Contenu du sommaire : La Russie et les autres pays de la CEI en 2007
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1065, janvier-février 2008 |
Titre du numéro | La Russie et les autres pays de la CEI en 2007 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - p. 5
Russie 2007
- Un terrain balisé pour le futur Président - p. 8-28 En 2007, Vladimir Poutine, au sommet de sa popularité, aura soigneusement préparé sa succession, ne pouvant pas briguer un troisième mandat, mais comptant bien néanmoins rester aux affaires après l'élection de mars 2008. Faute d'être Président, il sera donc Premier ministre. Les élections législatives de décembre 2007 avaient d'ailleurs été un quasi-plébiscite en sa faveur, le parti présidentiel, Russie unie, obtenant 64 % des sièges. La nouvelle loi électorale qui vise à empêcher l'émergence d'un parti d'opposition et interdit toute coalition va sans doute retarder de quelques années l'affirmation du pluralisme politique et imposer de facto une sorte de retour au parti unique. La société russe semble s'accommoder de la situation, tant le quotidien et la consommation parviennent à évacuer le débat politique. Les contestataires, bien que peu nombreux et peu menaçants, sont pourtant réprimés. En dépit d'une amélioration générale du niveau de vie, les contrastes sont frappants. Les millionnaires se multiplient et officiellement 15 % de la population (mais 25 % officieusement) vit en dessous du seuil de pauvreté. Il n'en demeure pas moins que les Russes font crédit à V. Poutine de bons résultats économiques et d'avoir imposé le retour de leur pays sur la scène internationale. Avec une croissance du PIB de près de 8 %, les succès sont évidents. La situation des finances publiques s'est améliorée et les investissements étrangers ont afflué en masse (y compris les capitaux qui avaient fui le pays), enregistrant une hausse de 70 % par rapport à 2006, pour s'établir à 49 milliards de dollars. La réappropriation de la rente par l'Etat, ainsi que l'emprise grandissante de ce dernier sur l'économie et la mise en place d'institutions de développement, définis comme axes stratégiques dès 2004, restent au coeur de l'action de la puissance publique.Russia Smooth Road for the Future President In 2007, Vladimir Putin, now at the height of his popularity, unable to aspire to a third term, while hoping to exercise power after the March 2008 elections, carefully prepared his succession. Unable to become President, he will, thus, became Prime Minister. The December 2007 legislative elections were a plebiscite in his favor, with the presidential party, United Russia, obtaining 64 % of the seats. The new election law aimed at preventing the emergence of an opposition party and prohibiting any coalition will probably delay any political pluralism over the next few years and impose a de facto return to a one party system. Russian society seems to be putting up with the situation as daily life and consumption manage to put the lid on any political debate. Protestors, although few and posing no threat, are, however repressed. Despite a general improvement in the standard of living, the contrasts are striking. Millionaires multiply while officially 15 % of the population (but 25 % semi-officially) lives below the poverty line. Russians still credit V. Putin with positive economic performance and the country's return to the international scene. With GDP growth at 8 % his success is undeniable. Public finances have improved and foreign investments are streaming in (including capital which had previously fled), rising 70 % over 2006 to a total of 49 billion dollars. The government's re-appropriation of revenues, its grip on the economy and the setting up of development institutions, are the strategic axes in place since 2004, and remain at the heart of public policy.
- Un terrain balisé pour le futur Président - p. 8-28
Ukraine 2007
- L'économie résiste à la guerre des chefs - Dubien Arnaud, Denysyuk Vitaliy p. 29-48 Le pays a connu en 2007 une séquence politique dense avec la dissolution de la Rada (Parlement), des élections anticipées et une nouvelle alternance, après des mois de luttes acharnées. L'ex-Premier ministre, Ioulia Timochenko, a donc retrouvé son fauteuil, alors que la situation économique est plutôt favorable, avec une croissance robuste. Mais va-t-elle avoir les coudées franches pour traiter de dossiers brûlants comme la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et la modernisation de l'appareil industriel ? Car ce n'est qu'après plusieurs mois de tractations opaques que la Rada a entériné avec une voix de majorité, fin 2007, sa candidature à la tête d'une équipe issue d'un compromis avec le Président. C'est dans un climat de suspicion réciproque et en plein hiver que la question de la remise à plat des accords gaziers avec la Russie a été abordée, le nouveau Premier ministre souhaitant notamment évincer l'intermédiaire RosUkrEnergo, qui détient le monopole des importations de gaz en Ukraine. Ioulia Timochenko veut revenir aux accords intergouvernementaux directs avec la Russie et procéder à une révision à la hausse des droits de transit sur les livraisons à l'Union européenne. Si la vie politique semble embourbée et l'Etat bloqué du fait des intérêts contradictoires des clans régionaux, l'activité économique montre des signes de bonne santé. Cela malgré d'importants retards accumulés dans le domaine des investissements tant publics que privés, alors que ceux venus de l'étranger (6 milliards de dollars en 2007) restent chroniquement insuffisants.Ukraine The Economy Resists to the Power Struggles The country passed through a serious series of political events in 2007 with dissolution of the Rada (Parliament), early elections and a change of power after months of heavy fighting. The ex-prime minister, Yulia Tymoshenko, returned to office, while the economic situation is rather favorable with robust growth. Will she have the leverage to deal with sensitive issues such as energy dependence vis-à-vis Russia and industrial modernization ? It was only after several months of secret negotiations and a compromise with the president that at the end of 2007, the Rada ratified her candidacy to lead the government by a one vote majority. It is in this climate of mutual suspicion and in midwinter that the question of completely renegotiating gas agreements with Russia was tackled, as the new Prime Minister hoped, in particular, to exclude the RosUkrEnergo intermediary, which holds the monopoly on Ukrainian gas imports. Y. Tymoshenko wishes to return to direct intergovernmental agreements with Russia and to come to a decision on raising transit duties on deliveries to the European Union. If political life seems tangled and the government blocked by the contradictory interests of regional clans, economic activity seems healthy, despite substantial accumulated delays in public as well as private investments, while foreign investments (6 billion dollars in 2007) remain chronically insufficient.
- L'économie résiste à la guerre des chefs - Dubien Arnaud, Denysyuk Vitaliy p. 29-48
Biélorussie 2007
- Guerre et paix commerciales avec la Russie - Lallemand Jean-Charles p. 49-63 Latente depuis plusieurs années, la dégradation des relations entre la Biélorussie d'Alexandre Loukachenko et la Russie de Vladimir Poutine est devenue patente avec la crise des hydrocarbures du Nouvel An 2007. En relevant le prix, à partir du 1er janvier 2007, de ses livraisons à la Biélorussie en gaz et en pétrole, Moscou a décidé de mettre fin au financement tacite de l'économie biélo-russienne dont celle-ci bénéficiait depuis l'indépendance. Même si Minsk a réussi à renégocier des prix inférieurs à ceux du marché pour quelques années, la facture énergétique s'annonce lourde à l'avenir. La stratégie d'alliance privilégiée avec Moscou adoptée par Alexandre Loukachenko se trouve dès lors remise en cause. Pour autant, sur le plan intérieur, son régime autoritaire n'est pas ébranlé par les nouvelles difficultés économiques, même si les questions sociales font leur retour dans l'agenda politique. Et la guerre commerciale russobiélorussienne s'est elle-même atténuée en décembre.Belarus Trading War and Peace with Russia Latent for several years, the decline in relations between Alexander Lukashenko's Belarus and Vladimir Putin's Russia surfaced with the New Year 2007 oil crisis. With the January 1, 2007 price hikes on oil and gas deliveries to Belarus, Moscow decided to put an end to its tacit financing of the post-independence Belarussian economy. While Minsk succeeded in renegotiating below market prices for a few years, energy costs are expected to weigh heavily in the future. Alexander Lukaschenko's privileged relationship strategy with Moscow is being called into question. On the domestic level, however, the authoritarian regime remains unshaken by the new economic difficulties, while social concerns are once again on the political agenda. The Russo-Belarus trade war also abated in December.
- Guerre et paix commerciales avec la Russie - Lallemand Jean-Charles p. 49-63
Moldavie 2007
- Toujours sous perfusion - Bon Agnès p. 64-75 Les dysfonctionnements structurels de l'économie moldave se sont exacerbés en 2007 avec la grave sécheresse qui a affecté la production agricole au cours de l'été, alors que l'industrie agroalimentaire, principal secteur exportateur du pays, se remettait lentement de l'embargo russe imposé en 2005 et 2006. Le nombre de Moldaves qui s'expatrient pour survivre s'élève aujourd'hui à 800 000, soit un tiers de la population active, et les transferts de fonds de ces émigrés représentent désormais le tiers du PIB, alimentant un boom de la consommation et des importations. Sur le plan politique, les élections locales ont été marquées par un échec relatif du Parti communiste, au pouvoir depuis 2001, qui s'est révélé tout aussi incapable d'assurer un niveau de vie décent à la population que de résoudre le conflit avec la province séparatiste de Transnistrie. Sur le plan international, les relations avec la Russie se sont améliorées à proportion de la dégradation des relations avec Bucarest, accusé de saper la souveraineté nationale en facilitant l'accession des Moldaves à la citoyenneté roumaine.Moldavia Still under Strain The Moldavian economy's structural dysfunctions were exacerbated in 2007 by the severe draught which affected agriculture in the summer, while agribusiness, the country's main export sector, slowly recovered from the Russian 2005-2006 embargo. The number of Moldavians who expatriated to survive has today risen to 800,000, constituting one-third of the active population, while money transfers from the emigrants now represent one third of the GDP, bolstering a consumption and import boom. On the political level, local elections were marked by the relative failure of the Communist party in power since 2001, which had demonstrated its inability to ensure a decent living standard for the population, as well as to resolve the conflict with the separatist province of Transnistria. On the international level, relations with Russia improved proportionally to the decline in relations with Bucharest, accused of undermining national sovereignty by facilitating Moldavian access to Romanian citizenship.
- Toujours sous perfusion - Bon Agnès p. 64-75
Arménie 2007
- Une année électorale sur fond de croissance durable - Kahn Michèle p. 78-91 Le 12 mai 2007 ont eu lieu les élections législatives qui ont donné une large victoire au Parti républicain du président Kotcharian et déçu en partie les espoirs du jeune parti Arménie prospère, qui est entré cependant au gouvernement. L'opposition parlementaire est, pour sa part, réduite à la portion congrue. Ce scrutin était considéré comme une répétition générale de l'élection présidentielle qui a eu lieu le 19 février 2008 et dont la contestation dans la rue, violemment réprimée, a conduit le pouvoir à instaurer l'état d'urgence. En politique étrangère, l'Arménie s'efforce de maintenir la balance entre la Russie et l'Occident. Toujours handicapée par le blocus imposé par la Turquie et l'Azerbaïdjan, elle a noué avec l'Iran des relations qui constituent pour elle un appel d'air, les pourparlers appelés à apporter une solution au conflit du Haut-Karabakh étant au point mort. Elle a enregistré pour la sixième année consécutive une croissance à deux chiffres, tirée par le BTP et les services, du fait de l'augmentation du pouvoir d'achat. L'industrie extractive et la métallurgie sont également en progression et on a assisté à la renaissance du secteur énergétique dont la prise de contrôle par des sociétés russes est totale. La Russie est également le premier partenaire commercial d'Erevan, suivie de l'Allemagne. La situation des finances publiques est restée stable, mais le principal problème demeure la corruption, alors que les inégalités sociales continuent à se creuser.Armenia An Election Year Marked by Sustainable Growth The May 12,2007 legislative elections gave a wide victory to the Republican Party of president Kocharian, partly dashing the hopes of the young Prosperous Armenia party, which did, however, enter the government, while the parliamentary opposition was reduced to near insignificance. They were viewed as a general rehearsal for the February 19, 2008 presidential election, followed by violently repressed street protests which led to the declaration of a state of emergency. In terms of foreign policy, Armenia is endeavoring to maintain a balance between Russia and the West. Still hindered by the blockade imposed by Turkey and Azerbaijan, she has developed relations with Iran, a breath of fresh air as talks aimed at finding a solution to the Nagorno-Karabakh conflict are now at a standstill. Armenia has recorded its sixth consecutive year of double digit growth from the construction and services sector due to an increase in purchasing power. Mining and metallurgy are also in progression and there has been a recovery in the energy sector which has been completely taken over by Russian firms. Russia is also Yerevan's leading business partner, followed by Germany. Public finances remain stable, although corruption is still the main issue, and social inequalities continue to deepen.
- Une année électorale sur fond de croissance durable - Kahn Michèle p. 78-91
Azerbaïdjan 2007
- Futur émirat du Caucase ? - Mathey Raphaëlle p. 92-105 L'Azerbaïdjan a connu des résultats économiques remarquables en 2007, avec une croissance de plus de 20 %, et une situation financière saine. Mais les réserves connues d'hydrocarbures ne laissent au pays qu'une quinzaine d'années pour mettre en place une économie solide et diversifier le secteur industriel. Le pays s'est affirmé comme un maillon régional essentiel dans les transports, notamment de l'énergie, vers l'Europe. En investissant, via son fonds pétrolier de 2,5 milliards de dollars, dans de nouvelles voies d'acheminement, il ne fait que conforter sa position, en offrant des possibilités de contournement de la Russie. L'ambitieux président Aliev compte par ailleurs faire de son pays un pôle high-tech, une sorte de «hub» des technologies de l'information, avec pour conseiller Bill Gates en personne. Mais ce boom a sa face cachée, même si, officiellement, le nombre d'habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté aurait été ramené à 16 % contre 49 % en 2003 et si les dépenses sociales ont été augmentées de 30 % en 2007. L'inflation reste élevée, de plus de 20 %, les prix de transports et de l'électricité ont connu des hausses de 30 % et 50 % respectivement et la revalorisation des salaires et des pensions est loin de compenser la hausse des prix à la consommation. Dans ces conditions, l'enrichissement évident du pays, grâce à la manne pétrolière, n'encourage pas les autorités à trop libéraliser l'économie, ni à engager de plus amples réformes démocratiques. Calme et stabilité restent les maîtres mots : pour cela, le Président s'est attaché à renforcer les positions des membres de son clan. Profitant de l'héritage laissé par son père, Heydar Aliev, il a su s'imposer dans le contexte géopolitique régional et sur la scène internationale, sans faire trop de concessions. En jouant à la fois la carte du modernisme et du nationalisme, il est candidat à sa propre succession en 2008, tout en lançant une campagne de «collecte spontanée» de signatures en faveur de l'extension du mandat présidentiel de cinq à huit ans.Azerbaijan Future Emirate of the Caucasus ? Azerbaijan enjoyed remarkable economic results in 2007, with growth at over 20 %, and a healthy financial situation. Known oil reserves, however, leave the country only about fifteen years to set up a solid economy and to diversify the industrial sector. The country is an essential regional transport link, for energy in particular, towards Europe. While investing its 2.5 billion dollars in oil revenues in new transport routes, it is consolidating its position by providing ways of going around Russia. Its ambitious president I. Aliev also hopes to make his country a high tech pole, a kind of information technology hub, with Bill Gates as its advisor. This boom has, however, its dark side ; even if the official number of inhabitants living below the poverty line has been brought down to 16 % compared with 49 % in 2003, welfare expenditures increased by 30 % in 2007. Inflation remains high at over 20 %, transportation and electricity rose 30 % and 50 % respectively, while wage and pension revalorizations far from compensate for the rise in consumer prices. Under these conditions, the country's enrichment through oil manna does not encourage the government to liberalize the economy too much, nor to engage in greater democratic reforms. Calm and stability remain the key words : for that, the President has endeavored to reinforce the positions of his clan members. Benefiting from the heritage left by his father, Heydar Aliev, he has become irreplaceable in the regional geopolitical context and on the international scene, without making too many concessions. By playing both the modernism and nationalism cards, he is expected to succeed himself in 2008, launching “a spontaneous” signature collection campaign for the prolongation of the presidential term from five to eight years.
- Futur émirat du Caucase ? - Mathey Raphaëlle p. 92-105
Géorgie 2007
- L'heure des désillusions - Serrano Silvia, Kahn Michèle p. 106-119 La Géorgie a connu en 2007 une grave crise sociale et politique qui a débouché sur d'importantes manifestations de rue, sur fond de réformes menées à la hussarde, le déclencheur direct ayant été l'arrestation de l'opposant Irakli Okrouachvili, accusé de blanchiment d'argent et d'abus de pouvoir. En quête d'un regain de légitimité, les autorités ont annoncé une élection présidentielle anticipée et, lors de la brève campagne électorale, opposition et majorité ont fait assaut de promesses démagogiques. M. Saakachvili a été réélu avec 53,47 % des voix, mais de multiples irrégularités auraient eu lieu, en dépit des commentaires optimistes de l'OSCE. Les grands chantiers ouverts par le Président, tant en ce qui concerne la résolution des conflits d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud que le rétablissement de relations normales avec la Russie n'ont pas avancé, pas plus que l'intégration de la Géorgie dans l'Alliance atlantique, alors que l'image du pays en Occident était écornée par la crise de novembre. L'économie géorgienne a, pour sa part, connu une forte croissance tirée par les transports, suivis de l'industrie et du commerce. Le pays a bénéficié d'un afflux d'investissements directs étrangers, ainsi que des recettes de la vente d'entreprises qui figuraient auparavant sur la liste des non-privatisables. Il existe cependant un risque de surchauffe contre lequel le FMI a mis en garde Tbilissi.Georgia A Time of Disillusion In 2007, Georgia experienced a serious social and political crisis which led to huge street protests after a spate of brutal reforms which resulted in the arrest of the opposition leader Irakli Okruashvili for money laundering and abuse of power. Endeavoring to regain legitimacy, the government called early elections and during the short electoral campaign both opposition and majority rained down demagogic promises. M. Saakashvili was re-elected with 53.47 % of the votes, but there seems to have been many irregularities, despite OSCE optimism. The large-scale projects elaborated by the President, such as the resolution of the Abkhazian and South Ossetian conflicts and a return to normal relations with Russia have not progressed, nor has Georgia's inclusion in the Atlantic Alliance, while the November crisis tarnished the country's image. The Georgian economy has, however, experienced sharp growth due to the transport sector, followed by industry and trade. The country benefited from a surge in direct foreign investments, as well as from proceeds on the sale of companies which were not previously on the privatization list. The IMF, however, has warned Tbilissi of the risk of overheating.
- L'heure des désillusions - Serrano Silvia, Kahn Michèle p. 106-119
Kazakhstan 2007
- Comment s'affirmer sur la scène internationale ? - Vadurel Anna p. 122-135 Sous des apparences de renforcement de la démocratie, en donnant plus de responsabilités au Parlement, la réforme constitutionnelle de mai 2007 a en fait conforté le pouvoir autocratique du président Noursoultan Nazarbaiev et des clans qui l'entourent. Sauf accident, il pourrait bien rester en fonction jusqu'à sa mort, le riche et puissant Rakhat Aliev, rival potentiel, ayant été écarté du pouvoir et étant aujourd'hui en exil. Il n'empêche que l'OSCE lui a fait crédit, en décidant finalement que le Kazakhstan en assurerait la présidence en 2010, et ce malgré les critiques... et les résultats des élections législatives d'août 2007 : seul le parti présidentiel siègera au Parlement, aucune formation d'opposition n'ayant obtenu plus de 7 % des voix. Tirée par les hydrocarbures, la croissance a atteint 8,7 % en 2007, mais l'inflation s'est située à 18 %, avec de fortes hausses des prix des produits de première nécessité. Le taux de chômage est relativement bas et le pays connaît un afflux de travailleurs venus des pays voisins. Enfin, les autorités ont lancé un programme de développement ambitieux, basé sur celui de trente entreprises leaders, avec l'objectif de placer le pays parmi les cinquante les plus compétitifs du monde. La Russie, important investisseur, en reste le partenaire privilégié, mais la Chine n'est pas en mauvaise place, même si la coopération avec cette dernière concerne surtout la sécurité, la lutte contre le trafic de drogue et le séparatisme. Enfin, à travers sa participation aux organisations régionales et la signature, sous son impulsion, de multiples accords multilatéraux concernant l'énergie, les transports ou l'immigration clandestine, le Kazakhstan, dont les richesses sont encore, pour beaucoup, inexploitées, s'affirme de plus en plus comme une puissance régionale, sinon internationale.Kazakhstan Attempting Self-Affirmation on the International Scene Under auspices of strengthening democracy by granting more power to parliament, the May 2007 constitutional reform has, in fact, consolidated the autocratic power of President Nursultan Nazarbayev and the clans surrounding him. Barring the unforeseen, it could well function until his death, as his rich and powerful potential rival Rakhat Aliev has been dismissed from power and is today in exile. Nevertheless, the OSCE validated him by finally deciding that Kazakhstan could assume the 2010 presidency, despite criticism of the August 2007 legislative election results : only the presidential party will sit in Parliament as no opposition party gained more than 7 % of the votes. Bolstered by oil, growth reached 8.7 % in 2007 with inflation at 18 % due to enormous rises in basic necessities. Unemployment is relatively low and the country has experienced an influx of workers from neighboring countries. Lastly, the government has launched an ambitious development program, based on that of thirty leading enterprises, aimed at positioning the country among the world's fifty most competitive. Russia, an important investor, remains the privileged partner, but China is well positioned, although cooperation with the latter mainly concerns security, the fight against drug trafficking and separatism. Lastly, through its participation in regional organizations and the signature of many multilateral agreements on energy, transportation and clandestine immigration, that it had itself put forward, Kazakhstan, whose resources remain for the most part unexploited, is increasingly becoming a regional, if not international, power.
- Comment s'affirmer sur la scène internationale ? - Vadurel Anna p. 122-135
Kirghizstan 2007
- Les excès d'une reprise en main - Cagnat René p. 136-147 Après une période agitée fin 2006, le président Bakiev a tenté d'asseoir son autorité et d'étendre son pouvoir, quitte à faire douter de la réalité de la démocratie kirghize. Il est parvenu à la fois à placer ses partisans aux postes stratégiques et à diviser l'opposition, finalement tellement affaiblie qu'elle n'a pu lui tenir tête. Malgré les fraudes évidentes, les élections législatives de décembre 2007 ont entériné la victoire du camp présidentiel, lui offrant un Parlement et un gouvernement à sa dévotion. Loin de ces jeux politiques, la population kirghize, elle, ne profite guère d'une embellie économique qui, pour être impressionnante (la croissance du PIB au cours du 1er semestre a atteint 9,2 %), n'en est pas moins liée à l'effet de rattrapage économique après des années d'atonie. Surtout, l'économie parallèle kirghize est florissante, constituant une concurrence déloyale pour le commerce légal et engloutissant les dividendes des bons résultats économiques. La population, elle, s'enfonce dans la pauvreté : la consommation de drogues et d'alcool est en augmentation, tandis que la situation sanitaire se dégrade. En 2007, la politique étrangère a été, comme auparavant, multi-vectorielle, avec la Russie, les Etats-Unis, la Chine ou le Kazakhstan. La présence des ressortissants chinois, toutefois, ne va pas sans poser problème, en raison de leur nombre croissant sur les marchés, les chantiers ou dans les usines. Globalement, les relations se sont améliorées avec ses voisins, y compris ouzbeks et tadjiks.Kirghizstan The Excesses of Regaining Control After a period of unrest at the end of 2006, president Bakiev is attempting to maintain control and to extend his power, even if this casts doubts on Kirghiz democracy. He has also managed to place his supporters in strategic positions and to divide the opposition which is finally so weakened that it could no longer resist him. Despite obvious frauds, the December 2007 legislative elections led to the victory of the presidential camp, offering him a parliament and government at his beck and call. Far from these political maneuvers, the Kirghiz population is hardly benefiting from the economic growth, which while impressive (GDP rose by 9.2 % in the first six months) remains part and parcel of an economic recovery after years of stagnation. In particular, the Kirghiz parallel economy is flourishing, constituting unfair competition for legal commerce and absorbing the benefits of a positive economic performance. The population is falling deeper into poverty : the use of drugs and alcohol is on the increase while the health situation is declining. In 2007, foreign policy with Russia, the United States, China or Kazakhstan remained, as previously, multi-vectorial. The presence of Chinese nationals in bazaars, construction and factories, does, however, pose problems. All in all, relations with its neighbors, including Uzbeks and Tajiks, have improved.
- Les excès d'une reprise en main - Cagnat René p. 136-147
Ouzbékistan 2007
- Toujours sous la férule - Kamenka Irène p. 148-159 Fin 2007, Islam Karimov a été réélu sans surprise à la tête du pays, aucun candidat de l'opposition n'étant en lice. La traque aux opposants a continué, avec plusieurs assassinats commandités et la pratique de la torture dans les prisons. La presse est muselée et l'internet a été sérieusement verrouillé en cette année électorale. Les prix élevés des matières premières, comme l'or et le gaz, ont permis au gouvernement de garder le budget de l'Etat en équilibre, mais les investisseurs occidentaux boudent l'Ouzbékistan qu'ils jugent peu fiable à divers égards, ce qui n'est pas le cas des Russes et des Asiatiques, moins «regardants». Les relations ont par ailleurs repris avec le Turkménistan, après dix ans d'interruption, avec l'élection d'un nouveau Président. Avec l'Union européenne, elles restent conflictuelles, avec le refus réitéré des autorités d'accueillir une commission d'enquête internationale sur la répression à Andijan. Avec Moscou, la coopération économique s'est renforcée, mais les dirigeants ouzbeks aimeraient s'affranchir de la tutelle russe pour renouer le dialogue avec les Etats-Unis et certains pays européens. La croissance a atteint les 10 % mais, malgré des hausses de salaires conséquentes, le niveau de vie reste bas, car les prix des produits de première nécessité ont augmenté dans les mêmes proportions, ce qui explique qu'une partie importante des forces vives du pays aille travailler en Russie ou au Kazakhstan.Uzbekistan Still under the Yoke At the end of 2007 Islam Karimov was, as expected, reelected to lead the country, with no opposition candidate in the running. The hunt for opponents continued, with several organized assassinations and the practice of torture in prisons. During this electoral year, the press has been muzzled and the Internet sharply curtailed. High raw materials prices, such as gold and gas, made it possible for the government to balance the budget but Western investors are wary of Uzbekistan which they consider to be unreliable in many regards, unlike the less demanding Russian and Asian. Moreover, with the election of a new president, relations with Turkmenistan have resumed after a ten years halt. Conflict with the European Union continues after the repeated refusal of the government to allow an international committee of observers on repression in Andijan. Economic cooperation with Moscow has strengthened, but the Uzbek leadership would like to free itself from Russian super-vision to return to a dialogue with the United States and some European countries. Growth reached 10 % but despite a sub-stantial rise in wages, the standard of living remains low as the price of basic necessities has increased proportionally, which explains why an important part of the country's workforce is in Russia or Kazakhstan. * La Documentation française
- Toujours sous la férule - Kamenka Irène p. 148-159
Tadjikistan 2007
- Détérioration sociale malgré l'aide internationale - Rousselot Hélène p. 160-169 Un an après la réélection de Emomali Rakhmon, le Tadjikistan a pris l'option d'une ouverture diplomatique et économique, notamment vers les pays d'Asie centrale et la Chine, pour mettre en valeur son potentiel hydraulique, diversifier son industrie, qui repose sur le coton et l'aluminium, mettre en place des infrastructures de transport, etc. La stratégie élaborée à l'horizon 2015 prévoit d'en faire un pays exportateur d'électricité, de textile et d'aluminium. Pour cela il a besoin d'aides et de financements internationaux, ceux accordés jusque-là, y compris par l'Union européenne, étant insuffisants. Selon la «Stratégie 2007-2009 de réduction de la pauvreté», le pays aurait besoin de 5 milliards de dollars pour ramener le taux de cette dernière de 57 % à 32 %. Une grande partie de la population survit en effet seulement grâce à l'économie parallèle, estimée à 60 % du PIB en 2007, et aux transferts des travailleurs émigrés au Kazakhstan et en Russie. Les ruraux (70 % de la population) durement frappés par la crise du coton en 2007 et un hiver très rigoureux, et de plus largement endettés, fournissent les principales cohortes de pauvres. D'après les classements internationaux, le pays figure parmi les plus corrompus. Pour lutter contre ce fléau et les autres que sont le trafic de drogues, le crime organisé, sans compter une forte évasion fiscale, une Agence a été créée, mais dont l'efficacité est mise en doute. L'opposition et la société civile en général sont sous contrôle ; une loi en préparation devrait encadrer plus strictement les associations et institutions religieuses, notamment islamiques.Tajikistan Social Decline Despite International Aid One year after the re-election of Emomali Rakhmon, Tajikistan has opened up both diplomatically and economically, in particular towards Central Asia and China, in order to promote its hydraulic potential, diversify its cotton and aluminum-based industry, set up transportation infrastructures etc. The strategy is to make the country an electricity, textiles and aluminum exporter before 2015. For this, it requires international assistance and financing, as that granted to date, including from the European Union, is insufficient. According to the “2007-2009 Poverty Reduction Strategy”, the country requires 5 billion dollars to reduce the poverty rate from 57 % to 32 %. Most of the population survives through the parallel economy, estimated at 60 % of the GDP in 2007, and through the money transfers of migrant workers to Kazakhstan and in Russia. The rural population (70 % of the populace) has been hard struck by the 2007 cotton crisis and a very severe winter, and, as highly in debt, they form the largest mass of the poor. According to international classifications, the country is among the most corrupt. An agency, of dubitable effectiveness, was set up to fight this scourge and others, such as drug trafficking, organized crime, not to mention substantial tax avoidance. The opposition and the civilian society in general are under control : a law in preparation should provide a stricter framework for religious, particularly Islamic, associations and institutions.
- Détérioration sociale malgré l'aide internationale - Rousselot Hélène p. 160-169
Turkménistan 2007
- La fin en douceur du système Niazov - Kamenka Patrick p. 170-181 Le nouveau chef de l'Etat G. Berdymoulhammedov a pris le parti de sortir le pays de l'isolement imposé par son prédécesseur, S. Niazov, qui avait régné sans partage pendant deux décennies sur ce pays désertique, économiquement et socialement délabré, mais riche en gaz. Il a déjà effectué des visites dans de nombreux pays, appelant les investisseurs étrangers à s'intéresser au développement de l'économie turkmène. Il s'est entendu avec Gazprom, le géant gazier russe, pour créer un nouveau gazoduc d'exportation vers la Russie, qui de son côté a dû concéder des hausses sensibles du prix du gaz. Pékin va également construire un tube de 7 000 km de long depuis les champs gaziers turkmènes pour répondre à une forte demande en hydrocarbures. Les Européens et Américains ont également sollicité le Turkménistan pour obtenir des livraisons de gaz «en direct» via le projet de gazoduc dit Nabucco, contournant la Russie. Sur le plan intérieur, la «déniazovisation» avance à pas comptés : le culte de la personnalité n'est plus ce qu'il était et la nouvelle équipe dirigeante a commencé à réformer timidement l'éducation (ouverture de classes et de facultés, rétablissement de l'apprentissage de certaines matières et des langues étrangères) ainsi que la culture et la santé, et a instauré des aides sociales et rétabli le versement des retraites.Turkmenistan The Quiet End of the Niazov System The new president, G. Berdymukhammedov, is endeavouring to take the country from the isolation imposed by his predecessor, S. Niazov, who ruled alone for over two decades over this economically and socially destitute but gas-rich desert nation. He has already visited many countries, calling on foreign investors to take an interest in the development of the Turkmen economy. He has entered into an agreement with the Russian gas giant, Gazprom, to construct a new gas pipeline to Russia, which itself was obliged to accept a slight rise in gas prices. Beijing will also build a 7,000 km long line from the Turkmen gas fields to meet its enormous gas requirements. Europeans and Americans have also asked Turkmenistan for “direct” gas supplies via a new pipeline project, called Nabucco, to go around Russia. Domestically, the country's “deniazovisation” is slowly progressing : the cult of the personality is no longer what it was and the new leadership has undertaken mild reforms in education (opening up classes and faculties, a return to teaching certain subjects and foreign languages), as well as in culture and health, while also providing social subsidies, and restoring the payment of pensions.
- La fin en douceur du système Niazov - Kamenka Patrick p. 170-181
CEI et autres organisations régionales
- Faits et chiffres - p. 182-187
Repères
- L'Est et l'Union européenne . Novembre-Décembre 2007 - Lhomel Édith p. 188-191