Contenu du sommaire : Europe centrale et orientale 2004-2005
Revue | Le Courrier des Pays de l'Est |
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Numéro | no 1050, juillet-août 2005 |
Titre du numéro | Europe centrale et orientale 2004-2005 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant-propos - p. 3
Albanie 2004-2005
- L'espoir ténu d'une amélioration - Lhomel Édith p. 4-17 Enfoncée dans une pauvreté qui, comme en témoignent les rapports de la Banque mondiale et du Pnud, s'est aggravée au fil des années pour plus des deux tiers de la population, l'Albanie pour-rait-elle connaître, à la faveur de quelques évolutions récentes, un léger mieux ? La défaite du Parti socialiste albanais à l'issue des élections législatives du 3 juillet 2005 laisse espérer de meilleurs résultats dans le domaine de la lutte contre la corruption, cheval de bataille du vainqueur du scrutin, le Parti démocratique albanais (PDSH) et leitmotiv des principaux bailleurs de fonds de ce pays toujours fortement assisté. Le dirigeant du PDSH, Sali Berisha, chef de l'Etat de 1993 à 1997 avant d'être chassé du pouvoir, devenu au terme du scrutin, Premier ministre, n'inspire cependant qu'une confiance limitée La pression exercée par l'UE actuellement en négociation avec Tirana pour la signature d'un accord de stabilisation et d'association constitue également, conjointement avec l'étroite surveillance exercée par le FMI dans le domaine des grands équilibres monétaires et financiers, des facteurs œuvrant en faveur de l'assainissement d'une économie gangrenée par les opérations de blanchiment et la mainmise de cliques politico-maffieuses sur le commerce extérieur. L'extrême dépendance du budget de l'Etat comme des revenus de la majeure partie de la population à l'égard des rentrées en devises des travailleurs immigrés demeure néanmoins préoccupante et le triste état de l'agriculture comme la fragilité du tissu industriel obligent à minimiser fortement les effets d'une croissance certes très dynamique (6,4 % en 2004) mais largement artificielle. La lenteur à composer le gouvernement dans lequel entreraient des membres du Parti républicain, force d'appoint du PDSH, tout comme l'enracinement de la corruption en haut lieu appellent également à la prudence la plus extrême.Albania Hope from Improvements Burdened by poverty which, as reflected in World Bank and UNDP reports, has worsened over the years for more than two-thirds of the population, the author asks whether Albania can expect some slight improvements after several recent developments. The defeat of the Albanian Socialist Party in the July 3, 2005 legislative elections has led to hope for better results in the war on corruption, the battle-cry of the winning Albania Democratic Party (PDSH) and the leitmotiv of the main financiers in this much-aided country. However, the PDSH leader, Sali Berisha, head of State from 1993 to 1997, subsequently pushed from power, who became Prime Minister after the elections, inspires only limited confidence. Pressure on the part of the EU, currently negotiating with Tirana on the signature of a stabilization association agreement, accompanied by strict IMF surveillance with regard to monetary and financial fundamentals, are factors which favour healing an economy sick from money laundering operations and the control of mafia style political cliques on foreign trade. The State budget, as well as the people's heavy dependence on the influx of foreign currency from overseas workers, remains troubling and the sorry state of agriculture and the fragile industrial fabric make it necessary strongly to minimize the effects of certainly very dynamic (6.4 % in 2004) but largely artificial growth. The lethargy in forming a government which would include the Republican Party, the PDSH's auxiliary, as well as the entrenchment of corruption in high places, call for the most extreme prudence.
- L'espoir ténu d'une amélioration - Lhomel Édith p. 4-17
Bosnie-Herzégovine 2004-2005
- Une vie politique chaotique - Roux Michel p. 18-33 L'année 2004 avait commencé sous le signe de l'espoir, avec le symbole que fut la réunification de Mostar en une seule municipalité, grâce aux efforts du Haut Représentant de l'Onu, Paddy Ashdown. La généralisation de ce processus à tout le pays est malheureusement loin d'être atteinte, ce qui a poussé l'Otan en juin 2004 à refuser la candidature du pays au Partenariat pour la paix. Le processus de réformes, tant sur le plan politique qu'économique, a tendance à s'enrayer. Certes, le pays a enregistré une croissance importante, en particulier dans le secteur industriel (13,2 % en 2004), l'augmentation globale du PIB étant estimée à 4 %, mais dans le même temps, le taux de chômage augmentait de 5 %, en raison de l'amélioration de la productivité, atteignant les 38,7 %. Sous la pression internationale, la République serbe a commencé à coopérer avec le TPIY, mais les principaux criminels, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, sont toujours en fuite. En dépit d'une attitude parfois ambiguë de la Serbie-et-Monténégro, il faut saluer le geste du président Boris Tadic, qui a assisté aux cérémonies du l0e anniversaire du massacre de Srebrenica le 11 juillet 2005. Les dirigeants bosniaques, pour leur part, n'hésitent pas à livrer des criminels de guerre. Mais la cohabitation des trois communautés, serbe, croate et bosniaque, est toujours empreinte de défiance et les élections municipales du 2 octobre 2004 ont confirmé la prééminence des partis nationalistes.Bosnia-Herzegovina Chaotic Politics 2004 began positively in Bosnia-Herzegovina with the symbolic reunification of Mostar into one municipality, through the efforts of the UN High Representative, Paddy Ashdown. The extension of this process to the entire country is, unfortunately, far from complete, obliging NATO to refuse the country's Partnership for Peace candidacy in June 2004. The political as well as economic reform process tends to be coming to a halt. Of course, the country has shown substantial growth, particularly in the industrial sector (13.2 % in 2004), with an estimated global GDP increase (4 %) but, concurrently, after an increase in productivity, unemployment rose by 5 % and has reached 38.7 %. Under international pressure, the Serbian Republic has begun to cooperate with the ICTY but the main criminals, Radovan Karadzic and Ratko Mladic, are still at large. Despite the often ambiguous positions of Serbia-and-Montenegro, the gesture of Boris Tadic, who took part in the July 11,2005 commemorations of the 10th Anniversary of the Srebrenica massacre, should be acknowledged. The Bosnian leaders, for their part, do not hesitate in handing over war criminals. The cohabitation of the three communities, Serb, Croatian and Bosnian, is still marked by mistrust and the October 2,2004 local elections confirmed the pre-eminence of the nationalist parties.
- Une vie politique chaotique - Roux Michel p. 18-33
Bulgarie 2004-2005
- Désillusions et désordres politiques - Ragaru Nadège p. 34-54 L'alternance intervenue en juin 2005 au profit du Parti socialiste, devant le Mouvement national Siméon II et son allié, le Mouvement des droits et libertés (DPS) représentant la minorité turque, jusque-là au pouvoir, aurait pu passer pour banale, si n'était l'émergence d'un parti inconnu, Ataka, symbole de toutes les frustrations, et qu'on pourrait qualifier «d'anti tout». La nouvelle coalition au pouvoir, quelle que soit sa composition, aura du mal à s'imposer, sachant par ailleurs que le DPS est désormais contesté, car accusé de défendre surtout des intérêts particuliers et non nationaux. Désaveu de la classe politique, accusée de corruption ? Refus des «demandes» européennes jugées excessives, alors même que l'UE connaît une crise institutionnelle et n'est pas exempte de dysfonctionnements ? Recherche d'un ressourcement national (après des années de transition, perçue souvent comme imposée de l'extérieur), derrière lequel se profile une forte hostilité à l'égard des minorités turques et roms ? Les Bulgares ne sont pas les seuls à émettre un vote protestataire, et pourtant, ils ont connu, en 2004-2005, une sorte d'embellie économique et sociale, laissant présager le maintien aux affaires du gouvernement de Siméon II : croissance de 5,5 %, hausse des salaires et des allocations sociales, excédent budgétaire, développement du crédit aux ménages, investissements étrangers, liés aux privatisations, et pourvoyeurs d'emplois... mais aussi objets de scandales, comme l'a montré le «Danonegate». La signature du traité d'adhésion à l'UE en avril 2005, n'a pas fait recette, le rêve européen s'estompe, l'heure est avant tout, selon les sondages, à la lutte contre le chômage et les inégalités sociales. Reste aussi à faire une réforme essentielle, celle de la justice.Bulgaria Political Disappointments and Disorders The changeover which took place in June 2005 giving the Socialist Party the lead over the incumbent National Movement Simeon II and its ally, the Turkish minority's Movement for Rights and Freedoms (DPS), could have seemed a minor event, if not for the emergence of a previously-unknown party, the Ataka, the «against everything» symbol of all frustrations. No matter who takes part, the new coalition in power will find it difficult to make its voice heard, in particular as the DPS is discredited, accused of defending, above all, vested rather than national interests. Disavowal of a political class accused of corruption ? Objection to European «demands» thought to be excessive, after all, even the EU is experiencing an institutional crisis and is not devoid of dysfunction ? Appealing to national sentiments after years of transition, often considered to be imposed from abroad, an indication of strong hostility towards the Turkish and Rom minority ? The Bulgarians are not alone in casting a protest vote, even though they did enjoy some degree of economic and social improvement, presaging a continuation of the Simeon II government, with a 5.5 % growth, a rise in income and family allowances, a budget surplus, the development of personal loans, as well as foreign investments, linked to privatizations and creators of jobs... but also implicated in scandals, such as «Danonegate». The signature of the EU membership agreement in April 2005 has not met with much enthusiasm, the European dream is fading, as surveys show that the main preoccupations are the struggle against unemployment and social inequalities. Another reform is essential, that of the judicial system.
- Désillusions et désordres politiques - Ragaru Nadège p. 34-54
Croatie 2004-2005
- Bloquée aux portes de l'Union européenne - Thomas Daniel p. 55-67 Le Premier ministre croate, Ivo Sanader se retrouve fragilisé à la mi-2005. Tout d'abord, le ministre des Affaires étrangères, M. Zuzul, un de ses proches collaborateurs, accusé de conflit d'intérêts a été contraint de démissionner le 5 janvier 2005. La triomphale réélection de Stjepan Mesic, candidat du Parti populaire croate (HNS, opposition de gauche,) à la présidence de la république maintient un contexte de cohabitation, et le parti au pouvoir, la Communauté démocratique croate (HDZ), a été désavoué lors des élections locales du 15 mai. Mais le coup principal porté au Premier ministre, qui avait beaucoup investi dans l'adhésion de la Croatie à l'Union européenne, a été le report de l'ouverture des négociations en vue de celle-ci, initialement fixée au 17 mars 2005, en raison d'une coopération insuffisante avec le TPIY, concernant le général Ante Gotovina, inculpé de crimes de guerre et contre l'humanité, en fuite depuis 2001, et toujours non localisé. Les relations de la Croatie avec ses voisins exyougoslaves, en particulier la Slovénie, demeurent en outre ambiguës. Sur le plan économique, le taux de croissance enregistré en 2004 est satisfaisant (3,8 %), mais on constate tout de même un certain essoufflement. L'endettement extérieur est préoccupant (54 % du PIB pour la seule dette publique) et enregistre une hausse, en raison de l'accroissement du déficit commercial. Les investissements directs étrangers (IDE) se montent à 1 900 dollars par habitant, niveau convenable pour la région, mais ne se portent pas sur le secteur industriel, créateur d'emplois. Le niveau de vie a cependant cessé de se dégrader, mais au prix d'un surendettement de la population.Croatia Blocked at the Doors of the European Union The Croatian Prime Minister, Ivo Sanader, is in a delicate situationin mid-2005. First of all, one of his close collaborators, Minister for Foreign Affairs M. Zuzul, was accused of a conflict of interests and forced to resign on January 5,2005. The triumphant re-election of Stjepan Mesic, the Croatian Peoples' Party (HNS, left-wing opposition) candidate, to the presidency of the Republic, continues the cohabitation, and the party in power, the Croatian Democratic Community (HDZ) fell from favor in the May 15 local elections. However, the main blow, aimed at the Prime Minister, who has greatly invested in Croatia's European Union membership, was the postponement of the beginning of these negotiations, initially planned for March 17,2005, because of insufficient cooperation with the ICTY concerning general Ante Gotovina, accused of war crimes and crimes against humanity, on the run since 2001 and still in hiding. Croatia's relations with her neighbours in the ex-Yugoslavia, in particular with Slovenia, also remain ambiguous. On the economic level, 2004 reported growth was satisfactory (3.8 %), with the manifestation of some slowdown. Foreign debt (54 % of GDP for the public debt alone) remains troubling with an increase attributed to the trading deficit. Foreign direct investments reached 1,900 dollars per inhabitant, an acceptable level for the region although these are not in the job-creating industrial sector. The standard of living has, however, ceased to decline but at the cost of an over indebted population.
- Bloquée aux portes de l'Union européenne - Thomas Daniel p. 55-67
Estonie 2004-2005
- Y a-t-il un pilote dans l'avion ? - Chalvin Antoine p. 68-82 L'Estonie connaît une instabilité politique chronique due au grand nombre de partis politiques et à leurs difficultés à former des coalitions stables, avec pour résultat, au second semestre de 2004 et dans les premiers mois de 2005, une succession de crises gouvernementales. Toutes les coalitions au pouvoir ayant pratiqué une politique libérale, les dépenses sociales ont été sacrifiées et sont parmi les plus faibles d'Europe (16 % du PIB), en particulier pour le système de santé, alors que l'épidémie de Sida est des plus préoccupantes. En politique étrangère, les relations avec la Russie demeurent tendues, en dépit de la signature du traité de délimitation des frontières terrestres. En effet, Moscou refuse toujours de reconnaître le fait de l'occupation soviétique, ce qui a entraîné l'absence du Président estonien aux cérémonies du 60e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie. L'économie estonienne connaît toujours une forte croissance (6,2 %), tirée par la demande intérieure. La progression des investissements nationaux a également été élevée (+ 6,9 %) et l'adhésion à l'UE a stimulé les échanges extérieurs (+ 16,3 %). Le chômage est en baisse et les revenus des ménages ont augmenté en moyenne de 8,6 % en 2004. Cependant, l'Estonie a connu un brusque rebond de l'inflation (+ 3 %) consécutif aux changements dans la politique fiscale et commerciale. Par ailleurs, l'obligation de liquider, sous peine d'amende, les stocks excédentaires de sucre, dus aux achats de précaution à la veille de l'adhésion, a donné un goût un peu amer à celle-ci.Estonia Who's at the Wheel ? With its large number of political parties and their difficulties in forming stable coalitions, Estonia has experienced chronic political instability, which resulted in a succession of government crises from the second half of 2004 to the first months of 2005. All of the coalitions in power practised liberal policies, sacrificing social expenditures, among the lowest in Europe (16 % of the GDP), particularly within healthcare despite a serious AIDS epidemic. As concerns foreign policy, relations with Russia remain tense, despite the signature of the Border Agreement. Moscow still refuses to recognize the Soviet occupation, which resulted in the absence of the Estonian president at the 60th anniversary of the victory over Nazi Germany. The Estonian economy is still enjoying strong growth (6.2 %) bolstered by domestic demand. There has been a substantial increase in domestic investments (+ 6.9 % while EU membership has stimulated foreign trade (+16.3%). Unemployment is down and household income increased on an average of 8.6 % in 2004. Estonia did, however, experience a sharp rise in inflation (+ 3 %) subsequent to changes in fiscal and trading policies. Moreover, the obligation to reduce the sugar surplus, arising from precautionary purchases on the eve of membership, with the imposition of fines, has left a bitter aftertaste.
- Y a-t-il un pilote dans l'avion ? - Chalvin Antoine p. 68-82
Hongrie 2004-2005
- Navigation au plus près - Petrovic Liliane p. 83-100 La coalition de gauche, au pouvoir depuis 2002, a été ébranlée en 2004 par des règlements de comptes, dont la principale victime fut le Premier ministre, Peter Medgyessy, contraint de démissionner à la fin de l'été. Son remplacement par Ferenc Gyurcsany, ne se fit pas non plus sans confrontations entre la vieille garde et la relève du Parti socialiste. Toutefois, l'action gouvernementale n'a pas connu d'infléchissement notable. Un référendum sur l'attribution de la nationalité hongroise à ceux qui, originaires de Hongrie, sont installés, parfois depuis plusieurs générations, dans des pays voisins, et sur l'arrêt de la privatisation des hôpitaux a eu lieu début décembre, mais fut invalidé, faute de participation. Le Programme dit des cent pas a fixé certains objectifs sociaux à atteindre. Dans le domaine de la politique extérieure, la Hongrie a continué de s'employer à défendre auprès de l'UE les intérêts de pays voisins, comme l'Ukraine. Sur ces différents points, la FIDESz, principal parti de l'opposition de droite, s'est bien gardée de se livrer aux excès dont elle est coutumière, afin de préserver toutes ses chances pour les élections législatives d'avril 2006, stratégie qui s'avère d'ailleurs payante : ce parti se situe nettement en tête dans les sondages et est parvenu à faire élire par le Parlement son candidat à la magistrature suprême, Laszlo Solyom. Sur le plan économique, les résultats sont globalement satisfaisants. La croissance, après avoir connu un creux en 2001-2003, est repartie, grâce au dynamisme de l'investissement et des exportations, le taux de chômage s'est stabilisé et, bien qu'élevé dans l'absolu, il est inférieur à celui enregistré dans la plupart des pays de la zone euro, enfin l'inflation, après le pic lié à l'intégration à l'UE, a commencé à décélérer. La conduite de la politique monétaire continue cependant d'être au cœur de l'opposition entre le gouvernement et la Banque centrale, partagés sur la priorité à donner au soutien du forint ou à l'amélioration de la compétitivité des produits hongrois. Or, de la capacité du pays à ramener dans les normes l'évolution des prix et le solde entre recettes et dépenses publiques dépendent son entrée dans la zone euro, prévue désormais pour 2010, et, secondairement, l'allègement de la dette souveraine, imputable en grande partie au financement du déficit budgétaire.Hungary Navigating through Uneasy Waters The left-wing coalition in power since 2002 was shaken by infighting in 2004, and its main victim, Prime Minister, Peter Medgyessy, was obliged to resign at the end of the summer. Nor did his replacement, Ferenc Gyurcsany, escape the confrontation between the old guard and the new voices in the Socialist Party. Government policy has not, however, undergone any substantial change. A referendum on granting Hungarian nationality to those of Hungarian origin but who have, often for several generations, lived in neighboring countries, as well as on ending hospital privatization took place at the beginning of December but was invalidated by lack of participation. The so-called one hundred steps programme set some social objectives. In terms of foreign policy, Hungary continued to defend the interests of neighboring countries, such as the Ukraine, to the EU. On these points, FIDESz, the main right-wing opposition party, has refrained from its usual excesses hoping to secure its chances for the April 2006 legislative elections, a strategy which seems to be working : the party is clearly leading in the polls and has succeeded in having parliament elect its candidate, Laszlo Solyom, as head of State. On the economic level, results are generally satisfactory. After a decline in 2001-2003, growth has resumed due to the dynamism of investments and exports, the unemployment rate has remained steady although, while high in an absolute sense, it is lower than that of most Euro-zone countries, and inflation has begun to slow down after the EU integration-related peak. The monetary policy continues, although it is the main bone of contention between the government and the Central Bank, whether to prioritize support for the forint or to improve the competitiveness of Hungarian products. The country's capacity to align itself with price development standards and to balance public income and expenditures indeed depends on its entry into the Euro-zone, now planned for 2010, and on lessening the sovereign debt, attributed to a large extent to financing the budget deficit.
- Navigation au plus près - Petrovic Liliane p. 83-100
Lettonie 2004-2005
- « Que personne ne décide pour nous » - Bayou Céline p. 101-115 Au lendemain de son adhésion à l'Union européenne (1er mai 2004), la Lettonie a infligé un vote sanction au gouvernement lors des élections européennes du 12 juin 2004. Son Parlement a approuvé massivement le traité constitutionnel européen, mais lors de la désignation du commissaire européen letton, la candidate proposée par le nouveau Premier ministre, A. Kalvitis (Parti du peuple) intronisé le 2 décembre 2004 après la mise en minorité de la précédente coalition, le 28 octobre, a fait l'unanimité contre elle, et c'est finalement un diplomate de carrière qui a été nommé. La nouvelle coalition gouvernementale (toujours de centre droit) semble par ailleurs plutôt fragile, les élections municipales (12 mars 2005) ayant toutefois confirmé l'influence des partis au pouvoir. En politique étrangère, le contentieux avec la Russie a fait «la une» en cette année de célébration du 60e anniversaire de la victoire sur le nazisme. En effet, pour les Etats baltes, la date du 9 mai 1945 est également synonyme d'occupation soviétique et de répressions. Si la présidente lettone, V. Vike-Freiberga, à la différence de ses homologues estonien et lituanien, s'est rendue à Moscou pour les cérémonies, c'était afin d'envoyer à la Russie, un signal de réconciliation, demeuré d'ailleurs sans effet, de même que l'appel au président Poutine à faire des excuses, lancé par G. W. Bush lors de sa visite à Riga le 7 mai. Par ailleurs, le traité frontalier entre la Lettonie et la Russie n'a toujours pas été signé et la question des russophones, non reconnus comme minorité nationale, demeure à l'ordre du jour. Sur le plan économique, l'année 2004 a été marquée par une croissance exceptionnelle de 7,5 % du PIB, l'inflation demeurant la principale préoccupation, sans compter, dans un autre registre, le creusement des inégalités.Latvia «Let No One Decide for Us» Following on its European Union membership (May 1,2004), Latvia sanctioned the government in the June 12,2004 European elections. Its parliament massively approved the European constitution, but unanimously rejected the designation to the post of European Commissioner of the candidate put forward by the new prime minister A. Kalvitis (People's Party) who came to office on December 2, after the defeat of the preceding coalition on October 28 and a career diplomat was finally named to the post. The new government coalition (still center right) also seems to be rather fragile although the municipal elections (March 12,2005) confirmed the influence of the parties in power. With regard to foreign policy, the «contention» with Russia made headlines during this year of celebration of the 60th anniversary of the victory over Nazism. Indeed, for the Baltic nations, May 9th 1945 is also synonymous with the Soviet occupation and repression. While Latvian president V. Vike-Freiberga, unlike her Estonian and Lithuanian counterparts, did attend the ceremonies in Moscow, it was to send to Russia a signal of reconciliation, which has, however, like the call on the part of G. W. Bush during his May 7 visit to Riga for President Putin to make apologies, had little effect. Moreover the Border Agreement between Latvia and Russia has still not been signed and the question of the Russian-speaking population, unrecognized as a national minority, remains on the agenda. Economically, 2004 was marked by an exceptional 7.5 % growth in the GDP, while inflation remains the main preoccupation and on another level, the deepening of inequalities.
- « Que personne ne décide pour nous » - Bayou Céline p. 101-115
Lituanie 2004-2005
- En butte à la menace populiste - Bertrand Géraldine p. 116-131 Le climat politique s'est détérioré en Lituanie à la suite de nombreux scandales. C'est ainsi que le président Rolandas Paksas a été destitué le 6 avril 2004, après avoir été reconnu coupable de divulgation de secrets d'Etat à un homme d'affaires russe. Par ailleurs, à l'été 2004, des députés ont été soupçonnés de corruption dans le cadre du financement des partis politiques. Les élections législatives du 10 octobre se sont déroulées sur fond de menace populiste, mais le Parti du travail (LDP), principal représentant de cette mouvance, qui avait remporté les élections européennes du 13 juin 2004, même s'il est devenu la première formation au Parlement, n'a pas réussi à obtenir autant de postes qu'il l'escomptait dans le nouveau gouvernement, orienté à gauche. En politique étrangère, après son adhésion à l'Otan (2 avril) et à l'UE (1er mai), la Lituanie souhaite renforcer son rôle d'intermédiaire entre les institutions euro-atlantiques et les pays de la CEI, mais ses relations avec la Russie se sont détériorées en raison des problèmes posés par l'exclave de Kaliningrad et des célébrations du 60e anniversaire de la victoire de 1945, auxquelles le Président lituanien n'a pas participé. Le 11 novembre, elle a été le premier des 25 pays de l'UE à ratifier le traité constitutionnel européen, par la voie parlementaire. L'économie lituanienne continue à être très dynamique, avec un PIB en hausse de 6,7 % en 2004, grâce notamment à la progression de sa production industrielle (+ 11 %, le meilleur chiffre de l'UE-25). Toutefois, le chômage est encore élevé (11,4%) et les inégalités sociales profondes, bien que moins criantes que dans les deux autres Etats baltes.Lithuania Up Against a Populist Threat The political climate has deteriorated in Lithuania as a result of numerous scandals. Thus, its president, Rolandas Paksas, was impeached on April 6,2004 after he admitted divulging state secrets to a Russian businessman. Moreover, in the summer of 2004, some deputies were placed under suspicion of corruption in the financing of political parties. The October 10 legislative elections took place under a populist threat, even though the main representative of this trend, the Lithuanian Labor Party (LDP), which had carried the June 13,2004 elections and was now the largest group in parliament, did not obtain as many posts as it had expected in the new left-oriented government. In terms of foreign policy, now that it is a member of NATO (April 2nd ) and the EU (May 1st ) membership, Lithuania would like to consolidate its role as a go-between with the Euro-Atlantic institutions and the CIS countries, but its relations with Russia have deteriorated over problems in the Kaliningrad enclave and the celebrations of the 60th anniversary of the victory of 1945, which the Lithuanian president did not attend. On November 11, it became the first of the 25 EU nations to ratify the European Constitutional Treaty, by parliamentary means. The Lithuanian economy remains very dynamic with a GDP up 6.7 % in 2004, due mainly to an increase in industrial output (+ 11 %, the highest percentage in the EU-25). However, unemployment remains high (11.4 %), with deep social inequalities, although these are less flagrant than in the two other Baltic states.
- En butte à la menace populiste - Bertrand Géraldine p. 116-131
Macédoine 2004-2005
- De vives tensions politiques et sociales - Ragaru Nadège, Slim Assen p. 132-151 Les différents événements intervenus en Macédoine en 2004-2005, qui furent autant de tests décisifs pour la viabilité des accords d'Ohrid, révèlent combien la situation de cette ancienne République de Yougoslavie (dont l'intitulé officiel de «Macédoine» a été reconnu par l'administration américaine le 4 novembre 2004 au grand dam de la Grèce) demeure fragile. Signés en 2001, ces accords ont pour objectif de rééquilibrer les places et prérogatives respectives des différentes communautés en présence, essentiellement la majorité slave et la minorité albanaise. Qu'il s'agisse du nouveau découpage municipal, enjeu d'un référendum, le 7 novembre 2004, finalement boycotté par la majorité des électeurs, ou de la mise en œuvre de la décentralisation ou encore des élections locales dont le déroulement, en mars-avril 2005 a été entaché de nombreuses irrégularités, la cohabitation entre ces deux grandes composantes de la population reste d'autant plus délicate que la situation économique et sociale ne s'améliore guère en dépit de ce que les principaux indicateurs peuvent laisser entendre. Quant à la perspective de l'intégration euro-atlantique, concrétisée certes par la remise à la Commission européenne du questionnaire préludant à l'octroi du statut de pays candidat, mais assombrie par les rejets néerlandais et français du traité de constitution européenne, elle ne peut répondre pour l'heure aux déséquilibres structurels de l'économie, qu'illustrent notamment un déficit commercial et un taux de chômage inquiétants. Face à une opposition divisée, la coalition au pouvoir depuis septembre 2002 (Alliance social-démocrate, principale force politique, et Union pour l'intégration démocratique, albanaise) n'en continue pas moins de tenir la situation bien en main au prix, certes, de la démission du Premier ministre intervenue en novembre 2004, le ministre de la Défense, Vlado Buckovski ayant alors remplacé Hari Kostov.Macedonia Sharp Political and Social Tensions Different events which took place in Macedonia in 2004-2005, in many ways decisive tests for the viability of the Ohrid agreements, reveal the extent to which the situation in this previous Yugoslav republic (its official name, «Macedonia» which was recognized by the American administration on November 4,2004, much to the chagrin of Greece) remains delicate. Signed in 2001, these agreements were intended to readjust the respective positions and prerogatives of the different communities present, essentially the Slavic majority and the Albanian minority. Whether this be new city divisions, the subject of the November 7,2004 referendum which was ultimately boycotted by the majority of electors, implementation of decentralization, or local elections which, in March-April 2005 were marked by numerous irregularities, cohabitation between the two large components of the population remains delicate, the more so as the economic and social situation is hardly improving despite what the main indicators would lead to believe. As concerns possible Euro-Atlantic integration, following the sub-mission of the questionnaire for the granting of candidate status to the European Community, on which the Dutch and French rejection of the European Constitutional Treaty cast a shadow, she cannot presently remedy structural imbalances in the economy, which, in particular, shows a disquieting trade deficit and unemployment rate. Confronting a divided opposition, the coalition in power since September 2002 (the Social-Democratic Alliance, the main political force, and the Democratic Union for Integration, Albanian), is still keeping the situation under control, of course at the price of the resignation of prime minister, Hari Kostov, in November 2004, who was replaced by the defence minister, Vlado Buckovski.
- De vives tensions politiques et sociales - Ragaru Nadège, Slim Assen p. 132-151
Pologne 2004-2005
- En marche vers l'alternance - Richard François, Danzon Antoine p. 152-173 La Pologne se trouve à la veille de changements politiques sans doute majeurs, qui risquent fort d'aboutir à une redéfinition des priorités économiques, comme des modes de gestion. Les grandes manœuvres préludant à la tenue, à l'automne, d'élections législatives, puis présidentielle, mettent au grand jour la profondeur du malaise qui ronge des élites politiques, issues de la dissidence ou ex-communistes, ayant épuisé leur capital de confiance, après quinze années de transition à marche forcée, émaillées de nombre de scandales et de compromissions. Leur collusion avec certains médias et les milieux économico-financiers, les accusations portées pour collaboration avec la police politique à l'époque communiste, ou tout simplement la «reconversion» contestée des dirigeants de l'époque, ont abouti à la ruine de la crédibilité du grand vainqueur de 2001 : l'Alliance de la gauche démocratique (SLD). Le gouvernement du Premier ministre, Marek Belka, nommé en mai 2004, est pourtant parvenu à éviter la tenue d'élections anticipées, mais a dû procéder à de nombreux remaniements. L'opposition de droite (qu'elle soit libérale ou nationaliste, souvent antieuropéenne, soucieuse des valeurs chrétiennes de la Pologne) d'où se détachent Plateforme civique, Droit et justice − dont le leader Lech Kaczynski sera sans doute le rival de Wlodzimierz Cimoszewicz à l'élection présidentielle − et la Ligue des familles polonaises, est à l'origine d'une sorte d'examen de conscience générale sur le passé récent, pouvant déboucher sur la fondation d'une IVe République. Les retombées positives de l'intégration à l'Union européenne bien que s'annonçant moins importantes en 2005 qu'en 2004, ont permis à l'économie d'atteindre les 5,4 % de croissance, de dynamiser l'investissement et surtout de doper les exportations qui, avec une progression de 25,6 % en 2004, ont occasionné un excédent des échanges avec l'UE de près d'un milliard d'euros. La consommation individuelle, par contre, s'est contractée en raison notamment des fortes tensions sur le marché du travail, la Pologne affichant le taux d'emploi le plus bas de l'UE (51,2 %). Les sévères ajustements dans le domaine des finances publiques n'augurent également rien de bon pour certaines couches de la population, même si les agriculteurs grâce aux aides communautaires ne figurent plus parmi les premiers lésés d'une intégration que les observateurs s'accordent à considérer comme réussie.Poland Towards Change Poland is on the eve of undoubtedly major political changes which could drastically redefine its economic priorities as well as its modes of management. The great manoeuvres which are taking place as a prelude to the autumn legislative elections, to be followed by the presidential election, openly reveal the deep malaise gnawing at those political élites with dissident or communist origins who have exhausted their stores of public confidence after fifteen years of accelerated transition marked by numerous scandals and compromises. Their collusion with some of the media, economic financial business milieus, accusations of collaboration with the communist-era political police, or simply the «reconversion» of that era's leaders, have contributed to ruining the credibility of the 2001 winner : the Alliance of the Democratic Left (SLD). At first transitional, the government of prime minister Marek Belka, appointed in May 2004, has, however, been able to ward off early elections but not without carrying out numerous reshufflings. The right-wing opposition (whether this be liberal or nationalist, often anti-European, concerned with Poland's Christian values) consisting in the Civic Platform, Law and Justice whose leader, Lech Kaczynski, will undoubtedly become the rival of Wlodzimierz Cimoszewicz, and the League of Polish Families, leads the general soulsearching on the recent past that it hopes will lead to the foundation of the IVth republic. The positive results of European Union integration, although expected to be less promising in 2005 than in 2004, have enabled the economy to reach 5.4 % growth, to revitalize investments and above all to boost exports which, with a 25.6 % increase in 2004, resulted in a trade surplus of nearly one billion Euros with the EU. Individual consumption, on the other hand, has declined due mainly to severe labor market tensions, as Poland's employment rate is the lowest in the EU (51.2 %). Strict adjustments in the area of public finance portend little good for some strata of the population, even if the farmers, enjoying European Community subsidies, are not among the first suffering from integration, which observers consider to be a success.
- En marche vers l'alternance - Richard François, Danzon Antoine p. 152-173
République tchèque 2004-2005
- La fin d'un cycle - Blaha Jaroslav p. 174-195 2004 et 2005 pourraient être qualifiées chacune d'«annus horribilis» ou d'avoir connu le «niveau zéro» en politique intérieure. Trois gouvernements d'une même coalition (sociaux démocrates, chrétiens-démocrates et libéraux) ont dû être remaniés, en grande partie du fait de dissensions au sein même de la social démocratie, à la suite d'échecs électoraux, mais aussi dans la coalition, les chrétiens-démocrates étant tentés de répondre à l'appel de l'opposition conservatrice (ODS), grand vainqueur des élections régionales de 2004, et ne pardonnant rien au pouvoir en place. De son côté, le chef de l'Etat, V. Klaus, toujours président d'honneur de ce parti, n'a rien fait pour calmer le jeu, gardant l'espoir de la mise en place d'un régime présidentiel (ou semi). Cette difficile cohabitation a été avérée lors des débats sur le traité constitutionnel européen, avec des membres du gouvernement favorables au «oui» et un Président affichant ouvertement son euroscepticisme et partisan du «non». En cette 15e année de régime démocratique dans les Pays tchèques, les interrogations n'ont pas manqué sur l'état de la société, notamment la corruption et l'immigration, les relations entre l'Etat et les Eglises, sur le passé proche et lointain. Les crises politiques successives, qui ont gelé les grands dossiers sur les réformes des retraites et de la santé, n'ont cependant pas ralenti la marche de l'économie, dont les résultats sont plus que satisfaisants, avec notamment une nette amélioration du commerce extérieur, la fin des grandes restructurations, une baisse du chômage, une faible inflation et une monnaie forte. Les seules ombres au tableau sont les déficits publics chroniques et l'apparition palpable d'une pauvreté, jusque-là «invisible».The Czech Republic The End of a Cycle 2004 and 2005 could each be considered an «annus horribilis» or the «degree zero» of domestic politics. Three governments of the same coalition (social democrats, Christian democrats and liberals) had to be reshuffled, largely because of divisions within the Social Democratic Party, after its electoral losses, but also within the coalition, as the Christian democrats were tempted to answer the call of the conservative opposition (ODS), the big winner of the 2004 regional elections, with little sympathy for the parties in power. As for the head of state, V. Klaus, still honorary president of this party, did nothing to calm things down, hoping for the establishment of a presidential (or semi-presidential) regime. This difficult cohabitation was evident during the debates on the European constitutional treaty with government members favorable to the «yes» and the President openly expressing his Euro-scepticism and in favour of the «no». In this 15th year of Czech democracy, the state of the nation is being questioned, in particular with regard to corruption and immigration, relations between the government and the churches, as well as the near and distant past. Successive political crises which have frozen largescale pension and health reform projects have, however, not slowed down economic progress, as results are more than satisfactory, with, in particular, a clear improvement in foreign trade, the end of the large restructurations, a drop in unemployment, low inflation and strong currency. The only downsides are the chronic public deficits and the visible appearance of what was previous «invisible», poverty.
- La fin d'un cycle - Blaha Jaroslav p. 174-195
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- Roumanie 2004-2005. Une dynamique épargnée par les jeux politiques - Lhomel Édith p. 196-214 Alors que le taux de croissance remarquable enregistré à l'issue de 2004 (5,8 %) confirme le véritable décollage économique que la Roumanie connaît depuis le début de la décennie, la donne politique issue des élections de novembre 2004 a ouvert une nouvelle séquence d'instabilité. La défaite, pour beaucoup inattendue, du leader du Parti social démocrate (PSD), Adrian Nastase, au second tour de l'élection présidentielle du 12 décembre 2004, alors que sa formation était arrivée en tête des législatives organisées quinze jours plus tôt, a conduit à la formation d'un gouvernement de coalition de centre droit, conduit par Calin Popescu Tariceanu. La forte personnalité du Premier ministre a eu tôt fait de se heurter à celle, non moins énergique, du nouveau chef de l'Etat, Traian Basescu, dont les commentaires peu amènes sur l'issue des négociations d'adhésion à l'UE et le pro-atlantisme zélé ont surpris. L'accélération de la réforme de la justice exigée par Bruxelles en occasionnant, début juillet 2005, une mini-crise gouvernementale, contribue à alimenter un climat d'incertitudes déjà entretenu par l'éventuel report d'une année de l'entrée de la Roumanie dans l'UE, normalement prévue pour janvier 2007 après la signature, le 25 avril 2005, du Traité d'adhésion. Emportée par une soif de consommation que, pourtant, seule une minorité peut réellement satisfaire, sans illusion aucune à l'égard d'une classe politique connue pour sa versatilité, la population semble s'accommoder de ces incertitudes dans un pays dont le potentiel attire un nombre croissant d'investisseurs étrangers.Romania A Dynamic Hardly Opposed by Political Strategies While the remarkable growth rate reported a the end of 2004 (5.8 %) confirms the reality of the economic takeoff that Romania has undergone over the last decade, the political reality sub-sequent to the November 2004 elections has opened up an entirely new period of instability. Despite the fact that two weeks earlier this party had carried the legislative elections, the generally unexpected defeat of the Social Democratic Party (PSD) leader, Adrian Nastase, in the second round of the December 13,2004 presidential elections, led the to the formation of a centerright coalition government led by Calin Popescu Tariceanu. The prime minister's strong personality soon brought him into conflict with that of the new head of State, Traian Basescu, whose rather bitter comments on the outcome EU membership negotiations and zealous pro-Atlantic stance surprised many. Accelerating the judicial system reforms demanded by Brussels, caused a government mini-crisis at the beginning of July 2005, contributing to the climate of uncertainty already existing because of a possible one-year postponement of Romania's EU entry, planned for January 2007 after the April 25,2005 signature of the Membership agreement. Enthusiastically hoping for greater consumption that, however, only a minority can really enjoy, with no illusions about a political class known for its fickleness, the population seems to be capable of coping with these uncertainties in a country whose potential is attracting a growing number of foreign investors.
- Serbie-et-Monténégro: 2004-2005 Le pays des contradictions - Heimerl Daniela p. 215-231 Le gouvernement minoritaire formé du DSS (Parti démocratique de Serbie), du G17+ et du SPO-NS (bloc Mouvement du renouveau serbe-Nouvelle Serbie) qui a pris ses fonctions en mars 2004 paraît, pour le moment, stable, en dépit de divergences internes. Ceci est dû au soutien officieux du Parti radical serbe (SRS), ultranationaliste, et du Parti socialiste de Serbie (SPS). Les autorités serbes ont d'ailleurs marqué des points concernant deux dossiers majeurs : elles ont opéré un changement de politique à l'égard de la coopération avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et se montrent plus amènes quant à l'engagement éventuel de la communauté internationale et des Albanais du Kosovo en vue de négociations portant sur le statut de la province. Cette attitude a porté ses fruits, avec le feu vert de l'UE pour commencer les négociations en vue de la signature d'un accord de stabilisation et d'association. Il n'en reste pas moins que les réformes censées en finir avec l'héritage de Milosevic tardent, dans la justice, l'armée et les forces de police et de sécurité. Par ailleurs, l'avenir de l'Etat commun Serbie-et-Monténégro demeure incertain. Les autorités monténégrines souhaitent l'indépendance, obtenue (dans l'idéal) par accord à l'amiable avec la Serbie. Un référendum sur la question pourrait être organisé au Monténégro dans la première moitié de 2006, dont le résultat est incertain. Economiquement, les deux entités font «lit à part», au point que l'UE a adopté une «approche parallèle» dans les négociations commerciales et qu'elles entreront séparément dans l'OMC. La Serbie a connu une nette croissance, mais le chômage réel se situerait à 15 %. Les privatisations dans le secteur public et les restructurations dans celui de la «propriété sociale» vont sans doute entrer dans une phase décisive, mais des exemples récents montrent que le parcours risque d'être sinueux... Le Monténégro, qui utilise l'euro, a obtenu de bons résultats, mais devra réduire son déficit budgétaire. Les Hongrois ont acquis la moitié des parts de l'entreprise de télécommunications, et les Russes, 65 % de la principale entreprise d'aluminium, dans des conditions jugées très avantageuses pour ces derniers.Serbia and Montenegro The Country of Contradictions The minority government formed by the DSS (Democratic Party of Serbia), the G17+ and the SPO-NS bloc (Serbian Renewal Movement-New Serbia) which took over in March 2004, seems to be, for the moment, stable despite internal differences. This is due to official support from the ultranationalist Serbian Radical Party (SRS) and the Socialist Party of Serbia (SPS). The Serbian government has indeed made headway on aspects of two major projects : they changed their policy on cooperation with the International Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia and showed themselves to be more amenable to the possible involvement of the international community and Kosovo Albanians in negotiations on the status of the province. This attitude has borne fruit with the go-ahead from the EU on beginning negotiations on a stabilization-association agreement. Nevertheless, reforms aimed at ending the Milosevic heritage are taking time in the justice system, the army, the police and security forces. Moreover, the future of the joint Serbia and Montenegro State remains uncertain. The Montenegrin authorities desire independence, obtained (ideally) on amiable terms with Serbia. A referendum on the question could be organized in Montenegro in the first half of 2006, with an uncertain outcome. Economically, they form two separate entities to the extent that the EU has adopted a «parallel approach» in trade negotiations and they will enter separately into the WTO. Serbia has enjoyed clear growth but real unemployment is at 15 %. Public sector privatizations and restructurings of «social property» will undoubtedly enter into a decisive phase, but recent examples show that they may be treading a sinuous path. Montenegro, which uses the Euro, has had good results but must reduce its budget deficit. The Hungarians have acquired half of the telecommunications company and the Russians 65 % of the main aluminium producer under conditions considered to be very advantageous for the latter.
- Slovaquie 2004-2005. Des réformes contre vents et marées - Blaha Jaroslav p. 232-250 Le gouvernement de coalition de centre droit a engagé depuis 2002 des réformes radicales et procédé à une cure d'austérité. A la moitié de son mandat, en 2004, M. Dzurinda, pourtant en minorité au Parlement, était toujours décidé à les poursuivre, malgré des dissensions au sein de la coalition et une menace d'élections législatives anticipées ; il dut néanmoins en différer certaines. A l'automne 2005 auront en effet lieu des élections régionales et municipales, suivies des législatives mi-2006. Les succès économiques obtenus, reconnus par les milieux d'affaires et les organisations internationales, sont certains. En effet, si le stock des investissements étrangers était de 2,1 milliards de dollars en 1998, fin 2004, il était de 11,5 milliards. Les conditions d'accueil sont en effet très bonnes : aides gouvernementales, allant même au-delà des attentes, main-d'œuvre qualifiée peu onéreuse, législation sociale minimale. La quasi-totalité du secteur public, à l'exception des forêts domaniales, dernière «poule aux œufs d'or», a été privatisée. Ce tableau optimiste doit cependant être tempéré. La Slovaquie manque d'infrastructures et d'une politique régionale un tant soit peu volontariste, face aux grandes disparités régionales. A cet égard, une aide est attendue de l'UE, au travers des fonds structurels. L'assainissement des finances publiques n'est pas sans provoquer des tensions, dans les services à la population, tels la santé, les transports, l'éducation, alors que la décentralisation est pour l'heure réduite à des transferts de charges, et sans ressources suffisantes. Le parti Smer-Démocratie sociale, ayant réussi à unifier la gauche, pourrait bien, dans ces conditions, être le vainqueur du scrutin de 2006, à condition de trouver un allié solide, chose peu fréquente dans la politique slovaque.Slovakia Reforms Against All Odds Since 2002, the center-right coalition government has carried out radical reforms and an austerity program. In 2004, halfway through his term of office, M. Dzurinda, in the parliamentary minority, was determined to continue them, despite divisions within the coalition and the threat of early legislative elections ; he was, nevertheless obliged to renege on some of them. In the fall of 2005, regional and municipal elections will take place, followed by the mid-2006 legislative elections. The business community and international organizations have recognized the country's economic success. While foreign investments reached 2.1 billion dollars in 1998, these were at 11.5 billion at the end of 2004. Incentives are very good : government aid extending even beyond demand, an inexpensive skilled workforce, minimal social legislation. Nearly all of the public sector, with the exception of the national forests, the last «goose with the golden eggs», was privatized. Yet, optimism must be qualified. Slovakia lacks infrastructures and its regional policy is not particularly voluntarist with regard to its sharp regional disparities. To this end, aid is expected from EU structural funds. The rehabilitation of public finances has caused tension in social services, such as health, transport, and education, while decentralization can be reduced to cost transfer, all of which could result in changing the political majority. The SMER − Social Democracy Party, which has succeeded in unifying the leftist spectrum, could be the winner of the 2006 elections, on the condition that it finds a solid ally, something rather rare in Slovak politics.
- Slovénie 2004-2005. Virage politique - Sachter Hugues p. 251-265 Au terme de treize années de pouvoir sans discontinuité, le ténor de la scène politique slovène, le parti Démocratie libérale, a dû céder la place au Parti démocrate, à l'issue des élections législatives du 4 octobre 2004. S'appuyant sur une coalition de centre droit réunissant quatre formations, menée par le très charismatique Janez Jansa, «père» de l'indépendance slovène, le nouveau gouvernement a pour tâche de préparer la Slovénie à mieux affronter une donne économique en complète redéfinition sur le plan mondial comme européen. La nouvelle loi sur les investissements étrangers de juillet 2004 devrait y contribuer. Certes, le pays dispose de solides atouts : une bonne santé économique comme en témoignent le taux de croissance (4,9 %, le meilleur depuis 2000) et les autres indicateurs fondamentaux, qu'il s'agisse de l'inflation, de l'ampleur modérée des déficits budgétaire et commercial, un niveau de vie le plus élevé des nouveaux pays membres, dopé, en 2004, par une nouvelle augmentation de la consommation. Capable de tirer le meilleur parti de sa position géographique et de son appartenance passée à la Fédération yougoslave, la Slovénie entretient des relations étroites, pas uniquement économiques, avec les pays successeurs de l'ex-Yougoslavie, mais qui restent parfois délicates avec la Croatie. Déployant dans les institutions européennes une activité remarquée (présidence de l'OSCE en 2005, portefeuille du Commissariat européen chargé de la Science et de la Recherche, entrée dans le MCE II en juin 2004), ce nouvel Etat membre de l'UE doit trouver un second souffle, ce qui implique de s'attaquer à certaines rigidités structurelles de son appareil de production, une adaptation impérative, dont le consensus social, propre à ce pays démographiquement vieillissant, risque de faire les frais.Slovenia A Political Turn
With the October 4, 2004 legislatives, and after thirteen years of continual power, the leader of the Slovene political scene, the Liberal Democracy of Slovenia party, has ceded its place to the Democratic Party. Based on a center-right coalition of four groups under the leadership of the very charismatic Jenez Jansa, «father» of Slovene independence, the new government set about to prepare Slovenia to deal better with the economic reality and its complete redefinition on the world and European scene. The new law on foreign investments of July 2004 should contribute to this. Of course, the country enjoys solid advantages : good economic health as shown by its growth rate (4.9 %, the best since 2000), and other fundamental indicators, such as inflation, the moderate budget and trade deficits, and a standard of living higher than that of the new member states, boosted in 2004 by a new increase in consumption. Capable of using its geographic location to best advantage and its past membership in the Yugoslav Federation, Slovenia has maintained close, and not only economic, relations with the countries of the ex- Yugoslavia, although these remain at times delicate with Croatia. Playing a remarkable role in European institutions (2005 OSCE presidency, the post of European Commissioner for Science and Research, entry into ERM II in June 2004), this new EU member State should gain new impetus, meaning that it will have to battle some structural rigidity in its production apparatus, a requisite adaptation, for which social consensus in this demographically ageing country might have to pay the price. - Lectures - p. 266-272
- Roumanie 2004-2005. Une dynamique épargnée par les jeux politiques - Lhomel Édith p. 196-214
Repères
- L'Est et l'Union européenne. Mai-Juin 2005 - Lhomel Édith p. 273-275