Contenu du sommaire : Prix de thèse

Nous proposons une réflexion sur la gestion des ressources humaines (GRH) sociétale et le développement durable (DD). Nous constatons que peu de chercheurs se sont attardés à la dimension sociétale de la GRH et aux interactions qui s'opèrent entre la GRH et le DD. Réfléchir sur ces interactions pourrait mener à une pratique plus responsable de la GRH et à la construction d'un capitalisme plus « raisonnable ». Cette étude empirique se veut une opérationnalisation du cadre théorique de John R Commons qui mobilise l'institutionnalisme pragmatiste et ses concepts de transaction et de futurité. Nos principaux résultats montrent que les pratiques de GRH des entreprises étudiées ont été façonnées par les valeurs du DD et qu'il est possible d'envisager des pratiques plus « responsables » pouvant avoir des impacts au-delà de l'organisation. En considérant la GRH autant comme un sujet et un acteur du DD, nous pouvons alors l'envisager comme véritable force de changement.

Alors que le digital remet tout en question, les entreprises prennent progressivement conscience du revirement numérique qui remanie leur manière d'interagir avec leur écosystème tout entier (Dejoux et Léon, 2018). Avec la révolution digitale, l'intelligence artificielle s'installe discrètement dans nos quotidiens (Mallard, 2018) aux côtés de la chaîne de blocs, de la mégadonnée (Big Data) ou encore de l'internet des objets. Cette même intelligence artificielle entre désormais en interaction avec de nombreux processus de gestion. Cet article ambitionne d'interroger la place de l'IA dans le processus du recrutement. Nous avons tenté à travers cette recherche d'appréhender la cohabitation entre l'IA et le recrutement. Pour ce faire nous avons réalisé une étude qualitative en interrogeant et en suivant le quotidien de 8 consultants en recrutement, tous confrontés à l'IA. Nous avons ainsi pu souligner que l'IA était un levier de performance et d'évolution.

Dans cette recherche, nous examinons l'effet du climat de justice interpersonnelle du groupe (défini comme les perceptions communes d'un traitement interpersonnel équitable entre les collègues) sur les comportements individuels innovants. De façon précise, nous testons un modèle de médiation en série de telle sorte que le climat de justice interpersonnelle du groupe favorise une identification au groupe, ce qui à son tour favorise un engagement collectif au travail, ce qui cause finalement un comportement individuel innovant. Par conséquent, nous examinons le rôle joué par le modèle d'engagement du groupe et le modèle Demande-Ressource d'Emploi dans ce mécanisme de médiation. Les données d'enquête recueillies auprès de 528 individus regroupés dans 114 groupes de travail, ont été testées en utilisant une approche de modélisation multi niveau par équations structurelles. Les résultats montrent l'impact du climat de justice interpersonnelle du groupe sur les comportements individuels innovants à travers l'identification au groupe et l'engagement collectif au travail. Les implications théoriques et pratiques seront discutées.

Le maire a pour mission de (bien) gérer la commune sous contraintes budgétaires (de plus en plus fortes), tout en garantissant la qualité du service public. Les maires peuvent prendre différentes postures entre action et immobilisme, avec la réélection en ligne de mire. Afin de développer leur territoire, le maire et son action pourraient alors être étudiés sous l'angle de l'entrepreneuriat quant à sa capacité à entreprendre, à organiser ou encore à manager (Lopez, 2018), articulé avec des questions relatives à la Responsabilité Sociale des organisations et à la gestion des parties prenantes. Dans cet article, un modèle des capacités du maire fondé sur le triptyque organisation-management-entrepreneuriat est proposé. Nous discutons de l'application auprès de maires interrogés et un modèle de gestion publique entrepreneuriale du maire est proposé.

Si plusieurs études récentes ont traité de la défaillance des PME, la plupart de ces travaux se sont intéressés aux outils financiers qui ne considèrent que les conséquences et non les causes de la défaillance. Par ailleurs, peu des travaux ont tenu compte des facteurs liés directement au dirigeant. Cette étude a pour objectif d'examiner les facteurs psychosociologiques cruciaux du dirigeant qui influencent la défaillance des PME au Cameroun. La démarche méthodologique de type qualitative a permis d'enquêter auprès de 15 dirigeants des PME camerounaises. Il ressort des analyses effectuées que, la défaillance des PME s'expliquerait principalement par les facteurs psychologiques du dirigeant, notamment son manque de motivation et de détermination à la réussite, son insatisfaction à la suite de la non-réalisation de ses attentes et aspirations ainsi que par la perte de la confiance en soi de la part du dirigeant ; mais aussi des facteurs sociologiques du dirigeant tels que son âge, son niveau d'éducation, son sexe, s famille, sa religion, etc.

Une intéressante affaire canadienne (Das v. George Weston Limited) dont l'issue a eu lieu en 2017, a opposé l'entreprise Loblaws, fabriquant des vêtements Joe Fresh, aux victimes du Rana Plaza. Alors que Loblaws avait adopté un code de conduite concernant la qualité du milieu de travail des salariés de sa chaîne d'approvisionnement, les juges ont refusé de retenir la responsabilité de Loblaws vis-à-vis des salariés du Rana Plaza qu'elle sous-traitait dans des conditions contestables. Cette décision pose la question de la portée juridique des codes de conduite et, surtout, de la réalité de la RSE. Si cet arrêt ontarien témoigne d'une RSE « molle » (soft) sur le plan juridique, il serait faux de résumer la position du droit canadien à cette seule décision. Le Canada est loin d'une irresponsabilité sociale des entreprises et apporte à la RSE de plus en plus de dureté (hard). Une étude attentive du paysage normatif démontre que le Canada est dans une position schizophrénique puisqu'il construit progressivement un authentique « droit de la RSE » qui fait de plus en plus de place aux instruments de hard law mais montre une résistance à donner aux codes de conduite une force normative contraignante.

L'apprentissage organisationnel en gestion de crise est crucial pour le décideur, et notamment pour les cadres supérieurs dont la conception intuitive de la gestion de crise est plus structurelle et organisationnelle que basée sur les compétences générales, la prise de décision ou les perspectives émotionnelles. En tant que technique supérieure de cartographie de l'ensemble du processus décisionnel des gestionnaires, la carte cognitive permet de déterminer la séquence optimale des activités d'apprentissage. De telles cartes peuvent être utilisées comme représentations fiables de l'acquisition des connaissances. Nous avons mobilisé différents modes d'apprentissage en présentiel et en distanciel via l'usage des jeux sérieux. À travers des sessions d'apprentissage de la gestion de crise dans une multinationale industrielle nous démontrons que ce ne sont pas les leviers eux-mêmes qui conduisent à l'acquisition réelle des connaissances mais plutôt l'enchaînement des actions d'apprentissage successives. Ces conclusions permettent aux organisations de mieux adapter les actions pratiques de gestion et les investissements d'apprentissage nécessaires pour accroître les compétences des équipes de gestion en matière de gestion de crise.

Cet article étudie l'allocation optimale des espaces verts urbains. Nous analysons deux types de paramètres de modèle pour étudier le niveau global de l'offre d'espaces verts, ainsi que leurs tailles et leurs distances entre les différents quartiers et les distances par rapport au centre-ville. Nous avons constaté que l'égalité des tailles, des distances et de la distribution globale des espaces verts n'est pas optimale dans les villes monocentriques. Précisément, le niveau des espaces verts urbains et leur nombre à l'optimum suivent une fonction non monotone de la distance au centre-ville. Nous confirmons également nos prédictions théoriques en utilisant la base de données géographiques très détaillée de l'Atlas urbain de l'Agence européenne pour l'environnement, qui décrit l'utilisation des sols de 305 villes européennes de plus de 100 000 habitants.

La collaboration entre les secteurs est portée comme un impératif pour résoudre des problèmes publics complexes, correspondant notamment aux Objectifs de développement durable. Cet article porte une attention particulière à l'inclusion des associations, comme organisations de la société civile, dans le tournant collaboratif de l'action publique. Alors que les enjeux de la collaboration sont importants, il existe un décalage entre le discours la valorisant et les difficultés rencontrées par les acteurs pour la construire dans les pratiques. À partir d'une analyse de la littérature et de sa fragmentation, nous proposons une évolution de l'agenda de recherche structurée autour de trois pistes articulées : (1) La mise en conversation des champs de recherche saisissant l'évolution et les aspirations collaboratives de l'action publique ; (2) Le développement d'approche multi-niveaux du processus collaboratif et l'adoption d'ancrages théoriques répondant à cet objectif ; (3) La diversification des approches méthodologiques de la collaboration.

L'économie circulaire constitue un modèle attractif dans la mesure où il promet de réconcilier la création de valeur économique avec les enjeux sociaux et environnementaux. Mais l'émergence de ce nouveau modèle soulève aussi un paradoxe entre d'une part, un engouement important des entreprises et acteurs publics souhaitant adopter ce concept, et d'autre part les nombreuses difficultés rencontrées par ces derniers pour le mettre en pratique. En étudiant cette question au niveau de l'action territoriale dans le secteur de la construction, cet article cherche à comprendre les mécanismes cognitifs, organisationnels et inter-organisationnels qui peuvent aider les acteurs publics et privés à s'approprier et déployer l'économie circulaire au niveau local. Nous questionnons les modalités de l'action collective pour proposer un modèle d'ingénierie politique que peuvent mobiliser les acteurs socio-économiques pour stimuler l'innovation et accompagner la transition de leur territoire vers l'économie circulaire.

Les chambres d'hôtels, les billets d'avion ou encore les places de concert sont des services pour lesquelles les dates d'achat et de consommation diffèrent dans le temps. Ces services sont caractéristiques d'industries faisant face à des contraintes de capacité et pour lesquelles des pratiques de tarification dynamique se sont développées : le prix varie au cours du temps afin de maximiser le revenu tiré de chaque unité vendue. La littérature théorique identifie les principaux facteurs de décision dans la formation des prix de ce type de services mais ces facteurs restent parfois difficilement quantifiables en pratique. Peu d'analyses empiriques existent sur le sujet et rares sont celles qui portent sur le sens de variation des prix au cours du temps. Cet article apporte des éléments de réponse au moyen d'une analyse descriptive des prix de l'industrie hôtelière parisienne sur un horizon annuel.

Les directeurs sûreté aiment se présenter comme atypiques dans l'entreprise, soulevant ainsi de nombreuses questions : comment les gérer, les intégrer, et conserver la cohésion de l'entreprise ? Leurs missions étant atypiques par rapport au métier de l'entreprise, dirigeant une équipe le plus souvent de taille réduite, méconnaissant souvent les codes de l'entreprise à leur arrivée, étant eux-mêmes atypiques, ne traduisant pas leur pratique en processus, tous ces éléments peuvent mener à la déviance puis à l'illégitimité et, in fine, au rejet de la sûreté. Comment alors, éviter la normalisation de la déviance ? La résolution de ce nouveau dilemme du praticien de la sûreté, doit-il demeurer atypique ou s'efforcer de s'intégrer dans l'entreprise, conditionnera la bascule vers une normalisation de la déviance. Prendre conscience du caractère dual de son métier permettra de réserver l'atypicité aux seules situations qui le méritent, sans mettre en péril la sûreté ni l'entreprise.

Si les grandes entreprises possèdent un service de veille stratégique, elles ont de plus en plus de mal à détecter et interpréter les signaux faibles. Cela s'explique par l'accroissement permanent du volume et de l'hétérogénéité des données mais aussi de la complexité de son environnement stratégique. Ainsi, la veille dite « classique » souvent silotée, basée sur le modèle 'Intelligence, Modélisation, Choix' de Simon (1983) apparait être obsolète. Afin de faire face à ces défis, le Système Stratégique de Signaux Précoces ® est proposé comme méthode d'Intelligence Economique et Stratégique et appliqué pour la première fois au secteur de la défense. La modélisation en collaboration avec des experts du secteur et le calcul de scénarii comme les images potentielles futures de ce marché pour l'Europe ont été effectués via le logiciel dédié Stratbrain. Nous avons donc pu calculer les impacts et probabilités des thématiques importantes du secteur et déterminer les vecteurs de résistance ou de développement du domaine. Nous avons pu calculer puis visualiser le scénario le plus impactant à 3 ans (2021) dont la probabilité est assez forte et annonce une croissance molle sur cette région. Ce Système Stratégique de Signaux Précoces ® pourrait guider l'utilisation de l'intelligence artificielle pour constituer un système d'Intelligence Economique et Stratégique augmenté.