Contenu du sommaire : Regards sur l'adolescence
Revue | Carrefours de l'éducation |
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Numéro | no 24, novembre 2007 |
Titre du numéro | Regards sur l'adolescence |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La scolarisation des élèves en situation de handicap au collège : le point de vue des enseignants - Christine Berzin p. 3-19 Le point de vue des enseignants. La scolari-sation des élèves en situation de handicap au collège : le point de vue des enseignants. Cet article se propose de dresser un état des lieux de la scolarisation des élèves en situation de handicap au collège au regard de la nouvelle loi du 11 février 2005 qui prévoit une généralisation de cette scolarisation en milieu ordinaire à l'ensemble des élèves concernés. Est notamment posée la question des obstacles susceptibles d'entraver la réussite d'un tel processus comparativement à ce qu'il en est au niveau de l'enseignement primaire qui bénéficie d'une plus longue expérience en la matière.
- Adolescence, rupture et continuité : étude clinique - Yvonne Castellan p. 21-35 Une crise psychologique est une rupture dans la vie intérieure. Participant à cette rupture, quatre facteurs : le corps comme un tout permanent; le groupe primaire ou groupe- mère, interne, fondé sur les premières relations du nouveau-né; le groupe exogène, groupe secondaire, ouvert largement sur le monde externe et ses apprentissages ; enfin, les situations et sentiments rencontrés tout au long de la vie. Dans notre échantillon de 12-17 ans, un moment crucial semble se situer plus particulièrement entre 14 et 16 ans selon un jeu de paradoxes. Il est fondé sur une prise de distance complète avec les parents, mais il ne signifie pas pour autant la rupture. La rencontre avec l'autre est empreinte de plaisir, sexualisée, mais sans support. S'il s'agit d'un moment difficile, de nombreuses solutions sont mises en œuvre et une confiance solide accordée au futur se lit aisément dans les 200 réponses de l'investigation menée auprès de ces jeunes. Pas de crise véritable, mais pour ces jeunes, une courte période de perturbation.
- Du droit à l'école à la reconnaissance de l'adolescence pour la jeune fille marocaine - Naïma Chikhaoui p. 37-52 La notion d'adolescence est d'application récente dans le contexte socioculturel marocain. Les espaces ouverts au déploiement du processus affectif, émotionnel demeurent limités. L'espace familial traînant des ancrages culturels traditionalistes, des représentations sexuées ségrégationnistes est peu enclin à tolérer la crise d'adolescence. L'école ouverte aux filles et garçons, fut l'espace susceptible d'offrir des opportunités d'apprentissage et d'expression de l'individualité pour les adolescents. L'espace scolaire, lieu de rencontres des pairs, de frottement à d'autres savoirs favorisera la reconnaissance de l'adolescence. Les adolescentes marocaines, celles rurales peu scolarisées en comparaison avec les garçons restent défavorisées. Elles vivent leurs cycles de vie dans la discrimination sociale et sexuelle. Le projet de société moderne en gestation semble initier des libertés dont celle des individualités. Les filles son autant actrices de ces changements que bénéficiaires.
- La délinquance juvénile autorévélée : le cas de la Belgique - Claire Gavray, Nicole Vettenburg p. 53-72 Cet article s'intéresse aux déterminants de la délinquance juvénile au départ de données issues de trois enquêtes belges récentes. Chacune d'elle a eu recours à la méthode d'auto-révélation et a questionné les jeunes sur des aspects variés de sa vie. Les résultats obtenus sur base d'analyses de régression confirment un impact important de facteurs familiaux et scolaires. L'insécurité familiale dans ses aspects objectifs (lieu de vie du jeune et présence de ses parents) ou subjective (intérêt perçu des parents à l'égard du jeune) se révèlent jouer un rôle en matière de passage à l'acte déviant, mais cela surtout dans le groupe masculin. En fait, les résultats montrent que l'intensité de la délinquance comme les impacts familiaux et scolaires varient en fonction d'effets croisés entre rapports sociaux de classe et de sexe. Le facteur scolaire intervient pour chaque enquête de manière très significative : l'entente avec les professeurs protège de manière importante de la délinquance, quel que soit le groupe étudié. Au-delà de ce résultat, on voit que seulement au sein du groupe de filles de l'enseignement général, l'investissement et les perspectives scolaires font diminuer le risque de délinquance. Par ailleurs, c'est parmi les filles fréquentant un type d'enseignement moins valorisé que les efforts d'encouragement, de soutien au développement personnel jouent de manière la plus ciblée ce rôle de prévention.
- Éducation à la sexualité en SEGPA : analyse des représentations et des pratiques des équipes pédagogiques - Jean-Claude Rochigneux, Dominique Berger, Pascal Courty, Didier Jourdan p. 73-87 En France, l'Education nationale a donné une place significative à l'éducation à la santé et à la sexualité dans les missions assignées à ses personnels. Cependant les textes et la volonté politique ne suffisent pas au développement des actions. Si les personnels de santé sont largement impliqués, la situation des cadres et des enseignants est plus contrastée. L'étude porte sur les représentations et les pratiques pédagogiques en matière d'éducation à la sexualité, les difficultés et les obstacles et/ou les résistances à sa généralisation dans les classes de 3e et 4e SEGPA, accueillant des élèves en grandes difficultés scolaires. La méthodologie de recherche est basée sur l'administration de questionnaires et d'entretiens. Les questionnaires ont servi au recueil des pratiques pédagogiques et des représentations des personnels de l'Education nationale (personnels de santé, de direction et enseignants). Les résultats montrent l'importance des conceptions personnelles et des représentations sociales, confirmée par l'analyse des entretiens.
- Adolescents d'ici et d'ailleurs en question - Émile-Henri Riard, Jean-William Wallet p. 89-114 En filigrane des nombreuses productions sur l'adolescence, l'insertion sociale et professionnelle des jeunes constitue un fil directeur constant qui sert de trame à cet article. Si l'on peut relever une modification des frontières de l'adolescence (fonction préparatoire de la latence vis-à-vis de l'adolescence et sorte de latence de cette dernière vis-à-vis de l'état adulte), qui contribue à inscrire avec force la continuité au coeur du processus adolescent, la question de l'insertion est reprise dans deux contextes culturels différents : dans les sociétés occidentales et dans un pays en changements multiples : le Maroc. Y sont rapportées les difficultés spécifiques des jeunes à partir des rapports entre culture et civilisation. En dernier point, les articles des auteurs sollicités dans ce numéro y sont repris et analysés à la lumière de ce concept.
- La fabrication des figures de deux pédagogues en histoire de l'éducation : Jean-Frédéric Oberlin et Pauline Kergomard - Micheline Vincent-Nkoulou p. 115-129 L'histoire de l'éducation comme celle de tous les groupes humains a besoin de figures, de « grands pédagogues ». En effet sans sacrifier au « mythe des origines », force est de constater que ce sont les grands pédagogues qui aident à faire circuler les idées pédagogiques. Et puisqu'il faut faire des choix, tous les pédagogues n'étant ni mémorables, ni mémorisables, et que le critère retenu est celui de la notoriété, il en résulte que, d'une part, l'histoire de l'éducation par les figures se joue sur le mode du mélodrame et que, d'autre part, elle se construit autour du traitement de la célébrité de ses acteurs. Des acteurs pour lesquels elle joue ou ne joue pas ses rôles de productrice de célébrité. C'est ce dont rend compte cet article qui s'attache à deux pédagogues français de la petite enfance, Jean-Frédéric Oberlin et Pauline Kergomard.
- Pratiques enseignantes et spécificités de l'action didactique en milieu rural : l'intervention en association sportive scolaire - Chantal Amade-Escot, Richard Refuggi, Christine Amans-Passaga p. 131-147 L'enseignant d'EPS semble disposer à travers l'Association Sportive d'une structure particulière pour faire converger originalement vers les finalités du Collège Unique, les élèves adhérents. Une analyse de cas, inscrite dans une étude plus large, nous a permis de mettre à l'épreuve cette hypothèse dans un contexte particulier, celui d'un établissement scolaire de milieu rural, dans lequel un professeur d'EPS responsable du fonctionnement de l'Association Sportive a été interrogé et observé. Les entretiens étaient destinés à connaître ses représentations de cette mission particulière qui lui incombe ; les observations de séquences d'entraînement permettaient d'affiner ces dires. Cette analyse de cas montre combien l'enseignant s'efforce de trouver un compromis dans son projet entre ses conceptions d'une part et le contexte géographique, culturel, les caractéristiques et attentes du public, d'autre part. Elle fait apparaître à la fois, les difficultés matérielles et logistiques qu'il rencontre pour prétendre pouvoir poursuivre les objectifs fixés par l'UNSS, mais aussi les atouts inhérents à un tel contexte : réceptivité et fidélité du public sont deux paramètres révélateurs, mais assurément indissociables du lourd investissement consenti par le professeur acquis à la cause de l'enseignement en milieu rural.
- Les associations générales d'étudiants en France et le politique (1881-1914). : 2e partie : les espoirs déçus du régime républicain : limites et contestation des AGE - Jean-François Condette p. 149-158 Longtemps interdites, les associations d'étudiants se multiplient en France à partir de 1880 avec le soutien du pouvoir républicain. Ce soutien repose sur une triple exigence de solidarité qui doit être à la fois être universitaire (entre les étudiants des facultés, entre étudiants et enseignants), sociale (envers les plus démunis) et internationale (entre les jeunesses du monde). Ces associations doivent aussi permettre de fédérer la jeunesse et de diffuser parmi elle, les valeurs républicaines et l'idéal patriotique tout en se transformant en sociétés de secours mutuels. Les années 1881-1890 voient le développement des associations générales d'étudiants dans les grandes villes qui possèdent des facultés alors qu'en 1907 apparaît une structure fédérative, l'Union nationale des associations d'étudiants de France, ancêtre de l'UNEF. Les espoirs des élites enseignantes et politiques sont cependant assez vite déçus car les associations n'ont pas la docilité escomptée. Elles organisent certes de nombreuses oeuvres en faveur des étudiants mais elles se transforment aussi en structures revendicatives qui interpellent les pouvoirs publics, pour demander des réformes. Les associations ne rassemblent aussi constamment qu'une minorité des étudiants inscrits dans les facultés tandis que se développent des mouvements concurrents qui regroupent les étudiants selon leurs affinités politiques.
- Actions de l'élève et milieux didactiques : la notion de « surassujettissement » - Patrice Rilhac p. 159-182 En situation d'enseignement/apprentissage il est coutumier d'assister à des réponses d'élèves qui ne répondent pas aux attentes du professeur. Certaines de ces actions en décalage, lorsqu'elles sont perçues, sont, le plus souvent, évaluées à la lumière d'autres ordres que celui du didactique. L'objet de cet article est de montrer l'influence de facteurs particuliers que nous qualifierons d'institutionnels. Nous verrons ainsi qu'une disposition n'est pas seulement tributaire des seules compétences du sujet, ni même de savoirs « fondamentaux » non acquis, mais du poids de «l'ici et maintenant» des situations, d'un mode de raisonnement où prévalent les « objets » de savoirs « manipulés » par l'enseignant. Dans le cadre limité de cet article, nous nous intéresserons aux actions motrices d'une élève confrontée, en Education Physique et Sportive (e.p.s.), à l'ascension d'une voie d'escalade. Il s'agit donc d'une étude de cas. Nous montrerons alors que les actions motrices d'une grimpeuse ne sont pas toujours liées prioritairement à des questions de rapport entre son niveau d'habileté, les difficultés de la voie et la situation proposée, mais à une forme d'assujettissement ( Chevallard, 1992 ; Venturini, Calmettes, Amade-Escot & Terrisse, 2004) à une situation didactique liée aux contraintes supplémentaires que peut se donner une grimpeuse, à partir des indications langagières et gestuelles du professeur. En d'autres termes, cet article montre qu'une élève se surassujettit et échoue, alors qu'elle possède des capacités nécessaires à l'accomplissement de l'exercice qui lui est donné, bien qu'elle soit soutenue par un professeur qui cherche à établir un équilibre entre monstration directe et mise en autonomie de l'élève. Et ceci parce qu'elle prend au pied de la lettre ce qu'elle reconnaît comme étant les intentions du professeur, cette « reconnaissance » empêchant son adaptation effective à la voie d'escalade.
- Les enseignants spécialisés à dominante pédagogique à l'école primaire : recherche, action et formation - Marie Toullec-Théry p. 183-199 Il s'agit, dans cet article, d'articuler recherche, action et formation d'adultes, dans le cas précis des enseignants spécialisés à dominante pédagogique (maîtres E), à l'école primaire. Après quelques résultats de notre recherche montrant certaines contraintes et difficultés inhérentes à cette profession, nous tentons de faire fonctionner notre cadre théorique et notre méthodologie de recherche pour montrer en quoi les maîtres E novices éprouvent des difficultés à aider des élèves « peu performants » en mathématiques. Nous proposerons ensuite un dispositif de formation alliant résultats de la recherche et analyse réflexive des pratiques, et qui permette à ces maîtres E novices de construire efficacement des repères professionnels.
- Nouvelles modalités de régulation transnationale des politiques éducatives. : Évidences et possibilités - António Teodoro p. 201-215 Cet article procède à une analyse des rapports entre les organisations internationales (de nature intergouvernementale) et la formulation des politiques d'éducation au niveau national. On s'argumente que, avec l'affirmation d'un projet de développement global – la globalisation, émergent des nouvelles formes de régulation transnationales qui ont comme centre névralgique les grands projets statistiques de comparaison international, notamment ceux qui sont développés au sein de l'OCDE. Après faire la distinction entre une globalisation de haute intensité au niveau des processus rapides, intenses, ayant une seule cause, et une globalisation de basse intensité au niveau des procès plus lents et diffus et plus ambigus quant à leur causalité, on se permette considérer l'éducation un cas possible et paradigmatique d'une globalisation de basse intensité, ce qui peut renforcer les conditions pour affirmer des politiques et des pratiques émancipatrices au champ éducative.
- L'enseignement général et l'enseignement technique et professionnel en Côte d'Ivoire : quelle articulation pour quels enjeux ? - Aska Kouadio p. 217-232 L'enseignement général et l'enseignement technique et professionnel, même s'ils n'assument pas la même fonction doivent être en étroite relation parce qu'ils concourent à une même finalité qui est l'oeuvre de formation. L'étude montre que loin de s'améliorer, les relations entre ces deux ordres d'Enseignement s'amenuisent au fil des années en Côte d'Ivoire. Un clivage moins symbolique existe ; et ne permet pas le réveil des intérêts des élèves. Une véritable articulation s'impose. Elle passe par l'intensification et la mise en place de nouvelles formes de « passerelles » entre ces deux ordres d'Enseignement.
- Notes de lecture - p. 233-255