Contenu du sommaire : Comptes rendus de lecture

Revue Germanica Mir@bel
Numéro no 57, 2015
Titre du numéro Comptes rendus de lecture
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • ‪Avant-propos‪ - Bernard Bach p. 7-9 accès libre
  • ‪Von der Kunst zur Krankheit, oder: „Wo sind denn all die Hungerkünstler hin?“ Überlegungen zur Metamorphose des Hungermotivs in den Literaturen zweier Jahrhundertwenden‪ - Jörg Pottbeckers p. 11-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Tant dans Der Hungerpastor de Wilhelm Raabe que dans Hunger de Knut Hamsun et Ein Hungerkünstler de Franz Kafka, le jeûneur était autour des années 1900 une figure très populaire de la littérature, sans doute parce que chez Raabe, Hamsun et Kafka il apparaissait comme catalyseur ou métaphore d'un autre désir : celui de la culture et du savoir (Raabe) ou celui de la perfection artistique (Hamsun et Kafka). Un siècle plus tard le sens du jeûne a manifestement changé : le jeûne est lié à la maladie. Tant dans le roman Biographie de la faim d'Amélie Nothomb que dans Melancholia de Bettina Galvani et Ein paar Leute suchen das Glück und lachen sich tot de Sybille Berg les protagonistes souffrent d'anorexie. Cela signifie-t-il que le motif de la faim aurait évolué et que la métaphore de la création artistique aurait été réduite à un trouble de l'alimentation purement physique ? Certes non, car au-delà du syndrome de surface il apparaît que le jeûneur de la littérature des deux tournants de siècle cherche tout autant à cultiver une existence fragile et précaire qu'à se singulariser par son caractère exceptionnel. Dans cette manière d'être la faim et l'art se rejoignent ou se confondent dans l'artiste de la faim.
    Whether in Wilhelm Raabe's Hungerpastor, Knut Hamsun's Hunger or Franz Kafka's Hunger Artist – the starving hero was an enormously popular figure in literature around 1900, probably because he represented a metaphor for education and knowledge (Raabe) or for artistic perfection (Hamsun and Kafka). About a hundred years later a significant change has apparently taken place: when hunger is mentioned now, disease is meant. In Amélie Nothomb Biography of Hunger, Bettina Galvanis Melancholia or in Sybille Berg Ein paar Leute suchen das Glück und lachen sich tot, all protagonists suffer from anorexia nervosa. So has the hunger motif evolved so much that it has been reduced from a metaphor for art to a physical eating disorder? No, because beside the disease pattern, it appears that the starving hero in the tradition of Raabe, Hamsun and Kafka was still clearly identifiable in literature around 2000. Hunger and Art literally merge in both periods and lead to the emergence of what may be called the Hunger/Artist.
  • ‪Der Geschmack des Brotes der frühen Jahre ist immer noch bitter. Nahrungsaufnahme bei Heinrich Böll‪ - Ole Schümann p. 31-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La littérature de Heinrich Böll entretient un rapport particulier avec la sensualité de l'Homme. Loin des théories abstraites de la théologie catholique et de la philosophie, il analyse des termes comme « religion », « famille » et « patrie » (‚Heimat‘) tout en tenant compte de leur présence réelle dans les relations entre les gens. Il remarque que l'on peut même trouver ces termes dans les décombres d'une nation et décrit d'une part, leurs effets sur l'Homme et d'autre part, comment l'Homme peut les exprimer. Pour cela, Böll se sert spécifiquement des perceptions sensuelles pour créer un rapport entre l'Homme d'un côté et « la religion », « l'amour », « la famille » et « la patrie » de l'autre. La nourriture, surtout sous la forme du pain, prend une importance particulière car Böll la met en relation avec tous ces autres termes et, ainsi, lui laisse jouer un rôle clé dans son œuvre.
    The literature of Heinrich Böll is heavily associated with the sensuality of humankind. Böll always rejected the abstract theories of the Catholic Church and philosophy, which tend to veer away from the pure factum of human existence. He adumbrates terms like “religion”, “love”, “family” and “Heimat” on the basis of their appearance in human relations. He shows that they can still be found in the ruins of a nation and describes how they take effect on humankind as humankind takes effect on them by reproducing their appearance. Therefore Böll purposefully uses sensory perception to create an interface with humans on one side and “religion”, “love”, “family” and “Heimat” on the other. Food, especially depictions of bread, plays a significant role as a symbol in this context and it becomes a key term, since Böll is linking it to all the terms mentioned above.
  • ‪Ordnung in der Puppenküche.‪ : Verhaltensregeln, Essgewohnheiten und Tischsitten in deutschen Puppenkochbüchern des 19. Jahrhunderts und Kinderkochbüchern des 20. und 21. Jahrhunderts - Dr. Sabine Planka p. 49-68 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La contribution suivante présente les règles de conduite, les habitudes alimentaires et les bonnes manières à table dans les livres de cuisine pour les poupées du XIXe siècle et les livres de cuisine pour enfants du XXe et XXIe siècles. Après un bref aperçu abordant l'histoire des livres de cuisine pour les poupées et ceux pour les enfants, nous analyserons d'abord les livres de cuisine pour les poupées du XIXe siècle. À la suite de cette première analyse, ces livres seront comparés aux livres de cuisine pour enfants du XXe et XXI e siècles. En ce qui concerne la perspective contrastive, nous constaterons que les livres de cuisine pour enfants contemporains reprennent les mêmes sujets déjà évoqués dans les livres pour les poupées (comme par exemple la propreté et l'ordre dans la cuisine, la manière consciente dont les aliments sont gérés etc.) dans leurs préfaces et recettes. Cependant, ces sujets – contrairement aux livres de cuisine pour les poupées du XIXe siècle – sont explicitement décrits, parce que, de nos jours, les parents ne transmettent plus de connaissances culinaires à leurs enfants comme ce fut le cas dans le passé.
    The following article deals with the representation and imparting of rules of behavior, eating habits and table manners in dolls' cookbooks (19th century) and children's cookbooks (20th/21st century). After a short historical presentation of dolls' and children's cookbooks an analysis of dolls' cookbooks will be suggested. Then I will compare children's cookbooks to dolls' cookbooks. This comparison will demonstrate that contemporary children's cookbooks may be connected to dolls' cookbooks as a consequence of the topics covered (such as sustainability, cleanliness, the conscious handling of food e.g.) in forewords and recipes. In such cases particular topics have to be explicitly named and described as a lot of knowledge has been lost and can no longer be passed on by parents to their children as used to be the case in the past.
  • ‪„Sie schmatzen und rülpsen, schlabbern und schlürfen“ – Tischszenen in den aktuellen deutschen Bilderbüchern‪ - Oxane Leingang p. 69-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Pas un autre domaine de l'enfance n'est plus sévèrement réglementé que celui de la prise de nourriture. Longtemps la privation de nourriture ou l'obligation de manger étaient considérées comme des méthodes d'éducation éprouvées. Il n'est donc pas étonnant que la prise de nourriture fasse jusqu'à aujourd'hui partie des thèmes dominants dans la littérature pour enfants. Tandis qu'au XVIII‫e‪ et au XIX‫e‪ siècles la gourmandise des enfants était diabolisée au travers d'histoires racontant des malheurs et valant avertissement, dans la littérature pour enfants contemporaine le désir de manger est promu au rang de symbole du comportement anarchique et de l'autodétermination : trop souvent la présentation sous forme satirique et grotesque de l'éducation traditionnelle en matière de prise de nourriture donne à voir les tensions entre les désirs instinctuels et la domestication des passions. À travers un choix d'exemples tirés de la littérature pour enfants contemporaine on étudiera la mise en scène de codes de conduite à table et les conflits qui en résultent.
    ‪As the ingestion of food is the most regulated sphere of childhood, it is not surprising that eating should continue to be a dominant theme in children's literature. For centuries, food deprivation and compulsive eating were tried and tested methods of control. Throughout the 18th and 19th centuries, the craving for sweets was condemned in moral stories. In modern children's literature, gluttony has become a symbol of anarchic behaviour and self-determination. Satirical or grotesque exaggerations of traditional eating habits all too often reveal the tension between compulsive wishes and education in discipline. The article will examine the codes of table manners and the resultant conflicts as displayed in recent German picture books.‪
  • ‪„Laßt uns doch mal wieder einen ‚Nazi' verspeisen“: Unverdaute deutsch-jüdische Geschichte bei Barbara Honigmann‪ - Lilla Balint p. 83-97 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans « Images de A » (2011) Barbara Honigmann raconte l'histoire d'amour entre une jeune dramaturge et le metteur en scène A., son aîné de 15 ans, dont la rencontre a lieu dans les années soixante dix dans le milieu du théâtre de Berlin Est. Leur relation se caractérise par une phrase faisant explicitement référence à l'acte de manger : « Prendrais-tu du fromage ou de la confiture ? », voilà la question qui est exclue de leur relation. Ce n'est pas un quotidien commun qui sert d'identification au couple d'artistes mais la grande culture. La première partie de l'article s'attache à examiner l'importance accordée au quotidien dans l'œuvre de Honigmann, afin de définir la signification d'un amour romantique par-delà le quotidien. Dans la seconde partie cette analyse est appliquée à l'histoire familiale : ceux qui refusent de s'installer à la table du petit déjeuner sont fils d'un soldat de la « Wehrmacht » et fille de parents juifs. L'absence du petit déjeuner commun est interprétée comme un symptôme de l'histoire judéo-allemande après l'holocauste.
    In “Images of A.” (Bilder von A., 2011), Barbara Honigmann tells the story of a love affair between a prospective playwright and stage director A., who is her senior by fifteen years. They meet in the theater scene of the late seventies in former East-Berlin. Honigmann characterizes their relationship with a sentence that directly refers to eating: “would you like cheese or jam?” is the question that is excluded from their relationship. What is of primary importance to their identity as a couple is not a common everyday life but high culture. In the first part of this essay, I examine the significance that Honigmann attributes to everydayness in order to determine the valence that romantic love acquires, a love that is precisely void of the everyday. The second part is dedicated to an interpretation of this relationship that extends to their family histories: A. is the son of a Nazi who fought in the Wehrmacht; and the narrator is the daughter of Jewish parents. The absence of the shared meal – and the domestic sphere in their relationship – is symptomatically read for postwar German-Jewish relations.
  • ‪Nahrung und Gesellschaft – gemeinsames Essen in literarischen Darstellungen der DDR von Birk Meinhardt, Jochen Schmidt und Lutz Seiler‪ - Sandra Vlasta p. 99-114 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis la fin de la RDA, de nombreuses œuvres littéraires sur ce pays ont été publiées, en particulier ces dernières années. Beaucoup de ces livres ont eu un grand succès et ont ‫obtenu‪ des prix littéraires importants. La plupart de ces romans offrent un large panorama de la vie dans la RDA qui comprend des scènes de vie quotidienne comme des repas en commun. Le présent article vise à étudier les scènes de repas en commun dans Kruso (2014) de Lutz Seiler, Brüder und Schwestern (2013, Frères et Sœurs) de Birk Meinhardt et Schneckenmühle (2013, Mill Escargot) de Jochen Schmidt. Le but de l'analyse est de montrer comment ces scènes reflètent la thématique principale des ouvrages, à savoir la vie dans la RDA. On prendra en compte de multiples aspects, tels les personnages impliqués, le point de vue, la représentation de la préparation de la nourriture ainsi que les plats préparés, l'organisation de la table (disposition des chaises, couverts, vaisselle, etc.) et la probable médiation des spécificités culturelles (par exemple, des aliments particuliers). Dans mon analyse, je ferai référence à la typologie des repas dans les textes littéraires définie par Alois Wierlacher et au triangle culinaire de Claude Lévi-Strauss.
    ‪Since the end of the GDR, a number of literary works have been published about this state, in particular about the final years of its existence. Many of these books were major successes and were awarded important literary prizes. Most of these novels give a broad panorama of life in the GDR, including everyday situations, such as common meals. This paper analyses selected scenes of common meals in the following texts: ‪‪Kruso‪‪ (2014) by Lutz Seiler, ‪‪Brüder und Schwestern‪‪ (2013, ‪‪Brothers and Sisters‪‪) by Birk Meinhardt and ‪‪Schneckenmühle‪‪ (2013, ‪‪Snail Mill‪‪) by Jochen Schmidt. The aim of the analysis is to show how these scenes reflect the main topic of the texts, i.e. life in the GDR. Various aspects are taken into account, such as the characters involved, the point of view, the depiction of the preparation of food and the dishes being prepared, table settings (seating arrangements, utensils, crockery etc.) and the probable mediation of cultural specificities (for example, specific foods). In my analysis, I refer to Alois Wierlacher's typology of meals in literary texts and to Claude Lévi-Strauss' culinary triangle.‪
  • ‪Manger et « faire famille » ?‪ : Repas de famille et transmission de la mémoire familiale dans Himmelskörper de Tanja Dückers (2003), Schlesisches Wetter de Olaf Müller (2003) et Flut und Boden de Per Leo (2014) - Emmanuelle Aurenche-Beau p. 115-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article traite de trois romans du début du XXIe siècle, Himmelskörper de Tanja Dückers, Schlesisches Wetter de Olaf Müller et Flut und Boden. Roman einer Familie de Per Leo, dont les narrateurs appartiennent à des familles marquées par des événements traumatiques et douloureux liés au national-socialisme et aux expériences de fuite ou d'expulsion. Il étudie la façon dont les repas de famille qui y sont décrits peuvent contribuer à (re)fabriquer de la famille, particulièrement dans le cas de familles ayant connu des séparations, des ruptures ou des conflits. Il examine ensuite la manière dont ces repas de famille peuvent aussi être ce qui vient révéler les failles de la mémoire familiale et mettre au jour les tabous. Il montre enfin dans quelle mesure des moments de convivialité plus spontanés peuvent être l'occasion de remettre en mouvement la transmission de l'histoire familiale.
    The article deals with 3 novels that were published at the beginning of the 21th century and whose narrators belong to families that have been marked by traumatic and painful experiences in relation with National Socialism or flight and expulsion. It analyses how family meals, like those described in the novels under examination, may contribute to (re)creating family, especially in the case of families that have lived through experiences of separation, breakup or conflicts. It examines to what extent these family meals may reveal the failures of family memory and bring taboos to light. It finally argues that more spontaneous moments of sociability may become an opportunity to revive the transmission of family history.
  • ‪Le repas africain dans le roman d'Ulrike Draesner Sieben Sprünge vom Rand der Welt (2014)‪ - Joëlle Stoupy p. 127-137 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le dernier roman d'Ulrike Draesner Sieben Sprünge vom Rand der Welt (2014), un roman polyphonique sur deux familles, l'une allemande, l'autre polonaise, met en scène un repas dans un restaurant africain entre deux personnages de la troisième génération, Simone Grolmann, éthologe et Boris Nienalt, psychologue. Ce repas aux accents à la fois graves et drôles ne constitue qu'un court épisode dans un roman qui compte 555 pages et que l'auteur a qualifié de « kaléidoscope des souvenirs ». Il est intégré au chapitre consacré à Boris Nienalt et de ce fait, il est vu par le biais de ce personnage qui en est le narrateur. Sur le site Internet dédié à cette œuvre, Ulrike Draesner donne en allemand à ce repas le simple titre suivant : « Boris raconte comment Boris et Simone essaient de s'entretenir ». Ce repas africain donne à voir le début d'une relation amoureuse entre deux personnages qui ont commencé à tisser des liens sur le net et qui ont ainsi découvert un passé familial douloureux similaire qui les hante encore. Tout en se situant à l'époque contemporaine, ce repas fait référence à l'époque contemporaine, fait référence à la fin de la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement aux transferts massifs de population s'étant déroulés dans des conditions effroyables. Ce passé est au cœur même de ce repas africain. Ce court épisode s'arrête sur l'idée directrice du roman, la transmission de traumatismes d'une génération à l'autre par le biais de non-dits ou de récits, une idée que Marianne Hirsch, professeur de littérature anglaise et de littérature comparée à la Columbia University, a résumé par le concept de post-mémoire (postmemory). Pour Boris, ce repas sera l'occasion de se reprendre en main, d'échapper à l'alcool, de retrouver une vie structurée. Pour Simone, il lui donnera l'impulsion de quitter son mari Johnny et de prendre le passé de sa famille en compte. Avec l'épisode du voyage à Kreisau, le repas africain constitue un des éléments-clés d'une relation que l'auteur choisit cependant de ne pas développer dans les moindres détails. Seules ça et là, quelques remarques montrent au fil de l'œuvre que Simone et Boris forment à présent un couple.
    ‪Ulrike Draesners's latest novel ‪‪Sieben Sprünge vom Rand der Welt‪‪ (2014) is a many-voiced literary work about two families, a German one and a Polish one. It describes a meal in an African restaurant between two third generation immigrants, Simone Grolmann, professor of behavior research, and Boris Nienalt, a psychologist. This meal, which exhibits both serious and comical characteristics, is only a short episode within a 555 page long novel that Ulrike Draesner defines as a kaleidoscope of memories. The meal is included in the Boris-chapter, and it is narrated by the first-person-narrator Boris. On the web page that the author dedicates to her novel, she gives the following simple title to this meal: “Boris describes how Boris and Simone try to talk to each other”. Indeed, this African meal is the starting point of a love story between two characters who met online and who share a comparable painful family past that still haunts them. This meal takes place in the present but it is the occasion of repeated references to horrendous Second World War memories of escape and expulsion. This past is the focus point of the African meal. This short episode contains the guiding ideas of the novel, such as the that of the transmission of traumata from one generation to the other. This notion is best expressed by the term ‪‪postmemory‪‪, coined by Marianne Hirsch, professor of English and comparative literature at Columbia University. This meal will grant Boris the opportunity to return to a structured life. For Simone, it provides the impulse to end her relation with her husband and to give more importance to her family's past. Together with the episode of the journey to Kreisau, the African meal is a crucial moment in a relationship that is not described in details. Just a few remarks in the course of the novel reveal that Boris and Simone have become a couple.‪
  • ‪Identitätskonstruktionen und Essensdarstellungen in der Migrationsliteratur am Beispiel von Aglaja Veteranyis Roman Warum das Kind in der Polenta kocht und Saša Stanišićs Wie der Soldat das Grammofon repariert‪ - Sara Michel p. 139-157 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans les deux romans Pourquoi l'enfant cuisait dans la polenta ? d'Aglaja Veteranyi et Le Soldat et le gramophone de Saša Stanišić, les mises en scène de repas jouent un rôle très important dans la représentation du monde de l'enfance. Elles créent un espace propice aux expériences sensuelles et aussi un espace imaginaire qui permet d'aborder des questions existentielles et l'évolution de l'identité. Dans cette contribution, il s'agit d'étudier les rapports entre émigration, identité et culture alimentaire. Cette triade est présentée dans les deux textes comme un jeu de corrélations entre le pays d'origine et l'étranger, l'expérience et le souvenir, la perte et l'assimilation. Les habitudes alimentaires sont un élément constitutif de l'identité des personnages. Leur dimension psychique s'inscrit surtout dans la perspective familiale au regard de laquelle l'expérience de l'émigration revêt une importance vitale. La dimension centrale de l'identité n'est pas représentée selon le mode d'opposition entre public et collectif, ou national et culturel, mais plutôt par le biais des relations humaines illustrées par des formes différentes du repas.
    The staging of food plays an essential role in the construction of a child's world in the novels Warum das Kind in der Polenta kocht by Aglaja Veteranyi and Wie der Soldat das Grammofon repariert by Saša Stanišić. These enactments of eating do not only form a basis for sensual experiments, but they provide an imaginary space where it becomes possible to address essential questions and developmental crises. This article provides an insight into the relationships between migration, food and identity. In both texts these three elements determine attitudes towards the native country and foreign lands, experience and memory as well as loss and assimilation. What is essential in relation to identity is not so much the collective-public and national-cultural dimensions of the issue as inter-human relationships, which are represented by different types of meals. Therefore, the representations of food are crucial when it comes to understanding the emotional and subjective development of personal identity.
  • ‪«Kässpatzen, Dampfnudeln und Gamsfiletsulz».‪ : Der traditionalistische Ernährungsdiskurs im Provinzkrimi und seine Funktion für die Konstruktion regionaler Identität - Julie Bartosch p. 159-174 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le roman policier de province, genre actuellement le plus florissant et le plus en vogue dans la catégorie du roman policier de langue allemande, le motif du repas occupe une place importante. Le discours culinaire participe de la stratégie de construction de la province et apparaît comme un élément constitutif du genre. La mise en scène du repas dans les romans policiers de province donne à voir deux caractéristiques qui pourraient être classées dans le registre du « traditionalisme ». La première s'élève contre l'impératif du souci de la santé qui dans la société actuelle est devenu une norme éthique. La seconde s'élève contre la cuisine multiculturelle moderne par le fait que dans ce genre de roman on sert exclusivement des menus régionaux traditionnels. Ces deux caractéristiques contribuent à la construction de l'esprit de province et à la constitution de l'identité spécifique de chaque région.
    The motif of food is central to the provincial crime novel, the most successful and most productive subgenre of contemporary crime novels. Food discourse contributes to the literary construction of the province and may therefore be said to exercise a constitutive function as relates to the genre. The narrative of food in provincial crime novels is determined by two characteristics which may both be called traditional. On the one hand it challenges today's imperative of health consciousness understood as an ethical-moral norm. On the other hand it opposes the fashion of multicultural cuisine, since the only type of food that is served in provincial crime novels is strictly regional and traditional. These two characteristics contribute to the construction of a provincial spirit and the constitution of specifically regional identities.
  • ‪Gemeinschaftsmahl? War einmal‪ : Brüchige (Tisch-)Ordnungen in gegenwärtigen österreichischen Theatertexten - Silke Felber p. 175-191 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le théâtre autrichien peut être qualifié à juste titre de « culinaire » en écho à ses racines, la dramaturgie théâtrale populaire des Hanswurstiades s'étant constituée dans un rapport ludique à l'alimentation. Cet héritage semble être revitalisé non seulement par Thomas Bernhard et Elfriede Jelinek, mais aussi par de jeunes dramaturges autrichiens qui traitent des questions virulentes de notre époque en recourant aux ingrédients dramaturgiques ayant trait à la table. Cependant, une différenciation s'impose. Si dans les textes de théâtre actuels on cultive encore l'hospitalité, le topos de la table à manger qui fonde la sociabilité et la culture est désormais relégué à l'arrière-plan et laisse apparaître des espaces de passage précaires où la soif de stabilité et d'identité tend à constituer la quintessence du discours. Nous vérifierons l'hypothèse d'une fragilisation de l'ordre (de la table) qui appelle une nouvelle localisation du sujet, en dissolution depuis la proclamation de la postmodernité, à partir des textes (post)dramatiques faust hat hunger und verschluckt sich an einer grete (Ewald Palmetshofer, 2009), Alpenvorland (Thomas Arzt, 2012) et Die Ermüdeten oder Das Etwas, das wir sind (Bernhard Studlar, 2014).
    Harking back to its roots, the Austrian theatre may rightfully be described as a “culinary” one; the dramatic composition of the popular Hanswurst buffooneries incorporated a sensual approach to the process of food consumption. This legacy seems to be revitalized today, not only by Thomas Bernhard and Elfriede Jelinek but also by young Austrian playwrights who resort to the dramatic ingredients of eating and drinking in order to discuss controversial questions of our time. However, a divergent particularity is becoming obvious. Indeed, contemporary theatre texts continue to indulge in the gesture of food delivery, but the topos of the dining table, supporting sociability and culture, is now fading to the background, offering a clear view of embarrassing interspaces, in which the hunger for stability and identity becomes the quintessence of the discourse. This article will test the hypothesis that a weakening of the (seating) order can be observed, demanding a repositioning of the subject that has been disintegrated since the declaration of postmodernism. This observation is investigated with reference to the (post)dramatic texts Faust hat hunger und verschluckt sich an einer grete (Faust is hungry and chokes on a gretchen, Ewald Palmetshofer, 2009), Alpenvorland (Alpine Blues, Thomas Arzt, 2012) and Die Ermüdeten oder Das Etwas, das wir sind (The Tired or Something that We Are, Bernhard Studlar, 2014).
  • ‪Extremes Essen und Körperinszenierungen: Thomas Bernhards Die Billigesser (1980) und Marco Ferreris La Grande Bouffe (1973)‪ - Martina Kopf p. 193-206 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cette contribution vise à mettre en rapport d'une manière comparatiste le récit de Bernhard avec le film provocant de Ferreri (il s'agit de mettre en parallèle la consommation exagérée de nourriture dans une certaine communauté et les différences avec d'autres groupes et leur représentation du corps). Après une morsure de chien, qui lui a fait perdre la jambe, le protagoniste de Bernhard rencontre Les-Mange-pas-cher qu'il veut examiner de près, habitués qu'ils étaient depuis toujours à consommer le repas le moins cher parmi ceux proposés par la WÖK. Au contraire quatre bourgeois, las de vivre, se révèlent dans La Grande Bouffe être des gourmands, tout aussi démesurés que concupiscents. L'objectif est un suicide collectif, oscillant entre des orgies répugnantes menant de la table au lit avec pour conséquence la mort de tous les quatre.
    ‪This contribution focusses on the comparison of Bernhard's narrative and Ferreri's provoking film. Similarities and differences concerning excessive food consumption will be analysed. Interconnected representations of eating and images of the body will also be taken into consideration. After being bitten by a dog, Bernhard's protagonist Koller lost his leg. In Vienna's public kitchen (Wiener Öffentliche Küche, WÖK) he joins the table of the so called cheap eaters that he wants to know more about. These cheap eaters specialise in choosing the cheapest meal among the four offered by the WÖK. By contrast, in Fereri's film, a quartette of disillusionned upper middle class bon vivants wallow in excess and concupiscence. Their aim is collective overindulgence. Finally, the shared feast turns into nauseating orgies, which eventually cause their deaths.‪
  • ‪Laurence Guillon, Heidi Knörzer (Hrsg.) : Berlin und die Juden. Geschichte einer Wahlverwandschaft?‪ : Berlin, Neofelis Verlag, 2015, 212 Seiten. - François Prolongeau p. 207-211 accès libre
  • ‪Paul Nizon, Parisiana‪ : Matthes & Seitz Berlin, 2015, 149 Seiten - Christophe Martin p. 211-213 accès libre