Contenu du sommaire
Revue | Politique étrangère |
---|---|
Numéro | vol. 60, no 1, 1995 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - p. 5-8
- Les auteurs - p. 9-12
- Résumés. Abstracts - p. 13-22
Sécurité européenne : horizon 1996
- Introduction - Nicole Gnesotto p. 23-24
- Sécurité européenne : l'impossible statu quo - Jean-Marie Guéhenno p. 25-31 Aussi importante soit-elle, l'évolution de la Russie n'est pas de nature à bouleverser les données de l'architecture de sécurité européenne. Seules deux variables seront déterminantes, l'évolution de la construction européenne et celle des Etats-Unis. Du côté de l'Union, l'ambiguïté actuelle, qui réserve la possibilité d'une intégration future, sans véritablement la mettre en œuvre, ne pourra pas être durablement maintenue. Du côté américain, soit il y aura poursuite du retrait des troupes, et remise en cause à terme de la garantie de sécurité contenue dans l'OTAN ; soit la présence américaine sera maintenue en l'état, mais ce devrait être la conséquence d'un resserrement substantiel des relations euro-américaines. Quatre scénarios découlent de la combinaison de ces variables. Ils excluent le statu quo. Les ambiguïtés actuelles de l'après-guerre froide seront levées dans les prochaines années : il faudra avancer ou reculer, mais l'immobilisme paraît exclu.European Security: the Impossible Status Quo, by Jean-Marie Guéhenno Despite tbeir importance, events in Russia will not upset the European security architecture. The only two determining factors are the évolution of European construction and the United States. On the one hand the Union cannot maintain indefinetely the present ambiguity of reserving the possibility of future integration without really putting it into motion. On the other hand America will either continue to withdraw its forces, thus eventually undermining NATO security guarantees or will maintain its presence. This second option should however he the resuit of a substantial tightening of Euro-American relations. There are four possible scenarios which may result from different combinations of these possibilities. The maintaining of the status quo is not one of them and the present ambiguities of the post-Cold War will disappear in the following years.
- La Russie et la sécurité européenne - Vladimir Baranovsky, Michèle Kahn p. 33-55 Du point de vue de Moscou, le paysage stratégique européen s'est trouvé totalement modifié ces trois dernières années. Cependant, les préoccupations sécuritaires n'ont en elles-mêmes revêtu qu'une importance secondaire dans l'évolution de la politique étrangère russe, depuis le romantisme post-impérial initial jusqu'à la revendication clairement affirmée d'une défense des intérêts nationaux russes. Cette évolution a plutôt été influencée à la fois par des facteurs de politique intérieure et par la ténacité avec laquelle Moscou a cherché à réaffirmer sa position sur la scène internationale. Renforcer l'espace géopolitique postsoviétique en tant que zone des « intérêts vitaux » de la Russie et assurer un statut de « grande puissance » à la Russie sont, de loin, les éléments les plus importants de la position de Moscou sur l'architecture européenne. Ironiquement, ces deux éléments sapent les efforts russes pour mettre en place une structure paneuropéenne de sécurité. Ces tentatives sont aussi de plus en plus ébranlées par les maigres résultats de Moscou en termes de réformes économiques, par l'incertaine démocratisation du pays et par le règlement « barbare » des conflits internes (la démonstration en a été faite de façon dramatique en Tchétchénie). Sur le plan international, après avoir tenté en vain d'empêcher l'« occidentalisation » de ses anciens alliés du pacte de Varsovie, Moscou se trouve confrontée au douloureux dilemme qui consiste à choisir entre confrontation et coopération dans ses relations avec le reste de l'Europe.Russia and European Security, by Vladimir Baranovsky As viewed from Moscow, the security landscape in Europe bas fundamentally cbanged during the last three years. But security considerations per se have only been of secondary importance in the evolution of Russia's foreign policy from its initial post-imperial romanticism towards a clear-cut assertiveness in protecting Russian « national interests ». Rather, this evolution has been determined both by domestic factors and by Moscow's feverish search for restored self-confidence in the international arena. Consolidating the post-Soviet geopolitical space as the zone of Russia's « vital interests » and ensuring a recognized « great power » status to Russia are by far the most important elements in Moscow's thinking about the European architecture. Ironicalty, both elements undermine its efforts to establish a pan-European model with Russia's full-fledged participation. These efforts are also increasingly undermined by Moscow's poor record in economie reforms, uncertainties with respect to democratie developments within the country and uncivilized methods of dealing with internal conflicts (as was dramatically demonstrated in Chechnya). Internationally, after a spectacular failure in preventing the « westernization » of its former Warsaw Pact allies, Moscow faces a painful dilemma in choosing between confrontational and cooperative patterns in its relations with the rest of Europe.
- L'après-guerre froide est terminée - John J. Maresca, Mercedes Neal p. 57-72 Avec la fin de la guerre froide, les priorités américaines en matière de politique étrangère, surtout vis-à-vis de l'Europe et de l'ex-URSS, sont devenues imprécises. Malgré le consensus sur le maintien de l'OTAN, différents courants coexistent sur les relations avec la Russie et son rôle futur, sur l'éventuel élar- gissement à l'Est de l'OTAN, sur la participation américaine aux efforts internationaux de maintien de la paix, et enfin sur le niveau et le rôle des forces américaines en Europe. L'optimisme qui suivi la fin de la guerre froide n'est plus de mise et l'on soupçonne de plus en plus la Russie de tenter maladroitement un rétablissement de sa suprématie sur les pays de l'ancienne Union soviétique. Les Etats-Unis continueront sans doute à maintenir symboliquement d'importantes forces militaires en Europe et à vouloir participer à la défense de l'Occident en cas de guerre totale. Cependant, on ne peut pas attendre des Etats-Unis qu'ils interviennent en Europe dans chaque conflit localisé, et encore moins sur le territoire de l'ex-Union soviétique, sans que Washington examine au cas par cas si les intérêts américains sont en jeu.The End of the Cold War is Also Over, by John J. Maresca With the end of the Cold War, American political views on US engagement overseas, particularly in Europe and the former USSR, have hecome confused. Though there is general support for maintenance of NA TO, there are different views on relations with Russia and Russia's future role, the possible expansion of NATO to the East, US participation in international peacekeeping efforts, and the level and role of US forces in Europe. The period of optimism ahout « the end of the Cold War » is also over, and there is growing suspicion of Russia's uneven attempt to reestahlish its dominance over the territory of the former USSR. It seems likely that the US will continue to maintain symbolically important forces in Europe and a commitment to participate in defence of the West against an all-out attack. However, the US cannot be expected to intervene in every local war in Europe, much less on the territory of the former USSR, without a specifie judgement in Washington that direct US interests are at stake.
- La politique de défense française à l'aube d'un nouveau mandat présidentiel - François Heisbourg p. 73-83 En dépit d'importants efforts doctrinaux et organisationnels, la politique française de défense doit subir des transformations majeures pour assurer son adéquation aux conditions de l'après-guerre froide. Quatre domaines devraient faire l'objet d'actions prioritaires dans le cadre du prochain mandat présidentiel : le développement d'une capacité européenne d'intervention extérieure ; le passage à l'armée de métier ; une politique vigoureuse de non-prolifération et de contre-prolifération compatible avec le maintien de notre capacité de dissuasion ; la restructuration des dépenses militaires, en faveur des priorités de l'après-guerre froide — renseignement, surveillance, armes précises tirées à distance de sécurité, projection de forces —, impliquant l'européanisation de l'industrie de défense.Defense Policy at the Dawn of a New Presidential Term, by François Heisbourg Despite significant doctrinal and organizational reforms, French defence policy will have to undergo major re-ordering in order to ensure its relevance and effectiveness in the post-Cold War era. Four areas call for priority measures in the time-frame of the next presidential term: the growth of a European intervention capability; the move towards an all-volunteer force; a vigorous non-proliferation and counter-proliferation policy meshing in with the existence of France's nuclear deterrent; a restructuring of France's defence budget, in order to reflect post-Cold War priorities ― intelligence-gathering, surveillance, stand-off weapons, force projection ― which in turn implies a Europeanisation of the defence industry.
- Sécurité européenne : le point de vue britannique - Alyson J. K. Bailes p. 85-98 La politique britannique de défense est active, globale, multinationale et intergouvemementale. Elle reconnaît la valeur permanente et irremplaçable des structures militaires et des engagements politiques de l'Alliance atlantique, mais aussi la nécessité pour l'Europe de renforcer son identité en matière de défense et d'être capable de réagir rapidement et avec souplesse. Pour cela, l'UEO offre un cadre satisfaisant et la coopération franco-britannique est un instrument valable. Les institutions occidentales devraient s'étendre et s'étendront vers l'Est, chacune en fonction de ses critères propres, quand elles seront certaines que l'expansion sert leurs propres objectifs de développement et le renforcement de la sécurité européenne. Tous les pays membres ou non des différentes alliances devraient tirer profit d'une participation à l'OSCE et d'une prévention et d'une gestion des conflits plus efficaces. La Russie doit apporter sa pleine contribution à ce projet et en tirer profit : aucune décision politique de notre part ne devrait la léser, l'exclure — ou la menacer avec « deux poids deux mesures ». Les interventions militaires européennes dans le monde devraient être efficaces et sélectives, et leurs buts et priorités clairement définis. La Grande-Bretagne et la France ont des raisons spécifiques de coopérer afin de parvenir, au niveau international, à une meilleure prise de décision et à un meilleur partage des tâches, y compris en aidant les Etats à assumer davantage leurs responsabilités régionales en matière de sécurité.European Security: the British Point of View, by Alyson J.K. Bailes Britain's philosophy of defence is active, global, multinational, inter-govemmental. It recognises the continuing and irreplaceable value of the Atlantic Alliance's force structures and political bonds; but also the need for Europe to strengthen its defence identity and be capable of rapid, flexible operations. WEU offers a good framework and UK-French cooperation a valuable instrument. Western institutions should and will expand towards the East, each on its own terms, when they can be sure expansion serves the general goals of their development and of strengthening European security. All States within or outside alliances should benefit from participation in OSCE andfrom more effective crisis prevention and management. Russia must take a full part in, and benefit from, these endeavours: none of our policies should damage her, exclude her — nor threat her with double standards. Europe's military action in the world should be effective and selectively applied, with clear goals and priorities. Britain and France have special reason to work together for better international decision-taking and burden-sharing, including schemes to help States take more responsibility for their regions' security.
- L'Allemagne ? un pays comme les autres ? - Uwe Nerlich p. 99-116 Toutes les démocraties industrielles devront trouver un nouvel équilibre entre leurs problèmes internes et l'éventuelle solution des questions internationales. Elles devront également redéfinir leurs rôles internationaux et laisser une marge accrue au nationalisme. Pour l'Allemagne, la situation n'est pas la même, car les problèmes de ce genre se présentent sous la forme d'une « crise de normalisation ». Surtout, le développement de l'Allemagne s'inscrit dans celui de l'Europe. Or, la sécurité de l'Europe est directement liée au processus d'intégration de l'UE, qui dépend également de la nature de la nouvelle Allemagne, laquelle est vulnérable aux nationalismes de ses partenaires. La politique d'intégration et de sécurité de l'Allemagne vise le maintien d'un équilibre entre une normalisation interne, sans renationalisation, et une politique européenne active qui ne succombe pas à des velléités de domination. Politiquement difficile à gérer, cette tâche est néanmoins facilitée par le phénomène de globalisation et d'interdépendance de nos sociétés modernes.Germany — a Country Like Others?, by Uwe Nerlich All industrial democracies will have to find a new balance between their domestic problems and possible solutions at an international level. They will also have to redefine their international roles and leave a wider margin to nationalism. For Germany, the situation is not the same since there this sort of problem is posed in terms of 'crises of normalization '. What is more, the development of Germany lies within that of Europe. Conversely the security of Europe is directly linked to the European Union integration process which is equally dépendent upon the nature of the new Germany, vulnerable to the nationalisms of its partners. Germany's integration and security policy aims to maintain a balance between internal normalization, avoiding renationalisation, and an active European policy uncontaminated by vague desires of domination. Whilst this task is politically difficult to manage it is nevertheless made easier by the phenomenon of globalisation and the interdependence of our modem societies.
- Pologne : la peur du vide - Monika Wohlfeld, Ewa Kulesza-Mietkowski p. 117-134 Les Polonais sont favorables à l'existence d'une identité de sécurité européenne dotée d'une forte composante nord-atlantique qui devrait, à terme, inclure l'Europe centrale hormis la Russie, déstabilisée et de plus en plus agressive. Les dirigeants polonais redoutent une intensification des tensions liées aux développements institutionnels au sein de la communauté euro-atlantique, cette situation pouvant mettre en position difficile et marginale les pays de l'Europe centrale. Les retards de l'Ouest à formuler une réponse cohérente aux besoins de sécurité des pays d'Europe centrale créent un sentiment d'insécurité et d'affection sans retour, et pourraient renforcer les courants politiques qui s'opposent à l'orientation pro-occidentale de la sécurité et des politiques de défense.Poland: the Fear of the Void, by Monika Wohlfeld Poles favour the existence of a European security identity with a strong Nortb Atlantic component, which ultimately should include Central Europe but not the destabilised and increasingly assertive Russia. Polish leaders fear the intensifying tensions pertaining to institutional development within the Euro-Atlantic cornmunity, which could make Central European countries pawns in a political debate. The delays in the creation of a coherent Western response to Central Europeans' security needs cause feelings of insecurity and unrequited affection, and may strengthen political forces which oppose the Western direction of security and defense policies.
- 1996 et la défense commune : encore une occasion manquée ? - Nicole Gnesotto p. 135-145 La conférence de révision du traité d'Union européenne, en 1996, devrait statuer sur l'adoption d'une politique européenne de défense commune. Trois dilemmes restent à résoudre. Le premier concerne le mode de décision de l'Union en matière de défense, autrement dit le lien entre souveraineté nationale et efficacité collective. Le second porte sur le partage des moyens opérationnels de l'OTAN pour des interventions militaires sous commandement européen, c'est-à-dire sur la relation entre l'Alliance atlantique et l'autonomie d'une défense européenne. Le troisième dilemme concerne la compatibilité des élargissements de l'OTAN et de l'Union/UEO. Une grande négociation euro-américaine serait nécessaire pour restructurer les relations de sécurité euro-atlantiques. Malheureusement, il est à craindre que le rendez-vous de 1996 ne soit encore une occasion manquée.1996 and Common Defense: Yet Another Missed Opportunity?, by Nicole Gnesotto The 1996 intergovemmental conference intended to revise the European Union treaty should debate the adoption of a common defence policy. There are three remaining dilemmas to be solved. The first concerns the decision-making structure for defence matters within the Union, in other words the link between national sovereignty and collective efficacity. The second deals with the sharing of NATO's operational me ans for military interventions under European command, in other words the relation between the Atlantic Alliance and the autonomy of European defence. The third problem is the compatibility of the enlargement of NATO with that of the Union/WEO. Major Euro-American negotiations will be necessary in order to restructure Euro-Atlantic security relations. Unfortunately it is to be feared that the 1996 meeting will be yet another missed opportunity.
- Quel avenir pour l'OTAN ? - Christoph Bertram, Mercedes Neal p. 147-158 L'OTAN peut-elle survivre à la disparition de l'ennemi ? Depuis l'effondrement de l'empire soviétique, l'Alliance atlantique a essayé de trouver d'autres justifications à son existence, notamment en réagissant à certains des nouveaux dan- gers qui ont surgi à la périphérie de l'Europe. Mais, comme la guerre des Balkans l'a montré, les nouvelles crises, au contraire de l'ancienne menace soviétique, ont un impact diviseur et non unificateur. Pour survivre, l'OTAN n'a d'autre choix que celui de fournir une structure politique à l'ordre européen. Cependant, cela exigera un nouveau dispositif institutionnel avec la Russie, un élargissement aux démocraties d'Europe centrale et orientale et des efforts intenses pour préserver l'engagement en Europe d'une Amérique du Nord de plus en plus isolationniste.What Future for NATO?, by Christoph Bertram Can NATO survive the loss of its ennemyf ? Since the collapse of the Soviet Empire, the Western Alliance has tried to find other justifications for its existence, in particular dealing with some of the new dangers on the European periphery. But as the first such crisis, the Balkan War, has shown, the new dangers, in contrast to the old Soviet threat, do not unite but devide the Alliance. The only enduring purpose for NATO can be that of providing a political structure for European order. But this will require a new institutional arrangement with Russia, the inclusion of democratie states in Central and Eastern Europe, as well as a major effort to keep an increasingly isolationist US engagea on the European continent.
- A quoi sert l'OTAN ? - Gabriel Robin p. 171-180 L'OTAN s'accroche à des fonctions traditionnelles devenues sans objet et à de vieilles structures peu compatibles avec ses fonctions nouvelles. Si elle le fait, c'est parce que son vrai dessein est ailleurs : servir de cadre aux évolutions de l'Europe. Les destins de l'OTAN et de l'Europe sont donc indissociables : elles vivront et, sans doute, se perdront ensemble.NATO, What's For ?, by Gabriel Robin NATO hangs on to traditional functions which have become obsolete and to old structures which are incompatible with its new functions. The reason for this is that NATO's true function lies in serving as a framework for developments in Europe. The organization's destiny cannot be dissociated from that of the continent. They will succeed or fail together.
- L'usage de la force - Lawrence Freedman p. 181-193 Cet article analyse l'usage que les pays occidentaux peuvent faire de la force militaire dans le type de conflits qu'ils sont susceptibles de rencontrer dans les années à venir. Les menaces directes à l'encontre de leur territoire ne rentrent pas dans ce cadre. L'article étudie donc les situations dans lesquelles existe un risque de combat contre les forces armées d'un adversaire, mais où les intérêts les plus vitaux des pays intervenants ne sont pas directement en jeu. Les gouvernements occidentaux se méfient de plus en plus de ce type de conflits. Ils ten- tent adopter des stratégies d'intervention susceptibles de minimiser les coûts, en vies humaines et en matériel. Cette politique n'est que la continuation de ce qui fut connu sous le nom de « stratégie indirecte ». Ce type d'approche implique souvent une puissance aérienne stratégique, mais seule la bataille terrestre peut décider du contrôle d'un territoire. Les coûts d'un conflit, à long terme, ne peuvent être réduits que s'ils sont acceptés à court terme.The Use of Force, by Lawrence Freedman This article considers how military force might he used by western countries in the sort of conflicts they are likely to confront in the coming years. Direct threats to their territory are not judged likely. The article therefore considers situations in which there is an expectation of combat against the armed forces of an opponent, but in which the most vital interests of the interventionist countries are not directly at stake. Western governments are becoming increasingly wary of this sort of conflict. At least there is a search for strategies of intervention which minimize the costs, both human and material. This is a continuation of what was once known as the «indirect approach». It often involves air power, but in the end struggles over territory have to be fought on the ground. The article argues that the costs of conflict over the long-term can be minimized the more that they are accepted in the short-term.
- Le nucléaire entre marginalisation et banalisation - Frédéric Bozo p. 195-204 L'Europe de la guerre froide a été, jusqu'à la révolution de 1989, le cadre géostratégique privilégié du fait atomique. D'un côté, les relations internationales étaient structurées par le facteur nucléaire. De l'autre, l'élément nucléaire était stabilisé par le système international. Avec la fin de la guerre froide, cette adéquation entre stabilité internationale et fait nucléaire pourrait se trouver remise en cause. Dès lors, le nucléaire peut-il échapper au risque de l'instabilité ? Et comment prévenir ce risque ? Autant d'interrogations qui appellent d'abord une réflexion rétrospective sur les déterminants de la stabilité nucléaire de l'Europe de la guerre froide.The Nuclear Issue: Caught Between Marginality and Banality, by Frédéric Bozo Cold-War Europe was, until the revolution of 1989, the favoured geostrategic framework for the atomic phenomenon. International relations were structured by the nuclear factor which was in turn stabilised by the international System. With the end of the Cold War this balance could be threatened. It is not sure if and how the nuclear issue can escape the risk of instability. Before such questions may be answered a retrospective reflection must be undertaken on the determinants of nuclear stability in Europe during the Cold War.
Repères
- Bosnie : la guerre sans fin - Hans Stark p. 205-216 Après trois ans de guerre, aucun règlement n'est en vue pour mettre un terme à la tragédie de la Bosnie-Herzégovine. Les différents plans de paix ont tous échoué face à la détermination des Serbes de Bosnie de maintenir leur contrôle sur au moins deux tiers du territoire bosniaque et de voir reconnue l'indépendance de leur république auto-proclamée. Confrontés à cette fermeté et à la décision de la communauté internationale de ne pas intervenir militairement, les Musulmans bosniaques sont décidés à poursuivre la guerre et à se doter d'un Etat économiquement et politiquement viable. Les Croates, peu contents de voir gelées les conquêtes territoriales des Serbes de la Krajina, semblent, eux aussi, décidés à chercher leur salut dans la reprise des hostilités. Les prochains mois risquent donc de voir une intensification des combats en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, voire une extension des hostilités à d'autres régions de l'ex-Yougoslavie.Bosnia: the Never-Ending War, by Hans Stark After three years of war, there is no seulement in sight to end the tragedy of Bosnia-Herzegovina. The different peace projects have ail failed in the face of the determination of the Bosnian Serhs to maintain control over at least two thirds of Bosnian territory and to obtain recognition for their self-proclaimed republic. Confronted by this steadiness of purpose and the international community's décision to avoid military intervention, the Bosnian Musulmans have decided to continue the war and to endow themselves with an economically and politically viable state. The Croats displeased to see the territorial conquest of the Serbs of Krajina frozen also decided to find relief in reopening hostilities. There is therefore a risk, in the following months, that the conflict will intensify in Croatia and Bosnia-Herzegovina and even expand further into other regions of ex-Yugoslavia.
- Révolution économique en Chine, réformes en Inde - Gilbert Etienne p. 217-230 La Chine connaît une expansion économique spectaculaire, fruit de la vision de Deng Xiaoping et de son équipe. L'Inde procède à sa manière, plus posée, peut-être plus sûre à long terme. En effet, le système chinois révèle de sérieuses failles, avec ses côtés d'« économie sauvage », notamment dans le domaine financier, phénomène aggravé par l'omniprésence du Parti et le manque d'institutions stables aux niveaux politique et juridique. Dans ces domaines, l'Inde marque des points, à mesure que son économie repart, après un creux de 1991 à 1993. A noter aussi deux gros atouts pour la Chine, qui manquent à l'Inde : Hong-Kong et l'existence, autour de la Chine, d'une vaste zone, elle aussi en expansion rapide.The Economic Revolution China Reforms in India by Gilbert Etienne China is going through a spectacular expansion, the result of the vision promoted by Deng Xiaoping and his team. India proceeds in its own way, less buoyant, hut perhaps safer in the long run. Serious cracks are noticeable in the Chinese financial system, going along the powerful role of the Party and the lack of ra reliable legal basis. In these fields, India enjoys a number of advantages, now that its economy is picking up after a lull. One must also bear in mind that, unlike India, China enjoys two big advantages : Hong Kong and around its territory, a vast area in rapid expansion.
- Bosnie : la guerre sans fin - Hans Stark p. 205-216
Libre propos
- Drogues à l'Est : logique de guerres et de marché - Michel Koutouzis p. 233-244 Empire, la Russie est un espace où s'entremêlent minorités ethniques, diasporas diverses, réfugiés politiques, autonomies traditionnelles et routes clandestines ancestrales. Races, cultures et civilisations se côtoient, créent leurs relais, qui prennent forme de l'Atlantique au Pacifique, de la Sibérie à l'Asie centrale. Guerres interethniques, litiges frontaliers, fondamentalisme, pesanteurs et rancunes historiques tissent en outre des réseaux nouveaux, qui font de la drogue un enjeu aussi bien qu'un moyen d'alimentation de ces conflits. La faiblesse de l'Etat, les manoeuvres politiques, l'extension du secteur non étatique, la logique du marché et la jonction de « l'empire » avec le reste du monde, donnent au phénomène drogue, et plus particulièrement, à ses voies de communication, une complexité toute particulière. D'autant plus que la drogue est devenue un phénomène mondial qui ne connaît ni nationalité ni frontières. Elle est déterminée par les règles très performantes de l'offre et de la demande, du dumping, de l'étude du marché, du troc, elle subit des stratégies et des tactiques comme tout produit performant de la fin du XXe siècle. Mais, mettant en contact des civilisations, des attitudes et des principes radicalement différents, subissant des mutations diverses en tant que produit, faisant aussi partie de l'histoire locale et régionale, elle est aussi très différente de tout autre produit. Elle est à la fois « moderne » et « traditionnelle », « mondiale » et « locale ». Par certains égards, elle pourrait être le miroir provocateur de notre monde.The Drug Problem in the East: Warfare and Market Logic, by Michel Koutouzis Russia, an empire, is interspersed with ethnie minorities, varions diasporas, political refugees, traditional autonomies and secret ancestral routes. Races, cultures and civilisations exist side-by-side forming relays from the Atlantic to the Pacific, from Siberia to Central Asia. In addition inter-ethnic wars, frontier disputes, fundamentalism, historic grudges and slights, create new networks enabling the drug problem to exacerbate these conflicts. The weakness of the State, political manoeuvring, the expansion of the private sector, market logic and the opening-up of the empire to the rest of the world make the drug problem and its means of communication particularly complex. It has moreover become a global problem independent of nationality and frontiers, subject to the rules of supply and demand, dumping, and exchange like any other successful product of the nineties. However the fact that it brings into contact radically different civilisations, attitudes and principles and that it undergoes a variety of transformations, means that it is a product very different from any other. It is simultaneously modem, traditional, universal and local and may be considered as a provocative reflection of our world.
- Drogues à l'Est : logique de guerres et de marché - Michel Koutouzis p. 233-244
Tribune européenne
- Quel horizon pour la politique étrangère de la France ? - Alain Juppé p. 245-259 Le ministère des Affaires Etrangères expose sa vision pour la France en matière de politique étrangère: élargissement de l'Europe, coopération franco-allemande, défi de la défense européenne, nouveau partenariat euro-atlantique, politique méditeranéenne.
- Quel horizon pour la politique étrangère de la France ? - Alain Juppé p. 245-259
Lectures
- David Holloway. Stalin and the Bomb. The Soviet Union and Atomic Energy. 1939-1956 - Jacques Richardson p. 261-263
- Pierre Moussa. Caliban naufragé. Les relations Nord-Sud à la fin du XXe siècle - Bernard Cazes p. 264-265
- Michel Korinman et Lucio Caracciolo. Les fractures de l'Occident. Eléments de géopolitique - Walter Schütze p. 265-267
- Philippe Moreau Defarges. Introduction à la géopolitique - Bernard Cazes p. 267
- Marie-Claude Smouts (dir.). L'ONU et la guerre. La diplomatie en kaki - Anne Bonraisin p. 268-269
- Olivier Russbach. ONU contre ONU - Isabelle Cordonnier p. 269-270
- André Collet. Histoire de la stratégie militaire depuis 1945 - Gilles Denis p. 270-271
- Pascal Boniface (dir.). L'année stratégique 1995. Les équilibres militaires - Marie-Lucy Dumas p. 271
- François Chesnais. La mondialisation du capital - Frédérique Sachwald p. 271-272
- Ethan B. Kapstein. Governing the Global Economy. International Finance and the State - Christian Chavagneux p. 272-273
- Sandor Richter. The Visegrad Countries' Expectations vis-à-vis Western Europe. Sandor Richter et Laszlo G. Toth. Perspectives for Economic Cooperation Among the Visegrad Group Countries - Catherine de Montlibert p. 273-274
- Jean-François Bayart (dir.). La réinvention du capitalisme - Bernard Cazes p. 274-275
- Gilbert Guillaume. Les grandes crises internationales et le droit - Emmanuel Decaux p. 275-276
- Annuaire français de droit international 1993 - Emmanuel Decaux p. 276-278
- Cyril Buffet. Histoire de Berlin - Walter Schütze p. 278
- Laure Mandeville. L'armée russe. La puissance en haillons - Anne de Tinguy p. 279-280
- Mohamed Heikal. Illusions de triomphe - Nathalie Fustier p. 280-281
- Filip Reyntjens. L'Afrique des Grands Lacs en crise. Rwanda, Burundi : 1988-1994. Colette Braeckman. Rwanda. Histoire d'un génocide - Claudine Vidal p. 281-285
- Roswitha Gost. Directory of Near and Middle East and North Africa Research Institutions in Western Europe (except Federal Republic of Germany) - René Pélissier p. 285-286
- Rolf Hofmeier et Volker Matthies (dir.). Vergessene Kriege in Afrika - René Pélissier p. 286
- Pierre Trolliet. La diaspora chinoise - Alain Boucher p. 286-287
- Jean-Paul Charnay. Sociologie religieuse de l'islam - Marie-Lucy Dumas p. 287-288
- Danièle Djamila Amrane-Minne. Des femmes dans la guerre d'Algérie - Marie-Lucy Dumas p. 288
- Gerhard L. Weinberg. World at Arms. A Global History of World War II - Henry Dutailly p. 288-290
- Philippe Burrin. La France à l'heure allemande - Bernard Cazes p. 290-291
- Jean-François Sirinelli (dir.). Dictionnaire historique de la vie politique française au XXe siècle - Bernard Cazes p. 291
- Alan Bullock. Hitler et Staline - Hervé Coutau-Bégarie p. 291-292
A travers les revues
- Relations internationales - Anne Bonraisin p. 293-294
- Economie internationale - Anne Bonraisin p. 294
- Europe occidentale - Walter Schütze, Louis Arénilla p. 295-296
- Ex-URSS, CEI - Isabelle Cordonnier p. 296
- Politique et société - Catherine de Montlibert p. 297-298
- Revues - p. 299-302