Contenu du sommaire : La Russie et les autres pays de la CEI en 2004

Revue Le Courrier des Pays de l'Est Mir@bel
Numéro no 1047, janvier-février 2005
Titre du numéro La Russie et les autres pays de la CEI en 2004
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Avant-propos - p. 3 accès libre
  • Russie 2004. Les nuages s'amoncellent - Rucker Laurent, Walter Gilles p. 6-36 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Après sa nette victoire à l'élection présidentielle de mars 2004, qui a suivi celle de son parti, Russie unie, aux élections législatives de décembre 2003, Vladimir Poutine a pris le contrôle de l'ensemble des institutions politiques. Les partis d'opposition sont sortis totalement laminés de la «non-campagne» électorale. Mais V. Poutine se trouve toujours confronté à l'interminable guerre de Tchétchénie et au terrorisme. La Russie a ainsi dû faire face, entre le 1er et le 3 septembre, à la prise en otages de plus de 1 300 personnes, dont une majorité d'enfants, dans une école de Beslan, en Ossétie du Nord, qui s'est achevée dans un bain de sang. Cette tragédie sera exploitée par le pouvoir pour faire adopter toute une série de textes de lois restreignant la démocratie dans le pays, sous couvert de renforcement de la «verticale du pouvoir». C'est ainsi que les responsables des exécutifs régionaux seront désormais désignés et non plus élus, que l'élection des députés se fera uniquement à la proportionnelle, ce qui exclut tous les candidats indépendants. Les dispositifs anti-terroristes, auparavant réservés à la seule Tchétchénie, sont étendus à l'ensemble du territoire. La reprise en main du secteur énergétique, symbolisée par l'affaire Ioukos, vise en réalité à remplacer une oligarchie par une autre, composée par des fidèles du Président. En politique étrangère, les relations avec Washington ont oscillé entre crispation et apaisement. Si V. Poutine a ostensiblement soutenu G. W. Bush lors de la campagne électorale américaine, il a vertement critiqué les Etats-Unis, de même que l'Europe, lors de la crise qui a accompagné l'élection présidentielle ukrainienne, criant au complot contre la Russie. Le bilan des relations russo-européennes pour 2004 est cependant plutôt positif. Sur le plan économique, après un premier semestre dynamique, on assiste à un net ralentissement de la croissance, en particulier dans l'industrie, même dans le secteur minier, et de façon plus prononcée dans les branches de transformation, et ce en dépit d'une demande toujours vivace. Les revenus réels de la population connaissent en effet une croissance toujours soutenue et l'investissement est également vigoureux. La demande extérieure a continué à s'inscrire à la hausse, mais à des taux plus modérés. Comment expliquer dès lors le ralentissement de l'activité : faut-il y voir une pause conjoncturelle ou les conséquences d'une trop grande rigueur de la politique monétaire, l'inflation demeurant la principale préoccupation des autorités ? Seule une stratégie de diversification centrée sur un renforcement de la compétitivité structurelle de l'industrie russe permettra de créer les conditions d'une croissance durable et équilibrée.
    Russia Clouds on the Horizon After a clear victory in the March 2004 presidential election, which followed the victory of his party, United Russia, in December 2003, Vladimir Putin has taken control of all political institutions. The opposition parties were completely obliterated in the electoral “non campaign.” V. Putin, however, is still confronting the never-ending war in Chechnya and terrorism. Between the 1st and 3rd of September, Russia was forced to deal with the hostage taking of over 1,300 persons, mostly children, in a school in North Ossetian Beslan, which ended in a bloodbath. The authorities used this tragedy to adopt a series of laws limiting democracy in the country on the pretext of strengthening “single chain of command.” Thus, regional authorities are no longer elected but designated, and deputies will be elected by proportional representation, which will exclude all independent candidates. Anti-terrorist measures, previously reserved for Chechnya, have been extended to the entire country. Regaining control of the energy sector, symbolized by the Yukos affair, is actually aimed at replacing one oligarchy by another consisting of those loyal to the President. In foreign policy, relations with Washington have oscillated between tension and relaxation. While V. Putin ostensibly supported G. W. Bush during the American elections, he harshly criticized the United States, as well as Europe, during the Ukrainian presidential elections, claiming a conspiracy against Russia. The balance-sheet of Russian-European relations remains rather positive for 2004. On the economic level, we are witnessing a clear slowdown in growth after a dynamic first six months, particularly in industry as well as in the mining sector, but, above all, in the processing industries, despite a continued strong demand. The population's real income grows steadily and investments remain strong. Foreign demand continued to rise albeit more moderately. One may ask whether the slowdown in activity is circumstantial or the result of an over-stringent monetary policy as inflation remains the government's main preoccupation. Only a diversification strategy based on consolidating the structural competitiveness of Russian industry will create the conditions for sustained and balanced growth.
  • Ukraine 2004. L'heure des choix - Dubien Arnaud, Duchêne Gérard p. 37-60 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'entrée en fonction, le 23 janvier 2005, de V. Iouchtchenko, candidat de l'opposition, a mis un terme à la crise politique née de la contestation dans la rue, des résultats du deuxième tour, pour fraudes avérées. Situation inédite : un autre deuxième tour eut lieu, organisé sous haute surveillance internationale, après que fut trouvé un compromis inattendu autant qu'ambigu, entre le pouvoir et l'opposition, et auquel participèrent des acteurs étrangers : Pologne, Lituanie, Union européenne, sans compter les interférences des Etats-Unis et du Canada, pays dans lequel réside une importante diaspora ukrainienne. La défaite du candidat du pouvoir, l'ex-Premier ministre, V. Ianoukovitch, soutenu ouvertement par V. Poutine, va-t-elle signifier un changement radical de la politique ukrainienne, tant intérieure qu'extérieure ? L'auteur attire l'attention sur le danger d'analyses binaires, opposant, entre autres, un camp dit pro-européen, à un autre, dit pro-russe : la situation est loin d'être aussi simpliste, surtout si l'on sait que les deux candidats ont pratiqué, en tant que Premiers ministres, la même politique économique, et qui a porté ses fruits. Ce qui amène à s'interroger sur les raisons profondes qui ont fait descendre la population dans la rue. Un déficit de démocratie ? En 2004, l'Ukraine a obtenu, en termes de PIB, les meilleurs résultats (+ 12 %) depuis l'indépendance, tant dans l'industrie, l'agriculture, que le bâtiment, croissance imputable au dynamisme de la demande extérieure et domestique. Son solde commercial est positif et son principal client reste la Russie. La consommation a bénéficié des fortes hausses des revenus (+ 15 % par an de 1999 à 2004) et notamment des salaires, ce qui traduit une meilleure gestion des entreprises, résultant des réformes structurelles engagées. Un indicateur incontestable de la bonne santé de l'économie ukrainienne est sans doute la hausse continue des investissements directs étrangers, soit 1,5 milliard de dollars en 2004. Points noirs à l'horizon néanmoins : l'entrée dans l'UE de 8 pays d'Europe centrale et orientale, avec un quota d'exportations sidérurgiques à la baisse, imposé par Bruxelles, l'inflation latente, la remontée de la «dollarisation», les réformes agraire, fiscale (TVA) et du secteur financier (notamment de la Caisse d'épargne), la poursuite des privatisations et la remise en cause d'anciennes.
    Ukraine A Time to Choose Opposition candidate V. Yushchenko's accession to power on January 23rd 2005, ended a political crisis originating from street protests against fraudulent second-ballot results. A hitherto unheard of situation : another second ballot took place under close international surveillance, once an as unexpected as ambiguous compromise between the authorities and the opposition was agreed to with foreign participation : Poland, Lithuania, the European Union, notwithstanding interference from the United States and Canada, the latter with a large Ukranian diaspora. We may ask if the defeat of ex-Prime minister V. Yanukovych, the candidate put forward by the powers in place and openly supported by V. Putin, signifies a radical change in Ukrainian domestic and foreign policies. The author draws our attention to the dangers of black and white analysis, opposing, among other aspects, a so-called pro-European camp to another so-called pro-Russian camp : the situation is far from simple, particularly when one considers that the two candidates, as prime ministers, carried out the same economic policies, which reaped certain benefits. This inclines us to enquire as to the deep reasons which caused the people to take to the streets. A lack of democracy ? Ukraine obtained the best GDP results (+12 %) since independence, in industry, as well as in agriculture and construction which can be attributed to a dynamic foreign and domestic demand. It has a positive balance of trade and its main client is still Russia. Consumption has benefited from the sharp rise in income (+ 15 % annually between 1999 and 2004) and in wages in particular, which reflects improved company management resulting from structural reforms undertaken. An indisputable indicator of a healthy Ukrainian economy is undoubtedly the continued increase in direct foreign investment, at 1.5 billion dollars in 2004. There are, however, some clouds on the horizon: the entry of 8 central and eastern European countries into the EU, with a Brussels-imposed decline in steel exports, latent inflation, the rise in “dollarization,” agrarian, fiscal (VAT) and financial sector reforms (in particular the Savings Bank) as well as continued privatizations and a reassessment of those previously undertaken.
  • Biélorussie 2004. Vers un troisième mandat de Alexandre Loukachenko - Shukan Loulia p. 61-75 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    L'année 2004 a été marquée en Biélorussie par un durcissement du régime. Au scrutin législatif du 17 octobre 2004, organisé de façon à faire élire un Parlement tout à sa dévotion, le président Loukachenko a joint un référendum constitutionnel destiné à lui permettre de briguer un troisième mandat lors de l'élection de 2006. Les manifestations de protestations qui ont eu lieu le lendemain du scrutin ont été suivies de brutalités policières et d'interpellations. Le régime a accentué la répression contre les figures-clés de l'opposition et les journalistes et fermé sous des prétextes fallacieux l'Université européenne des sciences humaines (UESH), une des rares fenêtres du pays ouvertes sur l'extérieur. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, le Parlement européen, ainsi que le gouvernement américain ont adopté des résolution très dures à l'encontre de la Biélorussie. Sur le plan économique, ce pays, fortement tributaire des approvisionnements russes en hydrocarbures, a marqué des points dans le bras de fer qui l'oppose à la compagnie russe, Gazprom, en obtenant le maintien d'un tarif préférentiel sur ses livraisons de gaz. La croissance du PIB a été forte, tirée par l'augmentation de la demande russe sur certains produits, mais les industries d'Etat n'ont toujours pas été restructurées et, de même que l'agriculture, fonctionnent à coups de subventions. Il est vrai que grâce à une politique de l'emploi à la soviétique, le taux de chômage demeure très bas, tout au moins selon les données officielles.
    Belarus Towards a Third Term for Alexander Lukashenko ? For Belarus 2004 marked a tightening of the regime. President Lukashenko, who had manoeuvred for the election of a Parliament at his beck and call, added a constitutional referendum to the October 17th legislative elections which would enable him to solicit a third term in the 2006 elections. The protest demonstrations which took place following the election resulted in police brutality and arrests. The regime increased repression towards key leaders and journalists and closed the European Humanities University (EHU), one of the country's few windows on the outside world, on false pretexts. The Parliamentary Assembly of the Council of Europe, the European Parliament as well as the American government adopted strict resolutions against Belarus. On the economic level, this country, which is heavily dependent on Russian oil supplies, made strides in its disputes with Russia's Gazprom, maintaining preferential tariffs on gas supply. The GDP rose sharply with increased Russian demand for certain products, while State industries have still not been restructured and, as does agriculture, rely on periodic subsidies. It is true that with a Soviet-type labour policy, unemployment rates remain extremely low, at least according to the official figures.
  • Moldavie 2004. Valse-hésitation entre communisme et social-démocratie - Bon Agnès p. 76-89 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Le pouvoir communiste, en place depuis quatre ans, bénéficie encore d'une certaine popularité, même si la Moldavie reste l'un des pays les plus pauvres et les plus corrompus d'Europe. Par ailleurs, contraint de se plier aux exigences des financiers internationaux, il n'est pas en mesure de remplir ses promesses sociales. Aussi se livre-t-il, à l'approche des élections législatives de février 2005, à des manœuvres qui visent à préserver une majorité au Parlement, menacée par la création à gauche d'un nouveau parti «pro-russe». L'opposition moldave, quant à elle, n'a pas réussi à former une large coalition électorale, sur fond de mainmise évidente du parti au pouvoir sur les rouages de l'Etat et les médias, ce que ne manquent pas de critiquer les observateurs de l'OSCE. Comme l'année précédente, les relations extérieures ont été dominées par le problème du statut de la Transnistrie, république auto-proclamée à la frontière avec l'Ukraine, où restent stationnées des troupes russes. Le conflit est gelé et les négociations en panne, malgré son internationalisation. Depuis le rejet, fin 2003, d'un plan russe de règlement, les relations moldavo-russes se sont refroidies et le président Voronine, par ailleurs très critique à l'encontre de la CEI, en a profité pour amorcer un rapprochement avec l'UE, dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage. L'économie moldave, en croissance positive pour la cinquième année consécutive, ne parvient toutefois pas à éradiquer la précarité, avec 40 % de Moldaves vivant en dessous du seuil de pauvreté. Un tiers de la population active (soit 700 000 personnes) travaille à l'étranger, mais les devises transférées (1 milliard de dollars en 2004) vont à la consommation et sont peu investies dans l'économie. Les couches moyennes et supérieures auxquelles appartiennent ces migrants en seraient les principales bénéficiaires. Fin 2004, un plan «de croissance pour les pauvres» a été adopté, mais sa réussite dépendra de la reprise de l'aide internationale, qui se fait attendre. Les privatisations prévues ont du être annulées en grande partie. Cela n'a pas empêché les autorités d'adopter un «budget préélectoral», dont l'éducation et la santé devaient être les principaux bénéficiaires.
    Moldova Wavering between Communism and Social Democracy The communist authorities in control for the last four years still enjoy some popularity even if Moldavia remains one of the poorest and most corrupt countries of Europe. Moreover, obliged to bow to the demands of international financiers, they are incapable of fulfilling their social promises. With the approach of the February 2005 legislative elections, she is undertaking measures aimed at maintaining a parliamentary majority, threatened by the creation of a new left-leaning “pro-Russia” party. The Moldavian opposition has not succeeded in forming a large electoral coalition with the obvious control of the party in power over the government and the media, which is criticized by OSCE observers. As in the previous year, foreign relations have been dominated by the question of the status of Transnistria, a self-proclaimed republic bordering on the Ukraine where Russian troops remain stationed. The conflict is at a stalemate and negotiations have broken down, despite international involvement. Moldavian-Russian relations have cooled since a Russian proposal was rejected at the end of 2003, and president Voronin, highly critical of the CIS, used this to begin overtures towards the EU, under the new neighbor policy. The Moldavian economy, showing growth for the fifth consecutive year, has not, however, been able to eradicate economic insecurity as 40 % of Moldavians live under the poverty line. A third of the working population (or 700,000 persons) work in foreign countries but the money that they transfer (1 billion dollars in 2004) goes towards consumption with little invested in the economy. The middle and upper classes to which these migrants belong are the main beneficiaries. A“development plan for the poor” was adopted at the end of 2004 but its success is dependent on the resumption of international aid, which is slow in coming. Most of the planned privatizations have been cancelled. This has not prevented the authorities from adopting a “pre-electoral budget” which should mainly benefit education and health.
  • Arménie 2004. Statu quo politique et croissance en trompe-l'oeil - Kahn Michèle p. 92-104 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    En 2004, l'opposition arménienne n'est toujours pas parvenue à obtenir la destitution du président Kotcharian, réélu en 2003. Contrairement à la Géorgie, elle ne dispose pas en effet d'un leader charismatique et demeure toujours divisée. Elle a cependant réussi à maintenir la tension dans la rue, notamment en avril, avec une manifestation violemment dispersée et suivie de nombreuses arrestations d'opposants. Le Président est sorti affaibli de ce bras de fer et a dû affronter les critiques du Conseil de l'Europe. En politique étrangère, le problème du Haut-Karabakh plombe toujours les relations avec la Turquie et l'Azerbaïdjan. Son allié privilégié demeure la Russie, dont elle est tributaire pour ses approvisionnements énergétiques, mais elle développe ses relations avec l'Iran et a par ailleurs amorcé un rapprochement avec les Etats-Unis. L'Arménie s'est vu par ailleurs attribuer, en janvier 2004, de même que les deux autres pays du Sud-Caucase, le statut de «nouveau voisin» de l'Union européenne. Sur le plan économique, l'Arménie connaît toujours une croissance spectaculaire, dans laquelle la consommation interne occupe une part importante, ce qui témoigne d'un certain frémissement du niveau de vie de la population, même si une part importante de celle-ci demeure dans la précarité.
    Armenia Political Status Quo and Illusory Growth In 2004, the Armenian opposition was not able to impeach President Kotcharian, re-elected in 2003. Unlike Georgia, it does not have a charismatic leader and still remains divided. It was, however, successful in keeping the streets in turmoil, particularly in April, with a violent demonstration dispersed and followed up with numerous arrests of opponents. The President's hold was weakened and he was obliged to confront criticism from the Council of Europe. As concerns foreign policy, the Upper Karabagh problem weighs heavily on relations with Turkey and Azerbaijan. Russia, on which she depends for energy, remains the privileged ally, but relations with Iran are developing and she is also making overtures to the United States. In January 2004, Armenia was granted “new neighbor” status with the European Union along with the two other South Caucasus nations. On the economic level, Armenia has always enjoyed spectacular growth, with domestic consumption playing a key role, which reflects some improvement in the people's standard of living, even if this remains precarious for a large part of the population.
  • Azerbaïdjan 2004. Une succession difficile - Mathey Raphaëlle p. 105-119 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    2004 en Azerbaïdjan aura été une année relativement calme, caractérisée par la lente mise en place du nouveau régime d'Ilham Aliev, fils du précédent Président. Le pays est confronté à de nombreux défis. Le pouvoir politique doit trouver un délicat équilibre entre la promotion des réformes économiques attendues et l'amélioration de la situation sociale et des conditions de vie difficiles. Le nouveau Président doit également faire face à une élite dirigeante divisée par les rivalités claniques et économiques et sortir de l'ombre pesante de son défunt père, afin d'asseoir son autorité et d'imposer sa stratégie politique. D'une façon générale, tous les espoirs sont focalisés sur la richesse pétrolière à venir en 2005. Le pays semble entretenir l'illusion que ces perspectives économiques apporteront toutes les réponses aux maux dont il souffre : une économie très déséquilibrée, une situation sociale délicate, d'importants problèmes de démocratie et, bien sûr, un conflit gelé depuis plus de 10 ans.
    Azerbaijan A Difficult Succession 2004 was relatively calm for Azerbaijan, as the new regime of Ilham Aliyev, son of the previous President, came slowly into place. The country is facing a great many challenges. The political power must find a delicate balance between promoting awaited economic reforms, improving the social situation and the difficult living conditions. The new president must also confront a controlling élite fractured by clan and economic rivalries as well as emerge from under the heavy shadow of his deceased father in order to lay the foundations for his authority and impose his political strategy. In general, all hopes are focused on the oil wealth to come in 2005. The country seems to be under the illusion that its economic outlook will provide solutions for all the ills its suffers, heavy economic imbalances, a fragile social situation, substantial difficulties with democracy and, of course, a conflict on hold with Armenia for over 10 years.
  • Géorgie 2004. Des roses et des épines - Serrano Silvia, Kahn Michèle p. 120-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Le 4 janvier 2004, Mikhaïl Saakachvili voyait le choix de la rue de novembre 2003 confirmé brillamment dans les urnes. Sa coalition remportait ensuite largement les élections législatives du 28 mars. Le but principal du nouveau Président étant le renforcement de l'Etat, il s'est lancé dans des réformes tous azimuts (armée, administration, police, système éducatif) et a entrepris une lutte spectaculaire contre la corruption. Par contre, les succès de ses entreprises visant à faire rentrer dans le giron géorgien les sécessionnistes rebelles n'ont été que mitigés : victoire en Adjarie, échec en Ossétie du Sud, statu quo en Abkhazie. Les relations de la Géorgie avec l'Occident sont au beau fixe, que ce soit avec l'Union européenne, qui l'a intégrée dans sa politique de nouveau voisinage, avec l'Otan ou avec les Etats-Unis. Mais parallèlement, elle a un grand besoin des investissements russes, et la nomination comme ministre de l'Economie d'un oligarque russe d'origine géorgienne est censée favoriser l'afflux de ceux-ci. La croissance est au rendez-vous, notamment grâce à l'avancement de la construction de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), le FMI a repris ses financements interrompus en 2003, les exportations sont gonflées par le niveau élevé des prix des métaux et les recettes budgétaires sont en progression, en partie grâce à la lutte anti-corruption. Quant à la population, elle attend toujours l'amélioration de son niveau de vie.
    Georgia Roses and Thorns On January 4th 2004, Mikhail Saakashvili received a brilliant confirmation through the ballot box of the November 2003 voice from the street. His coalition swept the legislative elections of March 28th. As the primary goal of the new president was to strengthen the State, he undertook wide-ranging reforms (army, administration, policy, education system) and entered into a spectacular war on corruption. On the other hand, his endeavors to bring secessionist rebels back into the bosom of Georgia were somewhat mitigated : victory in Adjaria, failure in South Ossetia, status quo in Abkhazia. Georgia's relations with the West are quite satisfactory, whether it be with the European Union which has integrated it into its new neighbor policy, or with NATO and the United States. She also has a large need for Russian investments and the nomination of a Russian oligarch of Georgian origin as Finance Minister is expected to increase them. Growth has satisfactorily met expectations, in particular through the advancement of the Baku-Tbilissi-Ceyhan pipeline (BTC) and the IMF resumed financing interrupted in 2003, exports have been inflated by high metals prices and budgetary income is increasing, partially due to the fight against corruption. The population, however, is still awaiting an improvement in the standard of living.
  • Kazakhstan 2004. Sur une pente dangereuse - Kahn Michèle p. 138-151 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Le principal événement politique de l'année 2004 au Kazakhstan a été les élections législatives des 19 septembre et 3 octobre. Grâce à la loi électorale adoptée en 2002, qui a permis de faire barrage à plusieurs partis d'opposition et à un processus électoral dénoncé comme opaque par les observateurs internationaux, le président Nazarbaiev a réussi à mettre en place un Parlement aux ordres de l'exécutif. En dépit d'une reculade sur une loi réglementant l'activité des médias particulièrement critiquée par la communauté internationale et l'opposition, et de quelques remaniements et démissions dans l'équipe au pouvoir, qui relèvent davantage du jeu de chaises musicales que de véritables changements politiques, rien ne bouge au sommet de l'Etat et le Président a déclaré son intention de se représenter à l'élection de 2006. Quant à la lutte contre l'islamisme, elle permet de donner des gages aux Etats-Unis, tandis que le Kazakhstan, en butte à de nombreuses critiques à l'Ouest pour son absence de progrès dans la voie démocratique, a accentué son rapprochement avec la Russie. Il a en effet rejoint un groupe formé par cette dernière et sept autres pays de la CEI réclamant la redéfinition du rôle de l'OSCE, ce qui compromet ses projets d'occuper la présidence tournante de cette organisation en 2009. Sur le plan économique, la croissance est toujours aussi vigoureuse, tirée par le secteur des hydrocarbures et par l'investissement étranger, mais aussi par la consommation intérieure. En effet, le niveau de vie moyen est parmi les plus élevés dans les pays de la CEI après la Russie. Le problème majeur est toujours de diversifier l'industrie, essentiellement basée, en dehors du pétrole et du gaz, sur l'extraction et la première transformation des métaux, qui constituent également l'essentiel des exportations. Le gouvernement observe une politique de rigueur en matière budgétaire et la Banque centrale s'efforce de contenir l'appréciation de la monnaie nationale, le tengué. Les réformes structurelles demeurent encore au milieu du gué et l'afflux considérable des investissements étrangers semble effrayer les dirigeants et susciter chez eux une réaction de repli.
    Kazakhstan On a Dangerous Incline The Editorial Staff For Kazakhstan, the main political event of 2004 was the September 19th and October 3rd legislative elections. A voting law adopted in 2002 made it possible to block several opposition parties and an electoral process which international observers consider to be obscure, enabled President Nazarbayev to establish an Executive-controlled Parliament. Despite a backtrack on a law regulating media activity, highly criticized by the international community and the opposition, a cabinet reshuffle and some resignations, more a case of musical chairs than real political change, nothing has altered for the government and the President has declared his intention to become a candidate in 2006. The struggle against Islamism has put Kazakhstan in good stead with the United States, while, with substantial criticism from the West on a lack democratic progress, she is moving closer towards Russia. It has, in effect, joined a group formed by the latter and seven other countries of the CIS in calling for a redefinition of the role of the OSCE, which is compromising its plans for occupying the rotating presidency of this organization in 2009. On the economic level, growth remains strong, supported by the petroleum sector and foreign investments, but also by domestic consumption. The standard of living is actually very high in the CIS after Russia. The major problem remains the diversification of industry, which, excluding oil and gas, is based essentially on the mining and processing of metals, the country's main exports. The government remains stringent on the budget and the Central Bank is working to contain any inflation of the national currency, the tenge. Structural reforms remain at a standstill and the substantial influx of investments seems to frighten the leadership and to incite a withdrawal reaction.
  • Kirghizstan 2004. Veillée d'armes - Cagnat René p. 152-164 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    2004 a été une année calme et d'un bon rapport malgré la perpétuation de maints problèmes. L'incontestable embellie économique n'a guère profité aux plus démunis et au sud, pauvre, du pays. Un certain manque d'autorité de l'Etat s'est traduit par une lutte insuffisante contre la corruption, l'économie de l'ombre et le crime organisé. Les problèmes sociaux sont difficilement dominés par un pouvoir plus à même de sauver les apparences que de résoudre au fond les difficultés. Heureusement la politique étrangère «pluri-vectorielle», en tirant parti de la rivalité entre Russie, Chine et Etats-Unis, permet de mettre quelque baume sur les problèmes intérieurs. L'investissement étranger, l'aide extérieure, le développement du commerce sont autant de remèdes à la crise économique et sociale. Le Kirghizstan en acquiert un certain poids face à des voisins incommodes, tels l'Ouzbékistan ou le Kazakhstan. Ce qui est en jeu, à la veille des échéances électorales de 2005 et par-delà les difficultés économiques ou les rivalités, c'est l'apparition dans ce pays d'une pré-démocratie.
    Kyrgyzstan Insecure Horizons 2004 was a calm year with positive results despite many continuing problems. The irrefutable economic improvement little profited the poorest and the destitute south of the country. Some absence of governmental authority is reflected in an insufficient battle against corruption, the shadow economy and organized crime. Social problems have been hard to control by authorities more inclined to keep up appearances than to delve into resolving the difficulties. Fortunately the “multi-vectoral” foreign policy, exploiting the rivalry between Russia, China and the United States, has made it possible to alleviate domestic problems somewhat. Foreign investment and aid, the development of trade are remedies for the economic and social crisis. Kyrgyzstan has gained some importance vis-à-vis her difficult neighbors, such as Uzbekistan and Kazakhstan. Beyond economic difficulties or rivalries, the appearance of an incipient democracy is at stake in the 2005 pre-electoral period.
  • Ouzbékistan 2004. Terrorisme et malaise social - Kamenka Irène p. 165-177 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    En mars 2004 ont eu lieu à Tachkent et à Boukhara une série d'attentats qui ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes et ont été aussitôt attribués par les autorités au groupe islamiste Hizb-ut-Tahrir, basé à Londres. Certains observateurs y voient par contre la main du régime lui-même, désireux de convaincre la communauté internationale que, en butte au terrorisme, il ne peut se payer le luxe de faire des réformes. Le mécontentement populaire, qui ne cesse de croître, ne pourra s'exprimer dans les urnes, en dépit de consultations électorales destinées à renouveler les deux chambres du Parlement, car les partis d'opposition ne pourront pas y présenter de candidats et sont en outre en butte à des persécutions, ainsi que les ONG et les médias. Le président Karimov s'est rapproché de Moscou, tout en maintenant ses bonnes relations avec les Etats-Unis, qui disposent toujours d'une base militaire à Khanabad. L'économie stagne, en dépit de chiffres officiels optimistes. La Russie investit dans le secteur des hydrocarbures, mais l'Ouzbékistan demeure en queue de peloton pour les IDE en Asie centrale. Par ailleurs, les donateurs étrangers ont revu leur assistance à la baisse en raison du manque d'avancées démocratiques. La corruption est omniprésente et la population voit son niveau de vie baisser.
    Uzbekistan Terrorism and Social Discontent In March 2004, the authorities immediately attributed a series of attacks in Tashkent and Bukara, which caused the deaths of dozens of persons, to the London-based Islamist group Hizb-ut-Tahrir. Some observers, however, considered it to be the work of the regime itself, hoping to convince the international community that under threat from terrorism it could not afford the luxury of reforms. Popular discontent, which continues to grow, cannot be expressed through the ballot box, despite elections aimed at renewing the two houses of parliament, because the opposition parties will not be able to present candidate and are, moveover, victims of persecution, as are the NGOs and the media. President Karimov has moved close to Moscow while maintaining good relations with the United States, which still maintains a military base at Khanabad. The economy is stagnating despite optimistic official figures. Russia is investing in the oil sector, but Uzbekistan remains at the back of the line for FDIs in Central Asia. Moreover, foreign donors have reduced aid because of the absence of democratic progress. Corruption is omnipresent and the people's standard of living is declining.
  • Tadjikistan 2004. La fin d'une exception en Asie centrale ? - Guérin Frédérique p. 178-192 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Ce pays a connu une trajectoire singulière, si on le compare à ses voisins. La fin de la guerre civile de 1992-1997 ayant débouché sur un compromis entre anciens communistes, démocrates et islamiques, le pays connut alors une ère de relatives tolérance et liberté, non négligeables au regard des pratiques dans la région. Mais peu à peu, l'autoritarisme semble reprendre le dessus et le partage des responsabilités, prévu par les accords de paix, réduit à une peau de chagrin. En effet, en 2004, le président Rakhmonov n'a eu de cesse d'écarter ses concurrents potentiels, y compris parmi ceux, pour la plupart d'anciens chefs de guerre et de clan, qui l'avaient soutenu. Destitutions et arrestations d'hommes au pouvoir, qui s'étaient, au passage, fortement enrichis et sont toujours à la tête de troupes armées, se sont alors multipliées, alors que l'opposition et la presse faisaient l'objet de mesures de répression. Un régime présidentiel autoritaire est ainsi en train de se mettre en place, soutenu par Moscou, qui n'entend pas voir sa présence économique (notamment dans la production d'électricité) et militaire menacée dans cette région. Par ailleurs, la réaffirmation par le Président du choix de la laïcité est aussi un moyen de faire pièce à l'opposition islamique, accusée de menées anti-étatiques au travers des structures qui n'ont souvent de religieux que le nom. Mais les petits partis démocratiques sont aussi une cible du pouvoir : il faudra verser désormais 500 dollars pour être candidat aux élections. Les deux piliers de l'économie restent l'aluminium et le coton, et la croissance du PIB serait de 10,2 %. Tributaire de la Russie et de l'Ouzbékistan pour ses importations, le Tadjikistan se tourne pour exporter (hors ex-URSS) vers la Turquie et les Pays-Bas, en attendant une coopération régionale, toujours en panne. La population est l'une des plus mal loties du monde, 70 % des habitants vivant avec un peu plus de 2 dollars par jour, malgré l'aide internationale visant à la réduction de la pauvreté. Des apports financiers, équivalant au PIB national, proviennent néanmoins des transferts, par des canaux informels, des 600000 à 1million de travailleurs émigrés, surtout en Russie, ce qui profite à la consommation, mais pas du tout à l'investissement.
    Tajikistan The End of a Central Asian Exception ? This country has followed a different path when compared to its neighbors. As the end of the 1992-1997 civil war resulted in a compromise between the former communists, the democrats and the islamists, the country has experienced a period of relative tolerance and liberty, non-negligible within the regional context. Authoritarianism seems, however, to have gradually taken hold and the sharing of responsibilities stipulated in the peace accord have been sharply reduced. In 2004, there was no stopping President Rahmonov from sweeping aside potential competitors, including those, mainly old war and clan lords, who had supported him. Impeachment and arrest of men in power, those who had become wealthy along the way, and who remain at the head of the armed militias, increased, while the opposition and the press were subjected to repressive measures. An authoritarian presidential regime is thus taking hold, with support from Moscow which does not wish to see its economic (in particular electricity production) and military presence in the area threatened. Moreover, the President's reaffirmation of the separation of church and state is also a means of confronting the Islamic opposition accused of carrying out subversive actions against the government through organizations whose claim to religion is often in name only. Small democratic parties are also targeted : candidates must pay 500 dollars to get on the ballot. Aluminum and cotton are still the mainstays of the economy, and GDP growth is reportedly at 10,2 %. Dependent on Russia and Uzbekistan for imports, Tajikistan is looking (outside the ex-USSR) towards Turkey and the Netherlands for exports, while awaiting regional cooperation which remains deadlocked. The population is one of the most destitute in the world, with its inhabitants living with a little over 2 dollars a day, despite international aid aimed at reducing poverty. Financial income, equivalent to the nation's GDP, benefits consumption but not investment as it comes from transfers through informal channels, from the 600,000 to 1 million expatriated workers, in particular in Russia.
  • Turkménistan 2004. Dictature et hydrocarbures - Kamenka Patrick p. 193-205 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Au Turkménistan, les droits de l'homme et des minorités nationales, la liberté de la presse et religieuse ont été plus que jamais, en 2004, la cible du Président à vie, Saparmourat Niazov, dit Akbar Turkmenbachi (Père suprême du peuple turkmène), qui dirige d'une main de fer depuis 1985 ce pays de près de 6 millions d'habitants. S'y ajoutent un culte de la personnalité sans borne et une turkménisation tous azimuts. Dans le domaine des relations extérieures, le Président turkmène, a poursuivi sa politique dite de neutralité, qui aboutit en fait à isoler son pays du reste du monde. Dans la région, les tensions se sont atténuées avec l'Ouzbékistan, après la rencontre, fin 2004, de S. Niazov et de so homologue ouzbek Islam Karimov. Avec la Russie, la situation s'est également détendue, les intérêts gaziers et pétroliers de Moscou primant sur le sort des quelque 100000 Russes du Turkménistan, victimes en 2003 de mesures de rétorsion. L'économie repose essentiellement sur les exportations d'hydrocarbures, et notamment de gaz. Mais les revenus tirés de ces richesses sont totalement contrôlés par S. Niazov qui les utilise pour maintenir son clan au pouvoir, alors que la population connaît des difficultés croissantes avec une nette dégradation du système de santé et d'éducation.
    Turkmenistan Dictatorship and Petroleum Products In Turkmenistan, human and national minority rights, freedom of the press and of religion were more than ever the targets of president-for-life, Saparmurat Niyazov, called Akbar Turkmenbashi» (Leader of all Turkmens), in 2004, who has led this country of nearly 6 million inhabitants with an iron hand since 1985. To this may be added an uncircumscribed cult of the personality and wide-ranging turkmenisation. The Turkmen President has continued his so-called policy of neutrality in terms of foreign relations which has resulted in isolating the country from the rest of the world. Regional tensions lessened with Uzbekistan after S. Niyazov's meeting with his Uzbek counterpart, Islam Karimov, at the end of 2004. Relations with Russia are also more relaxed as Moscow's oil and gas interests have taken priority over the 100,000 Russians in Turkmenistan, victims of retaliatory measures in 2004. The economy rests mainly on the export of petroleum products and especially gas. The revenues from these exports are under the complete control of S. Niyazov who uses them to maintain his clan in power while the population continues to experience increasing difficulties with a clear decline in the health and education system.
  • CEI et autres organisations régionales. Faits et chiffres - p. 206-211 accès libre
  • Repères