Contenu du sommaire : Dossier : S'opposer au Maghreb
Revue | L'année du Maghreb |
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Numéro | Vol. V, 2009 |
Titre du numéro | Dossier : S'opposer au Maghreb |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Avant-propos
- Avant-propos - Éric Gobe p. 1-3
Dossier de recherche : S'opposer au Maghreb
- S'opposer au Maghreb - Thierry Desrues, Miguel Hernando de Larramendi p. 7-36 Il y a près de vingt ans les États du Maghreb central – Algérie, Maroc et Tunisie – initiaient des réformes politiques qui allaient alors légitimer la problématique du changement. Depuis, la pluralisation du champ politique s'est imposée comme une technique de gouvernement liée à la survie des régimes. Ceux-ci espèrent intégrer leurs opposants dans un jeu politique où le pouvoir n'est pas en jeu. Dans une telle configuration, les oppositions revêtent des formes diverses, qu'elles soient partisane, corporatiste, associative ou protestataire. Elles peuvent être le fait d'individualités, même si l'objectif demeure de susciter l'action collective. Par ailleurs, en contexte autoritaire, il existe d'abord des difficultés pour les acteurs politiques à se mobiliser et, par extension, à s'opposer. Les divers espaces où se déploie l'action oppositionnelle permettent de comprendre et de catégoriser les différents types d'opposition. En effet, le parlement, l'université, la mosquée ou de la rue, ainsi que le cyberspace sont les canaux par lesquels s'expriment des oppositions aux statuts divers.Twenty years ago the central states of the Maghreb – Algeria, Morocco and Tunisia – initiated political reforms which would have legitimized the problem of change. Since then, the proliferation of political actors and electoral fields has become a favourite government technique for regime survival who by these techniques hope to engage opponents in a political game where power is not at risk. In such a context, the opposition may take various forms including partisan, syndicated, associative or protestant. Protest movements may in fact arise out of a spirit of individuality, even if the objective is to generate collective action. But in an authoritarian context, the first difficulty lies in recruiting political actors and by extension, mobilizing the opposition. The various areas where action unfolds are themselves indicative of the different forms of opposition and indeed, political protest is channelled through parliament, university campuses, mosques, public areas and cyberspace.
- La gauche marocaine, défenseure du trône. Sur les métamorphoses d'une opposition institutionnelle - Abderrahim El Maslouhi p. 37-58 Le texte propose des pistes pour comprendre les logiques sous-jacentes aux métamorphoses politiques et identitaires de l'USFP, une des rares formations socialistes arabes à « passer aux affaires » après quatre décennies d'opposition. Le basculement des élites de la gauche marocaine vers des postures participationnistes ou d'opposition modérée et leur insertion dans le libéralisme social dirigé par l'État s'inscrivent dans une stratégie de survie politique autant individuelle que collective. Les gains engrangés du fait de ces « choix rationnels » ont en revanche produit des effets pervers, inversement proportionnels en termes de « capital partisan collectif » et de capacités de mobilisation de la gauche.This article proposes analytical alternatives for comprehending the logic which underlies the political and identitary transformations of the USFP, one of the rare Arab socialist groups to “get down to business” after 40 years in opposition. The cooptation of the elites of the Moroccan social movement in a participatory or moderate position and their integration into the state's social liberalism is as much a matter of political as it is of individual and collective survival. The gains produced as a result of such “rational choices” have produced unexpected results inversely proportional in terms of the “collective opposition capital” as well as the party's ability to mobilize the left.
- L'usure des oppositions islamistes au Maroc - Youssef Belal p. 59-74 Au Maroc, il existe trois types d'oppositions islamistes confrontés à l'usure de leur stratégie politique. Le Parti de la justice et du développement (PJD) représente l'opposition de type parlementaire. Malgré son score relativement élevé aux élections législatives de 2007 et son attachement proclamé à la monarchie, le PJD n'a pas réussi à entrer au gouvernement alors qu'il voyait là l'occasion de prouver qu'il pourrait devenir un parti efficace dans la gestion des affaires publiques. Il reste cantonné à une opposition formelle qui ne remet pas en cause la monopolisation du pouvoir par la monarchie. À l'inverse, la Jamâ'a du cheikh Yasîn s'oppose frontalement à la monarchie et aux institutions officielles, mais ne parvient pas à rompre son isolement. Après avoir annoncé par ses rêves que l'année 2006 serait celle d'une « révolution », le cheikh Yasîn et sa Jamâ'a ont échoué à investir l'espace public. L'avenir politique de la Jamâ'a dépendra de sa capacité à réussir la succession du maître Yasîn en maintenant son unité. Enfin, les groupuscules terroristes, qui s'inscrivent dans un réseau global, ont échoué à tirer des gains politiques ou géostratégiques des attentats commis sur le territoire marocain.In Morocco, there are three types of Islamist opposition subject to the exhaustion of political strategies. The Party of Justice and Development (PJD) is the parliamentary type. Although it obtained a relatively high score in the 2007 parliamentary elections and despite its claimed proximity to the Monarchy, the PJD was not invited to join the government. Its opposition is trivial and does not threaten the authority of the Monarchy. Conversely, the Jamâ'a of the sheikh Yasîn is directly opposed to the Monarchy and to official institutions, but is unable to overcome its isolation. After “predicting” through dreams that 2006 would be a year of “revolution”, Jamâ'a failed to make its presence felt in the public domain. Its political future depends on its ability to ensure the succession of master Yasîn without breaking its unity. Finally, terrorist groups linked to global networks were not able to gain political or geostrategic traction from attacks on Moroccan territory.
- La radicalisation de la revendication amazighe au Maroc. Le sud-est comme imaginaire militant - Didier Le Saout p. 75-93 Cet article se propose d'analyser les transformations de la revendication amazighe au Maroc. En effet, la prise en charge par des associations d'une revendication axée sur la défense et la promotion de l'identité berbère au Maroc s'est inscrite jusque dans les années 2000 dans une stratégie d'autolimitation. Désormais, des formes de mobilisation jusque-là sous employées dans le répertoire d'action collective, tels les boycotts, sit-in, cercles de discussion et autres rassemblements, gagnent en importance. Paradoxalement, ce sont les réformes promouvant l'amazighité voulues par Mohammed VI en 2001 qui ont ouvert, dans la sphère associative, un espace conflictuel entres les anciens groupes porteurs de l'identité berbère et de nouveaux prétendants.This article analyzes transformations of the Amazighe identity in Morocco. The vindication of Berber identity by nativist Moroccan associations through the end of the 20th century was characteristically self-restrained. Increasingly however, organizers are adopting forms of mobilization common to collective action including boycotts, sit-ins, discussion circles and other forms of public protest. Paradoxically, such practices promote the very reforms vindicated by Mohammed VI in 2001 for the Amazighe identity, thus opening a space for conflictual relations between the former representatives of the Berber identity and the new.
- L'articulation du politique dans un espace protestataire en recomposition. Les mobilisations des jeunes Sahraouis à Dakhla - Victoria Veguilla p. 95-110 L'article analyse les recompositions de l'espace protestataire à Dakhla, ville saharienne située sur un territoire disputé entre le Maroc et le Front Polisario. Cette recomposition est abordée à partir de trois sites de recherche qui correspondent à trois moments de la contestation qui ont eu lieu au milieu des années 2000. La contestation ayant adopté des formes différentes, celles-ci sont révélatrices autant des calculs des acteurs protestataires que des réponses à géométrie variable des autorités marocaines. Les sites choisis permettent ainsi de retracer diverses logiques de protestation qui ont en commun la centralité de la dimension ethno-territoriale et un potentiel important de montée en généralité. Les réponses des autorités dépendront, dans chaque cas, des possibilités de dépolitisation des enjeux et des énoncés des mobilisations.This article examines the reconfiguration of public protest in Dakhla, a city of the Western Sahara. The reconfiguration is discussed from the vantage of the protest mobilized at each of three sites affected by the protests that took place in mid 2000. The dispute which took several forms reveals the actors' calculations as responses to the variable geometry of the Moroccan authorities. The protest sites studied further allow us to examine the protest rationales, sharing as they do a common interest in the centrality of the ethno-territorial dimension and its potential universality. The authorities' answers depended in each case on the depoliticization of outcomes and mobilization statements.
- Pouvoir et opposition en Algérie : vers une transition prolongée ? - Louisa Dris-Aït Hamadouche, Yahia H. Zoubir p. 111-127 Dans le système politique algérien, l'opposition organisée et structurée demeure soumise aux évolutions, blocages, avancées et reculs du régime politique en place. L'ouverture amorcée entre 1989 et 1991 a permis l'émergence d'une opposition plurielle et dynamique, s'exprimant à travers une soixantaine de « formations à caractères politiques » et des dizaines de journaux privés et publics. Sur le terrain, les débats politiques souvent intenses et contradictoires sont relayés par des manifestations et des rassemblements permettant de prendre le pouls de la rue. Cependant, le radicalisme islamiste et l'explosion de la violence terroriste ont donné aux gouvernants la possibilité de revenir sur les avancées réalisées. Au nom d'une sécurité, l'opposition a vu sa marge de manœuvre réduite. Les activités concrètes des partis sont limitées et le débat politique se résume à une dichotomie réductrice de type « dialoguiste » contre « éradicateur ». En définitive, ce sont les émeutes ponctuelles et régulières qui sont révélatrices de la forme et de l'ampleur de la contestation. Enfermée dans un système hybride, l'Algérie est tombée dans la trappe de la transition permanente.In the Algerian political system, organized and structured opposition remains subject to the changes, obstacles, progress and setbacks of the governing political regime. The opening initiated by the authorities between 1989 and 1991 resulted in the emergence of a pluralistic and dynamic opposition, able to express itself through sixty “political associations” and dozens of private and public newspapers. In practice, often intense and conflicting political debates were conveyed through demonstrations and rallies, thus providing an assessment of public opinion. Radical Islamism and the eruption of terrorist violence have offered the governing elite an opportunity to renege on the progress that had been made. In the name of security, the opposition's room for maneuver has been largely reduced. Consequently, actions on the ground have become limited and political debate boils down to a reductive dichotomy, as between “conciliators” and “eradicators”. Ultimately, the magnitude of the contestation is expressed through cyclical riots. Thus confined in a hybrid system, Algeria has fallen into the trap of the permanent transition.
- Le secteur associatif en Algérie : la difficile émergence d'un espace de contestation politique - Laurence Thieux p. 129-144 La brève période d'ouverture politique connue par l'Algérie à la fin des années 1980 a permis le développement d'un tissu associatif que la guerre civile de la décennie 1990 n'a pas freiné. Cependant, ce qu'il est convenu d'appeler la société civile a du mal à se libérer de l'emprise des gouvernants, fort habiles pour coopter et instrumentaliser des acteurs associatifs nécessaires à la construction de sa légitimité tant interne qu'externe. Cependant, le contrôle de l'État a aussi ses limites et face à l'inertie qui marque la vie politique partisane, certaines associations, même si elles sont minoritaires, ont réussi à créer un espace d'opposition autonome en utilisant, en particulier, les ressources de l'international.The brief period of political openness experienced in Algeria during the late 1980s allowed emergence of a non-profit and voluntary sector undaunted by the civil war of the 1990s. However, this so-called “civil society” is struggling to free itself from the grasp of a strong government, skilful at co-opting and instrumentalizing civil society actors in building its legitimacy both internally and externally. State control has its limits however, and with the inertia that has marked partisan politics, certain non-profits, even if only a minority, have managed to create an opposition space building on international resources.
- De la revendication kabyle à la revendication amazighe : d'une contestation locale à une revendication globale - Nassim Amrouche p. 145-161 Les émeutes qui ont ensanglanté la Kabylie au cours de l'été 2001 s'inscrivent, en partie, dans la continuité du Printemps berbère d'avril 1980 qui fut le véritable acte fondateur de l'opposition berbériste. Ces manifestations revendiquent une reconnaissance identitaire, culturelle et linguiste des Kabyles dans un État nation, l'Algérie, qui ne se pense que dans une identité arabo-musulmane. Jusqu'en 2001, les oppositions berbéristes utilisaient la langue comme outil de contestation de la nation. Les arouch, organisation sociopolitique à référent « traditionnel », mobilisent, à travers la représentation politique de la tribu, des mémoires locales de la guerre de libération nationale, fondatrice du politique en Algérie. Cette contestation locale met en exergue des oppositions plus larges et moins visibles. La création et la mobilisation de référents historiques tels que la tamazgha servent d'appui à ces contestations locales qui acquièrent une dimension transnationale. De même la culture et ses supports, productions littéraires et cinématographiques, permettent de saisir des malaises sociaux plus profonds qui trouvent dans le politique et les violences des expressions publiques.The riots that bloodied Kabylie in the summer of 2001 are at least partly a continuation of the Berber Spring of April 1980, considered by many as the founding act of a Berber opposition. By these events, cultural and linguistic Kabyles demanded recognition for a Kabyle identity within an Algerian nation that represents itself is as Muslim and Arabic. Until 2001, Berber opposition used language as a challenge to the nation. The arouch, a “traditionalist” socio-political organization, invoking political representations of the tribe, mobilized support for the memory of the war of national liberation, the cornerstone of Algerian political discourse. The Kabyle political protest calls attention to local movements which are both broader and less visible. By creating and mobilizing historical references such as appealing to ethnic identity and sense of Tamazgha, these local disputes have garnered support and acquired a transnational dimension. Similarly, cultural and media representations, both literary and cinematographic, further explore the deeper social malaise evident in politics and the violence implicit in public expression.
- Les organisations de défense des droits de l'Homme dans la formule politique tunisienne : acteurs de l'opposition ou faire-valoir du régime ? - Larbi Chouikha, Éric Gobe p. 163-182 En Tunisie, la notion clé qui permet d'apprécier la dynamique des relations entre les gouvernants et les organisations des droits de l'Homme et entre courants politiques de l'opposition en leur sein est celle de compromis. Certains acteurs de l'opposition, membres des associations de droits de l'Homme, sont à la recherche constante d'espaces de médiation avec les pouvoirs publics. La contradiction entre la recherche d'un compromis à tout prix et l'affirmation d'une posture oppositionnelle explique que la seule association des droits de l'Homme légalisée constitue un enjeu de confrontations entre acteurs politiques et qu'il s'agit pour le pouvoir de la transformer en une organisation faire-valoir de son discours en matière de droits humains.In Tunisia, the critical concept that allows assessment of relations between the government and human rights organizations and opposition groups active in their midst is the element of compromise. Some opposition members of human rights organisations actively seek areas of conflict with the government. The contradiction between the search for a compromise at any cost and the affirmation of an opposing position explains how it is that the only legalized human rights association constitutes the locus of confrontation between political actors, and how the national authority seeks to transform the organisation into a proxy for its own rhetoric on human rights.
- Tolérance et transgressivité : le jeu à somme nulle des gauchistes et des islamistes tunisiens - Michaël Béchir Ayari p. 183-203 Des années 1960 aux années 1990, les cycles de contestation gauchiste puis islamiste ont conduit un certain nombre de Tunisiens devant les tribunaux. Durant cette période, l'État autoritaire tolérait une forme d'opposition alors qu'il en réprimait une autre. En ce sens, les années 2000 ressemblent aux années 1980. En effet, entre 1979 et 1981 les gauchistes ont été « amnistiés de fait » au moment où l'islam politique était réprimé pour la première fois. Par ailleurs, au milieu des années 2000, la libération des militants d'Ennahda emprisonnés et le retour individuel des activistes exilés suggèrent qu'un cycle de contestation d'un type nouveau est en plein essor. Cet article analyse le gauchisme et l'islamisme tunisien notamment sous l'angle des modalités de socialisation politique de leurs militants. Il a pour but de rappeler que ces deux formes d'opposition se sont succédé s'échangeant tolérance contre transgressivité et transgressivité contre tolérance. Aussi, émet-il l'hypothèse que dans les années 2000, l'État tunisien cherche des alliés pour faire face à un nouvel ennemi, à bien des égards difficile à observer.From the 1960s to the 1990s, the cycle of protest followed by Islamist challenge has brought a number of Tunisians before the courts. During this period, the authoritarian state allowed some form of opposition while repressing another. In this sense, the 2000s look like the 1980s. Indeed, between 1979 and 1981 leftists were effectively amnestied while political Islam was suppressed for the first time. Moreover, in mid 2000s, the release of jailed Ennhada militants and the return of exiled activists suggest that a protest cycle of a new kind is under way. This article analyzes leftist tendencies and Tunisian Islamism especially in terms of the modalities of activist political socialization. Its purpose is to recall that these two forms of opposition have succeeded against transgressive behaviour, exchanging tolerance and disobedience. The paper further advances the hypothesis in the 2000s, the Tunisian state is seeking allies to face a new enemy, a trend which is in many ways difficult to observe.
- Les « dissidences non dissidentes » du Front Polisario dans les camps de réfugiés et la diaspora sahraouis - Carmen Gómez Martín, Cédric Omet p. 205-222 La croissance des inégalités sociales et les migrations ont bouleversé la société sahraouie de ce début du siècle. Celle-ci se remodèle aujourd'hui sous la pression de nouvelles organisations politiques constituées par des jeunes au sein de trois espaces : les territoires occupés, les camps de réfugiés et la diaspora. Vingt ans d'échecs diplomatiques ont permis l'émergence de ces organisations qui se sont structurées en s'appropriant notamment la rhétorique du retour aux armes pour contester les structures du pouvoir. Dans cet article, nous montrerons que ces organisations, se dévoilant elles-mêmes comme des « dissidences non dissidentes » au Front Polisario, reconfigurent le champ politique sahraoui. Nous verrons ainsi qu'elles ouvrent la voie à l'émergence d'oppositions internes, augurant d'une possible alternance à la tête du Front Polisario, et rendant plus incertaine encore l'issue du conflit du Sahara occidental.The increase of social inequality and emigration has disrupted Sahrawi society at the beginning of the XXI century. Sahrawi society is today restructuring under the pressure of new political organizations formed by young people within three contexts : occupied territories, refugee camps and expatriate national groups. Twenty years of diplomatic failures have led to the emergence of groups who have re-appropriated the rhetoric of a call to arms and the challenge to existing power structures. In this article we show that such organizations, defining themselves as the “non-dissident dissidents” of the Polisario Front, are reshaping the Sahrawi political camp, opening a way to internal opposition and the possibility of political change at the head of Polisario Front, and introducing further uncertainty in the resolution of the conflict in the Western Sahara.
- S'opposer au Maghreb - Thierry Desrues, Miguel Hernando de Larramendi p. 7-36
Algérie
L'année politique
- Révision de la Constitution : vers une présidence à vie pour Abdelaziz Bouteflika ? - Chérif Bennadji p. 225-261
Gros plans
- L'abstention en Algérie : un autre mode de contestation politique - Louisa Dris-Aït Hamadouche p. 263-273 L'expérience du multipartisme et des élections plurielles en Algérie est récente. Or, l'abstention qui marque de façon de plus en plus frappante les scrutins constitue un comportement électoral révélateur d'une profonde crise de confiance. L'abstention est d'abord liée à un système qui a réformé ses procédures sans changer ses logiques de fonctionnement. Il en résulte un code électoral dissuasif, des résultats officiels suspects et une présomption de culpabilité en matière de fraude électorale. L'abstention est, ensuite, directement liée à l'offre politique. Son personnel, ses propositions et ses résultats conduisent les électeurs à se désintéresser sinon de la chose politique, tout au moins de la chose électorale. L'abstention est, enfin, la conséquence d'un électorat échaudé, démobilisé, suspicieux et exigeant. En 1990, les Algériens ont massivement voté contre les symboles du régime FLN. En 1995, ils se sont massivement rendus aux urnes pour rejeter le terrorisme. Dans les deux cas, le vote était accompagné d'un espoir de changement. Depuis, les électeurs ne votent plus « contre » des idées ou « contre » des personnes, ils s'abstiennent.Pluralism and free elections represent a new phenomenon in Algeria. It should be noted however, that despite the continuing electoral process, abstention rates continue to grow. Such electoral behaviour reveals just how deep the crisis of confidence within the Algerian political system may be. The crisis of confidence may be linked to three principal reasons. First, abstention is linked to the regime mode of government which reformed its procedures without modifying the underlying rules. The consequences are a dissuasive electoral code, suspicious official electoral results and accusations and suspicions of fraud. Secondly, abstention is related to the political offer : the politics offered and the individuals who represent that offer constitute a disappointing choice for potential voters, especially youth, who lose interest in the elections. Finally, abstention is the result of a burned-out, deceived, taciturn, suspicious and demanding electorate. In 1990, the Algerian people voted massively against the FLN regime with all it might represent. In 1995, they voted again to reject terrorism. In both cases, signalled a hope for change. Today, electors no longer vote “against” an idea or “against” a candidate, the simply abstain.
- Évangélisation en Algérie : débats sur la liberté de culte - Karima Dirèche p. 275-284 La loi sur la gestion des cultes non-musulmans, promulguée en février 2006, a été appliquée au cours de l'année 2008, avec une sévérité sans précédent sur de nombreuses affaires de conversion religieuse au néo-évangélisme. La judiciarisation de ces affaires a fait l'objet d'un véritable débat public sur la liberté de conscience et de culte au sein de la société algérienne. Débat houleux qui s'inscrit dans un cadre de réforme des institutions politiques de l'État et d'une islamisation du débat politique de la part des gouvernants. Le phénomène de l'évangélisation en Algérie soulève d'autres questions fondamentales liées à celles de la démocratisation en Algérie (débat qui n'a plus eu lieu depuis l'arrêt brutal du processus électoral de 1992) et des dérives autoritaires du pouvoir présidentiel.The law regulating non-Muslim worship, enacted in February 2006, was implemented in 2008, with unprecedented severity in many cases of neo-evangelical conversion. Litigation of these cases has produced significant public debate on freedom of conscience and religion in Algerian society. The agitated debate is occurring within a framework for reform of state political institutions a general islamization of the political debate. The phenomenon of evangelization in Algeria raises other issues related to those of democratization (the debate that has occurred since the abrupt discontinuation of the electoral process of 1992) and authoritarian abuses of presidential power.
- L'abstention en Algérie : un autre mode de contestation politique - Louisa Dris-Aït Hamadouche p. 263-273
Libye
L'année politique
- Vingt ans après Lockerbie ou les tentatives de normalisation internationale de l'« État des masses » - Saïd Haddad p. 287-303
Maroc
L'année politique
- Gérer la politique des autres : les vieux problèmes et les vieilles recettes de Mohamed VI pour animer un champ politique désactivé - Thierry Desrues, Said Kirhlani p. 307-341
Gros plan
- Les migrations en transit au Maroc. Attitudes et comportement de la société civile face au phénomène - Laura Feliu Martínez p. 343-362 Pour des milliers d'immigrants en provenance d'Afrique subsaharienne, le Maroc est la dernière étape avant d'arriver en Europe. Le propos de cet article est d'analyser quelques unes des attitudes des principaux acteurs politiques et sociaux marocains face à ce phénomène. La réactivité et la variabilité de l'attitude des autorités marocaines mettent en évidence la double dépendance d'une gestion centrée sur le sécuritaire et influencée par les pressions extérieures, ainsi que par les fragiles compromis passés avec l'Union européenne et certains pays membres. Les associations marocaines qui s'intéressent à ce phénomène depuis quelques années, commencent aujourd'hui à corriger leurs carences en terme de formation, connaissance et suivi de l'immigration des subsahariens en transit.For thousands of migrants from sub-Saharan Africa, Morocco is the last step on the journey to Europe. This paper analyzes the attitudes of key Moroccan political and social actors. Responsiveness and variability on the part of Moroccan authorities highlight the double dependence of a management process focused on security issues yet influenced by external pressures, including the fragile compromise with the European Union and some member countries. For some years Moroccan associations interested in this phenomenon have been attending to their deficiencies in training, knowledge and the monitoring of in-transit sub-Saharan migrants.
- Les migrations en transit au Maroc. Attitudes et comportement de la société civile face au phénomène - Laura Feliu Martínez p. 343-362
Mauritanie
L'année politique
- Non, mon Président ! Oui, mon général ! Retour sur l'expérience et la chute du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi - Alain Antil, Céline Lesourd p. 365-383
Tunisie
L'année politique
- La Tunisie entre la « révolte du bassin minier de Gafsa » et l'échéance électorale de 2009 - Larbi Chouikha, Éric Gobe p. 387-420
Gros plan
- Les compétences tunisiennes à l'étranger : peut-on parler d'une diaspora scientifique ? - Lotfi Slimane, Wafa Khlif p. 421-436 La dynamique migratoire est fortement imprégnée par la mondialisation des économies dont la compétitivité serait davantage mesurée par le capital compétence mobilisé. Cette compétence « à l'étranger » forme la base d'une diaspora scientifique. Toutefois, le niveau d'implication de cette dernière, dans le développement du pays d'origine, est marqué par une certaine ambivalence. Les résultats d'une enquête menée auprès de compétences tunisiennes expatriées, identifient une panoplie d'obstacles expliquant un niveau d'engagement relativement limité. Ces compétences n'ont pas toujours bénéficié de conditions favorables à l'émergence d'une diaspora. Des pesanteurs culturelles, organisationnelles et administratives, associées à l'absence de vision claire et affirmée de l'État, constituent les freins les plus saillants à leur implication.Migratory dynamics are strongly marked by the globalization of national economies whose competitiveness would be better measured in terms of a mobilized “capital of competencies”. This notion of “competence abroad” forms the basis for a scientific diaspora. However the implication of the latter for the development of the country of origin is marked by ambivalence. Empirical results show an array of obstacles explaining the limited engagement of expatriated Tunisian competencies. The scientific and technical competencies of the Tunisian diaspora did not meet with the conditions necessary for the emergence of a real diaspora. Cultural, organizational and administrative impediments associated with the absence of a clear and well defined governmental vision constitute the most important obstacle to their implication.
- Les compétences tunisiennes à l'étranger : peut-on parler d'une diaspora scientifique ? - Lotfi Slimane, Wafa Khlif p. 421-436
Maghrébins en Europe
- Le maire et la mosquée. Islam et laïcité en Île de France - Françoise Duthu p. 439-460 Alors que nombre d'hommes politiques et de médias alimentent un discours de diabolisation de l'islam et des musulmans en se fondant sur des évènements nationaux ou internationaux, la plupart des pratiques liées à cette religion relève des compétences communales. Les maires, face à des musulmans dorénavant citoyens, tendent à mettre en œuvre de véritables « politiques municipales de l'islam ». La question de la construction ou de la rénovation de lieux de culte structure les relations maire/acteurs musulmans. Plus que les clivages droite/gauche jouent les représentations de l'islam et de la laïcité des édiles. Il est temps que s'instaure un débat sur des traitements différenciés peu acceptables et que soit enfin assurée, conformément au principe de laïcité, une effective égalité d'accès au culte sur l'ensemble du territoire national.Numerous politicians and media outlets in France have been developing a discourse that vilifies Muslims and the Islamic faith when commenting on national or international events. Surprisingly, many decisions concerning the way Muslims practice their faith are in fact decided on the municipal level. Mayors in France are confronted with a new situation in which Muslim populations have become active citizens and their towns are now faced with developing a “municipal policy towards the Islamic faith”. The building or renovation of mosques or religious prayer rooms has become central in structuring the relationship between mayors and fellow Muslim citizens. Whether a mayor's political tendency is of the left or the right is less important than the representations political leaders may have of Islam and secularism. It is time that society should organize a public debate concerning differential treatment of the Muslim religion and that finally, according to the principals of secularism in French society, Muslims should be assured of genuine equality in their religious practices throughout the Republic.
- Les « frontaliers » de la coopération entre Marseille et Alger : de la marge à la médiation - Cherif Dris p. 461-479 La coopération entre la ville de Marseille et la wilaya d'Alger ne saurait être appréhendée uniquement sous l'angle juridico-institutionnelle. C'est avant toute chose une action publique dans laquelle les acteurs sociaux jouent un rôle important. Dans cette catégorie d'acteurs sociaux, les Algériens nés en France et ceux qui y résident sont l'un des éléments structurant cette coopération. Frontaliers d'un espace relationnel façonné par la géographie et l'histoire, ces acteurs se déploient dans un territoire de coopération en se plaçant dans une double posture. Ils sont à la fois un acteur passif, répercutant une logique d'action aux visées internationales et locales ; mais aussi un acteur actif en s'imposant comme interface dans ce territoire de coopération où l'échange de ressources en est un élément structurant.Co-operation between the city of Marseille and the wilaya of Algiers cannot be apprehended merely as a legal and institutional phenomenon. Co-operation is above all a public act in which a variety of social actors play an important part. Among the social actors, French-born Algerians (pieds-noirs and second generation immigrants) as well as Algerian expatriates are among the structural elements of this of the co-operative effort. Placed at the vanguard of Franco-Algerian relations by accident of geography and history, these actors play a double role while occupying the high-ground in this co-operative space. As actors they are at once passive, dependent for action upon a rationale with international and local objectives, and active actors as intermediaries in a cooperative process where the exchange of resources is a structuring element.
- Le maire et la mosquée. Islam et laïcité en Île de France - Françoise Duthu p. 439-460
Économies du Maghreb
- Les réformes financières au Maroc : séquences et agendas - Mohamed Wargui p. 485-513 Dans l'optique de tirer profit de l'intégration financière des économies nationales dans l'économie mondiale, le Maroc, à l'instar des pays émergents et de certains pays en développement, s'est engagé dans un processus de libéralisation financière. Il s'agit pour le pays, à travers la mobilisation et la sédentarisation de l'épargne domestique et étrangère, de renouer avec une croissance à la fois stable et durable et d'occuper une place convenable au sein d'une économie mondiale en pleine évolution.In order to benefit from the financial integration of the national economy into the global economy, Morocco, like other emerging countries and some developing countries, has embarked on a process of financial liberalization. Through the stabilization and mobilization of both domestic and foreign savings, Morocco is encouraging stable and sustainable growth, allowing the country to take its place in the evolving world economy.
- Les réformes financières au Maroc : séquences et agendas - Mohamed Wargui p. 485-513
Relations internationales
- Du processus de Barcelone à l'Union pour la Méditerranée : regards croisés sur les relations euro-maghrébines - Aomar Baghzouz p. 517-536 Les relations entre l'Europe et les pays du Maghreb sont-elles en perpétuelle crise ? On est tenté de l'affirmer au regard des divergences et des malentendus qui continuent à les marquer, du processus de Barcelone à l'Union pour la Méditerranée. Si les Européens ne viennent pas de Mars et les Maghrébins de Vénus, pour emprunter une célèbre métaphore de Robert Kagan, leurs perceptions mutuelles de l'approche, des objectifs et des enjeux de la coopération transméditerranéenne restent souvent discordantes malgré les accords signés. En se focalisant sur les différences de perception, cette étude tente de présenter des regards croisés sur les relations euro-maghrébines (PEM, PEV, UPM), afin de déterminer les conditions d'une meilleure convergence entre les deux rives.Are relations between Europe and the countries of the Maghreb in perpetual crisis ? One is tempted to say yes in view of the differences and misunderstandings that dog the process, from the Barcelona Process to the Union for the Mediterranean. If Europeans do not come from Mars or Maghrebins from Venus, to borrow Robert Kagan's famous metaphor, their respective approaches, as well as the purposes and outcomes of trans-Mediterranean cooperation are often discordant, even if they have been formalized as “cooperation agreements”. By focusing on perceptual differences, this study attempts to present comparative views on Euro-Maghrebin relations (EMP, ENP, UM) in evaluating the opportunity for greater convergence between the two shores.
- Réseaux de chercheurs en Méditerranée. Contraintes institutionnelles et autonomie scientifique - François Siino p. 537-551 Depuis plus d'une dizaine d'années, les réseaux de chercheurs sont devenus l'une des formes les plus visibles de la coopération scientifique internationale. Entre les rives Nord et Sud de la Méditerranée, ils ont succédé à des modes de coopération basés sur des flux massifs de personnes. L'un des plus importants de ces réseaux (le Réseau d'excellence Ramses en sciences humaines et sociales) a commencé à fonctionner en 2006 sur financements européens. À travers cette expérience singulière de coopération scientifique, l'article propose d'analyser le rôle des chercheurs dans l'inscription à l'agenda européen d'un tel réseau et tente d'apprécier dans quelle mesure celui-ci peut préfigurer la mise en place d'un espace scientifique méditerranéen doté d'une certaine autonomie notamment vis-à-vis des instances politiques, nationales d'une part, européennes de l'autre.For over a decade, research networks have become one of the most visible forms of international scientific cooperation. Between Northern and Southern shores of the Mediterranean, networks have superseded traditional forms of cooperation based on flows of people. One of the largest of these networks, the Ramses Network of Excellence in human and social sciences was created in 2006 with European funding support. Through the experience of scientific cooperation, this article analyzes the role of researchers for inscribing such a network onto the European agenda. The article further attempts to assess the extent to which such cooperation may herald the development of an autonomous Mediterranean scientific space vis-à-vis of the national and european political authorities.
- Sahara occidental : divergences profondes autour d'un mode de règlement - Khadija Mohsen-Finan p. 553-569 Le conflit du Sahara occidental entre dans sa trente-cinquième année, sans que nous puissions parler de victoire de l'un des protagonistes. Les acteurs s'enferment dans une logique du tout ou rien quant à l'issue à donner à ce conflit : le Maroc prêche pour une autonomie du Sahara à l'intérieur du royaume, tandis qu'Algériens et Sahraouis du Front Polisario continuent de faire de l'autonomie un principe cardinal. Pourtant, faute de victoire franche de l'un des acteurs, la solution politique passera nécessairement par un compromis reflétant le rapport de forces. Soucieux de pacifier et de développer une région susceptible de devenir un refuge pour Al-Qaïda au Maghreb islamique, Washington, Paris et Madrid pourraient appuyer le nouveau représentant du Secrétaire général dans la recherche d'une solution pouvant contenter l'ensemble des acteurs en donnant à cette issue, les aspects d'un compromis. Il leur faudra néanmoins prendre en compte à la fois l'ensemble des Sahraouis et l'équilibre géostratégique de la région.The Western Sahara conflict is entering its thirty-fifth year without any sign that one or another of the parties is gaining the upper hand. The players have adopted an all-or-nothing posture regarding the outcome of the conflict : Morocco preaches Saharan autonomy within the kingdom, while the Algeriens and Sahrawis of the Polisario Front hold out for sovereign autonomy. In the absence of a clear victory for one or the other of the protagonists, the political solution will require a compromise reflecting the balance of power. Anxious to pacify and stabilize a region that could provide refuge for Al-Qaeda in the Islamic Maghreb, Washington, Paris and Madrid support the United Nation's special envoy for the Western Sahara in seeking a compromise solution to accommodate all the players. The parties to such a compromise must however, take into account the overall Sahrawi population and geostrategic balance in the region.
- Du processus de Barcelone à l'Union pour la Méditerranée : regards croisés sur les relations euro-maghrébines - Aomar Baghzouz p. 517-536
État des travaux
- La recomposition des savoirs au Maghreb à l'époque de la coopération - Jean-Robert Henry p. 573-587 Le temps de la coopération n'a pas été seulement une expérience individuelle et collective stimulante pour beaucoup de ceux – Français et Maghrébins – qui l'ont vécue entre le milieu des années 1950 et la fin des années 1970. Il a été aussi une occasion importante, au Nord comme au Sud, de bousculer les certitudes intellectuelles et de reformuler les visions scientifiques du monde. Dans le champ des sciences sociales, ce fut une époque de déconstruction et reconstruction des savoirs coloniaux, d'invention des rapports nord-sud, de reconfiguration de la notion d'aire culturelle et d'intense pluridisciplinarité. Toutefois, la volonté de renouvellement des approches n'évitait pas toujours la caricature et le dogmatisme : l'universalisme théorique qu'on entendait substituer aux discours différentialistes du temps colonial passait beaucoup par la systématisation d'une vulgate marxiste plus ou moins modernisée en économie, sociologie, linguistique, droit, anthropologie. Et, plus largement, la mission de servir le développement promu au rang de nouveau temps du monde faisait étrangement écho à la mission civilisatrice d'autrefois. Pourtant, malgré ses limites et ses dérives, la « coopération » a peut-être mieux négocié le tournant de la décolonisation que la politique européenne n'est parvenue, un demi-siècle plus tard, à gérer son rapport au sud dans un contexte dominé par l'essentialisation des cultures. C'est pourquoi, sans céder à la nostalgie, il est utile de revenir sur l'expérience et le bilan du temps de la coopération en matière de sciences sociales pour tenter d'en tirer des enseignements actuels.The period of cooperation was not only stimulating individually and collectively for the many French and North Africans who lived between the mid-fifties and the late 1970s, it was an important time to challenge intellectual certainties and reformulate the scientific vision of the world. In the social sciences, it was an age of deconstruction and reconstruction of colonial knowledge, for inventing north-south relations, a time for reconfiguring the concept of cultural space and a time of intense multidisciplinarity. The desire for a renewed approach did not avoid caricature and dogmatism. Indeed, a theoretical universalism intended as replacement for discriminating colonialist discourse, vested itself in a more or less modernized Marxist vulgate of the economy, sociology, linguistics, law, anthropology. More generally, the mission of serving development was conceived in new world time as somehow an echo of the civilizing mission of the past. Yet, despite its limitations and its excesses, “cooperation” may have facilitated the advent of decolonization such that half a century later, European policy was not able to place its relations with the South into a context dominated by cultural reductionism. It is for this reason, without concession to nostalgia or sentiment, that it is useful to revisit the experience and examine the record of cooperation in the social sciences to draw what lessons there may be.
- Les ingénieurs en Algérie de l'époque coloniale à la crise des années 1990 : approche socio-historique d'un métier - Oumelkhir Touati p. 589-611 En Europe, le métier d'ingénieur est apparu comme le résultat d'une dynamique interne de modernisation de la société qui a accompagné l'évolution économique et les avancées technologiques. Dans les pays du Maghreb, la constitution du groupe professionnel des ingénieurs est le résultat des projets de développement que ces pays ont mis en œuvre à leur indépendance. Cet article retrace l'émergence et la transformation du métier d'ingénieur à travers trois périodes de l'histoire contemporaine de l'Algérie : l'époque coloniale, celle de la post-indépendance et celle de la crise.In Europe, the profession of engineering emerged as the result of an internal process for the modernization of society that accompanied economic development and technological advances. In the Maghreb, the establishment of a cadre of professional engineers is the result of development projects implemented by these countries following independence. This article traces the emergence and transformation of the engineering profession through three periods of the history of Algeria : the colonial era, the period following independence and the crisis.
- La recomposition des savoirs au Maghreb à l'époque de la coopération - Jean-Robert Henry p. 573-587