Contenu du sommaire : Les enfants et la guerre
Revue | Inflexions |
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Numéro | no 37, 2018/1 |
Titre du numéro | Les enfants et la guerre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Hugues Esquerre p. 9-12
Dossier
- Enfants-soldats, ces armes de destruction pas très mineures - Philippe Chapleau p. 13-23 La guerre n'est pas un jeu, mais des milliers d'enfants la font. Ils appartiennent à des institutions militaires, à des groupes armés, à des gangs mafieux et à des organisations terroristes. Volontaires parfois, recrutés de force le plus souvent, ils constituent un défi tant tactique que stratégique que doivent relever les forces de sécurité.War is not a game, but thousands of children are involved in them. They belong to military institutions, to armed groups, to Mafia gangs and to terrorist organisations. Sometimes voluntary, but more often recruited by force, they constitute a challenge both on the tactical and strategic levels, which must be taken up by security forces.
- À l'école de l'État islamique : les « lionceaux du califat » - Wassim Nasr p. 25-33 Dès son implantation en Syrie, l'éducation et la formation des enfants et des adolescents fut une priorité pour l'État islamique en Irak (eii), alors Front al-Nosra. Il a ainsi mis en application une stratégie indispensable à son modèle de société, à sa pérennité et à celle de son idéologie. Aujourd'hui, la guerre conduite au Levant n'est plus si lointaine pour les Français, surtout quand des djihadistes font irruption dans les rues de Paris et quand en moyenne un attentat est raté, déjoué ou commis tous les mois. Mais une inconnue demeure, celle des enfants de djihadistes rapatriés… Un défi pour les sociétés occidentales dans les décennies à venir.As soon as it set up in Syria, the Islamic State of Iraq, then known as Al-Nusra Front, made teaching and training children and teenagers a priority. It therefore implemented a strategy that was essential for its model of society, sustainability and ideology. Today, the war in the Levant is no longer so far from home for the French, especially when jihadists suddenly burst onto the streets of Paris and when, on average, an attack either fails, succeeds or is foiled every month. However, one unknown factor remains: the children of repatriated jihadists. This is a challenge for western society for decades to come.
- Dans un camp de réfugiés - Mohammed Gartoum p. 35-40 L'Agence des Nations unies pour les réfugiés (unhcr) estime le nombre de personnes réfugiées dans le monde à vingt-trois millions et de personnes déplacées à soixante-cinq millions. Plus de la moitié d'entre elles ont moins de dix-huit ans. Mohammed Gartoum, médecin psychiatre à l'hôpital militaire d'instruction Mohamed-V de Rabat, au Maroc, rapporte ici son expérience auprès des enfants du camp de Zaatari situé en Jordanie, à la frontière syrienne.According to the United Nations Refugee Agency (unhcr), there are an estimated 23 million refugees worldwide and 65 million displaced people. More than half are under 18 years of age. Mohammed Gartoum, a psychiatrist at the Mohamed V Military Instruction Hospital of Rabat, Morocco, talks about his experience with the children at the Zaatari refugee camp in Jordan, on the Syrian border.
- L'étrange destin de Saïd Ferdi - Patrick Clervoy p. 41-45 Saïd Ferdi se fit connaître en 1981 par une autobiographie titrée Un enfant dans la guerre, dans laquelle ce Français d'origine algérienne raconte comment il fut confronté à la guerre dès l'enfance : entre huit et quinze ans, il fut chahuté d'un camp à l'autre, du fln à l'armée française, sans que ni l'un ni l'autre ne puisse le protéger. Symptomatiquement, à aucun moment de son récit il ne porte de jugement sur les protagonistes de son étrange destin : entré dans la guerre enfant, il y est resté avec son jugement d'enfant.Saïd Ferdi became known in 1981 with his autobiography entitled Un enfant dans la guerre. In it, this Algerian-born Frenchman describes how he experienced war right from childhood. Between the age of eight and fifteen, he was pushed from one side of the conflict to another, from the FLN to the French army, with neither side able to protect him. Symptomatically, not once in his story does he pass judgement on the protagonists of his strange destiny. He entered the war as a child, and his judgement remains that of a child today.
- Des enfants-soldats à Sparte ? - Françoise Ruzé p. 47-54 Dès l'époque hellénistique, et plus encore aux temps de la domination romaine, l'éducation des jeunes Spartiates a été pensée comme un modèle à suivre par tout État soucieux de former de bons citoyens au service de la cité, capables de la gouverner et, plus encore, de la défendre. Longtemps l'historiographie a relayé cette vision, en s'appuyant sur les écrits de Plutarque. Or l'image des jeunes Spartiates qui émerge de ces textes fait penser à des enfants-soldats. Aujourd'hui, les historiens ont largement remis en cause cette vision. Pour évaluer la contestation de ce rapport obsessionnel à la guerre dans les pratiques éducatives spartiates, il nous faut examiner le tableau qu'en ont dressé Plutarque et Xénophon avant lui, et déterminer s'il est ou non fondé sur des réalités ; nous verrons alors si ce qu'il en reste est en rapport avec la guerre, et quel genre de guerre.Starting from the Hellenistic period, and even more so under the Romans, the education of young Spartans was looked on as a model for every State concerned with training good citizens who could serve, govern and, more importantly, defend the city. For many years historiography relayed this view, based on Plutarch's writings. The image of these young Spartans that emerges from these texts brings child soldiers to mind. Today, historians have largely disputed this view. To assess the dispute concerning this obsessive reference to war in their education, we must examine the account given by Plutarch and before him, Xenophon, and determine whether it is based on reality. We will then see if what remains relates to war in any way and, if so, to what type of war.
- Enfant de troupe et enfant-soldat - Elrick Irastorza p. 55-62 Parler des enfants de troupe dans un numéro d'Inflexions consacré aux enfants et la guerre a quelque chose d'a priori saugrenu, mais il convient de s'élever contre l'amalgame entre enfant de troupe et enfant-soldat que certains pourraient, par ignorance, être tentés de faire. Le général Irastorza, qui a été des premiers pendant neuf ans et a approché les seconds à l'occasion d'au moins trois opérations extérieures (Tchad, Cambodge et Côte d'Ivoire), montre ici, à travers le récit d'une partie de sa vie, qu'aucun parallèle n'est possible entre l'une et l'autre de ces conditions humaines. La première pourrait se résumer d'un mot, construction, la seconde de son pendant, destruction.Speaking about military children in an issue of Inflexions dedicated to children and war seems, at first glance, to be somewhat absurd, but it is necessary to contest any confusion between military children and child soldiers that some people might, through ignorance, be tempted to make. General Irastorza, who was a military child for nine years and who saw child soldiers on at least three overseas operations (Chad, Cambodia, and Côte d'Ivoire), shows in this account of a period of his life, that no parallel can be drawn between these two human conditions. The first could be summed up in one word, construction, while the other by its opposite, destruction.
- Enfant de la guerre, enfant de troupe, homme de guerre ? - Jean-René Bachelet p. 63-75 « Comme tous les “pupilles de la nation”, je suis un enfant de la guerre. » Ainsi l'auteur introduit-il son récit. Après avoir été enfant de troupe à l'âge de dix ans, puis avoir fait une carrière militaire complète de cinquante ans sous l'uniforme, il pose la question de savoir si, « né de la guerre », il n'aurait pas été « élevé pour la guerre », ce qui l'aurait « voué à la guerre ». D'emblée, il suggère que la réponse « s'accommode mal des idées reçues ». De fait, son récit est celui de l'unité d'une vie marquée par l'amour de la France et le culte de ses valeurs fondatrices. Un amour et un culte inspirés par l'exemple de son père et de son oncle, tous deux Résistants, morts pour la France ; un amour et un culte nourris et vivifiés d'abord à l'école-classe unique de son village, puis à l'École militaire préparatoire d'Autun des années 1950-1960, dans l'ambiance hors normes héritée du « maquis des enfants de troupe » dix ans plus tôt ; un amour et un culte qui ont éclairé une carrière de cinquante ans sous l'uniforme.“Like all ‘war orphans', I am a war baby.” This is how the author introduces his story. After being a military child at the age of ten, then serving a full 50-year career in the armed forces, he wonders if because he was “born of war”, was he not “raised for war”, and therefore “destined for war?” He immediately suggests that the answer “is hard to reconcile with commonly held ideas”. His story relates the harmony of a life characterised by a love of France and a total dedication to its founding values. This love and total dedication were inspired by his father and his uncle, both Resistance fighters who died for France. These feelings were nourished and given life, first at the one-class school of his village, then at the Autun Military School in the 1950s and'60s, in the unique atmosphere inherited from the “military children's maquis” ten years earlier, before accompanying him through a 50-year career in the armed forces.
- « Ton père est toujours à côté de toi » - Jean-Luc Cotard p. 77-86 Inflexions a rencontré un frère et une sœur qui approchent de la retraite et dont le père est mort en Indochine, dans un camp de prisonniers. Cet article ne cherche pas à faire un point sociologique ou scientifique sur le sujet ; il raconte seulement une rencontre. Le frère semble a priori très détaché du sujet, sa sœur est avide de détails sur la vie de ce père qu'elle n'a pas connu. Lui ne veut pas faire une montagne de sa situation et insiste sur sa vie heureuse, elle parle de la solitude de son adolescence et d'une double peine. Mais tous deux reconnaissent être à la recherche de leur père.Inflexions meets a brother and sister nearing retirement, whose father died in a prisoner-of-war camp in Indochina. This article does not focus on the sociological or scientific aspects of the subject, but simply describes an encounter. The brother appears very detached from the subject, while his sister is hungry for details about the life of a father she never met. He does not want to make a fuss about the situation and insists on how happy he is, she talks of her loneliness as a teenager and a “double punishment”. However, both admit that they are looking for their father.
- 1953 : prise d'armes aux Invalides - Thierry Gineste p. 87-94 Le lieutenant Paul Gineste est mort au champ d'honneur en service commandé le 11 janvier 1952 en Indochine, sans avoir revu ses enfants. Son fils Thierry, à peine âgé de cinq ans, reçut en son nom les insignes de la Légion d'honneur des mains du général Monclar dans la cour d'honneur des Invalides. Aujourd'hui psychiatre reconnu, il revient sur sa douleur d'enfant, sur sa vie bouleversée, sur son deuil impossible.Lieutenant Paul Gineste was killed in the line of duty on 11 January 1952 in Indochina, without having seen his children again. His barely five-year-old son Thierry received the Legion of Honour insignia, on his father's behalf, from General Monclar in the Court of Honour of Les Invalides. Now a recognised psychiatrist, he looks back on his childhood sorrow, his distraught life and his inability to mourn.
- « Papa est mort en Afghanistan » - Nicolas Mingasson p. 95-109 Photographe et grand reporter, Nicolas Mingasson a partagé pendant un an la vie d'une unité de combat engagée en Afghanistan. En 2016, il a publié 1 929 jours. Le deuil de guerre au XXe siècle, un recueil d'entretiens menés pendant deux ans avec les parents, les épouses, les enfants, les frères d'armes et les chefs des soldats français morts en Afghanistan. Il reprend ici ce travail pour tenter de cerner le deuil de l'enfant.Nicolas Mingasson, a photographer and distinguished reporter, shared a year in the life of a combat unit in Afghanistan. In 2016, he published 1 929 Jours: Le deuil de guerre au XXIe siècle : a collection of interviews over two years with the parents, wives, children, comrades-in-arms and the commanding officers of French soldiers who died in Afghanistan. He returns to this work to try and capture children's mourning.
- Né de père allemand - Francis Boulouart p. 111-116 Francis Boulouart est né le 23 janvier 1943. Sa mère, Georgette, est une jeune habitante de Calais. Son père, Willi, est… un soldat de la Wehrmacht. « Fils de Boche », il a eu la chance d'être toujours soutenu et protégé par sa famille. En 1995, il est parti à la recherche de son père et a trouvé un frère et une sœur avec lesquels il a noué des liens forts et réguliers. Il a obtenu la double nationalité en 2009.Francis Boulouart was born on 23 January 1943. His mother Georgette is a young woman living in Calais. His father Willi is a Wehrmacht soldier. This “son of a Boche” was lucky enough to have a family who always supported and protected him. In 1995, he went off in search of his father and found a brother and sister. They have now become close and keep in touch regularly. He was granted dual nationality in 2009.
- Le patriotisme dans l'école en France de 1870 à 1939 - Olivier Loubes p. 117-125 Il faut être prudent avec les discours sur l'école dans la période 1870-1939, trop souvent simplistes. Si elle a réellement façonné un sentiment citoyen républicain chez les Français, qui débouche sur l'obligation naturelle de prendre les armes, l'école républicaine s'est toujours refusé à former des soldats. Après la Grande Guerre, si la mentalité est pacifique, elle ne se traduit pas par un abandon du sens du devoir patriotique classique de la IIIe République. Il convient aussi d'être très vigilant sur la différence entre ce qui est perçu par l'opinion publique, tant en matière de nostalgie que de pacifisme, et la réalité des enseignements au quotidien en classe. Parler des rapports entre l'école et la guerre durant cette période, c'est souligner une continuité très forte de l'enseignement qui débouche sur la constitution d'un patriotisme civique républicain.Views expressed about education in the period from 1870 to 1939 must be treated with caution as they are too often simplistic. While it is true that over this period the republican education system did instil in the French a feeling of being citizens of the Republic, with a moral duty of taking up arms, it always refused to train soldiers. After the First World War, in spite of the generally pacific mindset, the conventional idea of patriotic duty of the Third Republic was not abandoned. Close attention must also be paid to the difference between what was perceived by public opinion, both in terms of nostalgia and pacifism, and what was actually taught in the classroom every day. Discussing the connections between education and war during this period means underlining a strong continuity of education, which leads to the creation of civic republican patriotism.
- Qu'est-ce que la guerre ? Mots d'enfants - Brice Erbland, Yann Andruétan p. 127-131
- Au risque de la transmission - Yann Andruétan p. 133-143 Transmettre peut sembler un acte évident et simple. Mais une lourde erreur serait commise à méconnaître son origine et ses fonctions. Savoir comment et pourquoi nous transmettons, connaître les liens qui se créent ne peut qu'aider à comprendre la nécessité à être un bon passeur de savoirs. Les armées sont, plus peut-être que d'autres institutions, des lieux de transmission.Handing down knowledge may seem an obvious, simple thing to do, but being unaware of its origin and purpose can lead to serious mistakes. Learning how and why we hand down knowledge and being aware of the bonds that are created, helps us to understand the importance of passing on knowledge effectively. Knowledge is handed down in the armed forces, too, possibly more so than in other institutions. Firstly, because being part of the military sometimes means inheriting a tradition. By passing on knowledge we can, in our own small way, have an impact on the future. For a soldier, it means preparing for the unexpected.
- Tout chef a été un enfant - Émilien Frey p. 145-151 Bien qu'il soit souvent la première victime des heurts des combats, un processus singulier se développe et pousse parfois l'enfant puis le jeune adulte à embrasser malgré tout le métier des armes. Quels sont les ressorts de ces histoires individuelles qui entraînent le futur adulte à faire ce choix lourd de sens et à tout mettre en œuvre pour devenir un chef ?Although children are often the first victims of combat, a strange process can take place that sometimes pushes the child, and then the young adult, to join the armed forces nevertheless. What is it in his or her individual past that brings the future adult to make such an important decision, and do everything possible to become a leader?
- Images du royaume de la mort. Avigdor Arikha, 1942-1943 - Didier Sicard p. 153-158
- Bara, du héros de papier à l'enfant exemplaire - Jean-Clément Martin p. 159-163 Parmi les symboles que la IIIe République invoque, après 1870, pour légitimer le nouveau régime en puisant dans l'histoire de la révolution de 1789 et de l'an II, le jeune tambour Bara, tué pendant la guerre de Vendée, occupe une place importante. Comment rendre compte des vies réelle et imaginaire de cet enfant, soldat et martyr pour les uns, voleur de chevaux et imposteur pour les autres ?Bara, the young drummer boy killed during the Vendée war, is prominent among the post-1870 symbols that the Third Republic of France referred to as a way of legitimising the new regime by drawing on the history of the 1789 revolution and Year II. How can we tell the story of the real and imaginary lives of this child, who some see as a soldier and martyr, and others as a horse thief and imposter?
- Dessiner la guerre - Emmanuelle Rioux p. 165-171
- L'image des enfants dans les cartes postales de la Grande Guerre - Michaël Bourlet p. 173-189 En temps de guerre, les enfants ne sont jamais épargnés par les combats, la répression, les violences physiques et psychiques. La guerre de 1914 n'échappe pas à cette terrible règle. Pourtant, et pour la première fois à une telle échelle en Occident, les enfants ne sont plus seulement des victimes ; ils sont également des acteurs et des témoins du conflit, en travaillant, en résistant, en combattant, mais aussi en servant la propagande. Ils s'imposent comme l'un des grands enjeux de la guerre et un instrument parmi d'autres de la mobilisation générale, en France et à l'étranger. Ainsi, leur image est exploitée par les autorités, l'armée, la publicité, la presse ou le cinéma à travers des photographies, des films, des affiches et des cartes postales.In times of war, children are never safe from combats, repression, or psychological or physical violence. The war of 1914 was no exception. However, for the first time in the west on such a large scale, children were no longer just victims, but also took part in and witnessed the conflict, by working, resisting, fighting and contributing to propaganda. They were one of the major stakes of the war and served as another instrument for general mobilisation both in France and in other countries. In this context, their image was exploited by the authorities, army, advertisers, press and cinema through photographs, films, posters and post cards.
- L'enfant et les sortilèges de la guerre - Yann Andruétan, Aurélie Éon p. 191-197 Faut-il laisser les enfants jouer à la guerre ? Une question que tous les parents se posent, notamment lorsqu'ils ont des garçons. Entre ce qui apparaît comme un passage obligé et le souhait d'épargner aux plus jeunes l'exposition à la violence, il est difficile de trancher. Interroger la place de la violence chez les enfants revient en fait à examiner son origine et la place qu'elle tient dans notre culture. Il n'est pas tenable d'empêcher un enfant de jouer à ce qui nous apparaît être un jeu violent ou rappelant la guerre, car la signification pour ces derniers est tout autre. Le jeu est une façon pour l'enfant d'absorber sa propre agressivité. Mais il ne faut pas non plus le laisser fasciné devant le spectacle de la violence, et pour cela il faut savoir y mettre des mots et de la distance.Should children be allowed to play at war? It's something all parents ask themselves, especially if they have sons. It is difficult to differentiate between what appears to be a rite of passage and wanting to protect the younger ones from being exposed to violence. Examining the part violence plays in children's lives means looking into its origin and its place in our culture. We should not try and prevent children from playing what we see as a violent game that reminds us of war, as it means something completely different to them. Playing allows children to absorb their own aggressiveness. But neither can we allow them to be fascinated by violence; we must therefore find the right words and create a distance.
- Enfance et violence - Frédérique Gignoux-Froment, Jokthan Guivarch p. 199-207 De prime abord, la guerre semble être la forme de violence la plus extrême à laquelle un enfant peut être exposé. Elle confronte à l'horreur et multiplie les risques d'exposition traumatique avec des conséquences majeures sur son développement psychique. Néanmoins, l'exposition à ces formes extrêmes de violence ne saurait représenter l'unique voie du traumatisme psychique. Moins visibles, les violences quotidiennes, au sein des foyers ou dans les écoles en sont une autre.At first glance, war appears as the most extreme form of violence to which a child can be exposed. It confronts the child with horror and multiplies the risk of trauma exposure, with serious consequences on his or her psychological development. However, exposure to these types of extreme violence is not the only cause of psychological trauma. Less visible everyday violence at home or school is another.
- Le scoutisme ou l'espérance d'un monde meilleur - Pierre-Henri Bertin p. 209-219 En mettant au centre de son projet le développement individuel de la jeunesse par les jeunes, avec comme clé de voûte la confiance et le sens de l'engagement, le scoutisme est une méthode éducative d'une grande modernité et d'une actualité évidente au regard de la situation de la France qui voit l'individualisme et le communautarisme prendre le pas sur le sens collectif. Fort des valeurs qu'il promeut, il est une source formidable d'espérance et de paix. « Essayez de laisser ce monde un peu meilleur qu'il ne l'était quand vous y êtes venus » (Baden-Powell).Calling on young people to promote individual youth development, and building on trust and commitment, scouting is a modern educational method that clearly has an important role to play in France today, where the collective spirit is being supplanted by individualism and communitarianism. With the values it promotes, it is a tremendous fountain of hope and peace. “Try and leave this world a little better than you found it” (Baden-Powell).
- Enfants-soldats, ces armes de destruction pas très mineures - Philippe Chapleau p. 13-23
Pour nourrir le débat
- Philosopher en temps de guerre - Monique Castillo p. 221-230 Parcourir quelques philosophies du temps de guerre, en allant du premier conflit mondial aux attentats terroristes de 2015-2016, donne l'idée qu'une histoire européenne de la guerre (en l'occurrence franco-allemande dans les textes ici sélectionnés) a été en germination. Aux générations qui viennent, le tracé du changement de société qui marque leur temps, entre l'âge héroïque des nations et l'âge économique de la performance entrepreneuriale, indique un devoir de lucidité indispensable à la hauteur de vue réclamée par la paix.Browsing a few wartime philosophies, stretching from the first world war to the terrorist attacks in 2015–2016 sparks the idea that a European history of war (Franco-German in the texts selected here) has been slowly taking shape. For the generations to come, the story of the change of society that marks their time, between the heroic age of nations and the economic age of business performance, calls for a duty of lucidity, essential for the detached, wide-angle view demanded by peace.
- L'art abstrait de la guerre - François-Xavier Josselin p. 231-234 L'époque contemporaine est marquée, en France, par une évolution progressive mais notable du rapport existant entre gouvernants et guerre. L'histoire de l'art, et en particulier l'étude du lien entre un artiste et son œuvre, peut apporter un précieux éclairage afin de mieux comprendre la signification de cette mutation, mais aussi d'en mesurer les risques.In France the modern era is marked by a gradual but significant shift in the relationship between those in power and war. The history of art, especially studying the link between the artist and his work, can provide precious insight not only to help understand the importance of this change, but also to assess the risks involved.
- Philosopher en temps de guerre - Monique Castillo p. 221-230
Translation in English
- Child soldiers, not very minor weapons of destruction - Philippe Chapleau p. 235-244 La guerre n'est pas un jeu, mais des milliers d'enfants la font. Ils appartiennent à des institutions militaires, à des groupes armés, à des gangs mafieux et à des organisations terroristes. Volontaires parfois, recrutés de force le plus souvent, ils constituent un défi tant tactique que stratégique que doivent relever les forces de sécurité.War is not a game, but thousands of children are involved in them. They belong to military institutions, to armed groups, to Mafia gangs and to terrorist organisations. Sometimes voluntary, but more often recruited by force, they constitute a challenge both on the tactical and strategic levels, which must be taken up by security forces.
- Child soldiers, not very minor weapons of destruction - Philippe Chapleau p. 235-244
Comptes rendus de lecture
- Comptes rendus de lecture - p. 245-250