Contenu du sommaire : La biodiversité
Revue | Responsabilité et environnement |
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Numéro | no 68, octobre 2012 |
Titre du numéro | La biodiversité |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Pierre Couveinhes p. 5-6
- Avant-propos - Claire Tutenuit p. 7-8
1. Mécanismes, enjeux et aspects économiques
- Qu'est-ce que la biodiversité ? Quels sont les mécanismes de son érosion ? - Gilles Bœuf p. 9-14 Les Nations Unies avaient déclaré l'année 2010 « Année internationale de la biodiversité », suite à la résolution adoptée en juin 2002 au Sommet de la Terre à Johannesburg qui avait eu la prétention de freiner, voire de stopper (!), l'érosion de la biodiversité pour 2010. Or, toutes les constatations faites en 2010, et ce dès la Conférence de l'Unesco tenue à Paris en janvier de la même année, ont montré que la situation n'avait jamais été aussi préoccupante.What is biodiversity? What are the factors of attrition?
In line with the resolution adopted in June 2002 at the Earth Summit in Johannesburg, the United Nations declared 2010 to be the international year of biodiversity. The resolution provided for curbing or even stopping(!) the attrition of biodiversity by 2010. All observations, starting with those reported at the Paris UNESCO conference in January 2010, provide evidence that the situation is more disturbing than ever. - Biodiversité et développement durable : Les enjeux de la « recapitalisation écologique » - Bernard Chevassus-au-Louis p. 15-20 Le lien entre biodiversité et développement durable est souvent perçu dans une logique de court terme visant à trouver dans le vivant de nouvelles ressources pour de nouvelles productions (biocarburants, ressources génétiques, nouveaux médicaments), afin notamment de pallier les limites d'un certain nombre de ressources actuellement utilisées.Au cours du XXe siècle, l'exploitation des ressources naturelles issues de la biodiversité était fondée sur trois croyances, dont on mesure aujourd'hui le caractère erroné : le caractère inépuisable de ces ressources, leur gratuité et la diminution progressive de notre dépendance vis-à-vis de celles-ci.À l'avenir, pour éviter de nouvelles désillusions, l'utilisation de la biodiversité devra reposer sur des principes différents, notamment en adoptant des conceptions de l'innovation et des critères de performance nouveaux.Partant d'une réflexion sur le contenu des trois types de « capital » concernés par le développement durable, un objectif politique ambitieux allant bien au-delà de la simple proposition de stopper la perte de biodiversité serait d'augmenter le « capital écologique » de notre pays, non pas en substitution aux deux autres types de capital (économique et humain), mais au contraire en synergie avec eux.Biodiversity and sustainable development: The stakes in “environmental recapitalization”The linkage between biodiversity and sustainable development is often seen from a short-term perspective with the goal of finding in the realm of living organisms resources for new products (biofuel, genetic resources, new drugs) so as to lift the limits on currently used resources. During the 20th century, the exploitation of natural resources drawn from biodiversity was grounded on three beliefs, which we now realize are erroneous: such resources cannot be depleted, they are free, and we can gradually reduce our dependence on them. To avoid dispelling illusions in the future, different principles should be worked out for the uses to which biodiversity is put. In particular, we should adopt new performance criteria and conceptions of innovation. Reflexion on the three types of “capital” — environmental, economic and human — related to sustainable development leads to formulating an ambitious political goal far beyond the mere proposal to stop depleting biodiversity. It calls for increasing our country's “environmental capital” not as a substitution for the other two but, on the contrary, in synergy with them.
- Les services écosystémiques et leur valorisation - Xavier Bonnet, Elen Lemaître-Curri p. 21-28 L'érosion rapide de la biodiversité sous l'influence des comportements anthropiques a stimulé dans le monde une réflexion sur les outils économiques utilisables pour inscrire sa protection dans le développement socio-économique intégré. De même qu'il est aujourd'hui largement admis, en théorie, que donner un prix aux émissions de gaz à effet de serre est le seul moyen de les réduire suffisamment, a également été ouverte la question de la valorisation de la biodiversité comme moyen de la protéger. Mais ce domaine s'avère encore plus complexe que celui des émissions de gaz à effet de serre.Ecosystemic services and their value
The rapid depletion of biodiversity owing to human behavior has stimulated thought about the economic toolbox to be used so that protecting biodiversity is compatible with development. Just as it is now widely accepted that the only way to sufficiently reduce greenhouse gas emissions is to set a price on them, questions are being asked about how to assign a value to biodiversity for the sake of protecting it. This issue turns out to be more complicated than the question of greenhouse gases... - La fiscalité de la biodiversité existe-t-elle ? - Guillaume Sainteny p. 29-34 L'utilisation de la fiscalité se développe dans de nombreux domaines liés à l'environnement : l'énergie, les transports, le climat, les déchets, etc. En revanche, elle demeure peu utilisée en matière de biodiversité. Cela paraît vrai sur le plan international, européen, national et local.En réalité, il n'existe pas véritablement de fiscalité de la biodiversité, mais plutôt une fiscalité qui s'est historiquement construite sans tenir compte de ses effets sur la biodiversité. C'est notamment la situation qui prévaut en France. Globalement, la structure du système fiscal français est défavorable à la préservation de la biodiversité. C'est le cas, par exemple, de la fiscalité du patrimoine, de la fiscalité locale, de la fiscalité de l'urbanisme ou encore de la fiscalité s'appliquant à la gestion de l'eau.Is taxation related to biodiversity?
Although taxes have been passed in several environmental fields (energy, transportation, climate, wastes, etc.), tax policy has hardly been used in biodiversity, whether at the international, European, national or local levels. In fact, there are no taxes on the depletion of biodiversity. Fiscal measures have been adopted over time without taking into account biodiversity. This especially holds for France. The French tax system's overall structure is disadvantageous for the conservation of biodiversity. This holds for estate, local and municipal taxes as well as taxes on the water supply. - La stratégie nationale pour la biodiversité - Odile Gauthier, Paul Delduc p. 35-39 Cet article décrit le cheminement de la France en matière de protection de la biodiversité depuis la convention sur la diversité biologique de 1992 jusqu'à la deuxième stratégie nationale pour la biodiversité adoptée en mai 2011. Il détaille en particulier l'approche de participation des parties prenantes et de mobilisation de la société retenue en 2011 pour franchir une nouvelle étape dans la prise en compte des enjeux de biodiversité par les décideurs de toute nature.The national strategy for biodiversity France's approach to protecting biodiversity is described from the 1992 Convention on Biological Diversity till the second national strategy adopted in May 2011. The participation of stakeholders is examined as well as the mobilization in 2011 in view of advancing into a new phase when all decision-makers will be aware of the issue of biodiversity.
- La stratégie nationale pour la biodiversité : un progrès vers le pluralisme et la diversité dans la prise de décision collective - Michel Juffé p. 40-43 Nietzsche, lecteur de Darwin, plaidait déjà pour la diversité au sein de l'espèce humaine, comme le fit Claude Lévi-Strauss soixante-dix ans plus tard, dans son célèbre ouvrage Race et histoire.Même si l'on trouve chez Darwin de nombreuses allusions à la nécessaire diversité des « êtres organisés », c'est avec la création de parcs naturels, puis avec les plaidoyers pour la nature de Vladimir Vernadsky, d'Aldo Leopold, de Jean Dorst, de Stephen Jay Gould et de bien d'autres, que la notion de protection de la « diversité des êtres vivants » a peu à peu cheminé. Il est vrai que tous avaient été précédés de plusieurs centaines d'années par Montaigne, lequel admettait que tous les êtres vivants partageaient le même sort et étaient d'égale valeur1.Ce n'est pourtant qu'à l'occasion de la conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, tenue en juin 1992 à Rio-de-Janeiro (Brésil), que ce mouvement a trouvé une portée politique, sinon juridique.The national strategy for biodiversity: Progress toward pluralism and the diversity of collective decision-makingNietzsche, who had read Darwin, argued in favor of diversity in the human species, as Claude Lévi-Strauss would do seventy years later in his well-known book, Race and history. While Darwin's writings often alluded to the necessary diversity of “organized beings”, the idea of protecting the diversity of life gradually advanced thanks to the creation of natural parks and the arguments formulated by Vladimir Vernadsky, Aldo Leopold, Jean Dorst, Stephen Jay Gould and many others. But all of them had a predecessor several hundred years ago: Montaigne, who accepted the idea that all living beings are of equal value and share the same fate. This movement did not achieve a political or legal scope till the June 1992 UN conference on the Environment and Development in Rio de Janeiro.
- Qu'est-ce que la biodiversité ? Quels sont les mécanismes de son érosion ? - Gilles Bœuf p. 9-14
2. Agriculture, aménagement du territoire et biodiversité
- Agricultures et biodiversité : des futurs liés - Marion Guillou, Claire Gaillard p. 44-52 Plus d'un tiers des plantes cultivées dépendent de l'activité des insectes pollinisateurs (abeilles, etc.) pour se reproduire. La contribution des vers de terre au maintien de la fertilité des sols a été évaluée en Irlande à un apport de 700 millions d'euros par an. L'agriculture a besoin de la biodiversité, tout en y contribuant directement. Dans les pays où l'espace est largement exploité par l'homme, les interactions entre les activités de production agricole ou forestière et la diversité du vivant (végétal, animal ou microbien) sont nombreuses et essentielles. Pour favoriser des synergies positives, il est indispensable d'aménager, d'inciter et d'évaluer. C'est un des enjeux des politiques publiques agricoles à visées économiques et environnementales, à développer à l'échelle de l'Europe, comme à celle des territoires.Agriculture et biodiversity: Kindred prospects
More than a third of cultivated plants depend on pollinating insects, such as bees, for their reproduction. In Ireland, the contribution of earthworms to the fertility of the soil amounts to 700 million euros per year. Agriculture needs biodiversity, and contributes directly to it. In areas intensely worked by mankind, the interactions of biodiversity (plants, animals or microbes) with farming and forestry are numerous and essential. To boost positive synergy, it is indispensable to plan, provide incentives and make assessments. This is one of the challenges for the public farming policies that, with economic and environmental goals, are to be worked out at the European and local levels. - Les défis de la découverte de l'origine de la pomme - Catherine Peix p. 53-59 C'est au cœur des montagnes célestes du Tian Shan, dans des forêts ancestrales, que se cache le secret de l'origine de tous les pommiers du monde !Dominant les herbes folles, ces arbres monumentaux entrelacés de lianes offrent une abondance et une variété de fruits hors du commun. Joyaux de la biodiversité, ils possèdent, à l'état sauvage, des gènes de résistance aux principaux fléaux qui ravagent nos pommiers cultivés. Aujourd'hui, un drame silencieux se joue dans nos vergers. Les pesticides ne protègent plus suffisamment les pommiers des attaques massives de champignons et de maladies. La conséquence en est une course éperdue (et perdue d'avance) vers l'emploi de toujours plus de pesticides très dangereux pour l'homme et l'environnement.Le Malus sieversii (le nom scientifique de ce pommier sauvage originel) pourra-t-il nous permettre de relever ce défi ? Et porter l'espoir d'une nouvelle forme d'arboriculture ?The windfall from the discovery of the origin of apple trees
The secret of the origin of all apple trees is hidden in the ancestral forests of the Thian Shan mountains, where huge trees, rising over weeds and entwined in liana, abundantly produce a variety of extraordinary apples. These gems of biodiversity in the wild possess genes for resisting the major scourges afflicting cultivated apple trees. A silent tragedy is taking place in orchards. Since pesticides no longer adequately protect from massive attacks by fungus and pathologies, a frantic race is on — but lost in advance — toward using ever more pesticides dangerous for both people and the environment. Will Malus sieversii, the scientific name of the original apple tree, help us take up this challenge? Does it bear hope for growing new trees? - Abeilles et biodiversité - Philippe Lecompte, Claire Tutenuit p. 60-63 Le monde a depuis quelques années pris conscience de la question des abeilles, ou plutôt des questions que pose leur évolution inquiétante : 40 à 50% des colonies ont disparu aux USA, 30 % en Europe, avec de fortes disparités entre l'Est et l'Ouest de l'Europe. Il est aujourd'hui bien connu que les abeilles rendent à la nature et à l'humanité des services immenses, et d'abord celui de la pollinisation, comme l'a identifié Jacques Lecomte, entomologiste (aujourd'hui disparu) de l'INRA, qui a mis en évidence cette fonction aujourd'hui qualifiée d'agro-écosystémique, qui est une des trois dimensions de la biodiversité. Un autre service est celui de sentinelle de la biodiversité : là où les abeilles disparaissent, il se confirme que les autres insectes sont eux aussi affaiblis, ce qui est le signe que l'ensemble de la biodiversité est affecté (l'abeille est une « espèce parapluie »). Cette prise de conscience de leur utilité, ainsi que des menaces qui pèsent sur les abeilles a stimulé les recherches sur ce sujet.Nous apportons ici les réponses les plus actuelles à trois questions principales :Pourquoi les ruches disparaissent-elles ?Dans quelle mesure la disparition des abeilles menace-t-elle l'humanité ?Peut-on enrayer ce phénomène d'effondrement ?Bees and biodiversity
The world has recently become aware of a worrisome trend: from 40% to 50% of bee colonies have died out in the USA and 30% in Europe (with disparity between eastern and western Europe). As is now well known, bees render immense services, above all pollination, to nature and humanity. Jacques Lecomte, a (deceased) entomologist who worked for INRA, pointed out this function, now said to be “agro-eco-systemic”, one of the three dimensions of biodiversity. Bees also serve as the sentinels of biodiversity: where they die out, other insects are also weakened. This is proof that all of biodiversity has been affected: bees are an “umbrella species”. The awareness of their usefulness and the menaces against bees has spurred research. This article addresses three major questions: a) Why are bee colonies dying out? b) To what extent does this extinction represent a threat for humanity? c) Can we stop this trend? - Les politiques agricoles en faveur de la biodiversité - Éric Giry p. 64-71 Avec une surface occupée à plus de 60 % par des usages agricoles, pratiques agricoles et maintien de la biodiversité sont en France intimement et indissociablement liés. Bien que réduite d'année en année par une urbanisation mal maîtrisée, l'agriculture peut et doit contribuer à la préservation et à la restauration de la biodiversité. Il convient pour cela de l'aider, dans le cadre d'approches et d'outils systémiques, à renouer avec des pratiques favorables à la biodiversité, sans toutefois renoncer à sa mission première de production de denrées agricoles et alimentaires dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Cette mission est au cœur des préoccupations du ministère en charge de l'agriculture. Elle doit s'exercer en cohérence et en complémentarité, et s'intégrer autant que faire se peut avec les dispositifs élaborés et mis en œuvre par le ministère en charge de l'écologie et du développement durable.Agriculture and biodiversity
Farming practices and the maintenance of biodiversity are closely, inseparably, related in France, where agriculture occupies 60% of the country's surface area. Though shrinking year after year owing to poorly controlled urban sprawl, agriculture can and must contribute to conserving and restoring biodiversity. Approaches and tools of a systemic sort should be used to help farming rediscover practices that favor biodiversity without giving up its initial assignment, namely: producing food under ever more competitive conditions. This key preoccupation for the Ministry of Agriculture must be coherently addressed and, insofar as possible, be compatible with the arrangements worked out and implemented by the Ministry of Ecology and Sustainable Development. - La compensation écologique : « Si possible », selon la loi de protection de la nature de 1976. Une obligation, pour nous - Laurent Piermont, Philippe Thiévent p. 72-76 Si la loi de la protection de la nature de 1976 a posé le principe de la compensation, cette dernière est longtemps apparue impossible à mettre en œuvre aux yeux de la plupart des maîtres d'ouvrages.La société CDC Biodiversité, filiale de la CDC, propose une offre commerciale aux maîtres d'ouvrages soumis à cette compensation pour perte de biodiversité, une compensation qui pour CDC Biodiversité ne doit pas se concevoir en termes d'équivalence monétaire, mais d'équivalence écologique.Pour elle, un approfondissement du concept de compensation est nécessaire pour favoriser l'établissement de relations plus durables entre le développement économique et la préservation des écosystèmes.Environmental compensation “if possible” under the 1976 Act on the Protection of Nature: An obligation for everyoneAlthough the 1976 Act on the Protection of Nature contained a provision about compensation for the loss of biodiversity, it has turned out to be impossible to implement this principle in the opinion of most project managers. CDC Biodiversité, a subsidiary of CDC, has made a commercial offer related to this provision. For CDC Biodiversité, this compensation should be calculated not just in monetary terms but also in terms of “ecological equivalence”. For this company, the concept of compensation must be clarified so as to establish more sustainable relations between economic development and the conservation of ecosystems.
- Biodiversité et infrastructures linéaires : la contribution de RTE à la Trame verte et bleue - Jean-François Lesigne p. 77-86 La cohabitation des différents réseaux de transport est une réalité historique. Les civilisations qui se sont succédées au long des siècles ont construit des réseaux qui ont été amenés à se croiser : ainsi, les aqueducs témoignent encore du franchissement de certaines voies romaines par des adductions d'eau. Puis le réseau des canaux s'est ajouté au réseau routier, lui-même suivi par le réseau des voies ferrées au XIXe siècle et, enfin, par celui des autoroutes, des gazoducs et des lignes électriques et de télécommunication, au XXe. Les ingénieurs ont su trouver les solutions pour que ces réseaux se croisent tout en maintenant la fonctionnalité de chacun d'entre eux. Aujourd'hui, un nouveau réseau doit être construit, la Trame verte et bleue (TVB). Pour y parvenir, naturalistes, ingénieurs, aménageurs et législateurs doivent ensemble innover, trouver des solutions à des problèmes parfois complexes qui nécessiteront encore des études et de l'expérimentation. Sans attendre la résolution de tous les problèmes, la nouvelle toile doit commencer à se tisser.Biodiversity and linear infrastructures: RTE's contribution to the Blue and Green Corridors
Different transportation networks have, historically, existed together and even overlapped. Down through the centuries, successive civilizations built and expanded networks. For example, aqueducts are existing evidence that the water supply system crossed Roman roads. The canal system was added onto the network of roads, not to mention the addition, in the 19th century, of railways and, in the 20th century, of superhighways, gas pipe-lines and grids for electricity and telecommunications. Engineers were capable of finding solutions so that these networks crossed each other while maintaining the operation of each. A new network has to be built: the Green and Blue Corridors, a network of waterways and of grass or woodlands. For this purpose, nature scientists, engineers, developers and legislators must innovate and find solutions for problems which, sometimes complex, will entail studies and experiments. Without waiting for solutions to be found for all these problems, a start must be made on this new network.
- Agricultures et biodiversité : des futurs liés - Marion Guillou, Claire Gaillard p. 44-52
3. Science, industrie et biodiversité
- Les interfaces entre la communauté scientifique et la société civile : Ou la nécessité d'un dialogue entre science et société, autour des enjeux de biodiversité - Hélène Leriche p. 87-91 La science cherche à comprendre la biodiversité, mais l'enjeu même de cette biodiversité est celui de notre société et concerne nombre d'acteurs qui participent du devenir du vivant. Ils portent donc une part des questions que pose la crise de la biodiversité, mais aussi les éléments de savoir et les réponses possibles, pour l'action comme pour la connaissance. Des interfaces et des dialogues sont à construire ou à renforcer afin que science et société portent ensemble les enjeux de la biodiversité et aident ainsi à construire notre avenir.Interfaces between the scientific community and society, or the need for a dialog between science and society on issues related to biodiversityScience tries to understand biodiversity, but biodiversity is an issue for society that concerns several parties who play a part in the future of life and living beings. These parties raise questions about the depletion of biodiversity, but also possess the relevant know-how and possible responses for action and knowledge. Interfaces and dialogs are to be opened or reinforced so that both science and society show concern for biodiversity and help build our future.
- Les entreprises, acteurs de la biodiversité - Claire Tutenuit p. 92-100 La plupart des activités économiques ont pour objet de rendre des services à la place de ceux fournis autrefois par la nature, mais en quantité trop limitée ou au prix de trop d'efforts pour satisfaire toute l'humanité : ainsi, la construction de bâtiments a remplacé les grottes et les huttes de branchages, l'agriculture s'est substituée à la cueillette et à la chasse, l'automobile au cheval, les produits chimiques aux colles, aux colorants, aux médicaments, aux textiles ou aux cosmétiques naturels... L'industrie, par essence, recherche et développe des systèmes productifs et efficaces, prévisibles, faciles à reproduire si leur environnement est assez stable. N'y a-t-il pas là une antinomie naturelle entre biodiversité et entreprise ? C'est le paradoxe qu'explore cet article.Firms, players in biodiversity
Most economic activities offer services in the place of those that nature provides but in a too limited quantity or at the cost of too much effort to satisfy all of humanity. Buildings have replaced caves and huts made of branches; hunting and gathering have yielded to farming; and there are cars in the place of horses, and chemicals in the place of natural glues, dyes, drugs, textiles and cosmetics... R&D in industry tries to develop efficient, productive, predictable systems that are easy to reproduce in a steady environment. Does this not signal a natural antinomy between biodiversity and the corporate world ? This paradox is explored herein. - L'irréductible diversité des indices et indicateurs de biodiversité - Denis Couvet p. 101-106 Un large éventail d'indicateurs de biodiversité permet de construire et d'évaluer les politiques publiques et de sensibiliser les différents publics. En complément apparaît la nécessité de disposer d'indicateurs évaluant l'impact de chaque acteur, qui soient robustes et déclinables à une échelle locale.Couplée à des indicateurs de pression locale (tels que l'HANPP – Human Appropriation of Net Primary Production), la caractérisation de l'état des communautés animales et végétales pourrait répondre à ce cahier des charges.Nous soulignerons l'importance de la coordination entre acteurs combinant l'expérimentation de nouveaux indices et l'obtention d'un accord entre les parties prenantes sur des indicateurs. Les indicateurs devraient plutôt caractériser des processus qu'être de simples descripteurs, afin d'être utilisables dans le cadre de scénarios. Ces indicateurs devraient notamment évaluer la réponse de la biodiversité aux changements globaux, c'est-à-dire ses capacités adaptatives.Enfin, les systèmes d'observation nécessaires à la documentation de ces indicateurs ont une importance cruciale et pourraient faire l'objet d'une mutualisation des moyens entre les acteurs concernés.The irreducible diversity of biodiversity indicators
A wide range of indicators of biodiversity serves to design and assess public policies, and make different sectors of public opinion aware of issues in this field. Robust indicators that can be applied at the local level are needed to assess each stakeholder's impact. Combined with indicators of local pressure on resources, such as HANPP (Human Appropriation of Net Primary Production), the description of the current state could meet up to these specifications. Emphasis is laid on the importance of a coordination that involves both experimentation with new indicators and the reaching of an agreement among stakeholders about them. These indicators, rather than being merely descriptive, should characterize processes so that they can enter into simulations. They should assess biodiversity's reaction to global changes, in other words its adaptative capability. The systems of observation necessary for documenting indicators are of crucial importance; they could be pooled by the parties concerned. - Comment sensibiliser le grand public pour qu'il intègre la biodiversité dans ses comportements ? - Allain Bougrain-Dubourg p. 107-112 Si la protection de la biodiversité était considérée il y a encore trente-cinq ans comme une affaire de spécialistes, tout le monde s'accorde aujourd'hui sur le fait que c'est en associant le plus grand nombre que le fameux patrimoine naturel, si souvent évoqué, échappera au déclin.Outre les médias, le grand écran, les actions choc, la mobilisation d'espèces symboliques de la cause à défendre (comme les pandas ou les bébés phoques), un des vecteurs essentiels de la sensibilisation du grand public à la question de la nature reste l'éducation et la formation à l'environnement. Mais il demeure beaucoup à faire en la matière.How to expand awareness so that the public adapts its behavior to biodiversity?
Thirty-five years ago, the protection of biodiversity was considered to be a matter for specialists. Nowadays, everyone agrees that our natural heritage will be conserved only if as many people as possible are involved. Besides the mass media, movies, shocking demonstrations and the mobilization of species (such as pandas or baby seals) symbolizing the cause, an essential vector for increasing public awareness of this issue is education and training in environmental studies. Much is yet to be done... - L'évaluation de la nature et des écosystèmes : le cas du Royaume-Uni - Jean-Philippe Lafontaine p. 113-119 L'UK NEA (United Kingdom National Ecosystem Assessment)1 a réalisé, pour la première fois au Royaume-Uni, une évaluation de la nature et des écosystèmes en termes de coûts/bénéfices pour le développement des activités économiques et le bien-être des hommes. Les données produites dans le cadre de cette étude doivent permettre de mieux prendre en compte l'environnement dans les prises de décision à tous les niveaux (international, national, local et individuel) ainsi que dans les entreprises.Assessing nature and ecosystems: The case of the United Kingdom
For the first time in the United Kingdom, the National Ecosystem Assessment (NEA) has carried out a cost/benefit analysis of nature and ecosystems for the development of economic activities and the wellbeing of people. The data thus produced should help us take into account the environment in decision-making at all levels: international, national, local, corporate and individual.Issue editor: Claire TUTENUIT
- Les interfaces entre la communauté scientifique et la société civile : Ou la nécessité d'un dialogue entre science et société, autour des enjeux de biodiversité - Hélène Leriche p. 87-91