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Revue Revue juridique de l’environnement Mir@bel
Numéro vol. 21, no 1-2, 1996
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Le droit de la biodiversité - Jean-Pierre Beurier p. 24 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les découvertes récentes en biologie moléculaire et leurs applications en génie génétique ouvrent des voies nouvelles en médecine, en agroalimentaire ou en technologie des matériaux. Les travaux les plus récents montrent une perte importante de la biodiversité à notre époque, dont la cause est humaine. Afin de tirer profit des découvertes de la génétique, il convient de préserver la biodiversité, réserve naturelle de gènes. Cette préoccupation protectionniste est le fait des pays développés, alors que les pays en développement souhaitent avant tout tirer avantage de la vente d'espèces ou du contrôle de l'accès à celles-ci. Le droit international de l'environnement n'était pas armé pour répondre à ce besoin nouveau. C'est pourquoi la Convention de Rio de 1 992 traite de la biodiversité. Elle entérine les thèses des pays en développement, instaurant une privatisation généralisée de l'accès à ces ressources nouvelles, dans le droit fil des résolutions sur la souveraineté des peuples sur leurs ressources naturelles. Les ressources génétiques deviennent un produit commercial comme les autres. L'accès aux gènes est source de redevances ou d'un troc : liberté d'accès contre transfert de technologie. Dans la zone intertropicale, souvent l'accès aux espèces génétiquement intéressantes pose le problème de la protection du sol, du mode de vie et du savoir des populations autochtones qui ont parfois des rapports conflictuels avec l'Etat prétendant exercer sa souveraineté sur ce territoire. La vision commerciale des ressources génétiques, la brevetabilité du vivant ont projeté la biodiversité sur le devant de la scène juridique internationale. Il n'est pas certain que le droit en vigueur soit le meilleur moyen d'assurer la protection de la biodiversité dont pourtant le monde de la recherche, unanime, s'accorde à penser qu'elle a une importance considérable pour la société de demain.
      Recent discoveries in molecular biology and their application to genetic engineering are opening up new avenues in medicine, food production and material technology. The latest research shows the biodiversity has been significantly reduced in our time as a resuit ofhuman activées. In order to benefit from genetic discoveries, it is advisable to préserve biodiversity, the natural repository of gènes. This protectionist stance is characteristic of developed countries, whereas developing countries wish above ail to take advantage of the situation by selling species or controlling access thereto. International environmental law was not equipped to address this new issue, which is why the Rio Convention of 1992 deals with biodiversity. It supports the approach of developing countries by instituting generalised privatisation of access to thèse new resources, directly along the Unes of resolutions on national sovereignty over natural resources. Genetic resources are becoming a commercial product like any other. Access to gènes may be used as the basis for taxes or exchanges : freedom of access in return for technology transfer. In the Tropics, access to genetically valuable resources often gives lise to problems ofprotecting the land, lifestyle and knowledge ofindigenous commu- nities which sometimes hâve an uneasy relationship with the State claiming sovereignty over the territory concerned. The commercial conception of genetic resources and the ability to patent IMng orga- nisms hâve projected biodiversity to the front of the international légal arena. It is open to doubt whether existing law is the best way ofensuring the protection of biodiversity, even though the research community unanimously considers biodiversity to be of considérable importance for tomorrow's society.
    • La responsabilité personnelle des directeurs techniques ayant dans leurs attributions des compétences en matière d'environnement - Pascale Steichen p. 22 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      De nombreuses entreprises tendent aujourd'hui à confier à un « responsable » la mission de gérer et de prévenir les risques d'atteinte à l'environnement. Cette nouvelle fonction n'est pas sans susciter un certain nombre d'interrogations au regard notamment des responsabilités susceptibles d'être imputées, de manière alternative ou cumulative, à l'entreprise elle-même, à son dirigeant, ou au délégué chargé des questions environnementales. Or, le flou artistique qui entoure cette nouvelle fonction ne sert ni les intérêts des salariés, ni ceux de l'environnement. Il semblerait bien que l'on assiste aujourd'hui à un double mouvement. Au plan pénal, on constate une extension de la responsabilité des délégués, quel que soit le secteur concerné, à partir du moment où les conditions traditionnelles de la délégation de pouvoir se trouvent réunies. Dans le même temps, la responsabilité civile des préposés vis-à-vis de leur commettant se trouve considérablement limitée dans la mesure où la responsabilité du préposé ne semble plus pouvoir être engagée dès lors que celui-ci a agi dans le cadre de ses fonctions.
      Many companies now choose to confer « responsibility » for managing and preventing the risk of environmental damage upon one person. However, this new post prompts a number of questions, particularly with regard to the liability which may be attributed, either separately or cumulative/y, to the company itsetf, its chief executive or the représentative responsible for environmental matters. The artistic vagueness which cloaks this new post is not in the interests of employées or the environment. We now seem to be witnessing a dual development. In criminal law, there has been an extension of liability of company représentatives, irrespective of the sector, provided that the usual conditions for the délégation ofauthority are fulfilled. At the same time, the civil liability of employées towards their employer has been signifi- cantly restricted in that it no longer seems possible to hold an employée liable where the latter acted in the course ofhis employment.
    • L'obligation d'information de l'article 8-1 de la loi du 19 juillet 1976 - Guillaume Angeli p. 15 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les pouvoirs publics et les industriels sont de plus en plus sensibles à l'état de pollution des sols servant de sites à des activités économiques, et de nouvelles normes sont venues imposer au vendeur d'informer son acquéreur de l'exploitation antérieure sur le site vendu d'une exploitation soumise aux dispositions de la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l'environnement. Seul le propriétaire du terrain sera tenu de cette obligation d'information, et non l'exploitant de l'activité, alors que ce dernier sera responsable devant l'administration de la remise en état du site. Cette divergence est à même de faire naître des incertitudes en matière de responsabilité effective, ainsi que des recours en cascade. De même, seul le contrat de vente est visé, et non toutes les autres formes de mutation, telles que prises de participations ou fusion-absorption, diminuant de ce fait l'intérêt de ce texte. Cette obligation d'information comprend deux volets : - d'une part, elle portera sur le fait qu'une activité soumise à autorisation d'après la loi du 1 9 juillet 1 976 a été exploitée sur le site ; - d'autre part, le vendeur doit informer l'acquéreur des dangers et inconvénients importants résultant de cette activité et dont il a eu connaissance, même s'il n'a pas eu la qualité d'exploitant. Le véritable objet d'une telle obligation sera d'inciter le propriétaire d'un site industriel, même non exploitant, à se préoccuper du respect des normes environnementales se rapportant aux activités exploitées sur ce site.
      Public authorities and industries are increasingly sensitive to the level of contamination ofland used as sites for économie activities. New rules hâve been impo- sed on the vendor to inform the purchaser about the prior opération, on the site which has been sold, ofan facility subject to the provisions of the Law of 19 July 1976 on Installations Classified for the Protection of the Environment. It is only the owner of the site, rather than the operator of the activity, who is bound by this duty of disclosure, even though the latter is fiable to the administrative authorities for the rehabilitation of the site.This discrepancy may lead to confusion over who is actually fiable and give rise to a chain of legal proceedings. The significance of this instrument is further reduced since it applies only to contacts of sale and not to any other type of transfer, such as acquisitions ofinterests or mergers. This duty ofdisclosure has two éléments : - on one hand, it concentrâtes on the fact that an activity subject to authorisation under the Law of 19 July 1976 has been carried out on the site ; - on the other hand, the vendor must inform the purchaser of any significant hazards or risks caused by this activity ofwhich he is aware, even ifhe was not the designated operator. The true purpose of such an obligation is to encourage the owner of an industrial site, even where he is not the operator, to comply with the environmental norms applicable to activities carried out on the site concerned.
    • Le maire et le bruit - Compétences, actions et responsabilités - François Cuillandre p. 15 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les nuisances dues au bruit constituent une pollution très particulière. Elles sont parmi les moins bien tolérées, car portant atteinte souvent de manière grave à la tranquillité publique. Conscient de l'importance du problème, le législateur a proclamé le droit au calme par la loi du 31 décembre 1992. Un dispositif juridique désormais complet fait du maire l'acteur principal - mais pas unique - de la lutte contre le bruit. D'une part, il est garant du respect du droit au calme dans sa commune, mais plus globalement il doit être gestionnaire du bruit. Il a un rôle préventif, conciliateur et répressif. Mais, d'autre part, sa responsabilité peut se voir engagée soit par son action, les ouvrages publics pouvant causer des dommages indemnisables, soit par son inaction pour absence ou insuffisance de mesures prises, propres à garantir la tranquillité publique. La lutte contre le bruit doit être perçue comme un enjeu politique majeur. Le maire est certainement le mieux placé pour mener ce combat. Il en a désormais les moyens juridiques : à lui de s'en servir.
      Nuisance caused by noise constitues a very exceptional kind of pollution. It is one of the worst supported kinds because it often sehously affects the quiet enjoyment of the public. Aware of the scale of the problem, the législature affirmed the right to quiet in the Law of 31 December 1992. A full range of légal powers is now avai- lable to the Mayor, the main - though not the only - player in the fight against noise. On the one hand, he must ensure that the right to quiet in his municipality is upheld but, more broadly, he has to manage the noise. His rôle is préventive, conciliatory and répressive. On the other hand, however, he may incur liability either through his actions, since public works may cause damage for which compensation is available, or through inaction, where measures are not adopted or are inadéquate to secure the quiet enjoyment of the public. Tackling noise pollution must be seen as a major political issue. The Mayor is undoubtedly best placed to lead this campaign. He now has the légal means to do so : it is for him to make use of them.
  • Chronique

    • Trois années de droit international de l'environnement (1993-1995) - Alexandre Charles Kiss p. 38 pages accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette chronique du droit international de l'environnement porte sur les années 1993-1995 et passe en revue les principaux développements intervenus pendant cette période. La première constatation est celle de l'hommage général rendu aux principes formulés à Rio de Janeiro tant dans les « grands » traités internationaux que dans les traités régionaux, sectoriels ou transversaux. Les grands principes de Rio, qu'il s'agisse du droit à l'information et à la participation, du devoir d'évaluation des conséquences des projets sur l'environnement, de la responsabilité pour dommage à l'environnement, du devoir de notification... sont désormais consacrés par de très nombreux textes internationaux adoptés au cours de ces trois années. On peut noter à cet égard certains progrès institutionnels ainsi que des avancées dans des domaines où le droit international s'aventurait peu - responsabilité pour dommage écologique ou juridiction internationale. Les progrès du droit international sont envisagés d'abord par milieux (mer et ressources biologiques marines, protection des sols et des paysages, eaux continentales, air et climat), ensuite par domaines d'activités (substances chimiques, déchets, activités nucléaires). Malgré l'évolution normative dont témoignent les nombreux textes répertoriés, certaines questions demeurent préoccupantes : les difficultés de la mise en œuvre du droit international, et surtout la place croissante des instruments économiques, qui risque, à terme, de faire prévaloir la loi du marché, avec tous les aléas que cette situation comporte pour les valeurs fondamentales du monde actuel et futur, les droits de l'homme et l'environnement.
      This chapter on international environmental law deals with the years 1993-1995 and reviews the most important developments which took place during this period. Emphasis is first placed on the gênerai homage paid to the principles formulated in Rio de Janeiro in both the « big » international treaties and the régional, sectoral or cross-sectoral treaties. The main Rio principles, from the right to information and participation to the duty to assess the impact ofprojects on the environment, from liability for damage to the environment to the duty of notification... have now been enshrined in a very large number of international instruments adopted over the last three years. Référence should be made in this context to some institutional developments as well as to progress in areas in which international law had hardly ventured - liability for environmental damage or international jurisdiction. The developments in international law are first analysed by sector (sea and marine biolo- gical resources, soil and landscape conservation, continental waters, air and climate), then by areas of activity (chemical substances, waste, nuclear activities). Despite the normative évolution illustrated by the many instruments described, some questions are still pressing : difficulties in the implementation of international law and, above all, the increasing importance of economic instruments which may in the long term allow market forces to prevail, with ail the uncertainties which such a situation entails for the fundamental values of the world of today and the future, human rights and the environment.
  • Jurisprudence

  • Panorama de la jurisprudence

  • Notes bibliographiques

  • Revue des revues

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