Contenu du sommaire : L'enseignement de l'économie : conflits, débats et controverses
Revue | Education et sociétés |
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Numéro | no 35, 2015 |
Titre du numéro | L'enseignement de l'économie : conflits, débats et controverses |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : L'enseignement de l'économie : conflits, débats et controverses
- Pour une histoire et une sociologie de l'enseignement de l'économie - Élisabeth Chatel p. 5-21 Ce dossier interroge l'évolution des contenus destinés à l'enseignement de l'économie, scolaire et universitaire, selon l'approche fructueuse des conflits, débats et controverses qui l'ont accompagnée. Le point de vue choisi est à la fois historique et international. Sont privilégiés les pays où l'économie est le plus anciennement implantée dans l'enseignement. Les contributions offrent des analyses sociohistoriques et des témoignages d'acteurs de ces débats. Elles montrent l'existence d'oppositions sur les finalités de cet enseignement à l'encontre d'une tendance, également présente, à en faire une formation pour des experts, conformément au modèle étatsunien qui s'est installé notamment après guerre et diffusé ensuite.A history and sociology of teaching economics
This questions the evolution of the content used to teach economics, both at schools and universities, according to a fruitful approach with regard to the conflicts, debates and controversies which have accompanied it. The chosen point of view is both historical and international, with a particular focus on countries in which economics has been taught the longest. The contributions offer socio-historical analyses and the testimonies of the actors of these debates. They demonstrate the existence of oppositions against the finalities of this teaching in counter to a trend, equally present, of making it a training for experts, in compliance with a “united states” model implemented and disseminated after the war. - Que faut-il enseigner aux étudiants débutants ? Les débats sur les cours d'introduction à l'économie aux États-Unis au milieu du XXe siècle - Julie A. Reuben p. 23-31 À la fin du XIXe s., les économistes américains font de l'économie un champ de recherche, ancrant leur identité professionnelle dans l'American Economics Association (AEA). Malgré des écoles rivales, cours universitaires et manuels de 1890 à 1920 suivent un même format autour de principes généraux inspirés de Marshall (1890). Dans les années 1930, critiques de l'enseignement théorique et propositions alternatives se multiplient. Dans les années 1950, l'AEA crée un Comité sur l'enseignement et la formation dont le rapport est peu concluant. Les discussions qu'il génère sont dominées par l'adoption croissante par la jeune génération de l'approche macroéconomique. Un manuel, Economics : an Introductory Analysis (Samuelson 1948), théorique et analytique, favorable à l'intervention gouvernementale par des politiques économiques, réalise de fait un compromis. Ne soutenant pas la réorientation amorcée par les critiques, il renforce l'économie comme champ distinct, science supérieure par ses capacités d'abstraction et de quantification, et n'intègre pas les analyses sociologique, anthropologique, psychologique et de sciences politiques. L'enseignement économique ne doit ni contribuer à la formation des citoyens ni favoriser leur engagement dans l'élaboration de la politique, mais forger de futurs experts.What to teach beginner students ? The lessons introducing economics in the middle of the 20th century in the United StatesAt the end of the 19th century, American economists made economics a field of research, anchoring their professional identity in the American Economics Association (AEA). Despite there being rival schools, university lessons and manuals between 1890 and 1920 followed the same format based on general principles inspired by Marshall (1890). In the 1930s, there was increased criticism of theoretical teaching and a large umber of alternative proposals were submitted. In the 1950s, the AEA created a Teaching and Training Committee but their report was not very conclusive. The discussions that it generated were dominated by the young generation's growing adoption of the macroeconomic approach. A theoretical and analytical manual, Economics : an Introductory Analysis (Samuelson 1948) which was favourable to government intervention via economic policies, was a de facto compromise. It did not support the reorientation initiated by criticism and instead reinforced economics as a distinct field, a superior science due to its abstraction and quantification capacities, and one which did not integrate sociological, anthropological, psychological and political science analyses. Thus, economics teaching must neither contribute to the training of citizens nor favour their engagement in the development of policy, but instead forge new experts.
- Genèse d'un enseignement de l'économie intégré aux sciences sociales dans l'enseignement secondaire français entre 1964 et 1966 - Élisabeth Chatel p. 33-49 L'article retrace les débats qui ont eu lieu entre 1964 et 1966 au sujet de l'introduction au lycée des Sciences économiques et sociales par la réforme Fouchet. Il souligne combien cette émergence a été liée à la spécialisation des enseignements de lycée et à la sélection au baccalauréat. Il montre les résistances actives d'autres disciplines installées, notamment la philosophie. Il analyse comment l'orientation vers les sciences sociales l'a emporté du fait de la volonté ministérielle et des appuis qu'elle a trouvés parmi les scientifiques du domaine, mais aussi auprès d'organisations syndicales enseignantes.Genesis of the economics teaching integrated into social sciences in French secondary schools between 1964 and 1966The article retraces the debates which occurred between 1964 and 1966 regarding the introduction by the Fouchet reform of Economic Sciences in secondary schools. It underlines at what point this emergence was linked to the specialisations of secondary school teaching and baccalaureate selection. It shows the active resistances of other disciplines, in particular philosophy. It analyses how the move towards social sciences was successful due to the political will of the ministry and the support it received from scientists in its field, but also from teacher unions.
- Enjeux et tensions autour de la réforme du lycée (2010-2012) en Sciences économiques et sociales - Isabelle Harlé, Xavière Lanéelle p. 51-66 La dispute interne qui s'est nouée entre les enseignants de la discipline autour de la réforme du lycée (2010-2012) en Sciences économiques et sociales (SES) est analysée. Deux réseaux s'opposent l'APSES, association formelle, et l'informelle Didac-ES. Si leurs membres s'accordent à condamner l'ingérence du monde de l'entreprise dans la construction du curriculum ainsi que l'enseignement d'exploration en classe de seconde, ils s'opposent sur deux points. Pour l'APSES, il s'agit d'enseigner une discipline scolaire intégrée, pour Didac-ES deux disciplines (économie et sociologie). En outre, l'APSES regrette que les analyses de l'économie standard aient été privilégiées. Pour autant, ces deux positions ne définissent ni ne résument la diversité des pratiques enseignantes.Stakes and tensions regarding secondary school reform (2010-2012) in economic and social sciences
The internal dispute between teachers of the discipline regarding the secondary school reform (2010-2012) of economic and social sciences is analysed. Two networks were in opposition : the APSES, a formal association and the informal Didac-ES. If their members condemned the intrusion of the corporate world into the construction of curricula in secondary classes, they were opposed on two points. APSES believed it should be taught as an integrated academic discipline, whilst Didac-ES believed it was two separate disciplines : economics and sociology. Nevertheless, these two positions neither defined nor summarised the diversity of teaching practices. - L'enseignement de l'économie dans le secondaire en Allemagne : une éducation à l'économie sociale du marché ? - Andrea Szukala p. 67-85 Cet article explore en Allemagne l'histoire et les discours de légitimation de l'économie “à enseigner”. À la différence de la France, l'éducation scolaire n'est pas le pilier du modèle civique et social allemand qui vise d'abord la personne, sa plénitude intellectuelle, sa réussite économique et professionnelle. Les matières du secondaire ne sont pas clairement référées à des disciplines. Différent du champ académique, le champ pédagogique des SES est pluridisciplinaire et les Länder élaborent chacun leur formule. La crise d'une forme curriculaire stabilisée depuis les années 1970 –l'économie partie intégrante d'un enseignement de sciences sociales – permet l'analyse à travers les contributions d'acteurs – didacticiens, patronat, syndicats, fondations – de son état actuel. Orienté par la logique des compétences, il reflète un fonctionnement et des valeurs extérieurs à l'école – la finance, l'entreprise. L'objectif de régulation des comportements, toujours primordial, est instrumentalisé pour adapter les ressources humaines à la globalisation. La transformation des contenus économiques de l'enseignement leur donne un caractère régulateur prononcé. L'utilisation de l'éducation économique à des fins politiques renvoie à l'analyse de l'économie sociale du marché comme un ordre social ; elle met en équivalence des revendications politiques d'acteurs différents et des idéologies d'horizons doctrinaux divers.Teaching economics in secondary schools in Germany : a quarrel between the old school and modernists ?This article explores the history and the legitimatisation of economics “to be taught” in Germany. Contrary to France, school education is not the pillar of the German civil and social model, which above all targets the person, his or her intellectual plenitude, his or her economic and professional success. Secondary school subjects are not clearly related to disciplines. Differently from the academic field, the pedagogical field of SES is pluri-disciplinary and each Länder develops its own courses. The crisis of a curricular form which had been stable since the 1970s – economics as an integral part of the teaching of social sciences – made it possible to analyse its current state, via the contribution of different actors : didacticians, management, unions, foundations. Orientated by the logic of expertise, it reflects how it operates and has values far beyond the academic arena - finance, the corporate world. The key objective of regulating behaviour is instrumentalised in order to adapt human resources to globalisation. The transformation of the economic content of teaching gives it a pronounced regulatory nature. The use of economic education for political purposes shifts the analysis of the social economy towards the market as a social order ; it matches the political claims of different actors and the ideologies of diverse doctrinal horizons.
- Pour une histoire et une sociologie de l'enseignement de l'économie - Élisabeth Chatel p. 5-21
Témoignages
- L'enseignement de l'économie au carrefour des réformes : saurons-nous saisir l'occasion ? - Jack Reardon p. 87-102 Constatant aux États-Unis l'échec de l'enseignement économique –à expliquer l'économie actuelle, comprendre la crise financière, résoudre des problèmes chroniques comme la pauvreté, préparer les étudiants à remédier aux difficultés à venir comme le changement climatique et à être capables d'écouter, dialoguer et travailler en collaboration avec d'autres– l'auteur aspire à pousser l'économie vers un pluralisme, aux antipodes de l'enseignement traditionnel où un supposé expert transmet à des élèves passifs des connaissances toutes faites. Si un des buts de l'éducation est d'expliquer le passé pour comprendre le présent, conceptualiser les problèmes et leur trouver des solutions efficaces, l'enseignement doit s'ancrer dans l'expérience des élèves afin qu'ils comprennent ce qu'ils apprennent et prennent une part active dans le processus de leur propre maturation. Pour développer leur esprit critique, il faut les exposer à divers points de vue, car, soumis à une idéologie unique, leur créativité et leur développement intellectuel sont bridés. Les sciences économiques peuvent éclairer les problèmes et apporter des solutions, à condition de se renouveler et d'encourager le pluralisme et la collaboration avec les autres sciences sociales. La pluralité y réintroduira la modestie, la coopération et le dialogue, qui leur ont fait défaut si longtemps.Teaching economics at the crossroads of reforms : are we capable of seizing the occasion ?
Observing how the teaching of economics has failed to explain the current economy, to understand the financial crisis, to solve chronic problems such as poverty, to prepare students to find solutions to future issues such as climate change and to be capable of listening, dialoguing and working with others, the author aspires to shift economics towards a pluralism, at the polar opposite of traditional teaching in which an “expert” transmits ready-made knowledge to passive students. If one of the aims of education is to explain the past in order to understand the present, conceptualising problems and finding efficient solutions for them, then teaching must be anchored in the experience of students so that they can understand what they are learning and take an active part in the process of their own growth. In order to develop their critical spirit, they must be exposed to different points of view, for if they are subjected to a single ideology, their creativity and intellectual development will be stunted. Economic sciences can clarify problems and offer solutions, as long as they renew themselves and encourage pluralism and collaboration with the other social sciences. Plurality will reintroduce modesty, cooperation and dialogue, a long-term failing. - Le mouvement “Autisme-économie” (2000-2001) : victoire intellectuelle, défaite politique - Gilles Raveaud p. 103-118 L'auteur analyse l'échec, malgré la puissance des arguments et de la mobilisation, du Mouvement des étudiants pour la réforme de l'enseignement de l'économie (MEPRE) appelé “Autisme-économie” qui a, en 2000-2001, violemment contesté l'enseignement dominant de la microéconomie, dénonçant l'irréalisme des cours, l'enfermement des chercheurs dans leurs mondes imaginaires qui les rendent autistes. Il étudie la pertinence de la contestation, les échos universitaire, médiatique et international de l'initiale lettre ouverte aux “Professeurs et responsables de l'enseignement” qui regrettait que la théorie “effectue rarement le nécessaire retour aux faits”, refusait que la formalisation mathématique devienne une fin en soi et revendiquait “un pluralisme des approches en économie” face à la théorie néoclassique. Il constate qu'avec la mobilisation et les travaux engendrés (rapport Fitoussi 2001) le mouvement Autisme-économie a atteint son apogée, mais que la réforme n'a pas eu lieu. Il avance des raisons –la carrière des enseignants-chercheurs, l'effacement de l'enseignement face à la recherche– et cherche des leviers du changement alors que la mobilisation reste intense.The “Autism-Economics” movement (2000-2001) : an intellectual victory, a political defeat
The author analyses the failure, despite the power of the arguments and powerful mobilisation, of the student movement for the reform of economics teaching (MEPRE) entitled “Autism-economics” which, in 2000-2001 violently contested the dominant teaching of microeconomics, by denouncing the lack of realism in lessons and researchers enclosed in their imaginary worlds rendering them autistic. He studies the pertinence of the claims, the university, media and international echoes of the initial open letter to “Professors and education managers” who regretted that theory “is rarely based on facts”, refused to let mathematic formalisation become an end in itself and claimed “a pluralism of approaches in economics” when confronted with neoclassical theory. He observes that the Autism-Economics movement reached its apogee due to the mobilisation and work which was carried out (Fitoussi report, 2001), but that reform never occurred. He puts forward reasons –the careers of teacher-researchers, the erasure of teaching in favour research– and tried to find levers of change whilst the mobilisation remains intense.
- L'enseignement de l'économie au carrefour des réformes : saurons-nous saisir l'occasion ? - Jack Reardon p. 87-102
Varia
- Une priorité ambiguë ? Les sociaux-démocrates et l'éducation en France et en Grande-Bretagne (1970-2000) - Ismail Ferhat p. 119-132 L'éducation constitue un des centres d'intérêt majeurs des mouvements sociaux-démocrates, tant en France (Parti socialiste ou PS) qu'en Grande-Bretagne (Labour). Ce rapport spécifique aux questions éducatives a des explications multiples et enracinées dans l'histoire de ces organisations (attachement au caractère émancipateur du savoir, surreprésentation des enseignants au Labour et surtout au PS). De ce fait, cet article s'attache à étudier les paradoxes de la “priorité à l'éducation” affirmée aussi bien par le Parti socialiste que par le Labour. Si cette revendication paraît stable dans le temps (donnant l'image d'une grande continuité), elle masque des mutations importantes depuis les années 1970. Celles-ci concernent à la fois les programmes de ces partis, les politiques menées et les rapports avec les personnels éducatifs.An ambiguous priority ? The social democrats and education in France and Great Britain (1970-2000)Education is one of the major centres of interest of the social democratic movements both in France (the Socialist Party) and in Great Britain (the Labour Party). This specific relationship between educational issues and multiple explanations is rooted in the history of these organisations (attachment to the emancipating character of knowledge, the over representation of teachers in the Labour Party and above all in the Socialist Party). Thus, this article attempts to study the paradoxes of “priority to education” which are as important to the French Socialist Party as they are to the Labour Party. If this claim appears to have stabilised over time (giving the image of a greater continuity), it masks the significant mutations which have occurred since the 1970s. These concern these parties' programs, the policies which have been carried out and relations with educational personnel.
- Unification des filières de l'enseignement agricole et diversité d'établissements : un effet positif en termes de réduction des inégalités ? - Laure Minassian p. 133-150 De nombreux travaux en sociologie ont mis en évidence la structuration de l'enseignement professionnel par filières. Mais celle-ci ne se double-t-elle pas d'une structuration par types d'établissements ? C'est l'hypothèse suggérée par cette recherche sur l'enseignement agricole. Des données statistiques portant sur les origines sociales et les trajectoires scolaires des élèves de deux grandes familles d'établissements de l'enseignement privé (les Maisons familiales rurales et le Conseil national de l'enseignement agricole privé), croisées avec un certain nombre de résultats d'une enquête ethnographique sur les rapports à l'école, aux savoirs et au stage professionnel des élèves, objectivent la présence d'un tri dans le recrutement des publics. Si la présence d'une pluralité de formations pour un même diplôme est aujourd'hui largement encouragée, ces enquêtes ne montrent pas une efficacité probante de ce modèle.Unification of the agricultural teaching branches and diversity of academic institutions : a positive effect in terms of reducing inequalities ?A lot of sociological work highlights the structuration of vocational teaching by academic branch. But does this not just lead to a structuration by type of academic institution ? This is the hypothesis suggested by this research on agricultural teaching. Statistical data focusing on the social origins and academic trajectories of students from two large families of private academic institutions (the Rural Family Houses and the National Council of Private Agricultural Education), cross-referenced with results from an ethnographic survey on relations at school, knowledge and the professional internships of students, objectify the fact that there is a sorting of populations during recruitment. If a plurality of training for the same diploma is greatly encouraged today, these surveys do not prove this model's efficiency.
- Comprendre les dysfonctionnements dans un projet partenarial artistique : Opéra à l'école - Virginie Ruppin p. 151-167 L'art à l'école a des effets aussi bien sur les élèves que sur les enseignants. Le plaisir et le mieux-vivre à l'école engendrés par le projet “Opéra à l'école” en primaire peuvent-ils concerner également les enseignants ? L'analyse des dysfonctionnements rencontrés tout au long de la mise en œuvre du projet permet d'approfondir l'investigation. Des situations problématiques ont été repérées et collectées par des observations de réunions d'enseignants et d'artistes et par des entretiens individuels. L'étude montre que le fonctionnement artistique remporte difficilement l'adhésion des enseignants, renvoyés par leurs propres valeurs à une forme scolaire ancrée bien loin d'une expression artistique libératrice.Understanding the dysfunctions of an artistic partnership project : opera at schools
Art in the classroom effects both students and teachers. Can the pleasure generated by the “Opera at school” project at primary schools also improve teachers' well-being in the classroom ? The analysis of the dysfunctions encountered all along the implementation of a project enabled an in-depth investigation. Problematic situations were noted and collected by the observation of meetings between teachers and artists and via individual interviews. The study shows that it was difficult for the teachers to take on board the artistic aspect due to their deep attachment to the values of an academic form which prevents them from being liberated by an artistic expression. - Frais d'inscription universitaires et justice sociale : l'exemple de l'Angleterre - Jules Donzelot p. 169-183 Comment se présente, en Angleterre, l'articulation entre les enjeux de financement de l'enseignement supérieur et les objectifs de justice sociale ? La forte élévation des droits universitaires – jusqu'à 11 000 £ – nuit-elle nécessairement à l'égalité des chances d'accès aux études supérieures ? Comment cette démarche a-t-elle été conçue ? Dès 1965, le choix d'une politique d'expansion de l'enseignement supérieur provoque les réticences des universités. Pour les contraindre, le gouvernement s'appuie sur les polytechnics (équivalents des IUT en France) pour réformer ensuite les universités et les soumettre aux mêmes exigences. Les néotravaillistes, arrivés au pouvoir à la fin des années 1990, ont promu une stratégie d'encouragement des élèves des classes populaires à l'accès à l'université. Fondé sur la stimulation des aspirations des étudiants, leur discours vise une amélioration continue de la mobilité sociale. La hausse des frais d'inscription universitaires devient alors un moyen de fournir les ressources permettant d'atteindre cet objectif. Quinze ans après, des résultats significatifs semblent bien avoir été obtenus.University tuition fees and social justice : the English example
In England, how are the financial stakes of higher education and the objectives of social justice articulated ? Does the significant increase in university tuition fees, up to £11,000, have a negative impact on the equality of opportunities with regard to access to higher education ? How was this system designed ? Already in 1965, universities were against a policy expanding higher education. To coerce them, the government used the polytechnics to reform the universities and subject them to the same requirements. New Labour which came to power at the end of the 1990s, promoted a strategy of encouraging working class children to got to university. Focusing on aspiring students, its policy targeted a continuous improvement in social mobility. The increase in university tuition fees therefore became a means of supplying the necessary resources to achieve this objective. Fifteen years later, significant results have been obtained.
- Une priorité ambiguë ? Les sociaux-démocrates et l'éducation en France et en Grande-Bretagne (1970-2000) - Ismail Ferhat p. 119-132
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 185-201