Contenu du sommaire : Les oppositions aux réformes éducatives de l'après-Mai 1968
Revue | Histoire@Politique |
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Numéro | no 37, janvier-avril 2019 |
Titre du numéro | Les oppositions aux réformes éducatives de l'après-Mai 1968 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- « Dans le sens inverse de l'histoire » ? Les résistances aux réformes éducatives de l'après-Mai 1968 - Yves Verneuil Cet article est une introduction au dossier sur les résistances aux réformes éducatives de l'après-Mai 1968. En dépit de la profusion des publications concernant le moment 1968, peu d'études se sont intéressées aux acteurs et aux mouvements s'étant montrés hostiles à ces réformes, voire franchement opposés. Les réformateurs ont bien davantage retenu l'attention des chercheurs. Ce déséquilibre historiographique a pour effet de limiter la compréhension de l'action gouvernementale : en effet, les gouvernements successifs ont dû choisir de prendre ou non en considération l'influence de ces hommes et de ces groupements. Surtout, ce déséquilibre historiographique s'est souvent accompagné d'une vision simpliste rangeant sans distinction dans la même mouvance tous les mouvements réputés « conservateurs ». Les résistances aux réformes éducatives ont pourtant été de nature diverse, et l'extrême gauche a elle aussi été concernée. Aussi bien la période a-t-elle été marquée par un fort entremêlement entre d'une part les questions pédagogiques et universitaires et d'autre part les questions politiques – un entremêlement qui a d'ailleurs contribué à faire oublier que la plupart des réformes proposées après Mai-juin 1968 avaient été préparées avant. Au demeurant, Mai-juin 1968 continue aujourd'hui d'être considéré par certains comme un moment de rupture expliquant les maux dont souffrirait l'école française.
- « Mai 1968 en perspective » : ruptures et continuités, accélérations et résistances à la réforme dans le champ éducatif (1968-1975) - Jean-François Condette Dans l'enseignement supérieur, Mai 68, par la loi Faure, a des conséquences très importantes qui mettent à mort les anciennes facultés et les universités nées en 1896, même si la rénovation ne va pas au terme de ses promesses en ce qui concerne l'autonomie et la pluridisciplinarité. Dans l'enseignement primaire et secondaire, l'effet est davantage d'accélération, rendant plus urgente la mise en œuvre de réformes déjà définies et parfois expérimentées dans les années 1960. On peut penser à la réforme de l'enseignement du français ou des mathématiques, aux logiques de l'éveil mises en place dans le primaire. Mais il faut aussi relever un troisième effet de Mai 1968 qui devient un ralentisseur des réformes dans le champ éducatif par l'affirmation rapide d'une volonté de remettre en cause les décisions issues de mai et par une mise en débat permanente des questions liées à l'éducation.Via the Faure Law, May 68 had very important consequences for higher education. While this reform did not carry through on its promises of autonomy and multi-disciplinarity, it eliminated the old faculties and universities created in 1896. In the areas of primary and secondary school education, it acted more as an accelerator, making it all the more urgent to implement reforms already defined and sometimes tested in the 1960s. One thinks here of the reform of French-language and mathematics instruction and the early learning programs established in primary schools. But a third effect of May 1968 must also be acknowledged: the decisions in which it resulted were rapidly called into question and issues relating to education became matters of permanent debate. The result was to slow the pace of reform.
- Les enjeux de la participation dans le monde universitaire de la loi Faure à l'abrogation de la loi Sauvage (1968-1981) - Arnaud Desvignes Les événements de Mai 1968 aboutissent au vote de la loi Faure en novembre 1968. Celle-ci doit se traduire par une refonte de l'enseignement supérieur français. La « tyrannie des facultés », héritée de l'Université napoléonienne, doit céder la place à des universités pluridisciplinaires dotées chacune de statuts propres et d'un président élu par les étudiants et toutes les catégories d'enseignants. Le mode de direction des universités et la répartition des pouvoirs au sein de chaque établissement sont donc profondément modifiés. Or, les règles relatives à la participation furent âprement discutées durant les mois qui précédèrent le vote de la loi Faure comme durant les années qui suivirent. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle cette loi fut modifiée en 1975 et en 1980 avant que le ministre socialiste Alain Savary ne décide en 1981 d'abroger ces amendements. Notre article a pour ambition de présenter l'évolution de la législation en matière de participation entre 1968 et 1981 et la manière dont elle est appliquée dans les universités, tout en présentant et en expliquant les reproches adressés à l'auteur de la loi Faure ainsi qu'à ses partisans durant cette période.The events of May 1968 resulted in the adoption of the Faure Law (November 1968), which sought to overhaul the French higher education system. The “tyranny of the faculties” inherited from the Napoleonic university was to give way to multi-disciplinary universities each possessing its own statutes and a president elected by students and all categories of instructor. This profoundly altered the way universities were run and the distribution of powers within each establishment. However, the rules relating to participation were fiercely debated in the months preceding adoption of the Faure Law and the years that followed. This is moreover why the law was modified in 1975 and again in 1980 before Socialist minister Alain Savary decided to repeal these amendments in 1981. My article examines the evolution of legislation regarding participation between 1968 and 1981 as well as the manner in which it was applied in the universities. At the same time, it presents and seeks to explain the criticism directed at the author of the Faure Law and his supporters during this period.
- Les « réactionnaires » à Nanterre aux lendemains de Mai 68 - Charles Mercier Cet article est focalisé sur Nanterre, la ville universitaire de banlieue parisienne où Mai 68 a pris naissance. Il analyse le comportement de ceux qui y ont frontalement rejeté les changements apportés par la révolte des étudiants : la diminution du pouvoir professoral au profit des assistants et des étudiants, la légitimation des activités politiques et la pluridisciplinarité. Après leurs tentatives avortées de restauration, les « réactionnaires » de Nanterre ont oscillé entre le repli défensif et la dénonciation des violences et des dysfonctionnements.This article focuses on Nanterre, the university town in the suburbs of Paris where May 68 was born. It examines the behavior of those who directly rejected the changes brought about by the student revolt, including the reduction of professorial power to the benefit of students and assistants, the legitimization of political activity and multi-disciplinarity. Following their unsuccessful attempts to roll back these changes, the “reactionaries” of Nanterre oscillated between defensive withdrawal and denunciations of violence and dysfunction.
- Les gauchistes et la question de la participation dans les universités - Philippe Buton Si la gauche parlementaire accepte de participer à la gestion des universités, prévue par la loi Edgar Faure de 1968, la totalité de l'extrême gauche le refuse mais pas toujours pour les mêmes raisons. Certains considèrent la loi comme réformiste, tandis que d'autres la perçoivent comme réactionnaire, voire fasciste. Mais cette condamnation de la loi renvoie également à trois autres éléments : la vision gauchiste de la lutte des classes, de la démocratie et, enfin, de l'Université elle-même. En dernière instance, le comportement majoritaire des groupes gauchistes témoigne de la croyance dans la rapide venue de l'échéance révolutionnaire.While the parliamentary left agreed to participate in running universities as provided by the Edgar Faure law of 1968, the entirety of the far left refused to do so, albeit not always for the same reasons. Some saw the law as reformist in spirit while others perceived it as reactionary and even fascist. But three other elements also informed these condemnations of the law: the leftist vision of class struggle, democracy and, finally, the university itself. In the last analysis, the majority behavior of leftist groups reflected their belief in the imminence of revolution.
- Les députés contre la « chienlit » dans l'Éducation nationale (1969-1973) - Bernard Lachaise En juin 1968, les élections législatives donnent une écrasante victoire au pouvoir, les seuls gaullistes disposant de la majorité absolue. La loi Edgar Faure réformant l'Université ne met pas fin à la contestation entre l'hiver 1970 et le printemps 1973. Des députés – principalement gaullistes – dénoncent l'agitation dans les facultés et les lycées mais aussi les innovations pédagogiques. Le ministre de l'Éducation nationale, Olivier Guichard, œuvre pour que le maintien de l'ordre n'empêche pas les réformes, seul remède profond à la crise à ses yeux. Les critiques des « gaullistes d'ordre » illustrent la difficulté de réformer l'Éducation nationale et les tensions internes à la majorité au pouvoir, notamment face au souci réformateur du Premier ministre Chaban-Delmas.The legislative elections of June 1968 were an overwhelming victory for the sitting government, conferring an absolute majority upon the Gaullists. The Edgar Faure Law seeking to reform the university failed to put an end to the protests, which continued between winter 1970 and the spring 1973. MPs – mainly Gaullists – denounced unrest in the faculties and high schools and also pedagogical innovation. The Minister of National Education, Olivier Guichard, strove to ensure that the maintenance of order did not prevent reform – in his eyes, the only genuine remedy for the crisis. The criticism directed at these “Gaullists of order” illustrates the difficulty of reforming the National Education system and the internal tensions within the ruling majority, particularly faced with the reformist penchants of Prime Minister Chaban-Delmas.
- Les comités de défense de la République (CDR) et l'Éducation en 1968-1969. Entre combat contre la subversion marxiste et volonté réformiste - François Audigier Les Comités de défense de la République (CDR), apparus fin mai 68, entendent exprimer la majorité silencieuse qui refuse le désordre orchestré par une « subversion marxiste » supposée toujours active. Dans cette lutte, le secteur éducatif occupe une place centrale. Les enjeux politiques y sont forts dans la mesure où, via l'éducation secondaire et supérieure influencée par l'extrême gauche, toute une génération serait manipulée idéologiquement. L'étude analyse le discours idéologique et l'action militante des CDR (information, infiltration et résistance active dans les lycées et campus), observe les moyens engagés, les relais associatifs utilisés, les résultats obtenus. Elle souligne aussi le caractère ambivalent de ce discours CDR qui combine une volonté d'autorité avec une aspiration au progrès. Cette dualité s'observe lorsque le mouvement doit se positionner face à la loi d'orientation d'enseignement supérieur d'Edgar Faure.The Comités de défense de la République (CDR) that emerged in late May 1968 sought to express the silent majority's rejection of the disorder orchestrated by a supposedly still active “Marxist subversion”. The education sector occupied a central place in this struggle. The political stakes were high : in a secondary and higher education system influenced by the far left, an entire generation was supposedly at risk of falling victim to ideological manipulation. The present article considers the CDR's ideological discourse and the activities of its activists (information, infiltration and active resistance in high schools and universities), examines the resources and associative networks it relied upon and the results it achieved. It also underscores the ambivalence of CDR discourse, which combined calls for authority with hopes for progress. This duality was on display once the movement had to take a stance on Edgar Faure's law establishing guidelines for higher education.
- La presse de l'après-68 face à l'évolution de l'école : du malaise à la consécration d'une lecture idéologique - Yann Forestier L'analyse d'un corpus d'articles de journaux relevés systématiquement entre 1968 et 1984 montre que l'attention des acteurs des débats éducatifs se concentre, après les événements de Mai 68, sur les manifestations d'un « malaise » lié aux évolutions de l'école. On constate également que les réponses politiques apportées à ces difficultés peinent à mobiliser autour d'une démarche constructive. Ces malentendus favorisent une lecture idéologique de la situation, à la faveur de la structuration progressive de la dénonciation du « pédagogisme soixante-huitard », posture critique radicale dont le caractère consensuel, établi en 1984, fixe un cadre durable aux débats publics sur l'éducation.Based on an analysis of a corpus of newspaper articles systematically collected between 1968 and 1984, this paper explores the manner in which those involved in the education debates following May 68 focused on the “malaise” brought about by changes to the school system. The political responses offered to these problems struggled to unite around a constructive approach. These misunderstandings encouraged an ideological reading of the situation, which increasingly took the form of a denunciation of “68 pedagogy”. By 1984, this radical critical stance had become a matter consensus and a lasting framework for public debates regarding education.
- Des gardiens de l'ordre établi dans l'enseignement secondaire ? Le SNALC, la CNGA et la Société des agrégés face aux conséquences de Mai 1968 - Yves Verneuil Le Syndicat national des lycées et collèges (SNALC), Confédération nationale des groupes autonomes de l'enseignement public (CNGA) et la Société des agrégés se sont montrés hostiles aux réformes qui ont suivi Mai 68. Cependant, le discours de la CNGA et du SNALC est plus politique que celui de la Société des agrégés : ces deux syndicats estiment nécessaire de lutter non seulement pour le rétablissement de l'ordre, mais aussi contre la politique d'endoctrinement menée par les « totalitaires ». Inversement, du point de vue pédagogique, la Société des agrégés et le SNALC ont une attitude de refus plus radicale que la CNGA. De fait, le SNALC défend les valeurs traditionnelles (travail, effort, ordre, autorité, sélection, civisme, patrie), alors que la CNGA tente d'accorder sa promotion des valeurs libérales à un projet de réforme de l'enseignement.The SNALC (National Secondary School Teachers' Union), the CNGA (National Congress of Autonomous Public Education Groups) and the Société des agrégés (Society of Agrégation Holders) looked unfavorably upon the reforms that followed May 68. Yet the discourse of the CNGA and the SNALC was more political than that of the Société des agrégés: these two unions regarded it as necessary to fight, not just for the reestablishment of order, but also against the policy of indoctrination carried out by the “totalitarians”. Yet the Société des agrégés and the SNALC were more radical in their rejection of pedagogical reform than the CNGA. Whereas the SNALC defended traditional values (work, effort, order, authority, selection, civic-mindedness, patriotism), the CNGA attempted to infuse the reform of instruction with its liberal values.
- Blocages sur la commission Braudel (1968-1969) : l'histoire scolaire au cœur des enjeux des sciences de l'homme - Patricia Legris Cet article revient sur la commission « sciences de l'homme » présidée par l'historien Fernand Braudel en 1968-1969. Cette commission disciplinaire, chargée par le ministre Edgar Faure de réformer l'enseignement de l'histoire-géographie en y intégrant les sciences sociales, s'inscrit dans le sillage des demandes émises par les pères des Annales depuis les années 1920. Cependant, la tenue et le devenir de ce groupe n'est pas simple en raison de l'émiettement de la profession des professeurs du secondaire, de la multiplication des écoles historiques et de la politisation des sciences sociales, notamment de l'École pratique des hautes études (EPHE) alors dirigée par Fernand Braudel. L'échec des travaux du groupe s'explique par les tensions entre ses membres mais également par le blocage mis par le pouvoir exécutif.This article revisits the “Human Sciences” commission presided over by the historian Fernand Braudel in 1968-1969. This disciplinary commission, which was tasked by the minister Edgar Faure with reforming instruction in the field of “history-geography” via the integration of the social sciences, was in keeping with wishes first expressed by the fathers of the Annales school in the 1920s. Yet the group's meetings as well as its fortunes were complicated by the crumbling profession of secondary school teachers, the proliferation of historical schools and the politicization of the social sciences, including the EPHE, which was at the time headed by Braudel. Tensions between the group's members and the stumbling blocks placed in its path by the executive power ultimately derailed its efforts.
- Mai 68 : une rupture pédagogique ? Entretien avec Antoine Prost - Antoine Prost, Yves Verneuil Les événements de Mai-juin 1968 ont-ils vraiment eu pour conséquence de lancer un mouvement de rénovation pédagogique ? Peut-on dire que, du point de vue pédagogique, Mai 68 a constitué un moment de rupture dont le système scolaire subirait aujourd'hui les conséquences ? Dans cet entretien, Antoine Prost répond à ces questions.Did the events of May-June 1968 really have the effect of launching a movement for education reform? From a pedagogical point of view, can it be said that May 68 constituted a break with the past the consequences of which are today being felt in the school system? In this interview, Antoine Prost answers to these questions.
- « Dans le sens inverse de l'histoire » ? Les résistances aux réformes éducatives de l'après-Mai 1968 - Yves Verneuil
Varia
- Une lecture chrétienne de Che Guevara ? Michel de Certeau et l'éthique de la violence révolutionnaire (mars 1968) - Paul Chopelin Les 23 et 24 mars 1968, Michel de Certeau participe au colloque « Christianisme et révolution » organisé à Paris par des organisations chrétiennes de gauche, afin de poser les jalons d'un engagement politique solidaire des mouvements de libération armés du Tiers Monde. Dans sa contribution, il s'appuie sur l'éthique de la violence développée par Che Guavara dans ses Souvenirs de la guerre révolutionnaire, pour proposer une morale séculière de l'action, conçue comme une alternative aux relectures théologiques de la doctrine marxiste-léniniste alors en vogue dans le « gauchisme » chrétien. Ce texte, méconnu des historiens ayant eu à évoquer le moment 68 de Michel de Certeau, révèle un aspect original de la réception politique de Che Guevara en France.On March 23rd and 24th, 1968, Michel de Certeau participated in the colloquium “Christianity and Revolution” that leftwing Christian organizations had organized in Paris to lay the foundations for political engagement in solidarity with the armed liberation movements of the Third World. In his contribution, de Certeau drew upon the ethic of violence developed by Che Guevara in his Reminiscences of the Revolutionary War to offer a secular moral code of action, conceived as an alternative to the theological re-readings of Marxist-Leninist doctrine then in vogue among Christian leftists. Ignored by historians who have discussed Michel de Certeau's 68 moment, this text reveals an original aspect of Che Guevara's political reception in France.
- Une impuissante « non-intervention » : les limites de la prohibition du trafic d'armes en France à destination de la guerre d'Espagne (1936-1939) - Pierre Salmon Durant la guerre civile espagnole (1936-1939), l'attitude ambivalente du gouvernement français a rendu complexe l'étude du trafic d'armes à destination de ce conflit. Le gouvernement de Léon Blum aurait d'abord défendu la « non-intervention » qui interdisait tout envoi d'armes en Espagne, puis aurait relâché celle-ci en fermant les yeux sur le trafic. Il l'aurait même encouragé. Des archives encore largement inexploitées montrent cependant que le trafic d'armes a pu être une réalité plus complexe que celle relatée dans le témoignage des anciens acteurs Pendant la période de « non-intervention », il semble que le trafic était moins dépendant de la posture de l'État français à son égard qu'on a longtemps pu le penser.During the Spanish Civil War (1936-1939), the ambivalent behavior of the French government made the study of arms trafficking aimed at this conflict a complex matter. At first, the government of Léon Blum claimed a « non-interventionist » stance, forbidding any weapon delivery to Spain, before turning a blind eye on this traffic. It may even have encouraged it. Some under-exploited archives show that arms traffic could be a much more complex reality than the one admitted by the former protagonists who gave their testimonies. It seems, at least during the « non-interventionist » period, that the traffic was less dependent on the French State's political stance than what we previously thought.
- Une lecture chrétienne de Che Guevara ? Michel de Certeau et l'éthique de la violence révolutionnaire (mars 1968) - Paul Chopelin
Pistes & débats
- Mémoires européennes : nouvelles enquêtes - Étienne François, Thomas Serrier L'avènement de l'ère de la mémoire, accompagnée depuis plus de trente ans par une vaste production en sciences sociales consacrée à l'analyse des mémoires collectives dans les sociétés occidentales, a vu l'émergence depuis les années 1980 de la notion de « lieux de mémoire » et sa diffusion à travers l'Europe, soulevant la question d'une possible transposition à l'échelle européenne, alors même que, de la chute du mur de Berlin à l'élargissement de l'Union européenne, cette échelle semble désormais s'imposer pour analyser tant les concurrences que les circulations transnationales des mémoires. Dans un effort pour recontextualiser les réflexions ayant conduit à la publication de l'ouvrage collectif Europa. Notre histoire en 2017 – parmi d'autres entreprises similaires –, l'objet du présent article est de revenir sur les enjeux, heuristiques, méthodologiques, et in fine politiques, d'une telle « européanisation ». Pointant les affinités heuristiques avec la recherche sur les transferts culturels et l'histoire croisée, insistant sur la nécessaire attention aux jeux d'échelles et au défi de la « provincialisation » de l'Europe, il présente une généalogie des recherches sur les lieux de mémoire en Europe et l'architecture générale d'une approche de l'histoire européenne par la catégorie des mémoires.The era of memory has over the past thirty years been accompanied by the production of a vast body of work in the social sciences devoted to analyzing collective memory in Western societies. First introduced in the 1980s, the concept of “lieux de mémoire” (sites of memory) has since spread throughout Europe. This has raised the question of its possible transposition to the European scale even though this scale now seems obligatory in any examination of the competition and transnational circulation of memory, from the fall of the Berlin Wall to the enlargement of the EU. Together with other, similar undertakings, in 2017 the effort to recontextualize these considerations led to the publication of the edited volume, “Europa: Our History”. The present article seeks to revisit the heuristic, methodological and, ultimately, political issues of any such “Europeanization”. Identifying the heuristic affinities with research on cultural transfer and comparative history, insisting on the necessity of attending to the interplay of scales and the challenge posed by the “provincialization” of Europe, it offers a genealogy of research into European sites of memory and lays out the general architecture of an approach to European history based on the category of memory.
- Mémoires européennes : nouvelles enquêtes - Étienne François, Thomas Serrier
Sources
- Les Archives du Fonds monétaire international (FMI) - Jérôme Sgard Cet article présente dans un premier temps l'organisation des archives du Fonds monétaire international (FMI) et comment leur structure reflète la division interne du travail de cette organisation, ainsi que ses règles de délibération et de décision. Dans une seconde partie sont discutés les différents types de projets de recherche qui peuvent être menés à bien à partir de ces sources, tant sur le FMI lui-même que sur les pays où il est intervenu depuis les années 1950.This article first presents the archives of the International Monetary Fund (IMF) and considers the manner in which their structure reflects this organization's internal division of labor as well as its deliberative and decision-making rules. In the second part, I discuss the various types of research project that may be carried out there on the basis of these sources, whether it be on the IMF as such or on the countries in which it has intervened since the 1950s.
- Les Archives du Fonds monétaire international (FMI) - Jérôme Sgard