Contenu du sommaire : Questions en revue
Revue | Education permanente |
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Numéro | no 236, 3e trimestre 2023 |
Titre du numéro | Questions en revue |
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Dossier - Questions en revue : Apprentissage, expérience, alternance
- Éditorial : L'apprentissage est-il le résultat de l'expérience et de l'alternance ? - Richard Étienne p. 5-16
- L'apprentissage en formation des adultes : une quête outillée entre action, intersubjectivité et signification - Laurent Filliettaz p. 17-26 L'article vise à mettre en relief ce que les quatre textes disent de cet objet énigmatique et structurant qu'est l'apprentissage, et aussi ce qui se tisse dans les interstices de ce qu'ils ne disent pas, mais dont se font l'écho d'autres travaux dont ils sont contemporains et avec lesquels ils entrent en dialogue, parfois explicitement, et parfois de façon plus implicite. Qu'apprenons-nous sur l'apprentissage en formation des adultes à la lecture de ces quatre textes ? En quoi font-ils débat et sont-ils eux-mêmes imbriqués dans la production d'un champ de connaissance en cours de développement ? En quoi ont-ils été amenés à constituer des repères structurants, « emblématiques », dans le champ de l'éducation permanente et de la formation professionnelle ?
- Les rapports entre savoir et pratique dans le développement des capacités d'apprentissage chez les adultes - Gérard Malglaive p. 27-35 L'évolution des métiers requiert de nouvelles compétences des salariés. Les machines marchent toutes seules mais il faut les commander, prévenir leurs aléas, résoudre les problèmes qu'elles posent. L'importance des savoir-faire diminue au profit de la compréhension globale des processus. Cela exige de la logique, des connaissances, de la culture. Mais comment les acquérir ? La démarche traditionnelle fait appel aux disciplines scolaires : il faut élever le niveau, ce qui n'est pas sans difficulté lorsque cela concerne des salariés depuis longtemps sortis de l'école. Aussi de nombreux formateurs se tournent-ils vers des démarches visant à développer les capacités de raisonnement. Mais peut-on raisonner sous vide de connaissances ? Une autre démarche consiste à partir des pratiques : le problème est alors de ne pas y rester et de trouver le moyen de passer des savoir-faire aux savoirs conceptualisés. Agir pour savoir et savoir pour agir. Cela suppose des cursus structurés non plus à partir de l'organisation académique des savoirs mais à partir de l'action. Cela suppose que les formateurs soient capables d'investir leur savoir dans l'action pour guider les formés sur les chemin menant de l'action au savoir.
- Apprentissage, motivation et engagement en formation - Étienne Bourgeois p. 37-46 Qu'est-ce qui peut pousser l'adulte à s'engager en formation ? D'un certain nombre de travaux de recherche sur la motivation scolaire ou l'engagement en formation, il ressort que la signification (ou « valeur ») attribuée au sujet à son engagement en formation et aux apprentissages qu'il y réalise constitue une des composantes essentielles du processus de motivation. Parmi les travaux qui se sont penchés sur la question, certains mettent en relation la signification attribuée à la formation par le sujet et la dynamique identitaire qui accompagne sa trajectoire de vie. Plusieurs hypothèses de travail s'inscrivant dans cette perspective sont présentées dans la dernière partie de l'exposé.
- Les mondes sociaux de la formation - Bernard Blandin p. 47-58 Cet article propose l'esquisse d'une approche sociologique des systèmes éducatifs qui prend en compte leur spécificité, c'est-à-dire la dimension pédagogique qui est partie intégrante de la « relation éducative ». Pour cela, l'auteur propose une analyse qui montre que les systèmes éducatifs sont composés de « mondes sociaux » différents. Le développement des « nouveaux dispositifs de formation », amènent à rapprocher plusieurs mondes sociaux, ce qui explique d'un point de vue sociologique les difficultés généralement rencontrées dans le cours de ces changements.
- Peut-on créer des communautés d'apprentissage ? - Denis Cristol p. 59-67 L'article pose la question de la création des « communautés d'apprentissage ». Il s'efforce de définir le sens du rapprochement entre ces deux termes, et donne des indications sur les motifs de renouveau des formes d'apprentissages collectives qu'il décrit. Il s'intéresse à la compréhension des processus et des dynamiques au mouvement de création des communautés, soit à partir de problèmes expérimentés par des acteurs, soit à partir de décisions de création par des institutions.
- Quatre approches pour une question : comment se servir de l'expérience ? - Anne-Lise Ulmann p. 69-80 Les quatre textes sont représentatifs des tensions et des usages de la notion d'expérience. L'auteure les analyse à l'aune de plusieurs questions visant à cerner les problématiques auxquelles se confrontent les formateurs et les chercheurs en mobilisant cette notion dans leurs pratiques de travail. Comment se construit l'expérience et comment contribue-t-elle au développement professionnel ? Comment porte-t-elle à conséquences sur l'action ? Quelle place accorder aux savoirs sensibles et au corps dans l'expérience ? Quelles modifications dans le rapport aux savoirs induit la prise en compte de la subjectivité ? En quoi l'expérience constitue-t-elle une ressource pour développer la créativité et faciliter le développement d'une éthique de travail ?
- Expérience et apprentissage : faire de nécessité vertu - Pierre Dominicé p. 81-89 Bien que l'apprentissage et l'expérience semblent liés par un lien de nécessité, dans la tradition francophone, l'expérience est reléguée au rang de médiation entre élaboration théorique et application pratique. La perspective d'apprentissage expérientiel, en proposant une équivalence et une complémentarité entre apprentissage et expérience, donne à l'expérience un statut de connaissance. Cette conception nouvelle de la place de l'expérience dans l'apprentissage modifie l'orientation de l'apport pédagogique, qui passe d'une technique d'enseignement à un appui réflexif accompagnant la dynamique du processus d'apprentissage.
- L'expérience est-elle formatrice ? - Yves Schwartz p. 91-102 S'interroger sur la fonction formatrice de l'expérience renvoie à une série de questions : qu'est-ce que l'« expérience »? S'agit-il de former celui qui « fait » expérience ou celui qui n'a pas cette expérience ? Former pour quoi faire ? Comment faire « parler » l'expérience ? Quelle est l'articulation possible entre le pôle du savoir formel et celui de l'expérience ? L'auteur aborde ces questions en regardant l'histoire philosophique du concept d'expérience. Ce passage par la philosophie indique qu'il faut penser autre chose que ce qui a été pensé jusque-là par « expérience » pour pouvoir donner un sens à la question de savoir si elle est formatrice.
- Devenir un professionnel : le rôle multiforme de l'expérience - Florence Osty p. 103-114 L'usage de l'expérience dans la professionnalisation d'une population d'éducateurs, recrutés et formés selon des modalités dérogatoires, souligne trois registres de l'expérience : l'expérience comme prérequis dans le recrutement, l'expérience de la formation institutionnelle et l'expérience qui signe le professionnel chevronné. Au final, l'expérience constitue le ressort d'un processus de socialisation professionnelle au long cours, qui ne distingue pas ces éducateurs de leurs collègues formés selon un cursus classique.
- L'expérience comme verbe ? - Mathias Girel p. 115-126 L'anglais philosophique dispose d'une ressource qui n'existe pas en français : la capacité à faire de l'expérience un verbe. To experience, fréquent chez Dewey, permet de décrire ce qui est un processus plus qu'un objet, tout en conservant au cœur de cette construction grammaticale le concept cardinal de l'empirisme, là où le français, s'il ne recourt pas à un néologisme, doit se contenter d'« éprouver », de « ressentir » ou d'« expérimenter ». La solution la plus satisfaisante est sans doute « faire l'expérience de », mais elle perd la simplicité de la construction verbale anglaise… Sans trancher sur la question, l'auteur présuppose que l'on peut s'autoriser à utiliser en français le verbe « expériencer », pour voir ce que cet usage permettrait d'ouvrir, mais aussi quels contresens il permettrait d'éviter. Cela conduit l'auteur à entrer dans le détail de deux sophismes que Dewey veut déraciner : la réduction de l'expérience à la connaissance de cette expérience, et la réduction de l'expérience aux éléments simples introduits pour l'analyser.
- Manifeste pour des alternants réflexifs, délibératifs et interrogatifs : Humanité des règles d'expérience du métier et travail libre dans les collectifs - Noël Denoyel p. 127-140 La raison articulative de l'alternance met en dialogue trois pratiques : une pratique réflexive en centre de formation ; une pratique délibérative en entreprise ; une pratique interrogative, transversale, si l'on espère une parité d'estime de savoirs. Essentielle, la compétence interrogative est au cœur des métiers. La dispute de métier lui est corrélative. Il semble exister une compétence interrogative inhérente aux formations par alternance du fait d'un métier partagé avec un professionnel. Mettre en scène le métier-institution en formation par alternance stimule la réflexivité esthétique, la délibération éthique et l'interrogativité logique des alternants encourageant l'assertivité. La qualité du travail et de la formation ne serait-elle pas un reflet du plaisir à l'effectuer, à l'« opérer », à l'œuvrer, en coopération ?
- Alternance et cognition - Georges Lerbet p. 141-152 L'auteur se propose de chercher à capter la signification des pratiques d'alternance dans leur relation dialectique entre les personnes qui les vivent, et les structures institutionnelles qui servent à les décrire. À partir de la description de ces interactions, il tente de faire émerger la pertinence cognitive qu'il peut y avoir à y recourir, pertinence qui tient au sens que produit cette forme d'apprentissage pour les personnes en quête de savoir et pour les ouvertures sociales qu'elles peuvent aider à esquisser dans la lutte contre l'échec scolaire.
- L'alternance comme processus de professionnalisation : implications didactiques - André Geay p. 153-164 Un des effets majeurs de l'alternance concerne ce qu'on appelle aujourd'hui la professionnalisation des acteurs et des formations. Pourquoi l'alternance peut-elle être cette voie privilégiée de professionnalisation ? A quelles conditions ? C'est ce que propose d'explorer cet article en s'appuyant sur l'histoire et l'analyse des fondements anthropologiques de la formation des compétences professionnelles, afin d'en tirer les conséquences didactiques pour un système de formation en alternance : penser l'expérience autrement et considérer la réflexivité comme la clé de toute professionnalisation.
- L'alternance, un point de vue sur le travail - Olivier Liaroutzos p. 165-174 L'alternance, qui ne peut pas être réduite à un instrument devant faire régresser le chômage, est une situation qui met en perspective les liens entre travail, emploi et qualité de vie. Tant pour les jeunes qui peinent à démarrer leur vie professionnelle que pour les adultes qui craignent de ne pouvoir se maintenir en emploi, elle pointe avec insistance la difficulté de se projeter dans l'avenir. Est-elle alors appelée à devenir le viatique du travailleur itinérant ? Un des moyens de se prémunir des mobilités contraintes qui accentuent la dualisation entre emplois protégés et situations de travail dégradées ? Ces enjeux ne se traitent pas seulement avec des appels à multiplier les contrats d'alternance. Ils se déclinent au sein des collectifs de travail grâce à des leviers organisationnels faisant jouer les rapports entre confiance, coopération et apprentissage.
- Questions d'apprentissage dans les formations par alternance - Patrick Mayen p. 175-184 Cet article part des connaissances que nous avons sur quelques conditions et processus d'apprentissage pour réfléchir à la manière dont on pourrait penser la conception, la conduite et l'amélioration des formations par alternance. L'hypothèse est ici que les questions d'apprentissage sont relativement secondaires dans les décisions de conception des formations par alternance d'une part, et supposées résolues par quelques conceptions courantes et peu réinterrogées d'autre part.
- Intégrer la dimension historique dans les recherches en formation des adultes - Jean Nizet p. 189-199
- Les effets d'une rupture de l'activité chez l'enseignant novice : approche sémio-didactique de l'écrit réflexif - Maud Lebreton Reinhard, Rachel Attanasio p. 201-212
Lectures
- Christophe Niewiadomski, Hervé Prévost (dir. publ.). Devenir sujet de sa formation. Histoires de vie et processus de subjectivation. Paris, L'Harmattan, mai 2023, 232 p. - p. 213
- Gwénaël Boudjadi. Approcher le vif du sujet par la clinique narrative. Paris, L'Harmattan, juin 2023, 222 p.
- Catherine Souplet (dir. publ.). La coformation des enseignants. Paris, L'Harmattan, juin 2023, 166 p. - p. 214
- François Granier. Le travail à l'épreuve de la pandémie. Scénarios pour demain. Dijon, éditions Raison et passions, juillet 2023.
- Jérôme Guérin, Stéphane Simonian, Joris Thievenaz (dir. publ.). Vers une approche écologique de l'agir humain en éducation et formation. Toulouse, Octarès, mai 2023, 266 p.
- Bernard Lahire. Les structures fondamentales des sociétés humaines. Paris, La Découverte, août 2023, 972 p. - p. 215
- La formation, champ de recherche. Savoirs, n° 61-62, 2023-2.
- Arnaud Dubois, Patrick Geffard, Gérald Schlemminger. Une pédagogie pour le XXIe siècle. Pratiquer la pédagogie institutionnelle dans l'enseignement supérieur. Nîmes, Champ social, mai 2023, 202 p. - p. 216
- Jacques-Olivier Hénon (dir. publ.). Former des apprentis. Douze conseils pour réussir. Paris, L'Harmattan, août 2023, 252 p.
- Maëlle Crosse. Transformation des pratiques pédagogiques dans l'enseignement supérieur. Un processus en tension. Paris, L'Harmattan, août 2023, 204 p. - p. 217
- Yamina Bouayad Agha, Jean Vanderspelden. Acteurs et territoires d'apprenance. Zoom sur le réseau des APP. Paris, L'Harmattan, août 2023, 246 p.
- Jean-Luc Rinaudo. Enseigner : quoi qu'il en coûte ? Liens psychiques et continuité pédagogique à distance. Toulouse, érès, août 2023, 144 p.
- Aurélie Delage, David Giband, Kevin Mary, Nora Nafaa. Géographie de l'éducation. Concepts, enjeux et territoires. Paris, Armand Colin, août 2023, 240 p. - p. 218