Contenu du sommaire : Géographies du travail

Revue Carnets de géographes Mir@bel
Numéro no 17, 2023
Titre du numéro Géographies du travail
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Géographies du travail. Du côté des travailleurs et des travailleuses - Amandine Chapuis, Jean Estebanez, Fabrice Ripoll, Jean Rivière accès libre
  • Carnets de débats

    • Une géographie du travail en pointillé ? Quelques points de repère historiques sur les approches du travail et des travailleurs et travailleuses en France - Fabrice Ripoll accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cette contribution propose quelques points de repère sur les travaux de géographie française (sinon francophone) qui ont pu porter de façon explicite et centrale sur la question du travail. Le constat est alors facilement posé que la géographie du travail ne s'est jamais constituée en spécialité clairement identifiée. Cela dit, le travail a été investi de loin en loin par un certain nombre de chercheurs et de chercheuses qui se revendiquent souvent de la « géographie sociale » : du tournant symbolique que constitue sans doute la thèse de Renée Rochefort (1961) à l'affirmation collective de la « géographie sociale » au début des années 1980 autour d'Armand Frémont et Robert Hérin, en passant par quelques essais de Pierre George, Claude Raffestin ou encore Joël Pailhé. Le travail y est analysé tantôt comme activité productive au sens large, rapport à la nature notamment, productrice de paysages ; tantôt comme rapport social, d'exploitation et de domination, enjeu de luttes impliquant les travailleurs comme acteur collectif voire mouvement social, force syndicale et politique ; en passant par le travail comme produit d'une division technique et sociale, donnant naissance à une diversité de catégories ou groupes socio-professionnels spatialement différenciées à toutes les échelles.
      This contribution offers a few pointers to the work of French (if not Francophone) geographers who have focused explicitly and centrally on the question of work. It is easy to see that the geography of labour has never been seen as a clearly identified research field. That said, work has been studied from time to time by a number of researchers who have often identified themselves under the collective label of “social geographers”: from the symbolic turning point represented by Renée Rochefort's thesis (1961) to the collective affirmation of "social geography" in the early 1980s around Armand Frémont and Robert Hérin, via a number of essays by Pierre George, Claude Raffestin and Joël Pailhé. Work is analyzed as a productive activity in the broadest sense of the term, particularly in relation to nature, and as a producer of landscapes; and as a social relationship of exploitation and domination, at stake in struggles involving workers as a collective actor or even a social movement, union and political force; not forgetting work as the product of a technical and social division, that gives rise to a diversity of spatially differentiated socio-professional categories or groups at all scales.
    • D'une Géographie du Travail à une Géographie des travailleurs et travailleuses : les arrangements spatiaux par et pour le travail dans la géographie du capitalisme - Andrew Herod accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La géographie économique néoclassique mainstream et sa critique marxiste ont largement échoué à intégrer des conceptions actives de la classe ouvrière dans leurs explications de la localisation des activités économiques. Les approches néoclassiques tendent à considérer les travailleurs comme de simples facteurs de localisation, tandis que les approches marxistes se concentrent principalement sur la manière dont le capital structure le paysage économique dans sa recherche du profit et relèguent souvent le travail au statut de « capital variable ». Les deux approches présentent des Géographies du travail. Elles n'ont pas vraiment examiné la manière dont les travailleurs et travailleuses tentent de créer des paysages industriels. En revanche, je soutiens que les travailleurs et travailleuses s'intéressent à la manière dont la géographie économique du capitalisme est élaborée ; par conséquent, ils et elles cherchent à imposer ce que nous pourrions appeler un « arrangement spatial par et pour les travailleurs et travailleuses » et jouent ainsi un rôle actif dans la géographie du capitalisme. En faire l'analyse permet d'intégrer une conception plus active des travailleurs en tant qu'agents géographiques dans la compréhension de la production de l'espace sous le capitalisme. Reconnaître l'importance des efforts des travailleurs et travailleuses pour créer ces arrangements spatiaux permet de théoriser la manière dont ils et elles tentent de faire de l'espace une partie intégrante de leur existence sociale (une Géographie des travailleurs et travailleuses) et donc d'écrire des géographies économiques moins axées sur le capital.
      Mainstream neoclassical economic geography and its Marxist critique have largely failed to incorporate active conceptions of working class people in their explanations of the location of economic activities. Neoclassical approaches tend to conceive of workers simply as factors of location, whereas Marxist approaches primarily focus on how capital structures the economic landscape in its search for profit and frequently relegate labor to the status of “variable capital.” Both approaches present Geographies of Labor. They have not really examined how workers try to make industrial landscapes. In contrast, I argue that workers have an interest in how the economic geography of capitalism is made; consequently, they seek to impose what we might call “labor's spatial fix” and so play an active role in the unevenly developed geography of capitalism. Examining how workers try to develop their own spatial fixes allows us to incorporate a more active sense of workers as geographical agents into understandings of the production of space under capitalism. Recognizing that workers' efforts to create “labor's spatial fix” are significant allows us to theorize how workers attempt to make space as an integral part of their social existence (a Labor Geography) and so to write less capital-oriented economic geographies.
    • Penser l'espace du travail en féministe matérialiste - Danièle Kergoat, Amandine Chapuis accès libre
    • La géographie parmi les sciences du travail : la centralité du travail en perspectives - Anne-Laure Le Guern, Jean-François Thémines accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le texte se propose de contribuer à un dialogue peu développé jusqu'alors entre géographie et sciences du travail. Prenant acte de la centralité du travail, telle que la posent en France la psychologie et la médecine du travail, mais aussi de l'incomplète exploration de la dimension spatiale du travail dans ces spécialités, les auteurs identifient des jalons, en particulier méthodologiques, pour faire de la géographie une spécialité contributive aux sciences du travail. Ils proposent une mise à l'épreuve de cette perspective à partir des formations universitaires en géographie et en dehors de la géographie.
      This proposal aims to enhance the dialogue between geography and labour sciences, which is currently underdeveloped. The authors acknowledge the significance of work, as emphasised by occupational psychology and medicine in France. However, they also note that the spatial dimension of work has not yet been fully explored by these disciplines. The authors suggest that geography, as a discipline, can contribute to the labour sciences, and propose methodological ways to address this issue. The authors introduce a test of this prospect for university geography curriculum.
  • Carnets de recherches

    • Éleveur face au changement climatique, un travail qui devient précaire - Sandrine Petit, Marie-Hélène Vergote, Juliette Young, Gabrielle Henrion accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Que signifie travailler en agriculture à l'heure du changement climatique ? À partir d'une enquête menée en Saône-et-Loire auprès d'éleveurs bovins allaitants et laitiers en système extensif, nous montrons les impacts matériels, économiques, humains et sociaux de quatre sécheresses estivales successives sur le travail. Le travail en agriculture est déjà particulièrement prenant et source de mal-être. La raréfaction des ressources provoquées par les sécheresses entraîne une surcharge de travail et des pertes économiques, avec peu de perspectives sinon de rendre encore plus extensif le système d'élevage ou d'arrêter le métier. Le vécu du métier devient difficile avec le sentiment de ne pouvoir bien s'occuper de leurs bêtes et d'être empêché de bien faire leur travail. Une lassitude combinée à un manque de reconnaissance du métier conduisent à une détresse professionnelle et humaine. Les éleveurs se trouvent être dans une précarité au sens où le changement climatique peut révoquer leur métier. Ils sont bousculés dans leur attachement au lieu, avec un sentiment de perte des ressources naturelles autrefois plus stables. A la croisée des littératures sur l'adaptation au changement climatique et sur le travail, les transformations du métier d'éleveur méritent d'être davantage explorées pour aller vers davantage de résilience.
      What is it like to work in agriculture in a changing climate? This text presents the material, economic, human, and social impacts of repeated summer droughts on farmers in Saône-et-Loire who use an extensive production system. The text highlights the challenges faced by cattle breeding and dairy farming, which are known to be demanding forms of agricultural work that can affect well-being. The recurrence of droughts and scarcity of natural resources have led to an increase in workload and economic losses, with no job prospects other than expanding production. Breeders may feel that they are not performing their work adequately. This fatigue, combined with a lack of professional recognition, can lead to professional and personal distress. Cattle breeders are facing environmental precarity due to their reliance on changing environmental conditions. The stability of natural resources has been lost, affecting their attachment to the place. To move towards greater resilience, it is necessary to explore the transformations in the farming profession, at the crossroads of the literature on adaptation to climate change and the literature on work.
    • Organisation spatiale du travail et précarité des chauffeurs-livreurs - Pétronille Rème-Harnay accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À la figure du conducteur de poids lourd en longue distance, on associe généralement l'autonomie opérationnelle et la liberté qui caractérisent la pratique des grands routiers exerçant à distance du donneur d'ordres. C'est généralement en opposition à cette figure qu'on a, plus récemment, décrit celle du chauffeur-livreur conduisant plus fréquemment des véhicules utilitaires légers, pour réaliser des tournées locales qui font l'objet d'une surveillance plus étroite par le donneur d'ordre. Cette activité associée au transport du « dernier kilomètre », indiquant ainsi que le chauffeur ne réalise que le dernier trajet de la chaine de transport, connaît un regain d'intérêt avec l'avènement du e-commerce. Moore et Newsome (2018) décrivent ainsi en Grande-Bretagne la dégradation des conditions de travail et d'emploi des chauffeurs-livreurs et font le lien avec l'externalisation massive opérée par les employeurs. Nous cherchons à approfondir l'analyse en détaillant les raisons de cette précarisation. Nous montrons qu'elle est liée à la mise en œuvre par les groupes de transport d'une sous-traitance qui prend une forme particulière pour le dernier kilomètre, que nous tentons de décrire. Puis, nous insistons sur les inégalités spatiales du développement de ce processus en analysant la manière dont différents facteurs (vitesse de livraison, densité de livraison, composition des parcours des tournées ou stratégies d'entreprises) affectent les conditions de travail.
      The figure of the long-distance lorry driver is generally associated with the operational autonomy and freedom that characterise the practice of the lorry driver, who operates at a distance from the customer. More recently, the figure of the delivery driver, who more often drives light commercial vehicles on local routes that are more closely supervised by the principal, has generally been described in contrast to this figure. This activity, which is associated with 'last mile' transport, suggesting that the driver only performs the final leg of the transport chain, is experiencing renewed interest with the rise of e-commerce. Moore and Newsome (2018) describe the deterioration of working and employment conditions for delivery drivers in the UK, linking this to massive outsourcing by employers. We seek to deepen the analysis by detailing the reasons for this casualisation. We show that it is linked to the implementation of subcontracting by transport groups, which takes a particular form for the last mile that we attempt to describe. We then focus on the spatial inequalities in the development of this process by analysing the way in which different factors (such as delivery speed, delivery density, route composition and company strategies) affect working conditions.
    • La dimension spatiale du travail des livreurs des plateformes - Claire Burban accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'une enquête fondée sur des entretiens et des observations directes, cet article propose une analyse de la dimension spatiale du travail des livreurs des plateformes (UberEats, Deliveroo), et ce à partir du cas de la métropole nantaise. Ce groupe est quasi-exclusivement masculin et fait l'objet de rapports sociaux de domination pluriels, notamment de classe et de race. Alors qu'ils n'ont pas le statut de salarié, l'analyse de la dimension spatiale de l'organisation du travail permet de constater un travail marqué par le rapport de subordination entre les travailleurs et les plateformes. Entre contrainte et contrôle, les espaces et pratiques de travail des livreurs de repas sont avant tout pilotés par l'algorithme (plateformes), conditionnés par l'offre (restaurants) et variables selon la demande (clients).
      From a research based on interviews and non-participant observation, this article proposes an analysis of the spatial dimension of plateforms delivery men's work (UberEats, Deliveroo), based on the case of Nantes metropolis. This group is mainly masculine and is subjected to plural social relations of domination, especially facing class and racial domination. Although they do not have employee status, an analysis of the spatial dimension of work organization reveals a subordinate relationship between workers and platforms. Finally, between constraint and control, the work spaces and practices of meal delivery workers are above all driven by the algorithm (platforms), conditioned by the offer (restaurants) and variable according to the demand (customers).
    • Réparer dans la rue - La mécanique informelle dans les périphéries du Grand Paris - Sébastien Jacquot, Marie Morelle accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article porte sur la mécanique de rue dans les périphéries du Grand Paris. Il étudie la façon dont des mécaniciens définissent leur activité comme travail et en justifient l'exercice en réponse à des discours institutionnels enclins à la qualifier de « mécanique sauvage ». À partir de l'observation des lieux et des temporalités de la réparation automobile, de leur mise en réseau avec des garages et des casses, nous étudions les gestes et les savoir-faire des mécaniciens au fondement d'un métier, et les valeurs qu'ils y associent. Leurs pratiques professionnelles, leurs discours et leurs aspirations invitent à réfléchir à la signification de l'activité à l'intersection de parcours migratoires et de formes plurielles de rapport au travail, de la Côte d'Ivoire, pays de naissance de nombreux mécaniciens, aux périphéries franciliennes en renouvellement dans lesquels ils tentent de s'établir et revendiquent un droit à rester. Cet article prend appui sur une ethnographie conduite en Seine-Saint-Denis de 2015 à 2019, des entretiens menés auprès d'une diversité d'acteurs institutionnels et de mécaniciens jusqu'en 2023 et des compléments d'enquête à Abidjan en 2023.
      This article focuses on street mechanics in the outskirts of Greater Paris. It explores how mechanics define and justify their activity in response to institutional discourse that often describes it as 'wild mechanics'. By observing the locations and times where car repairs are conducted, and by connecting them with garages and junkyards, we study the mechanics' gestures, know-how, and values associated with their trade. The professional practices, discourses, and aspirations of mechanics from the Ivory Coast, who are trying to establish themselves in the renewing suburbs of Paris, raise questions about the meaning of activity at the intersection of migratory paths and plural forms of relationship to work. This article is based on an ethnography conducted in Seine-Saint-Denis from 2015 to 2019, and interviews with institutional players and mechanics up to 2023. Additional surveys were conducted in Abidjan in 2023.
    • Agir pour l'environnement… Oui, mais lequel ? - Clément Dillenseger accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Si l'on sait généralement pour qui l'on travaille ainsi que pour quoi et pourquoi, la question est assez peu posée de savoir « pour où » l'on travaille, ni « avec et depuis où ». Quels sont les espaces, en amont et aval, qui rendent notre travail possible ou qui le légitiment ? Après avoir proposé l'hypothèse conceptuelle du « travail métabolique », je présente les différentes échelles et les différents rapports aux territoires induits lors des ramassages bénévoles de déchets à Lyon, Vienne et Athènes. J'analyse, de façon critique, que si ces ramassages permettent des rapports à quelques espaces bien précis et qu'ils entraînent effectivement une sensibilisation « à l'environnement », ils se contentent de décrire le « problème des déchets » à l'échelle mondiale et n'autorisent pas une appropriation des « territoires du déchet » à l'échelle urbaine. En cela, ils perpétuent une ignorance territoriale quant au fonctionnement urbain. La sensibilisation à cet environnement aterritorial empêche la mise en discussion des systèmes locaux de gestion des déchets. Cette absence de territorialisation de l'environnement conduit à une politisation très partielle et incomplète de la question des déchets.
      We usually know for whom, for what and why people work... but we never ask « for where » and « with where » we actually work. What are the upstream and downstream spaces that make our work possible ? After justifying the conceptual hypothesis of « metabolic work », I present different scales and different relations to space that accompany volunteer clean-up actions in Lyon, Vienna and Athens. I critically analyse that these actions, if they produce an effective relation to the environment, only make the planetary scale the relevant scale to deal with the «  waste problem  ». The clean-up actions don't allow people to know and understand, at the urban scale, that the problem of waste is not only its presence in public space, but also the way it is managed and produced. In this sense, we speak of territorial ignorance and we believe that this form of ignorance hinders any serious political discussion on waste.
    • L'appropriation de l'espace aux marges du dispositif de production - Marguerite Valcin accès libre avec résumé
      À partir d'un travail d'entretien ethnographique et d'entretiens semi-directifs réalisés sur des grands chantiers du bâtiment en région Sud et auprès de différents travailleurs, cet article propose une géographie des chantiers à l'échelle micro-locale. Les chantiers y sont compris comme des lieux de travail où se déploient à la fois des mécanismes de contrôle visant à assurer une productivité maximale des travailleurs, et des tactiques mises en place par ses derniers visant à faire des chantiers des lieux personnels et collectifs. Afin d'étudier ce double processus, l'article examine les chantiers au prisme des notions de dispositif et d'appropriation de l'espace.
    • Des quotidiens faits de travail et de « bons plans » - Hannah Berns accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Aussi multiples que le sont les classes populaires, il semblerait que le travail reste une constante des quotidiens de ces fractions dominées de la population. Au même titre qu'il était intrinsèquement lié à la définition de la classe ouvrière, il est abordé ici comme un levier de distinction et de définition des groupes qui composent, aujourd'hui, les classes populaires. Le quotidien des femmes, plus précisément, s'organise alors généralement entre travail domestique et travail rémunéré formel ou informel. Au-delà des différentes formes qu'il recouvre, le travail des femmes issues des classes populaires semble aussi marquer leur espace du quotidien. L'article interroge donc la façon dont ces femmes parviennent à produire et à mobiliser un espace de vie qui réponde aux impératifs de leur subsistance. La recherche repose sur une approche méthodologique « par le bas » déployée à Charleroi, une ville belge désindustrialisée.
      Despite the diversity of the current working classes, work remains a constant in their daily lives. Just as it was intrinsically linked to the definition of the classical working class, it is still a defining characteristic of the groups that make up the working classes today. Women's daily lives, in particular, are often structured around a combination of domestic work and formal or informal paid work. The article examines how working-class women produce and mobilise a living space that meets their subsistence needs. The research is based on a 'bottom-up' methodological approach deployed in Charleroi, a deindustrialised Belgian city.
    • « Faire du domicile » à la campagne : identités professionnelles des aides à domicile pour personnes âgées dans les mondes ruraux - Laura Durand accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      À partir d'une étude de cas sur les aides à domicile de l'ADMR1 du Bocage ornais en Normandie, cet article s'intéresse à dimension spatiale des identités professionnelles des aides à domicile dans les mondes ruraux. L'entrée par l'espace de pratique (le domicile) et le territoire d'exercice (rural) permet de montrer comment les travailleuses pensent, pratiquent et définissent leur métier. L'attention portée à la variation de ces identités professionnelles selon les profils et trajectoires des aides à domicile met en lumière leurs processus de construction, en tant que positionnement dans un champ de normes et pratiques professionnelles.
      Based on a case study of home care workers at the ADMR of Bocage Ornais in Normandy, this article focuses on the spatial dimension of the professional identities of home care workers in rural areas. The entry by the space of practice (the home) and the territory of exercise (rural environment) makes it possible to show how the workers think, practice and define their profession. The attention paid to the variation of these professional identities according to the profiles and trajectories of the homecare workers highlights their construction processes, as a positioning in a field of professional norms and practices.
    • Le séjour au pair : échange culturel ou véritable travail domestique ? - Emily Egan accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Entre échange culturel et véritable travail domestique ; entre étudiant‧e, employé‧e à domicile et touriste de longue durée, le séjour au pair et les jeunes qui en font partie sont sujets à un statut et à une réglementation très particuliers. Ces particularités font du programme au pair un programme avec des risques de précarité, d'abus de pouvoir voire d'exploitation. Pour comprendre les spécificités du programme Au pair, ce travail de recherche s'est intéressé aux jeunes faisant ou ayant fait cette expérience auprès d'une famille d'accueil en France. Cet article propose un résumé des résultats de recherche sur les réalités du séjour au pair et sur la porosité des frontières entre travail et échange culturel.
      Between cultural exchange and real domestic work; between students, domestic workers and long-term tourists, the au pair stay and the young people who are part of it are subject to a very specific status and regulation. These particularities make the au pair program a program with risks of precariousness, abuse of power or even exploitation. To respond to the specificities of this program, this research work focused on the au pair stay in France through the experience of au pairs currently and previously in a host family. This article offers a summary of research results on the realities of the au pair stay and the porosity of the borders between work and cultural exchange.
    • Les spatialités du coworking - Patricia Lejoux, Aurore Flipo, Nathalie Ortar accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'intéresse au développement de nouveaux lieux de travail : les espaces de coworking (ECW). Il vise à appréhender les dimensions spatiales du coworking à partir d'une approche centrée sur les actions spatiales des créateurs d'ECW et des coworkers. Les résultats montrent que leurs spatialités se révèlent souvent dans le cadre de mobilités professionnelles et résidentielles. Elle se traduisent par la dimension locale donnée à un projet professionnel ou par le fait de pouvoir travailler là où l'on souhaite vivre. Les créateurs d'ECW et les coworkers développent un rapport spécifique à l'espace qui se caractérise par la maitrise des trois modalités de gestion de la distance (coprésence, mobilité physique, mobilité virtuelle), Ils contribuent à produire un nouvel espace organisé autour de flux et de lieux. Celui-ci s'incarne dans une vision aréolaire où les ECW constituent des hubs territoriaux autour desquels les individus organisent, grâce à leur maitrise des mobilités virtuelles, leurs mobilités spatiales et sociales à différentes échelles temporelles.
      This paper looks at the development of new workplaces : coworking spaces (CSs). It aims to understand the spatial dimensions of coworking from an approach centered on agents, in this case creators of CSs and coworkers. Our results show that their spatiality is related to residential and occupational mobility. They consist of developing a professional project locally and/or working in the place where they want to live. They develop a special relationship with space through co-presence, spatial mobility and virtual mobility. They produce a new type of space made of flows and places. They have a network-based perception of space where CSs appear as hubs around which they organise their virtual, spatial and social mobilities at different time scales.
    • Éducation prioritaire et dimension spatiale des trajectoires des enseignant·es du secondaire en Île-de-France - Sophie Blanchard accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les trajectoires des enseignant·es du secondaire public commencent souvent en éducation prioritaire. Cette étude, appuyée sur des entretiens biographiques, explore la dimension spatiale des trajectoires en confrontant les effets des propriétés sociales des enseignant·es et les cadres de l'enseignement secondaire, qui se caractérisent par des divisions nettes entre types d'établissements et des conditions de travail très inégales, dans un contexte francilien marqué par des formes de ségrégation urbaine et scolaire. Les trajectoires enseignantes sont analysées au prisme du travail, en montrant comment les carrières se construisent en articulant mobilités géographiques et évolutions professionnelles. Entre construction d'ancrages en éducation prioritaire, stratégies de fuite et d'évitement, et stratégies de promotion, les trajectoires sont diversifiées. Elles reflètent des modes de rapport au travail qui varient en fonction du genre, de l'origine sociale et géographique, et des engagements militants, ce que reflètent les récits de trajectoires mobilisés.
      This study examines the spatial dimension of public secondary school teachers' careers, which often begin in priority schools. Based on biographical interviews, it confronts the effects of teachers' social properties and the context of secondary education, characterized by significant divisions between different types of schools and very unequal working conditions. The context of the Paris region is framed by urban and school segregation. Using labour geography, this paper explores the trajectories of teachers' careers, highlighting the interplay between geographic mobility and professional development. The trajectories vary, including those who focus on priority education, those who seek to escape or avoid certain situations, and those who aim for advancement. The narratives of these trajectories demonstrate the diversity of experiences. These trajectories reflect different approaches to work, influenced by factors such as gender, social and geographic background, and activist commitments.École, Genre, Île-de-France, Inégalités, Mobilités, Trajectoires
    • Travail et genre des géographes - Laura Péaud accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La géographie française s'est peu penchée sur les conditions de travail des géographes eux-mêmes. Pour éclairer ce pan de recherche, cet article se penche spécifiquement sur le genre du travail géographique, en interrogeant les spécificités de pratiques professionnelles au féminin. En considérant, à partir d'un état de l'art international, les difficultés plus grandes des femmes pour accéder et avancer dans les carrières géographiques, nous proposons ici de réfléchir à ce qu'une enquête approfondie sur les formes féminines du travail géographique apporterait dans une perspective réflexive et épistémologique sur la discipline. Nous montrons que cet enjeu ne tient pas uniquement à une réalité sociologique (un manque de femmes) mais possède des réalités épistémologiques conséquentes (un manque de diversité quant aux objets, aux approches et aux outils de la discipline, entre autres). Et nous suggérons des pistes thématiques et méthodologiques pour mener une enquête de vaste ampleur sur les conditions de travail des femmes en géographie, en invitant notamment à une prise en compte plus importante du travail émotionnel et de l'enseignement/encadrement.
      French geography has done little research on the working conditions of geographers themselves. In order to shed light on this field of research, this article focuses specifically on the gender of geographic work, by examining the specificities of women's professional practices. By considering, from an international perspective, the greater difficulties that women are facing in accessing geographic careers, we propose here to reflect on what an in-depth investigation of women's forms of geographic work could bring. We show that this question is not only due to a sociological reality (a lack of women) but also to consequent epistemological realities (a lack of diversity in the objects, approaches and tools of the discipline, among others). And we suggest methodological perspectives for a large-scale investigation of the working conditions of women in geography, including a call for greater consideration of emotional labor and teaching/coaching.
    • Gérer la distance syndicale face à l'« autonomie » des Universités - Mathieu Uhel accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Si le travail en tant qu'objet scientifique commence à être investi par les géographes, la dimension spatiale du syndicalisme constitue un « angle mort » de la discipline, alors que d'aucuns considèrent l'engagement syndical comme un travail et que surtout le syndicalisme, en défendant les intérêts individuels et collectifs des salarié.es, constitue un acteur majeur des relations professionnelles. En commençant à défricher la géographie du syndicalisme dans le contexte spécifique de l'Université, l'article s'attache à analyser la tension inhérente à la représentation du personnel, prise entre la direction, devenue responsable du budget et de l'emploi depuis la loi sur les Libertés et Responsabilités des Universités (LRU), et les agent.es de l'établissement, subissant les processus d'intensification de l'activité et de fragilisation des collectifs de travail liés au nouvel ordre gestionnaire et managérial. À partir de la position de chercheur engagé syndicalement, il s'agit de restituer la manière dont les militant.es tentent de résister aux logiques de contrôle et d'enrôlement dans les Instances Représentatives du Personnel (IRP), mais aussi de montrer comment il est possible d'expérimenter des modes d'organisation et d'action collectives susceptibles de (re)créer de la co-présence avec les agent.es afin de faire corps et mouvement.
      If work as a scientific object begins to be invested by geographers, the spatial dimension of unionism constitutes a “blind spot” of the discipline, despite the fact that some consider union involvement as work, and that trade unionism, by defending the individual and collective interests of employees, constitutes a major actor in professional relations. By beginning to explore the geography of trade unionism in the specific context of the University, the article attempts to analyze the tension inherent in staff representation, caught between management, which has become responsible for the budget and employment since the law on University Freedoms and Responsibilities (LRU), and the agents, undergoing the processes of intensification of activity and weakening of work collectives linked to the new managerial order. From the position of a union-committed researcher, the aim is to show how activists attempt to resist the logic of control and enrolment in employee representative body, but also to demonstrate how it is possible to experiment with modes of organization and collective action capable of (re)creating co-presence with agents in order to develop unity and movement.
    • Varia
      • L'usage des lieux dans les films de Jean-Paul Belmondo : de la production filmique à la construction d'espaces cinématographiques - Yannis Nacef accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        L'usage des lieux dans un film, c'est de la géographie ! Le film est structuré par l'espace qui constitue le cadre spatial où se déroule l'action. Il est scénaristiquement organisé en fonction de l'usage qui est fait de ces derniers. Le lieu en tant que portion de territoire où une production cinématographique pose ses caméras, propose aux spectateurs une immersion dans des espaces entre réalité et fiction qui participent à l'expérience cinématographique. Le cinéma de Jean-Paul Belmondo peut se prêter à cet exercice de rendre compte de l'usage des lieux dans ses films. Ces longs-métrages ont contribué à établir le statut de star d'un acteur phare du cinéma et de la culture française, véhiculant l'image d'un cinéma populaire et grand public. Le décryptage de ses films propose d'analyser la réciprocité entre des lieux qui participent à une construction filmique et des films qui participent à leur tour à façonner des lieux d'inspiration cinématographique.
        The use of places in a film is geography! The film is structured by the space which constitutes the spatial framework where the action takes place. It is script-organized according to the use made of them. The place as a portion of territory where a film production places its cameras, offers spectators an immersion in spaces between reality and fiction which contributes to the cinematographic experience. Jean-Paul Belmondo's cinema can lend itself to this exercise of reporting on the use of places in his films. These feature films have helped establish the star status of a key player in French cinema and culture, conveying the image of popular and mainstream cinema. The decryption of his films proposes to analyze the reciprocity between places which participate in a filmic construction and films which in turn participate in shaping places of cinematographic inspiration.
  • Carnets de terrain

    • Faire de la géographie féministe à distance : retour sur un défi méthodologique - Tahera Bilger accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article s'interroge sur les défis méthodologiques et éthiques d'une enquête de géographie féministe, portant sur l'articulation entre travail domestique et travail professionnel pendant la pandémie de Covid-19. Elle s'appuie sur une série d'entretiens et de visites à domicile avec des femmes cadres et mères de famille, réalisés en 2021 à Strasbourg. Les conditions matérielles de l'enquête, fortement contrainte par les restrictions liées à la situation sanitaire, s'avèrent heuristiques malgré leur instabilité. La construction de la relation d'enquête, qui relève ici d'un travail de care et s'appuie sur le corps et les émotions, est mise au défi de la distance. De même, l'accès au domicile des enquêtées, pourtant essentiel pour observer la matérialité des rapports de pouvoir au sein de l'espace domestique et les enjeux d'appropriation qui le traversent et le fragmentent, s'avère parfois impossible. Après avoir retracé les enjeux de l'apprentissage de la recherche en géographie féministe, cet article montre dans quelle mesure les méthodologies féministes ont inspiré les stratégies développées pour faire face à ces contraintes, et dans quelle mesure elles ont finalement enrichi la méthodologie de départ, en favorisant une démarche de co-construction des données avec les enquêtées. Il propose un retour réflexif sur le travail de l'enquêtrice, nécessaire à la création et au maintien des conditions de possibilité de l'enquête.
      This article deals with the ethical and methodological challenges faced by a research in feminist geography conducted during the covid-19 pandemic. Exploring the articulations between professional and domestic labour within domestic spaces, it draws upon a mix of interviews and home visits conducted in 2021 in Strasbourg, France, with women who are mothers while also holding executive jobs. This research was heavily impacted by the restrictions linked to the pandemic, but these unsteady working conditions proved to be heuristic. The construction of the caring relationships at the heart of this research was also impacted by distance, as it heavily relies on emotions and the body. Similarly, access to participant's homes, vital for understanding the materiality of power relations within domestic spaces, was often impossible. Thus, after discussing the chance encounter of the author with feminist geography, this paper shows how feminist methodologies inspired the strategies to remedy these constraints and shows how they enriched the initial methodology by encouraging co-construction of research data. It offers a reflexive reading of the geographer's work, both physical and emotional, that allows such a research to exist.
    • Le port, un « monde à part ». Enquêter sur les travailleurs et travailleuses portuaires dans un monde du travail fermé (Le Havre et Felixstowe) - Marie Lécuyer accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les enquêtes qualitatives sur le travail portent le plus souvent sur une profession ou une entreprise. L'article suggère de changer d'échelle et défend l'intérêt de la catégorie conceptuelle de « monde du travail », c'est-à-dire un groupe de professions en interaction sur un territoire donné. Il développe le cas du monde du travail portuaire, à partir de deux enquêtes de terrain inspirées de l'ethnographie, menées dans les villes portuaires de Felixstowe et Le Havre. D'emblée, l'étape de l'accès au terrain permet d'identifier empiriquement des traits typiques du monde du travail portuaire : un terrain fermé et partiellement invisible depuis la ville portuaire. À quelles conditions l'enquête qualitative peut-elle rendre visible les travailleurs et le travail portuaire ? La première partie revient sur la délimitation du monde du travail portuaire, dans une démarche constructiviste fondée sur le va-et-vient entre les deux villes portuaires. Loin de se résumer aux dockers et à leur syndicat, ce monde correspond à un système inégal de professions centrales et de professions péri-portuaires. À partir des difficultés d'accès au terrain, la deuxième partie cherche à objectiver le « terrain fermé », tant spatialement que socialement. Le terrain fermé contraint fortement les possibilités d'ethnographie. La troisième partie pose la question des adaptations tactiques pour voir et recueillir des récits du travail portuaire : enquête par entretiens, par collecte de documents de première main et par observation.
      Abstract. Qualitative research on work most often focus on the scale of an occupation or a company. This paper proposes a change of scale, by retaining the conceptual category of "(a) world of work", i.e. a group of professions interacting in a specific territory. It develops the case of the world of port labour, based on two ethnography-inspired field surveys carried out in the port cities of Felixstowe and Le Havre. Straightaway, the step of the access to fieldwork helps identify empirically some common features of the world of port labour: a closed field context, partly invisible when seen from the port city. To what extent can qualitative research make workers and port work more visible? The first part of the paper returns to the delimitation of the world of port labour, in a constructivist approach based on the back-and-forth between the two port cities. Far from being limited to the dockworkers and their union, this world corresponds to an unequal system of central and peripheral occupations within the port city. Based on the difficulties faced by the author to access to the field, the second part seeks to objectify the 'closed field context', both spatially and socially. The closed field context strongly constrains ethnographic opportunities. The third part raises the question of tactical adaptations to see and collect narratives about port labour: survey by interviews, collection of first-hand documents, and observation.
    • Ouvriers ancrés et sous-traitants nomades - François Duchêne, David Desaleux accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les effets spatiaux des transformations profondes de l'industrie, et parmi elles celles touchant au recours massif à la sous-traitance, sont peu matérialisables dans les espaces de l'industrie. C'est pourtant à leur mise en visibilité que les deux auteurs, l'un photographe et l'autre géographe, se sont attelés, à l'occasion d'une commande du musée Gadagne d'histoire de Lyon. Partant du constat de politiques patronales différenciées au fil du temps concernant deux catégories de travailleurs, les salariés statutaires de l'industrie chimique et les sous-traitants de ces mêmes grandes entreprises, nous avons souhaité mettre au jour les différences de politiques de logement, comme des révélateurs d'une transformation importante des organisations du travail dans l'industrie chimique. Notre propos consiste ici à expliciter le cheminement de la production commune d'une œuvre muséale géo-photographique, pour rendre compte de changements conséquents des conditions de vie des salariés, pour autant peu visibles dans les espaces quotidiens de production et de reproduction de la force de travail.
      The spatial effects of the profound transformations of industry, including those that have been taking place with the massive use of subcontracting, are not very tangible in the spaces of industry. However, the two authors, one a photographer and the other a geographer, set about making them visible, on the occasion of a commission from the Gadagne Museum of History in Lyon. Starting from the observation that employers' policies have differed over time with regard to two categories of workers, the statutory employees of the chemical industry and the subcontractors of these same large companies, we wanted to bring to light the differences in housing policies, as indicators of a major transformation of the organization of work in the chemical industry. Our aim here is to explain the process of the joint production of a geo-photographic museum work, in order to take account of the consequent changes in the living conditions of the employees, which are not very visible in the everyday spaces of production and reproduction of labour power.
  • Carnets d'enseignements

    • Varia
      • “Transmettre la discipline : quelles géographies enseignées dans les cours d'introduction et les cours d'épistémologie dans le supérieur ?” - Camille Vergnaud, Laure Péaud accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Ce texte rend compte des échanges ayant eu lieu lors des journées d'étude « Transmettre la discipline » (novembre 2022 – Université Grenoble Alpes). Portées par Camille Vergnaud et Laura Péaud, ces rencontres s'inscrivent dans la structuration progressive d'un champ de recherche sur la pédagogie de la géographie dans l'enseignement supérieur. Elles ont réuni une quinzaine de participant.es, venu.es de France et de l'étranger. Organisées entre conférences plénières et ateliers de retours d'expérience, elles ont été l'occasion d'échanger autour des modes d'enseignement de la discipline, en interrogeant les spécificités disciplinaires et leurs transformations.
        This text reports on the discussions that took place during the 'Transmettre la discipline' workshop held in November 2022 at Université Grenoble Alpes. The purpose of the workshop was to discuss the pedagogy of geography in higher education and to contribute to the gradual structuring of this research field. The workshop was led by Camille Vergnaud and Laura Péaud and was attended by approximately fifteen participants from France and abroad. The event was structured into plenary lectures and feedback workshops, providing an opportunity to discuss the teaching of geography. The attendees specifically analysed the discipline's unique characteristics and their ongoing changes.
  • Carnets de soutenances