Contenu du sommaire : Participation et éducation à la citoyenneté

Cet article rend compte d'une recherche qui porte sur l'analyse de l'activité du maître et des élèves (Clot, Faïta, Fernandez & Scheller, L., 2000) dans une « classe unique urbaine » à l'occasion d'un moment d'éducation à la citoyenneté, le conseil de classe qui décide des activités de la journée et de la semaine. Les références à la pédagogie institutionnelle (Lafftte, 1985) et aux « processus de dissipation » (Collot, 2003) n'expliquent pas totalement l'activité déployée par le maître et les élèves. L'étude d'une situation de conseil de classe et son analyse permettent de souligner le contraste existant entre une intervention didactique de l'enseignant qui différencie la sphère privée de celle de la classe présentée comme espace public réglé par le droit et son retrait lorsque les élèves débattent concrètement de la sanction et de son application. À cette occasion, sont soulevées cinq questions éducatives sur le conseil de classe : comment en faire un lieu d'élaboration de la loi de la classe ? qu'est-ce qui explique le geste professionnel de pilotage de l'enseignant ou son retrait ? quelle place pour le confit dans le vécu mais aussi dans les apprentissages des élèves ? comment évaluer les apports de la classe unique urbaine dans le fonctionnement du conseil de classe coopératif et dans l'éducation à la citoyenneté ? comment enfn rendre plus « durables » les acquis de cette éducation du citoyen ? Les apports d'une analyse didactique fne de cette situation permettent de mieux comprendre les enjeux d'une évolution des formes d'organisation de l'école quand elle poursuit des enjeux de démocratisation.

Le Conseil initiant au débat, lequel apparaît aux yeux de beaucoup comme l'emblème des sociétés démocratiques, contribuerait au développement de l'esprit civique et préparerait à la vie sociale. Cet article s'intéresse à la (nécessaire) construction du lien entre éducation à la citoyenneté et pratiques langagières, dans les Conseils. Il présente brièvement les conditions dans lesquelles la question de la citoyenneté se pose actuellement en milieu scolaire et met l'accent sur les effets de l'appartenance de chacun à divers groupes sociaux. A partir de l'analyse des échanges dans une séance représentative des Conseils, deux grands points sont discutés. Le premier souligne que les relations interpersonnelles, les façons d'être, de dire et de faire ne sont pas dépendantes du seul langage, mais engagent également l'affect, l'action et la pratique. Le second discute des limites du pouvoir du débat. L'observation des échanges dans la séance, portant sur les différends entre enfants et l'élaboration des points de vue, rendent manifestes les divergences entre les participants. Ce qui permet de suggérer que tous les conflits ne peuvent se résoudre par la parole, et que la mise en mots peut être porteuse d'arbitraire, de violence même... alors que l'on parle pour chercher un consensus.

Cet article présente une étude d'un moment du développement du jugement moral à travers une situation didactique de débat scolaire en classe de CP. Cette étude se situe dans le cadre d'un accompagnement d'une démarche innovante de mise en œuvre du débat à partir de dilemmes à l'école primaire, à l'initiative des enseignantes. Le temps de débat est un moment scolaire nouvellement institué à l'école élémentaire. La mise en œuvre et la réalisation concrète du débat posent de nombreux problèmes aux enseignants. Cette étude empirique et l'analyse de contenu des dilemmes et des remarques tirées des autoconfrontations permettent d'étudier des éléments de la transposition didactique dans le cas de savoir-être et de valeurs relevant de pratiques sociales ainsi que la médiation didactique mise en œuvre dans ces situations. Nous avons ainsi identifé des concepts pragmatiques utilisés par l'enseignante suivie pour aider les élèves dans leur conceptualisation de la morale, dans leur développement d'une attitude coopérative et dans la maîtrise de leur violence naturelle. L'utilisation didactique du débat à l'école primaire peut s'envisager en didactique professionnelle de l'enseignant.

Les élèves de l'enseignement secondaire français ont officiellement acquis des droits, assortis d'obligations, voilà bientôt vingt ans, et cela pose toujours aujourd'hui des difficultés dans la reconnaissance effective de ces droits. Des divergences existent entre les personnels, selon le statut professionnel qu'ils occupent mais aussi en fonction de la conception qu'ils se font de l'élève et de sa place dans l'établissement. On voit ainsi se dessiner différents profls d'éducateurs, certains privilégiant la responsabilisation de l'élève, d'autres se montrant plus réticents face à des jeunes qui pourraient remettre en cause leur autorité. En cela, la formation professionnelle semble être un levier utile pour appréhender de manière collective les difficultés inhérentes à l'ensemble des métiers de l'éducation et tenter d'y apporter des outils pour que chacun puisse se construire progressivement une professionnalité qui prenne en considération la responsabilisation des élèves et leur participation à la vie de l'établissement.

Cet article présente les résultats d'une recherche sur la mise en place et le fonctionnement du Conseil de la vie lycéenne, organe consultatif créé à titre expérimental à la rentrée 1998 suite à la consultation des lycéens de 1998 et généralisé à l'ensemble des lycées publics en juillet 2000. Cette instance, composée de représentants des élèves, des personnels d'éducation, des personnels administratifs et techniques et du proviseur, a pour objectif de permettre aux élèves de s'engager dans la vie de leur établissement en dialoguant avec les membres de la communauté scolaire et de participer à des actions. A partir d'une enquête par entretiens semi-directifs auprès des membres du conseil de la vie lycéenne, menée au sein de neuf lycées publics, cet article propose de s'intéresser plus particulièrement à l'expérience des délégués des élèves. Après avoir rappelé les principes qui sous-tendent cette nouvelle instance et son organisation, il s'agira d'examiner les processus de réappropriation du conseil par les lycéens et leurs modes d'engagement en son sein.

Les conseils d'élèves promeuvent certaines pratiques telles que l'élaboration de règles de vie de classe, l'appréciation de leurs prises en compte ou non, ainsi que des délibérations suivies de décisions de sanction au besoin. Les élèves font ainsi l'expérience de jugements institutionnels visant à réguler le vivre ensemble au sein de la classe et de l'école, sans que les dimensions à connotations juridiques ne soient explicitées. Comment appréhender ce qui apparaît comme un impensé pédagogique ? Quelle (s) relation (s) établir entre les pratiques scolaires observées et les principes et usages du droit dans la société de référence ? Existe-t-il des tensions ou des continuités entre les deux ? Que nous apprennent les analyses de ces pratiques quant à leurs enjeux au point de vue d'une éducation de l'élève à la citoyenneté ? Telles sont quelques-unes des questions que tente d'appréhender cet article.

La participation à la vie de l'école et à celle de la classe est de plus en plus d'actualité dans les plans d'étude, les programmes ainsi que dans les établissements ; la participation y est, entre autres, présentée comme l'un des moyens d'éduquer le citoyen. Dans la recherche doctorale dont il sera question dans ce texte, les pratiques de conseils de classe entendus comme la réunion de l'ensemble des membres d'une classe autour de questions liées à la vie de celle-ci, sont interrogées par le concept de justice. Les deux principaux résultats de l'enquête sont : a) la scolarisation et en particulier la « coutumiérisation » de la justice dans les pratiques étudiées ; b) la capacité des élèves à formuler des jugements moraux et politiques à partir des injustices vécues dans l'expérience du conseil.

On présente, d'abord, une description sommaire de la situation de l'éducation civique en Espagne, en remarquant les difficultés pour la consolidation de l'éducation à la citoyenneté comme matière scolaire. En tout cas, il y a en Espagne de multiples expériences concernant l'éducation à la citoyenneté et en rapport avec la participation, dans lesquelles apparaît l'infuence d'autres expériences internationales. Ensuite, on souligne l'importance de la participation comme axe central de l'éducation à la citoyenneté. À partir de ce cadre on analyse deux expériences éducatives développées à Séville : le « Parlement des Jeunes » et les « Budgets Participatifs de Séville ». Cet analyse permet de poser quelques questions de débat en rapport avec : les difficultés pour l'intégration des expériences dans le système scolaire, leur caractère de participation réelle ou de simulation, le valeur des divers savoirs y impliqués et le rôle des enseignants et des politiques dans leur développement.

Cette note de synthèse analyse des travaux de recherche en France et en Europe qui portent sur la participation des élèves dans la vie scolaire, du point de vue de l'éducation à la citoyenneté. Deux grands groupes de recherche sont distingués : des recherches portant sur les conseils de coopérative au premier degré, qui correspondent à une forme de démocratie directe réunissant tous les membres de la classe ; des recherches portant sur des mandats de représentation d'élèves dans différentes instances de gestion de la vie scolaire dans le second degré. L'analyse de ces travaux aboutit à trois constats : il y a des tensions entre les fnalités poursuivies par ces dispositifs, partagées entre une fnalité éducative et une fnalité politique ; les mandats de représentation ne sont pas suffisants pour stimuler l'engagement des jeunes élèves dans la communauté scolaire, d'autres formes de participation, plus informelles, renvoyant aux valeurs et aux cultures juvéniles semblent nécessaires à ce propos ; la théorie du droit pourrait constituer un cadre de référence unifcateur pour ces pratiques, proposant une réfexion à la fois politique, éthique et juridique sur le fonctionnement de la communauté scolaire et l'éducation à la citoyenneté démocratique.

Cet article se donne pour objet de penser une éthique de la relation éducative. Afin de montrer l'intérêt éducatif de cette démarche, nous avons entrepris d'analyser un lieu de parole tel qu'il est mis en œuvre à l'école de la Neuville, un établissement inspiré de la pédagogie institutionnelle. Ce dispositif, qui repose sur la résolution des confits interpersonnels à travers le passage par l'écrit et l'écoute de la parole du plaignant, permet de s'interroger sur le sens de la demande du sujet et favorise ainsi l'articulation d'un concept issu de la cure psychanalytique à des enjeux spécifquement éducatifs. Cette prise en compte de la question du désir dans l'éducation ouvre sur une perspective éthique qui est ici envisagée comme une éthique de l'amour.

Le pilotage par la performance des établissements scolaires a redéfni les responsabilités des personnels de direction en élargissant leur rôle au domaine pédagogique. Pour améliorer les acquisitions des élèves, ces acteurs doivent désormais conduire la pédagogie dans les établissements scolaires en recherchant la participation des enseignants, conformément à un « management participatif ». Cet article étudie les modes d'action que construisent les personnels de direction d'établissement secondaire avec les enseignants dotés traditionnellement et officiellement de la liberté pédagogique. Appuyé sur des entretiens semi-directifs avec une population diversifiée de directeurs (ou d'adjoints), ce texte montre que ces acteurs s'inscrivent dans trois régimes d'action : régime d'incitation, régime d'imposition et régime d'accompagnement. Ce texte présente ces régimes avec leurs propriétés puis aborde leur effet sur les établissements scolaires, discute des bénéfces et des coûts pour les acteurs et le fonctionnement des établissements secondaires.

L'affrontement – ‘'distinctif'' – des corps du primaire et du secondaire a structuré pour l'essentiel depuis plus d'un siècle le contexte de la formation des enseignants en France. Les fondateurs de l'Ecole de la Troisième République, qui ont porté une grande attention à ce problème (en particulier à la pédagogie) n'ont pas eu beaucoup d'écho dans le monde du secondaire. Après bien des péripéties (dont les deux moutures originelles du CAPES sont parmi les plus signifcatives), le quasi face à face plus que séculaire entre les deux corps d'enseignants fondamentaux va sans doute se déplacer (en raison notamment de la ‘'mondialisation'' et du contexte international) dans un système non plus à deux mais trois degrés. Le problème de la formation des enseignants est donc loin d'avoir atteint sa fn historique.

La culture d'évaluation pénètre depuis une trentaine d'années l'ensemble des services publics et en particulier l'univers scolaire. Les chefs d'établissement de l'enseignement secondaire sont particulièrement concernés par ce processus, au travers de nouvelles prescriptions en matière d'action éducative locale dont ils sont les relais et les animateurs. C'est à partir d'une enquête qualitative (entretiens, observation ethnographique) sur le travail des directions d'établissement que cet article propose d'envisager les enjeux et tensions de la diffusion de la culture d'évaluation au local. En effet, son mariage forcé avec l'action quotidienne en fait toute la spécifcité, empêchant de la penser dans les mêmes cadres analytiques que l'évaluation des politiques scolaires à l'échelle nationale et internationale.

Le travail réalisé ici vise à montrer un décalage entre la proposition, par l'enseignant, d'un problème arithmétique et sa compréhension par l'élève. Nous montrerons qu'à la lecture d'un problème chaque élève construit un espace problème de recherche et exécute une procédure qui lui est associée. Cependant chaque problème arithmétique renvoie à un espace tâche de recherche (symbolisation experte) qui peut être proche ou éloignée de celle élaborée par l'élève. C'est cet écart entre l'espace problème de recherche et l'espace tâche de recherche que nous tenterons d'identifer chez des élèves de CE2, par le biais d'une tâche de production d'énoncés isomorphes à un énoncé proposé comme modèle. Ainsi, nous montrerons d'une part que les élèves activent un espace problème de recherche en fonction des problèmes qu'ils savent bien résoudre et d'autre part que les élèves ayant réussi à résoudre le problème proposé ont activé un espace problème de recherche viable ou très proche de celui-ci.

La recherche entreprise dans une perspective comparatiste tend à mettre en évidence des logiques de gouvernance entre des universités placées dans des contextes sociohistoriques et socioéconomiques différents. Ce travail fait suite à un premier travail d'observation des publicités réalisées en contexte libéral, pour les universités de Santiago du Chili. A partir des universités sélectionnées au Salon de l'étudiant de Paris, les auteurs complètent leur première observation par une comparaison des sites web des universités chiliennes et françaises. Ce travail débouche sur une réfexion à propos des enjeux que présupposent les transformations à venir pour l'université française.