psychologie n'est encore que l'étude des « facultés de l'âme ». Quant à ses conceptions linguistiques, pour la plupart originales (langage objectif, subjectif et figuré, etc.), elles lui viennent, non des linguistes de son époque, mais de ses expériences, de ses observations de l'enfant et de ses intuitions. La pensée de Gouin oscille entre un empirisme associationniste et une certaine forme de rationalisme.Contrary to what many contemporary authors believe (Mackey, Besse, Titone, Caravolas), François Gouin (1831-1896) was not influenced by the growing body of scientific knowledge in psychology in the late 1870's. According to Gqum, psychology is still the study of the « faculties of the soul ». Most of his linguistic views are original (objective, subjective and figurative languages, etc.) and were not borrowed from linguists of his time : they come from his experiences, his observations of the child, and his intuitions. Gouin' s views fluctuate between an associationist empiricism and some kind of rationalism.
- La psychologie appliquée à l'enseignement du français : l'exemple de Claparède - Bernard Schneuwly p. 143-161 L'article analyse un moment important du discours sur l'enseignement du français celui du début de l'application de la psychologie expérimentale parfaitement illustré par l'œuvre de Edouard Claparède (1873- 1940). Il apparaît que, contrairement à sa prétention, la psychopédagogie ne propose pas de nouvelles démarches d'enseignement, ne développe pas d'analyse véritablement différente des capacités des élèves et encore moms une approche originale des objets d'enseignement, à savoir la langue et les discours. Sa fonction essentielle semble être de conforter et d'amplifier un discours pédagogique centré fortement sur les besoins de l'enfant, concevant l 'apprentissage et le développement comme processus individuels et la langue comme expression de la pensée et des sentiments.The paper analyses an important moment of the discourse on the teaching of French : the beginning of the application of experimental psychology. It appears that psychopedagogy, contrary to its claims, does not open new ways of teaching, does not develop approaches to assess pupils' linguistic capacities and does not propose an original analysis of the objects of teaching, namely language and discourse. Its main function seems to be to reinforce and to amplify a pedagogical discourse heavily centered on the needs of the child and to conceive of learning and development as individual processes and of language as the expression of thinking and feeling.
- Enjeux psycholinguistiques de quelques représentations de l'acquisition à la fin du XIXe, début du XXe siècle - Christian Puech p. 163-183 Les représentations de l'apprentissage linguistique occupent à la fin du XIXe siècle-début XXe une place à la fois importante et marginale. Si les enquêtes empiriques abondent, les développements théoriques sont la plupart du temps subordonnés à des enjeux de linguistique générale et/ou de psychologie fondamentale (Delacroix). Le thème du langage intérieur, omniprésent dans Tes débats psycholinguistiques, semble concentrer une part importante de ces enjeux, et il module, dans une perspective génétique plus ou moins abstraite, le traditionnel problème des rapports pensée/langue (Egger). Quant à l'école, elle apparait (quand elle apparait) soit comme une modalité « artificielle » de la transmission dont il faut évaluer au plus juste l'efficacité (Henry, Bally), soit comme l'obstacle (la tradition grammaticale scolaire) à une théorisation de la phrase (vs du mot) dans le développement individuel (Sechehaye), comme dans le fonctionnement « adulte » de la langue.Although the representations of language learning abound at the turn of the century, their place is marginal. Empirical investigations are plentiful, yet the theoretical developments depend on issues in general linguistics and/or fundamental psychology (Delacroix). The theme of mental language, which pervades the psycholinguistic discussions, seems to be the focal point of what is at stake and it shapes the traditional problem of the language/thought relationship in a fairly abstract genetic perspective. School — when it is mentioned — is viewed either as an artificial mode of the transmission process whose efficiency should be strictly assessed, or as an obstacle (the school grammar tradition) to a théorisation of the sentence (as opposed to the word) in the child's individual development (Sechehaye) as well as in « adult » language.