Contenu du sommaire : L'allié
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 41, 2019/2 |
Titre du numéro | L'allié |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Frédéric Gout p. 7-9
Dossier
- L'Arche d'alliance - Haïm Korsia p. 11-17 De Noé aux patriarches et à Moïse, les alliances conclues avec Dieu concernent tous les enfants d'Israël, afin de leur transmettre les principales lignes de conduite pour contribuer à la construction d'un monde heureux. En ce sens, l'Arche d'alliance symbolise un pacte, une promesse, une alliance entre Dieu et l'humanité, préparant la réception de la parole divine. Les dix commandements qui y sont conservés sont des principes porteurs d'espérance, de générosité et de bonheur. De leur respect découlent l'épanouissement et le bonheur des hommes.From Noah to the patriarchs and Moses, the alliances, or “covenants”, made with God concerned all the children of Israel, as a means of instilling in them the guiding principles of conduct contributing to the establishment of the Hebrew world. In this sense, the Ark of the Covenant symbolizes a pact, a promise and an alliance between God and humanity, paving the way for the reception of the divine word. The Ten Commandments, which were kept in the Ark, are principles of hope, generosity and happiness. Obedience to them forms the foundations for the flourishing and happiness of humankind.
- Qu'est-ce qu'un allié pour Rome ? - Benoît Rossignol p. 19-25 Tout autant que la victoire militaire, l'alliance et la diplomatie ont été des instruments de l'expansion et de la domination romaine. Pour Rome, la frontière est mince entre la position d'allié et celle de vaincu. Rome traite avec chacun individuellement, parfois unilatéralement. À son service, tous doivent contribuer à sa puissance militaire. Toutefois, elle peut leur procurer un appui militaire considérable et l'horizon de l'intégration à la romanité a assuré la cohésion de l'empire. Néanmoins, à la fin de l'Antiquité, les relations avec les peuples barbares sont bien moins favorables à Rome.Roman expansion and domination relied as much on alliances and diplomacy as on military victory. For Rome, there was only a thin boundary between the ally and the vanquished. Rome dealt with each ally individually, and sometimes unilaterally. At the service of Rome, allies had to contribute to its military power. However, Rome could also provide them with considerable military support, and the perspective of integration into the Roman world assured the cohesion of the empire. However, at the end of Antiquity, relations with the barbarian peoples were much less favourable to Rome.
- Les traités franco-américains de 1778 ou la diplomatie du tabac - Marc Vigié p. 27-34 Ce ne sont ni les bons sentiments ni les idéaux exaltés par La Fayette qui poussent les Insurgents d'Amérique et la monarchie française, que tout oppose, à sceller en 1778 une alliance commerciale, politique et militaire, mais plutôt le sentiment de leur communauté d'intérêts. Le Congrès sait que sa cause est vaine sans l'aide française, tandis que Vergennes saisit une occasion inespérée de laver l'humiliation subie en 1763 avec le traité de Paris. Dès 1775 se met ainsi en place une King Tobacco Diplomacy par laquelle le ministre français espère priver l'Angleterre du monopole du commerce du tabac de la Chesapeake, la seule véritable richesse des colonies révoltées et, plus largement, du contrôle économique de l'Atlantique nord. Ce sera un échec.Neither noble sentiments nor the ideals exalted by La Fayette impelled the commercial, political and military alliance in 1778 between the American “Insurgents” and the French monarchy, who could not be otherwise more mutually opposed: instead it was a sense of their common interests. Congress knew that its cause was vain without the aid of the French, while Vergennes seized on this unhoped-for opportunity to avenge the humiliation suffered in 1763 with the Treaty of Paris. So, by 1775, a King Tobacco Diplomacy was established, by which the French minister hoped to deprive England of the monopoly of the tobacco trade from Chesapeake, the only commodity of real value from the colonies in revolt, and, more broadly, to undermine England's economic control of the North Atlantic. It ended in failure.
- La méthode Lyautey - Julie d'Andurain p. 35-40 Préconisant de recourir à la force comme ultima ratio et non comme préalable à la négociation, théorisée sur un plan tactique par l'expression la « tache d'huile », la méthode de Lyautey s'appuie sur un principe de conquête menée à l'économie et sur la nécessité, une fois les combats terminés, d'organiser les territoires dans un cadre pacifique et rassurant pour les populations locales. Dès lors, la recherche des alliances apparaît comme l'un des passages obligés de la guerre coloniale.Recommending the recourse to force only as a last resort, the “ultima ratio”, or “final argument”, instead of using it in line with conventional strategic theory as a preliminary tactic to “gain ground” prior to negotiation, the Lyautey method is based on a principle of conquering the economy and on the need, once combat has ceased, to organize territories within a framework that is peaceful and reassuring for the local populations. In that light, the search for alliances appears to be one of the obligatory steps in a colonial war.
- Un bon allié pour les poilus - François Lagrange p. 41-48 Qu'est-ce qu'un bon allié de l'avis des soldats français sur le front occidental ? L'étude de leurs lettres et des synthèses périodiques du contrôle postal permet d'indiquer certaines inflexions significatives, quelques points hauts et bas suggestifs, essentiellement pour la perception des quatre alliés majeurs : les Russes, les Britanniques, les Italiens et les Américains.What constituted a good ally, in the opinion of the French soldiers on the Western Front? A study of their letters and of the periodic summaries provided by the postal inspection authorities provides indications of key turning points and some evocative highs and lows, especially in relation to the four main allies—Russians, British, Italians and Americans.
- La guerre en coalition : la voie française - Philippe Vial p. 49-65 Les coalitions sont devenues pour la France une réalité d'une importance croissante depuis un siècle. De ponctuelle avant 1945, elle est devenue structurelle pour un pays dont la sécurité ne se conçoit plus dans un cadre purement national. Dans le même temps, cette réalité a été difficile à accepter et le demeure à certains égards. Car, par définition, la Grande Nation ne se coule pas facilement dans le modèle d'une coalition… Celui-ci s'est en effet construit, entre la fin du XVIIe et le début du XIXe siècle, contre l'impérialisme français. Si, aujourd'hui, ce dernier a cessé d'être une menace pour l'Europe, l'affirmation de l'indépendance nationale demeure. Depuis plus d'un demi-siècle, la dissuasion lui a donné une nouvelle dimension. Ainsi, la question des coalitions introduit au cœur des tensions qui structurent la défense nationale jusqu'à nos jours, à la fois nécessairement intégrée et irréductiblement souveraine. De ce fait, il y a bien une voie française de la guerre en coalition, qui est un révélateur méconnu mais puissant de l'identité nationale en matière de défense.For a century, coalitions have become an increasingly important reality for France. While coalitions used to be temporary until 1945, they have become the norm for a country that cannot conceive its security in a solely national context. And yet, this reality has proven difficult to accept in some regards, and even today. By definition indeed, the Grande Nation does not fit easily into a coalition framework, which has actually been developed between the end of the 17th century and the beginning of the 19th century against French imperialism. If the latter has since ceased to represent a threat in Europe, the persistent affirmation of French national independence remains, and has even been given a new dimension by the nuclear dissuasion for more than half a century. Hence, the question of coalitions is central to the tensions and balances that have been structuring national defense to this day, both necessarily integrated and yet irreducibly autonomous. Consequently, there is indeed a French way of coalition warfare, a lesser-known but powerful tenet of national identity in terms of defense.
- Qu'est-ce qu'un allié ? - Jean-Vincent Holeindre, Marie Robin p. 67-76 Cet article donne d'abord une définition de l'allié, dont l'originalité est d'intégrer les acteurs non étatiques à la réflexion. Il propose ensuite une typologie, appuyée sur la métaphore des cartes, où sont identifiés quatre types d'alliés : l'allié de pique, avec lequel on s'associe parce qu'on en a peur ; l'allié de trèfle, que l'on choisit parce que l'on en a besoin ; l'allié de cœur, avec lequel on partage des valeurs ; l'allié de carreau, auquel on est lié par des normes, par exemple un traité. Dans une seconde partie, on s'interroge sur les combinaisons gagnantes permettant de définir un « bon » allié et ce faisant l'efficacité d'une alliance.This article starts by providing a definition of the word “ally”, with the originality of including non-state entities in the concept. The article then proposes a typology based on the analogy of a pack of cards, identifying four types of ally—the ally of spades, with whom entities form an alliance because they are afraid of it, the ally of clubs, chosen because it is needed, the ally of hearts, with whom the entity has shared values, and the ally of diamonds, with whom allies are bound by legal constraint, for example by treaty. In the second part, the article investigates the winning combinations that distinguish a “good” ally and thereby determine the effectiveness of an alliance.
- Des alliances par temps de turbulences - Jacques Tournier p. 77-86 La question de savoir qui sont nos principaux alliés et ce qu'il faut en attendre a longtemps reçu une réponse relativement simple. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, la France était l'un des principaux acteurs d'un jeu souvent versatile d'alliances visant à garantir l'équilibre des rapports de force entre les puissances du continent européen. Lorsqu'ensuite a prévalu le face-à-face hostile entre les États-Unis et l'Union soviétique, elle a naturellement rejoint l'Alliance atlantique. Et tandis que la « parenthèse de la paix » lui donnait de confirmer son appartenance au camp occidental, l'émergence de la psdc a laissé entrevoir la constitution d'un pôle d'alliances resserré avec les États membres de l'Union européenne. Les évolutions récentes de la donne stratégique semblent néanmoins augurer une profonde recomposition du jeu des alliances dont l'issue, encore incertaine, justifie de persévérer dans la conservation des moyens de défense commune.The question of knowing who our main allies are and what to expect of them has long been given a relatively simple answer. Until the Second World War, France was one of the main players in a game of frequently shifting alliances aimed at guaranteeing the balance of power between the major powers on the European continent. In the post-war period, dominated by the hostile confrontation between the United States and the Soviet Union, France naturally joined the North Atlantic alliance. And, while the “parenthesis of peace” enabled France to cement its place in the Western camp, the emergence of the csdp opened the perspective of establishing a new pole of closer alliance with the member states of the European Union. However, recent developments in the strategic situation seem to augur a period of major realignment of alliances, as yet with no certain outcome, and justify perseverance in maintaining joint defence capabilities.
- De l'allié exceptionnel de temps de guerre à l'allié permanent de temps de paix - Guillaume Lasconjarias, Olivier Schmitt p. 87-92 Les motivations conduisant les États à former une alliance sont multiples, relevant de la nécessité militaire comme de la convergence de vues politiques et culturelles. L'importance relative de ces motivations explique pourquoi une alliance forgée par la nécessité en temps de guerre peut parfois s'institutionnaliser et se maintenir en temps de paix. L'exemple de l'otan est révélateur de ces dynamiques et des tensions liées à l'emploi collectif de la force militaire.The motives that prompt states to form an alliance are many and varied, deriving from military necessity and the convergence of political and cultural views. The relative significance of these motives explains why an alliance formed out of need in wartime can sometimes be institutionalized and perpetuated during peacetime. The example of nato is revealing in examining these dynamics and the tensions associated with the collective use of military force.
- L'allié naval - Jean-Philippe Rolland p. 93-100 Les forces navales, très intégrées par construction, déploient fréquemment leur action dans un cadre multinational, en appliquant des modes coopératifs, tactiques et techniques hérités de l'Alliance atlantique. Ce socle d'interopérabilité, qui permet aussi d'agir dans d'autres cadres politiques, est un trésor méconnu qu'il est essentiel de préserver. Mais c'est bien la convergence des gouvernants sur les objectifs et les cadres d'emploi qui, en mer comme ailleurs, fait la force des alliances et des coalitions.Naval forces, which are highly integrated by construction, frequently deploy their action in a multinational framework, employing tactical and technical cooperative methods inherited from the Atlantic Alliance. This foundation of interoperability, which also enables action in other political frameworks, is an unrecognized treasure that it is essential to preserve. But, whether on the seas or elsewhere, the strength of alliances and coalitions depends on the convergence of government leaders concerning the aims and frameworks of the use of force.
- L'interopérabilité multinationale - Charles Beaudouin p. 101-109 Les engagements de l'armée de terre sont aujourd'hui le plus souvent conduits avec des alliés ou en coalition multinationale. Sa capacité à s'entraîner et à opérer de manière coordonnée ou intégrée avec des partenaires étrangers est donc une condition essentielle pour atteindre les objectifs opérationnels qui lui sont fixés. Pour ce faire, organisation, doctrines, procédures, équipements et relations humaines doivent être compatibles.Today, the engagements of the French army are generally conducted with allies or in multinational coalition. The army's capability to train and operate in coordination and integration with foreign partners is therefore an essential condition for attaining the operational objectives assigned to it For this purpose, the organization, doctrines, procedures, equipment and human relations must be compatible.
- Occuper un poste interallié - Olivier Rittimann p. 111-116 Au sein de l'otan, la France n'occupe que 80 % des postes qui lui sont dévolus. Si les ressources limitées, en personnel comme en budget, expliquent en partie cette incapacité à honorer son engagement, il ne faut pas négliger une part de réticence culturelle que l'on peut en partie appréhender par l'histoire. Ce n'est en effet que depuis 2009 que les militaires français occupent des postes interalliés, soit seulement trois rotations de personnels. C'est donc encore un fait nouveau, peu ou mal connu, objet de nombreux préjugés, idées reçues, poncifs. Non, il n'est pas obligatoire d'avoir un « marquant » relations internationales pour servir en interallié. Non, ce ne sont pas des vacances, bien payées de surcroît. Non, l'otan n'est pas une usine à gaz bureaucratique et normative.In nato, France occupies only 80% of the posts assigned to it. If this inability to honour its engagement can partly be explained by limited resources, in terms of both personnel and budget, the role of cultural reticence, which can partly be explained by history, should not be ignored. In fact, French military personnel have only been occupying inter-allied posts since 2009, representing only three staff-rotation periods. So, the question is still relatively new, unfamiliar or little-understood, and is the object of many prejudices, preconceived ideas and clichés. No, it is not compulsory to have a “badge” of expertise in international relations to serve in inter-allied command. No, it does not mean a well-paid holiday. No, nato is not a convoluted mess that only churns out bureaucracy and regulations.
- Quel allié sommes-nous ? - Jean Michelin p. 117-122 Au cœur de toute relation entre alliés se trouve la notion fondatrice de réciprocité. S'interroger sur la façon dont nos alliés nous perçoivent implique de concentrer l'étude sur les ressentis et les impressions, et permet de comprendre que la France est à la fois un allié difficile et très crédible, donc recherché en dépit des défauts prêtés à notre caractère national. En avoir conscience et chercher à le comprendre, y compris avec humour, est un élément important du bon fonctionnement de nos alliances.At the heart of every relation between allies we find the founding notion of reciprocity. To ask how we are perceived by our allies implies focusing our study on feelings and impressions, enabling us to understand that France is seen as both a difficult and a very credible ally, so that it is desired as an ally despite its faults, which are ascribed to our national character. An awareness of this and the attempt to understand it, including through humour, is essential to the effective operation of our alliances.
- Influencer son allié - Laurent Luisetti, Julien Viant p. 123-132 Dans le monde particulièrement complexe d'aujourd'hui, notamment caractérisé par la multiplicité des acteurs en diplomatie comme dans le domaine militaire, influencer l'allié est un nécessaire préalable à la mise en œuvre de toute stratégie en vue de vaincre, quel que soit le domaine considéré. La connaissance des nombreuses techniques qu'elles pourront utiliser au service de l'intérêt supérieur doit faire partie de la formation des élites, quelle que soit la puissance dont elles disposent. La liberté d'esprit et la marge de manœuvre permettant de peser dans toute négociation en dépendent, afin de gagner l'appui espéré de leurs alliés dans un intérêt idéalement commun.In the particularly complex world of today, characterized in particular by the large number of players both in diplomacy and in the military domain, the ability to influence your ally is a necessary precondition to implementing any strategy aimed at victory, in whatever domain concerned. Knowledge of the many techniques that can be used to serve the higher interest must be part of the training of elites, regardless of the power they may have. Freedom of thought and the margin for manœuvre to influence any negotiation will depend on this training, with the aim of gaining the desired support of our allies in what should ideally be perceived as the common interest.
- Trahir - Jérôme Pellistrandi p. 133-138 La trahison est une réalité militaire et politique qui a marqué notre histoire. Au XXe siècle, l'attaque de Mers el-Kébir par les Britanniques a été perçue comme une trahison par les Français, tandis que l'occupation de la zone libre en novembre 1942 constitue une violation des conventions de l'armistice de juin 1940. L'aveuglement et une discipline absolue d'une grande partie du corps des officiers de l'armée de Vichy ont abouti à un fiasco. En 1956, la crise de Suez, même si elle ne constitue pas une trahison, est marquée par un lâchage politique de la part de Washington. Cette fois-ci, les dirigeants politiques et militaires français surent en tirer les conséquences.Betrayal is a military and political reality that has marked our history. In the 20th century, the attack on Mers-el-Kébir by the British was seen as a betrayal by the French, while the occupation of the “zone libre” (free zone) in 1942 constituted a violation of the armistice conventions of 1940. The blindness and absolute discipline of a large part of the officer corps of the Vichy army led to a fiasco. In 1956, the Suez crisis, even if it did not constitute a betrayal, marked a political abandonment by Washington. This time, the French political and military leaders were able to draw the appropriate conclusions.
- L'alliance des européens en devenir - Philippe Herzog p. 139-147 Les risques de désintégration de l'Union vont s'accentuer si nous ne nous montrons pas capables de redonner sens à notre projet d'alliance des Européens en régénérant l'idée et la volonté de bâtir une communauté sociale et politique. La redéfinition des biens communs que nous voulons partager fera appel à un nouvel humanisme dans une Europe ouverte au monde. Ses alliances ont reposé dans le passé sur une vision du monde euro-centrée et dominatrice. Elles devront désormais reposer sur une acceptation de la pluralité du monde et incarner des coopérations et des solidarités nouvelles. C'est une révolution copernicienne. Pour se montrer capable de renouveler l'idée kantienne de paix perpétuelle, l'Europe doit faire l'épreuve du regard des autres et construire avec eux des liens d'égal à égal. Pour aller vers un ordre mondial pacifique et solidaire, il faut avancer vers une alliance des peuples beaucoup plus vaste que celle des Européens, qui n'aura ni centre ni périphéries.The risks of disintegration of the European Union will accentuate if we do not demonstrate that we are able to restore meaning to our project of a European alliance, by regenerating the idea and the will to build a social and political community. The redefinition of the public goods that we wish to share will demand a new humanism in a Europe open to the world. In the past, Europe's alliances have been based on a Eurocentric vision of the world and on dominance. Now they will have to be based on acceptance of the world's plurality and must embody new forms of cooperation and solidarity. This will be a Copernican revolution. To demonstrate that the continent is capable of renewing the Kantian idea of perpetual peace, Europe must face up to how it is viewed by others and join with them in establishing bonds between equals. To progress towards a peaceful and socially conscious world order, we will have to advance towards a much vaster alliance between peoples than is possible solely on the European scale, and this alliance will be without centre and without periphery.
- L'Arche d'alliance - Haïm Korsia p. 11-17
Pour nourrir le débat
- La grande guerre est terminée ! Retour sur un centenaire exemplaire - Marc Vigié p. 149-159 Cinq années durant, sans barguigner ni désemparer, sans jamais faiblir ni lasser, partout dans le pays, des plus modestes villages à la capitale, des milliers de colloques, de conférences, d'expositions, de manifestations artistiques et culturelles, de projets éducatif, ont composé une longue liturgie mémorielle dont les amples cérémonies institutionnelles donnèrent la cadence. Aujourd'hui une évidence s'impose, y compris aux esprits chagrins qui en doutaient fort comme aux tenants d'un post modernisme hypercritique qui s'en agaceront : le centenaire de la Grande Guerre aura été exemplaire, la commémoration réussie. Reste à établir les raisons d'un succès tout à la fois historique, politique et civique.For five years, without hesitating or stopping, without ever weakening or letting up, everywhere in the country, from the most modest villages to the capital, thousands of talks, conferences, exhibitions, artistic and cultural events and educational projects have composed a long memorial liturgy to the accompanying drumbeat of the large-scale institutional ceremonies. Today, one thing is clear, even to the naysayers who expressed their strong doubts and to the proponents of hypercritical post-modernism, who will be irritated by the fact: the Centenary of the Great War was exemplary, and the commemoration a success. We must now establish the reasons for this success, which was simultaneously historic, political and civic.
- Ce que racontent, dans le silence, les monuments aux morts - Patrick Clervoy p. 161-165 Dans toutes les villes et les villages de France, les monuments aux morts de la Grande Guerre rendent hommage à l'héroïsme et au sacrifice de ceux qui y furent tués. Vues de loin, les fresques et les statues sont martiales et résolues. Mais lorsque l'on y regarde de plus près, ces monuments chuchotent parfois une autre histoire, celle de la douleur, de la protestation, de l'incompréhension et du refus. C'est ce que nous observons lorsque nous parcourons Petits Soldats, le recueil photographique réalisé par Jean-François Dars et Anne Papillault paru à l'occasion du Centenaire.In every city, town and village of France, monuments to the victims of the Great War pay homage to the heroism and sacrifice of those who were killed. Seen from afar, these frescoes and statues appear martial and resolute. But when you look closer, the monuments sometimes whisper another story, that of pain, protest, incomprehension and refusal. That is what we find on browsing through Petits Soldats, the photographic collection produced by Jean-François Dars and Anne Papillault, published on the occasion of the Centenary.
- L'historien et le romancier : les meilleurs ennemis du monde ? - François Cochet p. 167-173 Les relations entre l'historien et le romancier sont tout sauf simples. Tout à la fois complémentaires et conflictuelles, elles posent un certain nombre de questions sur la construction des savoirs, les pratiques d'écriture des deux corporations, mais aussi sur les imprégnations sociales par ces savoirs. Un éclairage avec l'exemple de la Grande GuerreRelations between the historian and the novelist are anything but simple. Both complementary and conflictual, these relations pose a number of questions regarding the construction of knowledge and the practice of writing between these two corporations, and also concerning the impregnation of society by these different forms of knowledge. A study, with an example from the Great War.
- La grande guerre est terminée ! Retour sur un centenaire exemplaire - Marc Vigié p. 149-159
Translation in English
- What is an ally? - Jean-Vincent Holeindre, Marie Robin p. 175-186 Cet article donne d'abord une définition de l'allié, dont l'originalité est d'intégrer les acteurs non étatiques à la réflexion. Il propose ensuite une typologie, appuyée sur la métaphore des cartes, où sont identifiés quatre types d'alliés : l'allié de pique, avec lequel on s'associe parce qu'on en a peur ; l'allié de trèfle, que l'on choisit parce que l'on en a besoin ; l'allié de cœur, avec lequel on partage des valeurs ; l'allié de carreau, auquel on est lié par des normes, par exemple un traité. Dans une seconde partie, on s'interroge sur les combinaisons gagnantes permettant de définir un « bon » allié et ce faisant l'efficacité d'une alliance.This article starts by providing a definition of the word “ally”, with the originality of including non-state entities in the concept. The article then proposes a typology based on the analogy of a pack of cards, identifying four types of ally—the ally of spades, with whom entities form an alliance because they are afraid of it, the ally of clubs, chosen because it is needed, the ally of hearts, with whom the entity has shared values, and the ally of diamonds, with whom allies are bound by legal constraint, for example by treaty. In the second part, the article investigates the winning combinations that distinguish a “good” ally and thereby determine the effectiveness of an alliance.
- What is an ally? - Jean-Vincent Holeindre, Marie Robin p. 175-186
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 187-199