Contenu du sommaire : Littérature et environnement
Revue | Germanica |
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Numéro | no 69, 2021/2 |
Titre du numéro | Littérature et environnement |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Introduction - Martine Benoît p. 7-10
- Ökologie und Exil – Zu einer Themenverflechtung in Gedichten Hans Leifhelms - Ralf Georg Czapla p. 11-28 L'expérience de l'industrialisation et de l'urbanisation du paysage de la rive gauche du Bas-Rhin a sensibilisé très tôt le poète et traducteur Hans Leifhelm (1891-1947) à la nécessité de protéger l'environnement. Dans ses poèmes, on reconnaît déjà les traits d'une éthique de la responsabilité, telle que Hans Jonas l'a élaborée plus tard en une théorie philosophique. En raison du lien harmonieux entre l'industrie et la nature, Leifhelm s'est installé en Styrie au début des années 1920. Après des tentatives infructueuses pour reprendre pied dans la vie professionnelle en Allemagne et après des heurts avec les dirigeants nazis, il s'est finalement rendu en Italie. Bien que Leifhelm décrive les paysages d'Allemagne, d'Autriche et d'Italie dans un grand nombre de poèmes, le classer comme un poète de la nature ne lui rendrait pas justice. Des poèmes tels que « Die Wespe » (« La guêpe ») et « Mit dem Sichelmond, mit dem Abendstern » (« Avec le croissant de lune, avec l'astre du soir ») illustrent l'habileté avec laquelle il tisse les thèmes du foyer (Heimat) et de l'exil dans ses poèmes sur la nature.The experience of industrialization and the urbanization of the landscape on the left bank of the Lower Rhine sensitized the poet and translator Hans Leifhelm (1891-1947) early on to the necessity of environmental protection. In his poems, traits of an ethic of responsibility are already recognizable, such as Hans Jonas later elaborated into a philosophical theory. Because of the harmonious connection between industry and nature, Leifhelm settled in Styria at the beginning of the 1920s. After unsuccessful attempts to gain a professional foothold once again in Germany and clashes with the Nazi rulers, he finally went to Italy. Although Leifhelm describes the landscapes of Germany, Austria, and Italy in a large number of poems, classifying him as a nature poet would not do him justice. Poems such as “Die Wespe” and “Mit dem Sichelmond, mit dem Abendstern” illustrate how skillfully he weaves themes of home and exile into his nature poems.
- „[E]ine letzte große Auktion“ – Ökologisches Bewusstsein bei Otto F. Walter - Stephan Feldhaus p. 29-42 Face aux mouvements de protestation de gauche, les questions écologiques gagnent en importance dans les œuvres de Otto F. Walter à la fin des années soixante-dix. En intégrant quelques-uns des discours contemporains dans ses textes, Walter réévalue l'attitude des hommes face à l'environnement et la perçoit non seulement comme symptôme, mais aussi comme condition du pouvoir capitaliste. Cette réévaluation s'exprime avec la plus grande fermeté dans la métafiction historiographique Zeit des Fasans (1988). Ce roman s'occupe en priorité de l'histoire de la Suisse entre les années trente et cinquante en faisant le portrait d'une dynastie industrielle. Tout de même, plusieurs personnages du roman, parfois non fiables, et les différents types de montages de textes, du mythe à l'étude historique, relèvent l'exploitation croissante de la nature à partir du dix-neuvième siècle. Cela génère trois couches de temps : le présent critique au début des années quatre-vingts qui résume la destruction de l'environnement est contrasté avec deux couches de passé médiatisées : un passé (pre)industriel du dix-neuvième siècle et un passé de la première moitié du vingtième siècle avec une foi intacte en la technique. Dans ce contexte, une lecture écoféministe semble être appropriée, l'exploitation de la nature étant perçue au travers des théories de Klaus Theweleit, Carolyn Merchant et des mythes du matriarcat.In view of the left-wing protest movements, ecological issues gain increasing importance in Otto F. Walter's works in the late 1970s. By integrating some of the contemporary discourses in his texts, Walter ends up revaluing humanity's attitude to nature, seeing it not just as a symptom but as a condition of capitalist power. This revaluation finds its firmest expression in Otto F. Walter's historiographic metafiction Zeit des Fasans (1988) although the novel primarily treats Swiss history between the 1930s and the 1950s by the example of an industrialist family. However, different partly unreliable characters and text types from the myth up to the historical treatise also put the increasing exploitation of nature since the nineteenth century into focus, creating three layers of time. A critical present of the early 1980s, which sums up the destruction of nature, is accompanied by two mediated layers in the past: the (pre)industrial past of the nineteenth century and a past situated in the first half of the twentieth century with unbowed believe in technology. In this context, ecofeminist readings seem to be appropriate since the exploitation of nature is evoked by theories of Klaus Theweleit, Carolyn Merchant and myths of matriarchy.
- Nach der `ibWand`/ib. Figurationen und Funktionen von ‚Natur‘ als alternativer Lebensraum in ausgewählten Romanen der österreichischen Gegenwartsliteratur - Ursula Klingenböck p. 43-60 Le présent article se concentre sur la (re)présentation de l'homme et de l'environnement, en particulier de l'homme et de la nature dans les romans contemporains de langue allemande écrits par des auteures. Wald de Doris Knecht (2015), Still halten de Jovana Reisinger (2017) et Der Himmel ist ein kleiner Kreis (2021) de Carolina Schutti reprennent le sujet d'une vie forcée ou librement choisie, plus ou moins autonome, dans une nature rude, telle qu'elle a déjà été représentée par Marlen Haushofer dans Die Wand. La lecture s'appuie sur la théorie de Ricœur de la mimesis triple et son intersection avec le concept d'espace de Lotman, particulièrement pertinent par sa modélisation de la frontière. Les romans sont traditionnels dans leurs configurations de la nature. Ils utilisent des éléments bien connus pour le contenu (notamment le motif de la vie sobre), la structure et le genre (robinsonnade) et s'inscrivent dans des concepts établis de l'homme et de la nature. L'engagement environnemental ne vise pas tant la nature qu'un Je, qui s'est perdu à cause de circonstances de vie défavorables ou la maladie. Le potentiel refiguratif des récits environnementaux réside dans la représentation d'une alternative qui se fait critique chez Doris Knecht et contre-discours chez Jovana Reisinger et Carolina Schutti.The Study focuses on the (re)presentation of human an environment, especially human and nature in contemporary german speaking novels written by female authors. Wald by Doris Knecht (2015), Still halten by Jovana Reisinger (2017) and Der Himmel ist ein kleiner Kreis (2021) by Carolina Schutti resume the sujet of an either forced or freely chosen, more or less self-dependent live in a rough nature, which already has been shaped by Marlen Haushofer in Die Wand. The reading draws on Ricœurs theory of threefold mimesis and its intersection with Lotmans concept of space, which becomes important because of its modelling of border as well. The novels are traditional in their configurations of nature. They use well-known constituents of content (e.g. the motif of sober life), of structure (e.g. dual orders) and of genre (Robinsonade) and inscript themselves in established concepts of human and nature. Environmental engagement aims not so much for nature as for a Self, which has got lost because of adverse circumstances of life or medical condition. The refigurative potential of the environment-narratives resides in the imagination of alternatives: The narration of nature is functionalized for critics (Doris Knecht) or for counter-discourse (Jovana Reisinger, Carolina Schutti).
- Exophonie zum Dienst der Natur und Umwelt sprachlicher Natur in Yoko Tawadas "Etüden im Schnee" - Flora Roussel p. 61-76 Il était une fois une famille d'ours polaires. Ainsi aurait pu commencer Etüden im Schnee (2014) de Yoko Tawada. L'écrivaine se consacre toutefois à l'exophonie et raconte, sur le ton du réalisme magique, l'histoire d'une grand-mère, de sa fille Toska et de son petit-fils Knut. Plusieurs voix et plusieurs langages permettent au texte de conduire le lectorat, un texte qui critique l'environnement et s'inscrit dans la tendance littéraire de l'ecocriticism. En écrivant des jeux exophones de langage, Tawada a pour objectif une compréhension nouvelle des animaux et met en exergue la question de savoir si l'exophonie peut servir la nature. Cet article analyse alors les environnements de l'autrice sur deux plans : l'accent est d'abord mis sur la relation animal-humain et sur l'acrobatie de sa resignification ; puis, l'intérêt est porté sur le système écologico-littéraire du langage, c'est-à-dire un système langagier environnemental à travers l'exophonie.Once upon a time, there lived a family of polar bears. This is how Yoko Tawada's Etüden im Schnee (2014) could have begun. Instead, the writer devotes herself to exophony and tells us, through the lens of magical realism, the story of a grandmother, her daughter Toska and her grandson Knut. Polyphonic and polyglot, the text steers the readers through an environmental critique that situates itself within the literary trend to ecocriticism. Through playing with language exophonically, Tawada aims at understanding animals afresh, and sheds light on the question of exophony as being at the service of nature. Consequently, this paper analyzes the author's environments on two levels: It focuses first on the relationship between animals and humans and the acrobatics involved in its resignification, and second on the literary-ecological system of language, that is, an exophony-influenced language of the environment.
- Matthias Wegehaupt `ibDie Insel`/ib (2005). Un exemple de robinsonnade qui interroge les liens entre l'homme et la nature - Emmanuelle Aurenche-Beau p. 77-88 L'article traite du roman Die Insel de Matthias Wegehaupt (2005) qui, comme le suggère son titre, s'inscrit dans la tradition de la robinsonnade, genre littéraire particulièrement à même de proposer une réflexion sur la relation de l'homme à la nature. Plaçant face à face deux Robinson que tout oppose, le roman prolonge à la fois la tradition du Robinson actif et civilisateur de Defoe que le personnage du « chef de l'île » pervertit en la dévoyant à des fins politiques, et celle d'un Robinson contemplatif et proche de la nature incarné par le personnage du peintre. Il s'inscrit en outre dans la tradition du nature writing dans la mesure où l'île n'y est pas réduite à un « décor » mais y apparaît comme un être vivant à respecter, comme un sujet doué de pouvoirs régénérants et d'une capacité de résistance à l'action des hommes.The article deals with the novel Die Insel (2005) by Matthias Wegehaupt, which, as its title suggests, is part of the tradition of the robinsonnade, a literary form particularly suited to proposing a reflection on the relationship between the human beings and the nature. By placing two opposing Robinsons face to face, it extends both the tradition of Defoe's active and civilising Robinson, which the character of the “chief of the island” perverts by diverting it to political ends, and that of a contemplative Robinson close to nature, represented by the character of the painter. But it's also part of the tradition of nature writing because the island appears not only as a scenery, but also as a subject with regenerative powers and a capacity to resist human action.
- Politique environnementale dans la littérature : Fiction ou vérité ? - Cathy Guiffroy p. 89-104 La pollution en RDA a été une réalité. Cependant les autorités étaient impuissantes à la réduire. C'est pourquoi, des collectifs de citoyens et des intellectuels ont réagi afin de générer une prise de conscience quant au caractère dramatique de la situation environnementale. L'écrivaine et journaliste Monika Maron publia ainsi en 1981 Flugasche. En 2016, c'est au tour de l'écrivaine et juriste Juli Zeh de publier Unterleuten. Ces deux romans écrits avant et après la réunification ont pour toile de fond la politique environnementale. La focalisation sur un personnage ou sur un microcosme complexe permet de dénoncer la réalité et de dire ce qui se passe ou s'est passé. La réception dans la presse constitue quant à elle une passerelle entre fiction et réalité.Pollution in the GDR was a reality. However, the authorities were powerless to reduce it. This is why citizens' groups and intellectuals reacted in order to raise awareness of the dramatic environmental situation. The writer and journalist Monika Maron published Flugasche in 1981. The writer and lawyer Juli Zeh published Unterleuten in 2016. Both novels, written before and after reunification, are set against the backdrop of environmental policy. The focus on a character or a complex microcosm allows for the denunciation of reality and the telling was is or was hapenning. The media coverage is a bridge between fiction and reality.
- Zwischen Bild und Wort: Die Landschaft als ökokritische Heterotopie in Christoph Heins Prosa - Ali Aberkane p. 105-118 Michel Foucault définissait les hétérotopies comme des lieux autres ou encore intermédiaires. Les paysages naturels en sont une catégorie et font figure dans les œuvres de l'auteur berlinois Christoph Hein de topos, desquels s'articule son discours critique et poétique. Les paysages – en outre naturels – qui y sont dépeints ne sont, toutefois, pas des espaces figés, mais des allégories, dont émanent des représentations et des perspectives de réception diverses, qui permettent une relecture de l'œuvre de l'auteur au-delà de son contexte d'ex-RDA. De ses récits, tels que Drachenblut, Horns Ende, Vor allem Anfang an ou encore Frau Paula Trousseau, découle une dimension écocritique, qui constitue l'objet principal du présent article. Ces textes peuvent être considérés comme des artefacts, qui matérialisent d'une manière allégorique une connexion entre nature et culture. Bien que ne faisant pas à proprement parler partie d'une prose au sens de la ‘nature writing', les textes en question recèlent, cependant, une spatialité complexe d'oppositions sémantico-métaphoriques (telles que ville vs. campagne et/ou globalité vs. localité) à portée écocritique, en particulier suggérée à travers le motif de la forêt. Tous ces éléments convergent vers une esthétique picturale du paysage en tant que mode de transposition médiale, qui articule également une critique culturelle et de la civilisation, lesquelles s'inscrivent dans une optique écocritique.According to Michel Foucault, heterotopias are furthermore considered as opposition or intermediate spaces. Landscapes – particularly the natural ones – are a part of it, which have an aesthetic-poetical signification and fulfil the function of a critical discourse as well. In fact, these spaces are not static, but perform dynamic lens of nature and can be viewed in the literary works of the Berliner author Christoph Hein from various standpoints. These allow a re-lecture of his texts beyond their original GDR context. Drachenblut, Horns Ende, Vor allem Anfang an or Frau Paula Trousseau show elements of environmental criticism. The present article takes an eco-critical approach and focuses on the literary portrayal of nature landscapes in Christoph Hein's poetical discourse. The last one allegorizes a significant relationship between nature and culture. Even if his texts don't specifically or properly belong to the so-called genre ‘nature writing', they display metaphorical opposition spaces (such as city vs. land or local vs. global) with eco-critical implications, medially symbolized and depicted through motives such as the forest. All these elements also converge to an aestheticization of landscapes from a critical-cultural perspective.
- Entschleunigung – Peter Handkes Ästhetik des Gehens im Zeitalter der Autogesellschaft - Ralf Zschachlitz p. 119-134 Dans l'œuvre de Peter Handke, la nature est omniprésente grâce à la marche à pied pratiquée presque systématiquement par les personnages. On pourrait donc être tenté de catégoriser l'œuvre de Handke dans la littérature environnementale. Il n'est pourtant pas aisé de présenter les travaux de Handke comme une littérature engagée délibérément éco-critique. Si un tel engagement existe, il est fortement sublimé par la et dans la présentation esthétique de son auteur. L'article vise à démontrer que la marche à pied handkéenne constitue une opposition individuelle systématique face à l'accélération générale de la société occidentale à l'époque de l'anthropocène. Il est opportun de confronter ce ralentissement littéraire à l'automobile, l'archétype de l'accélération après 1945. Une telle lecture ciblée des œuvres de Handke, de ses débuts aux textes plus récents, montre de quelle façon cette littérature peut être considérée comme une écriture environnementale sans qu'on puisse pour autant cantonner son auteur dans le domaine d'une littérature explicitement éco-critique.In Peter Handke's works, nature becomes undeniably omnipresent, especially through the slow walking being described in almost every work. This could lead one to label Handke's work as environmental literature. But after a more thorough observation, it becomes clear that Handke's work can't be as easily presented as being deliberately eco-critical, given that such an environmental commitment only appears much sublimated by the author's aesthetics. The article aims to show that the concept of walking in Handke's works establishes an individual opposition to the general acceleration of the occidental society in the Anthropocene era. This literary deceleration can be confronted with the archetype of acceleration after 1945: the automobile. Through a targeted search on references about automobile, from Handke's first texts to his most recent ones, it can be analysed in which way this literature can be considered environmental, without labelling Handke as an exclusively eco-critical author.
- Regionales Agieren – globales Reagieren: Regionalkrimis als neue ökokritische Weltliteratur - Ruth Neubauer-Petzoldt p. 135-152 Le roman policier traite de cas d'injustice flagrante et de violations manifestes de l'ordre social dans le but d'identifier les malfaiteurs et de les traduire en justice. Cependant, avec l'internationalisation croissante du crime et des criminels, les cas et leurs résolutions deviennent de plus en plus complexes. Cet article analyse les espaces fictionnels et les constellations dans le roman policier actuel – dans le thriller Gray Mountain (2014) de John Grisham, dans la série d'Arne Dahl sur les enquêtes d'Europol qui thématise dans ses titres certains péchés capitaux (Avarice 2011, Colère 2012, Envie 2013 et Haine 2014), ainsi que dans un roman policier régional, comme Einkehr (2014) de Tommie Goerz, Der Schwarm (2005) de Frank Schätzing et Der Tod in den stillen Winkeln des Lebens (2017) d'Oliver Bottini. Tous regorgent de références aux questions mondiales actuelles – des catastrophes climatiques aux attaques terroristes des islamistes radicaux, en passant par les coopérations internationales qui pillent systématiquement les environnements naturels locaux. Les acteurs mondialisés sont confrontés à des cultures régionales et à des adversaires enracinés localement qui représentent des perspectives éthiques correspondant aux positions de l'ecocriticism. Les espaces fictionnels de cette littérature criminelle s'inspirent de formations narratives typiques telles que l'idylle locale ou le paysage traumatisé, mais en inscrivant dans un contexte mondial, confrontant le lecteur à une pléthore d'auteurs, de victimes et d'enquêteurs issus de milieux culturels très différents. Cette mise en scène narrative du roman policier mondial se reflète dans des constellations paradigmatiques de genres et de sous-genres - comme le roman policier régional ou écologique allemand.Crime fiction is dealing with cases of gross injustice and manifest violations of the social order with the aim of identifying the evil-doers and bringing them before the law. With the increasing internationalisation of crime and criminals, however, the cases grow more complex and their solutions more and more complicated. I pursue this trend by analyzing fictional spaces and constellations in current crime fiction – in John Grisham's thriller Gray Mountain (2014), in Arne Dahl's series on Europol-investigations, titled Greed (2011), Anger (2012), Envy (2013) and Hate (2014), as well as in a typical regional crime novel such as Tommie Goerz's Einkehr (Stop) (2014), Frank Schätzing's Der Schwarm (The Swarm) ( 2005) and Oliver Bottini's Der Tod in den stillen Winkeln des Lebens (2017). They all abound with references to current world affairs – from climatic catastrophes up to terrorist attacks by radical Islamists to international cooperations systematically plundering local natural environments. These global agents are confronting regional cultures and locally rooted opponents who represent ethical perspectives which correspond with stances of ecocriticism. The fictional spaces of this crime literature is inspired by typical narrative formations such as the local idyl or the traumatized landscape, but framed in a global context, confronting the reader with an international plethora of perpetrators, victims and investigators from widely differing cultural backgrounds. This narrative mise-en-scene of world crime fiction is reflected in paradigmatic constellations of genres and subgenres – such as the current regional or ecological crime novel in Germany.
- Habiter l'inhabitable : une relecture de la ballade de Friedrich Dürrenmatt "Minotaurus" (1984) au croisement des approches éco-, géo- et zoopoétique - Aurélie Choné p. 153-168 Cet article propose une relecture de l'ouvrage de Friedrich Dürrenmatt Minotaure (1984) à la lumière des approches éco-, géo- et zoopoétique, afin de montrer que deux thématiques centrales de l'œuvre – l'espace labyrinthique et la relation homme-animal – préfigurent les problèmes écologiques d'une époque où la littérature se trouve confrontée au défi majeur d'écrire dans un monde en danger. La mise à mort du minotaure apparaît dans cette perspective comme la préfiguration du déni actuel de la souffrance animale et d'une impossible entente interspécifique, et le labyrinthe, lieu inhabitable par excellence, comme le symbole de l'inhabitabilité d'une planète à la dérive. Grâce à la danse et la poésie, une réconciliation entre les animaux humains et non humains, entre l'homme et la nature, semble toutefois possible, montrant la voie hors du labyrinthe de nos vi(ll)es modernes.This article proposes a rereading of Friedrich Dürrenmatt's Minotaur (1984) in the light of eco-, geo- and zoopoetic approaches, in order to show that the two main subjects of the novel – the labyrinth and the man-animal relationship – foreshadow today's ecological issues, when writers are faced with the daunting task of writing in an endangered world: the killing of the minotaur appears in this respect as a prefiguration of the current denial of animal suffering and the impossibility of inter-species communication, while the labyrinth, an inherently uninhabitable space, could symbolise the uninhabitability of a planet that has lost its bearings. Thanks to dance and poetry, reconciliation nevertheless seems to be possible between human and non-human animals, between man and nature, pointing to a possible way out of the labyrinth of modern life.
- Henri le Vert. Nature et culture dans l'œuvre poétique d'Heinrich Detering - Frédéric Weinmann p. 169-180 En marge de ses recherches universitaires, Heinrich Detering a composé depuis une vingtaine d'années de nombreux poèmes manifestant son intérêt pour les questions environnementales. Plus qu'un engagement politique, les cinq recueils en question font ressortir un engagement poétique en faveur de la nature. Pour Detering, le langage coupe l'homme du règne animal auquel il appartient et le lyrisme apparaît au contraire comme une façon de faire entendre les multiples voix de la nature ou plutôt d'entrer à nouveau en contact avec les autres espèces animales. Cette poésie de la magie naturelle, à la fois intimiste et savante, souligne la continuité du vivant dans une approche pour ainsi dire panthéiste.In parallel with his academic research, Heinrich Detering has written over the past twenty years numerous poems that reflect his interest in environmental issues. Rather than a political commitment, the five collections in question show a poetical commitment to nature. For Detering, language cuts man off from the animal kingdom he belongs to whereas poetry appears to be a way of making the many voices of nature heard, or rather of reconnecting with other animal species. Such a poetry of natural magic, both intimate and learned, underlines the continuity of the living world in a kind of pantheistic approach.
- `ibThe Sound of Silence`/ib: Auditive Vergegenwärtigung und poetische Übersetzung in der zeitgenössischen Naturlyrik - Laura M. Reiling, Manuel Förderer p. 181-198 Depuis quelques années, on constate une augmentation des métaphores auditives dans les publications sur le thème de la perte de biodiversité. Sur la base de l'image du "printemps silencieux" inventée par Rachel Carson, les publications actuelles parlent du "silence de la nature" ou du "silence du monde". Le diagnostic de l'extinction des espèces est associé au constat que les contours des paysages sonores se déplacent. La poésie contemporaine de la nature, en tant qu'expression d'une stratégie d'économie de l'attention, se tourne vers l'esthétisation de la faune afin de rendre visible(s) et audible(s) le(s) silence(s). L'accent est mis sur la transmission poétique du chant des oiseaux, que cet article examine au travers des poèmes de Robert Macfarlane, Henning Ziebritzki, Mikael Vogel, Norbert Hummelt, Wulf Kirsten et Gerhard Falkner. Sont ainsi interrogés les procédés esthétiques par lesquels on tente de faire entrer la disparition de la faune dans le domaine du perceptible.There has been a significant increase in the use of auditive metaphors in recent publications on biodiversity loss, which speak, in reference to Rachel Carson's popular phrase of an impending „silent spring“, of a „silencing of nature“ or even of a „silencing of the world.“ In these cases, the widely diagnosed ongoing extinction of species is linked to the observation that the contours of modern soundscapes are shifting. Contemporary German nature poems in particular turn to the idea of Aesthetics as Aisthetics, i.e. as a form of sensual perception. They do so not only in order to raise attention to the dramatic situation of ecological devastation, but also to make the extratextual silence accessible through textual representation. The silence and that which is silenced are thereby made audible to the reader of the poem. This article focuses mainly on how poems by Robert Macfarlane, Henning Ziebritzki, Mikael Vogel, Norbert Hummelt, Wulf Kirsten, and Gerhard Falkner address this issue and how they transfer the diminishing of the fauna into the realm of sensual perception by means of stylistic devices.
- Elegische Historie des Artensterbens – Zu Mikael Vogels kulturkritischem ‚Bestiarium‘ "Dodos auf der Flucht" - Angela Gencarelli p. 199-214 Dodos auf der Flucht (Dodos en fuite ; 2018) de Mikael Vogel offre de l'extinction de nombreuses espèces animales une approche particulière dans plus de 140 poèmes : Vogel ne perçoit pas la rapide extinction de masse comme un signe de la crise de la biodiversité et des écosystèmes dont on parle souvent, mais avant tout comme une crise et une perte culturelles. Cet article souligne l'appréhension par Vogel de la perte des espèces en abordant trois caractéristiques essentielles de sa poésie : Vogel rappelle d'abord le destin dramatique des animaux dans des poèmes élégiaques. Le poète étend de plus la complainte élégiaque aux cultures et langues indigènes également menacées et (re)construit finalement une histoire complète de l'impact bestial de l'« Homo destructivus » depuis la préhistoire jusqu'à la fin annoncée de l'histoire naturelle et culturelle. Ainsi, l'extinction des espèces et des cultures, causée par la « bête humaine », se clôt-elle, dans ce « bestiaire », par un chant du cygne aux accents de critique culturelle, voire de pessimisme culturel, pour l'espèce humaine.Mikael Vogel's Dodos auf der Flucht (Dodos on the Run; 2018) gives the extinction of numerous animal species a peculiar contour in more than 140 poems: Vogel does not emphasize the rapid mass extinction primarily as a sign of the frequently discussed biodiversity and ecosystem crisis, but above all as a cultural crisis and loss. This paper reveals Vogel's particular accentuation of species loss in three essential characteristics of his poetry: First, Vogel recalls the dramatic fate of animals in anti-compensatory elegiac poems. Second, the poet extends the elegiac lament to equally threatened indigenous cultures and languages. Third, he (re‑)constructs a comprehensive history of the bestial impact of 'Homo destructivus' from prehistoric times to the predicted end of natural and cultural history. Thus, the crisis of extinction of species and cultures caused by the ‘human beast' ends in this ‘bestiary', as the author has apostrophized his book, in a culturally critical, if not culturally pessimistic swan song for the human species.
Actualité littéraire
- Friederike Mayröcker (20 décembre 1924 – 4 juin 2021) - Aurélie Le Née p. 215-218
(Re)lectures
Comptes rendus de lecture
- Marie-Thérèse Mourey/Evelyne Jacquelin (Hg./Dir.), `ibPhantastik und Gesellschaftskritik im deutschen, niederländischen und nordischen Kulturraum / Fantatisque et approches critiques de la société. Espaces germaniques, néerlandophones et nordiques`/ib - Aurélie Le Née p. 231-234
- Catherine Mazellier-Lajarrige/Ina Ulrike Paul/Christina Stange-Fayos (Hg./Dir.), `ibGeschichte ordnen – L'Histoire mise en ordre. Interdisziplinäre Fallstudien zum Begriff „Generation“ – Études de cas interdisciplinaires sur la notion de „génération“`/ib - Ralph Winter p. 234-239
- Johannes Dahm, Ruth Lambertz-Pollan, Maiwenn Roudaut et Bénédicte Terrisse (dir.), avec la collaboration de Karsten Forbrig, Clément Fradin et Gwenaëlle Zielinski, `ibMachines/Maschinen. Les machines dans l'espace germanique : de l'automate de Kempelen à Kraftwerk`/ib - Véronique Sucère p. 239-244